Deuxième ville en population du Bangladesh et son plus gros port, Chittagong est pourtant un endroit sans intérêts autres que celui de déambuler parmi ses rues et d’observer la vie quotidienne. Comme ailleurs par contre, ses habitants sont des plus aimables et encore plus qu’à Dacca, curieux de nous voir de passage dans leur existence. Ayant fait le trajet depuis Cox’s Bazar de jour, nous y sommes débarqués en fin d’après-midi. Aussitôt nos affaires déposées à l’hôtel, nous avons pris nos claques pour nous rendre à la station de train afin de nous procurer des places pour Dacca, traversant ce faisant une bonne partie de la ville et toute son activité nocturne (les Bangladeshis sont moins couche-tôt que les Indiens). Les autobus ont beau être confortables au Bangladesh, les chauffeurs sont complètement malades (plus qu’en Inde à mon avis) et le trafic sans merci. Pour vous dire, retourner à Dacca durant la journée prend quasiment deux fois plus de temps que de le faire de nuit; et le transport de nuit, on a assez donné.
Manque de chance pour nous, le train était complètement réservé (Ceci-dit, il devait rester quelques places sur le toit…) Après délibérations, nous avons donc décidé de nous payer l’avion pour retourner à la capitale. Certes deux fois plus onéreux, mais au moins mille fois moins chiant. Audrey se demandait par contre s’il était sécuritaire d’emprunter une petite compagnie aérienne locale dans une pays tel que le Bangladesh. La simple mention de notre trajet pour arriver à Chittagong a suffit à la convaincre que c’était largement moins risqué qu’un voyage en autobus.
Bien reposés par une nuit de sommeil complète (une rareté ces derniers temps), nous sommes sortis par une chaleur absolument brutale pour faire le tour de la ville et particulièrement aller voir les installations portuaires, passant au préalable par un quartier d’entrepôt, où camion et barques étaient déchargés à bras d’homme et leur contenu placé sur des pousses-pousses tirés à bras d’homme pour être distribués dans la ville. C’est quand même hallucinant la quantité de boulots du genre que l’on croise dans te tels pays; un emploi du type au Canada est tout a fait impensable. Une fois sur la côte, nous sommes tombés directement sur le port de pêche, où mouillaient des centaines de bateaux aux allures d’une autre époque. Par la suite, nous avons poursuivi notre balade vers l’intérieur de la ville jusqu’à tomber sur l’hôtel Radisson de Chittagong.
Ayant lu à son sujet sur le blogue d’un autre voyageur, l’attraction du Radisson se trouvait dans l’incroyable contraste entre l’intérieur de ce dernier et ses alentours; entre un hôtel cinq étoiles et une ville du Bangladesh. Y entrer ne faisait pas partie de nos plans initiaux, mais j’ai fini par convaincre Audrey que notre statut d’étranger nous donnait le droit de nous pointer là sales, pouilleux et dégoulinants de sueur et que les gens du Radisson allaient sûrement être assez gentils pour nous laisser monter au dernier étage pour observer la ville. Comme de fait, nous avons été accueillis avec toute l’hospitalité bengalie et l’on nous a aimablement fait faire le tour des terrasses du toit sans rien nous demander. Charmés par l’endroit et ce petit moment de répit du chaos urbain qui régnait sur le plancher des vaches, nous sommes restés pour prendre un verre. Je n’avais dans mes souvenirs jamais visité d’hôtel aussi splendide et à 9$ la bière, ce n’était franchement pas trop demandé pour un tel établissement.
Ce petit moment de luxure passé, nous sommes retournés dans notre cinq étoiles bengali à 17$ la chambre sans air climatisé. Seul point commun avec le Radisson, la serviabilité du personnel. Le lendemain, lors de notre enregistrement pour notre vol, je me suis assuré de demander à ce que nos places se trouvent à la droite de l’avion. Pourquoi? Chittagong possède le plus gros chantier de démantèlement de navires au monde et j’espérais le voir d’en haut. C’est faute de pouvoir y aller en personne observer ces colosses des mers se faire découper pièces par pièces à la torche … dans des condition de travail horrible et sans aucun égard pour l’environnement. Vu la mauvaise presse que cette industrie s’est méritée ces dernières années, tous les chantiers on été clôturés et interdits d’accès à quiconque, surtout les étrangers curieux. De les airs par contre, les immenses coques échouées sur les plages et toutes morcelées étaient bel et bien visibles.