Agra n’est vraiment pas si loin de ça de New Delhi et plusieurs choisissent de faire l’aller retour en une journée pour ne visiter que le Taj Mahal. Nous avons plutôt pris la décision d’y passer deux journées afin d’en faire un bon tour, mais aussi de peut-être entrevoir de la vie indienne. Avant tout par contre, passage obligé par le monument le plus célèbre de l’Inde. Arrivés tôt en gare, nous avons pu faire un détour à l’hostel prendre possession de notre dortoir de 4 (donc notre chambre), manger et nous présenter à temps à l’entrée du site afin de disposer d’amplement de temps pour le visiter.
Le Taj Mahal est de loin l’attraction la plus populaire de l’Inde et ça se voit. Les alentours ont été aseptisés à un niveau jamais vu jusqu’à maintenant et tout commerce tourne autour du célèbre monument. On s’attend même à être un peu déçu. Et pourtant, à peine engagés au travers du portail d’entrée principal, c’est l’émerveillement instantané. De symétrie et de proportion parfaite, le Taj Mahal est un monument d’une rare grandeur et mérite à très juste titre d’être qualifié de merveille. Ses lignes épurées, ses courbes, mais aussi ses rectitudes évoquent un contraste sans équivoque avec l’architecture surchargée des Hindous; il faut le dire, en frais d’esthétique, l’Islam n’a pas son égal. Jusqu’au coucher du soleil, nous nous sommes donc baladés autour et dans le Taj Mahal, prenant maintes pauses pour l’admirer sous des angles différents. Afin d’en profiter jusqu’aux toutes dernières lueurs, nous sommes même allés nous poster sur une terrasse non loin pour observer son dôme disparaître dans l’obscurité.
Il n’y a pas que le Taj Mahal à Agra. La ville est de surcroît connue pour son fort, mais aussi comme endroit plutôt inintéressant hormis les deux attractions sus-mentionnées. Or, inintéressant selon le guide ne veut pas forcément dire qu’il ne vaut pas la peine de s’y aventurer. Agra est une ville d’importance et pour sûr il y avait moyen d’aller y observer de la vie locale, chose que nous voulions absolument montrer à Hélène et Hugo, nos deux amis tout récemment atterris en Inde depuis le Québec. Après avoir traversé une bonne partie de la ville et affronté les assauts infructueux des chauffeurs de tuk tuks, nous avons pu rejoindre la mosquée principale. Ayant complètement omis le fait que nous étions vendredi (jour saint pour les musulmans), j’avais pensé à tort que nous pourrions la visiter sans trop d’entraves. Sur place, l’espace était déjà remplis de dévots et le sermon bel et bien commencé si bien qu’Audrey et Hélène n’ont pu entrer sur le site. Hugo et moi nous y sommes quand mêmes aventurés pour y être suivis tout le long par plus de vingts enfants et finalement forcés de rebrousser chemin sous les conseils d’un homme venu pour la prière.
Après un repas dans un restaurant voisin à la mosquée, nous nous sommes réengagés dans le chaos d’Agra pour explorer son bazar et ses ruelles pendant un petit deux heures. Ceci fait, nous sommes passés à la visite du fort, qui je dois l’avouer était intéressante, mais faisait pâle figure face à ceux qu’il nous avait été donné de visiter au Rajasthan. Ses palais bien restaurés avaient bonne mine, mais le lieu avait été beaucoup trop aseptisé pour qu’on puisse réellement l’apprécier. C’est mon opinion du moins; je crois que nos deux compagnons en ont bien plus profité que moi (et Audrey je présume).
Il y a déjà plusieurs semaines, Audrey avait identifié à présence d’un café communautaire à Agra dont la mission était de venir en mission aux femmes victimes d’attaques à l’acide. Malgré un horaire plutôt chargé, nous sommes tout de même parvenus à aménager notre journée de manière à y passer pour aller profiter d’un breuvage, mais aussi laisser un don en personne. Sur place, nombre de bénévoles portaient sans gène les cicatrices de leur passé. Pressés par le temps, nous avons tous regretté ne pas pouvoir nous prélasser davantage dans cet endroit exceptionnel; il nous fallait retourner en vitesse à l’hostel chercher nos sacs pour ensuite attraper notre bus de nuit, lequel est parti avec plus d’une heure de retard…