Introduction – Partie 1: Objectif Patagonie

Sept années après notre précédent périple de un an (notamment en Asie Centrale), le temps est à nouveau venu de repartir à l’aventure.

Les souvenirs qu’il me reste du précédent départ sont empreints de fébrilité et d’excitation. Oui, il y a eu quelques moments plus stressants en lien avec l’achat d’un véhicule en France mais en somme, ma mémoire ne me rapelle aucune grande difficulté. Notre vie au Québec, nous l’avions entièrement stockée dans un entrepôt et c’était tout.

Les années ont passées et sans grande surprise nous sommes devenus plus adultes, ce qui amène son plus de responsabilités (et plus de possessions). Une fois l’appartement sous-loué, il a fallu plancher dur sur le chalet pour le préparer à la location. Ceci sans négliger mes responsabilités (à degrés divers) envers trois entreprises. Bref, j’ai eu l’impression qu’une force intangible était en train de m’éjecter de cette vie vers une autre, que mon navire existentiel était en train couler et qu’il fallait que je sauve un maximum de meubles. Conséquemment, je n’ai que peu savouré l’anticipation du grand départ. De plus, il allait m’être impossible (contrairement à Audrey) de complètement décrocher. J’allais devoir mettre quelques heures par jours sur divers projets donc j’entrevois la prochaine année comme celle de nomade digital, vie que j’ai vécu de 2011 à 2014 et où besogne et voyage se fusionnent pour devenir un style de vie.

Je ne suis pas en train de me plaindre par contre. Nous savions très bien dans quoi nous nous embarquions; nos multiples listes de préparatifs ne manquaient pas de nous rappeler. Un départ bien préparé allait nous assurer une tranquilité d’esprit une fois partis. La réalité et la fébrilité des grands voyages allait nous retrouver à quelque part sur la route, c’est garanti.

 

Ce coup-ci donc, l’objectif pour la première partie du voyage était de partir de Québec pour se rendre en voiture jusqu’en Patagonie au sud de l’Amérique du Sud. Cette idée avait je crois pris sa source à quelque part dans l’Himalaya en 2017. On aime bien les road-trips faut croire. L’objectif de la deuxième phase est beaucoup plus nébuleux. Océanie ? Afrique ? Asie ? La seule certitude: nous allions terminer tout ça au Japon (comme la dernière fois).

Ambitieux périple de plusieurs dizaines de milliers de kilomètres, se rendre en Patagonie est une expédition qui prend normalement un an du Québec. En traversant les États-Unis, le Mexique et l’Amérique Centrale rapidement, je suis convaincu que six mois allaient être largement suffisants. Si jamais après 6 mois nous étions encore sur notre faim, l’option de rester en Amérique du Sud était encore sur la table.

Si l’on se fie aux images que l’on croise sur les réseaux sociaux et les blogues de voyage, il allait également nous falloir un gros campeur 4×4. Cependant, notre expérience en Asie Centrale nous a prouvé que l’on s’en sort très bien avec un véhicule normal et que vu la situation de sécurité largement moins bonne en Amérique, c’était même à mon avis plus souhaitable de passer sous le radar. Un gros Mercedes tout terrain, c’est comme se promoner avec un gros signe “Je suis un touriste, venez me voler”. Qui plus est, nous allions faire un allez-simple et importer un véhicule en Amérique du Sud n’est pas une mince affaire. Soit on le vend à un autre voyageur, soit c’est la casse. Dans ce dernier cas, nous n’allions pas vraiment récupérer l’argent investi pour acheter la voiture.

Notre choix de voiture initial s’était donc arrêté sur notre vielle Subaru Outback 2010. Ancien véhicule de la grand-mère de Audrey, elle même grande voyageuse, l’idée qu’elle aille finir son existence au terme d’une grande aventure plaisait à notre esprit. Notre Outback est une voiture spacieuse que je connais bien (au niveau mécanique). Les gros moins par contre, c’était qu’elle avait 326 000 km au compteur et que même si la marque était présente dans tous les pays que nous allions traverser, elle restait quand même rare (parfois un seul concessionnaire dans la capitale). J’étais bien consient que nous étions à la merci d’un bris fatal qui allait nous forcer à poursuivre en sac-à-dos, mais jusqu’à la toute dernière minute j’ai eu confiance en sa capacité de nous amener à destination. Ceci jusqu’à ce qu’elle se mette à surchauffer en montant le Massif entre Baie-St-Paul et Québec. Après plusieurs heures de recherche et d’analyse, tout portait à croire que le joint de culasse (lequel ? cette voiture en a 2) fuyait et qu’il s’inflitrait des gaz d’échappement dans le système de redroidissement. C’était de toute évidence une fuite à bas bruit et la voiture roulait encore très bien pour peu qu’on la surveille, mais les chances d’une panne majeure (genre, en Bolivie dans les Andes, perdus entre deux cols) étaient devenues trop élevées à mon goût.

Prêts au départ

À quelques jours du grand départ, il a donc fallu que je trouve un nouveau véhicule. Cette fois-ci par contre, nous allions pouvoir en choisir un qui serait économique et facile à réparer dans le Sud. Notre choix s’est donc arrêté sur un Pontiac Vibe 2005 (en fait une Toyota Matrix avec le signe du défunt constructeur américain [et la Matrix est à toute fins pratiques une Corolla avec une carosserie différente]) avec 194 000 km au compteur et acheté pour la modique some de 2500$. Le véhicule avait été exceptionnellement bien entretenu (antirouille annuel) et nous offrait climatisation (un must pour les contrées chaudes) et régulateur de vitesse (un must aussi pour la jambe opérée de Audrey). Elle n’est pas aussi spacieuse que la Subaru Outback, mais dans l’urgence on peut quand même coucher à l’intérieur. Malgré tout par contre, j’ai quand même passé plusieurs jours à le préparer et à régler tout les petits bogues qu’une voiture de cet âge a nécéssairement. Les étriers avant ont été changés car ce n’était qu’une question de semaines avant qu’ils ne brisent. J’ai installé un radio moderne et inspecté et rattaché tous les petits caches de plastiques qui avaient perdus leurs fixation. Lors de deux voyages à la casse automobile, j’ai ramassé en plus d’autres pièces fusibles, relais et ampoules pour couvrir les petites pannes électriques. Le seule problème qui m’ait vaincu a été celui du système d’airbag qui persiste à donner des codes d’erreur malgré plusieurs tentatives de le réparer. Ça l’attendra l’intervention d’un garagiste dans le sud des États-Unis, où les pièces usagées vont être moins rouillées et plus faciles à extraire.

Récupérer des pièces usagées

Une fois la voiture en ordre et tout le matériel chargé (rien d’extravaguant comme organisation, tout rentre dans le coffre), j’ai tenu à ce que l’on reporte notre départ d’une journée afin profiter de la vie et de compagnie de mes parents. La charge mentale des derniers jours avait été conséquente et j’avais besoin de faire un peu le vide pour partir l’esprit un peu léger. L’idée de se poser un peu n’a pas déplu à Audrey, qui avait elle aussi trimé dur dans les derniers jours (notamment avec les assurances qui nous ont bien compliqué la vie).

Parlant d’Audrey, elle sera auteure invitée sur ce blogue alors vous pourrez sporadiquement lire sa belle plume et sont regard plus philosophique sur l’expérience que nous nous apprêtons à vivre. En ce qui me concerne, vous connaissez mon style.

Finalement donc, nous sommes partis avec plusieurs jours de retard sur notre planification, mais nous sommes partis prêts pour l’aventure, l’esprit en paix. Le matin du départ nous nous sommes tous deux réveillés avant notre alarme. Fébriles, nous avons pu goûter au vertige existentiel qui précède ce genre d’aventure.  Aventure dont au au fil des prochaines publications, nous vous partagerons des bribes et des pensées.

Bonne lecture !

En route !