Astana, Kazakhstan – La Golf se refait une beauté

Comme le récit sur la ville d’Astana est très long, je l’ai divisé en plusieurs parties (ça laissera plus de places pour les photos):

  1. Premier contact
  2. La Golf se refait une beauté
  3. Exposition universelle (partie 1)
  4. John
  5. Le musée présidentiel et l’exposition universelle (partie 2)
  6. Exposition universelle (partie 3)

Le jour suivant allait être entièrement dévoué à la voiture. Le propriétaire de l’hostel, décidément un homme serviable, allait nous conduire jusqu’à un garage et nous aider à négocier un bon prix pour la réparation de la Golf. Le site sur lequel il nous a accompagné n’était en fait pas un seul garage, mais un conglomérat d’une dizaine d’entre eux attenant à un immense marché intérieur et extérieur de pièces automobiles en tout genres. On achetait ses pièces soi-même et l’on allait ensuite les faire poser par des mécaniciens. Sur l’espace de plusieurs heures, il a arpenté avec nous tout le complexe pour nous trouver quatre ressorts, deux amortisseurs (de manufacture chinoise) et un radio tout en nous négociant le meilleur prix. Il a fait de même pour l’installation et est resté sur place pour s’assurer que tout se déroulait rondement. Pour ma part, j’ai aussi surveillé les travaux et en ai profité pour aller reconnecter un senseur ABS qui s’était effectivement déconnecté sous l’effet des bosses. En discutant avec le propriétaire, quel n’a pas été son étonnement quand je lui ait confié que nous avions acheté le véhicule pour un petit 1100 euros. Impressionné par l’affaire, il a de suite renchérit en nous proposant de nous la reprendre pour 1000$US après notre périple. Une fois le travail terminé et la voiture sur ses quatre roues, ce fut l’extase mécanique la plus pure. La Golf avait maintenant l’allure d’un petit SUV. Sa garde au sol avait plus que doublé et que dire de ses performances routières, elle prenait les bosses avec le rebond et la tenue d’une voiture neuve.

Admirez la hauteur

Comme dernier arrêt, le lave-auto et la banque, car n’ayant pas la somme liquide sur nous, le propriétaire nous avait avancé tout l’argent nécessaire. Au fil des transactions et des discussions, nous avions un peu perdu le fil de quoi avait coûté combien, mais nous étions persuadés d’avoir eu les meilleurs prix. Quand le propriétaire nous indiqué que nous lui devions 41000 Tenge (164$ canadiens), nous étions certains qu’il y avait eu erreur; cela nous semblait bien trop peu (fait plutôt exceptionnel quand on parle de réparation automobile). Et bien non, c’était bel et bien le bon prix. Tout compte fait, le concessionaire Lituanien rencontré à Toulouse avait raison, un tel travail nous aurait coûté au-delà de mille euros en France, il valait donc mieux le faire en Asie-Centrale. Qui plus est, les pièces ici sont adaptées au marché, car une suspension neuve en France n’aurait pas autant augmenté la garde au sol. Pour une facture près de dix fois moindre au Kazakhstan, nous avions très bien fait de nous taper le cul 10000 kilomètres durant. Une fois remboursé et mille fois remercié, le proprio a prit son congé pendant que nous attendions patiemment que notre voiture se fasse refaire une beauté.

Une fois revenus à l’hostel, Audrey et nous sommes encore félicités d’une si bonne affaire. L’état des routes du Kazakhstan nous avait fait douter de notre capacité à poursuivre notre voyage tel que prévu. Maintenant, avec une telle voiture, le Pamir était à nous.

Astana, Kazakhstan – Premier contact

Comme le récit sur la ville d’Astana est très long, je l’ai divisé en plusieurs parties (ça laissera plus de places pour les photos):

  1. Premier contact
  2. La Golf se refait une beauté
  3. Exposition universelle (partie 1)
  4. John
  5. Le musée présidentiel et l’exposition universelle (partie 2)
  6. Exposition universelle (partie 3)

Enfin de retour dans la civilization, il nous fallait faire un peu d’entretien de matériel, notamment laver nos vêtements, souillés par plusieurs jours de camping, et trouver un moyen de régler notre problème de suspension. C’est donc à ces deux activités que le premier après-midi a été dédié (en plus de la publication de tous les articles accumulés dans les derniers jours). Rapidement, j’ai été mis en relation avec le propriétaire de l’hostel qui malgré un anglais très rudimentaire, a compris ce qui clochait avec le véhicule et nous a donné rendez-vous le lendemain pour nous conduire au garage. Chose qu’initialement j’ai eu du mal à saisir, car je m’attendais de sa part une simple adresse mais non, il s’offrait pour nous accompagner jusque là. Les Kazakhes sont un peuple très serviable.

Le soir venu nous, avons profité de ce qui restait de lueur pour aller faire un tour dans la ville. Astana, capitale du Kazakhstan, était jusqu’à 1998 un simple centre régional au beau milieu de la steppe. C’est Almaty, principale ville du sud et la plus populeuse du pays, revendiquait le statut de capitale. De manière à la centraliser, à l’éloigner du sud vulnérable aux séismes et brasser la population du pays (le nord du Kazakhstan est ethniquement très Russe alors que le sud est surtout Kazakhe), le président (toujours en poste à ce jour) l’a fait déplacer à Astana. Par la suite, pour lui donner la prestance de première ville du pays, ont été engagés de nombreux architectes de renom afin de faire jaillir de la steppe la capitale Kazakhe du 21e siècle : une ville grandiose, moderne et mondiale. Audrey et moi vous avoueront que le résultat est plutôt réussi, Astana impressionne. Tout n’y est pas beau, bien des bâtiments sont d’un style douteux ou tentent maladroitement d’imiter des contreparties occidentales, elle a été construite à la va vite et n’a rien de vraiment durable dans son développement, mais à tout le moins, elle est grandiose et vaut mille fois la visite.

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La nouvelle Astana est construite selon un plan longitudinal où, bordant un axe central de verdure et de fontaines, on trouve le palais du président, un immense complexe gouvernemental, grattes-ciels, centres-commerciaux, parcs, mosquées et autres. La pièce centrale de cet arrangement est la tour Bayterek, un monument coiffé d’une immense sphère dorée dans laquelle ont peut monter et observer la ville de haut, mais surtout placer sa main dans l’empreinte de celle du président, le regard dirigé vers son palais. Je n’allais pas manquer l’occasion d’aller rendre hommage à un tel homme, alors Audrey et moi avons fait l’ascension de cette tour notre premier arrêt. Par la suite, nous avons parcouru le parc central jusqu’au centre commercial, s’arrêtant sans cesse pour observer le panorama urbain que nous traversions. Au milieu de ce parc se trouvait un champ de statues érigées dans le cadre de l’exposition universelle. Chacune d’entre-elles était peinte aux couleurs d’un pays participant. Le matin même autour d’un café, on nous avait confirmé que le Canada avait bel et bien son pavillon, donc quelle n’a pas été notre surprise quand nous en sommes venus à la réalisation qu’il y avait pas de statue à l’image de notre pays.

Les Kazakhes aiment le selfie
Mettre sa main dans l’empreinte de celle du président, un honneur qui demande du sérieux

La visite s’est terminées à l’extrémité ouest du mall dans un centre d’achat qui il y paraissait valait le coup d’oeil (au dernier étage, un club avec plage artificielle, palmiers, eau, etc.) Définitivement, Astana nageait dans l’extravagance et l’opulence. Normal pour une ville construite sur des pétro-tengues (la monnaie nationale est le Tengue) et habitée principalement par de nouveau riches, mais un contraste frappant avec la campagne et ses bourgades défraîchies et poussiéreuses. De retour à l’hostel, j’en ai profité pour tenter à nouveau de réparer la porte pour échouer une nouvelle fois. C’en était de notre avant-goût d’Astana, ville très prometteuse.

Kostanaï, Kazakhstan – Astana, Kazakhstan

  • Date : 30 août
  • Départ : 09h30
  • Arrivée : 12h30
  • Température : soleil
  • Route : routes ultra défoncées, route en bon état puis autoroute
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«Si tu te trompes de route, il va te falloir au moins 100 kilomètres pour t’en rendre compte. »

Vous rappelez-vous de ce petit dicton formulé pas plus tard que la veille? On l’a mis à l’épreuve aujourd’hui. Partis tôt, pour tenter d’atteindre Astana en début de soirée, nous nous sommes rapidement butés à des kilomètres et des kilomètres de route pourrie. Arrivés à un embranchement où la gauche allait à Kokchetaou et la droite à Astana, nous avons bien évidement suivi les directions des panneaux et de la carte. Cinquante kilomètres plus tard, la route s’est effacée pour donner place à un champ de trous et de gravier. De petites plaques de bitumes témoignaient encore que dans un lointain passé, probablement à l’ère soviétique, la surface était pavée. Une heure et demie plus tard, nous en sommes finalement venus à la conclusion que quelque chose clochait : il n’y avait plus aucun camion et nous n’avions croisé que deux autres voitures depuis l’intersection. Pourtant, la carte nous indiquait que nous étions sur le bon chemin…

Je me suis à ce moment rappelé que Google Maps nous faisait passer par Kokchetaou pour aller à Astana. Les Kazakhes, plus futés que nous, prenaient évidemment ce chemin plus long car la route y était praticable. Nous étions déjà bien engagés, mais face à la perspective d’avoir à subir plusieurs autres heures de ce désastre (on avançait à 10-20 km/h) versus l’autre route empruntée par tous et le tronçon Kokchetaou – Astana certainement de très bonne qualité car lien principal avec la Russie, nous avons rebroussé chemin. Le bilan : 3h30 perdus.La leçon a été apprise par contre, lorsque la route est pourrie mais que tout le monde passe par là, prend ton mal en patience. Si la route est pourrie et que personne ne la prend, tu t’es trompé de chemin. En guise de dédommagement, de la belle campagne Kazakhe à perte de vue et même à un moment une petite trombe devant nous. Décidément, nous ne nous attendions pas à ce que le nord du Kazakhstan soit aussi agricole. Dans les champs, les épis de blés y sont en moins grande densité et sont de plus petite tailles, mais les Kazakhes compensent cette faible productivité en couvrant des kilomètres carrés à la fois.

Le moment où nous avons décidé de rebrousser le chemin

Comme de fait, la route vers Kokchetaou était plutôt excellente. Après un court arrêt essence et bouffe en bordure de la ville, nous étions de retour sur quatre roues. Tel que prévu, l’axe Kokchetaou – Astana s’est avéré être une autoroute 6 voies d’une qualité que l’on a même pas au Québec. Probablement construite pour l’exposition, elle nous a transporté vers Astana à 120 km/h sans à-coup. Dommage qu’à ce moment il faisait nuit, nous aurions tout de même adoré voir à quoi ressemblait le paysage autour d’Astana. Nous n’avions aucun hostel pour la nuit et il se faisait tard. En tentant de prendre un virage un peu louche, nous avons été intercepté par la police qui heureusement, s’est contenté de nous sermonner en Russe puis nous a laissé partir. Heureusement pour nous, un hotel non loin n’avais pas sécurisé son internet, alors nous sommes allés consulter la liste et avons choisi celui qui nous semblait le mieux et dont la réception était ouverte 24h. Du peu que l’on a vu d’Astana, elle semble avoir bel et bien le look futuriste que l’on lui donne. Toute neuve avec de grandes artères et illuminée comme jamais, elle s’annonce impressionnante. Nous allons de toute évidence y passer quelques jours, car la voiture a un urgent besoin d’entretien et de préparation pour le reste de l’Asie-Centrale.

Camp dans la steppe, Kazakhstan – Kostanaï, Kazakhstan

  • Date : 29 août
  • Départ : 11h30
  • Arrivée : 19h30
  • Température : soleil
  • Route : terre, gravier et routes défoncées
Cliquez sur l’image pour un détail du trajet
Panorama au lever

On ne fait pas la grasse matinée dans la steppe, dès que le soleil passe l’horizon, la température monte en flèche et l’air de la tente devient irrespirable. De toute manière, j’allais profiter d’un peu de temps libre pour tenter de réparer la porte arrière côté conducteur de la Golf. La porte d’origine avait été accidentée et remplacée par une provenant d’un autre véhicule. Or, rien d’électrique ne fonctionnait et ça m’emmerdait de devoir constamment la barrer et débarrer manuellement.

De la route pourrie

En tentant de diagnostiquer le problème, j’ai comme un imbécile court-circuité le haut-parleur avec la carrosserie du véhicule, grillant l’amplificateur du radio par le fait même et rendant ce dernier inutilisable. Plutôt fâché, j’ai admis la défaite et j’ai tout remonté pour que nous puissions partir. Une centaine de kilomètres plus loin, notre belle route s’est changée en calvaire de nids-de-poules, de bosses et de chantiers. Encore une fois, le dessous de la voiture a mangé une bonne volée et à un moment, j’ai à ce point rentré dans un nid de poule que j’en ait arraché une partie du support de table de suspension. Fort heureusement, il reste amplement assez de métal pour que le tout tienne, mais ça donne une idée. Au fil des bosses et des coups, Audrey et moi nous sommes développés une espèce de réaction d’anticipation du choc à venir à chaque fois que la chaussée devient un peu trop irrégulière et que ça commence à cogner. En plus d’être extra-vigilant, chaque coup nous fait raidir le corps et provoque une petite décharge d’adrénaline, le tout rendant la route exténuante. Normal, certains trous sont d’une telle envergure qu’un moment d’inattention et c’est probablement game-over pour la Golf. Les Kazakhes eux sont manifestement habitués. Non seulement ils conduisent des voitures montés avec une bonne garde au sol, mais ils ne font pas de cas des routes merdiques, comme en témoignait un passager ramassé sur le pouce. Au moins, le paysage autour de nous adoucissait l’expérience. La steppe avait cédé sa place à d’immenses champs de blé dorés en voie d’être moissonnés, mais toujours l’immensité du terrain ne manquait pas de nous rappeler que nous étions bel et bien ailleurs … pour ces rares moments où ils nous était possible de quitter la route des yeux. C’est de l’aventure que nous voulions, et bien nous l’avons eu : faire du hors route à bord d’une petite berline avec une suspension foutue. Audrey et moi nous sommes promis qu’une fois à Astana, nous allions remédier à la situation et doter notre fidèle Golf d’une suspension extra-haute.

Village Kazakhe

Il nous a fallu demander quelques directions, car il y a au Kazakhstan encore moins de panneaux qu’en Russie et vu l’immensité du pays, il nous faudra bien cent kilomètres avant de nous rendre compte que l’on s’est planté de route. Finalement, nous avons atteint Kostanaï, une capitale régionale. Idéalement, il aurait fallu couvrir plus de distance ce jour là, mais il se faisait tard alors nous avons décidé de passer la nuit en périphérie. La Golf était dû pour un peu de repos elle aussi. Un peu avant l’arrivée l’ABS nous a lâché, probablement en raison d’un senseur de roue qui a mangé trop de coups durant la journée. Un truc de plus à réparer.

Notre campement était loin d’être aussi spectaculaire que celui d’hier, mais nous y étions confortables pour manger notre dîner de pâtes sauce tomates et nous coucher pour la nuit. La journée de demain allait être bien remplie,  car ils nous restait la moitié du chemin à parcourir vers Astana.

Aktoubé, Kazakhstan – Camp dans la steppe, Kazakhstan

  • Date : 28 août
  • Départ : 14h00
  • Arrivée : 19h30
  • Température : soleil
  • Route : bitume de bonne qualité

Astana : 1400 kilomètres. Combien de temps allait-il falloir pour s’y rendre? Google nous donnait un bon 19 heures. La réalité sur le terrain est bien souvent différente: sur nos réseaux routiers occidentaux, c’est généralement le trafic qui joue en notre défaveur; dans des pays moins développés, c’est l’état des routes. Le guide nous indiquait de nous préparer au pire, mais nous nous trouvions très choyés jusqu’à maintenant.

Presque toutes les haltes routières possèdent une rampe comme celle-là. Très pratique lorsque l’on conduit des vielles voitures.

Après un petit pit stop pour vérifier la pression des pneus (le mécanicien n’a pas manqué de nous demander si nous allions à l’exposition universelle), nous nous sommes engagés vers la sortie d’Aktoubé. Le paysage plutôt urbain s’est aussitôt changé en de grandes étendues herbeuses semi-désertiques dans lesquelles paissaient des troupeaux. Occasionnellement, l’on croisait des champs de blés très éparses. La vue était magnifique et tant Audrey et moi ne cessions de partager à l’autre à quel point nous étions impressionnés.

Vu la surabondance de ciel au Kazakhstan, j’ai décidé d’en augmenter la quantité dans mes photos

La route est restée belle jusqu’à la toute fin. Un peu avant le coucher du soleil, nous nous sommes engagés sur un petit chemin et y avons dressé notre camp pour la nuit. Au menu : dumplings, vin français et le magnifique ciel de la steppe Kazakhe.