Šibenik, Croatie

La situation était critique, nous avions tous jusqu’à maintenant une piètre opinion de la Croatie et nous sentions tous que nous étions face à notre chance ultime de nous réconcilier avec le pays. Le lever au camping industriel s’est fait dans la concertation et le sérieux avec en bonus un pneu crevé (par une vis) à changer. Pour ma part, au delà de mes opinions par rapport à la Croatie, il me fallait impérativement un moment pour faire de l’entretien sur la voiture. Il a donc été convenu d’au moins s’occuper de cela pour la journée et de donner une autre chance à Šibenik.

En matinée, je suis allé acheter un kit de réparation de crevaison, monté les roues avant de la voiture sur le trottoir pour avoir accès au dessous et me suis affairé à stabiliser l’échappement pour qu’il cesse de vibrer au moyen de fil de métal. Par chance, la mère d’Audrey a trouvé pendant ce temps une chambre à trois dans l’auberge pleine la veille. Une fois le dîner consommé, je les ai laissé s’occuper des formalités du coucher pour aller continuer mon entretien de la Golf. Après avoir fait quelques magasins pour trouver (sans succès) des piles de remplacement pour les télécommandes, je me suis posé dans une station d’essence. Là, j’ai réparé la crevaison, intervertis nos roues de secours (on en avait deux) avec nos pneus avants usés presque à la corde (désormais relégués au rôle de roues de secours), réglé le problème de frottement (un pare chaleur tordu) et démonté une porte arrière pour réparer le bouton de contrôle de la fenêtre et le haut-parleur. En revenant en ville, j’ai été satisfait de voir, ou plutôt d’entendre, que la Golf était maintenant silencieuse.

J’ai par la suite rejoint Audrey et sa mère sur une terrasse en face de notre zauberge et de là, nous avons décidé de nous poser une nuit de plus à Šibenik, de réserver un nuit sur l’île de Vis suivant les conseils du propriétaire de l’auberge et de passer une soirée relax en ville. Šibenik a son petit côté spécial et c’est le soir qu’elle prend tout son charme. Une fois la nuit tombée, la lumière jaunâtre des réverbères se reflète sur ses allées de pierre polie par les âges pour créer un effet envoûtant. Nous étions aussi en plein dans le festival de musique et dance de la ville, alors en déambulant dans ses rues, les multiples concerts au loin ajoutaient à la scène une sonorité particulière.

Le lendemain, pendant qu’Audrey et sa mère étaient parties visiter l’île d’à côté, j’ai investi mon après-midi dans l’écriture de ces textes. Elles m’ont retrouvé le soir venu là où elles m’avaient laissés, devant mon écran. J’espérais prendre une heure dans l’après-midi pour aller arpenter Šibenik seul, mais je me suis laissé absorber par le travail. Comme il se faisait tard, nous nous sommes contentés d’une pizza plutôt délicieuse (les Croates savent faire de la pizza!) et d’une courte balade digestive dans la vielle ville. Le lendemain, il fallait être à Split pour attraper le ferry de 9h00.

Malheureusement, la réparation que j’avais opérée sur l’objectif de l’appareil photo a lâchée (je m’y attendais), alors attendez-vous à une diminution de la qualité des images d’ici à ce que l’on trouve une objectif de remplacement.

Novi Vinodolski, Croatie – (Parc national des lacs de Plitvice) – Šibenik, Croatie

  • Date: 27 juillet 2017
  • Départ: 9h00
  • Arrivée: 23h00
  • Température: soleil et nuages
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Pas d’arbres autour de nous donc dès 7h30, le soleil s’est mis à taper sur la tente et rendre l’atmosphère invivable. La nuit avait été courte pour moi, mais je me sentais tout de même en forme. D’ailleurs, c’est l’une des choses que j’adore avec le camping, me réveiller. Même en dépit des courbatures au lever, je dors quand même bien et je n’éprouve aucune difficulté à m’extirper du sommeil. D’autant plus que la vue était spectaculaire et que nous allions nous baigner pour démarrer la journée.

Vue de l’autre côté

Au programme, le parc national des lacs de Plitvice, une succession d’étendues d’eau turquoise en escalier toutes reliées par de belles chutes. Le tout dans le décor enchanteur de l’arrière pays croate. Mis à part l’échappement qui recommençait à jouer du tambour contre la carrosserie (seulement dans les virages à droite…) et le frottement sur la route avant gauche qui n’avait toujours par disparue (mettant à mal ma théorie comme quoi c’était les freins qui se reconfiguraient suite à la modification de la suspension), la voiture allait plutôt bien.

À l’arrivée au parc, nous avons déchantés rapidement. Le premier stationnement était plein, le deuxième sur le bord de l’être et pour acheter les billets, il y avait une file digne d’un parc d’attraction. Face à cet envahissement (dont nous faisions partie…), nous avons débattus quelques minutes à savoir s’il valait la peine de visiter ce parc, aussi beau pouvait-il être. Finalement, c’est le oui qui l’a emporté, aidé par l’argument comme quoi nous avions déjà fait deux heures de route pour s’y rendre alors valait mieux mener le plan à sa conclusion. Cependant, j’ai fait promettre aux autres qu’après l’expérience du lac Bled et celle à venir, c’en était terminé des lacs et autres attractions naturelles. Au moins sur la côte, il y a plus d’espace pour répartir les humains.

La mère d’Audrey est partie acheter les billets pendant que nous cherchions un stationnement, ce qui heureusement pour nous n’a pas été trop long. Nous l’avons rejoint à la billetterie et avons préparé un semblant de repas pendant qu’elle a attendu les 45 minutes pour se procurer un laisser passer (à 180 kunas chaque, donc près de 35$ canadiens). Ensuite, un autobus, que dis-je, un train d’autobus nous a emmené au début de la visite et déjà exaspérés, avons débuté la visite pédestre du parc. Sur le sentier, à moitié sur passerelles ou sur terre, nous avancions en file avec les autres visiteurs, parfois stoppés par des zigotos qui prenaient des selfies ou des énormes groupes venant à rebours. Oui, les lacs turquoises et les chutes étaient beaux, mais le moment était gâché par la densité d’être humains. Finalement, le sentier a débouché sur une file de plusieurs centaines de mètres pour aller prendre le traversier vers la deuxième portions du parc.

C’en était assez, j’avais remarqué un sentier qui longeait le trajet du traversier et je l’ai proposé comme alternative à Audrey et sa mère, qui non sans chigner un peu, ont fini par me suivre. Peu emprunté en raison de la longueur et du fait que la majorité des gens se présentent au parc en talon hauts pour certaines et sandales de plage pour d’autres, la concentration de touristes est retombée à un niveau acceptable. À l’arrivée à l’autre bout, la foule est redevenue intense, mais beaucoup plus tolérable vu que de toute manière nous retournions à la voiture.

 

 

L’exaspération face à la Croatie commençait à grimper. En route, nous avons décidé de passer Zadar et ses foules probables pour tenter de nous trouver un petit camping relax près de Šibenik, ville réputée au même titre que Zadar et Dubrovnik pour son vieux centre-ville pittoresque. Après avoir essuyé deux échecs de localisation de camping potable à Tribunj (absent) et Vodice (pourri et cher), deux villes en amont de Šibenik sur la côte, nous avons tentés notre chance aux abords directs de la ville. Le camping que nous avons localisé chargeait cher pour un site disons-le, merdique. Exaspérés, nous nous sommes retournés vers l’option auberge, qui s’est avéré infructueuse, la seule offre étant trois lits dans trois chambres. Finalement, retour au camping précédent, la queue entre les jambes et complètement exaspérés, nous sommes allés posés notre tente entre trois caravanes pour 60 euros. La mère d’Audrey est allée se coucher à toute fin pratique sans manger tandis que nous prenions un verre bien mérité. Plus tard, Audrey et moi sommes allés explorer les installations. En résumé le camping s’est avéré être un complexe de l’envergure de ceux d’un tout-inclus cubain: un immense camping, des villas, un hotel/resort, des restaurants et un club construit à même un bateau pirate grandeur nature.

En sirotant notre bière, Audrey et moi n’en sommes pas venu à un quelconque plan, mais avons au moins constaté que les campings à notre goût et à proximité de la mer n’existaient à toute fin pratique pas en Croatie (quoi qu’en rétrospective, celui de la veille était plutôt bien) et qu’il n’y avait comme alternative abordable que les auberges classiques.

En fait, de qualifier tous ces campings – d’immenses complexes avec des centaines de sites – de pourris constitue en quelque sorte une insensibilité culturelle de notre part. Ce sont des campings à l’européenne, construits pour accommoder une énorme densité de touristes tout en limitant l’impact que l’industrie peut avoir sur les côtes et l’environnement. C’est nous qui sommes dans l’erreur en tentant de projeter nos standards Nord-Américains sur l’Europe. Qui plus est, contrairement à nous, les Européens ne font que très peu de vacances de camping à proprement dit. Ils choisissent ces endroits car ils constituent une alternative abordable aux hôtels et restaurants très coûteux de la région qu’ils visitent.

N’empêche, il fallait faire quelque chose, car jusqu’à maintenant, notre séjour en Croatie était de plus en plus décevant.

Ljubjana, Slovénie – (lac Bled) – Rovinj, Croatie

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  • Date: 25 juillet 2017
  • Départ : 10h30
  • Arrivée : 19h00
  • Température : soleil et nuages

Vu la météo un peu plus variable de la Slovénie, nous avons dû reporter la visite du lac Bled, un point d’eau couleur turquoise coincé entre les sommets avoisinants au lendemain. Debout tôt donc, nous avons déjeuné et nous sommes rendus aux abords du lac. À en juger par le bouchon à l’entrée de la ville éponyme, le mot s’était passé et nous n’étions pas seuls. La visite faite et les photos prises, nous étions maintenant en route vers la Croatie. Il s’adonne que la Slovénie se traverse en le temps de dire “Ljubjana”, alors nous sommes arrivés à destination plutôt vite et ce même en débit d’un petit accroc mécanique sur la route.

Le lac Bled

En parcourant les routes sinueuses du trajet Ventimiglia – Florence, j’avais remarqué que la tenue de route de la Golf était plutôt précaire dans les virages. En conducteurs avertis et consciencieux, nous avons ajusté notre vitesse à la baisse, mais c’était étrange compte-tenu de la réputation d’agrément de conduite des Allemandes. En plus, depuis son retour du garage, la Golf émettait maintenant un bruit de frottement que j’assimilais à la reconfiguration des forces de la suspension suite au changement des coupelles. En marchant le long du lac Bled, je me suis dit que j’irais jeter un oeil derrière les roues voir s’il ne s’y cachait pas quelque chose…

Une église, toute solitaire sur son île au milieu du lac

Une fois retourné auprès du véhicule et la tête en dessous (ignorant les avertissements de ma blonde comme quoi j’allais me salir…) surprise! La barre anti-roulis n’avais pas été rattachée côté passager. Tout s’expliquait maintenant. Je l’ai tassée du chemin pour ne plus qu’elle cogne sur la table de suspension et en repassant par Ljubjana, nous sommes arrêtés dans un concessionnaire Volkswagen pour acheter le boulon manquant. 1,20 Euros plus tard et la pièce en main, je me suis permis de lâcher à la réceptionniste une petite blague comme quoi c’était plutôt rare qu’un passage au service technique de Volkswagen ne coûte qu’un Euro. J’avais pris soin d’acheter un kit d’outils avant le départ alors en quelques minutes je suis parvenu à rattacher la barre anti-roulis. Petit bémol, le précédent mécano ayant joué dans le coin a trouvé moyen de bousiller le pas de vis, alors l’attache est précaire. À 1,20 Euros, je me suis permis d’aller racheter un boulon d’extra au cas-où. Une fois de retour sur l’autoroute: tout un monde de différence! La Golf prenait maintenant les courbes comme l’allemande qu’elle était. Bon, j’exagère un peu, la suspension est foutue alors on est encore loin du compte, mais l’amélioration (et la sécurité!) a été conséquente.

Notre guide Routard de 2009 nous avais averti que l’Istrie, la péninsule au nord-est de la Croatie était une destination prisée des européens. Dès notre arrivée à Rovinj, la mère d’Audrey l’a comparée à Cape-Cod au Massachusetts, ce qui m’a semblé plutôt juste était donné l’atmosphère camping/villégiature qui y régnait. Nous avons eu tout le mal du monde à nous trouver un endroit abordable ou poser notre tente, mais finalement vers 20h00, nous étions installés et en voie de déguster un cassoulet apparié avec un bon vin croate. L’endroit était à proximité de la route, mais au moins nous avions vu sur la ville et la mer. Cependant, la température était incertaine et l’orage menaçait. Notre voisine, la masseuse du camping (oui, le camping offre un service de massage), dame sympathique et assez loquace, nous a confié que ces derniers jours la météo avait été erratique mais que ce soir son fils, marin depuis quelques années, ne pensait pas qu’il allait pleuvoir.

Ljubjana, Slovénie

La Slovénie est une petite contrée « presque » enclavé dans l’Europe et Ljubjana est sa capitale. Mais est-ce que c’est « Jubjana » ou « Lublana »? Initialement je penchais vers la première option mais finalement il s’avère que les « j » sont muets… Qu’importe, Ljubjana est une petite bourgade de quelques centaines de milliers avec un centre pittoresque et une atmosphère relax et respirant l’air frais des montagnes environnantes. Il fait bon s’y promener et l’on s’y sent accueilli. Les slovènes sont chaleureux, ouverts et paraissent sincèrement contents que l’on viennent visiter leur petit coin de pays. Pour ma part, l’ambiance me rappelait vraiment les pays baltes (Estonie, Lettonie, Lituanie) avec leurs petites capitales pittoresques aux airs définitivement européens, mais portant des traces certaines de leur passé derrière le rideau de fer.

Nous y sommes restés deux nuits. La journée entre les deux a été dévouée à de simples promenades dans la ville, une visite du château la surplombant et son exposition sur la tumultueuse histoire slovène. L’après-midi s’est terminée par une excursion humide et solitaire mais non le moindre agréable dans son parc alors que j’avais décidé de fausser compagnie à Audrey et sa mère. Alors qu’il tombait des cordes, elles voulaient redescendre par le funiculaire. Une fois arrivé à l’auberge, j’en ai profité pour écrire et c’est là qu’elles m’ont rejoint. Le soir venu, nous nous sommes gâtés d’un repas typiquement slovène tellement volumineux qu’il s’est prolongé en déjeuner le lendemain. Contrairement à nos attentes, la Slovénie s’est avérée être relativement coûteuse, mais dans une bien moindre mesure que l’Italie ou la France. En fait, la Slovénie n’a rien à envier à ses voisins du nord-est en frais de qualité de vie, de sécurité et d’opportunités. Rien n’est parfait en ce bas monde, mais parmi tous les anciens pays communistes et les membres plus tardifs de l’union européenne, elle est un exemple de succès retentissant.

Avoir eu plus de temps, je me serais volontiers prélassé plus longtemps ici.

 

Florence, Italie – (Venise) – Ljubjana, Slovénie

  • Date: 23 juillet 2017
  • Départ : 11h30
  • Arrivée : 23h00
  • Température : soleil
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Avec la mère d’Audrey à bord, nous voilà trois dans la Golf. La partie de l’Italie passé la Toscane est plutôt monotone et agricole, mais notre chemin nous faisait passer par Venise. Sa visite ne faisait pas parti des plans, la mère d’Audrey le savait, mais j’ai eu une vague impression de l’entendre soupirer en voyant un panneau annonçant la fameuse cité. C’était vrai qu’il serait hautement dommage de passer à côté d’une telle opportunité. Des gens font des milliers de kilomètres que pour voir Venise et là nous étions en voiture à côté et nous allions passer tout droit? Cela n’avait pas de sens, nous avons pris la première sortie d’autoroute, nous sommes rendus à un stationnement publique et avons attrapé le premier autobus vers Venise.

Au tout début, nous avons abordé la visite un peu par principe. Dans la foulée de notre expérience à Florence, nous nous attendions à quelque chose d’encore pire dans les rues piétonnes de Venise. Rapidement, nous nous sommes rendus à l’évidence qu’il n’en était pas ainsi. Certes, Venise apparaît petite sur une carte, mais en réalité, elle est à ce point labyrinthique et dense que chacun peut trouver son petit coin de quiétude loin des autres étrangers. Oui, la place Saint-Marc et les abords des canaux principaux étaient bondés, mais somme toute, Audrey et moi nous sommes surpris à vouloir revenir à Venise pour flâner dans ses petits parcs cachés et parcourir ses ruelles secrètes. La mère d’Audrey était du même avis.

Ce n’est que vers 20h30 que nous avons repris la route et vers 23h00, sommes arrivés à notre auberge à Ljubjana, capitale de la Slovénie. De là, il n’y avait que des restaurants de fast-food ouverts alors nous avons dîné au wok pour finir la soirée en sirotant une bière le long de la rivière qui traverse la ville.