Le Texas
Dans les états visités précédemment, le Texas était définitivement celui où nous avions le plus de chance de revenir. N’empêche, il fallait couper la route et l’envie de le visiter était bel et bien présente. Le Texas, plus que tout autre état américain, collectionne les stéréotypes et c’est ce qui fait son charme et le rend attachant (sauf quand on parle de politique). Des énormes pick-ups, des églises, d’immenses bannières sur l’autoroute vous accusant d’infidélité envers le seigneur et vous menaçant d’une éternité en enfer, on en a vu des masses.
On a aussi pu goûter à l’aimabilité de ses habitants et à son fameux BBQ (pas une mais deux fois). Et à Rome, on fait comme chez les romains alors pour clore notre séjour chez les texans, on s’est arrêté à un champ de tir où Audrey a pu s’initier au privilèges du second amendement. Premier service, un Glock 17 9mm, similaire à l’arme de fonction des policiers de chez nous. Comme plat de résistance, une copie civile d’un AK-47. Je crois qu’elle a été de maints détails sur son expérience.
Comme Audrey, j’avais pris un forfait introduction car la logique voulait qu’ils ne laissent pas tirer de façon autonome quelqu’un sans permis. Me rendant compte qu’en fait, la seule règle était d’être accompagné, j’ai promptement converti mon petit cours avec instructeur en la location d’un AR-15. Mon passé dans l’armée est loin derrière moi, mais ces heures à pratiquer le maniement de la C7 (version canadienne de la M16, dont laquelle le AR-15 est la version civile), m’ont inculqué une mémoire mécanique du maniement de cette arme. En peu de temps, j’étais de nouveau à l’aise. Avec précision et constance, j’ai promptement vidé mes deux chargeurs (Audrey a tiré un peu aussi), tout en ayant géré un enrayage comme on me l’avait enseigné il y a 20 ans.
Je dois me confesser, j’aime tirer, j’aime l’odeur de la poudre et j’aime les armes. Dans les mains de quelqu’un un tant soit peu entraîné et mal intentionné par contre, un AR-15 en particulier peut causer d’énormes dégâts. C’est d’ailleurs cette arme qui est responsable de la majorité des fusillades de masse aux États-Unis. Il n’existe à mon sens pas de raison valable pour qu’un fusil d’assaut à l’origine conçu pour la guerre se retrouve dans les mains de la population. Fort heureusement, ce n’est pas le cas au Canada et cela contribue sans aucun doute à en faire un pays plus sécuritaire.
Pour en revenir au voyage, nous nous sommes arrêtés à trois villes au Texas. Dallas, la première, fut quand même agréable à explorer. C’est une énorme métropole, mais certains coins se marchent bien. Quant à Austin, nous avions de grandes attentes, car elle est de réputation beaucoup plus libérale et agréable à vivre que le reste du Texas. Comme de fait, la ville est plus compacte, plus verdoyante et effervescente de contre-culture. On y mange merveilleusement bien et il fait bon s’y promener. Laredo quand à elle, à la frontière avec le Mexique, est sans intérêt.
De toutes villes américaines visitées, c’est définitivement Austin qui remporte la palme et nous y retournerions volontiers.
Le Mexique
Hormis quelques des passages dans la péninsule du Yucatàn pour profiter de la plongée et des installations balnéaires, j’étais allé au Mexique seulement en 2007. C’était un petit 9 jours pendant l’été et nous avions fait un séjour rapide dans la capitale (il y avait pas mal plus de VW Beetle), à Acapulco et à Oaxaca. Autant dire donc que je connaissais peu l’endroit. Ceci dit, hormis un 5 jours à Mexico Ciudad, nous y sommes quand même passés rapidement, mais avons pu profiter de quelques autres parcelles de cet immense pays.
Audrey vous a décrit nos différents arrêts en plus de détails: Monterrey, San Luis Potosi, Mexico, Cordobà, Coatzalcoalos, San Cristobal de Las Casas et Ciudad Cuothémoc. Quelques uns d’entre eux plus longs, les autres pour couper la traversée de ce pays qui, il faut le dire, est quand même énorme en terme géographique.

Je me rappelais d’un Mexique plus pauvre et bon marché, mais cette fois-ci j’ai été quand même surpris par le coût de la vie. Il y a quand même un certain bonheur économique à voyager pour peu de dinero, mais le fait que mes dollars canadiens aillent moins loin qu’auparavant signifie une certaine hausse de la qualité de vie. C’est une grossière simplification, mais c’est quand même un peu vrai. Le Mexique m’a paru mieux organisé et mieux structuré que dans mes souvenirs. Tant mieux pour eux.
Ce qui a définitivement été au rendez-vous par contre, c’est le bonheur gastronomique. Jeune voyageur peu expérimenté, je suivais auparavant à la lettre la consigne d’éviter la bouffe de rue. Mes souvenirs incluent peu de tiendas de tacos. Celui qui est resté gravé dans mémoire l’est à cause d’une salsa verde particulièrement forte et de l’inconfort gastro-intestinal qui m’a suivi jusqu’à 1 mois après mon retour en sol canadien. Or, ce n’est pas pour rien que la cuisine mexicaine s’est exportée partout autour du globe. Ce n’est pas une gastronomie pour l’élite, mais pour le peuple et elle se déguste au coin des rues. Comme Audrey l’a mentionné d’ailleurs, on est exposé qu’à la pointe de l’iceberg et c’est sur place qu’elle dévoile toute sa variété et ses saveurs.
On en fait l’expérience à toute heure du jour (et de la nuit) assis sur des bancs de plastique à dévorer tacos, huarraches, quesadillas, gorditas et j’en passe. Elle est fraîche, toujours accompagnée de limes et de sauces fortes maisons ( qui se déclinent en rouge et vert). On peut même manger son taco une étoile Michelin. Oubliez le 5 services cérémonieux: il se consomme debout et en quelques bouchées: comme un vrai taco.

La capitale est drastiquement différente des autres villes plus mineures et par moment on a littéralement l’impression d’une capitale d’Europe (avec un petit niveau de délabrement supplémentaire). Il fait bon visiter ses quartiers et s’arrêter dans ses parcs pour prendre une pause de marche. Le soir et la nuit, elle fourmille d’activité. Impossible de s’ennuyer. 5 jours n’étaient de toute évidence pas suffisants tout comme cela aura été trop peu de temps passé à Paris, Berlin et autres grandes agglomérations de ce monde.
Les bourgades plus mineures ont souvent à offrir un centre-ville colonial et quelques petites places coquettes. N’empêche, le rythme est plus lent et le charme est total. À ma grande suprise aussi, il fait bon visiter le Mexique à tous moments de l’année. Comme aux États-Unis, je m’attendais à une chaleur accablante mais montagneux qu’il est, beaucoup des attraits du Mexique se situent altitude, là où la température est tempérée et agréable.
Faits qui nous ont sauté aux yeux, c’est l’absence d’anglais qui règne au Mexique. Son paysage sonore est quasi entièrement occupé par des rythmes lations et la population ne parle que peu anglais. Tant mieux pour nous qui voulons améliorer notre espagnol. C’est possible aussi dû au fait que l’on se tient à l’écart des circuits. Toujours est-il que c’est rafraîchissant que l’influence du gros voisin américain ne se fasse pas trop sentir ici. Du point de vue d’un étranger, je n’ai aucune difficulté à concevoir que le Canada ressemble au États-Unis, mais le Mexique lui, a sa propre personnalité.

Chroniques automobiles
Voyager en taco (automobile vétuste pour ceux non familier avec ce québécisme) vient avec son lot d’aventures en soit. L’épisode du câble de transmission finalement s’est bien terminé et à relativement bon prix, car le concessionnaire ne nous a chargé que le 1h30 de travail indiqué par le manuel quand il en fallu dans les faits environ 7. Au Canada, la rouille compliquant toujours les choses, les mécaniciens ne se gênent pas pour facturer à l’heure.
Mine de rien, nous avions déjà parcouru 5000 kilomètres alors la voiture était à nouveau dûe pour son changement d’huile. Localiser un petit garage à Cordobà fut chose plutôt simple. Tant qu’à faire aussi, j’allais leur parler d’une barre de direction à changer, car la suspension cognait et le véhicule louvoyait un peu sur l’autoroute. Fort heureusement, il y avait peu de clients ce matin là alors le petit mécano aux cheveux lissés et en souliers de cuirs cirés a accepté de nous accomoder. Par curiosité, j’avais fait évaluer le travail par un atelier à Mexico et quand je leur avait confié que c’était un véhicule nordique le ton de leur voix avait changé et craignant une grosse journée de labeur, ils ne pouvaient pas nous donner de rendez-vous avant une semaine; on avait laissé tombé. J’anticipais une rude bataille contre la rouille, mais il n’en a pas du tout été ainsi et le travail s’est complété dans les temps prescrits. De plus, une inspection sommaire du reste de la suspension indiquait que le reste semblait en ordre.
Je ne pensais honnêtement pas qu’il allait y avoir une deuxième partie à la saga du câble, mais loin passé Mexico à Coatzalcoalos alors qu’Audrey était au volent, le bras de vitesse est redevenu mou comme la première fois. Coincés en 3e et dans une côté, nous avons réussi au prix d’une bonne odeur d’embrayage brûlé à sortir la voiture de la voie. En mode solution, un nouveau bris du câble n’a même pas fait partie de mon diagnostic différentiel du problème. Il était quand même neuf !
Aussitôt le capot ouvert, l’avarie m’a sauté aux yeux. Le support qui tenait le dit câble à la transmission était complètement détaché et un boulon manquait. Le mécanicien qui avait fait le travail à Okhlahoma City l’avait de toute évidence mal réinstallé. Le petit kit d’outils Canadian Tire a de nouveau connu du service et en quelques minutes j’avais réinstallé le tout et la voiture était de nouveau opérationnelle. Ses vitesses passaient d’ailleurs pas mal plus aisément, alors de toute évidence le problème se tramait depuis un certain temps.
Les garages automobiles, je les fréquentes quand je n’ai pas les outils qu’il faut ou le temps, mais pour autant qu’on s’intéresse un peu à la mécanique, on est toujours mieux servi que par soi-même (et c’est vrai pour bien des choses). Je ne compte plus le nombre de fois que des mécaniciens ont mal faits leur boulot sur mes véhicules. Si votre mécano est minutieux et soigné, gardez-le précieusement comme vous gardez votre médecin de famille; c’est une rareté.
Nous n’étions pas tout à fait au bout de nos peines automobiles par contre. En déchargeant le véhicule le soir même, j’ai remarqué que les tapis aux pieds des passagers avant et arrière étaient saturés d’eau. Nous voyant éponger l’innondation, un Mexicain curieux nous à gentiement offert une bonne dose de sens-bon à la fraise chimique et nous a aussi dispensés de sa certitude qu’il y avait un trou dans la carosserie. Pour une voiture de cet âge et venant du Québec de surcroît, c’était une réelle possibilité. Cependant, nous n’avions pas roulés dans la pluie à ce point et le dessous de la voiture, je l’avais bien inspecté. Il était tard de toute manière et Audrey tenait à ce que le problème soit investigué demain.
Il y a quelques années, j’avais eu vent d’un problème similaire avec la voiture de mon cousin et au final, c’était l’air-climatisé qui se jetais dans l’habitable plutôt qu’à l’extérieur. Constatant le débit auquel les airs climatisés de l’hôtel crachaient leur eau de condensation, je me suis dit qu’il fallait que ça vienne de là. Sachant pertinament que je n’allais pas pouvoir fermer l’oeil sans avoir évacué au moins cette hypothèse, je me suis mis en mode recherche. Un petit tutoriel YouTube plus tard, j’avais localisé le tube d’évacuation de la condensation, constaté qu’effectivement il se jetais dans l’habitacle, puis l’avais promptement réinstallé dans son trou pour qu’il se déverse à l’extérieur. Pour une fois, c’était simple.

La mécanique, c’est comme la médecine. On émet des hypothèses, ont fait des tests, on trouve le diagnostic et on répare. Chez l’humain par contre, la machinerie est diablement plus complexe, elle ne se démonte pas facilement, les pièces de rechange sont rares voir inexistantes et bien des problèmes ne se réparent pas.
Éventuellement, je détaillerai sur ce blogue les raisons qui nous ont poussés à acheter un vieux véhicule (et j’en ferai même une publication à part entière pour d’éventiuels aventuriers qui voudraient nous imiter). Pour le moment, je pense que nous sommes sur une bonne lancée et j’ai bon espoir qu’avec un minimum maintenance préventive on puisse se rendre jusqu’au bout.