Panamá et Cartagena

La dernière fois que j’ai laissé quelques mots ici, nous étions en route vers la ville de Panamá, qui devait être notre dernière destination en Amérique centrale. Je vous rassure, elle le fut, sans aucun pépin!

Panama City – 23 au 27 août

La ville m’a semblée être un lieu de convergence de beaucoup de choses. Convergence de deux « Amériques », convergence de cultures, convergence de réalités. Ses tours d’habitations se voient de loin, j’ai d’ailleurs eu un petit sourire en pensant à la ville de Québec que l’on aperçoit soudainement au détour d’une collinette, sur l’autoroute 40. Sur place, elle m’a fait penser à certaines villes que l’on trouverait plutôt dans Star Wars, où tout se passe en hauteur, à partir de quelques étages, et où le sol est plutôt imagé comme un espace que l’on remarque moins, sous de bas nuages, réservé aux activités quotidiennes. Bien sûr il n’en est rien puisque la vie est bien présente en plusieurs endroits, mais la ville semble avoir été concue pour profiter des hauteurs. Un magnifique parc linéaire d’environ 4 kilomètres permet toutefois de faire le lien entre le centre des grandes tours et la vieille ville, où les gens semblent avoir une appréciation toute particulière pour le patin à roues alignées. Les autres s’entraînent dans des espaces aménagés, courent en groupe, se promènent. La vieille ville, dans son style colonial, est bien charmante.

Panama
La ville, qui revêt ses lumières de soirée
Panama
Une route qui semble flotter sur la mer, entre son ancien centre colonial et sa collection de tours contemporaines. Rien de trop beau pour permettre à Panama d’imager son histoire

Si les autres pays traversés en Amérique centrale présentent une relative homogénéité de ses habitants, le monde se rencontre à Panamá. Certains y sont arrivés par concours de circonstances, avec intention ou non, il y a quelques années ou générations, peut-être. Beaucoup y ont été conduits par leur chemin migratoire, d’autres par l’appât des économies fiscales. Et chacun y trouve un endroit lui convenant, mais je ne peux dire qu’ils se mélangent, malgré leur proximité. Car si nous marchions un instant entre les tours de luxe et les quelques badauds arborant polo coûteux, souliers de cuir italien et chien bien toiletté, le coin de rue suivant nous amenait à nous mêler à quelques femmes offrant leurs services aux voitures passant lentement. Antoine a par ailleurs reçu un avertissement d’un homme qui me semblait agent de sécurité, de faire attention à moi. Qu’aurait-il pu arriver? Probablement simplement que l’on me fasse une offre. Mais il est difficile parfois de bien saisir le niveau d’insécurité qui nous entoure. Elle se lit parfois seulement dans les seuls yeux de celui qui la juge.

Au final, la ville m’a laissé une impression certaine de passage et d’impermanence. Même son Canal, par où transitent plusieurs des produits que l’on consomme tous régulièrement, en est l’emblème parfaite : on vient à Panama parce qu’il le faut, peut-être pas nécessairement parce qu’on l’a espéré. C’est donc une ville où l’on peut tout trouver, mais qui demeure relativement calme.

Canal Panama
L’une des trois voies du canal, qui attend son prochain visiteur, dont on voit la proue a droite
Canal Panama
La même voie, avec un pétrolier. L’eau a été vidée, on ne voit donc que le dessus (et un immense porte-conteneur au fond, dans la nouvelle voie mise en activité en 2016 pour accueillir les bateaux qui étaient trop grands pour les deux voies actuelles, terminées de construire en 1914

Le transfert – 26 août

Alors. L’Objectif. Avec un grand O. Mettre notre petite voiture, tout gentiment, dans un container pour qu’elle nous suive par la voie maritime pour le reste du voyage. Dans un bateau pouvant contenir jusqu’à 7612 containers de 40 pieds, ou 15254 Pontiacs Vibe, si l’on souhaite s’amuser à l’utiliser comme unité de mesure. L’entreprise aura pris quelques levers aux petites heures (genre 4h30), plusieurs formulaires, et quelques milliers de dollars. Ne soyons pas avares de détails pour ceux qui souhaiteraient faire le même exercice, on parle d’environ 3000$ canadien pour l’envoi. Avec des colocataires, soient Beth et Bill, qui envoyaient un Ford F350 avec une grosse boîte de camping. Leurs 23 pieds de long venaient combler, tout juste, ce que nous avions laissé de libre avec notre voiture. Et le tout aura pris au moins 10 employés impliqués, allant du coordinateur administratif, à la coordinatrice terrain qui nous ramenait, en passant par les conducteurs de remorqueuses et au personnel qui sanglait le tout. L’équipe aura pris notre Pontiac en photo, sous tous ses angles possibles, pour assurer que s’il y avait une égratignure sur notre voiture, on trouverait la solution. Gang… la peinture pèle, des pièces décollent, mettons qu’il y a une égratignure additionnelle qui faisait tout le long de sa carrosserie… on ne vous en tiendrait pas rigueur. Mais bon, la rigueur, justement, est de mise, puisque les véhicules envoyés sont habituellement de luxe. Nous avons donc reçu le même traitement qu’une Cadillac.

Cartagena – 27 août au 6 septembre

Nous avons donc pris un vol le 27 août, au lendemain de nos au revoir, pour arriver à Cartagena. Une ville qui est définie par sa température, sa proximité de la mer et le peuple colombien. Les résidents de Medellin et Bogota viennent profiter de sa chaleur, son humidité écrasante et ses plages, pour fêter. C’est probablement l’endroit le plus actif que nous ayons vus jusqu’à maintenant, un vrai paradis de vacanciers. Nous avons d’ailleurs nous-même profité d’un petit moment de vacances durant notre voyage. Sur quelques petites places, les gens se rejoignent et l’espace se comble. Alors, on ouvre une bière, on mange une grillade vendue sur place et on discute en riant, en tentant de compétionner avec la musique qui joue. C’est une ambiance exaltée, qui n’a que faire du propret, et c’est délicieux ainsi.

Le centre historique est grand, magnifique, avec plusieurs dédales au travers desquels on se promène pour chercher restauration, hydratation (ou déshydratation) et danse. Partout, il y a des gens en vacances. Nous avons par ailleurs passé quelques heures dans un tout petit bar, remplis de colombiens, ou les bières et le fort affluaient, et ou les partenaires de danse s’échangeaient au gré des chansons. Je regardais le tout, amusée, mais surtout médusée, par une sorte de flux d’énergie condensée, qui semblait emplir chaque centimètre de l’espace qu’occupait ce petit bar. On n’arrête jamais, on danse, puis on boit, puis oh! on mange les collations ramenées du resto d’en face, puis on chante, puis on mélange les groupes… puis on recommence, toujours le sourire aux lèvres, les yeux dans les yeux, au rythme des chansons souvent lascives qui jouent.

En plus de l’ambiance perpétuelle de fête, de la chaleur et de l’abondance de restos et bars, on dirait que la ville et ses visiteurs s’allient pour parfaire la réputation des femmes colombiennes, que l’on dit très belles et tout aussi coquettes. De fait, une grande majorité ne reculent devant rien pour oser un maquillage assumé et une tenue tout ce qu’il y a de plus confiante. Les couleurs sont vives, les motifs audacieux et les tissus coupés savamment, comme pour crier “je suis là, et je ne m’en excuserai pas”! On dirait que le processus n’est pas du tout forcé et qu’il est tout naturel, même si parfois le résultat l’est peut-être moins, ce qui fait que cela participe à l’esprit festif : à Cartagène, chaque soirée est spéciale, et est préparée en grand.

Cartagena

Cartagena

Nous avons passé quelques jours biens remplis en compagnie de nos chers amis Alex et Jason, qui y étaient pour une semaine de vacances. Lorsque l’on quitte en voyage pour longtemps, on ne sait pas si, ni quand, ni qui viendra nous rejoindre, alors cette rencontre nous aura été des plus rafraîchissante! Et je dois dire qu’après leur départ, la chaleur de la région a commencé à me peser. Nous avons bien profité de fêter, de marcher sur les remparts, de la mer, de découvrir tous les petits racoins de la ville en attendant notre bagnole, mais… Antoine et moi avons réalisé que… un peu d’altitude et de fraîcheur feraient bien notre affaire. Alors notre prochaine destination a été Medellin, plutôt que la côte des Caraïbes comme je l’avais initialement pensé.

Nous y sommes arrivés le 7 septembre, on vous en reparle!

2 Replies to “Panamá et Cartagena”

  1. Bonjour Audrée et Antoine,
    Quelles belles découvertes vous avez l’occasion de vivre…bonne poursuite et à bientôt 😘😘

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *