Tour du Nord du Québec et de l’Ontario – Jour 6 (Rouyn-Noranda à Sudbury)

Tour du Nord du Québec et de l’Ontario – Jour 6 (Rouyn-Noranda à Sudbury)

Au réveil, 6 degrés et la même pluie intermittente que la veille. On m’avait dit que le Témiscamingue était réellement une belle région. Verdoyante, agricole et vallonnée, je n’en aurait pas trop profité vu la météo.

Dans un restaurant de Ville-Marie, j’ai fait la conversation à un client également motocycliste et celui-ci m’a amplement vanté la Baie Géorgienne, l’île Manitoulin et les régions au Nord de Toronto. Réalisant que je disposais d’encore amplement de temps dans mon horaire, j’ai pris la décision d’y réorienter mon voyage.

Tour du Nord du Québec et de l’Ontario – Jour 6 (Rouyn-Noranda à Sudbury)
North Bay

Vers la fin de la journée, le froid était toujours présent, mais la pluie a cessé et le bleu du ciel a commencé à timidement se montrer le nez au travers des nuages.

Usé par le froid, je me suis installé dans un hôtel du centre-ville de Sudbury. Avant d’y arriver, j’ai quand même fait une petite excursion pour aller admirer l’Inco Superstack, une cheminée de 381m de haut (battue par une centrale au charbon du Kazakhstan) en voie d’être démolie. Avant la construction de la tour du CN, c’était la plus haute structure au Canada.  La paysage alentours rappelait celui des abords de Baku en Azerbaïdjan: pollué à l’os. Fait intéressant, la cheminée a été bâtie de manière à mieux disperser les fumées de dioxyde de souffre dans le paysage et réduire les niveaux absurdes de pollution autour de la ville; certains diront que l’on a échangé de la pollution environnementale pour de la pollution visuelle. Ce truc est tout de même visible au delà de 10 km avant d’arriver en ville. Autre fait d’intérêt, durant sa construction, une tornade F3 a frappé Sudbury alors que des travailleurs étaient au sommet. La structure s’est mise à osciller mais sans dégâts. Ces mecs ont dû avoir la peur de leur vie.

Inco Superstack
Inco Superstack

Tour du Nord du Québec – Jour 5 (Amos à Rouyn-Noranda)

Tour du Nord du Québec – Jour 5 (Amos à Rouyn-Noranda)

J’ai étiré l’heure de départ au maximum pour éviter la pluie, incluant une conversation avec mes voisins de motel, deux français roulant un business de livraison de viandes de luxe dans le Québec profond (florissant depuis la pandémie selon eux). Mon attente fut en vain, la mouillasse de diminuait pas. Cela allait donc être un test de mon équipement. Hormis les forts vents de travers, je suis parvenu à rester au sec et tempéré (poignées chauffantes à fond!) pas mal toute la journée.

Tour du Nord du Québec – Jour 5 (Amos à Rouyn-Noranda)

Après avoir parcouru l’arrière pays de l’Abitibi-Ouest et ses petites bourgades isolées, je suis redescendu vers Rouyn-Noranda et progressivement, la météo s’est mise à devenir plus clémente. En passant par Duparquet, j’ai aperçu dominant la ville une haute cheminé et ce qui semblait être les vestiges d’un complexe minier abandonné. Il ne m’a pas fallu très longtemps pour me frayer un chemin jusqu’aux installations en et en faire le tour. Vu l’état, le lieu semblait avoir été délaissé depuis plusieurs dizaines d’années.

Tour du Nord du Québec – Jour 5 (Amos à Rouyn-Noranda)

Les deux employées sexagénaires du casse-croûte local ont confirmé mon impression. L’une d’elle se souvenait d’avoir vu la mine fermée lorsqu’elle était toute jeune pour cause de pollution et d’accidents (en 1956 précisément). Curieusement, la ville de Duparquet a poursuivi son existence, probablement en raison de toute l’industrie de villégiature qui s’y était développé.

Tour du Nord du Québec – Jour 5 (Amos à Rouyn-Noranda)

Après une petit tour de la ville de Rouyn, j’ai roulé une petite demi-heure pour aller me tenter tranquille dans le froid et l’humidité.

Tour du Nord du Québec – Jour 4 (Lebel-sur-Quévillon à Amos)

Tour du Nord du Québec – Jour 4 (Lebel-sur-Quévillon à Amos)

Au matin, les nuages de brûlots étaient de retour, alors je ne me suis pas fait attendre pour déguerpir. La route s’est déroulée sans rien de notoire jusqu’à Val d’Or où la pluie a débuté. Trouvant refuge sous l’auvent d’un restaurant, j’ai fait la conversation à un ouvrier qui s’occupait à préparer la terrasse de l’établissement pour la réouverture officielle. J’en ai profité aussi pour texter un membre de la famille de Audrey qui avait des liens avec la ville et y passait fréquemment pour le travail. Comble de chance, il était sur place, alors nous nous sommes rejoints pour un (autre) repas casse-croûte et des retrouvailles improbables.

Profitant de la lumière restante, j’ai filé vers Amos avant qu’un autre front de précipitations ne me rattrape. Chemin faisant, j’ai été gâté de l’un de ces moments magiques sur la route, où la voie s’étire à perte de vue, les ombres s’allongent sous l’effet du couchant et le soleil donne à tout le paysage une teinte dorée. Moment de plénitude existentielle si vous voulez mon avis.

Vu les alertes d’orage violent de tornades en vigueur dans la région, j’ai laissé tomber la tente pour cette soirée et me suis prit un bon vieux motel de bord de route pour être à l’abri (et me laver, et recharger mes appareils, et dormir confortablement,  et profiter de l’internet …)


Tour du Nord du Québec – Jour 4 (Lebel-sur-Quévillon à Amos)

Tour du Nord du Québec – Jour 3 (Chibougamau à Lebel-sur-Quévillon)

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Endroit de bivouac parfait; ni vu ni connu et le lac était splendide. Une fois la route rejointe, le barrage avait été comme promis levé. Arrivé à Chibougamau, je suis allé garer ma moto près du départ des sentiers du Lac Gilman puis me suis engagé dans le parc. Maintes et maintes fois, alors que j’étais en stage dans l’hôpital de la ville, je suis allé me perdre dans dans la vastitude de ce magnifique endroit. Offrant relief, décor spectaculaire de forêt récemment incendiée (en 2006 il me semble), lacs, tourbières, le tour de ce parc fait à peu près 10 kilomètres et donne au visiteur tous les attraits de la forêt boréale.

Tour du Nord du Québec – Jour 3 (Chibougamau à Lebel-sur-Quévillon)
Le lac Gilman

De retour en ville, j’ai fait le plein et me suis engagé vers la route 113 pour rejoindre l’Abitibi-Témiscamingue. Mon voisin du camping de l’Anse-St-Jean m’avais averti que la route était en piteux état. Rien pour me faire peur, le Tadjikistan m’a largement formé en ce qui concerne les routes pourries. Qui plus est, slalomer entre les trous à moto est d’autant plus facile.
La chaussée avait été tout récemment refaite, alors j’ai pu parcourir sans problèmes les kilomètres (sauf plusieurs lavages de visières pour causes d’impacts d’insectes) jusqu’aux abords de Lebel-Sur-Quévillon. Au passage, j’ai croisé deux localités, soit Desmaraisville et Miquelon qui avaient toutes l’air de villes abandonnées, témoignage que l’industrie forestière ou minière dicte les mouvements des hommes en ces contrées.

Tour du Nord du Québec – Jour 3 (Chibougamau à Lebel-sur-Quévillon)
Un renard!

Il n’y avait pas non plus autant de lacs que pour monter à Chibougamau, donc j’ai déployé ma tente à l’entrée d’une route forestière. Profitant des nombreux débris de bois jetés par les convois, j’ai rapidement pu constituer un bon brasier pour faire écran aux assauts inlassables des nuages de brûlots.

Tour du Nord du Québec – Jour 3 (Chibougamau à Lebel-sur-Quévillon)

Tour du Nord du Québec – Jour 2 (Anse-Saint-Jean à Chibougamau)

Screenshot from 2020-06-10 22-47-43

Le Lac-St-Jean est une région pleine de richesse et de vie et l’on ne vante pas assez ses attraits. À 2h de Québec, je me suis dit que j’allais garder les visites pour un moment ultérieur en compagnie d’Audrey. Je n’ai quand même pas pu m’empêcher d’aller cogner à la porte de l’office de tourisme (officiellement fermé) pour demander s’il était possible d’aller visiter l’aluminerie de Jonquière. Évidemment, tout était fermé aux visiteurs. La journée s’est donc déroulée sur la route, de ville en ville avec une interlude à savourer une poutine. Champs de bleuets, champs de pomme de terre et en fin de journée j’étais aux portes de la route qui mène à Chibougamau.

Tour du Nord du Québec – Jour 2 (Anse-Saint-Jean à Chibougamau)

À l’été 2018, j’ai eu la chance de passer mon premier stage dans cette ville connue de tous (car sur la carte des météorologues) mais trop peu fréquentée. En plein dans la forêt boréale et dans le Bouclier Canadien, Chibougamau est décidément une communauté nordique où se côtoie blancs et autochtones. La nature y est grandiose et sent bon le pin et les grands espaces. J’avais le goût d’y repasser pour ensuite rejoindre l’Abitibi.

Arrivée à dernière station d’essence avant l’entrée de la réserve naturelle qui mène à la ville (210 km plus loin), un panneau du ministère des transports annonce un barrage policier au km 179. Merde, j’avais oublié que tous les points de contrôle avaient été levés sauf celui de la Baie-James. Quand même, j’ai questionné le personnel de la station service et par chance, l’une d’entre elles avait entendu que ce barrage allait être levé à minuit ce soir. Quelle chance! Un camionneur a également confirmé l’information.

Vers 18h30, je me suis donc engagé sur la route, roulant à bonne vitesse, passant quelques ours et rencontrant même un convoi de campeurs traînant roulotte et chaloupes de pêche en vue de la réouverture de la région. Profitant de la lueur pour prendre de l’avance sur le lendemain, j’ai poussé presque jusqu’au barrage puis ait bifurqué sur une route de bois menant à un lac. Je m’attendais à coucher rustique, mais j’ai débouché sur plusieurs sites de camping avec services limités. Oups, l’endroit appartient à la réserve faunique. Ce n’est pas dans mon habitude d’élire domicile sur des terrains officiels sans réservation, mais vu l’heure tardive et ma visière presque opacifiée par des cadavres de mouches, j’allais tenter ma chance. Rouler la nuit sur ce genre de route n’est pas sans dangers et de toute manière, la police me bloquait le chemin.

Tour du Nord du Québec – Jour 2 (Anse-Saint-Jean à Chibougamau)