Dubaï, Émirats Arabes Unis

Notre prochaine destination officielle étant Kathmandu au Népal, nous allions d’office transiter par Dubaï, Émirats Arabes Unis pour nous y rendre. Il s’adonnait même que de couper le vol en deux (acheter deux billets plutôt qu’un) nous revenait moins cher. Pourquoi donc ne pas aller visiter cette ville dont a tant entendu parler dans les dernières années? Dubaï, ville du luxe et de la démesure humaine… En fait, de ce que j’avais compris, l’entreprise n’était pas si folle que ça. Il y a vingt ans, Dubaï n’était qu’une ville sans grande importance. Comment donc assurer la pérennité de l’endroit face à d’autres villes de la région qui poussaient aux dollars pétroliers? En construisant une nouvelle mégapole mondiale et la positionner comme plaque tournante des affaires, de la culture et de la villégiature. Le pari était-il réussi? À voir tout ce qui s’y brassait, il me semblait que oui. Il me restait donc à aller juger de la qualité du résultat.

Débarqués de l’avion, nous sommes tout de suite passés au hors taxes ramasser une bouteille de rhum. Sans même avoir fait de recherches, nous savions que l’alcool alcool allait être introuvable ou excessivement cher. Sortis de l’aéroport, c’est un agréable 28 degrés qui nous a accueilli; une hausse de température notoire par rapport à Tashkent, où l’hiver s’installait de jours en jours. Notre hostel étant situé non loin de là, nous avons pu y marcher avec nos sacs à dos. Le quartier était probablement résidentiel de classe moyenne. Par contre, les maisons y étaient toutes énormes, tout comme les voitures. Fatigués de notre courte nuit, nous sommes allés siester aussitôt arrivés pour nous lever qu’un bon deux heures plus tard. Notre objectif pour ce qui restait de l’après-midi et la soirée : le Burj Khalifa. De ses 800 mètres, il domine la ville (qui ne manque autrement pas de grattes-ciels) et le palmarès mondial du bâtiment le plus haut. Ai-je spécifier que nous comptions nous y rendre à la marche? Selon la carte, ça n’avait l’air qu’à 7 kilomètres tout au plus…

À l’entrée du centre-ville.

En fait, il nous aura fallu cinq heures et plus de 15 kilomètres pour arriver au pied du Burj Khalifa. Nous savions que Dubaï n’était pas faite pour être marchée, mais nous avions largement sous-estimé la nature des obstacles qui allaient se présenter à nous pauvres piétons. Le premier : la distance à parcourir. Dubaï est à grande échelle; ce qui paraît n’être qu’un pâté de maison sur la carte est en fait un quartier entier de tour d’appartements. Conséquemment, tout est beaucoup plus loin qu’il n’y paraît. Deuxièmement : les aménagements piétonniers. Fréquemment nous nous sommes retrouvés face`à des échangeurs autoroutiers qu’il nous a fallu enjamber pour traverser. Curieusement, la ville avait construit un parc au milieu de l’un d’eux. Pas une traitre âme ne s’y trouvait par contre, ce qui n’a rien d’étonnant, car pour nous y rendre, il a fallu traverser à la course une bretelle d’accès à l’autoroute. Et s’il y a avait eu plus de passages piétonniers, on s’en serait sortis plus facilement, mais généralement ils étaient souvent distants d’un bon kilomètres les uns des autres.

Avouons-le, la première partie de notre marche n’a pas été des plus agréable. Nous aurions certainement pu prendre le métro, mais nous tenions à faire l’expérience de Dubaï à l’échelle piétonne. Au passage, nous avons croisé nombres de chantiers de construction. Dubai n’a pas fini de pousser il faut croire. Ce n’est évidemment pas les citoyens du pays qui forment la main d’oeuvre, mais des pakistanais et des indiens par milliers (ou millions?), que des autobus amènent de leur dortoirs jusqu’au chantier à chaque jour pour plancher pendant souvent douze heures à un salaire de misère et dans des conditions de travail douteuses. Cet état de fait défraie souvent les manchettes à l’extérieur du pays, mais est censuré à Dubaï et toute mention est passible d’une forte réprimande. On l’a même comparé à de l’esclavagisme modèle 21e siècle.

Le Burj Khalifa dans les nuages
Au pied du Burj Khalifa

Dans la deuxième partie, où nous avons finalement rejoint le centre-ville, les choses se sont améliorées. Même si la ville a cru bon de foutre une autoroute 8 voies en plein milieu de son axe commercial principal, il y avait quand même de quoi nous stimuler lors de notre passage. Toutes les bannières de gros hotels de luxe y étaient, tout comme celles des restaurants de bouffe rapide. Même un Tim Hortons, cet incontournable canadien. Je n’ai donc pas manqué, après un gros McDo, d’aller me chercher un café et un beigne. On se le dira, après des mois de cuisine centre asiatique, on se prend à avoir des envies de Big Mac. Finalement arrivés au pied du Burj Khalifa, nous avons fait le tour et constaté l’étonnante beauté de l’endroit. Des multiples accès routiers (gardés) au bâtiment, il est probablement sorti et rentré tout les modèles de voitures de luxe que je connaissait. Derrière l’immense édifice, un lac (artificiel) où à notre arrivé débutait un spectacles de fontaines/son/lumières. Aux dires de je ne sais plus quel panneau, c’était le plus gros au monde. Un peu plus loin, le Dubai mall, lui aussi le centre d’achat … le plus gros au monde. Il était déjà 22 heures lorsque nous avons passé ses portes, mais comme il n’y a rien d’autre à faire à Dubai que de dépenser son fric, les commerces sont presque tous ouverts jusqu’à minuit. À l’intérieur, du luxe, oui, mais aussi toutes les bannières que l’on a chez nous pour expérience de magasinage tout budgets. Incontestablement, le plus impressionnant a été l’immense aquarium au milieu du centre commercial. Raies, requins et gros poissons, tout y nageait derrière une vitrine qui devait bien faire 50 mètres de long par 20 de haut. Au total, nous avons bien dû marcher un 20 kilomètres depuis l’hostel, nous ne nous sommes donc pas faits prier pour y revenir en métro.

Il y a quand même de la belle architecture.
Un boulevard à Dubaï, ou plutôt, une autoroute comme on en retrouve tant…

Le lendemain, il était déjà plutôt tard lorsque nous nous sommes extirpés de nos lits. Au programme: la plage publique, le fameux hôtel Burj Al-Arab (l’hôtel iconique de la ville, en forme de voile), le Palm Jumeira, la marina et un autre centre commercial. Allions-nous marcher jusque là? Non merci. Il aurait bien fallu cheminer une vingtaine de kilomètres avant d’arriver à notre premier objectif. Après un déjeuner indien plutôt abordable, nous avons donc sauté dans le métro pour nous rapprocher le plus possible du début de notre visite. Rapprocher est un grand mot, car depuis la station, il a quand même fallu marcher trois kilomètres pour atteindre la côte. Finalement, la plage publique n’était rien d’excitant et évidemment, impossible de se rapprocher du fameux Burj Al-Arab. Nous avons donc opté pour aller siroter une bière (à 10$ [en happy hour]) dans un resort en pensant pouvoir regarder le soleil se coucher sur la mer. Nous l’avons plutôt vu se coucher derrière les villas du complexe. Probablement six kilomètres de marche plus tard, nous avions atteint notre prochain but, le Palm Jumeira. Allez-donc y jeter un oeil sur Google Maps, ça vaut le coup. Le Palm Jumeira tient son nom de par sa forme en palmier, où le tronc et les feuilles sont en fait d’immenses îles artificielles où ont étés bâtis villas, tours et hôtels à même ce qui autrefois était de la mer. En périphérie du palmier, il s’est construit un gigantesque resort et un parc aquatique. Le développement de l’endroit n’étant pas encore terminé, je ne pourrais dire ce qui se bâtira sur le reste. En frais de gros projets d’ingénierie civile, on est dans le top. La muraille de Chine ne se voit pas depuis l’espace, mais le Palm Jumeira, oui. Petit fait supplémentaire, il s’en construit un encore plus gros non loin sur la côte.

Le Burj Al-Arab
Pente de ski intérieure dans le Mall of the Emirates.

En bon marcheurs, nous comptions nous rendre jusqu’au bout à pied, mais vu la taille de l’endroit et l’impossibilité de l’atteindre autrement que par un monorail (ou en voiture), il nous a fallu nous résoudre à débourser 21$ chaque. L’expérience aurait été plus impressionnante de jour, mais je dois avouer que de traverser cet immense complexe d’îles artificielles suspendu en l’air donnait des impressions futuristes. Une fois arrivés au bout, soit au resort, nous nous sommes contentés d’une crème glacée, d’une petite marche sur le bord de la mer et puis sommes revenus vers la ville. Notre prochaine destination, la marina, conseillée par une autre touriste rencontrée à l’auberge, n’avait rien de très mémorable. Le Mall of the Emirates, anciennement … vous l’aurez deviné, le plus gros centre d’achat (détrôné par le Dubai mall) avait de quoi impressionner, surtout en raison de sa pente de ski intérieure (avec télésiège). Bref, encore une journée bien remplie et ce n’est que tard que nous sommes revenus à notre auberge.

Pour la journée suivante, nos visées étaient plus modestes: le souk de l’or et un objectif de remplacement pour l’appareil photo. Alors que nous étions à Budapest, nous étions parvenus à trouver une lentille de remplacement (une 25-80mm) qui avait fait l’affaire jusqu’à maintenant. Comme nous nous apprêtions à rentrer au Népal et en Inde, soit des endroits riches en monuments, il nous fallait maintenant quelque chose avec un plus grand angle qui nous permettrait de photographier des bâtiments de plus près. Le souk de l’or était situé dans un quartier réellement habité de Dubaï, non pas par les citoyens du pays, mais par les immigrants. L’endroit fourmillait donc de vie. Commerces après commerces, il y avait de tout, des bijoux, des saris indiens, des niqaq, des vêtements plus occidentaux, des téléphones, parfois une mosquée et plusieurs restaurants. Pour ma part, le lieu me rappelait toute la diversité de Singapour.

 

Au souk de l’or

Le souk de l’or n’était rien d’autre qu’une rue où se concentraient les vendeurs de bijoux, mais ce qui se trouvait autour nous a grandement intéressé. Éventuellement, nous sommes parvenus au coin qui vendrait du matériel photographique. En fait, ces magasins semblaient commercer surtout dans le parfum et les montres, mais chacun d’entre eux présentait un petit comptoir avec des caméras des objectifs. Après en avoir fait plusieurs et négocié âprement, nous nous sommes finalement décidés à acheter un 18-55mm (bon pour les monuments) et à la demande d’Audrey, un 100-300mm (bon pour prendre des gens en photo de loin). Nous croyons avoir fait une très bonne affaire, l’équivalent au Canada aurait coûté beaucoup plus cher.

 

Scène de métro classique

Équipés à souhait en matériel de photo, nous sommes rentrés contant à l’auberge, cette fois plus tôt. En prenant un petit verre de fin de soirée, nous ont join un américain en visite pour la plus grande exposition de construction du monde (lui importateur de travertin du Maroc) et une polonaise en travail de documentation sur la vie luxueuse à Dubaï. Photographe, elle s’était donné comme projet d’explorer la luxure aux Émirats Arabes Unis. Simplement par l’entremise du service couch-surfing et du site Tinder (sans prétention de chercher un amant), elle s’était fait inviter dans les bars les plus coûteux de la ville et avait pu fréquenter des habitants du pays qui collectionnaient les Ferraris et les lions comme animaux de compagnie. On aurait pu croire que ce genre d’individus n’avaient de l’amitié que pour la jet-set qui passaient dans leur ville, mais selon elle, il n’en était pas ainsi. Éduqués et bien au fait de la culture occidentale, les jeunes riches du pays adoraient rencontrer des américains et des européens afin de partager des moments (et leurs jouets) en leur compagnie. Notre vol n’était qu’à midi le lendemain, mais encore une fois couché beaucoup trop tard, la nuit a été courte, principalement en raison du surpeuplement de notre auberge, en fait davantage un hotel bon marché. À partir de 6 heures du matin, il y avait un traffic incessant pour entrer et sortir de la chambre et des gens qui ne se gênaient pas pour parler à voix haute quand manifestement, les autres étaient encore en train de dormir. Ǹous sommes arrivés fatigués au terminal deux de l’aéroport de Dubaï, mais bon, le Népal nous attendais en soirée.

D’Europe vers l’Asie Centrale – Fin

Voilà la première phase de notre voyage complété. Malheureusement, le Turkménistan n’aura pas voulu de nous, alors notre périple dans la région se sera arrêté en Ouzbékistan. L’Asie Centrale est un endroit unique comme on en retrouve de moins en moins sur la terre et Audrey et moi n’avons que de bons commentaires sur tous les pays visités. C’est définitivement le Tadjikistan qui nous aura à tout deux plu le plus, mais nous n’aurions aucune hésitation à repasser dans ce coin de planète. Notre départ tardif de France, la voiture et l’impératif d’arriver dans le Pamir à temps nous aura imposé un rythme qui a fait en sorte que nous avons manqué de nombreuses choses (Ne serais-ce que pour revenir au Turkménistan…) En somme, l’Asie Centrale n’aura pas été une aventure de tout repos: c’est un endroit de voyage au sens le plus pur du terme; pour des vacances, il faudra passer. Nous sommes tous deux fiers d’avoir imaginé une telle épopée et de l’avoir menée à bien; vivement le rythme moins effréné de la deuxième phase par contre…

Et de dire que nous n’en sommes même pas à la moitié du voyage! Il nous reste le Népal, l’Inde et possiblement d’autres pays à découvrir. Bien que cela se fera de manière plus conventionnelle et tranquille, il y aura certainement de nombreuses autres aventures à vivre puis relater sur ce blogue. Le rythme des publications ira en diminuant et les textes seront moins long. Par contre, je compenserai par davantage d’images, car le sous-continent indien, de par son incroyable diversité, est un endroit des plus photogénique.

Tashkent, Ouzbékistan (2)

Dans le marché Chorsu

Nous avions deux options pour quitter Boukhara, partir en fin d’après-midi pour arriver à Tashkent tard dans la soirée ou prendre le train de nuit et disposer de davantage de temps dans cette jolie ville. Comme il nous était possible de récupérer notre visa turkmène aussi tôt que le lendemain matin, nous avons opté pour un retour dans la capitale le jour même histoire de passer une nuit de qualité. La matinée suivante donc, appel à l’ambassade du Turkménistan. Malheureusement, le système informatique n’est pas opérationnel alors on nous indique de tenter à nouveau dans une demi-heure. Ce délai écoulé, le préposé parvient à trouver notre demande et nous indique qu’elle est toujours en traitement, mais que nous pouvons écrire à une adresse courriel vers 15h pour vérifier l’avancement. En milieu d’après-midi donc, nous envoyons un courriel puis quittons pour retourner au marché Chorsu à Tashkent et finalement revenir à pied jusqu’à notre gîte. Lorsque que nous avons partagé au personnel de l’hostel que nous étions revenu à pied de l’autre côté de la ville, on nous a regardé avec admiration, comme si nous venions d’accomplir un exploit sportif. Les gens ici ne sont définitivement pas très marcheurs (ni campeurs). Ce n’est que 8 kilomètres et il s’avère que Tashkent, même si elle est surtout faite d’immenses boulevards, est généralement très boisée et donc agréable pour la promenade.

Un marché couvert de Tashkent

Le lendemain matin (vendredi), pas de nouvelles de l’ambassade. Ce n’était pas trop grave, car nous avions donné comme date d’entrée le mercredi suivant. Ce qui s’avérait préoccupant par contre, c’était que notre visa ouzbèke terminait le lendemain et sans extension il allait falloir partir du pays en urgence et faire une croix sur le Turkménistan. Pas de panique par contre, selon une conversation antérieure avec l’un des propriétaires de l’hostel, ce n’était qu’une formalité. En l’approchant de nouveau pour entamer les démarches d’extension, il appelle son collègue pour se rendre compte lui aussi que ce ne sera pas si simple. En gros, il nous faut prouver que nous n’avons pas d’autres choix raisonnables que de rester en Ouzbékistan jusqu’à mercredi et malheureusement, l’attente du visa turkmène ne qualifie pas. Ceci veut donc dire qu’il nous faut trouver un billet d’avion sur un vol qui ne décolle que passé mercredi. Pas forcément besoin de l’acheter par contre, une réservation suffit. Après une bonne demi-heure de recherches intenses, je déniche le Tashkent-Kuala Lumpur à 400$. Une courte marche plus tard et nous sommes aux bureaux d’Uzbekistan airlines pour réserver nos sièges. De retour à l’hostel avec nos confirmations, le propriétaire finalise la demande et nous convenons un rendez-vous le lendemain matin avec lui pour aller à la police de l’immigration. L’obtention de l’extension étant moins une certitude qu’elle avait pu l’être auparavant,  Audrey et moi nous sommes faits un plan de contingence dans l’éventualité d’un refus: comme il ne restera plus de vols abordables et logiques, il nous faudra sauter dans un taxi et le payer un gros prix pour qu’il nous amène à la frontière avec le Kirghizstan à 6 heures de route. Dans certains pays, rester sur le territoire passé sa date limite de visa n’est pas une grosse affaire, mais en Ouzbékistan, ils semblent ne pas rigoler avec la chose. Pour souper et décompresser un peu, nous nous sommes rendus dans un restaurant recommandé par le guide pour y consommer un repas beaucoup trop viandeux et gras. Les mets à base de légumes sont rarissimes dans la cuisine de l’Asie-Centrale.

Cuisine ouzbèke

Samedi matin, Audrey, moi et le propriétaire nous rendons à l’aéroport rencontrer la police de l’immigration. Heureusement l’agent en devoir n’était pas celui rencontré lors de notre première visite (nous lui avions avoué avoir besoin de l’extension pour le visa turkmène). Le propriétaire discute longuement avec lui en Russe pour finalement réaliser que nous ne pourrons pas payer les frais d’extension car les banques sont fermées. Petit moment de panique interne, mais finalement, le policier se montrera assez clément pour nous laisser revenir lundi régler la note. Quelques minutes plus tard, deux belles extension d’une semaine – donc plus que nécessaire – venaient de se rajouter à nos passeports. Ouf! Seule ombre au dossier par contre, il allait falloir prouver à l’agent que nos billets étaient bel et bien achetés et non réservés. Oups! Aux dires du propriétaire de l’hostel, habitué de ce genre de procédure cet officier de police était particulièrement droit et coriace, contrairement aux autres qui généralement octroient des extensions dans même analyser les demandes. Chez nous, on appelle cela un bon policier mais ici, nous étions mal tombés.

Au jardin botanique

Il nous faudra donc acheter un vol. C’est un peu fâchant, car si nous parvenons à obtenir le visa turkmène et bien cet argent sera perdu. Pas selon le propriétaire par contre: un billet s’annule et se déplace sans frais. Nous verrons sous peu. À nouveau aux bureaux d’Uzbekistan airlines, on évalue nos options. Dans les faits, nous devons aller à Dubaï, alors après un peu de recherche, c’est un vol vers cette destination que nous avons acheté. Maintenant que nous avions notre extension, plus besoin d’aller à Kuala Lumpur, tant que nous quittions le territoire ouzbèke à temps. Les frais d’annulation du vol étaient de 60 euros. Pas gratuit, mais pas forcément cher non plus donc dans l’éventualité de l’obtention du visa turkmène, c’est tout ce que nous allions perdre. Notre situation d’étrangers maintenant à toute fin pratique réglée, nous avons pris la décision d’aller errer au centre-ville.

La veille, je m’étais rappelé que Sven était allé assister à un opéra au théâtre Bolchoï de Tashkent à très peu de frais alors je m’étais renseigné auprès de l’accueil de l’hostel sur les spectacles à venir. Ce soir, il jouait Aida de Verdi. J’ai donc lancé l’idée à Audrey et elle s’est montrée intéressée. Sur place, nous nous sommes procurés des billets 2e balcon à 20000 somonis (3,33$). La salle étant très loin d’être comble, le personnel nous a finalement redirigé vers le parterre. Le spectacle (en version Russe) s’est avéré être excellent et il devait à certains moments y avoir plus d’acteurs sur scène que de personnes dans l’audience. Public qui, tout comme lors de l’opéra Dorian Gray à Astana, s’est montré hautement irrespectueux: à tout bout de champ les gens causaient, se levaient et brandissaient leur stupides téléphones pour prendre en photo (avec flash!) la scène. Après, resto et retour à l’auberge pour siroter une bière et écrire.

Aida en pleine représentation

Dimanche, nous n’avions rien à faire alors encore une fois, nous sommes allés nous balader dans Tashkent sans objectif précis autre que de partir d’un endroit et de regagner l’auberge à la marche. Lundi, ils nous fallait retourner à l’aéroport payer notre extension de visa. Nous avions aussi bon espoir que la réponse pour le Turkménistan tombe aussi. Nous l’avons donc patiemment attendue en faisant nos comptes du voyage (fort heureusement, on rentre dans notre budget). Vers le milieu de l’après-midi. Audrey demande à la réception de rappeler l’ambassade. Elle remonte peu après un grand sourire d’excitation au lèvres : c’est positif! Fantastique! Notre plan d’aller visiter le Turkménistan sur un visa de transit à fonctionné. Aussitôt, je commence à réfléchir aux préparatifs nécessaires à l’aventure.

Deux minutes plus tard, Audrey reçoit un email de l’ambassade concernant mon visa. Ah bon, la réponse n’était que pour elle? Verdict : refusé. Vu que nous avions appliqué en tant que couple, je fais rappeler l’ambassade pour confirmer, mais je sais très bien que cela ne changera rien, j’avais eu vent d’autres couples s’étant fait jouer le même tour. Généralement, c’est l’homme qui écope. Dans les faits, le Turkménistan veut minimiser les touristes en cavale sur leur territoire et il est évident que ceux de sexe masculin sont plus du genre à leur causer des soucis. L’ambassade confirmera donc la décision du bureau central de ne pas m’admettre sur le territoire. Nous nous étions préparés mentalement à ce genre de situation, mais ce qui était le plus irritant, c’est que pendant cinq minutes, nous y avions cru. Cela aura donc rendu le deuil plus ardu, surtout pour moi. D’autant plus que toutes ces emmerdes d’extension de visa et cette attente à Tashkent, et bien c’était dans l’optique d’aller au Turkménistan. Désormais, il nous faut quitter pour Dubaï puis le Népal. Si nous voulons encore aller visiter ce foutu pays, ce sera dans quelques mois sur un visa de tourisme avec les coûts que cela engendre. À méditer, mais j’y comptes bien.
Vu que nous ne partirons plus pour le Turkménistan, notre horaire s’est soudainement mis en place et nous avons pu acheter nos billets d’avion jusqu’à Goa en Inde. Alors que nous bricolions sur nos appareils électroniques, un belge est tombé du ciel et nous a offert de partager une bouteille de vin ouzbèke (franchement pas si mal) et quelques verres de vodka. L’ambiance à l’hostel avait été un peu morne ces derniers temps. La plupart des voyageurs ne faisaient que passer et ceux qui y logeaient pour quelques jours avaient à faire à Tashkent et étaient plutôt du type à utiliser l’endroit comme un hôtel bon marché.
Les prochains jours allaient être longs, car nous avions épuisé ce qu’il y avait à voir dans la ville. Heureusement, tout a passé vite; tout juste le temps faire quelques autres petites promenades, de profiter de nos restos préférés (on s’était créé des habitudes!) et nous étions la veille du départ. Cette soirée là, nous nous sommes entrenus pendent un bon deux heures avec l’un des propriétaire de l’hostel, celui d’ailleurs qui nous a arrangé notre extension de visa. Il nous a conté de long en large l’histoire de son établissement, l’un des premiers du genre en Ouzbékistan. Ayant beaucoup voyagé en couch surfing lors d’un échange en Europe, le concept lui a tellement plus qu’il s’est mis à héberger jusqu’à dix personnes à la fois dans son appartement de Tashkent. Éventuellement (probablement suite aux demandes de sa copine), lui et un ami on décidé de partir une auberge à Tashkent afin de recréer un environnement où les voyageurs peuvent passer la nuit et se rencontrer. C’est ainsi que Topchan hostel était né. Le tourisme étant en explosion en Ouzbékistan, il travaille actuellement à la construction d’un autre établissement ailleurs dans la ville et d’un camping estival dans les montagnes à l’est du pays. J’adore ce genre d’entrepreneuriat. Déçu d’appendre que nous n’avons pas pu aller au Turkménistan, il nous a confié n’y avoir jamais mis les pieds, mais nous a énuméré nombres d’histoires cocasses et faits divers sur le pays (il habite dans le pays voisin, mais il a parfois reçu des clients de l’endroit). Le Turkménistan est plutôt la risée de tous ses voisins dans la région. Il était à peu près 3h30 quand je suis finalement allé au lit. Pour un lever à 5h00, c’était peu de sommeil, mais j’allais pouvoir puiser de l’énergie dans l’excitation de quitter pour Dubai.

Boukhara, Ouzbékistan

En train depuis Samarcande, nous sommes arrivés assez tôt pour pouvoir faire un petit tour de la vielle avant que la nuit tombe. Dès les premiers pas, nous sommes tombés sous son charme. Boukhara correspondait en fait à l’idée que nous nous étions fait de Samarcande : une vielle ville aux allées un peu poussiéreuses, aux maisons de pierres beiges et de terre séchée, parsemée de madrasas, de mosquées et de petites places ombragées. Boukhara, bien que moins étendue que sa grande soeur, semblait receler d’un bien plus grand nombre de monuments. Ceux hors des rues touristiques,étaient même pour la plupart à l’abandon, laissant entrevoir l’effet des siècles sur les structures, mais aussi à quoi devait ressembler jadis les monuments restaurés (le gouvernement ouzbèke aime bien embellir son patrimoine…)

Mosquée Bolo-Haouz pendant la prière8

 

Le soir venu, nous avons pour la dernière fois retrouvé Sven et sa copine qui passaient par là pour traverser le pays et rejoindre le Kazakhstan. Sven avait fait une demande de visa de transit pour se rendre en Iran en passant par le Turkménistan, mais cette dernière a été refusée… Espérons que ce ne sera pas le cas pour la nôtre. Bref le lendemain, les derniers adieux se sont donnés, car nos chemins se séparaient.

Cour de la mosquée Kalon

 

Entée de la madrasa Mir-i-Arab

Le reste de la journée a été dédié à une exploration plus approfondi ede la vielle ville et de ses monuments. Nous devons le redire Boukhara est magnifique et de loin la plus belle ville qu’il nous ait été donné de visiter en Asie Centrale. Je laisse les photos faire le reste du travail.

Cour de la madrasa Modari Khan (comptez le nombre de Audreys)

Reste-t-il quelque chose d’authentique à Boukhara? Pas vraiment et c’était d’ailleurs la plainte principale d’un couple d’allemands rencontrés à l’hostel; au point d’en avoir décidé d’écourter leur séjour en Ouzbékistan. Mais dans les faits, est-ce qu’une ville historique telle que Boukhara devait être jadis peut encore exister de nos jours? La réponse est à mon avis simple: non. L’ancienne Boukhara, aussi splendides furent ses nombreuses madrasas, ses mosquées et son palais fortifié dominant une ville protégée de hautes murailles, ne pourrait tout bonnement pas exister sous cette forme au 21e siècle. Ces attraits ont beau faire son charme, ils ne sont foncièrement que de l’infrastructure désuète. Afin de conserver tout ce patrimoine, il faut certes l’apport des gouvernements locaux et nationaux, mais aussi celui de l’industrie du tourisme. Et avec cette dernière viendront malheureusement les hôtels, les boutiques de souvenirs et autres services modernes qui “dénaturent” le lieu. Lorsque l’on visite ce genre d’endroit donc, il est bien intéressant de s’informer sur son histoire ancienne afin de mieux se l’imaginer tel qu’il devait être, mais il ne faut pas perdre de vue le contexte présent dans lequel il existe. Boukhara, comme tant d’autres, ne peut donc que perdurer aujourd’hui sous sa forme actuelle: celle d’une ville musée; on s’y balade, on admire l’architecture, on débourse pour visiter quelques bâtiments, on paye nos restos et notre logis plus cher et voilà tout. S’attendre à y retrouver quelque chose d’authentique relève de la naïveté. En Ouzbékistan comme ailleurs, cette authenticité ne se trouve maintenant que dans de petites bourgades agricoles en perdition ou encore dans des centres urbanisés pollués et nauséabonds, fourmillants d’activité mais sans attrait ni âme, l’habitant moyen n’ayant comme souci que d’en extraire sa pitance.

 

Samarcande, Ouzbékistan

Samarcande, ville millénaire rendue fameuse par la route de la soie et destination incontournable en Asie Centrale. Il nous a fallu quand même un bon 6h de bus plutôt désagréable pour l’atteindre, mais au final nous y sommes arrivés sans encombres et contre les indications de tous les chauffeurs de taxi comme quoi il n’y avait plus de transports en commun cette journée là (et donc que des taxis chers…)

Le lendemain, mode tourisme. Vu la quantité de choses qu’il semblait y avoir à visiter, nous contemplions même la possibilité d’y passer une journée de plus. Quatre heures plus tard, nous avions tout vu… Les autorités ouzbèkes avaient peut-être fait un bon travail de conservation du patrimoine historique, tout ce qui était entre avait été dénaturé par du modernisme bon marché. La vielle ville avait même été emmurée pour ne pas qu’elle soit visible des allées flanquées de boutiques de souvenirs qui menaient les touristes d’un monument à l’autre.

Mise à part cette urbanisation maladroite, les monuments, surtout des mausolées, madrasas et mosquées étaient réellement spectaculaires, particulièrement le Registan, cette place publique dominée par trois énormes madrasas. En deuxième place, une allée de plus petits mausolées tous décorés des plus belles mosaïques de céramique de l’Asie-Centrale. Pour le reste, je laisse les photos poursuivre le récit.

Le Registan

Un ensemble de madrasas encerclant une grande place, autrefois le centre de Samarcande.

Une des madrasas du Registan

Le Chah-i-Zinda

Une avenue de petits mausolées construits surtout pour les proches de Tamerlan. Aussi un énorme cimetière.

Le mausolée de Tamerlane

Tamerlane, ce féroce souverain d’Asie-Centrale, s’est fait construire un mausolée étonnamment sobre pour un personnage de cette envergure.

Autres

Conclusion

Samarcande était belle et valait vraiment le détour. À en juger par la quantité d’ouzbèkes qui s’y trouvait, dont un bon nombre pour prendre des photos de mariage, notre avis était plus que partagé. Cependant, une journée à la visiter a amplement suffit. C’est donc sans regrets que nous l’avons quittée pour Boukhara.