Pourquoi le Bangladesh? Simplement parce que l’on était dans le coin et que l’on était curieux. Comme de fait, c’est loin d’être la destination la plus prisée d’Asie et je ne m’étonnerais même pas si c’était en fait la moins visitée (après la Corée du Nord). Ne disposant que de 8 jours, c’était peu pour explorer un pays, mais certainement assez pour en avoir un avant-goût.
Afin de couper dans les coûts et voir du terrain, nous avons choisi de prendre l’autobus depuis Kolkata. Le passage de frontière s’est déroulé sans entraves et le personnel tant d’un côté comme de l’autre s’est montré très sympathique et étonné de voir deux étrangers passer à cet endroit. Mis à part le trafic intense de Dacca, pas d’embûches. Il aura quand fallu 18 heures pour faire le trajet, mais bon, nous avions choisi un bon hôtel dont la réception était ouverte 24 heures.
Mis à part quelques monuments, il n’y a dans les faits pas grand-chose à faire à Dacca sauf s’y promener. Nous avons donc déambulé pendant quelques heures en direction de la vielle ville pour rejoindre le fort. Dacca est relativement moderne, possède des trottoirs et semble mieux organisée que la plupart des villes indiennes visitées ces derniers mois. Le trafic sur les grandes artères y absolument intense par contre, c’est possiblement car il y circule beaucoup moins de motos et plus de voitures. Dans les quartiers, les rickshaws à pédales sont par endroits les véhicules les plus nombreux, surtout dans les ruelles secondaires, ce qui n’est pas pour déplaire et contribue à une ambiance de ruelle bien plus agréable qu’ailleurs.
Une fois entre les murs du fort, nous avons pu profiter pendant quelques minutes de cet oasis de tranquillité avant que l’avalanche de selfies ne s’abatte sur nous et c’est avec le sourire aux lèvres et de l’entrain que nous l’avons bravé. De tout notre séjour à Dacca, je n’ai entrevu qu’un étranger, manifestement là pour des raisons professionnelles. Personne ne visite Dacca et encore moins le Bangladesh. Du coup, on est constamment fixé par tous les regards que nous croisons et dès que l’on prend une pause sur la rue, il se crée en peu de temps un attroupement autour de nous. Cependant, ce n’est pas pour nous embêter. Les gens sont ici véritablement curieux, accueillants et des plus sympathiques, chose que nous n’avions pas vécu depuis l’Asie-Centrale. On nous souhaite le bonjour, nous envoi la main et pour ceux possédant un anglais assez fonctionnel, nous aborde pour nous questionner sur notre nationalité, la raison de notre visite et nous souhaiter la bienvenue. Pas de harcèlement, pas de prix gonflés, pas d’arnaques, que du contact humain authentique. Laissez-moi vous dire qu’Audrey et moi sommes tombés instantanément sous le charme. Du côté féminin, Audrey ne s’est jamais sentie déshabillée du regard et encore moins physiquement attouchée. Niveau sécurité, le Bangladesh est un pays musulman, donc très respectueux et pacifiste, à l’image de tous les autres pays de cette confession visités jusqu’à présent.
Une fois sortis du fort, nous nous sommes dirigés vers la rivière en passant au travers de bidonvilles et d’endroits souillés comme nous n’en avions jamais rencontré. Évidemment, je me suis abstenu de photographier. En chemin, nous avons été intercepté par Mohammed, un entrepreneur local dans la manufacture d’objets de cuisine en aluminium. Ce dernier s’est improvisé guide touristique pendant une petite heure et nous a accompagné lors de notre balade au bord de la rivière et dans ce quartier populaire, tout comme une demi-douzaine d’enfants curieux qui ne nous ont pas lâchés d’une semelle. Possédant un anglais très fonctionnel, Mohammed nos a décrit son pays, parlé des défis auquel il fait face (ne manquant pas une occasion de pointer les tas de déchets que nous passions), mais aussi des nettes améliorations qu’il a pu constater au niveau de l’éducation, la santé, la natalité et l’accès aux services de base. Son quartier, anciennement un bidonville, était maintenant bâti en béton, électrifié, branché à l’eau courante et aux égouts. Les Bangladeshis sont un peuple fier, sans pour autant que cela ne les empêche d’être lucides.
Notre visite dans le vieux Dacca a été coupé court par l’arrivée de fortes bourrasques de vent, levant toute la poussière alentours jusqu’à parfois nous aveugler. Puis, c’est l’orage qui s’est abattu, nous contraignant à sauter dans le premier tuk-tuk.
Le lendemain, il nous fallait quitter Dacca pour Cox’s Bazar, une ville sur la côte tout au sud du pays. Ce que nous n’avions pas prévu par contre, c’était l’achalandage de la fin de semaine (ici le vendredi et le samedi). Conséquemment, il nous a fallu visiter presque toutes les compagnies avant de trouver un billet d’autobus de nuit. Nous espérions un transport de jour, mais le trafic est tel à Dacca qu’en sortir allonge le trajet de plusieurs heures. Le bon côté, c’était que nous disposions de la journée pour nous balader dans la ville. En premier lieu, nous sommes passés par le parlement, un projet d’architecture franchement beau. Bâti dans les années soixante, alors que le Bangladesh se nommait Pakistan Oriental (et oui, le Pakistan et le Bangladesh ont dans le passé été le même pays) et la démocratie n’y avait pas encore vraiment pris racine, le lieu avait des allures rappelant les imposantes institutions du pouvoir étatiques des capitales d’Asie-Centrale.
Audrey avait lu sur le web que le quartier diplomatiques de Dacca valait la visite. Vu le temps qu’il nous restait, il était loin d’être certain que nous allions pouvoir l’atteindre, mais à tout le moins, cela allait orienter notre balade. Chemin faisant, nous avons longé pendant quelques kilomètres une promenade de bord de lac où la population s’était retrouvée là pour profiter de la soirée. Graduellement, le paysage urbain s’est embelli et parfois l’on croisait certains édifices qui avaient manifestement bénéficié du crayon d’un architecte compétent. Rendus à l’ambassade du Canada, elle-même plutôt austère, mais jolie, nous avons bifurqué vers le quartier des affaires et constaté que là l’endroit était relativement soigné et prenait parfois des allures de capitales asiatiques plus riches comme Bangkok ou Kuala Lumpur. Nous ne nous attendions vraiment pas à cela d’une ville de la réputation de Dacca. Ayant comme juste comparatif l’Inde, Audrey et moi à ce point n’avions que du bon à dire du Bangladesh. Seul gros bémol, le trafic, tellement intense qu’il a été préférable pour nous de revenir à pied à l’hôtel d’un pas très sportif pour ne pas manquer notre bus vers Cox’s Bazar.