Nos invités ne disposant de peu de temps en Inde, nous nous étions assurés que les musts soient couverts durant le séjour, c’est à dire Delhi, Agra, Varanasi. Toutefois, en aménageant un peu l’horaire, nous étions parvenus à libérer une nuit afin d’aller faire l’expérience d’une ville hors circuit: Lucknow. Bien qu’étant la capitale de l’Uttar Pradesh, Lucknow, contrairement aux endroits visités jusqu’à présent, n’était pas une ville à thème (pour reprendre un qualificatif suggéré par Audrey). Delhi est là capitale, Agra le Taj Mahal, Varanasi la spiritualité et Lucknow juste une énorme agglomération où vivent et travaillent des millions d’Indiens.
Varanasi, Uttar Pradesh, Inde
Varanasi est un passage obligé pour tout voyageur en Inde et tout hindou désireux d’un bain purificateur dans les eaux du Gange ou de mettre une fin expéditive à son cycle de réincarnation en y faisant brûler son corps (la crémation à Varanasi donne un passe droit direct vers le Nirvana, [à gros frais]). Conséquemment, Varanasi est un haut lieu de la spiritualité hindoue et le rendez-vous par excellence pour les occidentaux curieux ou friands de spiritualisme.
Le trajet de nuit dans un autobus dépourvu de suspensions s’étant étiré de quelques heures, l’après-midi était déjà entamé lorsque nous sommes finalement sortis marcher sur les ghats, ces escaliers bordant la rivière en permettant aux croyants un accès facile au Gange peu importe son niveau. Question beauté, Varanasi n’a pas déçu. Sur plusieurs kilomètres, un bord de rive fourmillant d’activité et dominé par d’anciens palais, des temples et plus. Deux ghats sont d’ailleurs affectés à la crémation 24h sur 24; sans répit. Il paraît que la flamme, transférée d’un bûcher à l’autre, est multicentenaire. La ville bordant les ghats est aussi des plus intéressantes. Toute faite de petites allées serpentant parmisde hauts bâtiments, elle recèle de petits temples, de mosquées, de commerces, de vaches et de gens. En soirée, resto de touristes et grosse galère pour nous trouver de la bière à prix acceptable (c’est à dire, sans trop de taxe touriste). Arrivés sur le toit de l’hostel, il était tard, mais l’ambiance était au rendez-vous, alors c’est jusqu’aux petites heures que nous avons fêté et discuté avec d’autres voyageurs. Autour de nous, une vue splendide agrémentée de la lueur des bûchers et l’odeur âcre de corps transformés en fumée.
Agra, Uttar Pradesh, Inde
Agra n’est vraiment pas si loin de ça de New Delhi et plusieurs choisissent de faire l’aller retour en une journée pour ne visiter que le Taj Mahal. Nous avons plutôt pris la décision d’y passer deux journées afin d’en faire un bon tour, mais aussi de peut-être entrevoir de la vie indienne. Avant tout par contre, passage obligé par le monument le plus célèbre de l’Inde. Arrivés tôt en gare, nous avons pu faire un détour à l’hostel prendre possession de notre dortoir de 4 (donc notre chambre), manger et nous présenter à temps à l’entrée du site afin de disposer d’amplement de temps pour le visiter.
Le Taj Mahal est de loin l’attraction la plus populaire de l’Inde et ça se voit. Les alentours ont été aseptisés à un niveau jamais vu jusqu’à maintenant et tout commerce tourne autour du célèbre monument. On s’attend même à être un peu déçu. Et pourtant, à peine engagés au travers du portail d’entrée principal, c’est l’émerveillement instantané. De symétrie et de proportion parfaite, le Taj Mahal est un monument d’une rare grandeur et mérite à très juste titre d’être qualifié de merveille. Ses lignes épurées, ses courbes, mais aussi ses rectitudes évoquent un contraste sans équivoque avec l’architecture surchargée des Hindous; il faut le dire, en frais d’esthétique, l’Islam n’a pas son égal. Jusqu’au coucher du soleil, nous nous sommes donc baladés autour et dans le Taj Mahal, prenant maintes pauses pour l’admirer sous des angles différents. Afin d’en profiter jusqu’aux toutes dernières lueurs, nous sommes même allés nous poster sur une terrasse non loin pour observer son dôme disparaître dans l’obscurité.
Il n’y a pas que le Taj Mahal à Agra. La ville est de surcroît connue pour son fort, mais aussi comme endroit plutôt inintéressant hormis les deux attractions sus-mentionnées. Or, inintéressant selon le guide ne veut pas forcément dire qu’il ne vaut pas la peine de s’y aventurer. Agra est une ville d’importance et pour sûr il y avait moyen d’aller y observer de la vie locale, chose que nous voulions absolument montrer à Hélène et Hugo, nos deux amis tout récemment atterris en Inde depuis le Québec. Après avoir traversé une bonne partie de la ville et affronté les assauts infructueux des chauffeurs de tuk tuks, nous avons pu rejoindre la mosquée principale. Ayant complètement omis le fait que nous étions vendredi (jour saint pour les musulmans), j’avais pensé à tort que nous pourrions la visiter sans trop d’entraves. Sur place, l’espace était déjà remplis de dévots et le sermon bel et bien commencé si bien qu’Audrey et Hélène n’ont pu entrer sur le site. Hugo et moi nous y sommes quand mêmes aventurés pour y être suivis tout le long par plus de vingts enfants et finalement forcés de rebrousser chemin sous les conseils d’un homme venu pour la prière.
Après un repas dans un restaurant voisin à la mosquée, nous nous sommes réengagés dans le chaos d’Agra pour explorer son bazar et ses ruelles pendant un petit deux heures. Ceci fait, nous sommes passés à la visite du fort, qui je dois l’avouer était intéressante, mais faisait pâle figure face à ceux qu’il nous avait été donné de visiter au Rajasthan. Ses palais bien restaurés avaient bonne mine, mais le lieu avait été beaucoup trop aseptisé pour qu’on puisse réellement l’apprécier. C’est mon opinion du moins; je crois que nos deux compagnons en ont bien plus profité que moi (et Audrey je présume).
Il y a déjà plusieurs semaines, Audrey avait identifié à présence d’un café communautaire à Agra dont la mission était de venir en mission aux femmes victimes d’attaques à l’acide. Malgré un horaire plutôt chargé, nous sommes tout de même parvenus à aménager notre journée de manière à y passer pour aller profiter d’un breuvage, mais aussi laisser un don en personne. Sur place, nombre de bénévoles portaient sans gène les cicatrices de leur passé. Pressés par le temps, nous avons tous regretté ne pas pouvoir nous prélasser davantage dans cet endroit exceptionnel; il nous fallait retourner en vitesse à l’hostel chercher nos sacs pour ensuite attraper notre bus de nuit, lequel est parti avec plus d’une heure de retard…
New Delhi (1), Inde
Premier passage de potentiellement plusieurs dans la capitale de l’Inde, New Delhi. Deux missions nous y avaient été imparties: faire la demande de notre visa bengali et récupérer nos amis à l’aéroport. Pour l’histoire du visa, comme j’en ai marre de déblatérer sur ce genre de calvaires administratifs, je serai bref. Le haut consulat du Bangladesh était loin, il nous a fallu faire beaucoup de transport pour nous y rendre, nous y sommes allés trois fois et en raison d’un problème technique, n’avons pas pu récupérer notre passeport au terme du processus. À suivre donc…
Jaipur, Rajasthan, Inde
Jaipur est la capitale du Rajasthan et c’est de là que nous avions entamé notre aventure à moto. De retour au point de départ, nous disposions maintenant de quelques jours pour la visiter. Nos motos rendues et une fois nos affaires déposées à l’auberge, nous nous sommes aussitôt dirigés vers … McDonald’s histoire de se récompenser un peu. Il faut dire aussi que j’avais encore l’estomac à l’envers de la veille et ne me sentais pas trop d’attaque pour du gros curry gras accompagné de pain ou de riz. En soirée, nous sommes sortis dans un club de Jaipur avec les gens de l’hostel. N’ayant jusqu’à maintenant pas encore fait l’expérience du nightlife indien, c’était l’occasion. Pas trop de choc culturel cependant: ambiance superficielle, prix exorbitant, alcools de piètre qualité. Heureusement, le liey disposait d’un grand espace extérieur, alors c’est là que nous avons passé le plus clair de la soirée à converser avec un architecte indien. Derrière nous, de jeunes filles complètement ivres (lady’s night) se baignaient toutes habillées dans la piscine.