Le journal local de Saint-Bruno de Montarville (les Versants) m’a fait une petite fleur en publiant un article sur nos aventures en Asie Centrale, écrit par Frédéric Khalkhal. En espérant qu’il inspirera quelques personnes à aller visiter cette région du monde absolument fascinante.
D’Europe vers l’Asie Centrale – Fin
- D’Europe vers l’Asie Centrale – Introduction
- D’Europe vers l’Asie Centrale – Partie 2
- D’Europe vers l’Asie Centrale – Partie 3 (le Pamir)
- D’Europe vers l’Asie Centrale – Partie 4 (le sac à dos)
Voilà la première phase de notre voyage complété. Malheureusement, le Turkménistan n’aura pas voulu de nous, alors notre périple dans la région se sera arrêté en Ouzbékistan. L’Asie Centrale est un endroit unique comme on en retrouve de moins en moins sur la terre et Audrey et moi n’avons que de bons commentaires sur tous les pays visités. C’est définitivement le Tadjikistan qui nous aura à tout deux plu le plus, mais nous n’aurions aucune hésitation à repasser dans ce coin de planète. Notre départ tardif de France, la voiture et l’impératif d’arriver dans le Pamir à temps nous aura imposé un rythme qui a fait en sorte que nous avons manqué de nombreuses choses (Ne serais-ce que pour revenir au Turkménistan…) En somme, l’Asie Centrale n’aura pas été une aventure de tout repos: c’est un endroit de voyage au sens le plus pur du terme; pour des vacances, il faudra passer. Nous sommes tous deux fiers d’avoir imaginé une telle épopée et de l’avoir menée à bien; vivement le rythme moins effréné de la deuxième phase par contre…
Et de dire que nous n’en sommes même pas à la moitié du voyage! Il nous reste le Népal, l’Inde et possiblement d’autres pays à découvrir. Bien que cela se fera de manière plus conventionnelle et tranquille, il y aura certainement de nombreuses autres aventures à vivre puis relater sur ce blogue. Le rythme des publications ira en diminuant et les textes seront moins long. Par contre, je compenserai par davantage d’images, car le sous-continent indien, de par son incroyable diversité, est un endroit des plus photogénique.
Tashkent, Ouzbékistan (2)
Nous avions deux options pour quitter Boukhara, partir en fin d’après-midi pour arriver à Tashkent tard dans la soirée ou prendre le train de nuit et disposer de davantage de temps dans cette jolie ville. Comme il nous était possible de récupérer notre visa turkmène aussi tôt que le lendemain matin, nous avons opté pour un retour dans la capitale le jour même histoire de passer une nuit de qualité. La matinée suivante donc, appel à l’ambassade du Turkménistan. Malheureusement, le système informatique n’est pas opérationnel alors on nous indique de tenter à nouveau dans une demi-heure. Ce délai écoulé, le préposé parvient à trouver notre demande et nous indique qu’elle est toujours en traitement, mais que nous pouvons écrire à une adresse courriel vers 15h pour vérifier l’avancement. En milieu d’après-midi donc, nous envoyons un courriel puis quittons pour retourner au marché Chorsu à Tashkent et finalement revenir à pied jusqu’à notre gîte. Lorsque que nous avons partagé au personnel de l’hostel que nous étions revenu à pied de l’autre côté de la ville, on nous a regardé avec admiration, comme si nous venions d’accomplir un exploit sportif. Les gens ici ne sont définitivement pas très marcheurs (ni campeurs). Ce n’est que 8 kilomètres et il s’avère que Tashkent, même si elle est surtout faite d’immenses boulevards, est généralement très boisée et donc agréable pour la promenade.
Le lendemain matin (vendredi), pas de nouvelles de l’ambassade. Ce n’était pas trop grave, car nous avions donné comme date d’entrée le mercredi suivant. Ce qui s’avérait préoccupant par contre, c’était que notre visa ouzbèke terminait le lendemain et sans extension il allait falloir partir du pays en urgence et faire une croix sur le Turkménistan. Pas de panique par contre, selon une conversation antérieure avec l’un des propriétaires de l’hostel, ce n’était qu’une formalité. En l’approchant de nouveau pour entamer les démarches d’extension, il appelle son collègue pour se rendre compte lui aussi que ce ne sera pas si simple. En gros, il nous faut prouver que nous n’avons pas d’autres choix raisonnables que de rester en Ouzbékistan jusqu’à mercredi et malheureusement, l’attente du visa turkmène ne qualifie pas. Ceci veut donc dire qu’il nous faut trouver un billet d’avion sur un vol qui ne décolle que passé mercredi. Pas forcément besoin de l’acheter par contre, une réservation suffit. Après une bonne demi-heure de recherches intenses, je déniche le Tashkent-Kuala Lumpur à 400$. Une courte marche plus tard et nous sommes aux bureaux d’Uzbekistan airlines pour réserver nos sièges. De retour à l’hostel avec nos confirmations, le propriétaire finalise la demande et nous convenons un rendez-vous le lendemain matin avec lui pour aller à la police de l’immigration. L’obtention de l’extension étant moins une certitude qu’elle avait pu l’être auparavant, Audrey et moi nous sommes faits un plan de contingence dans l’éventualité d’un refus: comme il ne restera plus de vols abordables et logiques, il nous faudra sauter dans un taxi et le payer un gros prix pour qu’il nous amène à la frontière avec le Kirghizstan à 6 heures de route. Dans certains pays, rester sur le territoire passé sa date limite de visa n’est pas une grosse affaire, mais en Ouzbékistan, ils semblent ne pas rigoler avec la chose. Pour souper et décompresser un peu, nous nous sommes rendus dans un restaurant recommandé par le guide pour y consommer un repas beaucoup trop viandeux et gras. Les mets à base de légumes sont rarissimes dans la cuisine de l’Asie-Centrale.
Samedi matin, Audrey, moi et le propriétaire nous rendons à l’aéroport rencontrer la police de l’immigration. Heureusement l’agent en devoir n’était pas celui rencontré lors de notre première visite (nous lui avions avoué avoir besoin de l’extension pour le visa turkmène). Le propriétaire discute longuement avec lui en Russe pour finalement réaliser que nous ne pourrons pas payer les frais d’extension car les banques sont fermées. Petit moment de panique interne, mais finalement, le policier se montrera assez clément pour nous laisser revenir lundi régler la note. Quelques minutes plus tard, deux belles extension d’une semaine – donc plus que nécessaire – venaient de se rajouter à nos passeports. Ouf! Seule ombre au dossier par contre, il allait falloir prouver à l’agent que nos billets étaient bel et bien achetés et non réservés. Oups! Aux dires du propriétaire de l’hostel, habitué de ce genre de procédure cet officier de police était particulièrement droit et coriace, contrairement aux autres qui généralement octroient des extensions dans même analyser les demandes. Chez nous, on appelle cela un bon policier mais ici, nous étions mal tombés.
Il nous faudra donc acheter un vol. C’est un peu fâchant, car si nous parvenons à obtenir le visa turkmène et bien cet argent sera perdu. Pas selon le propriétaire par contre: un billet s’annule et se déplace sans frais. Nous verrons sous peu. À nouveau aux bureaux d’Uzbekistan airlines, on évalue nos options. Dans les faits, nous devons aller à Dubaï, alors après un peu de recherche, c’est un vol vers cette destination que nous avons acheté. Maintenant que nous avions notre extension, plus besoin d’aller à Kuala Lumpur, tant que nous quittions le territoire ouzbèke à temps. Les frais d’annulation du vol étaient de 60 euros. Pas gratuit, mais pas forcément cher non plus donc dans l’éventualité de l’obtention du visa turkmène, c’est tout ce que nous allions perdre. Notre situation d’étrangers maintenant à toute fin pratique réglée, nous avons pris la décision d’aller errer au centre-ville.
La veille, je m’étais rappelé que Sven était allé assister à un opéra au théâtre Bolchoï de Tashkent à très peu de frais alors je m’étais renseigné auprès de l’accueil de l’hostel sur les spectacles à venir. Ce soir, il jouait Aida de Verdi. J’ai donc lancé l’idée à Audrey et elle s’est montrée intéressée. Sur place, nous nous sommes procurés des billets 2e balcon à 20000 somonis (3,33$). La salle étant très loin d’être comble, le personnel nous a finalement redirigé vers le parterre. Le spectacle (en version Russe) s’est avéré être excellent et il devait à certains moments y avoir plus d’acteurs sur scène que de personnes dans l’audience. Public qui, tout comme lors de l’opéra Dorian Gray à Astana, s’est montré hautement irrespectueux: à tout bout de champ les gens causaient, se levaient et brandissaient leur stupides téléphones pour prendre en photo (avec flash!) la scène. Après, resto et retour à l’auberge pour siroter une bière et écrire.
Dimanche, nous n’avions rien à faire alors encore une fois, nous sommes allés nous balader dans Tashkent sans objectif précis autre que de partir d’un endroit et de regagner l’auberge à la marche. Lundi, ils nous fallait retourner à l’aéroport payer notre extension de visa. Nous avions aussi bon espoir que la réponse pour le Turkménistan tombe aussi. Nous l’avons donc patiemment attendue en faisant nos comptes du voyage (fort heureusement, on rentre dans notre budget). Vers le milieu de l’après-midi. Audrey demande à la réception de rappeler l’ambassade. Elle remonte peu après un grand sourire d’excitation au lèvres : c’est positif! Fantastique! Notre plan d’aller visiter le Turkménistan sur un visa de transit à fonctionné. Aussitôt, je commence à réfléchir aux préparatifs nécessaires à l’aventure.
Boukhara, Ouzbékistan
En train depuis Samarcande, nous sommes arrivés assez tôt pour pouvoir faire un petit tour de la vielle avant que la nuit tombe. Dès les premiers pas, nous sommes tombés sous son charme. Boukhara correspondait en fait à l’idée que nous nous étions fait de Samarcande : une vielle ville aux allées un peu poussiéreuses, aux maisons de pierres beiges et de terre séchée, parsemée de madrasas, de mosquées et de petites places ombragées. Boukhara, bien que moins étendue que sa grande soeur, semblait receler d’un bien plus grand nombre de monuments. Ceux hors des rues touristiques,étaient même pour la plupart à l’abandon, laissant entrevoir l’effet des siècles sur les structures, mais aussi à quoi devait ressembler jadis les monuments restaurés (le gouvernement ouzbèke aime bien embellir son patrimoine…)
Le soir venu, nous avons pour la dernière fois retrouvé Sven et sa copine qui passaient par là pour traverser le pays et rejoindre le Kazakhstan. Sven avait fait une demande de visa de transit pour se rendre en Iran en passant par le Turkménistan, mais cette dernière a été refusée… Espérons que ce ne sera pas le cas pour la nôtre. Bref le lendemain, les derniers adieux se sont donnés, car nos chemins se séparaient.
Le reste de la journée a été dédié à une exploration plus approfondi ede la vielle ville et de ses monuments. Nous devons le redire Boukhara est magnifique et de loin la plus belle ville qu’il nous ait été donné de visiter en Asie Centrale. Je laisse les photos faire le reste du travail.
Reste-t-il quelque chose d’authentique à Boukhara? Pas vraiment et c’était d’ailleurs la plainte principale d’un couple d’allemands rencontrés à l’hostel; au point d’en avoir décidé d’écourter leur séjour en Ouzbékistan. Mais dans les faits, est-ce qu’une ville historique telle que Boukhara devait être jadis peut encore exister de nos jours? La réponse est à mon avis simple: non. L’ancienne Boukhara, aussi splendides furent ses nombreuses madrasas, ses mosquées et son palais fortifié dominant une ville protégée de hautes murailles, ne pourrait tout bonnement pas exister sous cette forme au 21e siècle. Ces attraits ont beau faire son charme, ils ne sont foncièrement que de l’infrastructure désuète. Afin de conserver tout ce patrimoine, il faut certes l’apport des gouvernements locaux et nationaux, mais aussi celui de l’industrie du tourisme. Et avec cette dernière viendront malheureusement les hôtels, les boutiques de souvenirs et autres services modernes qui “dénaturent” le lieu. Lorsque l’on visite ce genre d’endroit donc, il est bien intéressant de s’informer sur son histoire ancienne afin de mieux se l’imaginer tel qu’il devait être, mais il ne faut pas perdre de vue le contexte présent dans lequel il existe. Boukhara, comme tant d’autres, ne peut donc que perdurer aujourd’hui sous sa forme actuelle: celle d’une ville musée; on s’y balade, on admire l’architecture, on débourse pour visiter quelques bâtiments, on paye nos restos et notre logis plus cher et voilà tout. S’attendre à y retrouver quelque chose d’authentique relève de la naïveté. En Ouzbékistan comme ailleurs, cette authenticité ne se trouve maintenant que dans de petites bourgades agricoles en perdition ou encore dans des centres urbanisés pollués et nauséabonds, fourmillants d’activité mais sans attrait ni âme, l’habitant moyen n’ayant comme souci que d’en extraire sa pitance.
Samarcande, Ouzbékistan
Samarcande, ville millénaire rendue fameuse par la route de la soie et destination incontournable en Asie Centrale. Il nous a fallu quand même un bon 6h de bus plutôt désagréable pour l’atteindre, mais au final nous y sommes arrivés sans encombres et contre les indications de tous les chauffeurs de taxi comme quoi il n’y avait plus de transports en commun cette journée là (et donc que des taxis chers…)
Le lendemain, mode tourisme. Vu la quantité de choses qu’il semblait y avoir à visiter, nous contemplions même la possibilité d’y passer une journée de plus. Quatre heures plus tard, nous avions tout vu… Les autorités ouzbèkes avaient peut-être fait un bon travail de conservation du patrimoine historique, tout ce qui était entre avait été dénaturé par du modernisme bon marché. La vielle ville avait même été emmurée pour ne pas qu’elle soit visible des allées flanquées de boutiques de souvenirs qui menaient les touristes d’un monument à l’autre.
Mise à part cette urbanisation maladroite, les monuments, surtout des mausolées, madrasas et mosquées étaient réellement spectaculaires, particulièrement le Registan, cette place publique dominée par trois énormes madrasas. En deuxième place, une allée de plus petits mausolées tous décorés des plus belles mosaïques de céramique de l’Asie-Centrale. Pour le reste, je laisse les photos poursuivre le récit.
Le Registan
Un ensemble de madrasas encerclant une grande place, autrefois le centre de Samarcande.
Le Chah-i-Zinda
Une avenue de petits mausolées construits surtout pour les proches de Tamerlan. Aussi un énorme cimetière.
Le mausolée de Tamerlane
Tamerlane, ce féroce souverain d’Asie-Centrale, s’est fait construire un mausolée étonnamment sobre pour un personnage de cette envergure.
Autres
Conclusion
Samarcande était belle et valait vraiment le détour. À en juger par la quantité d’ouzbèkes qui s’y trouvait, dont un bon nombre pour prendre des photos de mariage, notre avis était plus que partagé. Cependant, une journée à la visiter a amplement suffit. C’est donc sans regrets que nous l’avons quittée pour Boukhara.