Och, Kirghizistan – Camp dans la montagne

  • Date : 28 septembre
  • Départ : 19h30
  • Arrivée : 22h00
  • Température : nuit
  • Route : excellente
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Debout de bonne heure après une courte nuit, j’étais tout de même préoccupé par la fuite de liquide de refroidissement, alors pendant qu’Audrey écrivait son courriel de nouvelles sur mon ordinateur, j’ai chargé et réorganisé la voiture puis suis parti en quête d’une pièce de rechange. S’il devait survenir un bris dans le Pamir, au moins nous allions avoir de quoi réparer la voiture.

Après avoir fait plusieurs magasins, l’un d’eux a finalement pu me diriger vers le bazar automobile. De là, j’ai pu trouver un commerce avec dont un préposé parlait anglais. Il n’avait pas la pièce en question, mais elle était disponible dans un magasin de la même enseigne à l’autre bazar automobile de la ville. De retour à l’hôtel pour ramasser la voiture, je me suis dirigé vers le deuxième bazar et me suis rendu au magasin qui supposément avait la pièce en stock. Manque de chance, le numéro de référence qui lui avait été donné ne correspondait pas au moteur de la Golf. Je suis donc allé la chercher et l’ai conduit jusque devant le magasin pour que le vendeur puisse de ses propres yeux voir que la pièce n’était pas la bonne. Réalisant que la problématique dépassait ses compétences, il m’a proposé de m’accompagner aux garages attenants au bazar pour qu’un mécanicien puisse diagnostiquer le problème. Évidemment, j’étais bien au courant de ce qui clochait, mais s’il fallait que lui se fasse une idée pour trouver la pièce qu’il me fallait et bien soit.

Cinq minutes plus tard, pas moins de cinq Kirghizes étaient autour de la voiture pour tenter de comprendre d’où venait la fuite. Selon eux, c’était le thermostat. En leur montrant l’endroit d’où coulait le liquide, j’ai appuyé sur le raccord du « water housing » qui se rendait un chauffage de l’habitacle et tout d’un coup, ce dernier s’est rupturé dans une explosion de liquide de refroidissement encore très chaud. Je m’en suis ramassé partout sur le bras gauche, mais heureusement, pas de brûlure et personne d’autre n’a été touché. Par contre, la voiture était maintenant immobilisée là et nous avions comme objectif de quitter Och dans l’heure.

La pièce défectueuse

Le vendeur de pièces Kirghize m’a gentiment partagé l’internet de son téléphone afin que j’informe Audrey de la situation. Tout compte fait, le bris n’aurait pas pu se produire à un meilleur endroit : juste en face d’un garage, à côté du plus grand bazar automobile de Och. Vu le peu de force qu’il a fallu pour briser le raccord, je ne crois pas que nous ne nous serions rendus très loin, mais une telle avarie dans le Pamir nous aurait immobilisé pour un bon moment. Le problème était maintenant clair, il fallait remplacer le water housing en entier. Une fois démonté, le vendeur est parti en quête d’un remplacement et une demi-heure plus tard, les mécaniciens kirghizes s’affairaient à l’installer pendant que j’allais chercher du liquide de refroidissement pour remplir le système et une clé allen 7mm que j’avais perdu à Aralsk.

À 17h30, la voiture était réparée. L’addition s’est avérée salée (2000 som de travail, 1500 pour la pièce et 500 de liquide refroidissement), mais je n’étais pas en position de négocier. Sur le chemin du retour à l’hostel, je me suis évidemment fait arrêté par la police. Voyant que j’étais un touriste, l’agent me demande d’où je viens et je lui répond aussitôt que je suis Français. Ce dernier me lance ensuite un « Bonjour, je m’appelle … » avec un gros sourire puis me laisse partir. Vers 18h00, j’étais de retour auprès d’Audrey. Compte-tenu de la situation, le tout avait été exécuté en un temps record! Bien qu’il était tard et que nous avions encore les courses à faire, nous avons pris la décision de partir tout de même, car j’avais comme objectif d’être dans le Pamir pour mes 31 ans (le 29 septembre).

Les courses pour presque 10 jours faites, nous nous sommes engagés sur la M41 direction frontière avec le Tadjikistan. Après deux heures de route, la fatigue commencait à nous gagner, donc nous nous sommes arrêtés pour camper à côté d’un bâtiment abandonné dans une vallée escarpée. Au menu : dumplings dans le bouillon et plusieurs verres pour célébrer une journée qui n’aurait pas pu mieux se dérouler malgré les circonstances.

Le Pamir: succès


Nous avons complété le Pamir avec succès et sommes maintenant à Dushanbe, capitale du Tadjikistan. N’ayant pas eu accès à l’internet durant les derniers 12 jours et très peu ouvert l’ordinateur pour écrire, il me faudra un certain temps pour publier toutes nos aventures (et il y en eu). Attendez-vous donc à beaucoup de publications dans les prochains jours/semaines.

D’Europe vers l’Asie Centrale – Partie 3 (le Pamir)

Demain débutera la troisième partie de notre périple, soit la route du Pamir. Officiellement la M41, elle est la deuxième route la plus élevée du monde et sa traversée prend plusieurs jours. Partant d’Osh au Kirghizistan et se rendant jusqu’à Mazar-e-Sharif en Afghanistan, elle est un lien commercial important entre la Chine et l’Asie Centrale. Nous l’emprunterons depuis Osh jusqu’à Dushanbe, capitale du Tadjikistan.

Pendant ce périple, pas d’internet et nous allons autant que possible tenter de vivre en autarcie sans toutefois s’empêcher d’acheter des biens dans les villages que nous passerons. Nous traversons des cols à plus de 5000 mètres par des températures oscillant autour du 0. À en juger par les photos et les dires de voyageurs l’ayant emprunté, les paysages y seront exceptionnels.

À l’origine, j’avais investigué cette route à l’été 2015 afin de la traverser à moto. Ne disposant pas de suffisamment de temps pour me rendre sur place, me donner les quelques jours d’acclimatation à l’altitude nécessaires et prévoir du temps pour gérer les impondérables, j’avais rangé ce projet dans le tiroir “rêves”. Un peu plus de deux ans plus tard, m’y voilà en compagnie d’Audrey.

On se revoit de l’autre côté!

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Camp dans la montagne – Osh, Kirghizistan

  • Date : 26 septembre
  • Départ : 11h00
  • Arrivée : 23h30
  • Température : soleil
  • Route : 2 voies, de bonne qualité générale
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La nuit n’a pas été de tout repos. J’étais assez isolé avec ma couverture et mon sac de couchage, mais dès que bougeais et me retrouvait à découvert, le froid me réveillait. Il faudra que je repense mon système. Dès que le soleil s’est levé, la température s’est remise à monter et c’est pas un temps frais et agréable que nous avons déjeuné et remballé le camp.

La route, ça se partage!

Tout allait pour le mieux, le paysage était magnifique et nous roulions à bon allure. Dans un tournant, un automobiliste nous signale de ses phares : attention police! Tout de suite après, la vitesse permise chute à 60 et rapidement nous obtempérons. Voyant notre plaque, le policier derrière le radar nous indique à la dernière minute de nous ranger. Je sors du véhicule et marche à sa rencontre. Celui-ci m’indique que nous roulions à 73, ce qui était complètement faux. Il me demande si je parle anglais. Je lui répond que non. Russe? non plus. Seulement français. Quand même, il me tend un cartable avec un message écrit dans la langue de Shakespeare. Le message est clair, mais je feigne de ne pas le comprendre: il m’informe que j’ai commis une infraction routière et que je dois laisser mon permis à l’agent. Une fois que j’aurai payé l’amende (de plus de 150$ imaginez) à une banque, la police me renverra mon permis à mon domicile. Justement me suis-je dit, j’ai une belle copie plastifiée de mon permis dans mon porte monnaie justement pour ce genre d’occasions. S’il veulent me la prendre, ce ne sera pas une grosse perte, mais comme l’amende n’était aucunement justifiée j’allais me défendre. Manifestement, ces policiers ne s’attendaient qu’à un pot-de-vin, car il arrêtaient systématiquement tous les véhicules qui passaient.

Fort de mes altercations avec la police Kazakhe, je leur ai donné tellement de fil à retordre qu’ils nous ont finalement laissés partir indemnes. J’ai commencé par encenser le Kirghizistan, après je leur ai dit que j’allais au Tadjikistan et que j’avais besoin de mon permis. Mon passeport? À l’ambassade pour un visa que j’allais ramasser à Osh. Mes lunettes de soleil Made in Italy? Je ne comprend pas. Tiens, l’amende venait de se convertir en une somme trois fois moindre payable sur le champ. C’est dommage par contre, j’avais dépensé tout mon argent kirghize pour de l’essence (juste au moment ou j’écris ces lignes, un pneu vient d’exploser, super!) J’avais quelques tengues. Vous voulez 10000? Ah non, il ne me reste que 500. Des euros? Plus rien. S’il vous plaît laissez-moi partir, je vous jure qu’à l’avenir je serais très respectueux des limites de vitesse. Exaspérés, ils ont finalement lâché le morceau. Victoire!

Ouch!

Deux heures de belle route de montagne plus tard, nous nous sommes arrêtés dans une halte avec pont pour manger et réviser la réparation de la ligne d’échappement qui recommençait à cogner contre la carrosserie. Ceci fait, le trajet s’est déroulé sans accrocs jusqu’à ce que vers 21h20 et à 50 kilomètres de notre destination, d’importantes vibrations venant de l’arrière se font entendre (et sentir!) Audrey nous arrête aussitôt sur le bord de la route et l’on se rend compte qu’un pneu s’est complètement déchiré. Décidément, ces routes sont un enfer pour la pneumatique. Une vis s’est logée dans le pneu et ce dernier s’est désoufflé trop vite pour nous nous en rendions compte. Une autre course à faire à Osh! Arrivé là, il nous a fallu galérer un peu pour trouver un hostel mais finalement, nous avons trouvé quelque chose de convenable. Une fois les affaires déposées, nous sommes sortis nous récompenser de bonne cuisine kirghize, similaire à celle du Kazakhstan, mais avec sa petite touche et plus variée.

Bishkek, Kirghizistan – Camp dans la montagne

  • Date : 25 septembre
  • Départ : 15h00
  • Arrivée : 19h00
  • Température : soleil
  • Route : 2 voies, généralement de bonne qualité
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Le jour du grand départ vers le Pamir était enfin arrivé et évidemment, il nous restait plusieurs courses à faire. Le bazar de Osh à Bishkek allait probablement nous permettre de trouver tout ce qu’il nous fallait à bon prix, notamment un peu de nourriture pour le camping de ce soir, des pantalons jogging pour moi et une couverture. Nous ne nous attentions pas à ce que le bazar soit d’une telle ampleur. On y trouvait littéralement de tout: de la nourriture aux télévisions. Étant novices en matière d’orientation dans l’endroit, il nous a fallu un bon moment pour dénicher les articles dont nous avions besoin. Nous étions aussi manifestement novices en ce qui concernait la sécurité, car à peine dix minutes après avoir rentré sur les lieux, Audrey a attrapé sur le vif deux hommes qui tentaient d’ouvrir son sac à dos. Nous voyant fouiller dans ce dernier pour voir si rien ne manquait, une vendeuse non loin nous a fait signe qu’il fallait éviter de les emporter dans le bazar. Très prudents pour la suite, nous avons portés nos sacs sur notre ventre.

Peu après, encore un passage à l’épicerie pour y acheter d’autres items manquants puis nous étions finalement en route. Voyant une pharmacie, Audrey m’arrête pour aller voir s’ils vendent des bouchons (l’hostel était bruyant). Pendant que j’attendais dans le stationnement, deux officiers de police sortent d’une voiture civile et s’approchent de moi. Bon, les emmerdes commencent déjà… La police au Kirghizistan, encore plus qu’ailleurs en Asie-Centrale, a la réputation d’être extrêmement corrompue et emmerdeuse, surtout envers les touristes. Quand les deux policiers m’ont demandé d’où je venais, je leur ai aussitôt répondu la France (ce qui n’est pas entièrement faux), car il s’adonne que le Canada n’a pas très bonne réputation ici. Les Kirghizes, d’ordinaire aimables et accueillants, font souvent la moue lorsque nous mentionnons notre contrée d’origine. La raison : une exploitation minière possédée par une compagnie de Toronto a été le théâtre d’importantes révoltes ouvrière, à la fois pour les conditions de travail misérable qu’elle leur imposait, mais aussi pour les dommages environnementaux qu’elle a causé. Selon notre guide, la mine représente à elle seule 12% du PIB du pays, il n’est donc pas étonnant que ses ingérences et agissements résonnent partout au Kirghizistan. Bref, quand l’un des deux agents m’a demandé mon passeport (je lui ai donné une photocopie bien sûr) et s’est rendu compte que j’étais canadiens, j’ai renchérit, que c’était la voiture qui venait de France. Heureusement, ces deux agents ne voulaient que sympathiser avec nous. Une fois la photo prise, il nous ont souhaiter un bon voyage et sont repartis de leur côté.

On nous avait dit que la route Bishkek – Osh passait par de magnifiques paysages. Quelques dizaines de kilomètres après Bishkek, nous avons atteint le pied des montagnes puis débuté une ascension qui nous a mené à un spectaculaire col à 3500 mètres. Après une descente de 1000 mètres, la route a débouché sur une vallée de pâturages parsemée de yourtes. Comme le jour tombait, nous avons piqué sur un chemin de terre pour nous trouver un petit coin à l’écart afin d’y passer la nuit. Déjà, la température était en chute libre et avoisinait le cinq degrés quand nous nous sommes mis à préparer le souper. Nous voulions faire de cette nuit de camping un test pré-Pamir afin de nous assurer que nous étions correctement équipés pour les nuits en montagne à venir. Une fois le souper consommé, nous n’avons pas fait long feu dans le deux degrés venteux de la vallée. Bien heureusement, l’habitacle de la voiture s’est avéré être un endroit confortable ou passer le reste de la soirée.