Surprise! Bienvenue… aux îles Galapagos!

Alors, la dernière question que je nous posais était… on va où? Car c’est littéralement celle que nous nous sommes posée. Les Galapagos n’étaient pas sur notre itinéraire, simplement parce que… bien, on n’y avait pas trop pensé, on n’y était pas particulièrement attirés, on ne peut y aller en voiture, c’est potentiellement couteûx… bref, rien ne nous appelait là-bas. Par contre, en consultant quelques guides de voyage, l’attrait se voyait nourri sans aucune réserve, jusqu’à un point où, ne pas y aller signifiait maintenant de rater quelque chose que l’on voulait plus que tout faire! Nous nous sommes nous-mêmes manipulés en nous projetant un film publicitaire autoréalisé (pour d’autres conseils sur les meilleures façons de se créer des besoins, contactez-moi en privé). Notamment, le privilège de la proximité des animaux, pour certains propres aux îles, et le sentiment d’avoir accès au processus intellectuel de Darwin. Et de surcroit, les opportunités de plongée exceptionnelles. Alors, hop en avion, 2h plus tard, nous sommes au chaud!

Île San Cristobal – 23 septembre au 28 septembre

Dès notre arrivée, nous avons été subjugués, réellement, par l’endroit. Tout d’abord, le seul fait de quitter le tout petit aéroport à pied, baluchons au dos, pour se rendre à notre hostel à une quinzaine de minutes de là. Ce seul fait laissait présager une ambiance locale chaleureuse, à hauteur humaine. Et déjà, en 30 minutes, nous avions rencontré nos nouveaux amis, ou plutôt les sujets de notre pâmoison pour les prochains jours. Frégates à gorges rouges, Boobies aux pieds bleus, lions de mer…. nous en avions plein les yeux, et plein les oreilles également! Ceux qui volent la vedette, incontestablement, indubitablement… les liona de mer. De longues peluches qui se déplacent sur terre avec la mobilité d’une banane, et qui émettent des cris et sons dignes d’un concours de rots. Nous avons passé tellement de temps à rire en les regardant interagir entre eux. Et ce qui rend l’expérience aussi… touchante, c’est qu’ils ne sont en rien tracassés par la présence de ces grands animaux sur deux pattes que nous sommes, qui les regardent assis à une terrasse à leurs côtés. Ils sont les rois du village et se couchent bien où ils le souhaitent. Par contre, sous l’eau, ils deviennent joueurs, agiles, rapides. Une dualité réellement cocasse à observer.

L’île est certes touristique : l’ensemble de l’archipel l’est, et je crois bien que de près ou de loin, pas mal tout le monde vit de cette industrie. Mais ici, les hostels sont plus petits, les restos plus terre à terre, l’ambiance plus relaxe.

Île Santa Cruz – 29 septembre au 3 octobre

Cette île est la plus peuplée : une petite quinzaine de milliers de personnes! Au total, environ 33 000 personnes habitent l’ensemble des îles (les données seraient celles de 2022). L’ambiance y est un peu plus clairement touristique : les gens continuent de nous parler en anglais malgré que nous répondions en espagnol, les bons cafés sont faciles à trouver, les repas coûtent le triple sinon plus, les pizzas abondent… ce genre de petits indices. Malgré tout, l’île, comme ses sœurs, foisonne de petits endroits où aller voir des animaux et emmagasiner l’air salin sur nos visages.

La faune et la flore

Boobie aux pieds bleus. En groupe de plusieurs dizaines, ils plongent dans la mer pour pêcher et resurgir comme des bouchons de liège quelques secondes plus tard.
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Les iguanes marins sont un exemple d’adaptation spécifique aux Galapagos : arrivés proablement par petit radeau naturel du continent, ils peuvent plonger sous l’eau pour se nourrir. Ce qui leur fait éternuer régulièrement pour se débarasser de l’eau saline.
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Pélican
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Peu d’endroits semblent rebuter un lion de mer qui cherche une sieste.

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Le village de Puerto Baquerizo Moreno sur l’île de San Cristobal, vu de haut
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Nous étions dans un centre favorisant la naissance et la prise en charge des bébés, les adultes sont donc en liberté. Mais on en trouve à plusieurs endroits sur les différentes îles, jusqu’au bord des routes.

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La plongée

Avec cette folle aventure, une autre s’ajoutait pour moi. Antoine, vétéran de la plongée sous-marine, avec ses diverses certifications de toutes sortes lui permettant d’exécuter des plongées qui me donnent la frousse juste à y penser. Une plongée de 3-4 heures, avec 4-5 bouteilles d’air de provision, de 2 gaz différents, avec l’obligation de remonter en palliers déterminés pour ne pas être victime d’un accident de décompression, et devoir calculer le tout sous l’eau avec une narcose des profondeurs? Lolilol, non merci. Par contre, une plongée où je peux remonter si j’ai une urgence, et ainsi profiter des chances de cotoyer lions de mer, bancs de poissons, tortues, requins…? Ah ça, l’équilibre entre aventure et gestion du risque me plait! J’ai donc fait mon cours d’Open Water sur place, puis nous avons pu aller plonger ensemble.

Dès ma première sortie avec ma prof, en mer, c’était comique : j’ai dû exercer mes techniques sous l’eau, sous le regard curieux de lions de mer qui me tournaient autour. Jusqu’au point où ils passaient entre mes jambes, me mordillaient continuellement au travers de ma combinaison, jouaient dans les bulles de mon détendeur… c’est à ce moment que j’ai compris que je pouvais rire aux éclas sans problème, même en plongée. Ces altercations ont tout de même poussé ma prof à mettre fin à cette sortie, puisque son niveau de sécurité diminuait à mesure que la proximité des animaux augmentait. Moi j’étais peu inquiète, bercée par mon insoucience complète.

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Il ne manque pas de poisson, ici, nous avons pu traverser plusieurs bancs de différents types.
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Me voici, lors d’une de mes rencontres avec les tortues
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Les grandes vedettes de ces eaux, les requins marteaux, que nous avons d’ailleurs vus en banc!

Galapagos, archipel volcanique enchanteur, il se peut bien que l’on se revoit…

Quito – Ecuador

Quito – 19 au 23 septembre

Aaahhhhh… Quito. Il y a de ces endroits que l’on a déjà visités, et que l’on retrouve avec un sentiment de retour à la maison. Ce fut le cas pour moi à Quito, que j’avais visitée à l’automne 2013. Le pire c’est que ne me rappelant plus du nom de l’hôtel dans lequel j’avais séjourné, j’ai réservé le même. Quand les critères sont bons, on ne change pas la recette, hein..!

Quito
Quito de nuit, de notre hostel

La belle Quito se marche, en long comme en large, et même en hauteur. Et un peu partout sont saupoudrées des clochers d’église. L’une d’elle, par aileurs, est très impressionnante. Sa construction a débuté vers 1892 et a été inaugurée en… 1988. Elle a un style gothique époustouflant, mais sa petite jeunesse la rend un peu hors normes. De plus, actuellement, son enceinte est entièrement utilisée à la construction… d’une immense crèche. Il est toutefois possible de la monter, ou la grimper, plutôt, jusqu’à l’un de ses clochers. Accrochés à de petits escaliers de métal, au grand vent des montagnes, l’expérience est sportive! La vue du haut vaut l’effort.

Cathedrale Quito

Cathedrale Quito
Vu du haut de la cathédrale

Et si l’on redescend au niveau du sol, la ville n’est pas en reste : ses rues pavées, ses places, ses monuments. On peut s’y perdre plusieurs jours sans craindre de trop s’ennuyer.

Quito

Parc centra - Quito
Un parc très bien aménagé, au milieu de tous les quartiers les plus centraux de la ville, où les gens viennent manger, jouer, se rencontrer.

Heu… pardon?

Édifice Montréal Olympique
Édifice… Montréal Olympique?

Nous avons trouvé une incongruité dans le paysage écuadorien, durant notre déambulation urbaine. Nous n’avons aucune idée de pourquoi cet édifice porte ce nom et ce logo, mais il n’y a pas de doute, c’est chez nous, ça! Nous sommes restés à le regarder quelques minutes, incrédules… Si jamais quelqu’un sait pourquoi cet immeuble existe, faites-nous part des informations, nous demeurons curieux.

Quand la ville réutilise

La ville a décommissionné un aéroport, qui est maintenant un parc. Bon, le mot est peut-être fort, car c’est surtout un endroit où les gens peuvent profiter de beaucoup d’asphalte pour exercer divers sports. Malgré tout, le visuel est intriguant : marcher sur une piste d’atterissage, entouré d’un parc et d’une ville, cela reste une belle façon de tenter une revitalisation.

 

Le téléphérique et ses balancoires

Il n’y a qu’un téléphérique à Quito, et il est moins utilisé pour la mobilité de ses citadens, que pour les amener sur le toit de la ville. C’est donc un endroit où les petits couples et les familles vont prendre une photo avec un lama, prendre un café et marcher un peu. Il ne nous en fallait pas moins pour être hautement satisfaits de l’activité, comme deux petits gamins!

La suite!

Là, c’est le moment des petites surprises. Parce que l’on s’en est faite une grosse. Immense. Colossale. Car en arrivant à Quito le vendredi soir, nous avons apris que dès le lundi prochain, une grève nationale allait débuter le lundi suivant. Aucun délai n’était connu, mais les dernières ont duré jusqu’à deux semaines. Le sujet des grèves visait le coût du diesel, pour lequel le gouvernement cessera ses subventions (à l’instar de ses voisins la Colombie et le Péru). Cette décision a mal passée, notamment chez la Confédération des nationalités indigènes d’Équateur (Confederación de Nacionalidades Indígenas del Ecuador ou CONAIE). Beaucoup des gens qu’ils représentent vivent de l’agriculture en région et prévoient des hausses importantes des leurs coûts, en plus de dénoncer le manque de consultation dans le processus de prise de décision gouvernementale. Il s’agit d’un résumé laconique, mais c’est ce que nous en avons compris avec quelques lectures et discussions.

Ainsi, c’est surtout les axes routiers majeurs qui allaient être bloqués, empêchant les déplacements dans le pays. Avec une perméabilité que nous avions de la difficulté à saisir, mais les gens semblaient la prévoir peu élevée… Alors, devant cette nouvelle, nous avons souhaité éviter le débat, qui ne nous concerne certainement pas comme étranger, et ne pas risquer de rester coincés à Quito ou de nous confronter à des lignes de fermeture. Comme notre projet est de descendre jusqu’au Sud de l’Argentine en voiture, nous souhaitions trouver un petit coin qui n’était pas sur notre itinéraire.

Voici un indice, que l’on peut apercevoir derrière mes yeux cernés de fille s’étant levée à 4h du mat! Mais vous n’êtes pas dupes, vous voyez au-delà de mes cernes, que mon sourire prend toute la place.

Départ Quito
Pis, on va où, on va où??

Salento, Cali, San Agustin, Pasto – Colombie

Oupelaï… aurait-on échapé notre ligne de temps..? Nous serions-nous perdus entre deux destinations? Peut-être un peu de tout cela, mais toujours pour les bonnes raisons : se laisser aller au voyage, et aux imprévus qui nous font prendre un autre chemin. Parfois malgré nous, mais elle est là, la beauté (et la liberté) de la chose. Nous vous partagerons les belles surprises dans les prochains écrits, je vais pour l’instant reprendre le cours de notre descente vers le Sud.

Colombie, après nos grands arrêts à Cartagena et Medellin

Après notre séjour plus qu’apprécié à Medellín, nous avons poursuivi notre chemin vers des campagnes plus éloignées. Les routes, partout, sont magnifiques. Des ranchs, des montagnes, des champs.

Salento – 12 au 15 septembre

Il s’agit d’un petit coin de pays, connu pour son petit carré central et ses quelques rues offrants de bons petits restos, mais surtout pour ses immenses palmiers, pouvant faire plusieurs dizaines de mètres de haut. C’était donc l’occasion pour nous de faire un peu de sport en randonnée. Un soir, nous avons même eu la chance d’assister à un spectacle de métal sur la place centrale, au grand bonheur d’Antoine! Le style a rapidement viré vers la ballade hispanophone, impossible de passer à côté!

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Salento et ses immenses palmiers

Puisque plusieurs agriculteurs de la région concentrent leurs activités sur les plantations de café, et comme nous en sommes des consommateurs assidus, nous ne pouvions éviter un petit tour. Et surtout, impossible d’éviter le costume : je souris sur la photo, mais intérieurement je suis peu à l’aise. Moi et les costumes, on ne s’entend même pas à l’Halloween… Mais bon, aller hop, nous sommes partis à la découverte et avons cueillis quelques grains de café.

Cali – 15 au 16 septembre

On la décrit souvent comme dure, sans prétention, et farouchement authentique. J’ai même lu dans un guide que « Cali a moins besoin de vous que vous n’avez besoin de Cali ». Et c’est vrai, ce n’est pas du tout un endroit où on vous déroule le tapis rouge, ce qui la rend en soi charmante. Le hic, c’est que tous s’entendent pour dire que son plus grand attrait est la salsa, en respect de son statut autoproclamé de capitale mondiale de la salsa. Pour deux voyageurs ne trouvant aucun plaisir dans la danse… disons que cela enlève une petite couche de verni à la ville. De fait, nous avions prévu deux nuits et avons finalement quitté après une : nous avions vu les quelques endroits à visiter, le début de semaine rendait les soirées peu festives, et on ne cessait de nous dire que marcher dans plusieurs secteurs de la ville était dangereux (commentaire souvent accompagné de gros yeux effrayés pour mettre un peu d’emphase sur le poids dudit commentaire). Notre activité urbaine favorite étant donc limitée, nous avions déjà l’impression d’avoir fait le tour.

Cali
Notre seule photo de Cali…

San Agustín – 16 au 18 septembre

En réduisant nos nuits à Cali, cette destination s’est donc présentée comme possible. Comme nous souhaitions traverser en Équateur le 19 septembre, nous comptions nos nuits et les heures de voiture… Ce fut une belle surprise, une petite ville accueillante, où nous avons super bien mangé et où nous avons pu en profiter pour marcher un peu dans la campagne. Vraiment, une ambiance relaxe, chouette, agréable. Parfaite, quoi.

San Augustin
La petite terrasse sur le toit de notre hostel

Autour de la ville, nous pouvions aller visiter quelques sites archéologiques où des vestiges d’une civilisation précolombienne ont été retrouvés. Les chercheurs peuvent dire que cette civilisation a probablement été à cet endroit de 2000 av.è.c., à 1000 è.c. Ils peuvent voir une certaine évolution dans les statues retrouvées, qui sont d’ailleurs très nombreuses, grandes et lourdes, nécessitant donc plus que 2-3 personnes motivées cherchant un projet d’été. Les chercheurs ne peuvent toutefois pas dire s’il s’agit de plusieurs civilisations, ou d’une seule, ni ce qui leur est arrivé. Ce qui et certain, c’est qu’elle est éteinte. Puissant quand même, comme constat: des milliers de personnes ont vécu, durant des millénaires, et il reste peu de leur passage. Tout est éphémère, comme disait Socrate.

Civilisation inconnue
Civilisation inconnue, pourtant bien organisée.

 

Pasto – 18 au 19 septembre

Pour se rendre à Pasto, qui doit être notre dernier arrêt avant de traverser la frontière, nous traversons un endroit que j’avais initialement listé sur ma liste de souhaits, mais que j’avais abandonné. Il s’est retrouvé à nouveau sur notre itinéraire à la suite de notre changement de plans entre Cali et San Agustín. Il s’agit d’une route qui traverse les montagnes, et qui est affectueusement surnommée “Trampoline of death”. Ça donne le ton. Si vous avez besoin de bitume bien entretenu et de rembardes solides, indices rassurant de sécurité routière, je vous déconseille cette activité. Mais si vous vivez bien avec l’excitation de rencontrer un camion en sens inverse, vous obligeant à porter un oeil sur le précipice qui se déroule tout juste à droite de votre véhicule… alors là allez-y! Sans blague, il y a en effet des risques, mais nous avons vu énormément de véhicules, de camions et d’autobus sur la route, nous n’étions donc pas de simples hurluberlus en quête de sensations fortes (des décès sont recensés chaque année, et puisque les chiffres diffèrent beaucoup selon la source, je préfère ne pas en fournir!). En plus des vues spectaculaires et de l’adrénaline, l’expérience a aussi contenu 10 passages à gué (petits quand même) dû à des chutes d’eau qui traversaient la route.

Trampoline of death
Sécurité avant tout
Trampoline of death
Concentration

Nous sommes arrivés quand même tard à Pasto, et sommes repartis tôt le lendemain pour traverser en Équateur, alors nous avons pas vraiment de photos. Mais nous avons au moins eu l’occasion de manger la spécialité du coin, un bout de cochon sur broche. Délicieux! Comme les portions sont immenses, nous avons offert le repas qui nous restait à un itinérant, comme plusieurs autres personnes avait fait avant nous. Le partage et la proximité entre les humains, on l’oublie, des fois.

Medellín la belle – Colombie

Lorsque l’on prend le temps de réfléchir à de petites choses qui nous font sourire, la réponse est parfois simple. Pour ma part, l’une de ces réponses serait un ciel bleu, le plus foncé qu’il lui est possible lorsque le soleil est à son zénith,  sur lequel se découpent parfaitement les arbres, les nuages, les pierres, les fleurs. Comme si je me plaisais à me délecter tout simplement du regard que la nature me laisse poser sur ce qu’elle déroule elle-même. Pour son seul bénéfice ne l’oublions pas, nous ne sommes que les privilégiés à pouvoir profiter de son spectacle. Car elle, je doute qu’elle puisse s’assoir, une fin d’après-midi, sous un de ses arbres avec un petit verre de rosé, pour nous regarder dans toute notre beauté. C’est peut-être l’une des chances de l’humanité. Medellín est l’endroit parfait pour se laisser aller à cette contemplation.

Hostel Medellin
Vue de notre chambre. Pas mal quand même.

Medellín – 7 septembre au 12 septembre

Dans son ensemble, la ville est d’une exquise beauté. Tous les petits blocs de maisons en briques qui se collent les unes aux autres et se supportent pour cumuler quelques étages, se rendant toujours plus haut sur les montagnes. Car Medellín est lovée au creux d’une vallée, qui lui permet de profiter du climat des montagnes. Magnifiquement beau et chaud (et sec) durant le jour, et juste assez frais le soir. On lui prête d’ailleurs le qualificatif de ville de printemps éternel. Elle s’étend donc joliment entre beaucoup de verdure, des palmiers aux pins, en passant par toutes sortes de plantes, arbustes et arbres, parfois colorés mais toujours luxuriants.
Mais ce n’est pas tout, puisqu’en plus d’être belle, elle est aussi bien organisée pour le transport, avec métros, tramway et téléphériques. Et lorsque l’on embarque dans l’un de ces derniers, Medellín n’est plus simplement belle, elle devient majestueuse, et n’a plus rien à cacher.

Medellín vue de haut
Medellín vue de haut

Nous avons fait un tour dans ce que l’on appelle la « Comuna 13 ». En fait, la ville est divisée en seize Comunas, portant un chiffre de 1 à 16 (et habituellement un nom également), qui à leur tour sont divisées en districts et quartiers. La treizième est connue pour avoir apparemment été citée à plusieurs reprises dans la série Narcos, mais laissez-moi vous la présenter sous son nom : San Javier. Au delà de ses mythes, car il semble y en avoir plusieurs, elle est maintenant un symbole de fierté pour la ville. Un symbole d’une réussite, aussi. Car bien que tout ce qui aurait été écrit à son sujet n’est pas nécessairement vrai, il demeure que son passé est en effet lié à beaucoup de pauvreté et de violence. La Comuna a démarré en mode bidonville, ou slum, selon le terme que vous préférez. Ce que cela signifie, c’est surtout que les maisons, plutôt en bois ou en matériaux réutilisés, se sont improvisées sans droits légaux. Puis, progressivement, les terrains se sont régularisés et la brique a remplacé les constructions à visée temporaire, ou de survie. Puis, confrontée à des enjeux de criminalité et de violence, la ville a tenté une expérience : installer six escaliers mécaniques (en 2011) afin de favoriser les déplacements rapides. Cela peut sembler anodin, mais si vous devez marchez des heures pour vous déplacer, commercer, vous instruire ou travailler… vos moyens de rehausser votre niveau de vie s’en trouvent limités. Et donc, radicalement, ces escaliers permettaient une plus grande mobilité. Jumelé à certaines interventions, et possiblement ententes entre gouvernement et gangs criminels visant une relative paix, l’endroit s’est progressivement sécurisé.  Depuis les 2-3 dernières années, à ce que l’on nous a dit, il est d’ailleurs ce que l’on pourrait qualifier de touristique. Même de jeunes adolescentes rencontrées dans un téléphérique de l’autre côté de la ville, qui nous ont abordé avec un rire gêné pour pratiquer 1 ou 2 mots d’anglais, nous en ont parlé. Sans en être résidentes. C’est donc dire à quel point c’est devenu un symbole. Et donc, nous avons pris un tour avec un guide qui nous a montré quelques graffitis (ou plutôt murales artistiques de grande qualité), et nous a parlé de son expérience ayant habité toute sa vie ici.

Comuna 13
Comuna 13

Après cette portion plus instructive, notre guide nous a laissé en haut de la Comuna vers 19h, et une partie de fútbol était déjà en jeu depuis 30 minutes. Colombie contre Venezuela, déjà 2 à 2. Comme j’avais vraiment envie de vivre l’expérience de regarder une partie, avec les partisans, nous nous sommes donc installés pour profiter de l’ambiance et de la vue, et ciel que l’excitation était à son comble! Le résultat final de 6 à 3 pour la Colombie nous aura servis en termes d’émotions! Et au fútbol… c’est quand même beaucoup de buts, une partie moyenne est à mon avis un peu plus… calme. Et à chaque but, tout le monde crie, on met de la musique, on danse, on se moque gentiment du seul qui supportait le Venezuela. Et une fois la partie terminée, on tasse les tables et c’est le temps de la salsa. De notre côté, nous y avons un peu participé, mais nous avons aussi profité de la vue. Une vallée tellement large que les lumières de l’autre côté scintillent, pour notre plus grand bonheur. Assurément l’un des plus beaux panoramas que nous avons eu la chance de voir jusqu’à maintenant.

La ville dans son ensemble, pour la chaleur de sa couleur dorée, pour sa température, pour sa faune diverse et fleurie, pour ses gens… est probablement ma destination favorite jusqu’à maintenant dans ce périple.

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Beaucoup de chemin parcouru… avec un petit arrêt repos à Caucasia pour couper le tout en deux.

Panamá et Cartagena, Colombie

La dernière fois que j’ai laissé quelques mots ici, nous étions en route vers la ville de Panamá, qui devait être notre dernière destination en Amérique centrale. Je vous rassure, elle le fut, sans aucun pépin!

Panama City – 23 au 27 août

La ville m’a semblée être un lieu de convergence de beaucoup de choses. Convergence de deux « Amériques », convergence de cultures, convergence de réalités. Ses tours d’habitations se voient de loin, j’ai d’ailleurs eu un petit sourire en pensant à la ville de Québec que l’on aperçoit soudainement au détour d’une collinette, sur l’autoroute 40. Sur place, elle m’a fait penser à certaines villes que l’on trouverait plutôt dans Star Wars, où tout se passe en hauteur, à partir de quelques étages, et où le sol est plutôt imagé comme un espace que l’on remarque moins, sous de bas nuages, réservé aux activités quotidiennes. Bien sûr il n’en est rien puisque la vie est bien présente en plusieurs endroits, mais la ville semble avoir été concue pour profiter des hauteurs. Un magnifique parc linéaire d’environ 4 kilomètres permet toutefois de faire le lien entre le centre des grandes tours et la vieille ville, où les gens semblent avoir une appréciation toute particulière pour le patin à roues alignées. Les autres s’entraînent dans des espaces aménagés, courent en groupe, se promènent. La vieille ville, dans son style colonial, est bien charmante.

Panama
La ville, qui revêt ses lumières de soirée
Panama
Une route qui semble flotter sur la mer, entre son ancien centre colonial et sa collection de tours contemporaines. Rien de trop beau pour permettre à Panama d’imager son histoire

Si les autres pays traversés en Amérique centrale présentent une relative homogénéité de ses habitants, le monde se rencontre à Panamá. Certains y sont arrivés par concours de circonstances, avec intention ou non, il y a quelques années ou générations, peut-être. Beaucoup y ont été conduits par leur chemin migratoire, d’autres par l’appât des économies fiscales. Et chacun y trouve un endroit lui convenant, mais je ne peux dire qu’ils se mélangent, malgré leur proximité. Car si nous marchions un instant entre les tours de luxe et les quelques badauds arborant polo coûteux, souliers de cuir italien et chien bien toiletté, le coin de rue suivant nous amenait à nous mêler à quelques femmes offrant leurs services aux voitures passant lentement. Antoine a par ailleurs reçu un avertissement d’un homme qui me semblait agent de sécurité, de faire attention à moi. Qu’aurait-il pu arriver? Probablement simplement que l’on me fasse une offre. Mais il est difficile parfois de bien saisir le niveau d’insécurité qui nous entoure. Elle se lit parfois seulement dans les seuls yeux de celui qui la juge.

Au final, la ville m’a laissé une impression certaine de passage et d’impermanence. Même son Canal, par où transitent plusieurs des produits que l’on consomme tous régulièrement, en est l’emblème parfaite : on vient à Panama parce qu’il le faut, peut-être pas nécessairement parce qu’on l’a espéré. C’est donc une ville où l’on peut tout trouver, mais qui demeure relativement calme.

Canal Panama
L’une des trois voies du canal, qui attend son prochain visiteur, dont on voit la proue a droite
Canal Panama
La même voie, avec un pétrolier. L’eau a été vidée, on ne voit donc que le dessus (et un immense porte-conteneur au fond, dans la nouvelle voie mise en activité en 2016 pour accueillir les bateaux qui étaient trop grands pour les deux voies actuelles, terminées de construire en 1914

Le transfert – 26 août

Alors. L’Objectif. Avec un grand O. Mettre notre petite voiture, tout gentiment, dans un container pour qu’elle nous suive par la voie maritime pour le reste du voyage. Dans un bateau pouvant contenir jusqu’à 7612 containers de 40 pieds, ou 15254 Pontiacs Vibe, si l’on souhaite s’amuser à l’utiliser comme unité de mesure. L’entreprise aura pris quelques levers aux petites heures (genre 4h30), plusieurs formulaires, et quelques milliers de dollars. Ne soyons pas avares de détails pour ceux qui souhaiteraient faire le même exercice, on parle d’environ 3000$ canadien pour l’envoi. Avec des colocataires, soient Beth et Bill, qui envoyaient un Ford F350 avec une grosse boîte de camping. Leurs 23 pieds de long venaient combler, tout juste, ce que nous avions laissé de libre avec notre voiture. Et le tout aura pris au moins 10 employés impliqués, allant du coordinateur administratif, à la coordinatrice terrain qui nous ramenait, en passant par les conducteurs de remorqueuses et au personnel qui sanglait le tout. L’équipe aura pris notre Pontiac en photo, sous tous ses angles possibles, pour assurer que s’il y avait une égratignure sur notre voiture, on trouverait la solution. Gang… la peinture pèle, des pièces décollent, mettons qu’il y a une égratignure additionnelle qui faisait tout le long de sa carrosserie… on ne vous en tiendrait pas rigueur. Mais bon, la rigueur, justement, est de mise, puisque les véhicules envoyés sont habituellement de luxe. Nous avons donc reçu le même traitement qu’une Cadillac.

Cartagena – 27 août au 6 septembre

Nous avons donc pris un vol le 27 août, au lendemain de nos au revoir, pour arriver à Cartagena. Une ville qui est définie par sa température, sa proximité de la mer et le peuple colombien. Les résidents de Medellin et Bogota viennent profiter de sa chaleur, son humidité écrasante et ses plages, pour fêter. C’est probablement l’endroit le plus actif que nous ayons vus jusqu’à maintenant, un vrai paradis de vacanciers. Nous avons d’ailleurs nous-même profité d’un petit moment de vacances durant notre voyage. Sur quelques petites places, les gens se rejoignent et l’espace se comble. Alors, on ouvre une bière, on mange une grillade vendue sur place et on discute en riant, en tentant de compétionner avec la musique qui joue. C’est une ambiance exaltée, qui n’a que faire du propret, et c’est délicieux ainsi.

Le centre historique est grand, magnifique, avec plusieurs dédales au travers desquels on se promène pour chercher restauration, hydratation (ou déshydratation) et danse. Partout, il y a des gens en vacances. Nous avons par ailleurs passé quelques heures dans un tout petit bar, remplis de colombiens, ou les bières et le fort affluaient, et ou les partenaires de danse s’échangeaient au gré des chansons. Je regardais le tout, amusée, mais surtout médusée, par une sorte de flux d’énergie condensée, qui semblait emplir chaque centimètre de l’espace qu’occupait ce petit bar. On n’arrête jamais, on danse, puis on boit, puis oh! on mange les collations ramenées du resto d’en face, puis on chante, puis on mélange les groupes… puis on recommence, toujours le sourire aux lèvres, les yeux dans les yeux, au rythme des chansons souvent lascives qui jouent.

En plus de l’ambiance perpétuelle de fête, de la chaleur et de l’abondance de restos et bars, on dirait que la ville et ses visiteurs s’allient pour parfaire la réputation des femmes colombiennes, que l’on dit très belles et tout aussi coquettes. De fait, une grande majorité ne reculent devant rien pour oser un maquillage assumé et une tenue tout ce qu’il y a de plus confiante. Les couleurs sont vives, les motifs audacieux et les tissus coupés savamment, comme pour crier “je suis là, et je ne m’en excuserai pas”! On dirait que le processus n’est pas du tout forcé et qu’il est tout naturel, même si parfois le résultat l’est peut-être moins, ce qui fait que cela participe à l’esprit festif : à Cartagène, chaque soirée est spéciale, et est préparée en grand.

Cartagena

Cartagena

Nous avons passé quelques jours biens remplis en compagnie de nos chers amis Alex et Jason, qui y étaient pour une semaine de vacances. Lorsque l’on quitte en voyage pour longtemps, on ne sait pas si, ni quand, ni qui viendra nous rejoindre, alors cette rencontre nous aura été des plus rafraîchissante! Et je dois dire qu’après leur départ, la chaleur de la région a commencé à me peser. Nous avons bien profité de fêter, de marcher sur les remparts, de la mer, de découvrir tous les petits racoins de la ville en attendant notre bagnole, mais… Antoine et moi avons réalisé que… un peu d’altitude et de fraîcheur feraient bien notre affaire. Alors notre prochaine destination a été Medellin, plutôt que la côte des Caraïbes comme je l’avais initialement pensé.

Nous y sommes arrivés le 7 septembre, on vous en reparle!