Anuradhapura, Sri Lanka

Si proche de l’Inde le Sri Lanka, pourquoi ne pas aller y faire un petit tour? Logiquement, nous aurions même pu y aller en traversier. Les deux pays sont littéralement séparés par un petit 10-20 kilomètres de détroit. Or, bien qu’il y ait déjà eu un tel service, le seul moyen de s’y rendre de nos jours est par avion. Nous sommes donc partis de Chennai pour une heure plus tard atterrir au nord de Colombo, la capitale du Sri Lanka. Nous n’y avons même pas mis les pieds par contre, cela se fera au retour. Nous avons sautés dans le premier bus et sommes allés rejoindre le père d’Audrey à Anuradhapura dans le milieu nord de l’île. Comparé à l’Inde, le Sri Lanka est minuscule. Il est donc aisé de s’y déplacer.

La première chose qui nous a frappé en débarquant au Sri Lanka, c’était l’absence presque totale de tous ces désagréments si présents en Inde. L’endroit est propre et vert, la circulation est ordonnée et l’usage du klaxon raisonnable. On ne se fait pas non plus harceler constamment pour nous vendre n’importe quoi. Rafraîchissant… D’autant plus que j’aurais cru que le Sri Lanka allait être davantage plus miséreux que son gros voisin, mais en réalité c’est tout le contraire. Tous les indicateurs sociaux, économiques et environnementaux sont plus élevés ici. Qu’est-ce qui l’explique? La religion? La culture? L’organisation sociale? Des leaders visionnaires? Nous le découvriront sûrement…
Anuradhapura est une ancienne capitale de je ne sais plus quel empire. Autrefois un énorme complexe religieux et administratif, une bonne partie est aujourd’hui en ruine, mais plusieurs de ses immenses stupas et monastères bouddhistes sont encore en activité, notamment car c’est ici même qu’aurait été planté une bouture de l’arbre sous lequel le Bouddha aurait atteint l’éveil. C’est donc un endroit très fervent. D’autant plus que nous y étions lors d’une fête religieuse. La majorité des visiteurs étaient habillés de blanc et s’adonnaient à des actes de piété.
Le complexe était d’une telle taille qu’à la suggestion du père d’Audrey, nous avons loué des vélos. Un peu comme à Lumbini au Népal, nous nous sommes promenés de points d’intérêt en point d’intérêt, débutant par une immense stupa, largement plus large et haute que celle de Bodnath. Par la suite, nous nous sommes rendus aux ruines d’un gigantesque complexe monastique. Occupant presque un kilomètre carré, nous nous y sommes baladés un bon moment pour terminer par sa stupa. Encore une stupa? Oui, mais contrairement à toutes les autres, celle-là avait perdu son blanchiment à la chaux au cours du dernier millénaire pour ne montrer que sa surface de briques. Manquant de temps, nous avons piqué direct à l’arbre de Bouddha pour ne pas rater notre rendez-vous au restaurant avec le père d’Audrey. Rendez-vous auquel nous sommes de toute manière arrivés une bonne heure en retard, car il y a avait deux succursales du même restaurant en ville et nous attendions à la mauvaise…
Ce n’est pas de la petite stupa quand même…

Chennai, Tamil Nadu, Inde

Chennai (anciennement nommée Madras), 4e ville la plus populeuse de l’Inde, allait être notre première confrontation avec les mégapoles de cette nation. Or, depuis plusieurs jours déjà, d’autres visiteurs croisés sur notre route n’avaient que des  commentaires négatifs à son sujet. Et d’ailleurs, quand le seul argument qu’un guide de voyage parvient à trouver pour vanter une ville est la gentillesse de ses habitants, c’est un euphémisme pour indiquer qu’il n’y a pas grand chose à y faire. Des citadins sympathiques, il y en a partout et à peu d’exception près, ce n’est pas un critère qui permet de distinguer une agglomération d’une autre. Tout de même, nous avons l’esprit ouvert alors nous allions donner une bonne chance à cette ville.
Une fois revenus du tournage, nous sommes immédiatement ressortis après une courte sieste et sommes partis en quête d’une bière. Il nous a fallu une bonne heure et demi de marche pour en arriver au premier bar réputable de la ville. À la porte, on nous apprend que le code vestimentaire ne permet pas les pantalons courts. Deuxième endroit, trop cher, troisième endroit, idem. Finalement, on tente notre chance au TASMAC, le dispensaire gouvernemental d’alcool de l’état du Tamil Nadu. Parfois – comme à Madurai – il est adjoint d’une salle faisant office de bar. Dès la porte ouverte, un employé me réceptionne et me crie de partir. J’essaie de comprendre et finalement il me pointe Audrey; j’en comprend que c’est gentlemen seulement. Gentlemen mon oeil, dehors, c’est la déchéance la plus complète. Des tas d’Indiens se battent pour acheter leur dose à un pauvre comptoir protégé de barreaux métalliques et partent non loin la caler comme des junkies. Le sol est à ce point jonché de déchets que le béton en est caché  et partout dans les alentours, des gens saouls morts ou complètement bourrés. Pour vous en faire une idée, imaginez si tous les sans-abris de Montréal ne pouvaient acheter leur alcool que dans un seul magasin: voilà le TASMAC. Devant une manière si géniale de responsabiliser les gens face à l’alcool, pas étonnant que la population se plaigne autant et que le gouvernement tente de fermer ces endroits.
C’était donc mort pour le TASMAC. En fin de compte, nous sommes tombés sur un lieux aux prix et à l’ambiance potable, alors nous avons pu mettre un bouchon sur notre journée d’acting en regardant le cricket (et ne comprenant toujours pas le principe). Sur le chemin du retour, la de personnes dormant sur les trottoirs s’est avérée frappante. Tous des sans-abris?  Probablement pas, une bonne partie de ces gens doivent être venus de la campagne pour travailler et l’hôtel, ce n’est pas donné à tous. Comme autres représentants de la faune urbaine, les vaches. Profitant d’un répit dans le chaos routier, elles peuvent s’en donner à coeur joie dans les tas d’ordures. Vous croyez que ça mangeait de l’herbe les vaches? C’est ce qu’on leur donne oui, mais en réalité, qu’est-ce qu’elles ne feraient pas pour un tas de fruits pourris…

Heureusement, Chennai est située en bord de mer, alors ses habitants peuvent aller chercher un petit répit du bordel urbain. La plage est immense et même si l’ambiance qui semble y régner est analogue à celle dont nous avons fait l’expérience à Mahabalipuram, la foule est moindre. C’est d’ailleurs par là que nous sommes passés pour nous rendre au plus gros temple de la ville. Ce fut une déception, mais à la sortie nous sommes retombés sur nos voisins de table lorsque nous nous sommes payés la traite à un restaurant de Pondichéry. Ceux-ci se dirigeaient vers un festival de danse et de musique traditionnelles, alors c’est avec joie que nous les avons suivit.
Programme pour le deuxième jour, Fort George, une ancienne fortification du temps des Britanniques. Encore une fois, déception. L’endroit avait été investi de bâtiments gouvernementaux et à part un musée et une église, plus rien d’historique. Pour meubler le reste de la journée, nous avons faits maint détours par des petits quartiers pour tâter le pouls de cette ville frénétique. Le quartier du négoce du riz en vrac et autres épices/noix, un marché de pièces de machines et d’usinage (très photogénique) et finalement alors que nous approchions de l’hôtel, demi-tour à la vue d’une affiche annonçant un cirque non loin pour aller assister à une représentation.

Partout où nous passions à Chennai, les gens nous saluaient et venaient même nous serrer la main et prendre deux trois selfies. Un père à même tenu à ce qu’Audrey prenne sa petite fille, euh, correction, il l’appelait son fils mais devant notre incrédulité face à un enfant qui avait tout l’air d’être du sexe féminin, il a cru bon de tirer sa culotte pour nous donner la preuve biologique que l’on avait bel et bien affaire à un garçon habillé en fille. Tout ceci, c’est l’Inde, pas Chennai en particulier. La ville même s’est avéré être plutôt inintéressante et c’est sans regrets que nous l’avons quitté pour le Sri Lanka. Nous en gardons par contre un très bon souvenir…
 Tiens, ce marché de pièces de machines et d’usinage était si plaisant pour les yeux que je termine cet article en vous partageant de mes meilleurs clichés.









Mahabalipuram, Tamil Nadu, Inde

Le 26 janvier, c’est le jour de l’indépendance de l’Inde. Les transports, partie névralgique de la société, étaient opérationnels, alors nous avons pu nous rendre facilement jusqu’à Mahabalipuram, ville côtière célèbre pour ses vieux temples et sa plage. Jour férié oblige, les Indiens eux aussi étaient au rendez-vous.  Les sites archéologiques, de nombreux lieux de cultre millénaires creusés à même le roc, se sont avérés un peu décevants, partiellement en raison de la cohue et du prix exorbitant chargé aux touristes étrangers. La plage quant à elle s’est avéré être tout un spectacle.

La foule y était monstre. Ceci dit, cela ne faisait pas partie de nos intentions d’aller nous baigner, car l’endroit était souillé par dessus le marché. Mais de voir autant de locaux profiter de l’eau et d’un moment à l’extérieur de la ville était une expérience en soi. La plupart des gens se mouillaient tout habillé (ils sont prudes ces Indiens) et pour certains, cela semblait même être leur première journée à la mer.

Au retour de la plage, j’ai faussé compagnie à Audrey pour aller visiter quelques ruines par moi-même. À mon arrivée sur place, la lumière était déjà basse et dès les derniers rayons, le site s’est entièrement vidé et j’ai pu à mon aise m’amuser avec le mode longue exposition de l’appareil.

À nouveau auprès d’Audrey, alors que nous nous dirigions vers un restaurant, un Indien dans la cinquantaine bien mis et avec un anglais largement supérieur à la moyenne nous accoste et nous demande si nous serions prêt à figurer dans un film tamoule. Les repas seraient fournis et la compensation de 1000 roupies (20$) chaque. L’homme a été vague sur le rôle que nous allions jouer, mais de tout évidence, c’était celui de blancs de service. Après en avoir discuté pendant le souper, nous avons accepté l’offre. L’argent, on s’en foutais un peu, nous voulions seulement être certain que nous n’avions pas mieux à faire à Chennai, car nos jours y étaient comptés avant notre départ pour le Sri Lanka.

Tôt le lendemain, le chauffeur vient cogner à notre porte pour nous conduire sur le plateau. Avec nous, deux autres Canadiens. Arrivés sur place, on nous escorte jusqu’au dernier étage d’une tour de bureaux pour un petit déjeuner en vitesse puis nous redescendons deux étages plus bas. On apprend là que le scénario du film conte l’histoire d’un jeune professionnel dont le père, atteint de la maladie d’Alzheimer, disparaît de chez lui. L’équipe de tournage a investi des locaux de bureaux en location et on transformé l’endroit en une compagnie de développement logiciel fictive nommée One Soft. Rapidement, on nous fait enfiler des complets puis on nous retourne dans le lobby pour attendre notre tour. La première scène filmée sera celle du protagoniste arrivant dans les bureaux de la compagnie. Au loin, nous pouvions apercevoir le ballet scripté des figurants indiens affairés à leur ordinateur ou se déplaçant d’un cubicule à l’autre avec des dossiers.

Viens notre tour de faire les stars. On nous fait pénétrer dans un vaste bureau et asseoir devant des ordinateurs. comme si nous étions en réunion. La scène, qui sera reprise sous plusieurs angles, se décrit comme suit. Audrey, moi et Keiran (l’autre Canadien n’aura finalement pas été utilisé) sommes trois occidentaux en rencontre avec le héros du film pour discuter d’une possible fusion entre notre compagnie et la sienne. Pendant que celui-ci nous présente sa compagnie, il aperçoit une image (mentale? un cadre dans son bureau?) de son père disparu et fige. On se regarde tous l’air étonnés et Keiran demande à Audrey What’s going on?, elle répond I don’t know.  C’est tout. Le processus a dû prendre une bonne heure quand même, mais voilà réellement notre moment de gloire dans le cinéma international! Avec la quantité de prises de vues, il est à parier que nous passerons bien plus de temps à l’écran que dans le vidéoclip tourné au Tadjikistan.

Finalement, tout s’est déroulé plus vite que prévu et nous avons été déchargés en milieu d’après-midi. L’équipe nous a proposé de les aider à faire du doublage le lendemain, mais nous avons poliment refusé. De tout manière, avec nos accents francophones… En fait, les Indiens n’y voient (entendent…) que du feu. Comme le tournage se déroulait en banlieue de Chennai, notre prochaine destination, il a suffit d’un petit coup de taxi pour nous rendre à l’hôtel.

Puducherry (Pondichéry), Inde

Il a fallu un bon 7 heures de trajet et pas moins de 3 autobus pour rejoindre Pondichéry. Heureusement, le système de transport public indien est fiable, fréquent et relativement facile à naviguer. N’empêche qu’il n’est pas de tout repos, les chauffeurs conduisent comme des malades et l’Inde oblige, abusent de leurs klaxons surpuissants à tout va (à un moment, il nous a même fallu mettre des bouchons). Vu l’heure qu’il était lorsque nous avons posé nos affaires à l’hôtel donc, nous nous sommes contentés d’acheter quelques bières et d’aller les consommer en bord de mer.

Ça fait sud de la France un peu non?

Le lendemain, pas de gros programme. Voilà presque une bonne semaine que nous changions d’endroit à chaque jour, alors nous étions largement dû pour une pause. Pendant la journée, nous avons donc déambulés dans Pondichéry (Puducherry de son nom Tamoule) et baigné dans son charme de l’époque coloniale française. En frais de ville indienne, elle étonnamment propre et bien entretenue. L’influence de l’hexagone, toujours présente à ce jour sous la forme d’un consulat, d’un lycée, d’un institut et de divers autres partenariats doit y être pour quelque chose. Les noms de rues sont affichés dans la langue de Molière, certains locaux parlent la langue et les policiers portent le képi. Bref, Pondichéry semble fière de son passé colonial; je n’en dirais pas autant de Goa.

On sent l’influence française ici
Audrey et moi caressions l’idée de louer une moto à un moment de notre séjour ici. Elle ayant peu d’expérience et tous deux n’ayant pas conduits depuis plus d’un an, cela aurait été un suicide de louer deux machines et de nous jeter dans la circulation. Nous avons donc profité de notre deuxième journée à Pondichéry et du fait qu’elle est une ville relativement petite (2500000 habitants) pour louer une moto et casser la glace en vue d’un plus long périple. J’allais la conduire la majorité du temps, mais comptais laisser Audrey prendre les commandes un peu hors de la ville.
Voyez-vous le chaos?
Je n’aurai pas besoin de faire une description exhaustive de la circulation en Inde car le principe est bien simple: vu qu’il n’y a pas de signalisation (parfois des feux de circulation, mais ils sont là plupart du temps non fonctionnels) alors c’est chacun pour soi. En ce qui concerne les conditions, les routes sont bien bitumées, il y a énormément de traffic et c’est le plus gros qui a priorité avec les autobus au tout dessus de la hiérarchie. En deux roues donc, la conduite en Inde consiste donc en l’évitement constant d’une foule d’obstacles et de véhicules : vaches, chiens, piétons, quelqu’un roulant à l’inverse inverse, un autobus lancé à tout vitesse qui en double un autre en se foutant éperdument du trafic en sens contraire, quelqu’un qui s’engage sur la route sans regarder, etc. Les gens ici conduisent de manière purement réactionnelle  et se donnent aucune  marge de manœuvre en cas de situation imprévue, ce qui ne veut pas dire que j’allais faire de même, mais aussi défensive peut-être ma conduite, il y a une part de risque à accepter. Avant de partir des semaines entières à moto, il fallait que je me mouille un peu. Heureusement, la moto, ça ne se perd pas trop et même si le traffic est incroyablement chaotique ici, les motos ne roulent pas très vite et vu qu’elles consistent 80% du trafic, ça se gère.
De façon à donner un objectif à notre balade à moto, nous sommes allés jeter un oeil à Auroville, une agglomération fondée selon les principes de la philosophie de Sri Aurobindo, un sage hindou du siècle dernier. Y vivent aujourd’hui des étrangers venant d’une cinquantaine de pays ainsi qu’une bonne population indienne, le tout dans une structure sociale basée sur la durabilité, l’entraide, l’harmonie, (insérez ici des mots du lexique de l’utopie) et dans l’objectif de servir la grande conscience divine… Même si Auroville se prétend areligieuse, on ne peut pas s’empêcher de flairer l’esprit sectaire partout. Notamment dans le Matrimandir, un énorme monument entouré d’un splendide parc construit comme l’épicentre de la nouvelle conscience à venir et selon les volontés de “la mère”, une femme confidente d’Aurobindo et instigatrice du mouvement. Il faut dire que le monument en lui même, oeuvre d’architecture, était d’une beauté resplendissante, tout comme nombre de bâtiments des lieux. J’ai eu beaucoup de plaisir à parcourir du regard les plans d’urbanisation de l’éventuelle cité d’Auroville, qui rappellent les villes futuristes pensées par Buckminster Fuller ou imaginées par la science fiction des années 50. En somme, derrière les raisons un peu New Age et parfois loufoques établies comme principes directeurs et finalité d’Auroville, les moyens techniques qu’elle prend pour y parvenir sont quand même louables, design durable, énergies renouvelables, reforestation, etc. Même si leurs justifications spirituelles n’ont aucune résonance chez moi, je serai curieux dans le futur de voir comment le projet se développe.
Suite à une petite balade dans les alentours, nous sommes replongés dans le chaos urbain afin de ramener la moto avant la tombée du jour. Tout deux satisfaits de la journée et fiers d’avoir passé ce premier test haut la main, nous avons décidé de casser la tirelire pour le souper. Avec sa pléthore de restaurants français, Pondichéry était l’endroit parfait où se gâter d’un bon steak et discuter de voyage avec un couple français assis à une table voisine.

Thanjavur, Tamil Nadu, Inde

Le bus de nuit, ça suffit pour un temps. Histoire de couper la route jusqu’à Pondichéry en deux, Audrey à proposé un passage par Thanjavur, autre ville de l’état du Tamil Nadu célèbre pour … son temple.

Aussitôt sur place, nous avons rapidement déposé nos affaires puis nous sommes dirigés vers le temple, car le jour tombait et le soleil en allait bientôt être à ses dernières lueurs. Situé dans une grande cour ouverte et bien plus sobre que celui de Madurai, le temple de Brihadishwara n’en était pas moins imposant et spectaculaire. D’entre les deux c’est celui que nous avons préféré. D’une part car mieux entretenu, mais aussi dans sa disposition et il faut se le dire, son bien plus faible achalandage.
Audrey avec son fan club

Comme à l’habitude lorsque nous visitons des lieux publics, il nous a fallu satisfaire notre fan club indien. Un peu plus tard, alors qu’Audrey et moi étions assis pour prendre une photo longue exposition du temple. Quelques uns d’entre eux avec qui nous avions pris des selfies un peu plus rappliquent et viennent s’asseoir à nos côtés pour engager la conversation et faire connaissance. Au moyen d’un anglais rudimentaire, nous avons compris qu’il venait de Coimbatore, qu’il était imprimeur et qu’il était marié depuis 8 ans avec sa femme qui elle, s’occupait du foyer. Bien malheureusement, toujours pas de progéniture. Ce couple, qui devait avoir notre âge, s’est montré très curieux et pendant une bonne demi-heure, les avons entretenus de choses simples comme nos familles, le climat, notre voyage, etc. Les Indiens, quand ils n’essaient pas de nous vendre un truc, sont très sympathiques. L’Inde est un pays si vaste et si populeux que bien que très visité, nous nous retrouvons souvent à être les seuls occidentaux dans le décor.

 
Audrey et moi avons depuis longtemps développé l’habitude de ce genre de petites conversations. L’expérience n’est jamais très enrichissante pour nous au niveau personnel, mais nous ne perdons jamais de vue que nous sommes ici invités chez eux. Nous allons peut-être croiser des millions d’Indiens, eux ne verront certainement que quelques touristes dans leur vie, alors il est important de se montrer ouverts, aimables et respectueux.
 
Sortis du temple, il faisait faim et soif alors suite à bien bon repas végétarien (le sud est surtout végé) agrémenté de pâtisseries indiennes comme dessert, nous avons déambulés dans la ville en quête d’un débit de boisson. L’alcool est très réglementé dans l’état du Tamil Nadu et entre des bars d’hôtel très coûteux ou les dispensaires gouvernementaux super louches, il existe peu d’alternatives. Hier à Madurai, nous nous étions rabattus sur cette dernière option et avions été relativement surpris d’y trouver une terrasse animée mais contenue où la populace (entièrement masculine) savourait sa bière accompagnée de salade de fruit (j’ai tenté la chose, ce n’est pas une découverte). À Thanjavur, rien de tel, pendant qu’Audrey attendait dans la rue, j’ai pénétrer dans l’enceinte faisant office de bar pour y trouver une centaine de mecs bourrés autour de tables jonchées de déchets, pour ne pas parler du sol et de la forte odeur d’urine. Dois-je ajouté qu’il ne s’y trouvait aucune demoiselle? En retrouvant Audrey, je lui ai indiqué qu’il valait mieux passer cette fois et aller dans un bar aseptisé d’hôtel. Ma tolérance pour le risque est plutôt élevée alors quand la petite voix me dit que c’est dangereux, je l’écoute. Est-ce qu’il nous serait arrivé quelque chose? Certainement pas, les Indiens sont assez respectueux et il est sûr que si un d’entre eux avait franchi une ligne, il se serait fait casser la gueule par les autres. Ce qui se serait définitivement passé cependant, c’est vingt gars désinhibés et très avenants voulant faire connaissance avec nous. Rencontrer les locaux dans la convivialité d’un temple ou d’un restaurant, n’importe quand. Là? Non.
Trouvez la blanche