Avec seulement quatre jours devant nous, nos options de trekking étaient limitées. C’était trop peu de temps pour aller rejoindre le camp de base de l’Annapurna et encore moins pour en faire le tour; deux trajets très populaires. Par contre, il existait une boucle qui allait nous rapprocher des hauts sommets: Pun Hill. C’est ce trek qui a été choisi par mes compagnonnes de voyage (je ne me suis pas vraiment impliqué dans le processus décisionnel…)
Birethanti – Ulleri
Le premier tronçon, moins agréable, s’est marché sur une route poussiéreuse. Après un petit deux heures, nous avons bifurqués pour emprunter un long escalier de pierre que nous avons gravi pendant à peu près le même laps de temps. En fait jusqu’à notre halte pour la nuit. La région, quand même habitée par de la petite paysannerie de subsistance, est peu desservie par des routes carrossables, mais quadrillée de sentiers de pierres. Construits sur des siècles, ils relient les petits hameaux ensemble afin de faciliter la circulation de porteurs et d’ânes, lesquels étaient aussi nombreux que les touristes sur les sentiers.
Le trekking étant à ce point une activité prevalente dans la région, chaque village offre de nombreuses options de logis et de restauration au marcheurs. Douche chaude, bière, vin, burgers, tout s’y trouve. Je ne m’attendais pas à un tel niveau de confort. Les prix sont par contre substantiellement plus élevés qu’en ville, mais ils sont quand même fixés par un organisme afin de redistribuer également les recettes du tourisme.
Ulleri- Ghorepani
En trekking, on se couche tôt et on se lève tôt. Vu que nous avions peu à parcourir pour arriver à notre prochaine halte, nous sommes arrivés à destination pour le dîner. Ghorepani est un village qui s’est grandement développé grâce au tourisme que lui a apporté sa principale attraction : Pun Hill, un point de vue au sommet d’une colline à 30 minutes de montée du village. Apparemment, le coup d’oeil y était des plus spectaculaire au coucher et au lever du soleil. Après avoir relaxé un peu donc, nous nous y sommes dirigés à temps pour le crépuscule. Arrivés en haut, le panorama en valait vraiment l’effort et offrait une vue imprenable sur des sommets à plus de 8000 mètres, spécialement embelli par la lumière changeante du crépuscule. Dominant le paysage en raison de sa proximité, l’Annapurna Sud, lui dans les 7000. De retour à l’auberge, nous avons terminé la soirée autour d’une partie de cartes et une courte discussion avec des népalais en visite pour le travail.
Ghorepani – Ghandruk
Il fallait se lever à 5h15 pour aller assister au lever du soleil sur Pun Hill. Pas trop enchanté par l’idée, j’avais initialement décliné l’offre, d’autant plus que j’avais vu le coucher. En cours de soirée par contre, j’ai changé d’avis, mais sans en informer ma mère et ma tante car je comptais partir après elles afin de les surprendre au sommet. Levé tôt pour l’occasion donc, j’ai ramassé mes affaires puis me suis mis en route à bon pas. En arrivant au petit kiosque à l’entrée du parc, j’ai remarqué un attroupement de gens que j’ai aussitôt assimilé à une file pour acheter un billet. Comme celui de la veille était encore validé, j’ai poursuivi mon chemin sans m’arrêter.
Rapidement donc, j’ai gravi les centaines de marchés menant au point de vue, doublant de dizaines de personnes au passage. Une fois en haut, j’ai surpris ma mère et ma tante qui, me connaissant comme la personne la moins matinale du monde, étaient étonnées de me voir à cette heure si hâtive. Puis elles m’ont de suite demandé si j’avais croisé la scène de l’entrée du parc et m’ont informé que c’était en fait un homme ayant subi un malaise cardiaque et sur lequel d’autres pratiquaient des manœuvres de réanimation. Aïe, quelle malchance pour ce type. Un infarctus dans un endroit si reculé, ça va faire du dégât … si il s’en sort. Dans tous les cas, il semblait être en bonnes mains, car les guides étaient formés en secourisme et le médecin du village avait été appelé. L’idée d’y retourner m’est passée par l’esprit, mais voilà déjà une demi-heure que j’avais croisé le lieu du drame. Il était trop tard pour rajouter à l’intervention. Le haut de la colline était bondé par rapport à la veille, mais le spectacle en valait la peine et s’est avéré être bien plus impressionnant et coloré que le crépuscule. Vous en jugerez en comparant avec les photos d’hier.
Au retour à l’auberge, nous avons enfilé avec un bon déjeuner puis avons débuté les préparatifs pour une journée de marche de 8 heures selon le guide. Un peu avant notre départ le vrombissement d’un hélicoptère s’est fait entendre n’au loin. C’était probablement pour le malheureux homme. En bon curieux, je suis sorti du lodge pour assister à la scène de loin. Une fois atterri sur une piste de fortune, de nombreuses personnes ont commencé à s’affairer autour de l’appareil. À en juger par la configuration de la machine, elle ne devait pas être capable de transporter une civière. Effectivement, c’est un corps dans un sac qui a été chargé en soute; triste fin de vacances, mais de vie? J’imagine que cet homme avait vécu des derniers moments heureux en trek au Népal avant que la grande faucheuse ne passe. Pour ses proches par contre, quel cauchemard… Peu après, j’au croisé l’un des étrangers qui était présent sur la scène du drame. Je n’ai pas pu m’empêcher de lui demander des détails, non sans le féliciter pour son intervention. Il avait massé pendant une bonne demi-heure. L’homme était dans la cinquantaine, mais possédait des antécédents cardiaques. Avec l’altitude, l’effort et l’heure matinale, ce cocktail a eu raison de lui.
La randonnée n’a pas été de tout repos. Le guide avait dit 8 heures, mais vu que nous battions toujours ses prédictions, nous allions probablement nous rendre à destination en six et demi. Tout de même, avec déjà une bonne avance sur la fatigue de la journée pour avoir assisté à l’aurore en haut de la colline, il nous a fallu monter et descendre beaucoup de dénivelé. En plus, j’ai dû partir seul me taper un 20 minutes extra de marchés pour aller récupérer la gourde de ma mère. Hélas, elle n’était plus là où elle l’avait laissé… Une chance que la vue compensait. Forêts de rhododendrons, forêt humide, ruisseaux, vallées luxuriantes, nous avions quittés les hauteurs, mais les hauts sommets des Annapurnas se laissaient souvent entrevoir. Une fois débarqués Ghandruk, nos jambes ne nous portaient presque plus.
Ghandruk – Birethanti
Dernier jour de trek, toute en descente cette fois-ci. Le paysage, fait de moyennes montagnes et d’agriculture en étage, avait de quoi plaire. En quelques heures, nous étions de retour à notre point de départ.
Pokhara
Revenus à Pokhara, nous avons remercié notre guide, sommes allés nous doucher puis sommes partis en ville pour prendre et un verre et, à la suggestion d’Audrey, manger de la pizza; une succulente manière de mettre fin au menu routinier des lodges de trekking.
Bilan sur l’aventure des derniers jours donc. Divertissant, assez exigeant sur le plan physique, mais un peu trop confortable et balisé à mon goût. Tant qu’à aller marcher au Népal, j’aurais préféré une expérience plus proche de la nature et en autonomie. Cependant, je ne suis pas certain que mes compagnonnes de voyage partagent le même avis. Toutefois, elles s’accordent toutes pour affirmer que le guide n’est vraiment pas une nécessité (ça, je le savais). Une carte aurait largement suffit pour nous orienter dans les sentiers. Par contre, il faut dire que le guide nous a largement facilité la vie côté logis et nourriture et a pu répondre à bien de nos questions concernant la géographie, la faune, la flore, les habitants de la région et le Népal en général. À 30$ par jours, pourquoi pas.
hé ben, c’est super de voir vos magnifiques photos de ces régions tant aimé… Audrey tu as l’air d’une sacré conquérante au sommet dans le coucher du soleil. .bravo Audrey pour la pizza à la fin, c’est un quand même une quasi coutume à respecter après un treck….Antoine, tu aimerais sans doute plus le camp de base de l’Everest avec moins de monde à la clé. Le début de l’Annapurna (par Besishahar) est aussi moins populeux car plus long treck…mais ça vous a donner un super bon aperçu.
Ça m’émeut de vous savoir là.
Hélène
Antoine essaie de ménager mes deux petites sœurs, une est dans la soixantaine et l’autre non loin. Vous voyez des paysages magnifiques.
En plus, la table bleu où vous êtes assis avec le linge à séché, hé bien, Jean et moi nous sommes assis et diner à cette même étable ….il y a 10 ans. J’ai même une photo à l’appui. La montagne en pic en fond de plan à droite ( vu du lecteur) est le Macha Puchere (J’y vais au son) montagne prénommé la queue de poisson.
C’est fabuleux.
Hélène
Merci! Pour être franc, c’est beaucoup elles qui traînent notre jeunesse paresseuse :)
Quelle coincidence! Envoie-nous cette photo!
On va y retourner Hélène…