Désolé pour le silence radio
On est occupés à… voyager. J’ai dit à plusieurs reprises que nous passerions les États-Unis, le Mexique et l’Amérique Centrale rapidement, car c’était du connu. Maintenant que nous nous trouvons finalement sur le continent sud-américain, le rythme des déplacements s’est drastiquement ralenti pour laisser place aux visites, découvertes, activités et … travail (pas le choix).
Carthagène
Passage obligé pour y croiser les amis d’Audrey et récupérer la voiture, notre séjour dans cette ville emblématique des Caraïbes a été quand même agréable, quoique trop long. À partir du jour 7, je me suis mis à compter les heures, si bien que j’ai exigé qu’on quitte notre hôtel bon marché colombien pour aller dans le centre touristique. Au moins là, nos chances de faire du social allaient augmenter un peu.
La vieille ville de Carthagène et ses remparts sont magnifiques et valent certainement la visite. Son côté balnéaire, avec ses impressionnantes tours, mérite aussi le détour. Autrement, les plages sont ordinaires et il y a peu à y faire, hormis la fiesta et le farniente sous le soleil cuisant des Caraïbes (mon Dieu qu’il y faisait chaud ).
Medellín
Même si nous avions entendu tant de belles choses de Medellín, nous avions surtout hâte d’y être pour fuir l’humidité et la chaleur de la côte. La Colombie est un grand pays, et même si les routes y sont en bon état, il a quand même fallu couper le trajet depuis Carthagène en deux.
Medellín, enclavée entre deux chaînes de montagnes, est une ville qui ne laissera personne indifférent. Quasiment tous ses bâtiments sont faits de brique ocre et sont ornés de végétation luxuriante. En plus d’être rafraîchissante, elle est belle et agréable à arpenter. Son centre regorge de perles architecturales et certains de ses quartiers rappellent Madrid. Les terrasses sont abondantes (ce qui n’est pas pour déplaire à Audrey), tout comme les parcs, le tout sous un vaste couvert de verdure. Il ne fait ni chaud ni froid dans cette ville qu’on dit avoir un printemps éternel.
Lorsqu’on quitte le centre pour les quartiers plus populaires (comme la Comuna 13), à flanc de colline, on est récompensé par des points de vue imprenables sur Medellín.

Pas étonnant que de nombreux voyageurs y prolongent leur séjour. C’est d’ailleurs ce que nous avons fait pour mieux profiter des occasions de marche, des montées en télécabine et pour partager un repas avec Steven et Ghania, un couple d’Anglais rencontrés sur la côte.
Notre dernière soirée à Medellín, nous l’avons passée dans un de ces petits débits de boisson qui, victime de sa popularité, déborde sur le trottoir et la voie publique. Comme dans une fête de voisins, on y discute de tout et de rien, une bière à la main. Contents de pratiquer leur anglais — et nous, notre espagnol —, nos amis colombiens d’un soir nous ont accueillis comme les leurs.
Salento
Établir nos destinations depuis Medellín fut un processus ardu. Bogotá aura été sacrifiée pour nous donner plus de flexibilité dans l’exploration du reste du pays. De toute manière, tous les Colombiens consultés à Medellín nous ont dit que ça ne valait pas la peine d’y aller. À bien y repenser, peut-être avons-nous été dupes — un peu comme si l’on avait demandé à des Français non parisiens ce qu’ils pensent de Paris…
Salento, encore dans les montagnes et au climat frais, se trouve dans la zona cafetera : là où la Colombie fait pousser son bon café qu’elle exporte ensuite partout sur la planète. Après l’urbanité de Medellín, la tranquillité de Salento nous a fait le plus grand bien. Nous avons pu y faire de la randonnée et visiter une plantation de café, histoire de pallier un peu mon ignorance de cette baie que je consomme presque tous les jours de ma vie.
Cali
Nos lectures et le gouvernement du Canada semblaient indiquer que, lorsqu’on entrait en Équateur par la terre, il fallait soit produire un document officiel attestant de son casier judiciaire, soit obtenir du gouvernement une autorisation spéciale après lui avoir transmis les détails de notre itinéraire dans le pays. Il a donc fallu organiser notre sortie de Colombie et, à nouveau, faire des choix et des sacrifices. Cali, étant la troisième ville en importance du pays, nous nous sommes dit qu’elle valait bien un petit deux jours. Initialement, nous ne comptions pas y aller, mais d’autres voyageurs nous avaient confié y avoir passé du très bon temps. Nous aurions dû écouter notre instinct (et le Routard) : à part danser la salsa, il n’y a réellement pas grand-chose à y faire.
Devant notre souper du premier soir, Audrey et moi avons donc décidé de partir le lendemain pour San Agustín. C’était un détour qui allait nous rajouter plusieurs heures de route, mais tous les commentaires sur l’endroit étaient extrêmement positifs.
San Agustín
San Agustín se trouve de l’autre côté des montagnes, du côté plus amazonien de la Colombie. La journée de conduite depuis Cali a été passablement longue mais agréable, avec une route tortueuse dont un bon 40 km n’étaient pas pavés. Jouissant d’un climat frais et d’une atmosphère semblable à Salento, San Agustín est un incontournable de la Colombie, non pas pour son café (quoique vous en trouverez), mais pour ses vestiges archéologiques d’une civilisation précolombienne qui, aux dires des historiens, a disparu sans laisser de traces.
San Agustín m’aura aussi un peu réconcilié avec la cuisine colombienne. À bon prix, on y aura mangé deux des meilleurs repas du voyage : l’un de grillades, l’autre un déjeuner colombien typique. Deux plats anodins en soi, mais qui peuvent devenir délectables si l’on utilise des ingrédients de qualité et des sauces maison.

Il y régnait réellement une bonne ambiance. Pendant que je travaillais et qu’Audrey lisait à l’auberge, un Colombien nous a approchés et s’est présenté comme le professeur d’anglais de la ville. Il donnait un cours le soir même et se demandait si nous accepterions de venir interagir avec ses étudiants, l’objectif étant de les exposer à différents accents et façons de parler la langue de Shakespeare. Sans hésiter, nous avons accepté. Le temps de boucler quelques tâches, et nous étions devant sa classe de cinq étudiants, à échanger sur nous, sur eux et sur la vie.
Le tourisme reste une manière intéressante d’aller à la rencontre des autres cultures, mais il n’en demeure pas moins que c’est une activité économique, et que beaucoup d’échanges sont médiés par l’argent. Ce genre d’occasion d’entrer en contact avec les gens du coin est rare et précieuse.
Vers Pasto par La Trampolina del Diablo
Aller à San Agustín représentait un bon détour, mais en bonus, une partie du chemin vers la frontière équatorienne allait nous faire passer par la Trampolina del Diablo (en français, la « trampoline du diable »). Creusée à même la falaise, enchaînant les virages en épingle et comportant une seule voie où se croisent camions et autres véhicules, ce serait la route la plus dangereuse du pays. Certaines publications sur internet parlent d’une moyenne de 500 vies perdues par an (chiffre nettement exagéré, selon nous).
En matière de sensations fortes, nous avons tout de même été servis. Il a fallu un bon quatre heures pour parcourir ses quelque 75 kilomètres. Les fesses se sont serrées quelques fois, mais les points de vue étaient au rendez-vous.
La Colombie – Fin
Redescendus des montagnes, nous avons passé notre dernière nuit à Pasto, puis traversé en Équateur.
La Colombie mérite sa popularité grandissante de ces dernières années. Ses défis de sécurité semblent, pour la plupart, appartenir au passé, et ses habitants sont accueillants. Entre mer, jungle et montagnes, il y en a pour tous les goûts, et ses paysages sont magnifiques. Seul bémol : la nourriture. Mettez de la sauce, bordel ! Les fèves et le riz, c’est bon, mais encore faut-il les apprêter un peu et ne pas en mettre dans tous les plats.
Nous aurons largement sous-estimé la taille du pays et tout ce qu’il avait à offrir, mais je suis tout de même satisfait de notre passage. l’aventure continue !
Chroniques mécaniques
Pour cette fois… rien à dire ;) Comme je le disais plus tôt, on est sur une bonne lancée.