Route: route moyenne et route endommagée par les camions
Vers 5h30, il s’est mis à tonner. Vers 6h00 du matin, il était clair que l’orage allait nous tomber dessus. En temps normal, je serais resté bien au sec dans la tente en attendant que ça passe, mais au beau milieu de la steppe et potentiellement le point le plus haut des alentours, il fallait décamper. En cinq minutes, le camp était donc levé, tout l’équipement fourré pèle-mêle dans la voiture et nous étions en route. Ce n’était pas plus mal à notre avis, car nous étions loins d’avoir fait suffisamment de route la veille pour couper le trajet en deux portions raisonnables et avions donc devant nous notre plus grosse journée jusqu’à maintenant en terme de distance.
J’ai conduit le premier trois heures pendant qu’Audrey siestait. Lorsque plus en mesure de combattre la fatigue, je lui ai passé le volant pour m’assoupir. Deux heures plus tard, elle me réveille d’urgence, la police venait de nous coller. Apparemment, nous roulions 90 dans une zone de 70 et l’amende était de 27430 tengue, payable cash sur le champ. Louche. Audrey et moi avons donc décidé de jouer la carte du touriste qui ne comprend rien du tout et après cinq bonnes minutes à donner du fil à retordre aux policiers, ils ont abandonné le projet de nous extorquer de l’argent. Est-ce que l’amende était méritée? Aucune idée, mais nous nous serions attendus à un papier officiel et quelque chose qui se paye en ligne, à la banque ou au poste. Or, rien de tout cela ne nous a été présenté, laissant présager de la corruption.
Peu à peu, la steppe s’est changée en paysage désertique et ce même si nous longions les eaux turquoises du plus grand lac du Kazakhstan. L’état de la route a lui aussi suivi une évolution: de l’acceptable au désastreux. Peu de nids-de-poules, mais d’imposantes ornières. Heureusement, avec notre suspension toute neuve, pas une seule fois le dessous de la voiture n’a frotté le bitume et nous roulions à bonne vitesse sur une route dans laquelle nous n’aurions pas dépassé 30 km/h la semaine dernière. C’est tout de même curieux que l’axe routier principal du pays ne soit pas mieux entretenu. Vu la quantité de trains de passagers et de marchandise que nous avons passé, c’est peut-être parce que le fret et les humains voyagent préférablement par voie ferrée…
Arrivés à l’hostel vers les 21h00, nous nous sommes dirigés vers la cafétéria la plus proche car affamés. En grand besoin de nous dégourdir les jambes, nous sommes ensuite partis explorer un pan de la ville pour ne revenir que vers les 1h30 du matin.
Route: autoroute puis route deux voies avec bonne qualité de surface
Avec près de 1300 kilomètres jusqu’à Almaty, il nous fallait couper le trajet en deux grosses journées. Malgré nos meilleurs intentions, nous ne sommes pas parvenus à quitter l’hostel avant midi. Il faut dire que nous nous étions engagés dans des discussions plutôt intéressantes… Originalement, nous voulions passer par un lac qui parait-il est colonisé par les flamants roses en cette saison. Après analyse du trajet, nous avons réalisé qu’il nous aurait fallu la journée entière pour faire l’aller-retour. Nous nous sommes donc rabattus vers une autre visite, celle du petit musée régional de Karagandy où se trouvait une section sur l’énorme gulag qui existait jadis près de la ville.
Arrivé-là par une autoroute de bonne qualité (quoi qu’encore en construction [selon notre guide elle devait avoir été terminée pour l’exposition]), nous avons trouvé le musée sans trop de difficulté. S’y trouvait en même temps que nous un autre touriste d’origine autrichienne, donc nous avons partagé la visite avec lui. Malheureusement, la section sur le gulag n’occupait qu’une seule salle et n’avait aucun texte en anglais (pourtant présent dans le reste du musée), donc la visite s’est avérée un peu décevante. Après des petites courses, nous sommes sans trop de difficultés sortis de la ville.
40 kilomètres plus tard, peu après avoir fait un arrêt dans un cimetière Kazakhe (ils sont légions dans la steppe) puis un autre au monument aux victimes érigé sur le site même de l’ancien gulag, nous avons décidé de ramasser quelqu’un en auto-stop. S’en est suivi une bonne heure de discussion en anglais cassé et traductions Google, mais au final, nous sommes parvenus à échanger bien de l’information et réciproquement passer un bon moment. Nous nous attendions à ce que notre passager voyage au village suivant, mais il se rendait plusieurs centaines de kilomètre plus loin. Il nous a donc fallu patiner un peu pour lui faire comprendre que nous comptions camper à proximité de la route et devions donc lui fausser compagnie. Une fois le message passé, ce dernier nous a indiqué qu’il nous ferait signe lorsqu’un endroit propice se présenterait. Entre-temps, il nous a fait don d’un stylo, 200 tengue (80 cents) et d’une pâtisserie en guise de remerciement. Par la suite, il nous a laissé son numéro au cas où nous voulions de l’aide ou simplement passer le visiter. Je le dis et le redis, les Kazakhes sont des gens formidables. En fait, il était originaire du Kirghizistan, mais j’ose croire que cette hospitalité et cette amabilité est un concept généralisé à l’Asie-Centrale.
Arrivés à un embranchement de route, notre passager nous a fait signe d’aller nous installer par là et est descendu du véhicule. Il était moins une en fait, car le soleil était sur le point de se coucher et je ne sais que trop bien le genre de désagrément que peu engendrer la recherche de camping la nuit. Après deux kilomètres de route terreuse, nous avons piqué droit dans la steppe (avec notre nouvelle suspension, pas de craintes!) pour nous installer derrière une colline, à l’abris de la route et du village voisin. De là, nous sommes allés observer le coucher de soleil puis nous sommes cuisinés de bon dumplings dans un bouillon de boeuf pour souper.
Le soleil se couche vers 20h00, donc qu’est-ce que l’on fait pour tuer du temps jusqu’au coucher? On peut discuter certes. On peut aussi tenter de se rapprocher d’un petit groupe de chevaux sauvages qui broutent l’herbe non loin. Il est aussi possible de s’amuser avec de longs temps d’exposition afin de faire de la belle photo de nuit. Là j’avoue que l’on s’est gâté, car la lune était pleine et vous le verrez sur les images, les photos paraissaient avoir été prises en plein jour.
Encore une courte nuit, mais bon, je ne m’en plaindrais pas. De toute manière, la seule chose que nous avions à faire Audrey et moi était de retourner au même marché à pièces automobiles afin de nous procurer des bricoles du type essuies-glaces, plaquettes de freins, liquides automobiles, etc. Ceci fait, j’ai entrepris de remplacer les plaquettes moi-même à l’auberge pour finalement échouer car il me manquait un outil (spécifique à Volkswagen). Voyant que je peinais à remonter le tout, un Kazakhe a gentiment imposé son aide, compliquant la situation car lui n’avait pas la moindre idée de comment les freins fonctionnaient sur notre voiture. Heureusement, j’ai eu la présence d’esprit de repasser derrière lui et refermer la valve de purge du circuit hydraulique qu’il avait ouvert, un oubli qui nous aurait valu une panne de freins sur la route.
Cette petite mésaventure mécanique nous a valu une demi-heure de retard à l’exposition universelle, ce qui n’a pas manqué d’agacer d’Audrey (avec raison…) Cette fois-ci, nous avons débuté notre tour par le pavillon du Kazakhstan, de loin le plus imposant de l’exposition et devant lequel la file s’étirait une bonne heure hier. En forme de sphère et constitué de 8 étages magnifiquement aménagés selon les thématiques de l’énergie renouvelable, de l’espace, du soleil, de l’eau, du mouvement, de l’air et de la terre, il avait davantage l’allure d’un musée de science. Qu’à cela ne tienne par contre, ce sera probablement sa vocation post-exposition, car énormément d’effort a été investi pour en faire une expérience dynamique, engageante et instructive, le tout dans un environnement architectural splendide. Il nous a fallu une bonne heure et demi seulement pour le marcher. On nous avais d’ailleurs conseillé d’y passer la journée entière.
Lorsque nous sommes sortis donc, il ne nous restait qu’une petite heure pour visiter d’autres pays. Premier arrêt, la France, très orienté affaires, mais avec une salle très intéressante sur l’ITER, un réacteur à fusion (s’il est une énergie du futur, c’est bien la fusion). Finalement, l’Allemagne, l’un des meilleurs de l’exposition, à la fois très informatif, bien vulgarisé et divertissant grâce à sa présentation multimédia en finale. Malheureusement, nous étions le dernier groupe de la soirée, alors le personnel nous a pressé au travers du pavillon afin de pouvoir le fermer à temps. C’est avec un peu de regret que nous avons quitté le site. Tout compte fait, j’aurais aimé tous les visiter et prendre le temps de m’informer, mais pour cela il aurait fallu deux bonnes journées supplémentaire et pour cela, il aurait malheureusement fallu sacrifier du temps ailleurs au Kazakhstan. Comme certains le disent: voyager, c’est renoncer.
Nous nous attendions à passer plusieurs jours à Astana, mais c’était principalement pour réparer la voiture. Cependant, jamais nous n’aurions pensés l’apprécier autant. Tant par son architecture que par ses habitants, elle est probablement notre coup de coeur à ce jour et nous aurions pu aisément y passer davantage de temps, pas seulement pour visiter l’exposition, mais aussi pour se prélasser dans ses parcs, aller visiter d’autres de ses musées et faire la connaissance avec plus de voyageurs et de Kazakhes. Astana, comme ville artificielle, n’avait effectivement pas vraiment d’âme, mais elle était certainement en processus de s’en créer une. Est-ce que c’est un adieu donc? Je ne crois pas. Se développant à la vitesse du champignon, Astana est en bonne voie pour se positionner comme grande capitale du monde et devenir un centre d’affaire, de culture et de congrès pour cette région de la planète. Peut-être alors aurais-je l’occasion d’y remettre les pieds, pour le travail ou simplement pour refaire le touriste dans une Astana qui aura décidément beaucoup changé.
Debout plus tôt qu’Audrey, j’en ai profité pour travailler. Vers une heure, nous avons pris le bus direction le vieux Astana pour visiter le musée présidentiel, car ce genre de truc propagandiste m’amuse vraiment. Une fois sur place, un guide s’est gentiement offert de nous faire la visite en anglais (gratuitement, car un tel site se doit d’être accessible à tous). De salle en salle, nous en avons appris sur la vie du président Nazarbayev et de tout ce qu’il a fait pour la nation Kazakhe. Le tout bien sûr livré sur fond de culte de la personnalité. Le musée n’avait rien de spécial, mais l’information entre les lignes et le contexte dans lequel il avait été érigé, c’est à dire dans l’ancien palais présidentiel était pour le moins intéressant.
Le président, élu « démocratiquement » depuis l’indépendance du Kazakhstan, remporte systématiquement 95% des voix. À chaque suffrage, les organismes de surveillance internationaux décrivent de graves irrégularités, mais qu’à cela ne tienne, le peuple Kazakhe ne se barde pas trop d’avoir à sa tête une dictature camouflée. Avec un peu de raisons, car contrairement à bien d’autres endroits dans le monde, ils sont dirigés par un despote éclairé. Despote, car bien évidemment la liberté de presse dans le pays est quelque peu questionable et l’opposition politique systématiquement muselée, mais éclairée, car c’est probablement à Nazarbayev que le pays doit son essor économique post-URSS et l’augmentation drastique du niveau de vie. Secondement, un pays constitué par une mosaïque de peuples aurait-il pu, suite à l’effondrement du bloc et sans aucune culture démocratique aurait-il pu tout d’un coup magiquement s’entendre et fonder un état de droit gouverné par un parlement élu dans la plus totale transparence? Probablement pas, en tout cas, peu de congénères du Kazakhstan y sont parvenus de manière conclusive. Le président agi comme une force unificatrice. Comme de fait, sa décision de déplacer la capitale d’Almaty à Astana afin de la rendre plus centrale et ce faisant de briser les démarcations ethniques s’inscrit directement dans cette logique.
Sortis du musée, nous sommes passés dans un café où par pur hasard nous avons fait la rencontre de Ian, un Montréalais en voyage dans la région pour plusieurs mois. La discussion s’étant un peu étirée, nous sommes arrivés sur le site de l’exposition légèrement en retard sur notre planning, mais avec néanmoins suffisamment de temps pour faire quelques pavillons. Auparavant, passage au restaurant coréen pour bi bim bap et kimchi (beaucoup de pavillons ont leur propre restaurant où il se sert de la cuisine nationale). Une fois rassasiés par un repas bon mais cher (évidemment), nous nous sommes de suite dirigés vers le pavillon du Turkménistan, évidemment complètement propagandiste. Pour un pays surnommé la Corée-du-Nord de l’Asie Centrale, il fallait s’y attendre. Lorsqu’il ne parlait pas de projets complètement loufoques ou d’un niveau digne de première année universitaire, le pays vantait ses installations gazières et pétrolières (rappelez vous que le thème de l’exposition est l’énergie du futur…), son infrastructure ou encore le fait qu’Ashgabat, sa capitale, avait récemment reçu le record du monde de ville contenant le plus de bâtiments de marbre (car le marbre est un matériel de construction définitivement écologique et durable). Le tout expliqué avec le la rhétorique du type : « En cette ère de grandeur et de bonheur sous le bienveillant leadership du président des mesures révolutionnaires ont été implémentées dans l’optique d’assurer à la population les plus hauts standards de vie … » Alors pourquoi sommes-nous donc allés perdre notre précieux temps temps de visite dans un tel endroit? Et bien pour se photographier dans le pavillon afin de le montrer au personnel de l’ambassade lorsque nous irons demander notre visa: Êtes-vous allés à l’exposition universelle? Non? C’est dommage, le Turkménistan avait un super pavillon, voulez-vous le voir? Nous avons pris des photos.
Avec peu de temps devant nous, nous avons enchaînés avec l’Ouzbékistan (un peu comme le Turkménistan) la Finlande (très bien), Grèce (ne vantait que le tourisme), Géorgie (idem), Lettonie (intéressant), Vatican (de belles photos et de bien beaux mots, aucune solution concrète évidemment), l’Autriche (engageant, bien exécuté et ludique, peu d’informations par contre), les États-Unis (l’énergie du futur? It’s people and dreams! après on vous montre de la publicité pour General Electric), Vénézula (tourisme et pétrole).
Au retour à l’auberge, Audrey et moi étions assis à boire une bière non loin de la voiture quand Sven qui passait s’est joint à nous. Du même âge que moi, programmeur, passionné de moto d’aventure et il tient un blogue, disons que ça l’a cliqué jusqu’à quatre heures du matin. C’est pour ce genre de rencontres que je voyage et jusqu’à maintenant celles faites en Asie Centrale se sont avérés être à la hauteur de mes attentes. L’endroit oblige, on ne choisirait pas ce genre de pays comme première destination étrangère. Tous les voyageurs se trouvant ici on donc nécessairement un bon cursus et bien des histoires à conter. Sven quittait l’auberge le lendemain, mais nous allions certainement le recroiser, car il se dirigeait dans la même direction que nous, c’est à dire le Pamir.
Au matin, nous avions comme objectif de retourner à l’exposition, mais amochés de la veille, la matinée s’est plutôt déroulée à l’hostel à converser avec Sven, un Allemand venu ici à moto et John, un Écossais venu ici en voiture. L’histoire du pauvre John vaut que l’on s’y attarde (elle aurait pu nous arriver…) John faisait partie d’un équipe du rallye Mongol, un défi à visée caritative dont l’objectif est, en plus d’amasser des fonds pour de bonnes œuvres, de travers le continent européen et asiatique de Londres jusqu’à la Mongolie à bord d’une voiture d’une cylindrée maximale de 1.2L et d’une valeur de 1000 Livres sterling, donc une sorte de bazou (à l’image de la nôtre).
Plusieurs mois avant le grand départ John, mécanicien de formation, s’est affairé à sélectionner les deux véhicules de son équipe de 4, à les rafistoler et à les modifier en vue du rallye. Une fois lancés, ils ont traversé la Scandinavie, sont descendus par les pays baltes, la Pologne, l’Ukraine, la Moldavie, la Roumanie, la Bulgarie, la Turquie, l’Iran, le Turkménistan, l’Ouzbékistan, le Tadjikistan, le Kirghizistan et le Kazakhstan. Vous l’aurez deviné, John allait être une mine d’or d’informations pour Audrey et moi qui allions faire un trajet similaire mais à rebours. Il avait d’incroyables histoires à conter, notamment d’avoir arraché une roue avant entière en plein Turkménistan, faire 250 kilomètres à bord d’un camion pour finalement trouver une machine à souder alimentée par un génératrice branchée sur l’essieu d’un vieux camion, ressouder la suspension pour que la voiture roule, remorquer la voiture sur les pire routes pendant une journée entière jusqu’à Ashgabat la capital et finalement passer 4 heures à travailler au grinder un essieu fait pour un autre modèle de voiture afin qu’il puisse remplacer celui cassé par l’impact. Nos petites mésaventures de suspension pâlissent en comparaison. Personnellement, ce genre de problème aurait été bien au delà de mes capacités de mécano, mais en écoutant John, je me suis dit que quoi qu’il arrive à la Golf, l’option soudure vaudra toujours le coup.
À la frontière Russe, à une semaine de la fin du rallye et avant dernier pays, John s’est bêtement fait refuser l’entrée en Russie malgré un visa en règle alors que le reste de son équipe a pu passer sans encombres. Comme cerise sur le gâteau, il s’est aussi fait coller une amende. Naturellement, les Russes n’ont donné aucune explication sur le motif de leur refus. La course s’arrêtait donc ici pour John. Dévasté, il est retourné à Astana et à réservé le premier vol abordable vers l’Europe. Histoire de lui donner un peu de consolation, Audrey et moi lui avons partagé la sagesse de Ferenc, cet Hongrois habitué des frontières Russes rencontré au passage depuis l’Ukraine. Ferenc s’était lui aussi fait refuser l’entrée sans raisons valables et selon lui, c’était simplement les postes frontières qui, pour faire bonne figure envers les échelons supérieurs, gonflaient leur statistiques d’opérations en refusant au hasard des voyageurs afin de donner l’impression qu’ils faisaient du bon travail de contrôle. Imaginez si la même chose était arrivée à Audrey ou moi…
Profitant de toute l’expérience de John, nous l’avons abondamment questionné sur la route du Pamir. Il nous a rapporté que la partie Tadjike du trajet était dans un état désastreux, mais qu’il y était parvenu avec un voiture plus petite, plus basse et bien plus mal en point que la nôtre. L’endroit le plus difficile à traverser étant un passage à gué d’une rivière d’une profondeur d’une soixantaine de centimètres, mais qu’en reprenant ses mots: you’ll be fine. Sur la route, il y avait essence et magasins en quantité suffisante, mais il y faisait définitivement froid la nuit. Sven l’Allemand, qui se dirigeait lui aussi dans cette direction, écoutait attentivement la discussion, ajoutant que si nous ne passions pas la rivière, lui non plus n’allait pas pouvoir le faire, car la prise d’air de sa moto était plus basse que celle de la Golf.
Vers le milieu de l’après-midi, Audrey et moi sommes sortis visiter l’autre côté d’Astana. Après avoir passé le palais du Président et toute la plaza de bureaux officiels, complètement vide car nous étions un dimanche, nous avons fait un arrêt au théâtre national afin d’en admirer l’architecture. Vu qu’il s’y tenait un défilé de mode suivi d’un opéra, nous avons été contraints de nous contenter de l’extérieur et rebroussions le chemin quand un revendeur de billets nous a approché, tentant de nous refiler deux places à 5000 Tengue chaque (valeur réelle de 22000), offre que nous avons poliment refusés, aucunement intéressés par un tel spectacle. Une quinzaine de minutes plus tard, alors que nous nous apprêtions à passer un pont, ce dernier nous a ratrapé et nous a simplement fait cadeau des deux billets en terminant par un « Welcome to Kazakhstan ». Amusés par l’occasion d’aller pour la première fois assister à un défilé de mode ET un opéra, nulle part autre qu’à Astana, nous sommes donc allés réclamer nos places dans l’amphithéâtre où déjà, des mannequins habillés en Pierre Cardin défilaient devant le public.S’en est suivi de l’opéra Dorian Gray, chanté en Italien avec sous-titres Kazakhes et Russes, auquel nous avons coupé court, car la visite de la ville nous intéressait évidemment plus. De toute évidence, ces deux billets gratuits avaient bien été rentabilisés.
Passés de l’autre côté de la rivière, nous avons admirés les monuments qui s’y trouvaient, soit un parc, une obélisque, la grande mosquée d’Astana (toute neuve puisque bâtie en 2012) et généralement l’architecture grandiose de l’endroit, puis sommes rentrés à l’auberge. De là, John et moi sommes redescendus régler le problème de ralenti sur la Golf, débloquer la porte qui ne s’ouvrait plus depuis ma dernière intervention (oublié de rattacher un câble) et finalement diagnostiquer son problème, un contrôleur CAN inopérant, soit quelque chose de difficilement réparable au final. En bricolant, nous avons longuement discuté de voyage et de vie. Dommage que John quittait de Kazakhstan le lendemain. Possédant encore deux semaines de vacances, il aurait pu rester explorer la région en mode sac-à-dos, mais face à cette proposition, il avait répondu être dégoûté et désireux de retourner où les gens parlaient anglais. Totalement compréhensible de sa part…