Kiev, Ukraine – Moscou, Russie

  • Date : 14-15 août 2017
  • Départ : 21h00
  • Arrivée : 20h00 (le lendemain)
  • Température : nuit, ciel couvert puis soleil

De retour de notre excursion à Tchernobyl vers 20h00, nous avons à peine eu le temps de profiter d’un dernier restaurant qu’il fallait déjà quitter la ville. Dommage, Kiev était super charmante, intéressante et relax; elle aurait facilement mérité deux ou trois jours supplémentaires, mais il fallait continuer le périple. Notre visa russe d’un mois était déjà débuté depuis deux semaines et nous voulions avoir suffisamment de temps à Moscou, Saint-Pétersbourg et une autre ville (probablement l’ancienne Stalingrad, maintenant appelée Volgograd).

J’avais prit la peine d’aller questionner la réception de l’auberge sur le passage de l’Ukraine vers la Russie, mais les employées ne m’avaient été d’aucune aide. Pourtant, Audrey et moi se doutions très bien que l’entreprise n’allait pas être une mince affaire. Non seulement, les frontières à l’est du pays sont fermées en raison de la guerre, donc une partie du trafic était redirigé vers le nord, mais en plus, il y avait somme toute peu de points de passage. Bref, c’est pourquoi nous avons décidé de partir le soir même, arriver à la frontière tard (pour la passer rapidement) et nous trouver un hôtel non loin. Sur papier c’était béton. Nous nous étions levés très tôt pour aller à Tchernobyl, alors il allait falloir combattre la fatigue à grand coup de Red-Bull, mais avec de la motivation, nous en étions physiquement capables.

Après quelques erreurs de direction, nous étions sortis de Kiev et de retour sur les routes Ukrainiennes à deux voies. Elles étaient dans un état acceptable, mais j’anticipais le moment où nous allions tombés sur un énorme trou. Nous n’avions pas roulés énormément de nuit jusqu’à maintenant, mais depuis la prise de possession de la voiture, j’avais remarqué que les phares étaient mal réglés. Les hautes étaient relativement efficaces, mais les feux de croisement n’éclairaient que directement en avant du véhicule et à chaque trou qui passait, c’était toujours trop tard pour que je l’évite. Sur les routes Ukrainiennes, c’est préoccupant. Quelques tentatives rapides d’aligner les faisceaux avaient été tentées, mais sans grand succès. Finalement, j’ai craqué et me suis arrêté avec la ferme intention de ne pas repartir tant que ces stupides phares n’allaient pas correctement illuminer la route. Après une demi-heure de bidouillage, c’était chose réglée.

Tout compte fait, la qualité de la chaussée aura été numéro 1 jusqu’à la frontière que nous avons réussi à atteindre dans les temps prévus et ce même un petit arrêt par les policiers pour léger excès de vitesse. Heureusement l’agent était de bonne humeur nous a laissé filer. Une fois en ligne pour le contrôle côté Ukrainien, nous avons immobilisé le véhicule et nous sommes félicités, content d’avoir atteint notre objectif.

  • 1h30: arrivée à la frontière
  • 2h00: rien n’a bougé
  • 2h30: on a avancé un peu
  • 3h00: ça ne bouge pas vite…
  • 3h30: finalement, le garde prends nos papiers
  • 3h35: un militaire Ukrainien nous demande si on a de l’argent canadien sur nous, car il tient une collection de pièces de monnaies. Pas de chance pour lui, on s’est vidé les poches avant de partir.
  • 3h45: on commence à fouiller notre véhicule, le numéro de série de la voiture est pris en note, le douanier nous demande de vider notre coffre et d’ouvrir nos sacs. Il tombe sur notre caisse de vin (merde, on a acheté une bouteille dans chaque pays visité pour se la déguster uns fois en camping en Asie Centrale) et inspecte son contenu. Prenant une bouteille de vin français, il nous regarde et dit: “Present?” Pas le choix de dire oui. Il met la bouteille dans son manteau, met un terme immédiat à la fouille et nous souhaite bon voyage.
  • 4h00: on se met en file du côté Russe. Je sors inspecter nos bouteilles pour voir laquelle le douanier nous a chipé, j’espère que ce n’est pas notre Gaillac bio. Ouf! C’est un truc à 2,50 Euros. Je crois qu’il a été accroché par la pastille dorée “Lauréat du concours parisien” ou un truc du genre (un prix bidon fait pour mousser les ventes)
  • 4h30: ça ne bouge pas
  • 5h00: le jour se lève, Audrey et moi avons fait une croix sur le sommeil
  • 5h30: ça avance un peu, les Ukrainiens et les Moldaves autour de nous ont l’air de trouver que tout baigne alors ça nous rassure.
  • 6h00: on approche du côté Russe. Tout le monde est hors de son véhicule et ça fume partout pour tuer le temps. Des femmes se promène avec des valises de nourriture et des thermos de café. Dommage, nous avons écoulé notre argent Ukrainien avant de passer la frontière.
  • 6h30: c’est long, voilà 24 heures que nous sommes debout
  • 7h00 le douanier Russe prend nos papiers, nous étampe ça et nous les remet promptement. L’excitation monte en nous! On est presque en Russie. Quel soulagement, Audrey avait une crainte que notre visa ne nous permette pas de rentrer avec un véhicule.
  • 7h05: on passe à la douane et l’on nous remet deux formulaires en Russe. Je vais gentiment voir le douanier, lui disant “niet Russki, English?”, il rentre dans son bureau et me remet une traduction Allemande. Je lui lance un regard interrogatoire et répète “English?”. Avec un ton agressif, il m’envoie promener.
  • 7h30: Audrey et moi avons tenté tant bien que mal de compléter les formulaires avec un dictionnaire Français-Russe de poche et mes deux ans d’Allemand entre l’âge de 10 et 12 ans. Les formulaires nous sont renvoyés sans avoir été regardés, car il fallait que l’on fasse deux copies pour moi et non une pour Audrey et une pour moi.
  • 7h40: On recopie de formulaire. En le remettant au douanier, celui-ci a raturé nos réponses et nous a lâché quelque chose en Russe indiquant probablement que nous étions cons. Il m’a ensuite montré un exemple en Russe placardé sur un mur.
  • 7h45: Finalement, le conducteur d’un véhicule voisin s’approche de nous et nous demande en Anglais si nous avons besoin d’aide. Il se nomme Ferenc, il est Hongrois et se rend à Moscou pour visiter sa copine. Un habitué de cette frontière, il nous confie qu’il est dans le processus depuis 2h00 et que de tels délais sont normaux. Ferenc parle et lit le Russe donc il nous traduit le formulaire et nous aide à le remplir. Finalement, ce n’est qu’une déclaration et douane et une garantie comme quoi nous nous engageons à ne pas importer le véhicule en Russie.
  • 8h00: Changement de personnel, il ne passe plus rien pendant une heure. Ferenc nous entretient sur les nombreuses aberrations de l’administration Russe. Ils nous demande si nous avons été contraints de verser un pot-de-vin aux douaniers Ukrainiens, car il a dû payer 100 hyrvnia (c’était ça la “collection de pièce de monnaies”…) On lui répond que c’est un bouteille que ça nous a coûté. Nous partageons avec Ferenc notre étonnement face au peu de véhicules Russes en ligne pour passer la frontière. Il nous informe que l’Ukraine empêche les hommes de passer de peur que ces derniers aillent vers la Crimée. Ceci explique la présence de deux femmes russes derrière nous.
  • 9h00: Changement de garde complété. On montre nos formulaires tout bien complétés au nouveau douanier, un homme bien en chair au visage puéril. Il nous les renvoie, car on a commis un erreur lors de la copie.
  • 9h15: Je n’en peux plus, je me dirige vers le bâtiment pour aller au toilette et je me fais tout de suite engueuler par un militaire. Il me somme de lui montrer mon passeport. Je tente tant bien que mal de lui expliquer que c’est le gros douanier qui l’a. Finalement il me fout la paix.
  • 9h30: Hourrah, nous formulaires ont été acceptés.
  • 10h00: On passe de l’autre côté de la frontière et l’on attend qu’on nous remette le papier final. Ferenc nous indique qu’à l’intérieur du bâtiment, quelqu’un recopie les informations dans un ordinateur. Impossible de partir, car on aura besoin d’une copie authentifiée pour sortir du pays.
  • 10h30: On nous remet le papier et mon passeport. On remercie Ferenc pour son aide et l’on se promet de se voir à Moscou pour un verre.
Au milieu de la Russie
La Cathédrale Saint-Basile le bienheureux, c’est certain que vous la reconnaissez

Nous nous remettons en route vers Moscou. Il nous reste un bon 500 kilomètres. Non loin de la frontière nous arrêtons pour nous ravitailler en Red-Bull. Après un moment, impossible de poursuivre, nous sommes simplement trop fatigués: arrêt obligatoire dans une station service pour faire un somme de 2h30 dans la voiture. La route vers Moscou est essentiellement rectiligne, plate et sans grand intérêt; pendant qu’Audrey conduit, j’écris nos péripéties en Ukraine. Finalement, on arrive à Moscou sur le coup de 18h30 et pour la suite, ce n’est qu’un long bouchon (4 accidents) jusqu’à notre auberge près de la place rouge.

Pleins d’adrénaline, nous sommes sortis chercher de l’argent (tâche compliquée par les sanctions économiques envers la Russie), dîner dans un restaurant cher et très médiocre puis nous sommes dirigés vers la Place Rouge: malheur, l’espace est envahi par des gradins et complètement clôturé.

Place rouge obstruée

Tchernobyl, Ukraine

Sachant que nous allions passer par Kiev lors de notre voyage, j’avais dès lors exprimé l’envie d’aller visiter la centrale de Tchernobyl, qui est située non loin de Kiev. Ce n’est pas l’endroit où l’on s’attendrait à pouvoir aller faire le touriste compte-tenu de la contamination radioactive qui y persiste, mais de nos jours, tout est possible pour autant que l’on soit prêt à mettre le prix, même aller en Corée du Nord.

À l’entrée de la ville de Tchernobyl

Évidement, l’opportunité n’était pas donnée – 145 $US par tête – mais je n’allais pas passer ma chance d’aller explorer le site du pire désastre industriel (quoi que Fukushima prendra peut-être la pôle position) de l’histoire de l’humanité et la première fois que l’homme s’est réellement mesuré aux dangers du nucléaire. Les Ukrainiens payent la visite beaucoup mois cher, mais comme je l’expliquais à un espagnol désireux d’y aller lui aussi, mais que le prix faisait sourciller, je suis ravi que Tchernobyl ne soit pas le problème de mon gouvernement…

Est-ce questionable d’aller faire du voyeurisme à l’endroit où des centaines ont perdu la vie et des milliers souffrent encore aujourd’hui des conséquences de l’exposition aux radiations? À mon sens, c’est entièrement équivalent à la visite d’un champ de bataille ou d’un camp de concentration, eux aussi lieux où se sont déroulés des épisodes d’incommensurable souffrance humaine. Pour autant que l’objectif soit pédagogique et que le tout soit fait dans le respect des victimes, je n’y vois aucun dilemme moral.

Je n’irais pas compter l’histoire du désastre de Tchernobyl, l’article Wikipédia sur le sujet est assez détaillé. La lecture de ce dernier et d’autres sources en vaut vraiment la peine et ne manquera pas de donner des frissons, mais aussi de susciter de l’admiration envers les employés de l’usine et les soldats qui au moment même de l’explosion du réacteur et dans les semaines suivantes ont donné leur vie afin d’éviter que la catastrophe ne prenne une ampleur mondiale. Le fait qu’il ait fallu quand même plusieurs jours avant que les autorités soviétiques annoncent au reste du monde ce qui venait de se produire leur est entièrement imputable, mais l’accident lui-même ne l’est pas: Fukushima aura fait la preuve comme quoi nul nation n’est à l’abri d’un tel désastre.

Carcasse de Lada dans un village abandonné

Aujourd’hui, la centrale de Tchernobyl est isolée du reste du monde par une zone d’exclusion d’un rayon de 30 kilomètres à l’intérieur duquel l’accès est strictement contrôlé et d’un autre périmètre intérieur à 10 kilomètres ou toute présence humaine est interdite exception faite du personnel qui travaille sur les lieux. Nous allions donc pénétrer dans cette zone, visiter des villages abandonnés, la ville de Tchernobyl elle-même où le personnel est hébergé, nous approcher de la centrale, passer deux heures à Pripyat et terminer la journée par une visite d’une installation radar soviétique surnommée le Pic-vert Russe. Pour se rendre à Tchernobyl de Kiev, il fallait compter un bon deux heures de route dans un paysage de campagne ukrainienne plutôt morne. À l’arrivée dans la zone d’exclusion, contrôle de passeport par l’armée et briefing de sécurité. Une fois à l’intérieur, plus aucun véhicule à l’horizon, on se croyait sur les routes autour de Pyongyang tellement le paysage était vide d’activité humaine.

Eh ben, je ne pensais jamais qu’un jour je me retrouverais à Tchernobyl. 
– Audrey (à Pripyat)

La zone et la centrale

 

Un “hotspot” de radioactivité

La zone de Tchernobyl a largement été décontaminée, mails il y persiste un niveau de radiations ambiant qui s’avère dangereux à très long terme. Notre guide était munie d’un dosimètre de radioactivité et nous a pointé à plusieurs reprises des endroits où dans le sol s’étaient concentrés les contaminants. La radiation ambiante (dans Kiev) se chiffre à 0.15 uS/h, dans la zone d’exclusion elle avoisinait le 0.2 uS/h et en certains lieux elle grimpait à 10 uS/h. Rien de dangereux considérant le fait que l’on absorbe plus de rayonnement durant un vol transatlantique que ce qu’on allait accumuler durant toute la visite.

La centrale est contenue dans le dôme de métal derrière moi

Cependant, il persiste incontestablement des lieux encore beaucoup trop contaminés pour qu’un humain puisse même penser y approcher. Le réacteur numéro 4, celui qui est entré en fusion et a explosé, est sans doute l’endroit où le rayonnement est encore le plus intense et suffirait probablement à tuer un humain en quelques minutes. Afin de contenir tout ce danger les autorités soviétiques avaient construits au prix de nombreuses vies dans les semaines suivant l’incident un sarcophage de béton et de métal. Il avait été estimé que ce dernier avait une durée de vie de trente ans. En 2016, 30 ans exactement après l’incident, un nouveau sarcophage dont la construction avait débuté en 2006 était positionné au dessus des ruines du réacteur 4 et du premier sarcophage. C’est celui que l’on voit sur les photos. En son intérieur, grues robotisées et autre machinerie s’affaireront pendant le prochain siècle (oui, 100 ans) à démanteler de manière sécuritaire le réacteur et son combustible.

Nous ne sommes évidemment pas pénétrés dans l’enceinte du nouveau sarcophage, mais nous sommes passés suffisamment proches pour mesurer l’ampleur de la structure. De manière à protéger les ouvriers des radiations, elle a été construite à côté du réacteur puis glissé en place sur un système de rail, battant au passage le précédent record de la plus grosse structure mobile du monde.

Pripyat

 

Pour être honnête, Pripyat était le moment de la visite que j’attendais le plus. Des images de la centrale, j’en avais vu plus d’une sur le web, mais une ville de 50000 habitants évacuée à tout jamais en l’espace de deux heures il y a trente ans, il fallait y être pour le vivre.

La nature avait largement reprit ses droits et ce qui était autrefois boulevards et grands parcs d’une ville champignon construite selon les dernières doctrines d’urbanisation communiste pour héberger les employés de la centrale étaient maintenant forêts d’arbres matures. Néanmoins, les bâtiments et certaines structures persistent encore, notamment gymnase, salle communautaire, par d’amusement aréna, école, piscine, cafés, etc. Sans compter les nombreuses tours d’habitation. Nous avons pu pénétrer dans plusieurs d’entre eux et à chaque reprise, le spectacle avait quelque chose de surréel. J’adore l’esthétique des lieux abandonnés, d’observer la réintégration de l’artificiel dans le naturel de constater à quel point nos structures de béton et de métal, pourtant considérées solides, sont en réalité éphémères … comme nous.

Sans, conteste le moment le plus magique a été l’exploration d’un bloc appartement entier. Il restait encore des traces de vie dans chaque unité, des meubles, des effets personnels, des tableaux…La visite a culminé par son ascension jusqu’au toit, d’où la vue sur la ville, la centrale et la région étaient imprenables. Même Audrey s’y est risqué malgré son genou. 30 ans auparavant, le panorama évoquait le progrès de l’humanité et le statut de grande puissance de l’union soviétique. Aujourd’hui, il n’est que désolation, rappelant l’un des pire échecs de la modernité et témoignant de l’arrogance de l’époque.

Radar Duga

Le radar Duga, surnommé le Pic-vert Russe en raison de son caractéristique émis sur les fréquences radio du monde entier, est une impressionnante structure construite à gros frais par les soviétiques afin de détecter un éventuel lancement de missile balistique intercontinental. L’installation que nous avons visité est en fait l’antenne réceptrice d’un émetteur situé à 60 km de là et qui devait utiliser la couche ionosphérique de la terre comme surface de réflexion. Imaginez la puissance électrique que demandait un tel radar, d’où sa localisation à proximité de la centrale.

Compte-tenu de la taille de la chose (facilement visible des toits de Pripyat), difficile de croire qu’elle était à un moment l’une des installations les plus secrètes de l’Union Soviétique, mais bon, la population du temps savait qu’il ne fallait pas trop poser de questions. Le concept derrière le projet est entièrement valide et utilisé de nos jours pour toute sorte d’applications. Cependant, il n’existait pas dans les années 70 la puissance de calcul nécessaire pour traiter efficacement les données produite par une telle antenne, donc le projet s’est avéré être un échec. Pourtant, la machine dont l’installation disposait était le nec plus ultra de l’union avec ses 2Mhz et 10Mo de stockage … aujourd’hui largement déclassés par le plus rudimentaire de téléphones portables. De nos jours, le gouvernement Ukrainien se demande encore quoi faire.avec ces 14000 tonnes de métal de 120 mètres de haut et 400 mètres de long… Quelle folie cette guerre froide.

Kiev, Ukraine

Déjà, Kiev nous avait laissé une impression très positive la veille. Après-avoir passé la matinée sur l’ordinateur, nous sommes sortis pour la visite accompagné des béquilles. La genou d’Audrey allait mieux, mais Kiev est étendue et nous allions certainement en marcher un bon coup. Au préalable, petit arrêt magasinage: devant l’auberge se déroulait une petite brocante du dimanche, alors je n’ai pas manqué de me procurer quelques affiches de l’époque soviétique.

Panorama du vieux Kiev, non loin de notre auberge
Entrée du métro de Kiev
Le métro de Kiev, comme ses congénères de l’ex-URSS, a été construit très profond

Arrivés sur la place principale (le square Maiden, l’épicentre de la ville et l’endroit ayant donné son nom à la révolution de 2014, qui a coûté la vie à une centaine de manifestants) après un court trajet de métro qui n’a pas manqué de nous rappeler nos séjours à Baku, Tbilisi et Yerevan (eux aussi construits à la soviétique), nous avons aussitôt été la proie d’une tentative douteuse d’extorsion d’argent aux touristes. Des étudiants, déguisés en mascottes, s’offraient pour des photos et des conseils pour finalement quémander 200 hryvnia (10$); même si un mauvais presentiment nous habitait, nous avons cédé. Quand est venu le moment de payer, j’ai négocié la moitié du tarif et Audrey et moi leur avons bien communiqué notre opinion sur leur petit jeu. J’avais pensé leur demander un reçu et j’aurais dû le faire juste pour l’exercice, mais voyant le nombre qu’ils étaient sur la place, ils avaient certainement obtenu la bénédiction de la police.

Le square Maiden

Bref, tout ceci a laissé un goût plutôt amer, mais au passage, le gars déguisé en zèbre nous a quand même refilé un bon tuyau de restaurant pour de la bouffe ukrainienne pas cher. L’endroit (une chaîne nommée ПУЗАТА ХАТА [Puzata Hata]) s’est avéré tellement à la hauteur que nous y sommes retournés à trois reprises. Fonctionnant sur le principe d’une cafétéria, le client défile avec son plateau devant divers présentoirs et choisi lui-même ses assiettes qui lui sont facturées au passage à caisse. Non seulement pratique dans un pays où l’on est à toute fin pratique illettré (pas autant qu’en Chine par contre, on progresse vite car l’alphabet cyrillique est phonétique et facilement distinguable, donc facile à déchiffrer [contrairement au script Géorgien ou Arménien]), mais aussi très plaisant lorsque l’on veut essayer le plus grand nombre de mets. Il s’adonne que la cuisine Ukrainienne est surprenament goûteuse. Oui, on joue dans les soupes, les perogies et autres, mais il y a beaucoup de variété et tout y est savamment assaisonné (surtout avec de l’aneth).

Repus, nous avons passé quelques heures à déambuler dans les rues du Kiev rive gauche, aux allures définitivement européennes de lest, mais avec une forte touche de kitsch ajoutée depuis la chute du rideau de fer. Nous ne progressions pas très rapidement en raison du genou d’Audrey, mais nous parvenions quand même à couvrir du terrain. Dans les parages du parlement, le parc l’entourant offrait une belle vue de Kiev rive droite et de ses champs de tours communistes. Ne voulant pas manquer la chance d’aller explorer ce pan de la ville, j’ai lancé à Audrey l’idée de prendre le métro et d’aller faire un tour dans ce coin. Chose à laquelle elle a acquiescé. En nous rendant à la station la plus proche, nous sommes passés par une des basiliques de Kiev pendant qu’il s’y donnait une messe puis avons sauté dans la première rame pour aller de l’autre côté de la Dniepr.

Les deux cathédrales de Kiev sur le même panorama

L’ambiance qui y régnait avait des airs beaucoup plus ordinaires que celle du centre-ville, c’est normal, mais il s’en dégageait néanmoins une certaine joie de vivre. Partout entre les tours cafés, étendues de verdure, restaurants et commerces. Nous sommes mêmes tombés sur un parc d’amusement dans lequel nous n’avons pas raté l’opportunité de faire un petit tour d’une grande-roue qui n’aurait certainement jamais été homologuée au Canada. Bref, une excursion intéressante qui nous aura donné l’impression d’avoir vu un minimum de Kiev, car bien malheureusement, c’était tout le temps qui nous avions pour visiter la capitale. Bien dommage, nous avons absolument adoré Kiev. Elle restera incontestablement l’une des grandes découvertes de notre trajet européen.

Dans la grande roue

De retour à l’auberge, rien à dire de plus. Tôt le lendemain, nous partions pour Tchernobyl, donc la soirée a été relaxe et essentiellement composée de temps d’ordinateur et de planification pour la route jusqu’à Moscou.

Mokhnate, Ukraine – Kiev, Ukraine

  • Date : 12 août 2017
  • Départ : 10h00
  • Arrivée : 19h30
  • Température : soleil

Prêt pour le départ Mokhnate

Pas grand-chose à dire sur trajet, mis à part que le pneu changé en Serbie s’est effectivement dégonflé… L’Ukraine mérite bien son surnom de « grenier à blé » qu’elle s’était méritée à l’époque de l’URSS. Le territoire est sans relief et entièrement agricole. Mis à part quelques églises orthodoxes aux clochers rutilants, il n’y a pas grand-chose dans le paysage pour attirer le regard.

Je m’attendais à une arrivée à Kiev tard en soirée, mais heureusement, plus nous nous sommes rapprochés de la capitale, plus l’état des routes s’est amélioré pour finalement passer de deux à quatre voies. Très pratique quand une bonne partie du trafic routier se compose de vielles Ladas et camions Kamaz en ruine ne dépassant pas les 60 km/h.

Elle sont si belles les églises orthodoxes

Comme je suis rendus à « maintenant » dans mon écriture, je ferme l’ordinateur et poursuivrai plus tard. Notre arrivée à Kiev est imminente et Audrey aura besoin de directions.

Arrivée à Kiev

On reprend. À la suggestion de la réceptionniste de l’auberge, nous nous sommes aussitôt rendus sur les berges du Dniepre, le fleuve traversant Kiev. Cette courte marche a suffit à imprimer en nous un certain niveau de dépaysement. Les gens et l’architecture sont différents, mais ce qui ajoute le plus au tout, c’est l’omniprésence de caractères cyrilliques. Kiev est immense et éparse, mais en à en juger par le look des bâtiments alentours, nous logions probablement dans la partie plus historique de la ville.

En nous rendant sur les berges, nous avons croisés un restaurant géorgien. Ayant adoré la cuisine de l’endroit lors d’un précédent voyage dans cette région, nous avons décider de sacrifier une opportunité d’aller essayer la gastronomie ukrainienne. Curieusement, la cuisine géorgienne a la cote à Kiev, car au cours de notre séjour plusieurs restaurants du type ont été croisés. Il faut dire que les deux peuples partagent bien des aspects (notamment leur passé soviétique et celui d’être présentement en conflit actif avec les Russes…)

Admirez l’architecture

De retour à l’auberge, nous avons sympathisé avec d’autres voyageurs et des ukrainiens. Finalement, je suis allé les rejoindre à un bar non loin alors qu’Audrey est allée se coucher. Suivant la voie de la raison (et encore amorti par mon récent rhume), je ne me suis pas éternisé.

Budapest, Hongrie – Mokhnate, Ukraine

  • Date : 11 août 2017
  • Heure de départ : 12h00
  • Heure d’arrivée : 00h30
  • Température : soleil

En raison du bruit ambiant, j’étais debout aussi tôt que 8h30 pendant qu’Audrey a pu dormir un bon deux heures supplémentaire; j’en ai justement profité pour rattraper du retard sur mes tâches informatiques. Nous rendre jusqu’à la voiture n’aura pas été une mince affaire avec Audrey en béquille, car elle avait été garée suffisamment loin du centre pour que nous n’ayons pas à payer de stationnement. Une fois arrivés au véhicule, le temps de faire quelques courses et manger un repas super gras (une sorte de pain frit avec jambon, fromage et pâte d’ail [j’adore commander des trucs sans savoir ce que c’est {pas de sarcasme ici}]) et nous étions sur la route en début d’après-midi direction Kiev, capitale de l’Ukraine. À 13 heures de route selon Google Maps, nous allions devoir faire un arrêt à mi-chemin; l’Ukraine est un immense pays.

En plein milieux de la Hongrie, nous avons tapé un bon bouchon de circulation qui nous a retardé encore plus si bien que nous n’avons atteint la frontière que vers 18h00. Avec seulement deux agents de chaque côté, ils nous a fallu un bon trois heures pour traverser en Ukraine. En ajoutant le changement de fuseau horaire, il était maintenant 22h00 lors nous avons repris la route. Finalement, les gardes-frontières Ukrainiens se sont rendus compte que nous étions deux Canadiens en train de conduire une voiture française. Vu qu’elle était à mon nom, ils n’ont pas trop posé trop de questions excepté sur notre destination finale, à laquelle nous avons répondu le Kazakhstan histoire de rendre les choses simples. L’un d’eux s’est empressé de demander si nous avions de la drogue pour ensuite lancer à son collègue à la blague qu’ils s’en trafiquait pas mal par là.

Passés de l’autre côté, il était devenu évident que nous avions changé de pays, mais aussi de culture. Plus d’alphabet latin, plus d’anglais, un monde différent: l’impression d’être en voyage venait de monter d’un cran. L’état des toutes par contre, venait de sérieusement se détériorer. Deux voies, peu d’éclairage, des trous et des ornières à s’en frotter le tuyau d’échappement sur le bitume. Nous avons persévéré pendant deux heures supplémentaires avant que la raison nous pousse à arrêter. Le plan initial était de camper en chemin, mais trouver un emplacement en pleine nuit n’est pas une mince affaire, surtout dans un pays où il n’existe pas de campings formels. Nous sommes donc rentrés dans le premier hôtel et à 15$ la chambre, nous ne nous sommes pas fais prier pour accepter l’offre. Nos sacs déposés, nous sommes redescendus pour manger un peu. Voyant que nous ne comprenions pas le menu, la préposé nous a aidé tant bien que mal avec le peu d’anglais qu’elle connaissait. En parcourant la section soupes, nous l’avons arrêtée au borsch, un classique de l’Europe de l’est. Servie avec crème fraîche et persil, la soupe s’est avérée excellente. Additionnée d’une délicieuse salade de choux, de pain de seigle et préparé avec amour par deux mamies ukrainiennes aux fourneaux, nous étions ravis. Avec deux bières, l’addition s’est chiffrée à moins de 5$. Dormir, manger et boire pour deux personnes en deçà de 20$…