Lorsque l’on prend le temps de réfléchir à de petites choses qui nous font sourire, la réponse est parfois simple. Pour ma part, l’une de ces réponses serait un ciel bleu, le plus foncé qu’il lui est possible lorsque le soleil est à son zénith, sur lequel se découpent parfaitement les arbres, les nuages, les pierres, les fleurs. Comme si je me plaisais à me délecter tout simplement du regard que la nature me laisse poser sur ce qu’elle déroule elle-même. Pour son seul bénéfice ne l’oublions pas, nous ne sommes que les privilégiés à pouvoir profiter de son spectacle. Car elle, je doute qu’elle puisse s’assoir, une fin d’après-midi, sous un de ses arbres avec un petit verre de rosé, pour nous regarder dans toute notre beauté. C’est peut-être l’une des chances de l’humanité. Medellín est l’endroit parfait pour se laisser aller à cette contemplation.
Vue de notre chambre. Pas mal quand même.
Medellín – 7 septembre au 12 septembre
Dans son ensemble, la ville est d’une exquise beauté. Tous les petits blocs de maisons en briques qui se collent les unes aux autres et se supportent pour cumuler quelques étages, se rendant toujours plus haut sur les montagnes. Car Medellín est lovée au creux d’une vallée, qui lui permet de profiter du climat des montagnes. Magnifiquement beau et chaud (et sec) durant le jour, et juste assez frais le soir. On lui prête d’ailleurs le qualificatif de ville de printemps éternel. Elle s’étend donc joliment entre beaucoup de verdure, des palmiers aux pins, en passant par toutes sortes de plantes, arbustes et arbres, parfois colorés mais toujours luxuriants.
Mais ce n’est pas tout, puisqu’en plus d’être belle, elle est aussi bien organisée pour le transport, avec métros, tramway et téléphériques. Et lorsque l’on embarque dans l’un de ces derniers, Medellín n’est plus simplement belle, elle devient majestueuse, et n’a plus rien à cacher.
Medellín vue de haut
Nous avons fait un tour dans ce que l’on appelle la « Comuna 13 ». En fait, la ville est divisée en seize Comunas, portant un chiffre de 1 à 16 (et habituellement un nom également), qui à leur tour sont divisées en districts et quartiers. La treizième est connue pour avoir apparemment été citée à plusieurs reprises dans la série Narcos, mais laissez-moi vous la présenter sous son nom : San Javier. Au delà de ses mythes, car il semble y en avoir plusieurs, elle est maintenant un symbole de fierté pour la ville. Un symbole d’une réussite, aussi. Car bien que tout ce qui aurait été écrit à son sujet n’est pas nécessairement vrai, il demeure que son passé est en effet lié à beaucoup de pauvreté et de violence. La Comuna a démarré en mode bidonville, ou slum, selon le terme que vous préférez. Ce que cela signifie, c’est surtout que les maisons, plutôt en bois ou en matériaux réutilisés, se sont improvisées sans droits légaux. Puis, progressivement, les terrains se sont régularisés et la brique a remplacé les constructions à visée temporaire, ou de survie. Puis, confrontée à des enjeux de criminalité et de violence, la ville a tenté une expérience : installer six escaliers mécaniques (en 2011) afin de favoriser les déplacements rapides. Cela peut sembler anodin, mais si vous devez marchez des heures pour vous déplacer, commercer, vous instruire ou travailler… vos moyens de rehausser votre niveau de vie s’en trouvent limités. Et donc, radicalement, ces escaliers permettaient une plus grande mobilité. Jumelé à certaines interventions, et possiblement ententes entre gouvernement et gangs criminels visant une relative paix, l’endroit s’est progressivement sécurisé. Depuis les 2-3 dernières années, à ce que l’on nous a dit, il est d’ailleurs ce que l’on pourrait qualifier de touristique. Même de jeunes adolescentes rencontrées dans un téléphérique de l’autre côté de la ville, qui nous ont abordé avec un rire gêné pour pratiquer 1 ou 2 mots d’anglais, nous en ont parlé. Sans en être résidentes. C’est donc dire à quel point c’est devenu un symbole. Et donc, nous avons pris un tour avec un guide qui nous a montré quelques graffitis (ou plutôt murales artistiques de grande qualité), et nous a parlé de son expérience ayant habité toute sa vie ici.
Comuna 13
Après cette portion plus instructive, notre guide nous a laissé en haut de la Comuna vers 19h, et une partie de fútbol était déjà en jeu depuis 30 minutes. Colombie contre Venezuela, déjà 2 à 2. Comme j’avais vraiment envie de vivre l’expérience de regarder une partie, avec les partisans, nous nous sommes donc installés pour profiter de l’ambiance et de la vue, et ciel que l’excitation était à son comble! Le résultat final de 6 à 3 pour la Colombie nous aura servis en termes d’émotions! Et au fútbol… c’est quand même beaucoup de buts, une partie moyenne est à mon avis un peu plus… calme. Et à chaque but, tout le monde crie, on met de la musique, on danse, on se moque gentiment du seul qui supportait le Venezuela. Et une fois la partie terminée, on tasse les tables et c’est le temps de la salsa. De notre côté, nous y avons un peu participé, mais nous avons aussi profité de la vue. Une vallée tellement large que les lumières de l’autre côté scintillent, pour notre plus grand bonheur. Assurément l’un des plus beaux panoramas que nous avons eu la chance de voir jusqu’à maintenant.
La ville dans son ensemble, pour la chaleur de sa couleur dorée, pour sa température, pour sa faune diverse et fleurie, pour ses gens… est probablement ma destination favorite jusqu’à maintenant dans ce périple.
Beaucoup de chemin parcouru… avec un petit arrêt repos à Caucasia pour couper le tout en deux.
La dernière fois que j’ai laissé quelques mots ici, nous étions en route vers la ville de Panamá, qui devait être notre dernière destination en Amérique centrale. Je vous rassure, elle le fut, sans aucun pépin!
Panama City – 23 au 27 août
La ville m’a semblée être un lieu de convergence de beaucoup de choses. Convergence de deux « Amériques », convergence de cultures, convergence de réalités. Ses tours d’habitations se voient de loin, j’ai d’ailleurs eu un petit sourire en pensant à la ville de Québec que l’on aperçoit soudainement au détour d’une collinette, sur l’autoroute 40. Sur place, elle m’a fait penser à certaines villes que l’on trouverait plutôt dans Star Wars, où tout se passe en hauteur, à partir de quelques étages, et où le sol est plutôt imagé comme un espace que l’on remarque moins, sous de bas nuages, réservé aux activités quotidiennes. Bien sûr il n’en est rien puisque la vie est bien présente en plusieurs endroits, mais la ville semble avoir été concue pour profiter des hauteurs. Un magnifique parc linéaire d’environ 4 kilomètres permet toutefois de faire le lien entre le centre des grandes tours et la vieille ville, où les gens semblent avoir une appréciation toute particulière pour le patin à roues alignées. Les autres s’entraînent dans des espaces aménagés, courent en groupe, se promènent. La vieille ville, dans son style colonial, est bien charmante.
La ville, qui revêt ses lumières de soirée
Une route qui semble flotter sur la mer, entre son ancien centre colonial et sa collection de tours contemporaines. Rien de trop beau pour permettre à Panama d’imager son histoire
Si les autres pays traversés en Amérique centrale présentent une relative homogénéité de ses habitants, le monde se rencontre à Panamá. Certains y sont arrivés par concours de circonstances, avec intention ou non, il y a quelques années ou générations, peut-être. Beaucoup y ont été conduits par leur chemin migratoire, d’autres par l’appât des économies fiscales. Et chacun y trouve un endroit lui convenant, mais je ne peux dire qu’ils se mélangent, malgré leur proximité. Car si nous marchions un instant entre les tours de luxe et les quelques badauds arborant polo coûteux, souliers de cuir italien et chien bien toiletté, le coin de rue suivant nous amenait à nous mêler à quelques femmes offrant leurs services aux voitures passant lentement. Antoine a par ailleurs reçu un avertissement d’un homme qui me semblait agent de sécurité, de faire attention à moi. Qu’aurait-il pu arriver? Probablement simplement que l’on me fasse une offre. Mais il est difficile parfois de bien saisir le niveau d’insécurité qui nous entoure. Elle se lit parfois seulement dans les seuls yeux de celui qui la juge.
Au final, la ville m’a laissé une impression certaine de passage et d’impermanence. Même son Canal, par où transitent plusieurs des produits que l’on consomme tous régulièrement, en est l’emblème parfaite : on vient à Panama parce qu’il le faut, peut-être pas nécessairement parce qu’on l’a espéré. C’est donc une ville où l’on peut tout trouver, mais qui demeure relativement calme.
L’une des trois voies du canal, qui attend son prochain visiteur, dont on voit la proue a droiteLa même voie, avec un pétrolier. L’eau a été vidée, on ne voit donc que le dessus (et un immense porte-conteneur au fond, dans la nouvelle voie mise en activité en 2016 pour accueillir les bateaux qui étaient trop grands pour les deux voies actuelles, terminées de construire en 1914
Le transfert – 26 août
Alors. L’Objectif. Avec un grand O. Mettre notre petite voiture, tout gentiment, dans un container pour qu’elle nous suive par la voie maritime pour le reste du voyage. Dans un bateau pouvant contenir jusqu’à 7612 containers de 40 pieds, ou 15254 Pontiacs Vibe, si l’on souhaite s’amuser à l’utiliser comme unité de mesure. L’entreprise aura pris quelques levers aux petites heures (genre 4h30), plusieurs formulaires, et quelques milliers de dollars. Ne soyons pas avares de détails pour ceux qui souhaiteraient faire le même exercice, on parle d’environ 3000$ canadien pour l’envoi. Avec des colocataires, soient Beth et Bill, qui envoyaient un Ford F350 avec une grosse boîte de camping. Leurs 23 pieds de long venaient combler, tout juste, ce que nous avions laissé de libre avec notre voiture. Et le tout aura pris au moins 10 employés impliqués, allant du coordinateur administratif, à la coordinatrice terrain qui nous ramenait, en passant par les conducteurs de remorqueuses et au personnel qui sanglait le tout. L’équipe aura pris notre Pontiac en photo, sous tous ses angles possibles, pour assurer que s’il y avait une égratignure sur notre voiture, on trouverait la solution. Gang… la peinture pèle, des pièces décollent, mettons qu’il y a une égratignure additionnelle qui faisait tout le long de sa carrosserie… on ne vous en tiendrait pas rigueur. Mais bon, la rigueur, justement, est de mise, puisque les véhicules envoyés sont habituellement de luxe. Nous avons donc reçu le même traitement qu’une Cadillac.
Cartagena – 27 août au 6 septembre
Nous avons donc pris un vol le 27 août, au lendemain de nos au revoir, pour arriver à Cartagena. Une ville qui est définie par sa température, sa proximité de la mer et le peuple colombien. Les résidents de Medellin et Bogota viennent profiter de sa chaleur, son humidité écrasante et ses plages, pour fêter. C’est probablement l’endroit le plus actif que nous ayons vus jusqu’à maintenant, un vrai paradis de vacanciers. Nous avons d’ailleurs nous-même profité d’un petit moment de vacances durant notre voyage. Sur quelques petites places, les gens se rejoignent et l’espace se comble. Alors, on ouvre une bière, on mange une grillade vendue sur place et on discute en riant, en tentant de compétionner avec la musique qui joue. C’est une ambiance exaltée, qui n’a que faire du propret, et c’est délicieux ainsi.
Le centre historique est grand, magnifique, avec plusieurs dédales au travers desquels on se promène pour chercher restauration, hydratation (ou déshydratation) et danse. Partout, il y a des gens en vacances. Nous avons par ailleurs passé quelques heures dans un tout petit bar, remplis de colombiens, ou les bières et le fort affluaient, et ou les partenaires de danse s’échangeaient au gré des chansons. Je regardais le tout, amusée, mais surtout médusée, par une sorte de flux d’énergie condensée, qui semblait emplir chaque centimètre de l’espace qu’occupait ce petit bar. On n’arrête jamais, on danse, puis on boit, puis oh! on mange les collations ramenées du resto d’en face, puis on chante, puis on mélange les groupes… puis on recommence, toujours le sourire aux lèvres, les yeux dans les yeux, au rythme des chansons souvent lascives qui jouent.
En plus de l’ambiance perpétuelle de fête, de la chaleur et de l’abondance de restos et bars, on dirait que la ville et ses visiteurs s’allient pour parfaire la réputation des femmes colombiennes, que l’on dit très belles et tout aussi coquettes. De fait, une grande majorité ne reculent devant rien pour oser un maquillage assumé et une tenue tout ce qu’il y a de plus confiante. Les couleurs sont vives, les motifs audacieux et les tissus coupés savamment, comme pour crier “je suis là, et je ne m’en excuserai pas”! On dirait que le processus n’est pas du tout forcé et qu’il est tout naturel, même si parfois le résultat l’est peut-être moins, ce qui fait que cela participe à l’esprit festif : à Cartagène, chaque soirée est spéciale, et est préparée en grand.
Nous avons passé quelques jours biens remplis en compagnie de nos chers amis Alex et Jason, qui y étaient pour une semaine de vacances. Lorsque l’on quitte en voyage pour longtemps, on ne sait pas si, ni quand, ni qui viendra nous rejoindre, alors cette rencontre nous aura été des plus rafraîchissante! Et je dois dire qu’après leur départ, la chaleur de la région a commencé à me peser. Nous avons bien profité de fêter, de marcher sur les remparts, de la mer, de découvrir tous les petits racoins de la ville en attendant notre bagnole, mais… Antoine et moi avons réalisé que… un peu d’altitude et de fraîcheur feraient bien notre affaire. Alors notre prochaine destination a été Medellin, plutôt que la côte des Caraïbes comme je l’avais initialement pensé.
Nous y sommes arrivés le 7 septembre, on vous en reparle!
Fiou. Ça en fait des pays… Actuellement, nous sommes entre la ville de David au Panamá et d’ici la fin de la journée, nous serons à Panama City. Au cours des derniers jours, nous avons en effet passé tous les pays listés. Rapidement, sans trop de pause pour souffler, en mode “nous avons un objectif à atteindre”. Alors, on part, suivez-nous!
Guatemala, El Salvador, Honduras, Nicaragua, Costa Rica, Panamá
Quand on voyage, il y a le plan, puis le résultat. Nous en avons eu un bon exemple à notre arrivée à la frontière avec le Guatemala. Car oui, lorsque nous avons quitté San Cristobal de Las Casas, c’était avec la ferme (et préparée) intention de traverser la frontière. Alors en ce beau dimanche ensoleillé, nous quittâmes tôt, tels de bons petits voyageurs, le ventre plein, les papiers prêts et les informations consignées sur les heures d’ouvertures, etc. Nous arrivons donc un peu avant l’heure du midi à la frontière et notre première étape était d’aller à une banque, dont l’objectif était de « libérer » notre voiture de son permis d’importation temporaire et, par le fait même (fait non négligeable par ailleurs), nous rembourser quelques centaines de dollars américains pris en gage. Mononcle Google nous disait que la succursale était ouverte. Et comme ses opérations sont liées à la frontière, ce n’était pas fou de penser qu’elle le serait, même un dimanche… Que nenni… elle ne l’était pas. Bon, ben… on fait quoi? On attend, pas le choix.
Ciudad Cuauhtémoc – 10 août
On se rend donc dans un petit hôtel (il n’y en a que trois, malgré que ce soit une frontière connue et à pas pire débit, quant même). Tout est parfait, c’est pas cher, il y a la clim, un stationnement, une jolie petite cour. Nous en avons donc profité pour relaxer, préférant voir ce délai comme un congé au coeur de notre périple, plutôt qu’un pépin dans notre avanture. Et s’il n’y avait pas beaucoup d’hôtels, les possibilités pour manger étaient tout aussi restreintes. Mais c’est ce qui est chouette en même temps : dans un petit village, on fait comme les autres et on se réfère aux mêmes adresses.
Le petit parc central et la toute aussi petite église de Ciudad CuauhtémocQuelques rues en quadrillé, et c’est fini!
Guatemala
Lac Atitlàn – 11 et 12 août
Pour s’y rendre, nous devions y mettre un nombre raisonnable d’heures, soit environ 4-5. Sur la route, à un moment, nous nous rendons compte qu’il y a beaucoup de camions qui sont arrêtés, mais que quelques motos et voitures dépassent. Alors on fait comme eux! Mais là, ça commence à être beaucoup de camions, et nous commençons à nous demander… quelle est la raison? Parce que cette dernière donnera le ton à notre décision : on fait bien ou pas? Alors nous en avons profité pour nous arrêter dans une station service, et ciel nous avons quand même bien fait de poser la question! C’était une manifestation, qui bloquait la route entre deux états du Guatemala, afin de protester contre le mauvais état de ladite route. Autrement dit, s’y pointer n’était pas recommandé, avec notre plaque étrangère, de surcroit. Nous avons donc fait un détour d’un peu plus d’une heure pour passer par un autre état.
Arrivés sur place, il fait noir, on descend des montagnes sur des routes escarpées, en première vitesse. Arrivés en ville, nous pouvons déjà goûter la bière fraiche sur nos lèvres pour nous récompenser d’une journée forte en émotions. Mais la ville (et Google) n’avaient pas terminé leurs plans pour nous. Car en avançant tranquillement selon le GPS, parfois… oh oh, c’est un sens unique, et pas dans le bon sens. Bon. On va évidemment ailleurs parce que les tuk-tuk derrière vont commencer à s’impatienter, avec raison. Et là, au fil des directions données, et fidèlement exécutées, on se retrouve dans une rue qui est supposée être destinée aux motos seulement… ohh ooohhhhh. La sueur sur mon front commence à perler. J’essaie que mes mains ne soient pas trop moites sur mon volant, mais n’empêche, là je suis coincée, dans un tournant, je ne sais pas si je peux avancer, et je vois à mon rétroviseur qu’il y a au moins quatre tuk-tuks et deux-trois motos derrière. En plus des piétons. Une seule possiblité dans l’immédiat : notre émissaire Antoine va voir au prochain coin de rue, que dis-je, de ruelle, voir si la lumière est devant. Parce que si elle n’est pas devant… ça veut dire qu’elle est derrière, et je sens déjà que le procédé sera complexe. Pendant ce temps, mon esprit commence à oublier que si nous sommes rendus dans cette fâcheuse position, c’est que l’on peut faire le chemin inverse, et déjà il s’imagine les ressources nécessaires pour sortir. La police locale, une grue, peut-être… Mais, que font les gens autour durant ce temps? Aucun klaxon, seulement beaucoup de patience. J’ai reçu ce calme comme une belle dose de respect et de compassion, et probablement quelques miettes de jugement, quand même. Mais avant tout, ils n’en ont pas rajouté. Nous avons fini par pouvoir sortir de cette fâcheuse position et, finalement installés, nous avons profité du moment.
Vue de San Pedro de la Laguna, sur le Lac Atitlán et ses montagnes, de notre hostel
Il y a quelque chose de surréel parfois, d’être planté sur une terrasse de toit. On ne peut que surveiller attentivement tout ce qui se déroule devant nous. Les nuages qui se meuvent parfois imperceptiblement, le vent qui se permet de nous flatter le visage pour nous confirmer qu’il est bien là, les lumières, de la rive jusque dans les plis montagneux, nous parviennent comme si l’on regardait une toile peinte avec attention. Nous avons aussi un accès privilégié au moment présent de plusieurs personnes, comme si l’on était des témoins secrets d’une guirlande de petits moments banals qui structurent la vie. Les promenades de soirée, les quelques rires échappés entre amis, les échanges tantôt philosophiques, tantôt énergiques, tenus au coin d’une rue. Et puis, finalement, la faune décide de s’y mettre, comme reprenant contrôle de son territoire. Les chiens se mettent à converser d’un village à un autre, possiblement d’une rive à une autre. Le boucan est tel, qu’une fois de temps en temps, un coq se met de la partie, peut-être pour tenter de faire cesser ces exagérations canines, ou simplement pour rappeler que c’est lui, le maître du chant. Dans tous les cas, toutes ces strates qui s’accumulent s’offrent comme un film, qu’il fait bon regarder.
Lac AtitlánLac Atitlán
Antigua – 13 et 14 août
À Antigua, on stationne dans le salon. Confortable….
C’est une chouette petite ville coloniale, où l’on peut bien manger, se promener. Un petit plus, nous avons l’oeil sur des volcans. Et l’un d’eux nous envoie des petits souffles de fumée de façon relativement régulière durant le jour. Et à la tombée de la noirceur, cette fumée s’efface et on n’y voit maintenant que la lave, crachée sporadiquement comme si le volcan faisait simplement son ménage. Mais l’excitation de voir l’ilumination rougeâtre débuter…! La ville m’a quand même fait penser à San Cristobal au Mexique : ses quartiers pavés, son accessibilité, sa générosité, sans négliger la magnificience de son environnement.
Encore des marchés et de la bouffe…..!
La ville, sous les lumières articielles ou naturelles, toujours digne et gracieuse.
L’un des volcan surveillant la villeVous pouvez remarquer, la lumière commence à tomber et fait place à un peu de rougoiement. Subtil, mais savoureux! Après nous avons arrêté les photos pour profiter du spectacle
El Salvador – 15 et 16 août
El Zonte – 15 août
Surprise inattendue sur la route!
Nous avons décidé de nous arrêter dans ce petite village, qu’Antoine connaissait de nom puisque son frère y était allé. Nous avons donc regardé un peu sur Google puis il nous a dirigé vers un potentiel hôtel sur la plage. Tout était parfait! La magnifique plage à quelques pas de notre chambre, l’air climatisé pour bien dormir, un resto pour se sustenter… Nous avons vite fait de débarquer nos baggages, d’enfiler nos maillots et de courrir dans les vagues suffisament grandes pour plaire aux surfeurs. Et je dois vous faire une petite confidence : un de mes bonheurs les plus purs, c’est de sauter dans les grandes vagues. Celles qui te font demander “j’essaie d’y aller par dessus ou je plonge dessous”? Celles qui vous ramassent comme si vous étiez un vulgaire petit bout de bois, vous garde dans ses bouillons durant quelques secondes, pour vous recracher sans que vous puissiez dire avec certitude où est le sable et où est l’air. Ce sont des moments que je ne voudrais jamais voir s’arrêter, où on dirait que l’enfant en moi prend tout le dessus : le jeu avant tout. Il faut que je m’en rappelle dans mes futurs voyages.
San Miguel – 16 aout
Après la soirée parfaite d’El Zonte, San Miguel m’a donné un petit choc. Mini, là, juste pour me ressaisir d’une bonne petite dose de réalité. Je remarque en enfilant aussi rapidement un grand nombre de villes d’Amérique centrale, qu’elles sont souvent basses, en termes de nombre d’étages bien sûr, mais souvent peu éclairées, et la nuit tombe tôt. Combiné à quelques autres facteurs, comme la présence nombreuse de déchets, la proximité avec un marché fermé ou un parc où plusieurs hommes nous regardent intrigués et marmonant quelque commentaire à notre endroit, j’ai frisonné devant son aspect lugubre par moment. En quittant notre hostel pour aller souper dans un endroit recommandé par notre hôte, nous avons justement dû traverser le marché où tout ce qui restait, c’était les marchandises abandonnées, dont l’odeur nous laisser penser que c’était peut-être à raison. avec quelques coquerelles, chats et chiens qui s’y promènent, au travers des quelques personnes qui ferment un étal ou déchargent un camion de sa livraison de bananes. Le tout enveloppé d’une espèce d’humidité légèrement visible, comme vaporeuse. Mais dans les faits, c’est plutôt la déstabilisation, puisée à tous nos sens, qui m’a fait sentir ainsi. Car objectivement, femmes et enfants se promenaient et ne semblaient pas trop s’inquiéter, et lorsque notre regard se posait à l’intérieur d’une maison, la tranquilité chaleureuse semblait y régner. Malgré tout, nous avons compléter la soirée à l’hostel plutôt que dans un des bars-discothèques des environs.
Honduras, puis Nicaragua – 17 au 19 août
La journée du 17 août fut chargée à souhait : lever, voiture, frontière, voiture, frontière (bis), voiture, souper, dodo. Passer une frontière, c’est déjà du boulot. Mais en passer deux en une journée? Cela peut avoir comme conséquence de puiser dans les réserves de patience qui s’égrainent… Non, pas besoin de change. Non, pas besoin d’aide. Non, pas besoin d’eau, de bonbon, ni de chips. Parfois en arrivant à une frontière, plusieurs personnes nous accueillent en même temps, souhaitant nous offrir un accompagnement dans la traverse de la frontière. Les conseils vont de “où se stationner” à “quels bureaux visiter”, en échange d’un pourboire. C’est un travail comme un autre, mais rajouter une autre personne dans les démarches n’aide pas nécessairement au processus. Par ailleurs, si nous ne le faisons pas nous-même, nous ne le comprenons, le processus. Et à chaque frontière on nous pose des questions sur la précédente, il est donc préférable de garder les mains sur le volant, littéralement et figurativement.
León – 17-18 août
Considérée comme plus intellectuelle, et l’un des berceaux fertiles à la révolution nicaraguayenne survenue en 1979, elle porte les couleurs de sa fierté. En effet, les drapeaux du Front sandiniste de libération nationale (FSLN) flottent sur la ville, dans les rues, aux fenêtres… et les personnes ayant contribué à cette révolution importante pour l’histoire de toute la région de l’Amérique centrale sont honorées sobrement dans les rues du centre. On y trouve en effet une photo et un descriptif des faits d’armes des camarades.
En outre, la ville est jolie, présentant quelques immeubles qui valent le coup d’oeil. Mais pour l’université, on ne saura pas, on nous a interdit l’accès.
En quittant la ville, nous en avons profité pour visiter un volcan sur notre chemin, qui est actif et bien enfumé. C’est impressionnant de pouvoir se tenir au bord d’un cratère, jeter un oeil en son coeur (sans lave toutefois!), et au paysage qui s’étend tout autour.
Volcan Masaya : toujours actif, mais trop de lumière pour voir le rougeoiement.
La grande place devant l’église de León
San Juan del Sur – 19 août
Sur cette petite côte, nous avons trouvé une belle petite baie saupoudrée de quelques bateaux. Il s’est rapidement mis à pleuvoir, par contre, alors nous nous sommes sauvés vers une petite terrasse couverte sur le bord de l’eau.
Costa Rica (Jacó) – 20 août
Considérant que nous étions tous deux déjà allés, et que la route s’y fait bien, nous n’avons passé qu’une nuit. Malheureusement nous sommes arrivés après le coucher de soleil, et il y a eu de la pluie le lendemain. Donc présence de plage, mais même pas de baignade… snif. Mais une légère éclaircie le temps de prendre une photo avant notre départ!
Les plages se suivent, mais le sable ne se ressemble pas tout le temps!
Panama (David) – arrivée le 21 août
Vu notre journée qui avait été occupée par la route et la frontière, nous devions nous arrêter à la ville de David, le soleil étant déjà couché. La côte à cette hauteur est quand même loin de la route, ce n’était donc pas une possiiblité, et de continuer un peu plus loin nous aurait obligés à rajouter quelques heures. En cherchant un hostel, je tombe sur un endroit qui s’appelle littéralement “Chambres en ville”. Je souris en voyant passer le visage de Francis Reddy dans ma tête, mais je suis surtout convaincue par les commentaires qui mettent en valeur la cour intérieure joliement entretenue. Arrivés sur place, coup de foudre. La voiture a son petit stationnement privé à l’ombre des bananiers, la récolte des cocotiers vient d’être faite, il y a une piscine et… un dessin du Château Frontenac! Et oui, le tenancier de l’hostel, qui ressemble plus à un humble resort au coeur de la ville, a habité plusieurs années au Québec. On le comprend rapidement à son accent, qui vient rejoindre le nôtre. Enchantés, nous décidons déjà, le soir-même, de demeurer une deuxième nuit pour se poser un peu. Nous avons bien fait, Luis a été d’un accueil plus que généreux, philosophant avec nous, ou nous aidant à partir nos briquettes ou à ouvrir nos noix de coco.
Réflexions
Au cours de notre traversée de l’Amérique centrale, nous avons rencontré plusieurs personnes, dont les desseins sont tous aussi divers. Nous avons par ailleurs été beaucoup plus en contact avec la faune touristique. Parce que oui, nous tous qui voyageons, sommes parties d’une faune bien spécifique, complètement sortie de son élément initial, avec divers degrés d’adaptation, certains plus réussis que d’autres. Par exemple, un Québécois établi à Antigua au Guatemala pour y servir poutine, lasagne et pain de viande, sans oublier le pudding chômeur. Un autre, originaire du Panama mais ayant habité longtemps au Québec, nous accueil avec notre propre accent chaleureux dans son petit coin de paradis rempli de fleurs et d’arbres fruitiers au coeur de sa ville. Puis il y a les voyageurs pus et durs. Lorsque l’on parlait de notre projet avant de le débuter, nous recevions souvent de la bouche de notre interlocuteur un “wow”, tandis que ses yeux trahissaient plusieurs sentiments. L’incrédulité, parfois, la peur, la surprise, la curiosité aussi. Comme si ces yeux ne souhaitaient pas transmettre un wow mais plutôt un “z’êtes des malades…”! Croyez-le ou non, ce sont parfois mes yeux qui transmettent maintenant ce sentiment de quasi détresse ne m’appartenant même pas. Par exemple, un mec que nous avons embarqué à la suite d’une frontière. le soleil allait se coucher peu de temps après, et il semblait chercher une solution qui ne se trouvait malheureusement pas dans son sac à dos. Nous en comprenons alors qu’il est parti de chez lui, en France, il y a 9 mois, avec quelques trucs dans son sac à dos, dont une tente, et la vive intention de quitter pour ne potentiellement jamais revenir. Habité d’une simple écoeurantite apparemment, il ne cherchait que le renouveau. Le bateau-stop lui aura fourni une opportunité. Pour ceux qui sont moins familiers avec le bateau-stop, c’est sensiblement la même chose que l’auto-stop, mais avec des tâches. Ainsi, si tu réussis à te chopper un passage des îles Canaries à la Guadaloupe, ce qu’oui a fait, ce sera gratuit mais tu devras participer aux tâches du voilier. Tous y gagnent : les gens qui sont capitaines ont une paire de bras de plus, souvent nécessaire à l’opération, et le voyageur a son aventure. Ainsi, au fil de ses journées, il s’était retrouvé en même temps que nous au Nicaragua. Antoine avait par ailleurs bien résumé l’esprit de ce mec : ” Ouin, y’a pas grand chose qui stress c’te gars-là”. C’est difficile de mieux résumer. Il était à une frontière, pas d’argent, pas d’eau, une galette de quelque chose à grignotter, pas grand vêtements. Et il semblait confortable dans ses sandales et son bronzage : qu’est-ce qui pouvait lui arriver? Avoir soif, avoir faim, mal dormir? Possible, tout ça en même temps. Mais ça ne le stressait pas, parce qu’il avait confiance que peu importe, il trouverait et ne serait pas en danger de mort. Cette résilience, à tout casser soyons honnêtes, me fascine. Pas nécessairement parce qu’elle donne quelque chose, ou sert à quelque chose, sauf peut-être atteindre un niveau de liberté de niveau acrobatique. Mais peut-être me fascine-t-elle simplement parce que je ne saurais rejoindre ce gars : une mer ce certitudes et d’incertitudes nous séparent. Nous l’avons finalement laissé sur le bord de la route, à la noirceur, dans un endroit où l’on percevait quelques lumières de chaumières et hop, il est parti avec l’eau de nos bouteilles transvidées dans la sienne, une pomme qui nous restait, et l’avenance du pèlerin qui cogne à une porte pour piquer sa tente sur le terrain.
Nous avons aussi rencontré un couple de Russes, partis il y a environ 6 mois si ma mémoire ne me trompe pas. Ils ne pouvaient partir d’aussi loin que nous, vu que leurs passeports ne leurs permettaient pas d’entrer au Canada ou aux États-Unis, mais il avaient débuté leur traverse des Amériques au Mexique, en vélo, et comptaient se rendre au même endroit que nous, à Ushuaia. Eux aussi voyageaient avec peu, et considéraient même traverser le bouchon de Darien, pour le défi. Le bouchon de Darien, c’est ce petit espace d’environ 160 kilomètres de long et 50 kilomètres de large, qui sépare le Panamá et la Colombie, l’Amérique centrale et l’Amérique du Sud. Ledit bouchon, qui ne se surnomme pas ainsi sans raison, nous allons l’éviter en envoyer notre voiture par bateau en Colombie dans quelques jours. J’avoue que nous ne nous sommes même pas posé la question, à savoir si nous devions le tenter. Premièrement, une voiture, ça ne passe pas, un vélo non plus d’ailleurs : c’est le seul endroit où la Panaméricaine, la route liant le Nord de l’Alaska au Sud de l’Argentine, a été abandonnée. La route aurait du fendre la jungle en deux, ce qui a alimenté plusieurs résistances, et puis le terrain avait de fortes chances d’occasionner son lot de complications techniques. Maintenant, c’est donc un endroit ou quelques peuples vivent encore, mais qui est aussi bien connu dans le monde comme étant un passage de mirgrants important, dont le flot aura grandement augmenté au cours des dernières années de 2022, 2023, 2024 : https://www.ohchr.org/fr/stories/2025/05/monitoring-motion-migrants-darien-gap. La traverse est dangereuse en soit, puisque les humains sont confrontés à la jungle, féroce, mais aussi parce que le passage est contrôlé par les cartels. Le coût est donc très élevé, mais non assuré. Il faut vraiment avoir besoin de s’éloigner d’une vie difficile pour souhaiter faire cette traversée, et tous n’y parviennent pas: certains doivent rebrousser chemin, certains y meurent.
Au travers des rencontres de voyage qui sortent de l’ordinaire, il y en a plein d’autres. le groupe de boys qui profitent de leur été de congé entre deux sessions au bacc en admin pour aller faire du surf et se promener d’hostel en hostel. Ou la fille qui se promène pieds nus dans une petite ville côtière du Costa Rica, arborant sourire, bronzage et joli chapeau de paille, assumant pleinement son air bohème. Ou le couple de retraités qui viennent allier soleil et aventure. L’Amérique centrale est en endroit qui appelle bien des gens de tout acabit, et dans bien des cas rappelle!
C’est donc forte de tout ce que je sens avoir reçu, que je sens avoir besoin de me poser un peu. Nous savions que nous avions “peu” de temps, d’où la rapidité avec laquelle nous avançons: nous pourrons nous concentrer sur l’Amérique du Sud, la Patagonie, les grands espaces et le camping. La proximité de l’Amérique centrale nous permettra de lui revenir pour des vacances hivernales. Mais actuellement, j’ai envie de ralentir, de regarder le temps et les gens passer, de me faire à manger… et c’est justement le moment où nous allons probablement pouvoir commencer tranquillement à le faire.
Prochaine étape, bye bye voiture, on se revoit en Colombie!
Entre México et la frontière avec le Guatemala, la route était un peu trop longue pour la faire d’un trait. Nous avons donc opté pour faire des escales .
Cordoba
Nous avons donc passé une nuit à Cordoba, une jolie petite ville dont la place centrale est coquette.
L’église de Cordoba, devant notre hôtel.
J’ai pu goûter à ce fameux chiles en nogadas, poivron vert farci de noix, nappé d’une sauce blanche et décoré de pomegrenade et autres herbes, le tout évouant le drapeau mexicain. L’expérience fut décevante, mais la rencontre de Salvatore, un expatrié napolitain aura au moins mis du piquant dans le repas.
Coatzalcoalcos
Puis, une nuit sur le bord de la mer dans le golfe du Mexique, tant qu’à y être, avant de poursuivre. Nous nous sommes donc arrêtés à Coatzacoalcos, un centre qui ne laisse pas nécessairement de trace particulière à notre esprit. L’une de ses caractéristiques principales est probablement d’être entourée de quelques rafineries. La ville s’est toutefois dotée d’une longue promenade sur le bord de l’eau, et de l’autre côté de l’avenue on trouve plusieurs restaurants et hôtels. Nous n’avons rencontrés aucun étranger mais beaucoup de monde tout de même, j’en viens donc à penser qu’il s’agit d’un endroit prisé des résidents des régions environnantes pour venir profiter de l’esprit des vacances. Son plus bel attrait fut sans conteste le coucher de soleil qui se reflétait dans l’eau. Une vraie poésie pour les yeux.
San Cristobal de Las casas
Par la suite, nous pensions nous rendre jusqu’à la frontière, peut-être, ou nous arrêter à San Cristobal de Las Casas. Nous allions laisser la journée décider, selon nos humeurs et/ou limites. L’avantage de se rendre à la frontière était, justement, de se rendre à la frontière et de prendre de l’avance. L’avantage de rester dans cette petite ville était, sur papier, la possibilité de visiter une coquette petite église et un centre historique mignon. Je connais peu de gens qui sont allés au Chiapas, et encore moins dans cette ville. Je n’avais donc pas nécessairement intégré de recommandation formelle d’y aller. Déjà en arrivant aux abords de la ville, je ne savais plus où donner de la tête. Les maisons collorées qui se répandent au creux des collines qui nous entourent, les ruelles pavées, les gens qui se promènent et vaquent à leurs affaires, une ambiance que seule une ville des montagnes peut permettre. Celle qui allie urbanité et reclusion, dynamisme et calme.
La porte de notre hostel, derrière laquelle les fleurs et leurs effluves nous accueillent.
Alors hop, on se stationne sur le côté, on cherche et trouve un hostel, on reste! Déjà, l’offre d’hostel était… florissante : un indice de ce que nous allions rencontrer. Notre hostel, une charmante propriété familiale nommée “Posada del abuelito” en l’honneur d’un grand-père à qui avait appartenu la demeure, était accueillant, chaleureux, rempli de jardins où les fleurs et la fraicheur de l’altitude venaient remplir nos narines. Et là, oh oh oh, que vois-je, qu’entends-je? Beaucoup de gens qui semblent avoir traversé un océan pour venir jus
Une cuisine extérieure, pour apprendre ou pour échanger
qu’ici! D’ailleurs, une bonne proportion de Français. Je me suis demandé pourquoi… Peut-être parce que de notre coté, nous fuyons le froid hivernal vers les plages du Mexique, sans avoir le réflèxe d’y aller pour des vacances estivales en risquant un 13-14 degrés en demeurant dans les montagnes. Alors que les Européens ont bien assez de plages visant la détente de leur côté, ce qu’ils viennent chercher de notre côté de l’Atlantique s’oriente peut-être plutôt vers la découverte et la culture…
Le centre historique est en fait très grand, alors même en se promenant durant un moment, nous demeurons dans des rues coquettes, pavées et dont le lustre laisse savoir au piéton qu’il en a vu d’autres. Beaucoup d’autres. Et bien sûr, comme il appert que ce soit un petit joyaux (quoique possiblement moins connu des Québécois), il y a quand même beaucoup de touristes, et d’argent. Ce n’est pas trop dénaturant, ceci étant dit. On ne se sent pas nécessairement submergés dans des hordes de photographes amateurs, mais il y a plus de terrasses branchées où prendre un verre en manger. Il n’y a pas de grandes chaines hôtellières, mais par-ci par-là, nos yeux aurons le privilège d’entrevoir le luxe qui règne dans la cour intérieur et les chambres d’un petit hôtel de 1 ou 2 étages tout au plus.
Une magnifique église centrale à San Cristobal
Étions-nous seuls dans les rues ? Détrompez-vous, cette photo a été retouchée par intelligence artificelle pour enlever tous les autres badauds. Le résultat est quand même convaincant.
Ce que je connaissais du Chiapas, c’est notamment ce qui arrive jusqu’à nos journaux. Au cours des années 90 et 2000, des soulèvements populaires pour une transformation sociale du Chiapas, via les actions militaires des Zapatistes notamment, visait la protection des droits des peuples autochtones et leur volonté de s’autoadministrer. Les tensions, si je puis me permettre cet euphémisme, sont demeurées importantes durant plusieurs présidences. Ces dernières n’avaient pas toutes la même stratégie, l’une préférant une réponse par la force, par exemple, et l’autre par la communication. Toutes n’ont pas eu la même réponse des gens non plus. C’était donc un peu naturel qu’à plusieurs endroits dans la ville, nous puissions voir des grafitis ou des murales incluant sans conteste un message politique ou social. Et plusieurs de très grande qualité, de l’art modeste à la Bansky à la fresque tout sauf modeste. Le mélange était gracieux et fluide.
L’art mural, décoration et intention
“Les entreprises volent notre eau”
“Ils nous tuent”
Vous pouvez deviner…
Encore le Coke…
Je ne saurais terminer sans aborder la beauté et la diversité de la population, à l’image de son expression et de sa volonté de s’affirmer. J’avance en n’ayant qu’éfleuré le tissu social de la ville, mais il est très fréquent de voir, par exemple, deux femmes transiger au marché où l’une arbore fièrement ses deux nattes lui tombant jusqu’au bas des reins et sa jupe de peau de buffle (ou l’un de ses compaires), l’autre portant maquillage et habits selon la dernière mode. Le traditionnel et le contemporain sont très proches, partout, tout en étant diamétralement opposés de par leur nature. Mais ça fonctionne, et c’est beau.
Ce qui a de bien avec les déplacements à voiture, c’est qu’ils déposent sur votre chemin des endroits que vous n’auriez pas vus sinon. Comme cette petite ville de près de 3 millions d’âmes. Petite par comparaison seulement avec les autres visitées. Nous restons dans un petit hôtel trouvé près du centre historique, et les jolies rue où les maisons se déclinent en divers tons d’orangées sont invitantes. Nous profitons de la douceur des soirées dans les quelques parcs (à 1800 mètres, le jeans et le chandail son les bienvenus).
De la frontière du Mexique à sa ville du même nom
México (1er au 6 août)
Cette ville se marche, se mange, se sent. Tantôt très européenne, comme dans les quartiers de Roma, La Condesa ou Coyoacán, et tantôt bien distinctive et ancrée dans son patrimoine riche, comme son université s’en fait le fier canevas.
Universidad Nacional Autonoma de México du Mexique : Le campus a té déclaré patrimoine mondial de l’UNESCO. Notamment pour la collaboration d’un 60aine d’architecte, en faisant un exemple de l’architecture du milieu du XXe siècle. Également, la culture pré-hispanique du pays y a été mis en valeur.
Les marchés
Véritables refuges pour qui s’ennuie, on va au marché pour faire ses courses, acheter ce dont on ne savait pas qu’on avait besoin ou ce que l’on ne cherchait pas, ou simplement rejoindre quelqu’un. On s’y perd, on s’y plaît.
Dans les marchés, on trouve fruits et légumes, et tout ce que vous pourriez chercher (ou pas)
Les rencontres fortuites
Quand on crapahute de petit local en petit local, on croise des gens qui la plupart du temps, viennent nous parler. L’un parce qu’il pratique son anglais et souhaite nous poser 2-3 questions, sur notre vie ou sur les raisons qui nous ont parachutés dans son quartier. L’autre parce qu’il veut nous chanter une chanson canadienne dans un bar karaoke, où même l’animateur n’a aucun référent. Pas même Céline… le petit duo de client et animateur souhaite tellement qu’on leur donne un titre. J’étais tentée de demander Le bon gars de Richard Desjardins, mais c’était perdu d’avance. Ils ont finalement googlé quelque chose, j’imagine, et pour nous faire plaisir ont mis une chanson qu’ils avaient considérée comme Canadienne: une toune country d’un artiste dont nous n’avions bien évidemment aucune idée!
Nous avons aussi rencontré un Israélien de 18 ans, dont c’était apparement le premier voyage, perdu et dépassé par son propre sort. Son père ne répondait pas au téléphone et il était coincé hors de son hôtel. Le petit fait cocasse, c’est qu’il nous avoue avoir consommé des jujubes au cannabis, qu’il qualifie de très forts… ben là mon coco, à ta première nuit à l’étranger de toute ta vie, c’est effectivement recommandé de ne pas prendre de drogue! Mais il avait 450 pesos en poche (ce qui avait échappé aux bars du coin) et ne savait pas comment résoudre l’équation pour que ceux-ci se transforment en solution. Nous l’avons donc accompagné jusqu’à un hostel quelques 20 minutes plus loin pour qu’il ne dorme pas à la rue. Antoine l’a même bordé pour s’assurer qu’il était ok. Puis nous sommes repartis le sourire aux lèvres, réchauffés par les remerciements du jeune homme qui nous garantissait que notre karma était bon. Karma ou pas, c’est important de s’entraider.
Un délicieux plat de poulet en sauce, et des escargots dans une sauce au cacao : les gourmandises d’une cantina de quartier
À notre dernière soirée dans cette magnifique ville, nous sommes retournés dans une cantina que nous avions visitée. Le concept? Commande un verre, un petit plat, un autre verre, un autre petit plat… tapas (ou botanas), quoi! Finalement ça semble être « paie tes verres, on te nourrit ». Bon deal. Nous avons traîné un peu les pieds, discutant avec les pilliers de bar, alors que les chaises commençaient à être relevées sur les tables. Mais la conversation était trop intéressante. Nous avons rapidement trouvé un terrain commun: le Canada et le Mexique ont toujours été des amis, mais depuis le 2e mandat de Trump? Des frères, unis, pour faire émerger la collaboration. On nous a d’ailleurs souligné que les québécois, nous ne sommes pas comme les autres autres “gringos”. La raison? Elle est simple. Essayer. Essayer de parler espagnol, essayer de comprendre à qui on parle, essayer de trouver ce qui nous unis. Pas simplement débarquer et imposer ce que l’on est ou ce que l’on croit (quoi que partout sur terre, l’humanité a un piètre résultat en terme de « ne pas imposer ce que l’on croit » et cela, depuis des millénaires).
Mon ami d’une soirée, Francisco, qui voulait que je fasse la pose avec lui : il trouvait que je ressemblais à la Joconde… bof
Le verre de tequila ici, ça ne niaise pas…
La comida (la délicieuse bouffe!)
Comment parler de cet immense pays sans parler de sa nourriture. Elle a d’ailleurs largement dépassé ses frontières, même si pas toujours dans ses formes les plus authentiques. Mais elle demeure si généreuse, si goûteuse. Et le plaisir c’est aussi de manger dans la rue, peut-être assis sur un tabouret de plastique, ou adossé à un poteau. Qu’importe, on sauce, on plie, on ingère.
Ici, nous avons mangé dans un restaurant étoilé Michelin! Le guide a donné cette distinction à cette taqueria pour la perfection de ses grillades. Un petit endroit où on mande debout, sinon dehors, er rapidement. MI-AM!
Tacos de tripa, incroyable
Les lieux
Dans certains quartiers, des immeubles très comtemporains viennent s’intégrer aux immeubles coloniaux. Et les églises, toujours importantes dans le quotidien de la ville, viennent créer un espace d’échanges, souvent accompagnées d’un petit parc, proche. Par ailleurs, nous avons marché plusieurs parc linéaires dans la ville. Et lorsque je dis linéaire, c’est littéral : un parc, entre deux voies automobile, qui va droit devant, sans se permettre de petite courbure. C’est une jolie façon de traverser une portion de la ville.
Un des immeubles qui nous aura vraiment impressionné, Antoine et moi, est la grande bibliothèque de la ville (Biblioteca Vasconcelos). Un immense bloc de béton, où l’intérieur ne semble être que métal, verre et papier. J’avais l’impression d’être dans le ventre d’un paquebot qui ne servait plus mais qui avait été réaffecté à d’autres desseins. Et la lumière relativement feutrée en cette fin de journée ainsi que le silence qui y régnait, donnait le sentiment de s’y mouvoir comme si nous étions des plongeurs qui découvraient un secret bien gardé par la mer. Une petite différence : en haut, le vertige était un partenaire de visite…
Une expérience toute mexicaine
Qui dit Ciudad de México, dit Lucha libre. De grandes arènes pour mettre en valeur la fausse chicane (et les encore plus fausses claques) d’une poignées d’hommes musclés et masqués. Mais attention, ce n’est qu’un prétexte fourni à la foule pour s’unir dans un chant, non, un hurlement bestial de groupe, destiné peut-être aux lutteurs, sinon à tout un chacun comme un cri de ralliement ou un simple symbole d’une appartenance commune. Ou peut-être encore plus simplement, un défoulement. Parce que dans le fond, tous gagnent et tous perdent, les uns après les autres. Et je dois dire que j’attendais les revirements, les invités surprises, les chaises, les tables, alouette! C’est resté relativement propret, avec un plan plutôt linéaire comme s’il s’agissait d’un compte pour enfants: y’a les fins, les pas fins, et on sait qui va gagner le match. Seule différence? Je ne pourrais dire qu’il y a une morale. Je dois par ailleurs en profiter pour lancer des fleurs à l’équipe de lutte de Limoilou (la North Shore Pro Wrestling si je ne m’abuse). Il y a quelques années nous étions allés voir un combat et ciel! Nous en avions eu plein la vue! Une table, sur laquelle repose une échelle, sur laquelle est acotté une autre table, sur laquelle une autre échelle… d’où se lance un lutteur (un gymnaste, devrais-je dire), pour atterrir quelques étages plus bas en brisant tout le matériel mais aucun os de ses camarades. Chapeau.
Nous aurons passé cinq nuits ici, j’aurais pu en prendre plus, la ville semblant intarissable de petits coins à débusquer.