Peru – Lima, puis la montée dans les montagnes avant Cuzco

De la Cordillère blanche à Cuzco, en passant par Lima
Le point de camping dans les montagnes est approximatif, nous n’étions pas très proche d’une ville.

Lima – 19 au 25 octobre

Redescendre de la Cordillère blanche vers le niveau de la mer aura pris une bonne journée de route, bien remplie, après laquelle nous pouvions espérer profiter de la culture culinaire de la ville, très forte selon ce que l’on nous avait rapporté. Déjà, depuis le début de notre traversée du pays, les gens nous demandent ce que l’on pense de la nourriture et nous proposent des plats typiques. C’est toute une fierté, partagée du Nord au Sud. À Lima, il nous aurait même été possible de manger au meilleur restaurant du Monde, rien de moins! Mais bon, en regardant le menu (et les prix), nous avons décidé qu’il ne valait pas la peine de sortir des REER ou de vendre un rein. Qu’importe, nous avons dégusté de délicieux repas où les saveurs se mélangent. Sauces, herbes, ceviches, grillades, il y a de tout pour tous. Le Pérou a accueilli bon nombre de japonais, la cuisine fusion entre les deux cultures est donc particulièrement présente.

Au delà de la nourriture, nous avons, encore un fois, marché de long en large la ville. Cette dernière se développe sur un plateau, qui tombe ensuite dramatiquement par une falaise dans la mer. Les points de vue pour observer le soleil se coucher sont donc nombreux.

 

Lima

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La place de la vieille ville coloniale

Nous avons par ailleurs profité de l’emplacement idéal de la ville pour faire du parapente! Ni Antoine ni moi n’avions déjà essayé cette folle activité, c’était donc vraiment chouette de le tenter. Il nous est même venue l’idée d’un jour faire notre cour, c’est dire à quel point nous avons apprécié! Le seul fait de se lancer d’une falaise, mettant toute notre confiance dans une aile, portée par le vent… Si les oiseaux réussisent…

Lima
Un homme heureux, et fébrile!

Une facette de la ville qui impressionne, après avoir traversé le Nord du pays, c’est la complète déceonnexion entre les deux réalités. De ce que nous avions remarqué jusqu’à maintenant, le niveau de vie moyen est plus bas qu’en Ecuador, par exemple. Mais Lima vit richement, et ne le cache pas. Les tours à condos luxueux ou les maisons sécurisées sont particulièrement nombreuses. En son centre, la ville propose même un golf, ce qui ne peut que donner un indice sur les moyens aux alentours.

On quitte la modernité de Lima pour un trajet vers l’histoire de Cusco

Le trajet entre la capitale politique et économique, et celle que je surnommerais la capitale touristique, est long. Il faut donc faire quelques arrêts. Mais ces arrêts sont fascinants, comme s’ils souhaitent nous rappeler la diversité et la richesse du Perú.

Huacachina – 25 au 27 octobre

Premier arrêt, un oasis dans les dunes de sable. Le sable n’est pas surprenant en soi, puisque l’ensemble de la côte en est constitué, mais ici les dunes sont immenses. Et les gens du coin l’ont rapidement compris, c’est donc un petit village touristique au bout de la ville. Les vues sont bien sûr majestueuses, et l’on peut en même temps se divertir par divers “sports”. Le ski de sable, le 4×4, et celui que nous avons essayé, le “sandboarding”. Comment ça se passe? On embarque 6-8 personnes dans un véhicule tout-terrain, on leur fout une petite trouille de temps en temps en dévalant les dunes à grande vitesse, puis on les fait descendre une gigantesque dune à plat ventre, sur une planche de bois. C’est comme aller glisser l’hiver, mais de pas mal plus haut! Et puis la neige finit par sécher. Le sable dans les souliers reste pour témoigner du plaisir que l’on a eu.

Huacachina

Huacachina
Deux petits fous qui jonglent avec l’idée de pousser l’autre en bas!

Camping dans les montagnes – 27 octobre

Quelques dizaines de kilomètres après ce désert de sable, nous en avons profité pour aller regarder les fameuses lignes de Nazca. Dans le sol rocailleux, des images et des lignes longues de plusieurs kilomètres ont été tracées il y a 1200 à 2300 ans. Plusieurs études ont été faites, on a pensé qu’il s’agissait d’un calendrier astonomique ou de sites rituels (ou même d’extra-terrestres, mais cette théorie fait moins consensus au sein de la communauté archéologique, disons). Encore à ce jour, tout n’est pas complèment compris, bien que l’on a déduit que l’utilisation de longues cordes, par exemple, avait possiblement permi de tracer des lignes droites de plusieurs kilomètres malgré le relief.

Nazca
On peut voir à gauche une portion du “reptile”, et quelques autres lignes

En quittant la côte, notre voiture zigzague pour monter dans les hauteurs de la pampa, cette vaste étendue en altitude, couverte de ce que l’on pourrait être tenté d’appeler du foin, mais qui porte justement le titre d’herbe de la pampa. Son reflêt légèrement argenté, qui dans au soleil, se marie bien avec les eaux sombres que l’on aperçoit ici et là. Pampa, par ailleurs, signifie “plaine” en Quechua, la langue largement parlée au temps des incas, avant l’arrivée des Espagnols. Elle est encore parlé par environ dix millions de personnes en Amérique du Sud (de la Colombie à l’Argentine), surtout par des gens habitant les Andes.

Et si le paysage n’était pas suffisant, nous croisons ce que nous pensons être des guanacos (selon notre petite analyse des camélidés, mais nous avons assurément aussi croisé des vicunas, tous cousins des lamas et des alpacas). À un moment, au détour d’un rapide regard, nous avons aperçu des flamands roses dans un petit lac à 4 200 mètres, au coucher du soleil… nous étions en voiture et venions de passer 2h30 dans une fermeture de l’unique route, alors s’arrêter pour immortaliser le moment ne pouvait être considéré. En même temps, ce besoin justement de tout immortaliser en image nous rassure, comme si la photo nous permettrait d’en posséder un petit bout. Mais bon, elle n’appartiendra seulement qu’à la nature, bien sûr, alors laisser aller ces images fortes à nos seuls souvenirs fait partie du voyage aussi.

Pampa
La pampa, avec ses montagnes ses petits lacs

Quelques kilomètres plus loin, le soleil se rapprochant de plus en plus vers l’horizon, nous nous sommes arrêtés pour établir notre campement. Tout simplement en sortant de la route sur un petit chemin de terre, comme nous aimions tant le faire en Asie centrale. La vue était, encore un fois, spectaculaire. Nous avons tout de même croisé quelques défis additionnels. Tout d’abord, comme le soleil se couche aux environs de 18h, 18h15, il cesse de nous réchauffer rapidement. Et en altitude, il peut rapidement faire un 2 ou 4 degrés… c’est moins agréable pour passer une soirée, cuisiner ou faire la vaisselle. Également, nous avons monté quand même assez rapidement, et une fois couchés, Antoine ne se sentait pas très bien dû au mal de l’altitude. Nous avons donc tout serrer vers minuit, puis avons fait plusieurs kilomètres afin de descendre d’environ 1000 mètres. Instantanément, Antoine se sentait mieux, et dans la petite auberge pour camioneurs que nous avons trouvée, il s’est endormi en 30 secondes. L’altitude, c’est un réel défi qu’il ne faut pas sous-estimer..! Et sa meilleure solution, ça reste souvent de descendre, pour se donner le temps de mieux remonter plus tard.

Après Puqio
Notre site de camping

Chalhuanca – 28 octobre

Au réveil, nous avons rapidement repris la route et avons pu rejoindre cette petite ville, pour une simple petite pause d’une soirée. Nous avons donc fait comme plusieurs locaux : nous avons mangé un petit repas de poulet rôti, puis avons passé quelques instants sur la petite place. Prochain arrêt, Cuzco la grande!

Perú – le Nord

En traversant la frontière (ou plutôt les frontières, puisque nous avons fait des allers et retours entre les bureaux des deux pays qui s’étendaient de façon peu instinctive sur 5 km), une première impression indélébile s’est malheureusement imposée. Les déchets s’amoncellent en des piles qui veulent presque rivaliser les colines entourant le secteur, et les sacs de plastiques s’accroches aux quelques petites branches sèches comme pour remplacer les feuilles, absentes. Seuls quelques km avant, nous traversions des champs de bananes, des rizières, des plantations de canne à sucre, et aucun n’arborait de sac plastique à ses branches. Mais soudainement, ils sont tellement présents qu’ils font partie du paysage comme s’ils y avaient poussés. Et puisque l’environnement est particulièrement désertique dans le Nord du Pérou, c’est une vision un peu caotique, presque apocalyptique. Mais rapidement, je me suis mise à apprécier ce que nous traversions. Une beauté dure, implacable, malgré toute sa saleté et sa poussière. Et parmi le sable, les innombrables vautours et les quelques puits de pétrole, beaucoup de gens se sont établis sur la côte. L’image même de la résilience humaine.

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La côte désertique

Mancora – 11 au 13 octobre

Le repaire des jeunes qui cherchent les hostels de party, cette ville est un dédal de petites rues sablonneuses, qui se collent au bord de la mer. Son plus grand attrait est à mon humble avis, sont ses grandes vagues qui viennent l’une après l’autre se coucher sur la plage de sable fin. Obligée, j’ai ressorti l’enfant en moi pour aller y jouer, et j’ai fait une petite baboune quand Antoine a dit que ça suffisait. Mais bon, au moins nous avons pu regarder le soleil se coucher au travers de l’humidité qui emplissait l’horizon.

Mancora
Le bureau du jour

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Nous voulions venir ici puisqu’un ami nous avait venté une plongée sur une ancienne plateforme pétrolière, devenue un refuge pour les coraux et les poissons. Malheureusement, il n’est plus possible de visiter cette plateforme, mais nous sommes tout de même aller plonger avec le seul centre disponible. Hou là… nous avions planifié 2 plongées (comme c’est souvent la norme dans ce genre de sortie), mais nous avons été confrontés à une vision de… 2 mètres… c’est très peu. Ça revient à dire que, potentiellement, on se retrouve à flotter dans un environnement opaque où il peut être difficile de déterminer notre propre positionnement. Ce qui est facile par contre, c’est de perdre ses comparses. Ça, si ce n’est pas une belle façon de ne pas avoir de plaisir….! Nous avons donc coupé court, sans faire la 2e plongée, et sommes revenus au port où les pêcheurs nourissent de leurs rebus de poissons les tortues géantes qui viennent se goinfrer… au grand bonheur des guides touristiques qui amènent les gens se baigner avec lesdites tortues. C’est presque de l’économie circulaire, si on oublie le fait que de nourrir les animaux sauvages est loin d’être idéal.

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Côte Nord
Sur la côte, a plusieurs endroits de grandes maisons de vacances prennent place, coupant parfois l’accès aux résidents

Pascamayo – 13 au 14 octobre

Similaire à toutes les autres villes du coin, nous y sommes arrêtés parce que nous y étions rendus. Nous sommes arrivés au coucher du soleil et sommes repartis le lendemain matin, donc nous n’avons vu que quelques touristes péruviens qui venaient profiter du bord de la mer.

Chimbote – 14 au 15 octobre

PontCette ville n’était pas sur notre radar. Le guide du Routard, qui possède la réputation de parfois offrir des commentaires acerbes, voire même pugnaces, recommande “circulez, y’a rien à voir“! Il en rajoute même en donnant quelques adresses, si nous sommes “contraints, pour une raison ou une autre, de passer la nuit ici“. Et bien, nous avons en effet été contraints d’y rester, après avoir été confronté à un “pont” vers notre prochaine destination. Nos roues courraient de grandes chances de passer au travers, nous avons donc clairement décidé de rebrousser chemin, perdant ainsi plusieurs heures. Nous devions en fait simplement revenir sur la côte, pour reprendre la route qui longeait la rivière de l’autre côté.

Chimbote est plutôt industrielle et a vécu un boom durant plusieurs années, étant à un moment la plaque tournante de l’exportation des produits de poisson, notamment la farine de poisson utilisée pour la nourriture pour animaux ou l’engrais. Mais là où le Routard y voyait un endroit “sale et désagréable“, j’y ai plutôt rencontré un endroit vivant, et surtout, authentique. Les gens vaquent à leurs affaires, il y a quelques petits parcs, les commerces sont nombreux. Parfois, s’arrêter dans la “vie normale” d’un pays vaut plus que l’attraction d’à côté. Mais bon, à la défense du Routard, nous utilisions l’info d’une édition vieille de près de vingt ans, puisque le nôtre ne parlait pas de cette ville. Peut-être se sont-ils ravisés depuis…

Chimbote
La vue de notre terrasse d’hôtel: juste cela valait la peine.

La cordillère blanche

Cette cordillère, au coeur même de celle des Andes, prête à la rêverie et à la contemplation. La route pour s’y rendre depuis la côte, déjà, est à couper le souffle. De grandes montagnes rocailleuses, qui daignent laisser une vallée se réchauffer et se verdir, permet à de petits hameaux de s’y établir et de cultiver riz, légumes, fruits. Un peu plus loin, la verdure a presque complètement perdu son ancrage, mais on remplace les activités de subsistance par les mines à charbon. L’espace se rétrécit à un moment pour que l’on traverse le Canyon del pato, où la route nous accompagne au travers d’une multitude de tunnels creusés à même le roc, où reculer est une manoeuvre parfois nécessaire pour pouvoir continuer.

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Entre Chimbote et Caraz
Des gens heureux!

Caraz – 15 au 17 octobre

Arrivés dans la région, nous sommes restés deux nuits ici afin de se poser un peu, se préparer, faire un peu d’admin, un petit classique. La ville comme telle est coquette, avec un joli petit centre, et est surtout plus humble que Huaraz, que l’on croisera un peu plus loin.

Parc Huascaran – camping – 17 octobre

Arrivés sur place, nous déboursons quelques soles pour un droit d’accès de quelques jours, et puis on nous désigne un endroit gazonné où l’on peut piquer notre tente. L’endroit est entretenu d’une quotidienne façon par les vaches du coin, qui nous laissent le tout aussi bien coiffé qu’un green de golf. La vue, mêlée de l’ambiance que la brume apporte, a son petit côté apaisant. Ce sera donc une bonne nuit (surtout pour moi, Antoine ayant quelques enjeux de sac de couchage et de mal de l’altitude), qui nous permettra de s’activer le lendemain.

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Beau spot de camping..!

C’est donc les sacs remplis de vêtements chauds, d’eau et de nourriture que nous avons débuté notre ascension vers la Laguna 69, une randonnée d’environ 4h30, passant de 3800 mètres à 4800 mètres, qui nous rapproche de la neige. C’était à couper le souffle, littérallement et figurativement. L’eau turquoise, quasi laiteuse, de la lagune… les pointes montagneuses, tranchantes sur le ciel parfois bleu… les vues sur les vallées… une activité qui m’aura donné envie d’y revenir pour d’autres treks de quelques jours au travers des sommets.

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Huaraz – 18 octobre

Ainsi, après cette journée qui nous aura rougit les joues et accentué le sourire, nous sommes arrivés dans cette ville, reconnue comme la plus touristique de la région. Elle l’est en effet, et bien qu’elle ne soit pas déplaisante, elle me semble surtout être un centre d’où partent les randonneurs. Une surprise que nous y avons trouvé, toutefois, fut un souper de… raclette! Une fois de temps en temps, se rappeler les doux soupers entre amis ou en famille à la maison… juste cette image réchauffe le coeur.

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Peru – Nord
Pour vous donner une idée de grandeur du pays… c’est environ 22 heures de conduite, sans compter les délais, le trafic, les retours sur nos pas… Parce que souvent, il faut ajoutet plusieurs heures à ce que Google prévoit.

Équateur – retour sur le continent

Après nos dix nuits passées dans cet espace-temps parallèle que furent les îles Galapagos, nous sommes revenus sur notre chemin. Littéralement, car nous avons retrouvé notre voiture laissée à notre hostel de Quito, pour une dernière soirée à profiter de ce que l’on avait apprécié lors de notre passage. Nous avons repris la route dès le lendemain vers nos prochaines étapes.

Cotopaxi – 4 au 6 octobre

Ce volcan est presque mythique. Avec son aspect cônique parfait et sa petite dentelle de neige au sommet, il est la représentation même de l’image que l’on peut se faire d’un volcan. Nous avons donc sorti la tente (enfin!), pour profiter de l’air quasi hivernal de l’endroit, emmitouflés dans nos manteaux devant le feu.

Aussi, comme il s’agit d’un parc national, quelques petites randonnées sont possibles. Notamment, une montée au refuge qui sert aux alpinistes qui se rendent au sommet. Ceux-ci quittent le refuge à minuit, piolet en mains et crampons aux bottes, pour espérer arriver pour le lever du soleil au sommet. De notre côté, nous étions légèrement acclimatés, mais peut-être pas suffisamment pour monter gracieusement. Car nous l’avons fait avec une respiration difficile, des arrêts et quelques vertiges. On commence, là, on se gardera de hauts sommets pour une prochaine fois.

Cotopaxi

Cotopaxi

Cotopaxi
Il y a pire comme site de camping…
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Antoine qui admire le vide devant lui, un vide pourtant bien rempli de poussière volcanique, de vent et de beauté.
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On se sent tout petits devant l’imposant volcan, souvent couvert de son foulard de nuages. Ici, parmi quelques arbres, tout au fond de la vallée, on peut distinguer notre minuscule tente bleue.

Alausi – 6 au 8 octobre

En quittant le Cotopaxi, nous n’étions même pas certains d’où nous dormirions le soir-même. Nous avançions tout simpement, tant que la motivation y était. Mon regard se posait sur chaque petit détail possible. Comme une toute petite dame, presque qu’anachronique, portant sur son dos tant son sac de foin que toutes ses traditions, qui traverse une autoroute entre deux stations d’essence de grande chaîne. Mais qu’est-ce qui est anachronique dans le fond. L’autoroute ou elle? Ici, le débat est réel.

Après quelques heures de route, je me rends compte qu’il y a quand même beaucoup d’arbres fraichement coupés sur le bord de la route. À un moment, je remarque que la moitié de la route est obstruée par de la terre, des roches, des troncs à demi brûlés. Et là je réalise : oh oh, les routes bloquées, elle l’étaient fermement. Et quelques kilomètres plus loin, la fermeture est malheureusement encore effective. Malgré nos efforts afin d’éviter le conflit social, nous allions tout de même en être témoins un peu. Le choix qui s’offrait à nous n’était donc pas bien, bien complexe : rebrousser chemin (pour donc perdre des heures), ou prendre une route de montagne contournant le blocage (pour donc perdre des heures, mais dans de nouvelles routes). Nous avons donc joyeusement choisi de se lancer dans les petites routes. Le “joyeusement” s’est invité un peu plus tard, pour être bien honnête, notamment lorsque nous avions regagné l’espoir que notre solution en était vraiment une. Ainsi, lorsque nous savions que nous allions réellement arriver à destination, nous pouvions profiter du luxe d’avoir le temps de poser nos yeux sur les paysages magnifiques et la vie quotidienne qui y prend place.

Nous avons donc gravi la chaîne de montagne, qui s’impose comme une patte d’éléphant sur le territoire, lourde, dont chaque doigt s’étend en coulée de lave. L’œil seul ne réussit pas à tout voir, tout regarder, d’un seul coup. Et à ces hauteurs, parmi les champs en montagne, nous nous retrouvons dans un espace temps qui semble n’appartenir qu’aux Andes. Les dames, parées principalement de leur dignité, et accessoirement d’une longue jupe noire, d’un chapeau panama, d’un gros foulard très coloré et de boucles d’oreilles en or, n’ont d’autre possibilité que d’imposer leur prestance au passant. Car même chaussées de bottes de pluie et tirant 2, 3 bestiaux, leur élégance n’a d’égal que la profondeur de leur retard. Elles sont tout simplement magnifiques. Et leurs maris vont aux champs en pantalons à plis, chemise et veston, comme si la récolte était un bal.

À un moment, nous avons réussi à percevoir la ville qui devait nous accueillir pour la nuit, en contrebas. Notre estimation naïve nous promettait que nous y serions dans… bof… maximum 45 minutes. Hélas, notre route s’accrochait comme une guirlande sur les chemins de montagne, à un kilomètre d’altitude additionnelle… nous avons donc fini par y arriver quelques heures plus tard.

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Vue de la ville sur notre route.

Arrivés en ville, nous pouvions la vivre plus naturellement, puisque nous étions les seuls touristes. Un autre effet des fermetures majeurs d’autouroutes dans le pays : notre fidèle véhicule pouvait nous permettre de tenter de cahoter dans la campagne, mais les autobus ne le pouvaient pas.

Alausi
Ici, on ne peut éviter le brouillard qui s’invite avec la tombée du jour
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L’un des parcs de la ville, qui lui confère une ambiance confortable, accueillante

Un de mes coups de coeur aura été une randonnée que j’aurai faite pendant qu’Antoine prenait une journée de travail. Le chemin m’amenait à une protubérance rocheuse qui surplombait trois grandes vallées, voire canyons, qui se rencontraient à cet endroit. El nariz del diablo, ou le nez du diable, portait mal son nom. Rien de criait enfer ni Lucifer, mais plutôt légèreté, liberté et abondance. Le seul individu que j’ai rencontré sur mon chemin fut un petit bourriquet, piqueté sur mon étroit passage. Il était craintif, mais peut-être pas autant que moi. Je le voyais déjà m’enlignant vers la falaise d’un coup de sabot, il a donc fallu que l’on s’apprivoise tranquillement. Et oui, je lui ai parlé pour ce faire. Misère. Un peu plus loin, le sentiment de marcher sur le fil de fer qu’était la crête d’El nariz, légèrement soufflée de chaque côté par le vent qui montait de la vallée, m’aura fait ancrer chaque pas un peu plus fortement. L’ensemble de l’expérience était à couper le souffle.

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À mon départ, je pouvais jeter un oeil derrière moi sur Alausi
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Le petit sentier qui se prolongeait au milieu du vide, entre les vallées, sur facilement les prochains 2km

Nariz del diablo

Cuenca – 8 au 10 octobre

Après cette pause de calme et de plein air, nous sommes allés visiter Cuenca, une ville certes coloniale, mais également très moderne. Ainsi, les bâtiments de bois et de pailles se collent aux immeubles à inspiration suédoise ou japonaise (à mon humle avis, du haut de mon absence de recherche approfondie en architecture comparée). Mais en fait… de nos jours les inspirations se partagent, et la fusion est de plus en plus présente.

Cuenca

Cuenca

Les marchés.

Quelques images de la ville

Surprise! Bienvenue… aux îles Galapagos!

Alors, la dernière question que je nous posais était… on va où? Car c’est littéralement celle que nous nous sommes posée. Les Galapagos n’étaient pas sur notre itinéraire, simplement parce que… bien, on n’y avait pas trop pensé, on n’y était pas particulièrement attirés, on ne peut y aller en voiture, c’est potentiellement couteûx… bref, rien ne nous appelait là-bas. Par contre, en consultant quelques guides de voyage, l’attrait se voyait nourri sans aucune réserve, jusqu’à un point où, ne pas y aller signifiait maintenant de rater quelque chose que l’on voulait plus que tout faire! Nous nous sommes nous-mêmes manipulés en nous projetant un film publicitaire autoréalisé (pour d’autres conseils sur les meilleures façons de se créer des besoins, contactez-moi en privé). Notamment, le privilège de la proximité des animaux, pour certains propres aux îles, et le sentiment d’avoir accès au processus intellectuel de Darwin. Et de surcroit, les opportunités de plongée exceptionnelles. Alors, hop en avion, 2h plus tard, nous sommes au chaud!

Île San Cristobal – 23 septembre au 28 septembre

Dès notre arrivée, nous avons été subjugués, réellement, par l’endroit. Tout d’abord, le seul fait de quitter le tout petit aéroport à pied, baluchons au dos, pour se rendre à notre hostel à une quinzaine de minutes de là. Ce seul fait laissait présager une ambiance locale chaleureuse, à hauteur humaine. Et déjà, en 30 minutes, nous avions rencontré nos nouveaux amis, ou plutôt les sujets de notre pâmoison pour les prochains jours. Frégates à gorges rouges, Boobies aux pieds bleus, lions de mer…. nous en avions plein les yeux, et plein les oreilles également! Ceux qui volent la vedette, incontestablement, indubitablement… les liona de mer. De longues peluches qui se déplacent sur terre avec la mobilité d’une banane, et qui émettent des cris et sons dignes d’un concours de rots. Nous avons passé tellement de temps à rire en les regardant interagir entre eux. Et ce qui rend l’expérience aussi… touchante, c’est qu’ils ne sont en rien tracassés par la présence de ces grands animaux sur deux pattes que nous sommes, qui les regardent assis à une terrasse à leurs côtés. Ils sont les rois du village et se couchent bien où ils le souhaitent. Par contre, sous l’eau, ils deviennent joueurs, agiles, rapides. Une dualité réellement cocasse à observer.

L’île est certes touristique : l’ensemble de l’archipel l’est, et je crois bien que de près ou de loin, pas mal tout le monde vit de cette industrie. Mais ici, les hostels sont plus petits, les restos plus terre à terre, l’ambiance plus relaxe.

Île Santa Cruz – 29 septembre au 3 octobre

Cette île est la plus peuplée : une petite quinzaine de milliers de personnes! Au total, environ 33 000 personnes habitent l’ensemble des îles (les données seraient celles de 2022). L’ambiance y est un peu plus clairement touristique : les gens continuent de nous parler en anglais malgré que nous répondions en espagnol, les bons cafés sont faciles à trouver, les repas coûtent le triple sinon plus, les pizzas abondent… ce genre de petits indices. Malgré tout, l’île, comme ses sœurs, foisonne de petits endroits où aller voir des animaux et emmagasiner l’air salin sur nos visages.

La faune et la flore

Boobie aux pieds bleus. En groupe de plusieurs dizaines, ils plongent dans la mer pour pêcher et resurgir comme des bouchons de liège quelques secondes plus tard.
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Les iguanes marins sont un exemple d’adaptation spécifique aux Galapagos : arrivés proablement par petit radeau naturel du continent, ils peuvent plonger sous l’eau pour se nourrir. Ce qui leur fait éternuer régulièrement pour se débarasser de l’eau saline.
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Pélican
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Peu d’endroits semblent rebuter un lion de mer qui cherche une sieste.

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Le village de Puerto Baquerizo Moreno sur l’île de San Cristobal, vu de haut
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Nous étions dans un centre favorisant la naissance et la prise en charge des bébés, les adultes sont donc en liberté. Mais on en trouve à plusieurs endroits sur les différentes îles, jusqu’au bord des routes.

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La plongée

Avec cette folle aventure, une autre s’ajoutait pour moi. Antoine, vétéran de la plongée sous-marine, avec ses diverses certifications de toutes sortes lui permettant d’exécuter des plongées qui me donnent la frousse juste à y penser. Une plongée de 3-4 heures, avec 4-5 bouteilles d’air de provision, de 2 gaz différents, avec l’obligation de remonter en palliers déterminés pour ne pas être victime d’un accident de décompression, et devoir calculer le tout sous l’eau avec une narcose des profondeurs? Lolilol, non merci. Par contre, une plongée où je peux remonter si j’ai une urgence, et ainsi profiter des chances de cotoyer lions de mer, bancs de poissons, tortues, requins…? Ah ça, l’équilibre entre aventure et gestion du risque me plait! J’ai donc fait mon cours d’Open Water sur place, puis nous avons pu aller plonger ensemble.

Dès ma première sortie avec ma prof, en mer, c’était comique : j’ai dû exercer mes techniques sous l’eau, sous le regard curieux de lions de mer qui me tournaient autour. Jusqu’au point où ils passaient entre mes jambes, me mordillaient continuellement au travers de ma combinaison, jouaient dans les bulles de mon détendeur… c’est à ce moment que j’ai compris que je pouvais rire aux éclas sans problème, même en plongée. Ces altercations ont tout de même poussé ma prof à mettre fin à cette sortie, puisque son niveau de sécurité diminuait à mesure que la proximité des animaux augmentait. Moi j’étais peu inquiète, bercée par mon insoucience complète.

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Il ne manque pas de poisson, ici, nous avons pu traverser plusieurs bancs de différents types.
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Me voici, lors d’une de mes rencontres avec les tortues
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Les grandes vedettes de ces eaux, les requins marteaux, que nous avons d’ailleurs vus en banc!

Galapagos, archipel volcanique enchanteur, il se peut bien que l’on se revoit…

Quito – Ecuador

Quito – 19 au 23 septembre

Aaahhhhh… Quito. Il y a de ces endroits que l’on a déjà visités, et que l’on retrouve avec un sentiment de retour à la maison. Ce fut le cas pour moi à Quito, que j’avais visitée à l’automne 2013. Le pire c’est que ne me rappelant plus du nom de l’hôtel dans lequel j’avais séjourné, j’ai réservé le même. Quand les critères sont bons, on ne change pas la recette, hein..!

Quito
Quito de nuit, de notre hostel

La belle Quito se marche, en long comme en large, et même en hauteur. Et un peu partout sont saupoudrées des clochers d’église. L’une d’elle, par aileurs, est très impressionnante. Sa construction a débuté vers 1892 et a été inaugurée en… 1988. Elle a un style gothique époustouflant, mais sa petite jeunesse la rend un peu hors normes. De plus, actuellement, son enceinte est entièrement utilisée à la construction… d’une immense crèche. Il est toutefois possible de la monter, ou la grimper, plutôt, jusqu’à l’un de ses clochers. Accrochés à de petits escaliers de métal, au grand vent des montagnes, l’expérience est sportive! La vue du haut vaut l’effort.

Cathedrale Quito

Cathedrale Quito
Vu du haut de la cathédrale

Et si l’on redescend au niveau du sol, la ville n’est pas en reste : ses rues pavées, ses places, ses monuments. On peut s’y perdre plusieurs jours sans craindre de trop s’ennuyer.

Quito

Parc centra - Quito
Un parc très bien aménagé, au milieu de tous les quartiers les plus centraux de la ville, où les gens viennent manger, jouer, se rencontrer.

Heu… pardon?

Édifice Montréal Olympique
Édifice… Montréal Olympique?

Nous avons trouvé une incongruité dans le paysage écuadorien, durant notre déambulation urbaine. Nous n’avons aucune idée de pourquoi cet édifice porte ce nom et ce logo, mais il n’y a pas de doute, c’est chez nous, ça! Nous sommes restés à le regarder quelques minutes, incrédules… Si jamais quelqu’un sait pourquoi cet immeuble existe, faites-nous part des informations, nous demeurons curieux.

Quand la ville réutilise

La ville a décommissionné un aéroport, qui est maintenant un parc. Bon, le mot est peut-être fort, car c’est surtout un endroit où les gens peuvent profiter de beaucoup d’asphalte pour exercer divers sports. Malgré tout, le visuel est intriguant : marcher sur une piste d’atterissage, entouré d’un parc et d’une ville, cela reste une belle façon de tenter une revitalisation.

 

Le téléphérique et ses balancoires

Il n’y a qu’un téléphérique à Quito, et il est moins utilisé pour la mobilité de ses citadens, que pour les amener sur le toit de la ville. C’est donc un endroit où les petits couples et les familles vont prendre une photo avec un lama, prendre un café et marcher un peu. Il ne nous en fallait pas moins pour être hautement satisfaits de l’activité, comme deux petits gamins!

La suite!

Là, c’est le moment des petites surprises. Parce que l’on s’en est faite une grosse. Immense. Colossale. Car en arrivant à Quito le vendredi soir, nous avons apris que dès le lundi prochain, une grève nationale allait débuter le lundi suivant. Aucun délai n’était connu, mais les dernières ont duré jusqu’à deux semaines. Le sujet des grèves visait le coût du diesel, pour lequel le gouvernement cessera ses subventions (à l’instar de ses voisins la Colombie et le Péru). Cette décision a mal passée, notamment chez la Confédération des nationalités indigènes d’Équateur (Confederación de Nacionalidades Indígenas del Ecuador ou CONAIE). Beaucoup des gens qu’ils représentent vivent de l’agriculture en région et prévoient des hausses importantes des leurs coûts, en plus de dénoncer le manque de consultation dans le processus de prise de décision gouvernementale. Il s’agit d’un résumé laconique, mais c’est ce que nous en avons compris avec quelques lectures et discussions.

Ainsi, c’est surtout les axes routiers majeurs qui allaient être bloqués, empêchant les déplacements dans le pays. Avec une perméabilité que nous avions de la difficulté à saisir, mais les gens semblaient la prévoir peu élevée… Alors, devant cette nouvelle, nous avons souhaité éviter le débat, qui ne nous concerne certainement pas comme étranger, et ne pas risquer de rester coincés à Quito ou de nous confronter à des lignes de fermeture. Comme notre projet est de descendre jusqu’au Sud de l’Argentine en voiture, nous souhaitions trouver un petit coin qui n’était pas sur notre itinéraire.

Voici un indice, que l’on peut apercevoir derrière mes yeux cernés de fille s’étant levée à 4h du mat! Mais vous n’êtes pas dupes, vous voyez au-delà de mes cernes, que mon sourire prend toute la place.

Départ Quito
Pis, on va où, on va où??