Belgrade, Serbie

Profitant de notre chambre à trois, nous avons fait une grasse matinée bien méritée avant de nous mettre en branle pour la journée. Encore une fois, j’ai réussi à me négocier une petite période d’écriture avant de partir pour la visite. Le temps était grisâtre, mais l’air frais, contrairement aux chaleurs cuisantes des dernières semaines. Premier arrêt, la cathédrale de Belgrade. Impressionnante de l’extérieur, décevante de l’intérieur car encore en construction (débutée en 1989). Par la suite, deux bâtiments bombardés par l’OTAN en 1999 en représailles du Kosovo et laissés en ruine.

Bâtiments bombardés

Nous nous sommes pas mal questionné sur la raison pour laquelle les Serbes conservaient de tels fantômes dans leur paysage urbain. Non seulement les bâtiments étaient présents, mais des travaux d’ingénierie avaient étés effectués afin de stabiliser la structure. Deux théories nous sont venues à l’esprit. En bombardant la capitale, l’OTAN a causé à ce qu’il paraît plus de 400 morts dans la population civile. Donc, il se peut que ces vestiges soient gardés pour rappeler à l’ouest sa lâcheté. D’un autre côté, ce n’est pas comme si le gouvernement Yougoslave de l’époque n’avait pas purement et simplement sérieusement foutu la merde dans tous les pays l’entourant, donc c’est aussi possible que ces ruines soient conservées comme rappel d’un passé belliqueux.

Probablement: Fuck l’OTAN
Fuck l’OTAN

Je donnais au début du crédit aux deux hypothèses, mais plus la journée s’est avancée, plus j’ai penché vers la première. À en juger par certains graffitis dans la ville, les Serbes portent encore bien sur le coeur l’intervention de l’OTAN. Bien plus tard, alors que nous rentions à l’auberge, nous avons remarqués en passant devant le parlement de nombreuses banderoles clament haut et fort les crimes de guerre des Kosovars et des Albanais. Rien de noir et blanc en ce bas monde…

 

Après avoir observé ces vestiges de bombardement et fait quelques autres arrêts, nous avons poursuivi notre excursion vers le nord de la ville, en fait une péninsule en forme de promontoire occupé depuis des siècles par un fort. Le coup d’oeil sur le Danube en valait la peine à mon avis. Si bien que j’ai insisté pour que nous descendions et nous nous rendions à ses berges pour l’observer de plus prêt. J’ai dû trainer un peu mes compatriotes, mais ce faisant, nous avons pu traverser un intéressant quartier de blocs communistes, celui-là beaucoup plus vivant qu’à Sarajevo.

Il faut être présentable lorsque l’on visite des lieux de culte

S’orienter dans la ville s’est avéré être un petit défi. Non seulement, il semble que j’ai d’emblée mal saisi la disposition des choses, mais sur le terrain, les noms de rues, lorsque présents, étaient surtout écrits en alphabet cyrillique (comme beaucoup d’autres choses). En fait, le Serbe, le Croate et le Bosniaque sont toutes la même langues avec seulement quelques petites variations dialectiques. Cependant, le Serbe s’écrit officiellement en cyrillique tandis que les autres sont en latin. Lors de l’époque Yougoslave, des efforts d’unification de la langue avaient été entrepris, mais suite à l’éclatement de celle-ci et de la montée subséquente de sentiments nationaux, les distinctions sont redevenues d’actualité. Le Serbe par contre, tend à s’écrire de plus en plus en latin histoire de simplifier la communication avec ses voisins.

Quest-ce que l’on mange?

Finalement, après avoir passé (encore) beaucoup trop de temps à choisir un restaurant. Nous avons marché dans la ville puis sommes retournés nous coucher, déçu de ne pas avoir pu passer plus de temps dans cette capitale surprenante. La mère d’Audrey nous quittait le surlendemain et ne pouvait que passer une journée à notre prochaine destination, Budapest. Ainsi, nous nous étions promis de partir très tôt afin d’en profiter au maximum.

Le parlement de Belgrade, notez les bannières revendicatrices le long du trottoir

Sarajevo, Bosnie-Herzégovine – Belgrade, Serbie

  • Date : 6 août 2017
  • Heure de départ : 11h30
  • Heure d’arrivée : 18h00
  • Température : soleil
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Tram de Sarajevo

Un autre jour, une autre capitale. Disons que depuis quelques temps, le rythme effréné du voyage commençait à se faire sérieusement sentir. En temps normal, jamais je ne me serais organisé de telles vacances (pauvre mère d’Audrey), mais nous sommes ici seulement de passage en route vers l’Asie-Centrale et pour tirer le maximum de chaque endroit, nous devons budgeter le temps de manière très serrée.

Rien digne de mention n’est arrivé entre Sarajevo et Belgrade, sauf peut-être un gradient d’aisance plutôt flagrant entre la partie bosniaque de la Bosnie et celle d’origine Serbe, jusqu’au pays lui-même, qui s’en tirait manifestement mieux que son voisin (et ancien ennemi). La Bosnie est montagneuse et peu développée, la Serbie est généralement plane et agricole. Le choc fut complet une fois entré dans Belgrade qui, nous l’avons vite remarqué, se présentait comme une splendide capitale Européenne.

Dès la voiture garée, deux femmes attablées à une terrasse, voyant que nous n’étions pas du coin, nous ont lancé un mot de bienvenue et nous ont invité à aller prendre un verre avec elle. Dommage que nous n’ayons finalement pas pu donner suite à leur offre, car cela aurait été une excellente manière de débuter notre séjour. Disons que les priorités n’étaient pas au même endroit pour tous… Donc dès sorti. de l’auberge, nous nous sommes mis à chercher un restaurant pour finalement tomber sur un truc pas trop mal qui servait effectivement de la bonne cuisine serbe. Le repas terminé, la pluie nous a prit de court (pour la première fois du voyage). L’averse passée, Audrey et moi sommes allés nous promener dans les rues de la ville. Belgrade avait définitivement quelque chose de très charmant : des rues et avenues bordées de platanes, d’innombrables café/bars, des gens sympathiques et une atmosphère relax. Bref, de quoi plaire à n’importe qui.

Mostar, Bosnie-Herzégovine – (Bunker de Tito, Konjic) – Sarajevo, Bosnie-Herzégovine

  • Date: 4 août 2017
  • Heure de départ: 11h00
  • Heure d’arrivée: 18h00
  • Température: soleil
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La veille, en mentionnant notre trajet vers Sarajevo à la propriétaire de l’hostel, elle a tout de suite émit la suggestion d’aller visiter le bunker de Tito. Une gigantesque installation militaire construire à gros frais par le fameux dictateur et tout récemment ouverte au public. J’étais vendu d’avance.

Konjic

Le lendemain, notre tour réservé (il fallait passer par une agence ou l’armée bosniaque, nous avons choisi la première option), nous sommes dirigés vers la ville Konjic par une route très pittoresque. Une fois arrivé sur place, nous avons eu tout juste le temps de manger un sandwich tranquille et nous étions en convois vers le bunker. L’installation était en faite tout près de la ville, mais masquée derrière trois maisons d’apparence anodines. Débuté dans le milieu des années 50 et terminé en 1979, soit un an avant la mort de Tito (il ne l’a jamais visité…), le bunker devait permettre à près de 300 personnes de vivre en autarcie complète durant 6 mois afin de survivre à un désastre atomique. D’une longueur de plus de 200 mètres et enfouis à 300 mètres sous la montagne, le bunker a coûté la faramineuse somme de 4.6 milliards de dollars de l’époque.

Attention! Mines!

À mon oeil, les installations, bien que gigantesques, ne justifiaient pas cette somme, mais ce qui a probablement fait gonfler le prix à ce point, c’est le niveau de secret dans lequel elles ont été construites. Chaque équipe d’ouvriers ne travaillait qu’environ un mois et sur une petite partie du projet. Ils se rendaient au site les yeux bandés en passant par quatre chemins pour les désorienter. Afin de ne pas éveiller de soupçons au niveau international, la machinerie était commandée en pièces détachées de partout en Yougoslavie et d’ailleurs dans le monde et assemblée sur place. Les gravats de l’excavation étaient pour leur part disséminés dans le paysage afin d’éviter toute accumulation. Bref, voilà pourquoi le projet a pris aussi longtemps à réalisé et coûté aussi cher.

En son intérieur, réfectoire, dortoirs, laboratoire, hôpital, salles de communication, génératrices, usine de filtration d’eau, salles multifonctions, les appartements de Tito lui-même, son bureau. Selon la guide, le bunker n’était même pas le projet le plus extravagant commandé par le dictateur. Il se classe en fait en troisième position, derrière un aéroport et une base navale souterrains. J’aurais adoré visiter l’aéroport, qui se trouve dans le nord du pays, mais il paraît que l’endroit est encore très miné… Aujourd’hui, l’intérieur du bunker est occupé par une exposition d’art contemporain biennale et d’ailleurs, une certaine partie de la visite lui est dévouée. Disposant de trop peu de temps pour observer et comprendre chaque oeuvre, j’aurais préféré plus de détails militaires et techniques, mais bon.

Le reste de la route vers Sarajevo s’est déroulé sans encombres. Une fois là, nous avons trouvé sans difficulté notre gîte pour les deux prochains jours, le War Hostel, construit par un famille à l’image des conditions de vie de l’époque. Coucher sur le sol, pas de lumières, éclairage à la bougie, eau courante seulement entre certaines heures, etc. Les murs étaient décorés de nombreux artefacts de la guerre ainsi que d’extraits de journaux de l’époque. L’établissement, entièrement géré par une famille, est un initiative du fils et possède un volet éducatif où ce dernier raconte l’expérience de son père comme soldat bosniaque et la sienne comme enfant durant le terrible siège de Sarajevo. L’hostel était le choix d’Audrey et j’ai complètement appuyé son initiative. Tout de même, j’ai esquissé un petit sourire en voyant l’endroit. Disons que ça m’a rappelé mon temps comme militaire.

Deux AK-47s et un casque dans le War Hostel

Ayant pris beaucoup de retard dans mon écriture, j’ai laissé Audrey et sa mère visiter la ville par elles-mêmes pour un bon deux heures et les ai rejointes plus tard pour un souper très réussi dans un restaurant de cuisine typique bosniaque. De tous les pays visités jusqu’à maintenant, c’est incontestablement en Bosnie que la nourriture y est le plus intéressante. L’explication est plutôt simple, la Bosnie est non seulement en un environnement multi-culturel, mais a fait partie de l’empire Ottoman pendant de longues années. Par la suite, il paraissait selon la mère d’Audrey que Sarajevo était reconnue pour sa musique live. Or, pas moyen d’en trouver ce soir là, pourtant un vendredi. Ce qui ne manquait pas par contre, c’était la opportunités de people watching. Sarajevo étant musulmane, elle attire son lot de touristes de cette confession, alors les femmes en niqab (juste les yeux découverts) et même certaines en burkha sont choses communes (Nous avons même pu observer comment quelques-nues s’y prenaient pour manger de la crème-glacée.) Partageant les mêmes rues, des exemples flagrants de poupées slaves peu habillées et complètement plastiques. Plutôt constrastant… À cet effet, Audrey et moi avons remarqué que plus nous progressions vert l’est, plus l’apparence des gens devenait douteuse. J’ai hâte d’arriver en Russie.

 

La Croatie

L’impression que je garde de la Croatie est mitigée. J’aurais dû me douter que l’endroit allait être bondé et cher, mais pourtant, je me suis présenté là avec en tête la description que mon frère m’en avait faite : « Comme la Grèce, mais nice… ». Or, la Grèce dont j’ai fait l’expérience n’était pas la Grèce du backpacker ou du touriste, mais la Grèce rurale et montagneuse que j’avais arpenté en moto pendant 9 jours. Du peu que j’ai vu des endroits plus fréquentés par contre, je n’ai pas de difficulté à imaginer le niveau d’encombrement touristique qui doit y régner en haute saison.

Nous avions des attentes complètement irréalistes face à la Croatie, soit qu’elle était une destination bon marché dans laquelle nous pouvions faire du camping à la nord-américaine en bordure des villes et des attractions tout en suivant la côte et profitant de la mer. Toutes ces exigences se sont avérées irréconciliables. Du reste, la Croatie demeure un pays splendide avec une culture et une histoire (récente) des plus intéressantes. Nous aurions étés bien mieux servis hors haute-saison, avec des poches un peu plus profondes et en utilisant les transports en commun pour voyager de ville en ville et aller passer des moments plages sur les îles. Alors est-ce que je me vois y remettre les pieds un jour? À voir … pour la plongée, définitivement. Pour du tourisme, probablement pas.

Île de Vis, Croatie – Dubrovnik, Croatie

  • Date: 31 juillet 2017
  • Départ: 12h00
  • Arrivée: 21h00
  • Température: soleil
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Partis à l’heure prévu, nous avons passé par Vis avant de nous rendre à Komiža afin d’acheter nos billets pour le traversier et ainsi gagner de précieuses minutes. Ma plongée se terminait vers 11h00 et il fallait être en ligne pour le traversier vers 11h30. Malheureusement, la billetterie était fermée.

Arrivé au centre, j’ai pris possession de mon équipement, réglé ma plongée (50 Euros) puis fait connaissance avec mon équipier, un Slovène en vacances sur l’île pour une dizaine de jours et qui semblait avoir autant d’expérience en plongée que moi. Le bateau parti, je me suis rendu compte qu’il n’y avait pas de profondimètre sur la console de mon équipement de location. D’ailleurs, aucun équipement n’en avait. Normalement, je plonge avec mon ordinateur (qui donne la profondeur) alors je n’en aurais pas fait de cas mais là, c’était un brin déconcertant (en réalité très risqué) d’autant plus que nous allions plonger profond. Bon, j’allais devoir m’en remettre aux informations de mon équipier et mon expérience. Tout de même, je brisais là nombre de règles du métier.

Une fois descendu au plus bas, j’ai senti un peu de narcose et me suis dit que compte tenu de la lumière et de la distance avec la surface, nous devions être à 40 mètres; le tout a été confirmé par un coup d’oeil à l’ordinateur de mon coéquipier. Quant aux coraux, ils étaient bien là et similaires à ceux des Caraïbes quoi que moins nombreux et habités par moins de faune. La remontée s’est faite toute en douceur avec un palier de sécurité plus que nécessaire cette fois car nous avions dépassés les limites de décompression par moment.

Une fois retourné sur la terre ferme, j’ai lavé mon équipement, salué ceux avec qui j’avais partagé la matinée et Audrey m’a ramassé devant le centre. Nous devions à tout prix ne pas rater le ferry de 12h00. À Vis, un petit vent de panique est passé en voyant l’énorme file de véhicules pour le ferry. Finalement, nous sommes rentrés les avants derniers. Quelle chance. Une fois à Split, un bon deux heures a été perdu à chercher un objectif de remplacement pour l’appareil photo. Il était plus que temps que nous nous mettions en route vers Dubrovnik si nous voulions pouvoir y passer un peu de temps. Malheureusement, nous avons encore étés retardés par une petite bourde de navigation qui nous a fait longer la côte plutôt que d’emprunter l’autoroute.

Quelques heures plus tard et un petit morceau de Bosnie traversée, nous étions à Dubrovnik, surnommée la perle de l’Adriatique et rendu d’autant plus célèbre depuis que la fameuse télé-série Game of Thrones y a tourné les scènes ayant lieu dans la capitale. On ne va pas en Croatie sans visiter Dubrovnik tout comme on ne va pas en France sans passer par Paris. Pourtant, on m’avais averti que je n’allais pas tant apprécier l’expérience…

Il était 22h00 passés quand nous sommes sortis de l’auberge pour nous diriger vers la vielle ville. Arrivé là, je me suis mis en mode exploration et ai frénétiquement traîné Audrey et sa mère dans tous les coins qui attiraient mon attention. Je leur ai offert de me laisser à moi même et de revenir demain si elles voulaient voir les choses à leur rythme, mais moi, je ne comptais pas y remettre les pieds alors j’allais rentrer le maximum de visite jusqu’à l’épuisement. Oui, Dubrovnik était belle et spectaculaire, mais l’atmosphère qui régnait à l’intérieur de ses murs fortifiés était en tout point comparable à celle de la rue Saint-Laurent à Montréal: factice et cher. Quelques heures plus tard, Audrey et moi satisfaits et sa mère épuisée, nous sommes rentrés nous coucher. Le lendemain, le Monténégro nous attendait.