Astana, Kazakhstan – John

Comme le récit sur la ville d’Astana est très long, je l’ai divisé en plusieurs parties (ça laissera plus de places pour les photos):

  1. Premier contact
  2. La Golf se refait une beauté
  3. Exposition universelle (partie 1)
  4. John
  5. Le musée présidentiel et l’exposition universelle (partie 2)
  6. Exposition universelle (partie 3)

Au matin, nous avions comme objectif de retourner à l’exposition, mais amochés de la veille, la matinée s’est plutôt déroulée à l’hostel à converser avec Sven, un Allemand venu ici à moto et John, un Écossais venu ici en voiture. L’histoire du pauvre John vaut que l’on s’y attarde (elle aurait pu nous arriver…) John faisait partie d’un équipe du rallye Mongol, un défi à visée caritative dont l’objectif est, en plus d’amasser des fonds pour de bonnes œuvres, de travers le continent européen et asiatique de Londres jusqu’à la Mongolie à bord d’une voiture d’une cylindrée maximale de 1.2L et d’une valeur de 1000 Livres sterling, donc une sorte de bazou (à l’image de la nôtre).

Plusieurs mois avant le grand départ John, mécanicien de formation, s’est affairé à sélectionner les deux véhicules de son équipe de 4, à les rafistoler et à les modifier en vue du rallye. Une fois lancés, ils ont traversé la Scandinavie, sont descendus par les pays baltes, la Pologne, l’Ukraine, la Moldavie, la Roumanie, la Bulgarie, la Turquie, l’Iran, le Turkménistan, l’Ouzbékistan, le Tadjikistan, le Kirghizistan et le Kazakhstan. Vous l’aurez deviné, John allait être une mine d’or d’informations pour Audrey et moi qui allions faire un trajet similaire mais à rebours. Il avait d’incroyables histoires à conter, notamment d’avoir arraché une roue avant entière en plein Turkménistan, faire 250 kilomètres à bord d’un camion pour finalement trouver une machine à souder alimentée par un génératrice branchée sur l’essieu d’un vieux camion, ressouder la suspension pour que la voiture roule, remorquer la voiture sur les pire routes pendant une journée entière jusqu’à Ashgabat la capital et finalement passer 4 heures à travailler au grinder un essieu fait pour un autre modèle de voiture afin qu’il puisse remplacer celui cassé par l’impact. Nos petites mésaventures de suspension pâlissent en comparaison. Personnellement, ce genre de problème aurait été bien au delà de mes capacités de mécano, mais en écoutant John, je me suis dit que quoi qu’il arrive à la Golf, l’option soudure vaudra toujours le coup.

À la frontière Russe, à une semaine de la fin du rallye et avant dernier pays, John s’est bêtement fait refuser l’entrée en Russie malgré un visa en règle alors que le reste de son équipe a pu passer sans encombres. Comme cerise sur le gâteau, il s’est aussi fait coller une amende. Naturellement, les Russes n’ont donné aucune explication sur le motif de leur refus. La course s’arrêtait donc ici pour John. Dévasté, il est retourné à Astana et à réservé le premier vol abordable vers l’Europe. Histoire de lui donner un peu de consolation, Audrey et moi lui avons partagé la sagesse de Ferenc, cet Hongrois habitué des frontières Russes rencontré au passage depuis l’Ukraine. Ferenc s’était lui aussi fait refuser l’entrée sans raisons valables et selon lui, c’était simplement les postes frontières qui, pour faire bonne figure envers les échelons supérieurs, gonflaient leur statistiques d’opérations en refusant au hasard des voyageurs afin de donner l’impression qu’ils faisaient du bon travail de contrôle. Imaginez si la même chose était arrivée à Audrey ou moi…

Profitant de toute l’expérience de John, nous l’avons abondamment questionné sur la route du Pamir. Il nous a rapporté que la partie Tadjike du trajet était dans un état désastreux, mais qu’il y était parvenu avec un voiture plus petite, plus basse et bien plus mal en point que la nôtre. L’endroit le plus difficile à traverser étant un passage à gué d’une rivière d’une profondeur d’une soixantaine de centimètres, mais qu’en reprenant ses mots: you’ll be fine. Sur la route, il y avait essence et magasins en quantité suffisante, mais il y faisait définitivement froid la nuit. Sven l’Allemand, qui se dirigeait lui aussi dans cette direction, écoutait attentivement la discussion, ajoutant que si nous ne passions pas la rivière, lui non plus n’allait pas pouvoir le faire, car la prise d’air de sa moto était plus basse que celle de la Golf.

Vers le milieu de l’après-midi, Audrey et moi sommes sortis visiter l’autre côté d’Astana. Après avoir passé le palais du Président et toute la plaza de bureaux officiels, complètement vide car nous étions un dimanche, nous avons fait un arrêt au théâtre national afin d’en admirer l’architecture. Vu qu’il s’y tenait un défilé de mode suivi d’un opéra, nous avons été contraints de nous contenter de l’extérieur et rebroussions le chemin quand un revendeur de billets nous a approché, tentant de nous refiler deux places à 5000 Tengue chaque (valeur réelle de 22000), offre que nous avons poliment refusés, aucunement intéressés par un tel spectacle. Une quinzaine de minutes plus tard, alors que nous nous apprêtions à passer un pont, ce dernier nous a ratrapé et nous a simplement fait cadeau des deux billets en terminant par un « Welcome to Kazakhstan ». Amusés par l’occasion d’aller pour la première fois assister à un défilé de mode ET un opéra, nulle part autre qu’à Astana, nous sommes donc allés réclamer nos places dans l’amphithéâtre où déjà, des mannequins habillés en Pierre Cardin défilaient devant le public.S’en est suivi de l’opéra Dorian Gray, chanté en Italien avec sous-titres Kazakhes et Russes, auquel nous avons coupé court, car la visite de la ville nous intéressait évidemment plus. De toute évidence, ces deux billets gratuits avaient bien été rentabilisés.

Panorama de la mosquée, Audrey s’était habillée pour l’occasion

 

Passés de l’autre côté de la rivière, nous avons admirés les monuments qui s’y trouvaient, soit un parc, une obélisque, la grande mosquée d’Astana (toute neuve puisque bâtie en 2012) et généralement l’architecture grandiose de l’endroit, puis sommes rentrés à l’auberge. De là, John et moi sommes redescendus régler le problème de ralenti sur la Golf, débloquer la porte qui ne s’ouvrait plus depuis ma dernière intervention (oublié de rattacher un câble) et finalement diagnostiquer son problème, un contrôleur CAN inopérant, soit quelque chose de difficilement réparable au final. En bricolant, nous avons longuement discuté de voyage et de vie. Dommage que John quittait de Kazakhstan le lendemain. Possédant encore deux semaines de vacances, il aurait pu rester explorer la région en mode sac-à-dos, mais face à cette proposition, il avait répondu être dégoûté et désireux de retourner où les gens parlaient anglais. Totalement compréhensible de sa part…

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *