Ishkashim, Pamir, Tadjikistan – Camp dans vallée du Wakhan, Pamir

  • Date : 4 octobre
  • Départ : 10h00
  • Arrivée : 19h00
  • Température : nuages et soleil
  • Route : affreuse mais praticable, parfois passable
Cliquez pour plus de détails (Google Maps n’a pas de cartes fiables pour cette région)

La vallée du Wakhan, en plus de ses beaux coups d’oeil, possède quelques attractions valant le détour. Nous désirions en visiter quelques-unes ce jour là. Premier arrêt, la forteresse Khaakha, agée de plus de deux millénaires. En vertu de sa position sur un promontoire donnant une bonne vue de la vallée, l’armée tadjike y avait installé un poste d’observation. On peut donc dire que la forteresse, même après tous ces siècles, occupe encore un rôle militaire. D’ailleurs, l’emplacement stratégique de la vallée du Wakhan a fait d’elle une frontière pour plus d’un empire et pays. C’est pourquoi elle est encore très surveillée et fréquemment, l’on croise bases militaires et patrouilles tadjikes.

À nouveau en route vers le creux de la vallée, il nous a fallu un bon moment de routes dégueulasses avant d’atteindre l’embranchement vers notre deuxième attraction, une autre forteresse (le fort de Yamchoun) et non loin les sources sacrées de Bibi-Fatima. Cependant, il nous fallait encore monter un bon huit kilomètres de pistes avant de les atteindre. Hésitant plusieurs fois à poursuivre en raison de la difficulté du chemin, la Golf s’est toutefois montrées très capable de se rendre jusqu’en haut et ce malgré le fait que la piste était conçue pour des 4×4. Après avoir profité d’un dîner tardif, nous sommes dirigés vers le fort. Bien plus élevée que la précédente forteresse, il offrait une vue des plus impressionnantes sur la vallée en contre-bas et les montagnes afghanes. En fait, la dernière fois qu’il m’avait été donné de profiter de paysages aussi splendides, c’était en visitant d’autres fortifications, celles de Kotor au Monténégro.

Les sources ne furent pas aussi agréable, du moins en ce qui concernait le côté masculin qui puait l’homme à l’hygiène déficiente et où à la surface de l’eau l’on pouvait apercevoir un léger film de souillures. Au moins, mes compagnons de bains étaient sympathiques et curieux envers ma présence dans un coin si reculé de leur pays. Audrey, de son côté, semblait avoir davantage apprécié l’expérience. Et dire que c’était moi qui lui avait vendu la chose…

Il était relativement tard lorsque nous sommes sortis des sources et il restait tout juste assez de lumière pour rouler un peu et nous trouver un coin où poser notre tente. La chose n’a pas été une mince affaire, mais finalement un endroit propice en surplomb de la route et à l’abri des regards s’est présenté in extremis. La météo en montagne étant ce qu’elle est (imprévisible et changeante), nous avions tout terminé de cuisiner le repas qu’un solide vent s’est levé et nous a obligé à passer le reste de soirée à l’intérieur de la Golf.

Khorog, Pamir, Tadjikistan – Ishkashim, Pamir, Tadjikistan

  • Date : 3 octobre
  • Départ : 13h30
  • Arrivée : 19h00
  • Température : soleil
  • Route : affreuse mais praticable, s’améliore 15 kilomètres avant Ishkashim
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La vallée du Wakhan, frontière sud du Tadjikistan avec l’Afghanistan, est possiblement l’endroit le plus reculé du Tadjikistan. Bien qu’il nous ait été possible de l’atteindre plus tôt sur la route du Pamir par un embranchement plus en amont, nous avions décidé de rebrousser le chemin en raison de l’état de la chaussée. Notre plan B pour nous y rendre était donc de passer par Khorog puis d’y descendre. Après un ravitaillement en essence et plusieurs tentatives infructueuses de retirer des espèces (nous avions prévus amplement de liquide US pour ce genre de situation), nous nous sommes engagés sur la route vers Ishkashim, ville d’entrée de cette région. Rapidement, la route s’est orientée dans une autre vallée avec de l’autre côté : l’Afghanistan…parfois littéralement à un jet de pierre.

Un vieux blindé russe. Le genre de trouvailles que l’on fait dans cette région du monde…
De l’autre côté de la rivière l’Afghanistan!

Pourquoi tant d’obsession avec l’Afghanistan? Pour la place qu’il occupe dans la psyché occidentale comme pays où tant de nos troupes y ont fait la guerre à un ennemi des plus nébuleux: les Talibans. Bien qu’aujourd’hui nos soldats se soient retirés de ce damné conflit, le pays n’est toujours pas pacifié. Comme ex-militaire, j’en sais quelque chose… C’est tout de même une triste réputation, mais en arrière-plan de cette sinistre situation, nous savions aussi qu’il existait un peuple chaleureux, résilient et authentique. Notre incursions dans la vallée du Wakhan allait donc nous donner un aperçu de ce fascinant pays. Ou du moins de la population qui habite cette région, car l’Afghanistan est une mosaïque de cultures et celle qui réside non loin du Tadjikistan est d’origine … tadjike; elle n’a en fait jamais été en guerre à proprement dit, car le conflit concernait surtout les pachtounes du sud. Fait curieux fait, et c’est Audrey qui faisait la remarque, c’était la première fois pour chacun que nous allions voir autant d’un pays sans y mettre les pieds.

Des champs afghans

Bref, la route jusqu’à peu avant notre destination était un mélange de gravier entrecoupé de reste d’asphalte, mais comme partout dans le Pamir, l’attrait du paysage compensait. Nous y avons bien certainement ramassés quelques auto-stoppeurs, dont une grand-mère hautement sympathique qui nous a fait don d’un excellent pain pour la peine. Arrivés à Ishkashim, il se faisait plutôt tard donc nous avons opté pour l’option guesthouse. Là, nous y avons retrouvés les deux autre voyageurs croisés dans un bar la veille, mais aussi une Suisse et une Anglaise sur un tour du monde de deux ans en Hyundai Santa-Fé. En les questionnant sur leur voyage elle nous confié devoir être a la frontière chinoise dans quelques semaines pour y rejoindre un convoi d’européens avec lequel elles allaient traverser le pays (il faut absolument être accompagné d’un guide pour conduire en Chine…) Le même convoi vers lequel se dirigeaient un couple d’Anglais croisés à Aralsk lorsque nous y étions coincés pour des réparations sur la Golf.

Le lendemain, nous comptions aller faire un petit tour en Afghanistan, car il paraissait que les gardes frontières laissaient les étrangers passer s’ils fournissaient leur passeport comme caution. Cela se faisait surtout les samedis, jour de marché dans la ville afghane de l’autre côté. Malheureusement, un guide tadjike nous a confirmé que cela n’était plus permis depuis deux ans. L’excursion était toujours possible, mais il nous fallait un visa afghan et un visa tadjike à double entrée, deux choses que nous ne possédions pas. Dommage, vu que le Wakhan afghan est une partie très sécuritaire du pays (car ethniquement différente des Afghans du sud) nous aurions adorés aller y faire une petite visite, car l’opportunité n’allait pas se représenter de sitôt.

Camp dans la vallée, Pamir – Khorog, Pamir, Tadjikistan

  • Date : 2 octobre
  • Départ : 11h00
  • Arrivée : 16h00
  • Température : soleil
  • Route : plutôt bien (pour le Pamir)
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Lors notre approvisionnement, nous avions achetés un large surplus de pommes que nous comptions distribuer aux gens que nous croisions. Une bande de bergers menant un large troupeau se sont donc mérités plusieurs fruits, ce qui a dû les rendre plutôt heureux, car lorsque je les ai approchés, ils dînaient au pain rassis. Cela ne les a pas empêcher de nous en un donner un en échange pour notre générosité. Bien que le blé ne pousse pas partout en Asie-Centrale, l’art du pain y est bien installé et ce dernier est généralement très bon. De forme ronde et plate, nous pensons qu’il est cuit dans des sortes de fours tandoori.

La nuit que nous venions de passer – assez fraîche à en juger par les croûtes de glace sur le torrent voisin ainsi qu’au réveil sur le sac-de-couchage d’Audrey – était la dernière au-dessus de 3000 mètres. À partir de maintenant, nous n’allions que redescendre. Petit à petit donc, le paysage s’est changé de pâturages de haute montagne en celui d’une vallée escarpée mais verdoyante et peuplée de charmants petits villages. Vu que la route était de bonne qualité, nous avons filé jusqu’à Khorog, capitale du Pamir. Désireux de contribuer à l’effort de transport local, nous en avons profité pour ramasser nombres d’auto-stoppeurs, qui à chaque reprise ne manquent pas d’être curieux et généreux de leur remerciements une fois le trajet complété. Parmi les différents peuples qu’il nous a été donné de côtoyer jusqu’à maintenant, les Tadjikes, du moins ceux habitant le Pamir, sont de loin les plus sympathiques. Tous nous envoient la main lorsque nous passons et les enfants ne ratent pas l’occasion de nous lâcher des « Hello! » à tout va.

Difficile de rentrer tout ce paysage dans la caméra!

 

Arrivés à notre hostel à Khorog, nous y avons fait du lavage puis sommes partis pour une marche en ville. Un peu de civilisation et propreté ne faisait vraiment pas de mal. En prenant une bière sur une terrasse, deux autres étrangers interrogés sur leur plans du lendemain nous ont informés qu’ils partaient dans la vallée du Wakhan, frontière avec l’Afghanistan. Les interrogeant sur la qualité de la route depuis Khorog, ils ont renvoyé la question à leur guide tadjike qui nous a confirmé qu’elle n’était pas si mal. C’était donc dans cette direction que nous allions poursuivre notre exploration de la région. Après un bon repas dans un restaurant à l’ambiance chauffée par les locaux (on s’est même fait une petite dance sur Despacito), nous sommes rentrés nous coucher.

Mourghab, Pamir, Tadjikistan – Camp dans la vallée, Pamir

  • Date : 1er octobre
  • Départ : 11h00
  • Arrivée : 18h00
  • Température : soleil
  • Route : acceptable (pour le Pamir) sauf un tronçon d’une trentaine de kilomètres entre l’intersection avec la route du Wakhan et près de Jelandy
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Debout de bonne heure, nous sommes allés laver la vaisselle de la veille dans la rivière d’à côté puis avons repris notre périple. Naturellement, le paysage était à couper le souffle. Le Pamir est parsemé de petites attractions comme de pittoresques petits villages, des sources chaudes, des tombeaux chinois et autres. Justement, nous avons tenté d’aller visiter l’un de ces derniers, mais avons été contraints de faire demi-tour en raison de la piètre qualité de la route. De gravier, elle était rectiligne et exempte de trou, mais le passage répété de camions avais rendu sa surface rugueuse à un point tel que toute vitesse passée 5km/h faisait vibrer le véhicule de manière préoccupante. Les anglais appellent ce phénomène le « washboarding » en français, on le nomme tôte ondulée. La Golf, a l’âge qu’elle a et nous ne voulions surtout pas la soumettre à des vibrations qui auraient tôt fait de briser des connections hydrauliques ou électriques. C’est pourquoi nous avons rebroussé le chemin.

Des yaks!

Nous avons lunché aux abords d’un lac de montagne salé puis sommes arrivés peu après à l’embranchement avec la route menant à la vallée du Wakhan, frontière entre le Tadjikistan et l’Afghanistan. Notre guide abondait en commentaires positifs sur ce lieu reculé du pays et c’est le chemin que nous comptions prendre … pour autant que la route soit praticable. Nous ne nous faisions pas vraiment d’illusions, vu l’état de la route du Pamir, il aurait été étonnant que la route vers le Wakhan soit pavée. Comme de fait, elle ne l’était pas et comme le petit chemin précédent, sa surface était beaucoup trop rugueuse. Si ce n’était pas le tronçon le moins fréquenté du Pamir, peut-être que nous l’aurions tenté, mais 200 kilomètres de route pourrie dans un endroit si peu passant avec un evoiture un peu vétuste, c’était tenter le diable. D’autant plus qu’il allait être possible d’accéder cette vallée depuis l’autre côté où la route avait le potentiel d’être meilleure.

Nous sommes donc retournés sur la route officielle du Pamir. Après un tronçon non pavé et assez rocailleux, nous avons débouché sur un col flanqué de sommets à plus de 6000 mètres. Redescendus de l’autre côté, nous avons établi camp pour la nuit et nous sommes préparés un repas de pâtes sauce tomates. Comme la veille, il a fallu le déguster dans la voiture en raison du vent. La température a beau avoisiner les 10 degrés pendant le jour et 0 la nuit, les bourrasques rendent tout moment à l’extérieur assez difficile. D’autant plus qu’il est impossible de s’en protéger, elles viennent par grosses rafales de tout les côtés. Quant à l’altitude, nous n’en ressentions pas trop les effets si ce n’était pour ma part qu’un petit mal de tête assez constant, mais très tolérable.

Karakoul, Pamir, Tadjikistan – Mourgab, Pamir, Tadjikistan

  • Date : 30 septembre
  • Départ : 12h00
  • Arrivée : 19h00
  • Température : soleil
  • Route : acceptable jusqu’à 40km après Karakoul, 30 kilomètres de gravier avec beaucoup de tôle ondulée, puis acceptable
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La nuit n’a pas été de tout repos. Je ne sais pas si c’est l’abus de beurre de yak ou la vodka ou les deux, mais il a fallu que j’aille régurgiter le tout en plein milieu de mon sommeil. Les toilettes, évidemment en mode Pamir, consistait en un trou flanqué de quatre murs sans toit à cinquante mètres de la maison. Peu après, c’est le froid qui m’a gagné, car notre feu de bouse de yak s’était épuisé. La température est rude à 4000 mètres d’altitude.

Au lendemain, tous deux quand même rétablis de la veille, nous avons profité de notre déjeuner puis sommes partis faire un tour du village. Bien qu’une bonne partie des maisons soit abandonnées, l’endroit revêtait d’un charme certain et offrait des vues que l’on ne trouve généralement que dans des reportages du National Geographic. Par moment, on se sentait transporté dans des temps révolus: devant chaque maisonnette de terre séchée, des bouses bien cordées en prévision de l’hiver. Pourtant, une antenne cellulaire surplombait les petits toits et plus d’une habitation possédait des panneaux solaires. Après avoir laissé les béquilles d’Audrey à la petite clinique du village, nous avons pris la route direction Mourgab, ville principale du Pamir oriental.

De vallée en vallée et de col en cols le paysage était sublime et à la hauteur de nos attentes. À intervalles régulières, de petits hameaux aux cheminées fumantes et entre les deux, des bergeries avec leurs troupeaux de chèvres et de moutons. On aurait pas pu demander mieux comme trajet. Naturellement, la route n’était pas très entretenue, mais exception faite d’un tronçon plutôt difficile, elle était largement pavée et se roulait à vitesse acceptable. Par acceptable j’entends une moyenne de 30 km/h, car la chaussés restait perforée de nid de poules et de larges bosses.

Nous avons atteint Mourgab vers la fin de l’après-midi. Ville de plus de 6000 habitants, elle s’étend à flanc de montagne au creux d’une large vallée et constitue la porte d’entrée des camions de fret chinois en direction du Tadjikistan occidental. Plusieurs voyageurs y passent la nuit, nous avons plutôt opté pour un plein d’essence, un petit tour de ses deux rues principales puis de rouler 10-20 kilomètres plus loin pour y établir notre camp.

Mourgab

En montagne et surtout en cette période de l’année, impossible de trouver un endroit à l’abri du vent et donc du froid. Audrey s’est donc chargée de préparer les ingrédients de notre repas de tortillas depuis l’intérieur de la voiture pendant que je l’ai fait cuire à l’extérieur. Il en est résulté une espèce de fricassée un peu insipide, mais bon, nous avions faim et compte tenu des circonstances, ce n’était pas si mal réussi.