Le sud de l’Italie

Vieste, Les Pouilles

Un bon casse croûte
Un bon casse croûte de fruits de met

Finalement, nous nous étions plutôt écartés de notre chemin en montant vers San Marino. La journée aura donc été passée en majeure partie du l’autostrade à pleine vitesse vers le sud. Suffisamment avancés, nous sommes sortis pour reprendre le chemin en bordure de mer Adriatique. C’était dimanche et il y avait passablement de la population sur la côte. Ce ne semblait pas être des vacanciers par contre, mais plutôt des Italiens des terres venus profiter de l’air frais marin. Frais je dis, car la température avoisinait les 15 degrés et le temps nuageux. La haute saison n’était définitivement pas débutée. La côté, saturée d’espaces de camping, d’hôtels et de condominiums, jouissait d’un calme relatif avant la tempête estivale, où près de la moitié de l’Europe allait se retrouver aux abords de la Méditerranée.

Audrey et moi nous sommes remémorés avec sourire cette nuit passée en Croatie à Sibenik il y a près de 6 ans en pleine saison haute, encastrés entre trois caravanes, tentés sur un misérable et coûteux espace de camping.

Vieste
Vieste dans la grisaille
Vieste
Trouver l’hostel à Vieste

Parlant de Croatie, il paraît que la petite bourgade où nous allions passer la nuit, Vieste, avait des airs de Dubrovnik. Pas fâchés d’y être arrivés car même si les derniers kilomètres à slalomer dans la forêt n’avaient pas été désagréables, les heures passées à conduire dans les villes balnéaires et leurs routes rectilignes commençaient à devenir monotones…

Vieste
Dans la vielle ville

Vieste n’a finalement pas déçu. On explore rapidement son coquet petit centre historique, mais l’endroit est charmant et il a fait bon y déguster un Apérol Spritz après autant de route.

Lecce, Les Pouilles

Il paraît que le sud de l’Italie est plus pauvre que le nord. À en juger par le délabrement des infrastructure, les ordures et la prostitution de bord de chemin, ça semble définitivement être le cas. La pluie était au rendez-vous en plus. On a donc tracé vers Lecce, ville majeure de la région des Pouilles (le talon de la botte) et valant le détour à ce qu’il parait. Par chance, Lecce semblait épargnée par la mauvaise météo qui régnait partout ailleurs au pays. Comme précédemment, la routine s’est mise en marche dès l’arrivée. On laisse les sacs, on explore autant que possible avant la tombée du jour, on mange et puis on explore encore plus.

Le centre historique de Lecce, quand même imposant et tout de pierre beige avec un style baroque plutôt particulier est fort intéressant à arpenter. Dommage que je n’aie pratiquement aucune photo présentable de l’endroit. En bonus, un bon restaurant déniché par Audrey qui se spécialise dans la cuisine locale. Moins sophistiquée que celle du nord car issue d’une Italie historiquement plus pauvre, elle est largement à base de féculents et d’ingrédients modestes.

Lecce

Sortis plutôt tard de notre festin, nous nous sommes assis dans un parc avec une bière achetée au kebab du coin. La discussion de la prochaine heure allait être animée. Le temps avec la voiture file, l’Italie est en fait plus grande que ce qu’il n’y paraît (lisez : on veut en faire trop) et la température joue contre nous. L’organisation du voyage devait être changée.

Le plan en quittant Rome était de profiter de la voiture 5 jours, de la laisser à Reggio, puis de passer 3-4 nuits en Sicile, de prendre le traversier de nuit pour se rendre à Naples et puis de là aller sur la côte amalfitaine. C’était trop. La décision fut prise de laisser tomber la Sicile afin de relâcher la pression un peu.

Matera, Basilicate

Dans un café italien
Un espresso pour la route

Matera est un must de la province de Basilicate. Ville inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO, des millénaires d’occupation humaine on laissé dans les parois rocheuses du canyon où la ville se situe un impressionnant réseau de ruelles et d’habitations taillées à même le roc.

Alberobello
Alberobello

Avant d’y arriver cependant, nous avons effectué deux petits arrêts dans la vallée d’Istrie avec ses plantations verdoyantes, ses maisons particulières et ses villages perchés sur le dessus des collines. Alberobello aura retenu notre attention pour sa vielle ville totalement bâtie de Trulli, ces petites structures côniques qui parsèment le paysage de la vallée.

À Matera, la décision a été prise de casser la tirelire pour se payer un hôtel avec un minimum de vue sur la vielle ville. À en juger par les photos, vous constaterez que nous avons pas été déçus. Le coup d’oeil était splendide, tout comme les plusieurs heures de balades dans les deux Sassi, noms donnés aux quartiers à flanc de roc (et dont nous n’en voyons qu’un seul sur la photo).

Vue de notre hôtel
Pas mal comme vue

Tel a été notre enchantement d’ailleurs que nous avons prolongé notre séjour d’une nuit (devant au passage passer d’une chambre normale à une suite) et avons reporté la date de retour de la voiture de deux jours.

Vue d`un Sasso
Vue d`un Sasso
Dans un Sasso
Dans un des deux Sasso

La journée a été passée à marcher de l’autre côté du canyon et à s’imprégner de l’endroit tout en sirotant cafés et spritz sur ses petites places. Tant qu’à se gâter, on est même y allés à fond pour le souper avec une étoile Michelin chez Vitantonio Lombardo en mode cuisine locale réinventée sur 7 services. Les gastronomes en nous furent comblés. On adore la haute cuisine. Là c’était une coche supplémentaire à ce à quoi nous sommes habitués.

Les deux Sassi de Matera
Les deux Sassi de Matera

Cosenza, Calabre

Après deux jours de luxure à Matera, il était temps de reprendre la route vers le sud. Avec deux jours supplémentaires de locations de voiture, les options étaient nombreuses. Le centre de l’Italie est riche en relief et en route intéressantes alors c’est la direction que nous avons prise.

Castelmezzano
Castelmezzano
Une ruelle de Castelmezzano
Une ruelle de Castelmezzano avec sa Vespa … très italien

Encore une fois, la météo n’était pas de notre côté. Il faisait froid et le ciel était plutôt variale. Cela ne nous a pas empêcher de profiter d’un paysage fort montagneux et de faire un petit arrêt pour une marche dans le village de Castelmezzano. Les villages italiens ont tendance à être construit en hauteur. Logiquement, on s’installe dans les vallées pour avoir accès à l’eau, mais j’imagine que la protection offerte par le relief était plus importante à une époque où le pays était constitué de petits royaumes belliqueux. Fait particulier, Castelmezzano est relié à sa voisine sur l’autre pic par une tyrolienne de plus de un kilomètre. Malheureusement, l’attraction n’était pas ouverte lors de notre passage.

La vielle ville de Cosenza
La vielle ville de Cosenza

Après plusieurs heures de chemins tortueux, nous avons aboutis à Cosenza, ville d’importance régionale de Calabre. Apparemment, son vieux quartier possédait un certain charme propre au sud de l’Italie évoquant la dolce vita. L’expérience fut tout autre. Peut-être jadis pittoresque, c’est aujourd’hui un lieu malaisant de bâtiments à moitié en ruine et de ruelles jonchées de gravats et d’ordures. Pourtant, la majeure partie des édifices semblent encore habités et il était fréquent de croiser des immeubles dont plusieurs étages étaient délabrés tandis que certains autres illuminés. L’ambiance était d’un glauque que nous nous attendions pas à croiser dans un pays du G7.

Bova, Calabre

L’objectif de la journée n’était pas différent de celui de la veille, continuer à descendre et explorer la région. Audrey en avait quand même sa dose des routes tortueuses alors nous avons plutôt choisis d’emprunter le bord de mer. Pour ma part, j’avais un objectif cette journée là. Il existait selon le guide un village entièrement abandonné au détour d’une route mineure tout au sud du pays. Est-ce qu’on aurait pu trouver quelque chose de plus édifiant à visiter? La Calabre, région quand même pauvre du pays, n’offre à ce qu’il paraît pas grande attraction outre des plages et du soleil que les gens du nord viennent fréquenter lors de leurs vacances.

La route en bordure d’océan n’avait rien d’intéressant, mais les choses on commencer à prendre une tout autre tournure une fois que nous avions bifurqué dans les montagnes. Le terrain est tout de suite devenu très accidenté et escarpé et le chemin que nous suivions s’est rétréci pour ne devenir qu’une voie en lacets serrés, jonchée de pierre et de débris avec certaines sections carrément effondrées.

Route vers Roghudi
Les routes étaient dans un sale état

Nous avons passés deux petites localités encore occupées (mais manifestement en déclin) avant d’arriver à Roghudi. Bâti sur un éperon rocheux, le village était autrefois habité par des centaines de personnes. Suite aux inondations de 1971, l’endroit est devenu inhabitable et sa population a été relocalisée sur la côte. Il ne reste aujourd’hui que des maisons en ruine avec de vieux volets claquant au rythme de la brise montagnarde. À l’entrée de la ville, un appartement apparaît encore logé et l’église est manifestement entretenue.

Roghudi
Arrivée à Roghudi
Roghudi
Roghudi

Les lieux abandonnés ont un je ne sais quoi de mystérieux et d’unique. Au fil du temps, leurs formes s’effritent à mesure que la nature exerce à nouveau son influence sur les créations de l’homme. L’atmosphère qui s’en dégage me remplit d’humilité à tout coup. Ces maisons, autrefois la fierté de leurs propriétaires, s’écrouleront une à une pour qu’éventuellement, toute trace de vie ici soit effacée par l’irrémédiable effet du temps. Il se dégage de ce mandala de mortier et de brique une importante vérité : tout est temporaire et dans l’absolu, rien n’a d’importance.

Notre destination pour la nuit était la ville de Reggio Calabria, l’endroit où nous devions retourner la voiture et une grosse agglomération sans grand intérêt. En redescendant vers la côte par cette route qui n’aura pas manqué de nous donner de l’adrénaline, nous avons passé un autre de ces pittoresques villages perchés sur un sommet. Quelques kilomètres passés, je m’arrête et lance l’idée de voir s’il n’y a pas un bed & breakfast dans les environs car de toute évidence ni moi ni Audrey n’étions motivés à passer la nuit à Reggio.

Bova au loin
Bova au loin

Avoir l’internet dans sa poche à l’étranger enlève définitivement une part d’aventure et d’inconnu lorsqu’on voyage mais pour certaines occasions, c’est fort pratique. En quelques secondes j’avais trouvé un endroit où passer la nuit à Bova, nom de la ville que nous venions de passer. Son propriétaire, tout à fait accueillante, nous expliquera qu’en réalité, les habitants de la région parlent grec et son issus d’une immigration qui devance l’existence de l’empire Romain. Quelle excellente idée que de s’être arrêté passer la nuit ici. L’ambiance était tout autre et les gens charmants. La ville est en fait constituée de ruelles et d’escaliers pavés inaccessibles aux voitures. Après un copieux repas dans un fantastique petit restaurant de cuisine locale où tout était concocté avec les ingrédients de l’endroit, nous avons passés quelques temps à discuter avec un couple britannique qui possède une maison et une oliveraie dans Bova. Arrivés ici pour la première fois il y a plus de 20 ans, le coup de foudre a été tel qu’il sont venus y installer leur résidence secondaire.

La vue de notre chambre à Bova
La vue de notre chambre à Bova, pas trop mal

Une fois sortis du restaurant, il nous a pris l’envie de braver le vent qui se levait pour monter jusqu’au belvédère qui surplombe le village. Un chient errant prénommé pour l’occasion Umberto et au bon tempérament nous a servi de guide jusqu’au sommet et de retour jusqu’à notre chambre (on a au passage eu une petite pensée pour Ramon, cette chienne avec qui nous avons passé une soirée aux abords d’un lac au Tadjikistan).

La journée avait commencé un peu mollement il faut dire, mais s’était terminée par une escapade dans un lieu inusité et une nuit impromptue dans un endroit dans les plus charmants croisés jusqu’alors.

Le lendemain, la météo était des plus désagréables et ces forts vents qui nous avaient empêcher de dormir avait semés un certain chaos dans les routes de la région. Malgré tout, nous avons été en mesure de rendre la voiture sans trop de difficultés et de prendre le train vers notre prochaine destination.

Maratea, Basilicate

Maratea

Ruelle de MarateaMaratea est une collection de petits villages coincés dans une vallée entre montagne et mer. À ce qu’il paraît, elle a des airs de côte amalfitaine. Le but était de s’y poser un peu pour décompresser et prendre le temps. L’endroit était quand même très beau et notre hôtel des mieux situés. Bâti dans un ancien couvent avec une vue sur le centre historique et la vallée, on était loin des bons vieux dortoirs d’auberge (quoique je m’ennuie de ces derniers). La météo, encore à jouer contre nous, nous aura forcé à relaxer et ralentir le rythme. Les tenanciers de l’établissement étaient eux-mêmes étonnés par température qu’il faisait, mai étant normalement un mois de baignade et de plage, pas de manteaux et de grisaille.

Hotel à Maratea
Un apérol spritz et une piscine à 15 degrés

Au restaurantBref, il ne s’est pas passé grand chose. En analysant nos options pour la suite, nous avons finalement constatés que la côte Amalfitaine qu’Audrey avait suggérée comme destination en début de voyage était devenue hors de prix et que la température n’allait pas y être beaucoup plus clémente. Nous avons donc opté pour le choix logique dans la région : Naples.

Maratea

Naples, Campanie

Panorama de Naples

Rue de NaplesOn nous avait déconseillé Naples. En fait, je crois que c’était nos amis de Rome qui rapportaient les suggestions que des Italiens leur avaient fait. Pourtant, Naples nous a vraiment plu. Oui, son centre-ville est plutôt fréquenté par les visiteurs (italiens et étrangers), mais pour autant qu’on en sorte un peu, on tombe sur une ambiance de quartier qui à certains moments rappelait l’Inde. Le trafic de motos, les commences empiétant sur les trottoirs, les odeurs, la foule, bref … le chaos urbain. Les musées semblent légions à Naples, mais à part une petite visite de catacombes, notre séjour a été principalement voué à l’exploration de la ville à pied ainsi qu’à la consommation de cafés, de pizza, d’apérols et de bonnes séances de people watching en bordure de mer.

Naples

Naples est aussi tout en colline alors pour peu que l’on s’éloigne de la côte, le relief nous récompense de jolis panoramas entre les bâtiments colorés de cette ville frénétique, le bleu de la Méditerranée et le sommet du Vésuve non loin. Nous aurions pu aller y faire tour et visiter Pompéi, mais ce sera pour une autre fois car ce coup-ci nous nous sentions plus en mode exploration urbaine.

Naples

Fin

De retour à Rome, la dernière soirée aura été passée à faire un autre barbecue à l’ambassade. Que dire de ce voyage? Classique mais rafraîchissant? Avec une meilleure météo on en aurait possiblement profité davantage, mais nous n’avions aucun contrôle sur cet aspect. Ne l’oublions pas aussi, l’objectif était également d’aller voir nos amis à Rome. Après 3 ans de pandémie, une résidence en médecine et une sérieuse maladie pour Audrey, je vois l’expérience comme une remise en forme. Une petite escapade qui nous aura permis je crois de renouer avec notre esprit d’aventure et l’audace.

Road-trip dans le sud de l’Italie
Le trajet approximatif effectué (cliquez pour ouvrir la carte dans Google Maps)

San Marino (Saint-Marin)

San Marino est un petit pays (le 5e plus petit au monde précisément) enclavé dans l’Italie qui avait depuis longtemps piqué ma curiosité. Vestige d’une époque où le pays était une constellation de royaumes et républiques, il a réussi à conserver son indépendance au travers des âges pour être aujourd’hui la plus vielle démocratie du monde.

Audrey dans un Ikea
Audrey attend son véhicule dans un Ikea de la banlieue romaine (oui, c’est là que l’agence se situait)

L’endroit n’était pas vraiment sur le chemin, mais je tenais à y faire un détour puisque nous étions désormais motorisés. D’autant plus qu’il pleuvait partout dans le pays. De Rome où nous avons récupéré notre Fiat Panda, il n’a fallu que quelques heures pour s’y rendre.

Arrivés tard, nous n’avons eu que le temps d’aller déguster un excellent repas (raviolis au truffes et pièce de viande dans de l’huile et du vinaigre balsamique) dans un resto local bien animé. Sous la bruine du soir, avons parcouru les rues médiévales de la capitale.

Rues de San Marion
Dans les rues de San Marino

Le calme amené par l’heure tardive et la météo contrastait définitivement avec ce qui devait être des ruelles pleines de visiteurs pendant le jour. San Marino reçoit deux millions de curieux par an et facilement la moitié des échoppes est un magasin de souvenirs qui vend parfums, couteaux et autres bidules.

Néanmoins, la propreté de l’espace, ses coups d’oeil pittoresques et les vues imprenables depuis cette cité construite sur les pentes abruptes d’un cap rocheux nous ont enchantés et sans grande surprise fait miroiter l’idée de s’y prélasser un peu plus demain.

San Marino
Une dernière photo de très mauvaise qualité …

La météo pluvieuse et brumeuse au réveil nous confortera dans la décision de quitter ce lieux particulier. Les pays totalement enclavés dans un autre ne sont pas très nombreux sur notre planète. Le Vatican en est un, il y a le Lesotho en Afrique du Sud et à moins que ma géographie me fasse défaut, je n’en trouve pas d’autres. San Marino n’aura été l’affaire que d’une soirée, mais aura certainement assouvie une partie de notre curiosité.

Rome, Italie

Ce voyage à Rome que nous devions faire l’été dernier Rome (mais qui a été déplacé à Aruba) et bien il avait été reporté à ce moment-ci. Seulement, nous allions disposer d’une semaine supplémentaire, d’un peu plus de fraîcheur au niveau de la température ainsi que possiblement moins de fréquentation. Audrey pour sa part avait choisi de partir une semaine avant moi pour aller visiter l’Autriche en solo. Comble de chance, un autre ami du Canada allait se joindre à nous pour la première semaine. Le couple que nous allions visiter cependant quittait bientôt Rome pour revenir au Canada et auraient probablement davantage apprécié notre visite il y a quelques mois mais bon … mieux vaut tard que jamais comme on dit.

La fontaine de Trévi
Disons que la saison touristique était bel et bien entamée…

J’avais déjà vu Rome en fait en 2012 et bien honnêtement j’avais eu ma dose de monuments et de musées à ce moment. Les églises se ressemblent toutes et une ruine romaine c’est une ruine. Certains me trouveront hérétique, mais après en avoir vu des masses, l’art ancien finit par se ressembler; une autre peinture du Christ n’ira pas ajouter grand chose à ma culture. Qui plus est, Rome est en fait un musée en soit, alors c’était un peu aberrant d’aller s’enfermer entre 4 murs ou dans un parcs de vieux cailloux et passer à côté d’un paysage urbain si unique

Le forum
Les ruines du Forum vues du Palatin avec le Colisée en arrière plan
Faire la file
Malgré tout, on aura fait beaucoup de cette activité

Heureusement, mes deux compagnons de visite partageaient un avis similaire. Nicholas avait raté quelques endroits lors de sa précédente visite et tenaient à les voir ou revoir (comme le Panthéon) mais c’est tout. Audrey, fidèle à elle-même, préférait s’en tenir aux incontournables et investir son temps dans l’errance urbaine et la bonne nourriture.

L’intérieur du Vatican
L’intérieur du Vatican. Il faut dire que parmi tous les lieux de cultes, celui-là ne laisse pas sa place en terme de faste et de grandiose.

Alors voilà, on a (re)vu le Colisée, le Palatin, le Forum, la Fontaine de Trévi, le Panthéon, la voie appienne, les diverses places. On est rentré dans quelques églises pour la forme et j’ai tenu à revisiter le macabre monastère des Capucins avais ses cryptes décorées d’ossements humains.

Dans le dôme de Saint-Pierre
Dans le dôme de Saint-Pierre, il ne fallait pas être claustrophobe

Le Vatican aura eu sa journée presque entière car St-Pierre de Rome mérite définitivement qu’on s’y arrête. Le niveau de grandeur et d’opulence n’a pas son égal dans le monde occidental. Financé à coup d’indulgences à même les coffres d’une église catholique avare comme pas deux, on comprend sans difficulté le grand schisme vers le protestantisme. Malgré tout, le bâtiment impressionne. Ce coup-ci, j’ai tordu les pieds de mes compagnons pour que l’on monte dans le dôme pour aller profiter de la vue au sommet. Je dois avouer, ça donne parfois le vertige, mais le coup d’oeil 360 degrés sur le Vatican et Rome vaut l’effort. Redescendus au sol les jambes un peu molles, on a sauté la chapelle Sistine (décevante à mon sens [j’ai déjà dit ça un ami féru d’histoire et d’art pour ensuite me faire immoler]) pour marcher jusqu’à chez notre hôte.

La vue depuis le haut de la basilique Saint-Pierre
La vue depuis le haut de la basilique Saint-Pierre

Beaucoup de soirs dans cette semaine ont été passés à déguster de la bonne cuisine (amenez-en des pâtes maisons) en bonne compagnie. Pour le dernier souper, c’était un BBQ à l’ambassade canadienne, invités par ce couple que nous étions venus visiter. Sécurité oblige, aucune photo de l’événement n’a été prise. Sans réel plan pour la suite de notre voyage (seulement une direction, le sud), on a passé le reste de la soirée à discuter de nos options avec nos amis, forts de leur expérience de 2 ans de séjour en Italie. Au programme donc, location de voiture pour quelques jours et direction le talon de la botte.

La voie appienne
La voie appienne

Saint-Pierre-et-Miquelon, France

Mairie de Saint-Pierre
Ici, c`est le tricolore!

Avec la France si proche, pourquoi ne pas aller y faire un tour? Quelques réservations de dernière minute (à gros frais) et notre séjour était tout arrangé. Après beaucoup de route, un petit tour par la péninsule de Burin (quand même assez attrayante) et un ferry, nous étions en république française, passeport étampé et douane passée. Sur place, c’est le choc : on a réellement été téléportés en Europe. Sans savoir le chemin parcouru, vous m’auriez demandé où j’étais et je vous aurais avancé avec confiance me trouver dans un village du Pas-de-Calais. On y parle avec l’accent, l’euro a cour et le tricolore flotte un peu partout. Même si les maisons ressemblent à celles de Terre-Neuve, l’urbanisme y est définitivement français. Les véhicules quant à eux sont un mélange de Nord-Américain et d’européen.

Ville de Saint-Pierre Ville de Saint-Pierre Zoom sur la ville de Saint-Pierre Panorama de Saint-Pierre

Un bon repas de cuisine du vieux monde pris, nous nous sommes dirigés vers un bar où jusqu’aux petites heures du matin le vin a coulé à flot au son d’un jukebox jouant classiques français et québécois. Au réveil, nos vêtements empestaient les effluves de clope, car même si le tabagisme est interdit dans les bar, le patron a le dernier mot.

Repas de charcuterie et fromages
Charcuterie fromage! Si ce n`était pas du fait que nous étions midi, il y aurait eu vin aussi.

Bien que Saint-Pierre-et-Miquelon se vende comme destination nature, nous avons plutôt opté pour un petit moment d’urbanisme, car de la nature, nous nous en étions gavés dans les derniers jours. Un habitant de l’endroit abordé alors que nous nous baladions nous a fait un petit résumé de la vie sur l’archipel. La façade est très française, cela va de soi, mais les Saint-Pierrais sont également très attachés au continent Nord-Américain. Proximité oblige, bon nombre de la génération pré-internet a grandi au son du rock québécois, ne manquant pas un match du Canadien de Montréal. La plupart ont également choisi d’aller s’éduquer dans les grandes villes canadiennes, car le territoire dispose d’ententes spéciales avec son gros voisin. Chaque semaine, l’archipel est ravitaillé par un porte-conteneur venant d’Halifax qui ramène à la fois des produits canadiens, mais aussi des produits français. Sachez-le, c’est à chaque 6 semaines que les stocks de fromages et de charcuterie sont renouvelés. Malheureusement pour moi, les étagères dans les épicerie était vides, car le bateau devait passer dans les prochains jours.

Rue de Saint-Pierre

Décor aux alentours de Saint-PierreAvant le moratoire, l’économie de l’archipel était comme celle de Terre-Neuve, basée sur la pêche. Post-moratoire, l’industrie n’a pas repris, et c’est le gouvernement qui emploie plus de 50% de l’île de près ou de loin, car un territoire, il faut que ça s’administre. Aujourd’hui, les saint-pierrais et les miquelonnais tente de développer le tourisme. En haute saison, il existe maintenant des vols directs depuis Paris et la communauté s’efforce d’aller courtiser leurs compatriotes métropolitains afin qu’ils viennent faire un petit tour dans l’archipel profite de ses gens, ses festivals et de sa nature exceptionnelle. Je dois leur donner raison sur ce point, pas de meilleur moyen pour un européen que d’aller s’imprégner de la culture des maritimes sans quitter l’espace Schengen que de venir ici. Or, bien que l’infrastructure soit en développement, il y a encore beaucoup à faire. Avec trois hôtels et pas vraiment plus de restaurants, s’y loger et s’y nourrir est un défi. Pour ma part, je me serais amplement contenté de sandwich saucisson fromage, mais il m’a fallu faire plusieurs magasins pour récolter les ingrédients nécessaires.

Pelote basque à Saint-Pierre
De la pelote basque

Signe de la ville de Saint-PierrePar pur hasard, Audrey et moi y sommes débarqués en plein festival Basque, alors nous avons pu relaxer post-balade en regardant des matches de pelote basque aux côtés des locaux. Tout était pas mal fermé en fait car c’était un jour férié (voilà qui expliquait l’atmosphère festive hier au soir). Programme semblable de promenade le lendemain avec cette fois-ci passage par la boulangerie qui n’a pas déçu avec sa baguette digne des standards les plus élevés. Même pas 48 heures passés sur Saint-Pierre et nous étions de retour au Canada. Selon d’autres voyageurs rencontrés à l’Anse-aux-Meadows, Miquelon était plus intéressante. Déjà que deux jours étaient trop peu pour Saint-Pierre seule, d’autant plus que ne nous ne nous sommes même pas aventurés hors des limites de la ville. L’île, affectueusement surnommée « le caillou », est quadrillée de sentiers et sa surface (petite), est relativement inhabitée; on peut y passer facilement 3 – 4 belles journées et faire de belles randonnées. Avec quelques jours à Miquelon, on a un voyage. Notre bref passage ne nous en aura donné qu’un petit avant goût. J’ai par contre adoré me retrouver en sol français et pendant quelques heures à notre arrivée je me suis senti bouillonner de cette même excitation qui me remplit lorsque je débarque en Europe.

Mouette solitaire
Mouette solitaire, peut-être une allégorie au sentiment que les Saint-Pierrais éprouvent parfois vis à vis leur métropole…

Moscou, Russie (partie 2)

1500 roubles, donc 35$ pour un Saint-Pétersbourg-Moscou, c’était peu cher payé, mais nos sièges se situaient contre les toilettes. Donc une heure avant l’arrivée, la procession de passagers pour la miction matinale s’est enclenchée si bien que notre nuit a été un peu écourtée. Tout de même reposés, nous avons engloutis notre petit déjeuner (Audrey une pâtisserie et moi un kebab [c’est permis]), sommes retournés par métro à la voiture pour y délester nos sacs en vue de la visite du jour : le fameux Kremlin.

Le mausolée de Lénine
Les grands du communisme soviétique

Nous avions de l’avance, ce dernier n’ouvrait qu’à dix heures, alors nous en avons profiter pour reprendre un café, aller chercher de l’argent (à la bonne banque, car la plupart son bloquées par le Canada) et acheter un atlas routier de la Russie. Une fois sur la place rouge, nous nous sommes rendus compte que le mausolée de Lénine était ouvert, contrairement à ce que notre guide (de 2009) suggérait. Moi content de pouvoir aller rendre hommage au père du communisme soviétique et Audrey indifférente, nous avons tout de même attendu près d’une heure avant que notre tour vienne. Après avoir passé un contrôle de sécurité, nous avons été admis en petits groupes et pressés dans le mausolée où, à la file indienne et en silence, nous sommes passés devant la dépouille de Lénine pendant que des soldats veillaient au bon déroulement de la procession. J’adore visiter les dépouilles de grands leaders. En Corée du Nord, il m’avait été donné de défiler dvant Kim Jong-Il et Kim Il-Sung, son père. Ici par contre, à la différence des chefs Nord-Coréens, qui étaient exposés dans un somptueux palais, le mausolée de Lénine était beaucoup plus austère, mais l’expérience n’en était pas le mois solennelle et intimidante (Je viens tous juste de demander à Audrey ce qu’elle a pensé de la visite, et elle m’a répondu : « Je mets ça dans la catégorie expérience bizarres de ma vie. »)

L’entrée du Kremlin

Sortis du mausolée, nous nous sommes dirigés vers le Kremlin, dont la file à l’entrée était finalement très gérable. Le Kremlin est en fait une forteresse, à la fois le siège du gouvernement Russe, de son assemblée et de l’Église Orthodoxe. Il recèle donc de nombreux bâtiments à fonctions publique au look plus austère, mais aussi des palais et des cathédrales. Notre billet nous donnait principalement accès à ces dernières. Beaucoup plus vielles que leurs congénères de l’extérieur, elles étaient donc moins impressionnantes. Normal, elles ont pu survivre aux purges du communisme, qui ne s’est pas gêné pour démolir tout ce qui avait à voir avec la religion ailleurs sur le territoire. Conséquemment, les églises russes ont tendance à être de manufacture récente et donc construites avec des moyens modernes. Autres objets d’intérêt, le canon du Tsar, le plus gros calibre au monde, mais tellement gros et volumineux qu’il n’a jamais tiré. Tout aussi gargantuesque, la plus grosse cloche du monde, qui n’a elle aussi jamais sonnée, car durant son refroidissement après sa fonte, un contact prématuré avec de l’eau l’a fait fendre. Tout ça est visible sur l’image ci-bas :)

Après avoir parcouru l’intérieur du Kremlin, nous sommes retournés à la voiture consommer un lunch d’épicerie et ramasser le nécessaire pour la nuit. L’auberge ou nous étions n’avait plus de lits, alors nous avions étés référés à un autre endroit non-loin dans la ville. Le plan de la soirée était d’aller rejoindre Ferenc, cet ange-gardien hongrois qui nous avait solidement sorti de l’embarras à la frontière Russe. Auparavant par contre, une sieste et un peu de travail s’imposait. Vers 20h00 donc, nous avons rencontré notre ami et sa copine russe pour un souper à la gastronomie azérie. Ferenc est un type dont les histoires ne cessent d’étonner. Il parle 6 langues, travaille dans la spéculation immobilière en Hongrie et en Russie, importe des voitures allemandes en Slovakie et de la machinerie agricole en Ukraine. Sa mère est Russe et son père un diplomate Hongrois, il a étudié les relations internationales à Moscou en 1991 car son père y était en poste. 1991, c’était tout juste après la chute du bloc. La soirée a donc été hautement divertissante, mais aussi mutuellement enrichissante, car tant lui que sa copine n’étaient pas familiers avec le type de personnages qui eux aussi font de l’export de véhicule allemand, mais cette fois de la France jusqu’au Kyrgyzstan (en l’occurrence, nous).

À notre sortie du restaurant, l’averse avait débutée. À la sortie du métro, la pluie était torrentielle et l’entrée de la station était littéralement inondée, tout comme les rues. Courant vers l’auberge, mais désireux de prolonger la soirée un peu, nous sommes tombés par chance sur un bar de bières de microbrasserie (tout comme chez nous, le concept est populaire en Russie) ou nous avons conversé avec un autre Canadien qui venait de débarquer à Moscou en provenance d’Ukraine et de Géorgie. Il travaillait à Houston au Texas, alors imaginez la réaction de ses collègues de travail quand il leur a parlé de ses prochaines vacances. Qui plus est, il était d’origine africaine. Dans un pays qui s’est construit une bonne réputation de xénophobie, Audrey et moi n’avions que de l’admiration pour lui. Nous aurions volontiers prolongé la soirée, mais les bars ferment tôt (12h00) sur semaine à Moscou et nous devions partir de bonne heure le lendemain.