Notre prochaine destination officielle étant Kathmandu au Népal, nous allions d’office transiter par Dubaï, Émirats Arabes Unis pour nous y rendre. Il s’adonnait même que de couper le vol en deux (acheter deux billets plutôt qu’un) nous revenait moins cher. Pourquoi donc ne pas aller visiter cette ville dont a tant entendu parler dans les dernières années? Dubaï, ville du luxe et de la démesure humaine… En fait, de ce que j’avais compris, l’entreprise n’était pas si folle que ça. Il y a vingt ans, Dubaï n’était qu’une ville sans grande importance. Comment donc assurer la pérennité de l’endroit face à d’autres villes de la région qui poussaient aux dollars pétroliers? En construisant une nouvelle mégapole mondiale et la positionner comme plaque tournante des affaires, de la culture et de la villégiature. Le pari était-il réussi? À voir tout ce qui s’y brassait, il me semblait que oui. Il me restait donc à aller juger de la qualité du résultat.
Débarqués de l’avion, nous sommes tout de suite passés au hors taxes ramasser une bouteille de rhum. Sans même avoir fait de recherches, nous savions que l’alcool alcool allait être introuvable ou excessivement cher. Sortis de l’aéroport, c’est un agréable 28 degrés qui nous a accueilli; une hausse de température notoire par rapport à Tashkent, où l’hiver s’installait de jours en jours. Notre hostel étant situé non loin de là, nous avons pu y marcher avec nos sacs à dos. Le quartier était probablement résidentiel de classe moyenne. Par contre, les maisons y étaient toutes énormes, tout comme les voitures. Fatigués de notre courte nuit, nous sommes allés siester aussitôt arrivés pour nous lever qu’un bon deux heures plus tard. Notre objectif pour ce qui restait de l’après-midi et la soirée : le Burj Khalifa. De ses 800 mètres, il domine la ville (qui ne manque autrement pas de grattes-ciels) et le palmarès mondial du bâtiment le plus haut. Ai-je spécifier que nous comptions nous y rendre à la marche? Selon la carte, ça n’avait l’air qu’à 7 kilomètres tout au plus…
En fait, il nous aura fallu cinq heures et plus de 15 kilomètres pour arriver au pied du Burj Khalifa. Nous savions que Dubaï n’était pas faite pour être marchée, mais nous avions largement sous-estimé la nature des obstacles qui allaient se présenter à nous pauvres piétons. Le premier : la distance à parcourir. Dubaï est à grande échelle; ce qui paraît n’être qu’un pâté de maison sur la carte est en fait un quartier entier de tour d’appartements. Conséquemment, tout est beaucoup plus loin qu’il n’y paraît. Deuxièmement : les aménagements piétonniers. Fréquemment nous nous sommes retrouvés face`à des échangeurs autoroutiers qu’il nous a fallu enjamber pour traverser. Curieusement, la ville avait construit un parc au milieu de l’un d’eux. Pas une traitre âme ne s’y trouvait par contre, ce qui n’a rien d’étonnant, car pour nous y rendre, il a fallu traverser à la course une bretelle d’accès à l’autoroute. Et s’il y a avait eu plus de passages piétonniers, on s’en serait sortis plus facilement, mais généralement ils étaient souvent distants d’un bon kilomètres les uns des autres.
Avouons-le, la première partie de notre marche n’a pas été des plus agréable. Nous aurions certainement pu prendre le métro, mais nous tenions à faire l’expérience de Dubaï à l’échelle piétonne. Au passage, nous avons croisé nombres de chantiers de construction. Dubai n’a pas fini de pousser il faut croire. Ce n’est évidemment pas les citoyens du pays qui forment la main d’oeuvre, mais des pakistanais et des indiens par milliers (ou millions?), que des autobus amènent de leur dortoirs jusqu’au chantier à chaque jour pour plancher pendant souvent douze heures à un salaire de misère et dans des conditions de travail douteuses. Cet état de fait défraie souvent les manchettes à l’extérieur du pays, mais est censuré à Dubaï et toute mention est passible d’une forte réprimande. On l’a même comparé à de l’esclavagisme modèle 21e siècle.
Dans la deuxième partie, où nous avons finalement rejoint le centre-ville, les choses se sont améliorées. Même si la ville a cru bon de foutre une autoroute 8 voies en plein milieu de son axe commercial principal, il y avait quand même de quoi nous stimuler lors de notre passage. Toutes les bannières de gros hotels de luxe y étaient, tout comme celles des restaurants de bouffe rapide. Même un Tim Hortons, cet incontournable canadien. Je n’ai donc pas manqué, après un gros McDo, d’aller me chercher un café et un beigne. On se le dira, après des mois de cuisine centre asiatique, on se prend à avoir des envies de Big Mac. Finalement arrivés au pied du Burj Khalifa, nous avons fait le tour et constaté l’étonnante beauté de l’endroit. Des multiples accès routiers (gardés) au bâtiment, il est probablement sorti et rentré tout les modèles de voitures de luxe que je connaissait. Derrière l’immense édifice, un lac (artificiel) où à notre arrivé débutait un spectacles de fontaines/son/lumières. Aux dires de je ne sais plus quel panneau, c’était le plus gros au monde. Un peu plus loin, le Dubai mall, lui aussi le centre d’achat … le plus gros au monde. Il était déjà 22 heures lorsque nous avons passé ses portes, mais comme il n’y a rien d’autre à faire à Dubai que de dépenser son fric, les commerces sont presque tous ouverts jusqu’à minuit. À l’intérieur, du luxe, oui, mais aussi toutes les bannières que l’on a chez nous pour expérience de magasinage tout budgets. Incontestablement, le plus impressionnant a été l’immense aquarium au milieu du centre commercial. Raies, requins et gros poissons, tout y nageait derrière une vitrine qui devait bien faire 50 mètres de long par 20 de haut. Au total, nous avons bien dû marcher un 20 kilomètres depuis l’hostel, nous ne nous sommes donc pas faits prier pour y revenir en métro.
Le lendemain, il était déjà plutôt tard lorsque nous nous sommes extirpés de nos lits. Au programme: la plage publique, le fameux hôtel Burj Al-Arab (l’hôtel iconique de la ville, en forme de voile), le Palm Jumeira, la marina et un autre centre commercial. Allions-nous marcher jusque là? Non merci. Il aurait bien fallu cheminer une vingtaine de kilomètres avant d’arriver à notre premier objectif. Après un déjeuner indien plutôt abordable, nous avons donc sauté dans le métro pour nous rapprocher le plus possible du début de notre visite. Rapprocher est un grand mot, car depuis la station, il a quand même fallu marcher trois kilomètres pour atteindre la côte. Finalement, la plage publique n’était rien d’excitant et évidemment, impossible de se rapprocher du fameux Burj Al-Arab. Nous avons donc opté pour aller siroter une bière (à 10$ [en happy hour]) dans un resort en pensant pouvoir regarder le soleil se coucher sur la mer. Nous l’avons plutôt vu se coucher derrière les villas du complexe. Probablement six kilomètres de marche plus tard, nous avions atteint notre prochain but, le Palm Jumeira. Allez-donc y jeter un oeil sur Google Maps, ça vaut le coup. Le Palm Jumeira tient son nom de par sa forme en palmier, où le tronc et les feuilles sont en fait d’immenses îles artificielles où ont étés bâtis villas, tours et hôtels à même ce qui autrefois était de la mer. En périphérie du palmier, il s’est construit un gigantesque resort et un parc aquatique. Le développement de l’endroit n’étant pas encore terminé, je ne pourrais dire ce qui se bâtira sur le reste. En frais de gros projets d’ingénierie civile, on est dans le top. La muraille de Chine ne se voit pas depuis l’espace, mais le Palm Jumeira, oui. Petit fait supplémentaire, il s’en construit un encore plus gros non loin sur la côte.
En bon marcheurs, nous comptions nous rendre jusqu’au bout à pied, mais vu la taille de l’endroit et l’impossibilité de l’atteindre autrement que par un monorail (ou en voiture), il nous a fallu nous résoudre à débourser 21$ chaque. L’expérience aurait été plus impressionnante de jour, mais je dois avouer que de traverser cet immense complexe d’îles artificielles suspendu en l’air donnait des impressions futuristes. Une fois arrivés au bout, soit au resort, nous nous sommes contentés d’une crème glacée, d’une petite marche sur le bord de la mer et puis sommes revenus vers la ville. Notre prochaine destination, la marina, conseillée par une autre touriste rencontrée à l’auberge, n’avait rien de très mémorable. Le Mall of the Emirates, anciennement … vous l’aurez deviné, le plus gros centre d’achat (détrôné par le Dubai mall) avait de quoi impressionner, surtout en raison de sa pente de ski intérieure (avec télésiège). Bref, encore une journée bien remplie et ce n’est que tard que nous sommes revenus à notre auberge.
Pour la journée suivante, nos visées étaient plus modestes: le souk de l’or et un objectif de remplacement pour l’appareil photo. Alors que nous étions à Budapest, nous étions parvenus à trouver une lentille de remplacement (une 25-80mm) qui avait fait l’affaire jusqu’à maintenant. Comme nous nous apprêtions à rentrer au Népal et en Inde, soit des endroits riches en monuments, il nous fallait maintenant quelque chose avec un plus grand angle qui nous permettrait de photographier des bâtiments de plus près. Le souk de l’or était situé dans un quartier réellement habité de Dubaï, non pas par les citoyens du pays, mais par les immigrants. L’endroit fourmillait donc de vie. Commerces après commerces, il y avait de tout, des bijoux, des saris indiens, des niqaq, des vêtements plus occidentaux, des téléphones, parfois une mosquée et plusieurs restaurants. Pour ma part, le lieu me rappelait toute la diversité de Singapour.
Le souk de l’or n’était rien d’autre qu’une rue où se concentraient les vendeurs de bijoux, mais ce qui se trouvait autour nous a grandement intéressé. Éventuellement, nous sommes parvenus au coin qui vendrait du matériel photographique. En fait, ces magasins semblaient commercer surtout dans le parfum et les montres, mais chacun d’entre eux présentait un petit comptoir avec des caméras des objectifs. Après en avoir fait plusieurs et négocié âprement, nous nous sommes finalement décidés à acheter un 18-55mm (bon pour les monuments) et à la demande d’Audrey, un 100-300mm (bon pour prendre des gens en photo de loin). Nous croyons avoir fait une très bonne affaire, l’équivalent au Canada aurait coûté beaucoup plus cher.
Équipés à souhait en matériel de photo, nous sommes rentrés contant à l’auberge, cette fois plus tôt. En prenant un petit verre de fin de soirée, nous ont join un américain en visite pour la plus grande exposition de construction du monde (lui importateur de travertin du Maroc) et une polonaise en travail de documentation sur la vie luxueuse à Dubaï. Photographe, elle s’était donné comme projet d’explorer la luxure aux Émirats Arabes Unis. Simplement par l’entremise du service couch-surfing et du site Tinder (sans prétention de chercher un amant), elle s’était fait inviter dans les bars les plus coûteux de la ville et avait pu fréquenter des habitants du pays qui collectionnaient les Ferraris et les lions comme animaux de compagnie. On aurait pu croire que ce genre d’individus n’avaient de l’amitié que pour la jet-set qui passaient dans leur ville, mais selon elle, il n’en était pas ainsi. Éduqués et bien au fait de la culture occidentale, les jeunes riches du pays adoraient rencontrer des américains et des européens afin de partager des moments (et leurs jouets) en leur compagnie. Notre vol n’était qu’à midi le lendemain, mais encore une fois couché beaucoup trop tard, la nuit a été courte, principalement en raison du surpeuplement de notre auberge, en fait davantage un hotel bon marché. À partir de 6 heures du matin, il y avait un traffic incessant pour entrer et sortir de la chambre et des gens qui ne se gênaient pas pour parler à voix haute quand manifestement, les autres étaient encore en train de dormir. Ǹous sommes arrivés fatigués au terminal deux de l’aéroport de Dubaï, mais bon, le Népal nous attendais en soirée.