Kolkata, Bengal Occidental, Inde

Kolkata dans l’Inde

Vue de Kolkata, Inde

J’en faisais état lors du précédent article et je le réitère, les nuits passés dans les transports commencent sérieusement à nous peser. En temps normal, un deux heures de sommeil dans l’avion ne nous auraient pas empêchés d’aller porter nos sacs à l’hotel et de débuter la visite, mais l’accumulation de fatigue ne nous a donné guère d’autre choix que d’aller nous poser dans un coin du terminal et de fermer l’oeil sur nos sacs pendant un bon deux heures avant de prendre les transports en commun pour rejoindre le centre de Kolkata. Arrivés dans notre logis, c’est trois heures de sieste que nous avons rajoutés au total. Le voyage, ça use.

Rue et taxis de Kolkata, Inde
Les taxis avaient un look d’une autre époque

Ne disposant plus que de la soirée, nous nous sommes rendus dans un resto bengali (Kolkata est la capitale du Bengale Occidental) pour en essayer la cuisine puis avons traînés nos carcasses vers un bar non loin afin de poursuivre la réflexion sur la suite de notre aventure. In vino veritas comme l’on dit (bon c’était de la Kingfisher, la bière la plus courante en Inde); en sortant, Audrey et moi disposions d’un solide plan pour la suite des choses : quelques jours à Kolkata, une semaine au Bangladesh, deux au Myanmar et deux au Japon. Le Myanmar – pas notre premier choix au début – s’est avéré être un excellent entre deux; partir de l’Inde plus tôt allait nous permettre de rallonger le Japon.

Marché de soir, Kolkata, Inde
Les pousses-pousses étaient encore très présents dans le centre de Kolkata

Encore en carence de sommeil, nous avons fait la grasse matinée avant de ressortir le lendemain pour visiter la ville. Calcutta conjure dans nos pensées d’occidentaux pauvreté, Mère Térésa et chaos urbain. Je m’attendais personnellement à Chennai en pire. Ô combien j’étais dans l’erreur. La ville est verdoyante, relativement tranquille par endroits (les tuks tuks sont bannis du centre-ville), il y a des trottoirs praticables et avec ses vieux taxis et autobus ainsi que son architecture coloniale, a sérieusement un look d’une autre époque. Et le mieux dans tout ça, personne ne nous a emmerdé de notre séjour. Pour toutes ces raisons et bien d’autres, Kolkata se mérite le top du palmarès des mégapoles indiennes.

Rue de Kolkata, Inde

Pour la journée donc, nous avons visité le mémorial de la reine Victoria, érigé pour commémorer cette grande souveraine de l’époque coloniale, puis avons par la suite déambulé jusqu’à la rive du fleuve, passant maint parcs et curieux bâtiments, croisant même la foule qui commençait à s’amasser autour du stade en vue d’un match de cricket contre Bangalore. J’aurais bien aimé y assister, mais un bain de partisans indiens enflammés par la partie ne plaisait guère à ma compagne, déjà que même à jeun et calmes, les Indiens ont l’attouchement facile… En soirée, nous sommes allés chercher la bénédiction de Kali dans un important temple de la ville (moyennant des roupies [partout pareil…]) puis avons mis un terme à la journée devant nos ordinateurs à réserver nos vols jusqu’au Canada, du moins à tenter de, car il est survenu quelques complexités techniques.

Fleuve, Kolkata, Inde Victoria Memorial, Kolkata, Inde

C’était vain, mais nous espérions réellement nous dénicher deux place sur le Maitree express, le train qui relie Kolkata à Dhaka au Bangladesh deux fois par semaine. Comme il n’y avait pas d’autre moyens de le réserver que se présenter en personne au bureau de la compagnie des chemins de fer, nous en avons fait notre premier objectif de la journée. Sans trop de surprises, le train était plein. D’habitude, les préposés sont capables de dénicher des places par de la magie indienne en invoquant des artifices de quotas, de tirage et de liste d’attente que seuls eux comprennent, mais là c’était définitif. Il nous fallait donc nous rabattre encore une fois sur le bus, ce fidèle ami plutôt désagréable, mais d’une grande fiabilité. Par la suite, passage aux bureaux de la compagnie aérienne du Bangladesh afin de régler en espèce un vol et voilà, nous venions de brûler la majeure partie de notre dernière journée à régler de la logistique. Tout juste le temps d’aller marcher jusqu’au vieux chinatown en passant par les petits quartiers et de prendre un ultime bain de foule indien dans le chaos total que deviennent les zones mercantiles de Kolkata en soirée. Pour terminer le tout, un repas de nourriture indienne du sud et un retour à l’hôtel en vue d’un départ très matinal le lendemain.

Marché de Kolkata, Inde
Il y a du monde…

On pourra dire que Kolkata a été une fin digne à notre épopée indienne. J’y suis débarqué plutôt blasé. J’en suis ressorti triste de la quitter si tôt et par extension, déçu de ne pas avoir pu continuer nos aventures dans ce pays si fascinant.

Rue commercante de Kolkata, Inde
… vraiment du monde.

New Delhi (3), Inde

New Delhi dans l’Inde

Troisième passage à Delhi, cette fois-ci, pour y laisser Hugo. Une nuit d’autobus pas trop confortable nous aura tout de même laissés assez d’énergie pour repartir sur la visite après une petite sieste, mais la fatigue commençait sérieusement à s’accumuler. Avec cinq nuits passées dans les transports, nous ne nous sommes pas ménagés côté qualité de sommeil durant ces deux dernières semaines. Laissant Hugo tout le loisir de choisir quels étaient les derniers endroits qu’il désirait visiter à New Delhi, ce dernier nous a fait passer par les parcs longeant Rajpath, la porte de l’Inde (sorte d’arc de triomphe) puis marcher jusqu’à Connaught Place, l’épicentre du Delhi moderne avec un petit arrêt par un baôli multi-centenaire, maintenant enclavé parmi un champ d’édifices administratifs. Pour fêter la fin d’une aventure et goûter à de la cuisine indienne exécutée par un restaurant plus chic, nous nous sommes donnés comme budget pour ce dernier repas celui d’un souper au Canada. Le résultat n’a pas déçu (surtout le poulet au beurre) et nous a même un peu réconcilié Audrey et moi avec la bouffe de l’Inde du Nord, de laquelle nous nous étions saturés ces dernières semaines.

Devant la porte de l’Inde, New Delhi, Inde

Les au revoir faits, Hugo nous a quitté pour l’aéroport. Trop fatigués pour faire quoi que ce soit d’autre, nous sommes montés sur le toit de l’auberge pour converser avec ceux qui s’y trouvaient et tenter d’aller chercher un peu d’inspiration pour la suite de notre voyage, car nous devions revoir nos plans. Le père d’Audrey revenait de la région vers laquelle nous voulions nous diriger et nous l’avait déconseillé en raison du printemps pluvieux; idem pour les territoires du nord-est, sur lesquelles la mousson allait bientôt tomber (et peu intéressant selon lui). J’avais oublié de le mentionner, mais alors que nous étions encore à Varanasi, j’ai eu le malheur d’apprendre que le Turkménistan avait décliné ma demande de visa de touriste. Très inusité selon notre agence de voyage, mais logique compte-tenu du fait qu’il m’avaient déjà refusé pour un visa de transit quelques mois auparavant. Hautement décevant, mais je ne peux rien faire d’autre qu’attendre que l’occasion se représente (et d’y aller avec mon passeport français). Pour ajouter au tout, une légère écoeurantite de l’Inde commençait à montrer ses symptômes. En conclusion donc, le reste de notre voyage venait de s’ouvrir dans son entièreté et vu que notre visa du Bangladesh était à dates ouvertes, nous pouvions quitter l’Inde quand nous le voulions.

Agrasen Ki Baoli, New Delhi, Inde

Le plus clair des journées du lendemain et du surlendemain ont donc été investies dans l’élaboration de divers scénarios et dans du rattrapage sur le blogue et d’autres projets. Même avant le grand départ, nous avions lancés l’idée de revenir par l’autre côté de la planète (histoire d’en faire le tour) et de passer quelques jours au Japon pour décompresser. Réalisant à notre plus grand bonheur que ce projet n’allait pas nous coûter beaucoup plus cher, il nous fallait trouver la combinaison de vols la plus économique parmi les grandes capitales asiatiques. Singapour Taipei, Kuala Lumpur, Séoul, Tokyo? Tous des endroits déjà visités pour ma part, mais pour lesquels je ne me ferais pas prier pour y retourner. En ce qui concernait l’Inde, il nous fallait de toute manière nous rendre à Kolkata (Calcutta) et pour ce faire avions dénichés deux billets très économiques sur un vol qui avait comme gros inconvénient de décoller à 5h du matin. Nos derniers moment à Delhi ont donc été passés dans l’hostel à discuter avec un`duo père/fille du Québec pendant que je les dépannais avec un problème d’activation de cellulaire.

Est-ce que je quitte la capitale satisfait? Oui et non. Il reste tant de choses que j’aurais voulu y faire. Toutefois, je dois m’avouer saturé. New Delhi, c’est comme une repas copieux. À trop manger, ça lève le coeur. En temps par contre, la faim reviendra à coup sûr. D’ailleurs, l’analogie s’applique aussi très bien à l’Inde en général.

 

McLeod Ganj, Himachal Pradesh, Inde

McLeod Ganj dans l’Inde

Alors que nous étions encore à Lucknow, Hugo avait formulé le désir d’utiliser les quelques jours de plus qu’il disposait en Inde pour aller voir de la montagne. C’est le Cachemire que nous avons investigué en premier lieu, mais trop tôt dans la saison, les températures y étaient encore sous le point de congélation. À la suggestion d’un Indien, nous nous sommes rabattus vers McLeod Ganj dans l’Himachal Pradesh, plus au sud, pas aussi haut, mais en contrefort de l’Himalaya. Il s’adonne aussi que McLeod Ganj est aussi la résidence du Dalai Lama, le siège du gouvernement tibétain en exil et une région où l’on retrouve une importante communauté tibétaine, fait qui n’a pas manqué d’attiser notre curiosité sur l’endroit.

McLeod Ganj, Himachal Pradesh, Inde

Débarqués sur place, le choc fut immédiat: de l’air frais et exempt de pollution, le silence, la propreté, un panorama grandiose. Le contraste avec Delhi aurait difficilement pu être plus fort. Après une bonne sieste, nous sommes donc partis explorer une chute et les villages avoisinants, dont l’un d’entre eux n’était essentiellement accessible qu’à pied (donc pas de voitures). L’endroit, bien que touristique, respirait la tranquillité et l’air pur.

Temple bouddhiste à McLeod Ganj, Himachal Pradesh, Inde
Un temple bouddhiste

Le lendemain, randonnée au sommet du mont le plus proche. Malheureusement pour nous, le temps était nuageux, mais l’atmosphère qui se dégage d’une montagne dans le brouillard a quand même de quoi plaire. Comme au Népal, les caravanes d’ânes étaient nombreuses sur le chemin. Plus téméraires que le reste des grimpeurs, nous avons entrepris de revenir au village par l’autre côté afin d’effectuer une boucle plutôt que de revenir sur nos pas. Ce détour n’aura pas déçu, débutant sur une crête, il s’est terminé par de beaux panoramas de la vallée en contre-bas.

Trek vers Triund, McLeod Ganj, Himachal Pradesh, Inde Triund, McLeod Ganj, Himachal Pradesh, Inde Panorama, McLeod Ganj, Himachal Pradesh, Inde

Le dernier jour,  nous avons concentré nos explorations dans McLeod Ganj même et spécialement autour de l’espèce de complexe faisant office de résidence au Dalai Lama. Naturellement, il ne nous a pas été possible de rencontrer ce dernier, mais de ses disciples, des moines, il y en avait en abondance autour de nous, tout comme des touristes indiens. Par rapport à d’autres temples bouddhistes visités dans le passé, l’endroit était quand même assez austère, mais ça nous a changé de notre quotidien hindou des dernières semaines. En discutant  dans l’attente de notre bus de nuit, tous trois étions unanimes, nous aurions volontiers étirés notre temps ici. Hugo a même affirmé que c’était la partie de son voyage en Inde qu’il avait préféré. Ce qui n’a rien de surprenant, vu que l’Inde, on la subit plus qu’on en profite. Heureusement, il existe des endroits dans ce pays frénétique ou il est encore possible de souffler, comme cette petite enclave bouddhiste dans laquelle nous avons passé un si bon moment.

Temple bouddhiste, McLeod Ganj, Himachal Pradesh, Inde

New Delhi (2), Inde

New Delhi dans l’Inde

Marché de Delhi, IndeRetour à la capitale afin d’y laisser un de nos compagnons de voyage. Ceci dit, son départ n’était pas avant le lendemain, alors nous disposions de suffisamment de temps pour effectuer quelques activités de dernière minute. Audrey et moi avions aussi comme mission de récupérer nos passeports à l’ambassade du Bangladesh. Pas trop amochés par le trajet d’autobus depuis Lucknow, nous nous avons pu explorer le vieux Delhi afin de découvrir ses marchés et acheter quelques souvenirs avant l’enregistrement à notre auberge.

Magasin d’épices, Delhi, Inde
Audrey et Hélène dans le négoce d’épices
Rue de Delhi, Inde
Il y a du monde sur les trottoirs!

En après-midi, direction ambassade pour Audrey et moi. Théoriquement, le processus devait être rapide. On se présente à l’heure convenue, on remet un reçu et l’on récupère notre passeport. Évidemment, il n’en a pas été ainsi et au bout de 4 heures d’attente, le personnel nous a instruit de revenir le lendemain matin. Classique… Largement en retard au rendez-vous que nous avions donné à Hugo et Hélène, il nous a fallu ventiler notre frustration pendant un bon moment avant d’être en mesure de profiter du reste de la soirée, laquelle s’est déroulé dans un piano-bar très huppé du sud de la ville. L’écart entre riches et pauvres en Inde est très flagrant et particulièrement à Delhi. Certains quartiers fréquentés par les fortunés, quoique bien souvent clôturés et protégés par des gardes sécurité, n’ont rien à envier à New York alors qu’à l’extérieur la misère reste omniprésente. Encore une fois, c’est l’Inde dans toute sa diversité.

Fort Rouge, Delhi, Inde

Le lendemain, vu qu’il fallait retourner à l’ambassade chercher nos passeports, je me suis gentiment porté volontaire pour l’expédition afin de donner à Audrey la chance de profiter de ses dernières heures avec son amie qui quittait en soirée. Heureusement pour nous, cette fois a été la bonne et malgré d’autres délais, j’ai pu récupérer nos documents avec en leur intérieur deux beaux visas pour le Bangladesh. De retour auprès du groupe, nous nous sommes dirigés vers le fameux Fort Rouge de Delhi. Quoi qu’il ait charmé le groupe, il m’a pour ma part déçu, car ne se comparant en rien aux forts du Rajasthan. En nous dirigeants vers notre objectif suivant, un parc où se trouvait l’endroit de la crémation du corps de Gandhi, un tuk tuk prend une courbe trop vite et se renverse juste à côté de nous. Nous accourons sur la scène afin de remettre le véhicule sur ses roues pour dégager son conducteur. Heureusement, ce dernier se relève de par lui-même et bien qu’ébranlé, n’a qu’une entaille à la main. Je sors mon kit de premier soin afin de désinfecter la plaie et la bander, donne quelques compresses de réserve au blessé puis nous nous retirons de la scène pour poursuivre notre marche.

Repas de kebabs, Delhi, Inde

Pour le repas du soir, un excellent kebab non loin de la mosquée puis une dernière marche parmi le vieux Delhi afin d’aller débusquer un dessert typique de l’endroit, une mangue congelée et fourrée avec le crème glacée. Revenus à l’hostel, Hélène a sauté dans un taxi en direction de l’aéroport. Son séjour en Inde, intense mais de courte durée, s’arrêtait ici. Hugo, pour sa part, disposait de quelques journées supplémentaires. Lui et Audrey en bonne partie rétablis de leur maux des derniers jours, nous nous sommes dis que nous allions prendre une bière pour fêter le tout. Après une tentative infructueuse de trouver un wine shop (c’est de cette manière que les établissements gouvernementaux se nomment) ouvert et une bataille d’arguments avec un chauffeur de rickshaw beaucoup trop avare, nous nous sommes résolus à aller nous abreuver au bar d’à côté. Celui-ci fermant trop tôt, nous nous sommes ensuite dirigés vers le centre-ville et de peine et de misère avons pu dénicher un établissement pas trop merdique. Les endroits un tant soit peu chics pour prendre un verre en Inde ont la fâcheuse habitude de servir des produits médiocres à des prix supérieurs à ceux du Canada. Manifestement, les Indiens les fréquentant n’ont aucun problème à dépenser des sommes ridicules pour y passer la soirée. En fait, cela ne se limite pas aux bars et concerne bien des restaurants, activités, hôtels, etc. Audrey et moi avons de plus en plus l’impression que débourser trop de roupies pour un produit ou un service est perçu comme une opportunité de prouver son statut.

Rajpah, Delhi, Inde

Au réveil, Hugo et moi sommes partis acheter les billets d’autobus pour McLeod Ganj et faire réparer mon sac-à-dos. Audrey, en retard sur certains devoirs, est restée à l’auberge pour s’en enquérir. En après-midi, nous sommes ressortis visiter le secteur gouvernemental de New Delhi avec ses monuments et planification urbaine à l’anglaise. De retour à l’hostel, nous avons récupéré Audrey pour à nouveau aller se régaler de kebabs puis sommes arrivés de justesse à notre autobus de nuit.

Lucknow, Uttar Pradesh, Inde

Lucknow dans l’Inde

Nos invités ne disposant de peu de temps en Inde, nous nous étions assurés que les musts soient couverts durant le séjour, c’est à dire Delhi, Agra, Varanasi. Toutefois, en aménageant un peu l’horaire, nous étions parvenus à libérer une nuit afin d’aller faire l’expérience d’une ville hors circuit: Lucknow. Bien qu’étant la capitale de l’Uttar Pradesh, Lucknow, contrairement aux endroits visités jusqu’à présent, n’était pas une ville à thème (pour reprendre un qualificatif suggéré par Audrey). Delhi est là capitale, Agra le Taj Mahal, Varanasi la spiritualité et Lucknow juste une énorme agglomération où vivent et travaillent des millions d’Indiens.

Séance de seflies au Bara Imambara, Lucknow, Inde
Endroits moins visités = plus de poses
Après une nuit dans le train somme toute reposante, nous sommes allés déposer nos choses dans notre chambre puis avons quitté pour l’après-midi. Assez retardés par la quête infructueuse d’un McDonald’s, il nous a fallu nous contenter d’un Subway afin de satisfaire le désir de nos voyageurs d’aller tester les équivalents indiens de nos grosses bannières de restauration rapide. Comme à l’habitude donc, l’après-midi était bien entamé lorsque nous nous sommes mis en branle.
Bara Imambara, Lucknow, Inde
Comme première visite un mausolée particulièrement inintéressant. Au moins, il nous rapprochait du parc de bord de rivière que nous comptions emprunter pour attendre notre prochain objectif. Évidemment, le parc en question n’était qu’un truc à moitié fini se terminant en impasse. De retour sur les boulevards, alors que nous marchions à bon pas dans l’espoir de disposer de suffisamment de temps pour visiter un autre monument, un énorme coup de fait entendre juste à nos côtés. Une voiture est arrêtée sur la route et devant elle un tuk tuk sérieusement tordu par l’impact. Accourant de l’autre côté de la voiture, nous découvrons le chauffeur du tuk tuk couché sur le sol, sa tête sous la voiture. Sachant pertinemment que ce genre de victime a la colonne fracturée jusqu’à preuve du contraire, je me penche sous la voiture pour évaluer si elle respire. Heureusement,il y a un souffle, mais elle ne répond pas à mes paroles. Alors que je lève la tête pour m’assurer que l’ambulance avait été appelée (chose dont mes compatriotes s’étaient assurés) je croise des dizaines de regards tous penchés sur la scène.
Aussitôt je demande si l’un d’eux comprend l’anglais. Après quelques secondes, un Indien se manifeste et je lui indique de parler à la victime en hindi. Avant qu’il n’ait le temps d’obtempérer, on m’informe qu’il faut déplacer la victime. Je m’oppose, mais en vain. Hugo, Audrey et l’Indien m’aident à la tirer et la tourner en bloc pendant que je lui tiens la tête. L’Indien se décide finalement à lâcher quelques mots au malheureux (je n’ai pour ma part jamais arrêté de lui parler) qui réagit en marmonnant faiblement. La police, qui se trouvait sur les lieux depuis le début et ne foutait absolument rien, décide que finalement il faut libérer la route que c’est le chauffeur du véhicule accidenté qui amènera le blessé à l’hôpital. Encore une fois on s’oppose, tentant de faire comprendre aux gens qu’il faut impérativement immobiliser ce genre de victime avant de les déplacer. Rien n’y fait, alors on charge l’homme sur la banquette arrière du véhicule. De toute manière, personne n’avait en fait appelé d’ambulance. Pendant que je reste à ses côtés pour lui tenir la tête, Audrey embarque à l’avant. Hugo et Hélène restent sur place; ils ont un téléphone, alors on se débrouillera pour les rejoindre.
Au cours du trajet, l’homme commence à regagner conscience, réagit à ma parole et bouge tous les membres de son corps. Son haleine sent l’alcool et son oreille a été fendue par le choc, libérant un petit filet de sang. En raison d’une roue tordue par l’impact, on avance à pas de tortue. Finalement, on entre dans une cour. Je demande si c’est l’hôpital, mais personne ne parle anglais. En sortant du véhicule, je me rend compte qu’on est chez la police et qu’il faut transférer le blessé dans une autre voiture. Moins de précautions à prendre ce coup là, car la victime parvient à se tenir assise. Sur le chemin de l’hôpital, le blessé, ivre de toute évidence, s’agite de plus en plus à un point tel que je dois le garder sur son siège de force afin qu’il ne s’en prenne pas au chauffeur. Arrivés à l’entrée de l’urgence, on le sort de la voiture (laquelle disparaît de suite) et aussitôt il tente de prendre la fuite. J’ai beau faire de mon mieux pour le raisonner (sans parler sa langue), en vain, il finit par disparaître dans le paysage urbain. De retour auprès du personnel d’admission, on me dit que c’était un ivrogne et qu’il n’y avait rien à faire. Ne pouvant rien contre les multiples standards et inégalités de l’Inde, je me console en me disant que j’aurais au moins fait de mon mieux. Demandant à aller laver mes mains pleines de sang, on m’amène à un évier où il n’y a pas de savon. Vu l’impact, il est probable que la victime perdra connaissance à nouveau dans les heures suivantes pour décéder d’une hémorragie intracrânienne. Les chances sont par compte qu’elle se réveillera demain avec le pire mal de tête de sa vie, son tuk tuk en ruine et des comptes à rendre à la police. Ça, je lui souhaite de tout coeur.
Rue de Lucknow, Inde
Bara Imambara, Lucknow, Inde
Nos amis de retour auprès de nous, on remets nos chapeaux de touristes et nous rendons au Bara Imambara, un splendide mausolée dédié à un sain de l’islam. À peine arrivés sur le site que l’heure de la fermeture avait déjà sonnée. Quand même, on a disposé de suffisamment de temps pour prendre une bonne dizaine de selfies, mais pas pour profiter de l’endroit, auquel nous allions devoir revenir le lendemain à coup sûr. Après la visite d’une mosquée non loin, nous avons parcouru un énorme boulevard tout aménagé d’imposantes arches et d’espaces publics, puis nous sommes dirigés vers un restaurant de kebabs. Au préalable, il nous a tout de même fallu marcher plusieurs kilomètres pour nous y rendre, mais le repas en valait la peine. Lucknow mérite bien sa réputation de destination gastronomique.
Baôli, route Husanabad, Lucknow, Inde
Residency, Lucknow, IndeÉtant donné l’imprévu d’hier, nous sommes retournés dans le même quartier de Lucknow pour reprendre la visite. Suite à un passage par le “Residency”, un ancien complexe militaire bâti par les Britanniques durant l’ère coloniale et détruit lors de la première guerre d’indépendance, nous sommes revenus au Bara Imambara afin de l’explorer plus en détails. Beaucoup plus impressionnant de l’extérieur que de l’intérieur, les étages supérieurs du mausolée sont néanmoins très intéressants de par le fait que les bâtisseurs en ont fait un immense labyrinthe de couloirs et d’escaliers. Il nous aura fallu au-delà d’une heure pour l’explorer et finalement nous en extirper à temps pour aller visiter un bâoli sur le site puis sortir à temps pour la fermeture du monument. Après un court repassage par le grand boulevard, nous avons récidivé en nous rendant vers un autre restaurant de kebabs réputé de la ville.
Bara Imambara, Lucknow, Inde Bara Imambara, Lucknow, Inde

Intérieur Bara Imambara, Lucknow, Inde
Vue de l’intérieur depuis le labyrinthe
 Nous comptions reprendre un train de nuit vers Delhi, mais en raison de la trop grande volonté du propriétaire de notre gîte de nous aider, le processus de réservation s’est à ce point complexifié que les billets n’étaient plus disponibles lorsque finalement tous s’étaient compris sur les paramètres. Il ne nous restait d’autre option que d’acheter des places dans un autobus de nuit. Les Indiens, si serviables qu’ils sont, ont généralement tendance à rendre la tâche plus ardue lorsqu’ils vous viennent en aide, d’une part car ils formuleront des suggestions sans savoir ni comprendre ce que vous voulez vraiment,et d’autre part car ils vous enverront chez leur “ami” pour que ce processus se répète à nouveau.
Arche sur la route Husanabad, Lucknow, Inde
Le temps venu de nous rendre à l’endroit de départ de notre autobus (les autobus de nuit partent rarement des garres), nous sommes donnés amplement de jeu afin de nous préparer aux impondérables. Et des impondérables il y a eu. Il n’y a généralement pas d’adresses en Inde, la mosaïque urbaine étant beaucoup trop complexe pour diviser le tout en cadastres. Un lieu sera donc bien souvent identifié par son nom, sa rue et/ou son quartier  et à côté de quel autre endroit il se situe. La résultante est qu’il est très difficile pour quelqu’un ne connaissant pas les parages de s’y retrouver, ce qui a été le cas pour notre pauvre chauffeur de taxi, lequel a dû se renseigner auprès d’une dizaine de personnes avant de trouver l’endroit d’où quittait notre bus. Le processus ayant pris en tout et pour tout un bon 45 minutes, nous nous sommes assurés de le compenser suffisamment pour son aide.
Départ de Lucknow, Inde