À l’image de Paris ou Londres, on ne se lasse pas de la capitale Turque. Non seulement il y aura toujours quelque chose de nouveau à découvrir, mais il fait bon revivre ses classiques. Pour ma part, c’était la troisième fois que j’y mettais les pieds; Audrey, sa première. Nous y avions un tout petit 2 nuits avant de reprendre un vol vers le Turkménistan et je comptais bien en ce cours lapse de temps lui faire vivre ce qui me faisait tant apprécier cette ville.
C’était un petit programme qui allait être bien chargé. Vu la longueur du trajet pour s’y rendre de Montréal, le presque 2h de transports en pleine heure de pointe et une erreur de réservation qui nous a contraint à un changement d’hôtel à la dernière minute, nous nous sommes contentés à l’arrivée d’un repas au réputé restaurant turc du coin avant d’aller vers le repos.
En pleine forme le lendemain et les batteries chargées à bloc, nous avons entamé notre visite d’un bon pas. Premièrement, passage par Sainte-Sophie et la Mosquée Bleue mais sans les visiter (ce sera fait demain). Par la suite, direction la Corne d’Or pour traverser le pont vers le quartier de Galata, la fameuse rue Istikal avec ses boutiques de luxes. Le tout qui a débouché sur la fameuse place Taksim, lieu connu pour être le siège de grands mouvements populaires de la société turque.
À partir de là, j’étais en terrain inconnu. Lors de mes deux précédents séjours dans la ville, j’avais circonscrit mes explorations aux quartiers plus historiques. Rapidement donc les faciès humains ont changé pour une apparence plus turque et l’environnement urbain a gagné en authencitié. Parlant de visiteurs, les Russes constituaient une part assez conséquente des touristes fréquentant la ville. Fait facilement expliqué par les sanctions internationales qui leur ont été imposées par leur invasion de leur voisin ukrainien. L’Europe leur étant à toute fin pratique maintenant hors d’accès, ils n’ont guère d’autres choix que de se rabattre sur les quelques pays qui leur octroient encore des visas, pays dont la Turquie fait partie.
Nous sommes passés par des quartiers normaux, des districts plus universitaires longeant le détroit du Bosphore, une zone de la ville résolument orientée affaires et j’en passe. Il y a eu un arrêt baklava et thé ainsi qu’un délicieux kokoreç, ce sandwich de tripes de moutons en mode kebab. Mes souvenirs d’Istanbul me la décrivaient sans grand relief. Erreur, la ville est construite sur d’innombrables collines dont les vallées sont généralement occupées par de grans boulevards ou autoroutes. Certains gros ouvrages routiers (à l’image de Dubaï) sont tout à fait infranchissables par les piétons si bien que maintes fois nous avons été contraints de rebrousser chemin. Mention spéciale à ce pont au dessus de la Corne d’Or qui après 1,5 km nous a présenté le dilemme suivant : traverser l’autoroute à pied en pleine noirceur ou braver le vertige, rebrousser le chemin et rallonger notre marche de plusieurs kilomètres encore. Nous avons opté pour le choix le plus sensé.
Ce n’est pas avant 23h que nous avons pu nous asseoir sur une terrasse non loin de notre hôtel. Mes pieds étaient en compote et mes deux mollets crampaient à chaque pas. Je vous épargne les détails sur l’état de mon entrejambe. Nous devions avoir marché au dessus de 35 kilomètres.
Le lendemain matin, programme plus raisonnable. Le déjeuner réglé, nous nous sommes dirigés vers Sainte-Sophie, symbole stambouliote par excellence. Je l’avais visité pour la première fois il y a plus de 10 ans et elle m’avait laissée toute une impression. Non seulement son intérieur est grandiose, mais peu d’endroits peuvent revendiquer d’avoir été église et mosquée de si nombreuses fois dans leur histoire. À mon dernier passage cependant, elle était laïque et arborait fièrement son statut de lieu classé au patrimoine de l’UNESCO. Son décor restait musulman, mais partout des fresques chrétiennes orthodoxes avaient été exposées pour monter au visiteur la confession changeante de l’endroit au fil des empires.
Hélas, l’humanité ne fait pas qu’avancer dans sa lutte contre l’obscurantisme religieux. Fidèle à sa base éléctorale plus conservatrice, le président Ergogan a fait reconsacrer Sainte-Sophie comme mosquée. Ses fresques chrétiennes ne sont plus accessibles et il ne reste pour témoigner de son passage que 4 images d’anges haut perchées juste avant la coupole. Au moins par contre, la visite était devenue gratuite.
Vu que la foule était trop importante à la Mosquée Bleue, j’ai amené Audrey en passant le grand bazar vers la mosquée de Suleiman le Magnifique, deuxième en importance dans la ville et d’un style similaire. Faisant le plein de kororeç deux fois plutôt qu’une au retour vers l’hôtel, nous y sommes arrivés avec une bonne marge de temps avant de devoir nous rendre à l’aéroport. Une chance car le trafic infernal de la ville nous a coûté une bonne heure.
Au comptoir d’enregistrement, petit moment de stress car le vol avait été surréservé et Audrey n’avait pas de siège (c’est pour éviter ce genre de situation que les compagnies aériennes encouragent l’enregistrement en ligne). Rater ce vol avait le potentiel de grandement compliquer les choses. Par chance, une place lui a été assignée in extremis et soulagés, nous avons pris place dans notre avion vers le Turkménistan.
À la prochaine donc, Istanbul.