- Date : 3 octobre
- Départ : 13h30
- Arrivée : 19h00
- Température : soleil
- Route : affreuse mais praticable, s’améliore 15 kilomètres avant Ishkashim
La vallée du Wakhan, frontière sud du Tadjikistan avec l’Afghanistan, est possiblement l’endroit le plus reculé du Tadjikistan. Bien qu’il nous ait été possible de l’atteindre plus tôt sur la route du Pamir par un embranchement plus en amont, nous avions décidé de rebrousser le chemin en raison de l’état de la chaussée. Notre plan B pour nous y rendre était donc de passer par Khorog puis d’y descendre. Après un ravitaillement en essence et plusieurs tentatives infructueuses de retirer des espèces (nous avions prévus amplement de liquide US pour ce genre de situation), nous nous sommes engagés sur la route vers Ishkashim, ville d’entrée de cette région. Rapidement, la route s’est orientée dans une autre vallée avec de l’autre côté : l’Afghanistan…parfois littéralement à un jet de pierre.
Pourquoi tant d’obsession avec l’Afghanistan? Pour la place qu’il occupe dans la psyché occidentale comme pays où tant de nos troupes y ont fait la guerre à un ennemi des plus nébuleux: les Talibans. Bien qu’aujourd’hui nos soldats se soient retirés de ce damné conflit, le pays n’est toujours pas pacifié. Comme ex-militaire, j’en sais quelque chose… C’est tout de même une triste réputation, mais en arrière-plan de cette sinistre situation, nous savions aussi qu’il existait un peuple chaleureux, résilient et authentique. Notre incursions dans la vallée du Wakhan allait donc nous donner un aperçu de ce fascinant pays. Ou du moins de la population qui habite cette région, car l’Afghanistan est une mosaïque de cultures et celle qui réside non loin du Tadjikistan est d’origine … tadjike; elle n’a en fait jamais été en guerre à proprement dit, car le conflit concernait surtout les pachtounes du sud. Fait curieux fait, et c’est Audrey qui faisait la remarque, c’était la première fois pour chacun que nous allions voir autant d’un pays sans y mettre les pieds.
Bref, la route jusqu’à peu avant notre destination était un mélange de gravier entrecoupé de reste d’asphalte, mais comme partout dans le Pamir, l’attrait du paysage compensait. Nous y avons bien certainement ramassés quelques auto-stoppeurs, dont une grand-mère hautement sympathique qui nous a fait don d’un excellent pain pour la peine. Arrivés à Ishkashim, il se faisait plutôt tard donc nous avons opté pour l’option guesthouse. Là, nous y avons retrouvés les deux autre voyageurs croisés dans un bar la veille, mais aussi une Suisse et une Anglaise sur un tour du monde de deux ans en Hyundai Santa-Fé. En les questionnant sur leur voyage elle nous confié devoir être a la frontière chinoise dans quelques semaines pour y rejoindre un convoi d’européens avec lequel elles allaient traverser le pays (il faut absolument être accompagné d’un guide pour conduire en Chine…) Le même convoi vers lequel se dirigeaient un couple d’Anglais croisés à Aralsk lorsque nous y étions coincés pour des réparations sur la Golf.
Le lendemain, nous comptions aller faire un petit tour en Afghanistan, car il paraissait que les gardes frontières laissaient les étrangers passer s’ils fournissaient leur passeport comme caution. Cela se faisait surtout les samedis, jour de marché dans la ville afghane de l’autre côté. Malheureusement, un guide tadjike nous a confirmé que cela n’était plus permis depuis deux ans. L’excursion était toujours possible, mais il nous fallait un visa afghan et un visa tadjike à double entrée, deux choses que nous ne possédions pas. Dommage, vu que le Wakhan afghan est une partie très sécuritaire du pays (car ethniquement différente des Afghans du sud) nous aurions adorés aller y faire une petite visite, car l’opportunité n’allait pas se représenter de sitôt.