Saint-Bruno-de-Montarville, QC – Nashville, TN

Pour se rendre au Mexique, il faut traverser les États-Unis (duh!). On peut le faire par plusieurs chemins par contre. Audrey et moi nous sommes dis que tant qu’à passer au travers de ce gros pays en voiture, ça valait la peine de le faire par des endroits moins visités, comme le Tenessee, la Virginie Occidentale, l’Arkansas et l’Okhlahoma. Le trajet le plus court nous faisait passer la Louisianne entre autre, mais valait mieux la conserver pour un autre moment (genre un petit voyage au sud quand l’hiver commence à se faire long). Également, notre temps aux États-Unis était compté car pour passer la voiture du Panama à la Colombie il allait falloir la mettre dans un conteneur (vous allez en entendre parler de plus en plus au fil des publications suivantes) et le bateau quittait dans environ un mois.

En route

 

 

Saint-Bruno à Baltimore
Jour 1

Notre premier arrêt a été Baltimore pour descendre au niveau de la Virginie Occidentale et en profiter pour aller dire bonjour à l’un de mes amis qui y vit depuis 10 ans. Rien de trop intéressant dans la succession d’immenses autoroutes bouchées qui nous font passer par New York et Philadephie. Le lendemain, nous nous sommes enfoncés vers l’ouest dans les collines verdoyantes de la Virginie Occidentale. À la tombée du jour, un sympahtique camping officiel s’est présenté à nous et nous avons décidé de nous y arrêter. J’aime bien camper dans le paysage, mais on nous a déconseillé de le faire dans cet état, où apparament les gens sont très protecteurs de leur territoire (et armés). Je pense que l’avertissement est nettement exagéré et le fruit du climat de peur dans lequel on baigne en ces temps moderne mais bon …

Baltimore à Elkins
Jour 2

Camping en Virgine de l’OuestCeci dit, il y avait du bois à vendre donc on s’est fait un bon feu et avons profité de notre premier souper de bivouac et nuit en tente. L’expérience a toutefois été légèrement gâchée par deux chats extrêmement insistant qui n’ont finalement compris qu’on avait rien à leur offrir quand je me suis décidé de les chasser à coup de chaises de camping (j’y suis allé doucement).

Les collines de la Virgine de l’Ouest

Halte routièreRéveillés tôt, nous avons pris la route vers Nashville. Une fois sortis des collines, le paysage a perdu de son relief pour laisser place à l’agriculture. Le rythme s’est accéléré et rapidement nous avions traversés le Kentucky et une partie du Tennessee pour aboutir à Nashville.

 

Mon nouveau bureau !
Jour 3

 

Introduction – Partie 1: Objectif Patagonie

Sept années après notre précédent périple de un an (notamment en Asie Centrale), le temps est à nouveau venu de repartir à l’aventure.

Les souvenirs qu’il me reste du précédent départ sont empreints de fébrilité et d’excitation. Oui, il y a eu quelques moments plus stressants en lien avec l’achat d’un véhicule en France mais en somme, ma mémoire ne me rapelle aucune grande difficulté. Notre vie au Québec, nous l’avions entièrement stockée dans un entrepôt et c’était tout.

Les années ont passées et sans grande surprise nous sommes devenus plus adultes, ce qui amène son plus de responsabilités (et plus de possessions). Une fois l’appartement sous-loué, il a fallu plancher dur sur le chalet pour le préparer à la location. Ceci sans négliger mes responsabilités (à degrés divers) envers trois entreprises. Bref, j’ai eu l’impression qu’une force intangible était en train de m’éjecter de cette vie vers une autre, que mon navire existentiel était en train couler et qu’il fallait que je sauve un maximum de meubles. Conséquemment, je n’ai que peu savouré l’anticipation du grand départ. De plus, il allait m’être impossible (contrairement à Audrey) de complètement décrocher. J’allais devoir mettre quelques heures par jours sur divers projets donc j’entrevois la prochaine année comme celle de nomade digital, vie que j’ai vécu de 2011 à 2014 et où besogne et voyage se fusionnent pour devenir un style de vie.

Je ne suis pas en train de me plaindre par contre. Nous savions très bien dans quoi nous nous embarquions; nos multiples listes de préparatifs ne manquaient pas de nous rappeler. Un départ bien préparé allait nous assurer une tranquilité d’esprit une fois partis. La réalité et la fébrilité des grands voyages allait nous retrouver à quelque part sur la route, c’est garanti.

 

Ce coup-ci donc, l’objectif pour la première partie du voyage était de partir de Québec pour se rendre en voiture jusqu’en Patagonie au sud de l’Amérique du Sud. Cette idée avait je crois pris sa source à quelque part dans l’Himalaya en 2017. On aime bien les road-trips faut croire. L’objectif de la deuxième phase est beaucoup plus nébuleux. Océanie ? Afrique ? Asie ? La seule certitude: nous allions terminer tout ça au Japon (comme la dernière fois).

Ambitieux périple de plusieurs dizaines de milliers de kilomètres, se rendre en Patagonie est une expédition qui prend normalement un an du Québec. En traversant les États-Unis, le Mexique et l’Amérique Centrale rapidement, je suis convaincu que six mois allaient être largement suffisants. Si jamais après 6 mois nous étions encore sur notre faim, l’option de rester en Amérique du Sud était encore sur la table.

Si l’on se fie aux images que l’on croise sur les réseaux sociaux et les blogues de voyage, il allait également nous falloir un gros campeur 4×4. Cependant, notre expérience en Asie Centrale nous a prouvé que l’on s’en sort très bien avec un véhicule normal et que vu la situation de sécurité largement moins bonne en Amérique, c’était même à mon avis plus souhaitable de passer sous le radar. Un gros Mercedes tout terrain, c’est comme se promoner avec un gros signe “Je suis un touriste, venez me voler”. Qui plus est, nous allions faire un allez-simple et importer un véhicule en Amérique du Sud n’est pas une mince affaire. Soit on le vend à un autre voyageur, soit c’est la casse. Dans ce dernier cas, nous n’allions pas vraiment récupérer l’argent investi pour acheter la voiture.

Notre choix de voiture initial s’était donc arrêté sur notre vielle Subaru Outback 2010. Ancien véhicule de la grand-mère de Audrey, elle même grande voyageuse, l’idée qu’elle aille finir son existence au terme d’une grande aventure plaisait à notre esprit. Notre Outback est une voiture spacieuse que je connais bien (au niveau mécanique). Les gros moins par contre, c’était qu’elle avait 326 000 km au compteur et que même si la marque était présente dans tous les pays que nous allions traverser, elle restait quand même rare (parfois un seul concessionnaire dans la capitale). J’étais bien consient que nous étions à la merci d’un bris fatal qui allait nous forcer à poursuivre en sac-à-dos, mais jusqu’à la toute dernière minute j’ai eu confiance en sa capacité de nous amener à destination. Ceci jusqu’à ce qu’elle se mette à surchauffer en montant le Massif entre Baie-St-Paul et Québec. Après plusieurs heures de recherche et d’analyse, tout portait à croire que le joint de culasse (lequel ? cette voiture en a 2) fuyait et qu’il s’inflitrait des gaz d’échappement dans le système de redroidissement. C’était de toute évidence une fuite à bas bruit et la voiture roulait encore très bien pour peu qu’on la surveille, mais les chances d’une panne majeure (genre, en Bolivie dans les Andes, perdus entre deux cols) étaient devenues trop élevées à mon goût.

Prêts au départ

À quelques jours du grand départ, il a donc fallu que je trouve un nouveau véhicule. Cette fois-ci par contre, nous allions pouvoir en choisir un qui serait économique et facile à réparer dans le Sud. Notre choix s’est donc arrêté sur un Pontiac Vibe 2005 (en fait une Toyota Matrix avec le signe du défunt constructeur américain [et la Matrix est à toute fins pratiques une Corolla avec une carosserie différente]) avec 194 000 km au compteur et acheté pour la modique some de 2500$. Le véhicule avait été exceptionnellement bien entretenu (antirouille annuel) et nous offrait climatisation (un must pour les contrées chaudes) et régulateur de vitesse (un must aussi pour la jambe opérée de Audrey). Elle n’est pas aussi spacieuse que la Subaru Outback, mais dans l’urgence on peut quand même coucher à l’intérieur. Malgré tout par contre, j’ai quand même passé plusieurs jours à le préparer et à régler tout les petits bogues qu’une voiture de cet âge a nécéssairement. Les étriers avant ont été changés car ce n’était qu’une question de semaines avant qu’ils ne brisent. J’ai installé un radio moderne et inspecté et rattaché tous les petits caches de plastiques qui avaient perdus leurs fixation. Lors de deux voyages à la casse automobile, j’ai ramassé en plus d’autres pièces fusibles, relais et ampoules pour couvrir les petites pannes électriques. Le seule problème qui m’ait vaincu a été celui du système d’airbag qui persiste à donner des codes d’erreur malgré plusieurs tentatives de le réparer. Ça l’attendra l’intervention d’un garagiste dans le sud des États-Unis, où les pièces usagées vont être moins rouillées et plus faciles à extraire.

Récupérer des pièces usagées

Une fois la voiture en ordre et tout le matériel chargé (rien d’extravaguant comme organisation, tout rentre dans le coffre), j’ai tenu à ce que l’on reporte notre départ d’une journée afin profiter de la vie et de compagnie de mes parents. La charge mentale des derniers jours avait été conséquente et j’avais besoin de faire un peu le vide pour partir l’esprit un peu léger. L’idée de se poser un peu n’a pas déplu à Audrey, qui avait elle aussi trimé dur dans les derniers jours (notamment avec les assurances qui nous ont bien compliqué la vie).

Parlant d’Audrey, elle sera auteure invitée sur ce blogue alors vous pourrez sporadiquement lire sa belle plume et sont regard plus philosophique sur l’expérience que nous nous apprêtons à vivre. En ce qui me concerne, vous connaissez mon style.

Finalement donc, nous sommes partis avec plusieurs jours de retard sur notre planification, mais nous sommes partis prêts pour l’aventure, l’esprit en paix. Le matin du départ nous nous sommes tous deux réveillés avant notre alarme. Fébriles, nous avons pu goûter au vertige existentiel qui précède ce genre d’aventure.  Aventure dont au au fil des prochaines publications, nous vous partagerons des bribes et des pensées.

Bonne lecture !

En route !

Le sud de l’Italie

Vieste, Les Pouilles

Un bon casse croûte
Un bon casse croûte de fruits de met

Finalement, nous nous étions plutôt écartés de notre chemin en montant vers San Marino. La journée aura donc été passée en majeure partie du l’autostrade à pleine vitesse vers le sud. Suffisamment avancés, nous sommes sortis pour reprendre le chemin en bordure de mer Adriatique. C’était dimanche et il y avait passablement de la population sur la côte. Ce ne semblait pas être des vacanciers par contre, mais plutôt des Italiens des terres venus profiter de l’air frais marin. Frais je dis, car la température avoisinait les 15 degrés et le temps nuageux. La haute saison n’était définitivement pas débutée. La côté, saturée d’espaces de camping, d’hôtels et de condominiums, jouissait d’un calme relatif avant la tempête estivale, où près de la moitié de l’Europe allait se retrouver aux abords de la Méditerranée.

Audrey et moi nous sommes remémorés avec sourire cette nuit passée en Croatie à Sibenik il y a près de 6 ans en pleine saison haute, encastrés entre trois caravanes, tentés sur un misérable et coûteux espace de camping.

Vieste
Vieste dans la grisaille

Vieste
Trouver l’hostel à Vieste

Parlant de Croatie, il paraît que la petite bourgade où nous allions passer la nuit, Vieste, avait des airs de Dubrovnik. Pas fâchés d’y être arrivés car même si les derniers kilomètres à slalomer dans la forêt n’avaient pas été désagréables, les heures passées à conduire dans les villes balnéaires et leurs routes rectilignes commençaient à devenir monotones…

Vieste
Dans la vielle ville

Vieste n’a finalement pas déçu. On explore rapidement son coquet petit centre historique, mais l’endroit est charmant et il a fait bon y déguster un Apérol Spritz après autant de route.

Lecce, Les Pouilles

Il paraît que le sud de l’Italie est plus pauvre que le nord. À en juger par le délabrement des infrastructure, les ordures et la prostitution de bord de chemin, ça semble définitivement être le cas. La pluie était au rendez-vous en plus. On a donc tracé vers Lecce, ville majeure de la région des Pouilles (le talon de la botte) et valant le détour à ce qu’il parait. Par chance, Lecce semblait épargnée par la mauvaise météo qui régnait partout ailleurs au pays. Comme précédemment, la routine s’est mise en marche dès l’arrivée. On laisse les sacs, on explore autant que possible avant la tombée du jour, on mange et puis on explore encore plus.

Le centre historique de Lecce, quand même imposant et tout de pierre beige avec un style baroque plutôt particulier est fort intéressant à arpenter. Dommage que je n’aie pratiquement aucune photo présentable de l’endroit. En bonus, un bon restaurant déniché par Audrey qui se spécialise dans la cuisine locale. Moins sophistiquée que celle du nord car issue d’une Italie historiquement plus pauvre, elle est largement à base de féculents et d’ingrédients modestes.

Lecce

Sortis plutôt tard de notre festin, nous nous sommes assis dans un parc avec une bière achetée au kebab du coin. La discussion de la prochaine heure allait être animée. Le temps avec la voiture file, l’Italie est en fait plus grande que ce qu’il n’y paraît (lisez : on veut en faire trop) et la température joue contre nous. L’organisation du voyage devait être changée.

Le plan en quittant Rome était de profiter de la voiture 5 jours, de la laisser à Reggio, puis de passer 3-4 nuits en Sicile, de prendre le traversier de nuit pour se rendre à Naples et puis de là aller sur la côte amalfitaine. C’était trop. La décision fut prise de laisser tomber la Sicile afin de relâcher la pression un peu.

Matera, Basilicate

Dans un café italien
Un espresso pour la route

Matera est un must de la province de Basilicate. Ville inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO, des millénaires d’occupation humaine on laissé dans les parois rocheuses du canyon où la ville se situe un impressionnant réseau de ruelles et d’habitations taillées à même le roc.

Alberobello
Alberobello

Avant d’y arriver cependant, nous avons effectué deux petits arrêts dans la vallée d’Istrie avec ses plantations verdoyantes, ses maisons particulières et ses villages perchés sur le dessus des collines. Alberobello aura retenu notre attention pour sa vielle ville totalement bâtie de Trulli, ces petites structures côniques qui parsèment le paysage de la vallée.

À Matera, la décision a été prise de casser la tirelire pour se payer un hôtel avec un minimum de vue sur la vielle ville. À en juger par les photos, vous constaterez que nous avons pas été déçus. Le coup d’oeil était splendide, tout comme les plusieurs heures de balades dans les deux Sassi, noms donnés aux quartiers à flanc de roc (et dont nous n’en voyons qu’un seul sur la photo).

Vue de notre hôtel
Pas mal comme vue

Tel a été notre enchantement d’ailleurs que nous avons prolongé notre séjour d’une nuit (devant au passage passer d’une chambre normale à une suite) et avons reporté la date de retour de la voiture de deux jours.

Vue d`un Sasso
Vue d`un Sasso

Dans un Sasso
Dans un des deux Sasso

La journée a été passée à marcher de l’autre côté du canyon et à s’imprégner de l’endroit tout en sirotant cafés et spritz sur ses petites places. Tant qu’à se gâter, on est même y allés à fond pour le souper avec une étoile Michelin chez Vitantonio Lombardo en mode cuisine locale réinventée sur 7 services. Les gastronomes en nous furent comblés. On adore la haute cuisine. Là c’était une coche supplémentaire à ce à quoi nous sommes habitués.

Les deux Sassi de Matera
Les deux Sassi de Matera

Cosenza, Calabre

Après deux jours de luxure à Matera, il était temps de reprendre la route vers le sud. Avec deux jours supplémentaires de locations de voiture, les options étaient nombreuses. Le centre de l’Italie est riche en relief et en route intéressantes alors c’est la direction que nous avons prise.

Castelmezzano
Castelmezzano

Une ruelle de Castelmezzano
Une ruelle de Castelmezzano avec sa Vespa … très italien

Encore une fois, la météo n’était pas de notre côté. Il faisait froid et le ciel était plutôt variale. Cela ne nous a pas empêcher de profiter d’un paysage fort montagneux et de faire un petit arrêt pour une marche dans le village de Castelmezzano. Les villages italiens ont tendance à être construit en hauteur. Logiquement, on s’installe dans les vallées pour avoir accès à l’eau, mais j’imagine que la protection offerte par le relief était plus importante à une époque où le pays était constitué de petits royaumes belliqueux. Fait particulier, Castelmezzano est relié à sa voisine sur l’autre pic par une tyrolienne de plus de un kilomètre. Malheureusement, l’attraction n’était pas ouverte lors de notre passage.

La vielle ville de Cosenza
La vielle ville de Cosenza

Après plusieurs heures de chemins tortueux, nous avons aboutis à Cosenza, ville d’importance régionale de Calabre. Apparemment, son vieux quartier possédait un certain charme propre au sud de l’Italie évoquant la dolce vita. L’expérience fut tout autre. Peut-être jadis pittoresque, c’est aujourd’hui un lieu malaisant de bâtiments à moitié en ruine et de ruelles jonchées de gravats et d’ordures. Pourtant, la majeure partie des édifices semblent encore habités et il était fréquent de croiser des immeubles dont plusieurs étages étaient délabrés tandis que certains autres illuminés. L’ambiance était d’un glauque que nous nous attendions pas à croiser dans un pays du G7.

Bova, Calabre

L’objectif de la journée n’était pas différent de celui de la veille, continuer à descendre et explorer la région. Audrey en avait quand même sa dose des routes tortueuses alors nous avons plutôt choisis d’emprunter le bord de mer. Pour ma part, j’avais un objectif cette journée là. Il existait selon le guide un village entièrement abandonné au détour d’une route mineure tout au sud du pays. Est-ce qu’on aurait pu trouver quelque chose de plus édifiant à visiter? La Calabre, région quand même pauvre du pays, n’offre à ce qu’il paraît pas grande attraction outre des plages et du soleil que les gens du nord viennent fréquenter lors de leurs vacances.

La route en bordure d’océan n’avait rien d’intéressant, mais les choses on commencer à prendre une tout autre tournure une fois que nous avions bifurqué dans les montagnes. Le terrain est tout de suite devenu très accidenté et escarpé et le chemin que nous suivions s’est rétréci pour ne devenir qu’une voie en lacets serrés, jonchée de pierre et de débris avec certaines sections carrément effondrées.

Route vers Roghudi
Les routes étaient dans un sale état

Nous avons passés deux petites localités encore occupées (mais manifestement en déclin) avant d’arriver à Roghudi. Bâti sur un éperon rocheux, le village était autrefois habité par des centaines de personnes. Suite aux inondations de 1971, l’endroit est devenu inhabitable et sa population a été relocalisée sur la côte. Il ne reste aujourd’hui que des maisons en ruine avec de vieux volets claquant au rythme de la brise montagnarde. À l’entrée de la ville, un appartement apparaît encore logé et l’église est manifestement entretenue.

Roghudi
Arrivée à Roghudi

Roghudi
Roghudi

Les lieux abandonnés ont un je ne sais quoi de mystérieux et d’unique. Au fil du temps, leurs formes s’effritent à mesure que la nature exerce à nouveau son influence sur les créations de l’homme. L’atmosphère qui s’en dégage me remplit d’humilité à tout coup. Ces maisons, autrefois la fierté de leurs propriétaires, s’écrouleront une à une pour qu’éventuellement, toute trace de vie ici soit effacée par l’irrémédiable effet du temps. Il se dégage de ce mandala de mortier et de brique une importante vérité : tout est temporaire et dans l’absolu, rien n’a d’importance.

Notre destination pour la nuit était la ville de Reggio Calabria, l’endroit où nous devions retourner la voiture et une grosse agglomération sans grand intérêt. En redescendant vers la côte par cette route qui n’aura pas manqué de nous donner de l’adrénaline, nous avons passé un autre de ces pittoresques villages perchés sur un sommet. Quelques kilomètres passés, je m’arrête et lance l’idée de voir s’il n’y a pas un bed & breakfast dans les environs car de toute évidence ni moi ni Audrey n’étions motivés à passer la nuit à Reggio.

Bova au loin
Bova au loin

Avoir l’internet dans sa poche à l’étranger enlève définitivement une part d’aventure et d’inconnu lorsqu’on voyage mais pour certaines occasions, c’est fort pratique. En quelques secondes j’avais trouvé un endroit où passer la nuit à Bova, nom de la ville que nous venions de passer. Son propriétaire, tout à fait accueillante, nous expliquera qu’en réalité, les habitants de la région parlent grec et son issus d’une immigration qui devance l’existence de l’empire Romain. Quelle excellente idée que de s’être arrêté passer la nuit ici. L’ambiance était tout autre et les gens charmants. La ville est en fait constituée de ruelles et d’escaliers pavés inaccessibles aux voitures. Après un copieux repas dans un fantastique petit restaurant de cuisine locale où tout était concocté avec les ingrédients de l’endroit, nous avons passés quelques temps à discuter avec un couple britannique qui possède une maison et une oliveraie dans Bova. Arrivés ici pour la première fois il y a plus de 20 ans, le coup de foudre a été tel qu’il sont venus y installer leur résidence secondaire.

La vue de notre chambre à Bova
La vue de notre chambre à Bova, pas trop mal

Une fois sortis du restaurant, il nous a pris l’envie de braver le vent qui se levait pour monter jusqu’au belvédère qui surplombe le village. Un chient errant prénommé pour l’occasion Umberto et au bon tempérament nous a servi de guide jusqu’au sommet et de retour jusqu’à notre chambre (on a au passage eu une petite pensée pour Ramon, cette chienne avec qui nous avons passé une soirée aux abords d’un lac au Tadjikistan).

La journée avait commencé un peu mollement il faut dire, mais s’était terminée par une escapade dans un lieu inusité et une nuit impromptue dans un endroit dans les plus charmants croisés jusqu’alors.

Le lendemain, la météo était des plus désagréables et ces forts vents qui nous avaient empêcher de dormir avait semés un certain chaos dans les routes de la région. Malgré tout, nous avons été en mesure de rendre la voiture sans trop de difficultés et de prendre le train vers notre prochaine destination.

Maratea, Basilicate

Maratea

Ruelle de MarateaMaratea est une collection de petits villages coincés dans une vallée entre montagne et mer. À ce qu’il paraît, elle a des airs de côte amalfitaine. Le but était de s’y poser un peu pour décompresser et prendre le temps. L’endroit était quand même très beau et notre hôtel des mieux situés. Bâti dans un ancien couvent avec une vue sur le centre historique et la vallée, on était loin des bons vieux dortoirs d’auberge (quoique je m’ennuie de ces derniers). La météo, encore à jouer contre nous, nous aura forcé à relaxer et ralentir le rythme. Les tenanciers de l’établissement étaient eux-mêmes étonnés par température qu’il faisait, mai étant normalement un mois de baignade et de plage, pas de manteaux et de grisaille.

Hotel à Maratea
Un apérol spritz et une piscine à 15 degrés

Au restaurantBref, il ne s’est pas passé grand chose. En analysant nos options pour la suite, nous avons finalement constatés que la côte Amalfitaine qu’Audrey avait suggérée comme destination en début de voyage était devenue hors de prix et que la température n’allait pas y être beaucoup plus clémente. Nous avons donc opté pour le choix logique dans la région : Naples.

Maratea

Naples, Campanie

Panorama de Naples

Rue de NaplesOn nous avait déconseillé Naples. En fait, je crois que c’était nos amis de Rome qui rapportaient les suggestions que des Italiens leur avaient fait. Pourtant, Naples nous a vraiment plu. Oui, son centre-ville est plutôt fréquenté par les visiteurs (italiens et étrangers), mais pour autant qu’on en sorte un peu, on tombe sur une ambiance de quartier qui à certains moments rappelait l’Inde. Le trafic de motos, les commences empiétant sur les trottoirs, les odeurs, la foule, bref … le chaos urbain. Les musées semblent légions à Naples, mais à part une petite visite de catacombes, notre séjour a été principalement voué à l’exploration de la ville à pied ainsi qu’à la consommation de cafés, de pizza, d’apérols et de bonnes séances de people watching en bordure de mer.

Naples

Naples est aussi tout en colline alors pour peu que l’on s’éloigne de la côte, le relief nous récompense de jolis panoramas entre les bâtiments colorés de cette ville frénétique, le bleu de la Méditerranée et le sommet du Vésuve non loin. Nous aurions pu aller y faire tour et visiter Pompéi, mais ce sera pour une autre fois car ce coup-ci nous nous sentions plus en mode exploration urbaine.

Naples

Fin

De retour à Rome, la dernière soirée aura été passée à faire un autre barbecue à l’ambassade. Que dire de ce voyage? Classique mais rafraîchissant? Avec une meilleure météo on en aurait possiblement profité davantage, mais nous n’avions aucun contrôle sur cet aspect. Ne l’oublions pas aussi, l’objectif était également d’aller voir nos amis à Rome. Après 3 ans de pandémie, une résidence en médecine et une sérieuse maladie pour Audrey, je vois l’expérience comme une remise en forme. Une petite escapade qui nous aura permis je crois de renouer avec notre esprit d’aventure et l’audace.

Road-trip dans le sud de l’Italie
Le trajet approximatif effectué (cliquez pour ouvrir la carte dans Google Maps)

San Marino (Saint-Marin)

San Marino est un petit pays (le 5e plus petit au monde précisément) enclavé dans l’Italie qui avait depuis longtemps piqué ma curiosité. Vestige d’une époque où le pays était une constellation de royaumes et républiques, il a réussi à conserver son indépendance au travers des âges pour être aujourd’hui la plus vielle démocratie du monde.

Audrey dans un Ikea
Audrey attend son véhicule dans un Ikea de la banlieue romaine (oui, c’est là que l’agence se situait)

L’endroit n’était pas vraiment sur le chemin, mais je tenais à y faire un détour puisque nous étions désormais motorisés. D’autant plus qu’il pleuvait partout dans le pays. De Rome où nous avons récupéré notre Fiat Panda, il n’a fallu que quelques heures pour s’y rendre.

Arrivés tard, nous n’avons eu que le temps d’aller déguster un excellent repas (raviolis au truffes et pièce de viande dans de l’huile et du vinaigre balsamique) dans un resto local bien animé. Sous la bruine du soir, avons parcouru les rues médiévales de la capitale.

Rues de San Marion
Dans les rues de San Marino

Le calme amené par l’heure tardive et la météo contrastait définitivement avec ce qui devait être des ruelles pleines de visiteurs pendant le jour. San Marino reçoit deux millions de curieux par an et facilement la moitié des échoppes est un magasin de souvenirs qui vend parfums, couteaux et autres bidules.

Néanmoins, la propreté de l’espace, ses coups d’oeil pittoresques et les vues imprenables depuis cette cité construite sur les pentes abruptes d’un cap rocheux nous ont enchantés et sans grande surprise fait miroiter l’idée de s’y prélasser un peu plus demain.

San Marino
Une dernière photo de très mauvaise qualité …

La météo pluvieuse et brumeuse au réveil nous confortera dans la décision de quitter ce lieux particulier. Les pays totalement enclavés dans un autre ne sont pas très nombreux sur notre planète. Le Vatican en est un, il y a le Lesotho en Afrique du Sud et à moins que ma géographie me fasse défaut, je n’en trouve pas d’autres. San Marino n’aura été l’affaire que d’une soirée, mais aura certainement assouvie une partie de notre curiosité.

Tour du Nord du Québec et de l’Ontario – Jour 10 à 13 (retour vers Québec)

Screenshot from 2020-06-21 17-12-20

Quelques jours à vagabonder dans la région d’Ottawa et de Montréal entre famille et amis ont fait le plus grand bien à mon derrière :) Les distances étaient considérables, mais rien du niveau des journées précédentes.

Tour du Nord du Québec et de l’Ontario – Jour 10 à 13 (retour vers Québec)

Notoirement pénible, traverser Montréal en pleine heure de pointe à 30+ degrés. J’ai éprouvé un état thermique me rappelant Toulouse l’été en France sur ma moto de l’époque. Et pourtant, j’étais parti tôt pour éviter la circulation…

Tour du Nord du Québec et de l’Ontario – Jour 10 à 13 (retour vers Québec)

Voilà la fin de cette petite escapade totalisant près de 5000km. Disons que j’aurais préféré pouvoir partir en Europe, mais dans les circonstances, je me suis senti décrocher passablement. L’est du Canada n’a certainement pas le pittoresque des routes européennes ou asiatiques, mais en frais de grands espaces, grandes distances et solitude, c’est dur à battre. Les conditions climatiques n’ont pas été toujours de mon côté également, mais pour la première fois de ma vie, je les ai affrontées avec le bon équipement et m’en suis sorti plutôt confortablement.

Tour du Nord du Québec et de l’Ontario
Le trajet total

C’était donc la première expédition nord-américaine. Il y en aura bientôt d’autres … la moto que j’avais emprunté pour faire le périple m’appartient maintenant. Mon ami me l’a offert et disons que l’essai que j’en ai fait est plus que concluant.

Tour du Nord du Québec et de l’Ontario – Jour 10 à 13 (retour vers Québec)