Comme le récit sur la ville d’Astana est très long, je l’ai divisé en plusieurs parties (ça laissera plus de places pour les photos):
- Premier contact
- La Golf se refait une beauté
- Exposition universelle (partie 1)
- John
- Le musée présidentiel et l’exposition universelle (partie 2)
- Exposition universelle (partie 3)
Debout plus tôt qu’Audrey, j’en ai profité pour travailler. Vers une heure, nous avons pris le bus direction le vieux Astana pour visiter le musée présidentiel, car ce genre de truc propagandiste m’amuse vraiment. Une fois sur place, un guide s’est gentiement offert de nous faire la visite en anglais (gratuitement, car un tel site se doit d’être accessible à tous). De salle en salle, nous en avons appris sur la vie du président Nazarbayev et de tout ce qu’il a fait pour la nation Kazakhe. Le tout bien sûr livré sur fond de culte de la personnalité. Le musée n’avait rien de spécial, mais l’information entre les lignes et le contexte dans lequel il avait été érigé, c’est à dire dans l’ancien palais présidentiel était pour le moins intéressant.
Le président, élu « démocratiquement » depuis l’indépendance du Kazakhstan, remporte systématiquement 95% des voix. À chaque suffrage, les organismes de surveillance internationaux décrivent de graves irrégularités, mais qu’à cela ne tienne, le peuple Kazakhe ne se barde pas trop d’avoir à sa tête une dictature camouflée. Avec un peu de raisons, car contrairement à bien d’autres endroits dans le monde, ils sont dirigés par un despote éclairé. Despote, car bien évidemment la liberté de presse dans le pays est quelque peu questionable et l’opposition politique systématiquement muselée, mais éclairée, car c’est probablement à Nazarbayev que le pays doit son essor économique post-URSS et l’augmentation drastique du niveau de vie. Secondement, un pays constitué par une mosaïque de peuples aurait-il pu, suite à l’effondrement du bloc et sans aucune culture démocratique aurait-il pu tout d’un coup magiquement s’entendre et fonder un état de droit gouverné par un parlement élu dans la plus totale transparence? Probablement pas, en tout cas, peu de congénères du Kazakhstan y sont parvenus de manière conclusive. Le président agi comme une force unificatrice. Comme de fait, sa décision de déplacer la capitale d’Almaty à Astana afin de la rendre plus centrale et ce faisant de briser les démarcations ethniques s’inscrit directement dans cette logique.
Sortis du musée, nous sommes passés dans un café où par pur hasard nous avons fait la rencontre de Ian, un Montréalais en voyage dans la région pour plusieurs mois. La discussion s’étant un peu étirée, nous sommes arrivés sur le site de l’exposition légèrement en retard sur notre planning, mais avec néanmoins suffisamment de temps pour faire quelques pavillons. Auparavant, passage au restaurant coréen pour bi bim bap et kimchi (beaucoup de pavillons ont leur propre restaurant où il se sert de la cuisine nationale). Une fois rassasiés par un repas bon mais cher (évidemment), nous nous sommes de suite dirigés vers le pavillon du Turkménistan, évidemment complètement propagandiste. Pour un pays surnommé la Corée-du-Nord de l’Asie Centrale, il fallait s’y attendre. Lorsqu’il ne parlait pas de projets complètement loufoques ou d’un niveau digne de première année universitaire, le pays vantait ses installations gazières et pétrolières (rappelez vous que le thème de l’exposition est l’énergie du futur…), son infrastructure ou encore le fait qu’Ashgabat, sa capitale, avait récemment reçu le record du monde de ville contenant le plus de bâtiments de marbre (car le marbre est un matériel de construction définitivement écologique et durable). Le tout expliqué avec le la rhétorique du type : « En cette ère de grandeur et de bonheur sous le bienveillant leadership du président des mesures révolutionnaires ont été implémentées dans l’optique d’assurer à la population les plus hauts standards de vie … » Alors pourquoi sommes-nous donc allés perdre notre précieux temps temps de visite dans un tel endroit? Et bien pour se photographier dans le pavillon afin de le montrer au personnel de l’ambassade lorsque nous irons demander notre visa: Êtes-vous allés à l’exposition universelle? Non? C’est dommage, le Turkménistan avait un super pavillon, voulez-vous le voir? Nous avons pris des photos.
Avec peu de temps devant nous, nous avons enchaînés avec l’Ouzbékistan (un peu comme le Turkménistan) la Finlande (très bien), Grèce (ne vantait que le tourisme), Géorgie (idem), Lettonie (intéressant), Vatican (de belles photos et de bien beaux mots, aucune solution concrète évidemment), l’Autriche (engageant, bien exécuté et ludique, peu d’informations par contre), les États-Unis (l’énergie du futur? It’s people and dreams! après on vous montre de la publicité pour General Electric), Vénézula (tourisme et pétrole).
Au retour à l’auberge, Audrey et moi étions assis à boire une bière non loin de la voiture quand Sven qui passait s’est joint à nous. Du même âge que moi, programmeur, passionné de moto d’aventure et il tient un blogue, disons que ça l’a cliqué jusqu’à quatre heures du matin. C’est pour ce genre de rencontres que je voyage et jusqu’à maintenant celles faites en Asie Centrale se sont avérés être à la hauteur de mes attentes. L’endroit oblige, on ne choisirait pas ce genre de pays comme première destination étrangère. Tous les voyageurs se trouvant ici on donc nécessairement un bon cursus et bien des histoires à conter. Sven quittait l’auberge le lendemain, mais nous allions certainement le recroiser, car il se dirigeait dans la même direction que nous, c’est à dire le Pamir.
J’ai bien aimé tes observations sur un dictateur éclairé. Tout fonctionne au début avec l’appui total du peuple qui s’enrichit, puis la mégalomanie arrive et il devient indélogeable. Une bon dicton sur le démocratie : c’est le pire système pour choisir ses leaders mais le meilleur pour s’en débarrasser.
Très belles photos de cette ville toute neuve. Où ont t’ils caché les bidons villes et les mendiants?
Même si je ne commente pas souvent, je vous suis.
Merci Pierre. Je ne sais pas où ils avaient caché les mendiants, mais pour les bidonvilles, il n’y en avait sûrement pas, car le Kazakhstan n’est pas un pays si pauvre.