Regard sur les soins palliatifs

La médecine moderne échoue bien souvent dans son mandat de guérir le corps, mais dispose de maints outils pour apaiser l’esprit et l’aider à accepter la maladie tant dans sa progression que dans sa finalité. Alors que la plupart des autres disciplines médicales s’exhortent à cette première tâche, la deuxième incombe entre autre chose à celle des soins palliatifs. Soins palliatifs que je préfèrerai nommer soins de fin de vie, car loin de seulement viser à la palliation de symptômes, leur mandat est un d’accompagnement jusqu’à l’extinction, tant pour le patient que ses proches. Elle a comme objectif de mettre la chair et la détresse en sourdine afin de donner les moyens au malade de faire en sorte que les expériences qui l’ont rendu humain puissent être à l’avant plan dans ses ultimes moments.

C’est ce rôle d’accompagnement que j’aurai trouvé le plus enrichissant lors de mon court séjour dans cette discipline. Comme ailleurs, les prises en charge et traitements ne sont surtout que recettes éprouvées, mais aucun livre n’indique le « savoir être » qu’il faut pour escorter un compatriote et ceux qui lui sont chers vers la fin de l’existence. Certaines techniques d’interaction sont à prescrire, mais il n’y a pas d’idéal et il existe autant de manière d’agir que de personnes; tant intervenants que patients. Encore plus qu’avec le bien portant, l’approche avec le mourant s’adapte et évolue.

Les interactions avec les patients en fin de vie vont du simple regard aux longues discussion, mais l’on met en chacune d’entre elle tout le poids de notre vécu, quel qu’il soit. Le médicament que l’on administre pourra atténuer la souffrance physique, mais soulager l’esprit pour le voyage à venir relèvera tant de la philosophie que de la thérapeutique. Aux confins de la vie, l’esprit en paix semble tourner son regard vers le passé et puise dans ses souvenirs afin de construire la conclusion d’un vécu riche qui l’accompagnera dans ses derniers souffles. Les soins palliatifs ont ceci de beau qu’ils redonnent à la médecine cet apanage de discipline de l’âme qu’elle pouvait avoir alors qu’il n’y a pas si longtemps, la science moderne n’était pas si avancée et l’homme était impuissant devant la maladie. À cette époque, la mort était partie du quotidien. De nos jours, elle a été évincée de l’espace public pour n’occuper que les confins de nos sociétés. À titre de futur médecin, j’éprouve un certain intérêt à la côtoyer, car il n’y a pas plus grande source d’humilité. Dans un monde qui ne semble accorder de l’importance qu’à l’artificiel et au futile, ce genre de memento mori nous ramène à l’essentiel et à l’inéluctable : il n’y a que de vrai et de précieux nos proches ainsi que le moment présent; et que tout ceci est éphémère.

Wikimedica: une plateforme collaborative de transfert des connaissances médicales en libre accès

Le Journal médical de l’Université d’Ottawa publie mon article sur Wikimedica dans son numéro sur les innovations médicales. Merci!

Résumé:  La médecine moderne ne peut plus se pratiquer sans l’aide de bases de connaissances cliniques. Or, toutes celles disponibles sont payantes et fermées et s’il est un domaine qui pourrait bénéficier d’un accès libre à de l’information fiable, de qualité et à jour, c’est celui de la santé. Wikimedica (http://wikimedi.ca) est une plateforme libre accès conçue à cette fin qui permet tant aux cliniciens de terrain qu’aux étudiants de collaborer dans la création et l’amélioration des connaissances essentielles à leur professions.

Abstract: Modern medicine cannot be practiced without the help of basic clinical knowledge. However, all that is available is payment based and restricted, and if ever there was a field in which one could benefit from free-access to trustworthy, high quality and up to date information, it would be healthcare. Wikimedica (http://wikimedi.ca) is a free-access platform created for this purpose which allows working clinicians and students to collaborate on the creation and the improvement of the knowledge essential to their professions.

Il ne fait jamais soif au Japon

Mourir de soif au Japon? Impossible! Moyennant quelques yens, il y a dans le paysage urbain des machines distributrices sur littéralement chaque coin de rue, toutes prêtes à offrir tout ce dont vos papilles gustatives pourraient avoir envie. Thé, café chaud ou froid, incontournables de la boisson gazeuse sucrée ou autre concoctions bien spécifiques à l’île, on trouve même de la bière et du saké par endroit (bien pratique pour agrémenter nos errances de fin de soirée).

Tokyo de nuit
Trouvez les machines distributrices! (indice: il y en a plus de 9 dans cette seule image)

Me promenant seul dans une Tokyo humide à une heure tardive, je leur ai trouvé un je ne sais quoi d’esthétique. Plantées en petits groupes dans les ruelles, ne manquant jamais d’attirer le regard par leur offre colorée et le scintillement de leurs DELs, j’en ai capturé quelques unes en image.

Machines distributrices au Japon Machines distributrices au Japon

Machines distributrices au Japon
Complètement à gauche, une machine distributrice de cigarettes
Machine distributrice de bière au Japon
Celle-là vend de la bière
7 Eleven à Tokyo
Les dépanneurs sont presque autant légion ici au Japon

Anuradhapura, Sri Lanka

Si proche de l’Inde le Sri Lanka, pourquoi ne pas aller y faire un petit tour? Logiquement, nous aurions même pu y aller en traversier. Les deux pays sont littéralement séparés par un petit 10-20 kilomètres de détroit. Or, bien qu’il y ait déjà eu un tel service, le seul moyen de s’y rendre de nos jours est par avion. Nous sommes donc partis de Chennai pour une heure plus tard atterrir au nord de Colombo, la capitale du Sri Lanka. Nous n’y avons même pas mis les pieds par contre, cela se fera au retour. Nous avons sautés dans le premier bus et sommes allés rejoindre le père d’Audrey à Anuradhapura dans le milieu nord de l’île. Comparé à l’Inde, le Sri Lanka est minuscule. Il est donc aisé de s’y déplacer.

La première chose qui nous a frappé en débarquant au Sri Lanka, c’était l’absence presque totale de tous ces désagréments si présents en Inde. L’endroit est propre et vert, la circulation est ordonnée et l’usage du klaxon raisonnable. On ne se fait pas non plus harceler constamment pour nous vendre n’importe quoi. Rafraîchissant… D’autant plus que j’aurais cru que le Sri Lanka allait être davantage plus miséreux que son gros voisin, mais en réalité c’est tout le contraire. Tous les indicateurs sociaux, économiques et environnementaux sont plus élevés ici. Qu’est-ce qui l’explique? La religion? La culture? L’organisation sociale? Des leaders visionnaires? Nous le découvriront sûrement…
Anuradhapura est une ancienne capitale de je ne sais plus quel empire. Autrefois un énorme complexe religieux et administratif, une bonne partie est aujourd’hui en ruine, mais plusieurs de ses immenses stupas et monastères bouddhistes sont encore en activité, notamment car c’est ici même qu’aurait été planté une bouture de l’arbre sous lequel le Bouddha aurait atteint l’éveil. C’est donc un endroit très fervent. D’autant plus que nous y étions lors d’une fête religieuse. La majorité des visiteurs étaient habillés de blanc et s’adonnaient à des actes de piété.
Le complexe était d’une telle taille qu’à la suggestion du père d’Audrey, nous avons loué des vélos. Un peu comme à Lumbini au Népal, nous nous sommes promenés de points d’intérêt en point d’intérêt, débutant par une immense stupa, largement plus large et haute que celle de Bodnath. Par la suite, nous nous sommes rendus aux ruines d’un gigantesque complexe monastique. Occupant presque un kilomètre carré, nous nous y sommes baladés un bon moment pour terminer par sa stupa. Encore une stupa? Oui, mais contrairement à toutes les autres, celle-là avait perdu son blanchiment à la chaux au cours du dernier millénaire pour ne montrer que sa surface de briques. Manquant de temps, nous avons piqué direct à l’arbre de Bouddha pour ne pas rater notre rendez-vous au restaurant avec le père d’Audrey. Rendez-vous auquel nous sommes de toute manière arrivés une bonne heure en retard, car il y a avait deux succursales du même restaurant en ville et nous attendions à la mauvaise…
Ce n’est pas de la petite stupa quand même…

La cafétéria kazakhe

La cafétéria Kazakhe est un concept de restauration rapide où à peu de frais (2 à 3$ par personne) l’on peut manger de bons plats locaux frais cuisinés. Comme dans une cafétéria conventionnelle, on commence par se saisir d’ustensiles (cuillère et fourchette, il n’y a jamais de couteaux) et d’un plateau puis l’on défile devait les plats disposés dans un présentoir. Au menu: plov (riz frit ouzbek), laghman (nouilles et soupe), mantis (gros dumplings), pâtisseries à la viande, plats en sauce, soupes, salades et bien plus.

Très pratique pour un touriste non initié à la cuisine locale d’être capable de voir ce qu’il s’apprête à manger. On pointe ce que l’on veut et l’employé nous en sert une portion (souvent pesée) et réchauffe le tout au micro-onde. Ensuite, on passe à la caisse puis l’on va s’asseoir avec notre plateau. Une fois le repas consommé, on laisse notre bordel sur la table (ne vous avisez pas de rapporter le plateau comme on le ferait chez nous, on va vous regarder avec des gros yeux) et un employé le ramassera plus tard.

Détail d’importance: bon nombre de ces cafétérias sont ouvertes 24/24, on peut donc à toute heure de la journée aller savourer son plat kazakhe préféré. Tellement pratique et bon marché qu’Audrey et moi y mangeons à pratiquement chaque repas. Vraiment, des ingrédients achetés au supermarché et cuisinés nous même coûteraient presque autant, alors pour un dollar de plus, nous préférons mille-fois aller profiter des classiques de la gastronomie locale préparés par des pros.

Est-ce que l’invention du concept revient aux Kazakhes, nous ne pensons pas. L’Ukraine avait quelque chose de très semblable et la Russie aussi. Peut-être alors est-ce un concept hérité de l’ère soviétique. Qu’importe, chez les Kazakhes, la cafétéria parait davantage s’être hissée au rang d’institution qu’ailleurs. Dans un pays ou pullulent cafés et restaurants rapides à l’occidentale, nous sommes très heureux de voir que la bonne cuisine nationale a toujours la cote.