Dacca (2), Bangladesh

Fleuve Buriganga, Dacca, Bangladesh

Il n’a fallu que 45 minutes d’avion pour rejoindre Dacca. Un petit vol mouvementé avec une fin de croisière à basse altitude sous le plafond nuageux et une approche finale bien pentue. Vu que nous repartions le lendemain, nous avions choisi une auberge proche de l’aéroport. Il s’adonnait que cette dernière était la propriété d’une expatrié hollandaise et le seul endroit au pays ou l’on pouvait avoir un lit en dortoir à bas prix (et les chambres à deux fois le prix d’un dortoir); les hôtels sont quand même onéreux ici. Alors que nous préparions à sortir pour l’après-midi, deux clientes font leur entrée. Le visage de l’une d’elle me dit quelque chose. Quelques minutes plus tard, pendant que je laçais mes bottes, celle-ci nous approche et nous demande si nous n’étions pas les deux Canadiens en voiture au Tadjikistan. Les souvenirs se replacent instantanément dans ma mémoire : nous l’avions effectivement rencontré à Ishkashim en octobre dernier. Quelles étaient les chances…

Fleuve Buriganga, Dacca, Bangladesh

Port de rivière, Dacca, Bangladesh

Sur le pont d’un ferry, Dacca, Bangladesh
Nous avions rencontré ce sympathique Bangladeshi lors de notre première visite à Dacca et l’avons recroisé par hasard sur le pont d’un traversier

Nous n’avions qu’un objectif pour cette dernière journée : nous promener dans le vieux Dacca. Malheureusement, l’heure et demi de tuk tuk pour traverser la ville nous aura mangé le plus clair de notre temps de visite, ne nous laissant suffisamment de lumière que pour voir le terminal de ferry au port de rivière, d’où part tout le transport fluvial de passagers. Sur place, je suis tombé sur un coolie qui parlait un assez bon anglais et partant pour me faire faire le tour d’un de ces navires. Navires je dis, car les plus gros peuvent transporter plus de 5000 passagers. À côté du terminal, un plus petit quai d’où partaient et venait les petites barques qui faisaient office de traversier (même s’il y avait un pont non-loin). L’activité sur la rivière et ses berges était d’une rare intensité et je m’en suis voulu de ne pas être arrivé plus tôt pour l’observer plus longuement.

Port de rivière, Dacca, Bangladesh

Fleuve Buriganga, Dacca, BangladeshPour le reste de la soirée, j’entretenais le projet de regagner l’auberge à pied. Comme il arrive parfois dans les couples, l’information ne s’était pas communiquée adéquatement entre les deux parties donc Audrey s’attendait à un retour expéditif. Vu l’heure qu’il était (et la bonne dizaine de kilomètres qu’il restait), il m’a fallu concéder que mon plan était trop ambitieux. Dommage, j’aurais volontiers visité Dacca davantage; et le Bangladesh tout entier d’ailleurs, mais nous quittions pour le Myanmar le lendemain.

Rue du vieux Dacca, Bangladesh

Le Bangladesh s’est définitivement positionné comme l’un de nos coup de coeur. Contre toute attente… Les raisons qui avaient initialement motivées notre venue se limitaient à la curiosité, le fait qu’il était voisin de l’Inde et qu’il se trouvait hors du circuit. C’est à dire loin de l’idée de la moyenne des touristes de mettre les pieds là. Pour plein de raisons valables d’ailleurs : le pays est sale, malodorant, surpeuplé et question tourisme, il n’y a pas grand-chose à y faire. Mais c’est dans les Bangladeshis que réside tout l’attrait de ce fascinant pays, un peuple chaleureux, authentique et accueillant comme nous n’en avions pas croisé depuis l’Asie-Centrale. Pour cette raison seule, le Bangladesh vaut mille-fois le détour. L’on s’y sent vraiment étranger, mais ô combien le bienvenu et c’est là tout son charme.

 

Au cours de notre semaine passée au Bangladesh, maintes comparaisons ont été faites avec l’Inde, malheureusement au détriment de cette dernière. Il faut l’avouer, nous en étions  sortis saturés, mais la réalité est que son peuple est lui aussi très chaleureux, probablement tout autant que celui de son petit voisin de l’est. Or, le tourisme corrompt à ce point que le harcèlement fait de nos jours partie intégrante de l’expérience indienne. Est-ce le sort qui attend le Bangladesh s’il parvient un jour à se positionner comme destination choix de la région? Probablement pas autant. Il existe des différences culturelles fondamentales entre les deux pays, ne serait-ce que de par le fait que l’un est à majorité musulmane et l’autre hindoue. Et ce que je m’apprête à avancer pourra paraître une grossière généralisation, mais de ce que j’ai pu en voir, les musulmans sont largement plus respectueux d’autrui (et des femmes [oui!]), consciencieux et entreprenants (ceux de l’Inde n’y font pas exception) . Si vous m’aviez demandé mon avis sur le Bangladesh il y de ça quelques semaines, je vous aurais répondu que c’est un pays pauvre à l’avant scène des désastres naturels causés par le réchauffement climatique. Posez-moi cette même question aujourd’hui et je vous répondrai la même chose, mais j’ajouterai que face à ces défis se dresse un peuple bon, optimiste, résilient, lucide, en plein essor de développement et qui d’ici quelques décennies a de très bonnes chances de pouvoir se tailler une place de choix dans le monde.

Dacca, Bangladesh

Leave a Reply

Your email address will not be published. Required fields are marked *