Le Labrador, Canada

Après une année de folie professionnelle, l’appel de l’aventure s’est à nouveau fait entendre. Ayant largement abusé de l’international, nous avons cette fois-ci opté pour une épopée un peu plus locale : Terre-Neuve et le Labrador avec Saint-John’s comme objectif. Il existe deux moyens de se rendre sur l’île de Terre-Neuve, le traversier depuis la Nouvelle-Écosse et celui du détroit de Belle-Isle au départ de Blanc-Sablon. Nous comptons prendre le premier pour le retour et le deuxième pour l’aller, traversant au passage le Labrador.

Histoire de profiter au maximum de vacances bien méritées, je me contenterai de publications succinctes sur ce blogue. Tout de même, je comptais y écrire, car c’est un habitude intéressante qui, j’en suis certain, le futur moi saura en profiter quand dans quelques décennies je pourrai à nouveau me plonger dans les voyages de ma jeunesse.

Ne disposant que d’un peu plus de deux semaines pour compléter ce périple de pas moins de 5000 kilomètres, nous avons décidé de tracer au maximum la partie Labrador, nous arrêtant au minimum dans la journée.

Québec à Red Bay
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De Québec à Baie-Comeau

C’est donc dans la hâte que nous avons quitté la ville de Québec, excités d’enfin décrocher du travail. Cinq heures plus tard, nous étions à Baie-Comeau, ville emblématique de la Côté-Nord. Pour la peine, nous nous y sommes arrêtés pour une bière à la micro-brasserie locale et une brève balade suivant les recommandations d’un ami originaire de l’endroit. C’était peu, mais de toute manière, Audrey et moi nous sommes dits qu’il faudra revenir explorer la Côte-Nord un autre temps.

Pluie au traversier de Tadoussac
Pluie au traversier de Tadoussac

Depuis Baie-Comeau, nous nous sommes engagés sur la 389 Nord vers Fermont, seul accès continental vers le Labrador. Je m’attendais à une route de gravier nordique comme j’en ai croisé lors d’un stage à Chibougamau, mais à ma grande surprise, le décor était intéressant, le pavage frais et les courbes routières abondantes. Peu après le barrage Manic-2, nous avons élu campement sur une aire de gravier en retrait de la route. Feu, vin et étoiles étaient au rendez-vous pour cette première soirée en nature.

Campement sur la route vers Fermont
Campement sur la route vers Fermont

De Baie-Comeau à Fermont

La 389 suit essentiellement dans son tracé la rivière Manicouagan et le réservoir éponyme. Sur ce cours d’eau ont été bâtis pas moins de 4 barrages hydroélectriques majeurs. Quelques-uns d’entre eux sont ouverts au public, notamment le plus imposant, Manic-5, aussi nommé Barrage Daniel-Johnson et le plus gros de son type au monde. Emblème du génie civil québécois, c’est généralement lui qui fait la tête d’affiche lorsque vient le temps de montrer en images la grandeur des projets hydroélectriques de notre province. Il fallait absolument que nous nous y arrêtions. La visite, d’une durée de deux heures, est de toute évidence un arrêt populaire dans la région vu la grandeur du groupe duquel nous faisions partis. Certains autres touristes semblaient d’ailleurs s’être donnés comme objectifs de visiter tous les ouvrages de la région ouverts au public (plus de 5 je crois).

Manic-5
Manic-5
Route 389 vers Fermont
Route 389 vers Fermont

Après notre tour de turbines, alternateurs, conduite forcées et immenses voûtes bétonnées, nous avons repris la route afin de gagner Fermont avant la noirceur. Passé Manic-5 la 389 retombe sur sa surface de gravier d’origine entrecoupée d’une section asphaltée et se remets à serpenter jusqu’à ce que les immenses montagnes de résidus miniers de Fermont commencent à se dessiner à l’horizon. À ce moment, la civilisation resurgit de l’immensité boréale. En quittant Baie-Comeau, la population des feuillus se parsème et se voit essentiellement représentée par le bouleau. Une centaine de kilomètres au nord de Manic-5, les feuillus disparaissent, la forêt se rapetisse en stature et le paysage est dominé par de petits pins rabougris battus par le rude vent nordique. Alors que la tordeuse des bourgeons a fait noircir des kilomètres carrés de verdure au sud, ce sont les feux de forêt qui à cette latitude on ravagé la verdure.

Le mur écran de Fermont
Le mur écran de Fermont

Audrey dégustant une bièreArrivés à Fermont, nous avons élu domicile au camping municipal pour faire les choses simple et sommes partis à la découverte du mur-écran et de la ville qu’il protège des vents du nord. Sous la bruine et dans la noirceur, nous avons arpentés quelques rues endormies avant de regagner notre tente. Les mineurs se lèvent tôt et nous aussi, car la route demain allait être longue.

Dans le mur écran
Dans le mur écran

De Fermont à Happy Valley Goose Bay

Churchill Falls
Churchill Falls

Après un petit arrêt par Labrador City pour un déjeuner digne de ce nom, nous nous sommes engagés sur la Translabrador. Entièrement pavée et neuve, la route s’est déroulée sans embûches et rapidement nous avons pu traverser l’entièreté du territoire jusqu’à Happy Valley Goose Bay en passant par Churchill Falls. Nous n’avons fait qu’y passer histoire de prendre un peu le pouls de ces villes qui manifestement n’existent que pour l’industrie locale et au look plutôt délabré. De notre côté, la température oscillait entre 12-14 avec une constante bruine. Ici, c’est définitivement le climat qui dicte sa loi. Disposant d’un peu de clarté devant nous, nous avons tenté de pousser un peu histoire de prendre de l’avance pour le lendemain. C’est presque à la noirceur que nous avons élu campement dans une sorte de zone nivelée en bordure de la route. L’assaut des insectes finalement repoussé par notre feu et la noirceur, nous avons pu profiter d’une soirée plutôt humide mais non la moins divertissante.

Route du Labrador

Cette nuit là, nous avons tenté de dormir dans la voiture histoire d’en évaluer le confort. Cela fut moyen, mais avec quelques aménagments, j’ai la conviction que nous pourrions rendre l’espace arrière à niveau. Aussitôt sorti du véhicule, l’assaut des insectes s’est fait si intolérable que nous avons remballé notre matériel au plus vite sans prendre le temps de manger.

Des arbres!

De Happy Valley Goose Bay à Red Bay

Route du Labrador en gravier

Décor sur la côte du Labrador
Décor sur la côte du Labrador

La route pavée s’arrêtait après Goose Bay pour quelques centaines de kilomètres et pour reprendre plus tard; toute neuve et fraîche. Sur la partie en gravier d’ailleurs, de l’équipement et du personnel s’affairait à poser du bitume. Arrivé près de la côte, le décor est passé de la forêt de conifères à perte de vue à celui de grandes étendues de plaine arctique. Arrivés à notre destination de la journée, Red Bay, un site classé au patrimoine mondial de l’UNESCO comme ancien établissement de baleiniers basques, nous avons garé la voiture et entrepris de visiter l’endroit qui par ailleurs est aussi un très charmant village. Un peu avant d’arriver sur les lieux, nous avions aperçu un glacier au large. Lorsque nous nous sommes rendus compte que la bateau qui devait aller nous porter sur la petite île où se trouvent les vestiges allait par la suite amener deux autres touristes voir le glacier, nous avons sauté sur l’occasion et décidé d’annuler notre visite du site.

Quai à Red BayGlacierPour être franc, j’ai été légèrement déçu par l’expérience. Moi qui m’attendais à aller pouvoir toucher de mes mains l’immense bloc de glace, j’ai vite compris qu’il vaut mieux se tenir à bonne distance de cet objet surgelé de 10 étages en eaux chaudes. Si ce n’est pas un pan entier qui vous tombera sur la tête, c’est le tsunami qui suit qui ira vous précipiter dans le détroit de Belle-Isle. Cette petite visite aura tout de même valu la peine, d’autant plus que le capitaine, un habitant de localité avec un fort accent, nous a gentiment offert de nous déposer sur l’île quand même et venir nous chercher dans une heure, même si officiellement le site de Parc Canada était fermé. Un petit fish and chips plus tard, nous avons fait un peu de toute pour nous trouver un coin où dormir, lequel s’est avéré être une place de camping dans un petit parc provincial non loin d’une plage. Pas d’autre programme la journée du lendemain que prendre le traversier pour Terre-Neuve depuis Blanc-Sablon

Épave à Red Bay

Red Bay
Red Bay

Blanc-Sablon est une petite bourgade côté Québec mais culturellement attachée au Labrador, car personne n’y parle français et tout le monde semble y vivre à l’heure de Terre-Neuve même si officiellement ils se trouvent dans le même fuseau horaire que le reste du Québec. Autrement, le coin est plutôt charmant et le décor splendide.

Blanc-SablonBlanc-Sablon

Tokyo, Japon

Voilà bientôt deux mois que nous sommes revenus et toujours aucune publication sur notre dernière destination de ce grand périple. Disons qu’avec le rythme effréné du retour au pays, la motivation a manqué, mais je n’allais quand même pas laisser inachevés tous ces efforts de documentation de notre voyage.

Tokyo de nuit

Lors de ma dernière visite de Tokyo, je n’y avais passé que trois jours et à me relire, il semblait que l’expérience m’avait quelque peu déçue (en regard des autres villes japonaises); peut-être était-ce l’hiver… Toutefois, le temps adoucissant tout souvenir, j’appréhendais notre séjour dans la capitale avec un positivisme débordant. Mes mémoires de l’endroit, plus que dans les autres villes japonaises, étaient restées relativement fraîches et j’avais hâte de revisiter en compagnie d’Audrey les lieux phares de l’incontournable métropole.

Canal de Tokyo
Tokyo a des canaux!

La pluie qui tombait à notre arrivée depuis Magome-juku ne m’a pas empêché, caméra en main, d’aller arpenter le quartier autour de notre gîte. Le silence ambiant et la réflexion des lampadaires et des phares sur le bitume humide donnaient à l’endroit un air mystérieux. En déambulant, j’en ai aussi profité pour faire une étude photographique des machines distributrices japonaises histoire d’ajouter à ma petite série d’articles sur quelques fascinants aspects de ce pays (arcades, politesse).

Descendant d’un gratte-ciel, Tokyo, Japon

Vue de Ginza, Tokyo, Japon

Le lendemain, énorme programme de marche. Comme si nous n’avions disposé que d’une seule journée pour faire le tour de la capitale, j’avais concocté un itinéraire qui allait nous faire passer par le principal et le plus touristique. En passant par Asakusa et Ginza, nous nous sommes rendus dans l’un des quartiers d’affaires afin d’y débusquer une tour à bureau qui dans mes souvenirs, se laissait escalader et offrait un beau coup d’oeil sur la ville.

Shibuya, Tokyo, Japon
Skibuya

Par la suite, Roppongi, puis Shibuya, ce quartier électrifiant célèbre pour son intersection, apparemment la plus fréquentée de la planète. Sans rentrer dans les détails de tout ce que nous avons pu visiter en cette journée bien chargée, nous avons entamés le demi-tour de notre course touristique effrénée à 15 kilomètres de notre hôtel. Loin d’avoir l’intention de revenir en transports en commun, c’est bière à la main que nous avons entrepris le chemin du retour, profitant de la multitude de machines et de dépanneurs sur notre route pour nous garder bien hydratés. À mi-course, un arrêt izakaya (ces petits pubs bien japonais) s’est imposé où sur l’espace de deux heures, nos hôtes nous ont entretenu dans un anglais rudimentaire, mais ne manquant pas de nous offrir au passage quelques verres et yakitoris, petites brochettes de viande et de légumes.

Dans un izakaya à Tokyo, Japon
Izakaya!

Naturellement, après une telle journée, le réveil du lendemain s’est avéré plus ardu que prévu, à la fois par la faute de l’abus de bonne chère, mais surtout de par les plus de 30 kilomètres marchés ce jour là. En temps normal, mes pieds n’auraient pas trop bronché, mais après dix mois, l’usure commençait à se faire sentir. Programme léger donc. Petite visite d’Akihabara, surnommée ville électrique anciennement pour son foisonnement de petits magasins d’électroniques, mais aujourd’hui le bastion de la culture manga. Par la suite, direction station de métro pour nous rendre en périphérie du centre-ville à l’izakaya/restaurant Toriki.

Akihabara, Tokyo, Japon
Akihabara

Ce n’est pas son étoile Michelin qui rend Toriki bien spécial, mais le fait que son chef y prépare du sashimi de poulet (torisashi). Eurk? Salmonelle? Non. Du moins, pas si exécuté par un maître japonais. Avec le bon poulet et les bonnes techniques, il est possible de rendre cette viande propre à la consommation crue, car ultimement, ce sont nos méthodes d’abattage industrialisées qui la souillent. À mon grand regret, une fois sur place, un préposé nous indique que depuis peu ils ne sont plus autorisés par la santé publique à servir leur plat signature, pour faute d’émules maladroits qui par négligence ont rendu leur clientèle malade. Qu’importe, pour avoir fait tout ce train, nous n’allions pas faire demi-tour. Après avoir parcouru le menu et commandé certains items, le chef nous convainc d’y ajouter son plat le plus populaire.

Restaurant Toriki, Tokyo, Japon

En succession, nous recevons notre commande, prenant le temps de savourer un repas jusque-là pas tout à fait à la hauteur de mes attentes, mais qui valait tout de même le déplacement. Le tout en échangeant avec le chef qui devant nous prépare ses poulets et les manipule main nues sur le charbon. L’ambiance est bonne et le moment plaisant. Finalement, alors que nous l’avions complètement oublié, il nous sert son assiette si prisée: quelques morceaux de poulet tout juste grillés servis avec une petite marinade. Le poulet n’est cuit qu’approximativement et certaines pièces sont simplement saisies. Je goûte et conclue aussitôt n’avoir jamais mangé de si bon poulet. Dans ma tête, je vis pleinement l’un de ces rares moments gastronomiques où nos sens monopolisés par une habile orchestration de saveurs, odeurs, textures et présentations, l’on réalise que la perfection est de ce monde. Hautement ravis par une expérience culinaire qui se sera finalement hissée dans mon top 5, nous avons regagnés tranquillement notre hôtel pour y attendre Jean et Hélène, que nous croisions pour la troisième fois de ce voyage (première fois en Inde, deuxième fois au Sri Lanka). Audrey comme moi était excitée de partager avec ses proches à quel point le Japon lui plaisait.

Sur le monorailà Odaiba, Tokyo, Japon

Plus en forme le matin suivant que la veille, nous avons débuté la journée par un bon Matsuya. Matsuya (j’y avais mangé un nombre incalculable de fois lors de ma première visite du Japon sans en connaître le nom) est une chaîne restauration rapide généralement ouverte 24 heures et se spécialisant dans le gyumeshi, un simple bol de riz avec du boeuf. À l’instar de nos restaurants de type fast food, on y passe peu de de temps et la nourriture y est bon marché. Cependant  le service est impeccable, les plats réellement succulents (pas genre gras et salé; vraiment bons) et l’imagerie qui figure sur les menus est exactement conforme à ce qui se retrouvera dans notre assiette. Je n’en dirait pas autant des établissements auquel nous sommes accoutumés… Aie-je mentionné que toutes les commandes venaient avec une soupe miso? Parlant de menu, on ne commande pas son Matsuya à un japonais, mais plutôt une machine qui bien heureusement offre son interface en anglais. On a sans exagérer dû manger au Matsuya en moyenne une fois par jour. Non pas par facilité, mais surtout par souci d’un bon rapport prix/goût. Sans être au courant du Matsuya, l’on pourrait facilement passer des semaines au Japon sans les remarquer. Heureusement, Jean et Hélène nous avaient en leur présence pour les initier aux rouages d’un voyage en terre nippone.

Étagère de saké, Tokyo, Japon

Bien repus, c’est vers la ligne de monorail qui traverse le quartier futuriste d’Odaiba que nous avons débuté notre programme tokyoite. Vanté pour son look futuriste, Odaiba est constitué de quelques kilomètres carrés d’îles artificielles et il était possible d’en avoir un bon aperçu en empruntant son monorail. Surtout composé de centres d’achats et autres immenses bâtiments aux fonctions commerciales, le tour s’est avéré être un peu décevant. Je me suis même surpris à préférer le Palm Jumeira de Dubai. Qu’importe, pour nous rattraper en terme de vista urbaine, l’ascension de la mairie de Tokyo. Arrivés pile au bon moment, nous avons pu profiter du soleil tombant pour admirer l’immense métropole de jour et de nuit. Redescendus de notre perchoir, nous y sommes allés pour une balade à pied jusqu’à Shibuya puis d’un copieux repas dans ces fameux trains de sushis suivi d’un retour à l’hôtel à une heure plutôt potable.

Vue de Tokyo depuis la mairie à la nuit tombante, Japon Vue en hauteur de Tokyo depuis la mairie, Japon

Qu’est-ce qu’on fait le dernier jour d’un voyage de plus de 10 mois. On est un peu las, mais on tente d’en tirer le maximum. Bref, dans tous les morceaux de Tokyo qui nous manquaient, nous avons choisi le plus évident et aussi le plus populaire, soit Asakusa, ce fameux temple. Non pas car l’endroit est spécial, mais il nous fallait faire quelques emplettes en prévision d’une distribution de cadeaux au retour. La frénésie de magasinage s’est même poursuivie vers les quartiers voisins, où nous sommes tombés sur la rue qui.

Asakusa, Tokyo, Japon
Asakusa
Geishas à Asakusa, Tokyo, Japon
Il y a fort à parier que ces deux-là ne sont pas japonaises

Asakusa, Tokyo, Japon Rue de Tokyo, Japon

Cimetière japonais, Tokyo
Les cimetières japonais sont à l’images de la ville: ordonné, propre, austère et noble.

Magasinage, Tokyo, Japon Boulevard de Tokyo, Japon Rue de Tokyo, Japon

Mario Kart, Tokyo, Japon
Mario Kart sur le pas de départ

En guise de dernier repas, un petit restaurant de yakitori (brochettes) déniché dans une allée. Au milieu de notre repas, un homme s’approche et demande s’il peut se joindre à nous. Il nous a entendu parler français et désire se faire l’oreille à cette langue qu’il tente lui-même d’apprendre en ce moment (preuve à l’appui, il nous montre même ses livres et dictionnaires). Soucieux de bien s’intégrer, il commande aussitôt deux bouteilles de vin. Les conversations qui animaient notre ultime soirée passeront momentanément  à un niveau plus rudimentaire histoire d’accommoder notre nouvel interlocuteur, mais pas pour le moins enrichissantes.

Dernier repas, Tokyo, Japon

Au terme du repas, notre hôte inattendu nous aura non seulement fourni en alcool, mais se sera en plus chargé de l’entièreté de l’addition d’une excellente bouffe. À la sortie du restaurant, il tire poliment sa révérence et s’en va titubant en direction opposée. C’est ça, le Japon. Bien imbibés, nous poursuivront la soirée à discuter jusqu’à très tard devant l’hôtel.

Le lendemain, c’est le grand départ. Sans encombres, nous nous rendons à l’aéroport de Narita. Ensuite Detroit où nous passons à deux doigts de manquer notre transfert en raison d’une fouille un peu trop zélée de la TSA. Finalement, arrivée à Montréal où une fête d’amis nous attends. Dans mes souvenirs, tout s’est déroulé l’instant d’un flash. D’aventuriers de long cours, nous avons été re-téléportés dans cette vie que nous avions laissé plus de 300 jours auparavant. Cette existence si distante dans le temps et l’espace que de la redécouvrir a suscité en nous l’impression de … voyager.

Retour à Montréal, Canada

Il ne fait jamais soif au Japon

Mourir de soif au Japon? Impossible! Moyennant quelques yens, il y a dans le paysage urbain des machines distributrices sur littéralement chaque coin de rue, toutes prêtes à offrir tout ce dont vos papilles gustatives pourraient avoir envie. Thé, café chaud ou froid, incontournables de la boisson gazeuse sucrée ou autre concoctions bien spécifiques à l’île, on trouve même de la bière et du saké par endroit (bien pratique pour agrémenter nos errances de fin de soirée).

Tokyo de nuit
Trouvez les machines distributrices! (indice: il y en a plus de 9 dans cette seule image)

Me promenant seul dans une Tokyo humide à une heure tardive, je leur ai trouvé un je ne sais quoi d’esthétique. Plantées en petits groupes dans les ruelles, ne manquant jamais d’attirer le regard par leur offre colorée et le scintillement de leurs DELs, j’en ai capturé quelques unes en image.

Machines distributrices au Japon Machines distributrices au Japon

Machines distributrices au Japon
Complètement à gauche, une machine distributrice de cigarettes
Machine distributrice de bière au Japon
Celle-là vend de la bière
7 Eleven à Tokyo
Les dépanneurs sont presque autant légion ici au Japon

Magome-juku, Japon

Dans la gare de Shinkansen de Kyoto

Si ce n’était pas des transports, le Japon ne serait en fin de compte pas si coûteux qu’il n’y paraît. La nourriture y est plutôt abordable et les hôtels, si l’on se donne la peine de chercher les aubaines, sont bien moins chers qu’au Canada. Question déplacement, par contre, pas moyen de s’en tirer à bon compte, à un point tel que prendre l’avion reviendra moins cher que le train sur de longues distances.  Cependant, il fallait qu’Audrey vive l’expérience Shinkansen, le TGV japonais. Si rapide, mais si fluide, filant à toute allure parmi rizières et montagnes. Nous avons donc déboursé le gros prix pour l’emprunter jusqu’à Nagoya et ensuite revenir sur le réseau ferroviaire régional jusqu’à Magome-juku.

Magome-juku, Japon

Nous n’avions même pas mis les pieds au Japon qu’Audrey avait souhaité aller faire un tour dans la campagne; aspect de ce pays que j’avais omis de visiter lors de mon premier passage. Le choix évident dans l’axe Osaka-Tokyo était bien entendu le mont Fuji, mais étant trop de bonne heure en saison, il n’allait pas être possible de le gravir et même là, l’endroit nous paraissait un peu surfait. Suite à un brin de recherche, Audrey est tombée sur Magome-juku, un village-étape sur l’ancienne route Kyoto-Tokyo ayant conservé son charme de l’époque. D’ailleurs, le suffixe -juku signifie «poste».

Magome-juku, Japon
Audrey, captivée par un étang de carpes

Juché dans les collines, Magome-juku se rejoint en prenant le bus depuis la gare de Nakatsugawa. Arrivés sur place, il n’était même pas encore cinq heures de l’après-midi, mais presque tout dans le village était déjà fermé à l’exception d’une boutique d’aliments du terroir et d’un petit marché. Notre gîte, un ancient pensionnat pour garçon et un magnifique bâtiment construit tout de bois, n’hébergeait qu’une poignée de touristes.  Magome-juku était définitivement un endroit tranquille. La principale attraction de la région était le sentier Nakasendo, cette vielle route postale reliant Kyoto et Edo (maintenant Tokyo) passant au travers de pittoresques villages et lequel nous avions l’intention de parcourir jusqu’à la halte suivante le lendemain. En attendant, la soirée allait être tranquille, nous nous sommes cuisinés un repas de pâtes sauce tomate avec salade de chou achetés au marché du village puis nous sommes couchés après un peu de temps passés devant nos écrans. Vu qu’il n’y avait aucun restaurant ouvert en soirée à Magome-juku, nous avions étés contraints de nous procurer des victuailles au marché. Non seulement cuisiner soi-même au Japon ne représente pas une si grande économie, mais c’est surtout une opportunité perdue d’aller savourer un excellent repas japonais.

Tsumago-juku, Japon

Forêt, Japon
La forêt au Japon, pas si différente que la nôtre

Après un solide déjeuner nord-américain bacon-oeufs-patates, nous nous sommes engagés sur le sentier Nakasendo pour une journée de marche. Le trajet était définitivement populaire, mais les villages que nous traversions l’étaient encore plus. Un résident de la région,  servant le thé bénévolement dans une maison d’époque nous a expliqué que le sentier était très visité par les touristes européens et japonais, mais que les chinois et coréens – fidèles à leurs habitudes – circulaient en autocar sans daigner de marcher le chemin. Pour notre part, une fois rendu au village étape suivant, nous avons emprunté le train pour revenir à Nakatsugawa et parcourir à pied les quelques dix kilomètres pour revenir à Magome-juku, prenant quelques détours involontaires dans la ville afin de retrouver le sentier. Qu’importe, se perdre au Japon n’a rien de déplaisant. De retour à notre auberge, nous avons complété notre journée dans un onsen, ces bains chauds japonais qui ont eu tôt fait de nous remettre d’un bon 30 kilomètres de randonnée. Séparé d’Audrey pour l’occasion (les onsens se fréquentent complètement nus), j’ai fait la rencontre d’un péruvien avec qui j’ai pu pratiquer de l’espagnol. Cocasse vu que lors de mon dernier passage dans un autre établissement du type, j’avais pu pratiqué cette même langue avec un autre touriste.

Rizières à Magome-juku, Japon

Halte à Nakatsugawa
Une ancienne halte de repos pour les voyageurs

Le jour suivant, nous nous sommes rendus à Nakatsugawa à la marche et nous sommes concentrés sur de l’exploration urbaine dans une petit centre régional, constatant qu’ici comme dans les plus grandes villes, nous retrouvions sans trop chercher le charme japonais.  Quand même excellent cette initiative qu’a eu Audrey d’aller visiter ce petit coin de pays. Le lendemain, c’est sous un temps pluvieux que nous avons pris le train jusqu’à Tokyo, notre ultime destination de ce périple de plus de dix mois, mais non la moindre.

Roue à aube dans Tsumago-juku

Kyoto, Japon

Kyoto, Japon

Kyoto, JaponMalheureusement pour nous, la pluie nous aura accompagnée une bonne partie de notre séjour à Kyoto et allant même jusqu’à gâcher entièrement notre première journée, nous contraignant à rallonger notre passage dans cette magnifique ville. Nous y avons certainement visité quelques temples et sanctuaires, car c’est principalement ce qu’il y a à faire à Kyoto, mais comme à Osaka, le plus clair de notre temps a été dévolu à la promenade. La ville étant de moins grande ampleur, nous ne marchions plus parmi les grattes-ciels et tours d’appartement, mais au travers de petits quartiers aux maisons bien japonaises, impeccables et pour la plupart décorées de plantes et de jardins. L’on s’est même pris à se perdre un peu dans les bois.

Gion, Kyoto, Japon

Il est quand même fascinant de remettre les pieds à un endroit que l’on a visité que pour une courte période il y a quelques années. Les souvenirs refont surface, certains d’entre eux justes, d’autres très amochés par des années de désuétude passées en mémoire. Osaka était en bonne partie conforme à l’idée qu’il m’en restait. Kyoto, loin de là. Peut-être était-ce dû au fait que j’y suis allé la première fois en hiver? Osaka est de béton, mais Kyoto est une ville verdoyante aux multiples parcs et toutes encerclée de verdure à flanc de colline. Elle se métamorphose suivant les saisons.

Kinkaku-ji, Kyoto, Japon

Fushimi-inari, Kyoto, Japon Fushimi-inari, Kyoto, Japon

Ces dernières semaines, l’anticipation du retour s’est fait sentir de manière croissante : tous deux avions de plus en plus hâte de retrouver nos existences canadiennes. Comme tournure d’événements inattendue (mais prévisible), le Japon nous a complètement guéri de notre mal du pays, ce qui nous permet d’en profiter davantage, mais ce qui en revanche rendra notre départ plus crève-coeur. Concernant ma compagne de voyage, elle ne cesse de répéter que l’endroit répond à toutes ses attentes, attentes rendues très élevées par toutes les fois ou je l’avais entretenue sur cet endroit d’exception.

Métro, Kyoto, Japon