En traversant la frontière (ou plutôt les frontières, puisque nous avons fait des allers et retours entre les bureaux des deux pays qui s’étendaient de façon peu instinctive sur 5 km), une première impression indélébile s’est malheureusement imposée. Les déchets s’amoncellent en des piles qui veulent presque rivaliser les colines entourant le secteur, et les sacs de plastiques s’accroches aux quelques petites branches sèches comme pour remplacer les feuilles, absentes. Seuls quelques km avant, nous traversions des champs de bananes, des rizières, des plantations de canne à sucre, et aucun n’arborait de sac plastique à ses branches. Mais soudainement, ils sont tellement présents qu’ils font partie du paysage comme s’ils y avaient poussés. Et puisque l’environnement est particulièrement désertique dans le Nord du Pérou, c’est une vision un peu caotique, presque apocalyptique. Mais rapidement, je me suis mise à apprécier ce que nous traversions. Une beauté dure, implacable, malgré toute sa saleté et sa poussière. Et parmi le sable, les innombrables vautours et les quelques puits de pétrole, beaucoup de gens se sont établis sur la côte. L’image même de la résilience humaine.

La côte désertique
Mancora – 11 au 13 octobre
Le repaire des jeunes qui cherchent les hostels de party, cette ville est un dédal de petites rues sablonneuses, qui se collent au bord de la mer. Son plus grand attrait est à mon humble avis, sont ses grandes vagues qui viennent l’une après l’autre se coucher sur la plage de sable fin. Obligée, j’ai ressorti l’enfant en moi pour aller y jouer, et j’ai fait une petite baboune quand Antoine a dit que ça suffisait. Mais bon, au moins nous avons pu regarder le soleil se coucher au travers de l’humidité qui emplissait l’horizon.


Nous voulions venir ici puisqu’un ami nous avait venté une plongée sur une ancienne plateforme pétrolière, devenue un refuge pour les coraux et les poissons. Malheureusement, il n’est plus possible de visiter cette plateforme, mais nous sommes tout de même aller plonger avec le seul centre disponible. Hou là… nous avions planifié 2 plongées (comme c’est souvent la norme dans ce genre de sortie), mais nous avons été confrontés à une vision de… 2 mètres… c’est très peu. Ça revient à dire que, potentiellement, on se retrouve à flotter dans un environnement opaque où il peut être difficile de déterminer notre propre positionnement. Ce qui est facile par contre, c’est de perdre ses comparses. Ça, si ce n’est pas une belle façon de ne pas avoir de plaisir….! Nous avons donc coupé court, sans faire la 2e plongée, et sommes revenus au port où les pêcheurs nourissent de leurs rebus de poissons les tortues géantes qui viennent se goinfrer… au grand bonheur des guides touristiques qui amènent les gens se baigner avec lesdites tortues. C’est presque de l’économie circulaire, si on oublie le fait que de nourrir les animaux sauvages est loin d’être idéal.

Pascamayo – 13 au 14 octobre
Similaire à toutes les autres villes du coin, nous y sommes arrêtés parce que nous y étions rendus. Nous sommes arrivés au coucher du soleil et sommes repartis le lendemain matin, donc nous n’avons vu que quelques touristes péruviens qui venaient profiter du bord de la mer.
Chimbote – 14 au 15 octobre
Cette ville n’était pas sur notre radar. Le guide du Routard, qui possède la réputation de parfois offrir des commentaires acerbes, voire même pugnaces, recommande “circulez, y’a rien à voir“! Il en rajoute même en donnant quelques adresses, si nous sommes “contraints, pour une raison ou une autre, de passer la nuit ici“. Et bien, nous avons en effet été contraints d’y rester, après avoir été confronté à un “pont” vers notre prochaine destination. Nos roues courraient de grandes chances de passer au travers, nous avons donc clairement décidé de rebrousser chemin, perdant ainsi plusieurs heures. Nous devions en fait simplement revenir sur la côte, pour reprendre la route qui longeait la rivière de l’autre côté.
Chimbote est plutôt industrielle et a vécu un boom durant plusieurs années, étant à un moment la plaque tournante de l’exportation des produits de poisson, notamment la farine de poisson utilisée pour la nourriture pour animaux ou l’engrais. Mais là où le Routard y voyait un endroit “sale et désagréable“, j’y ai plutôt rencontré un endroit vivant, et surtout, authentique. Les gens vaquent à leurs affaires, il y a quelques petits parcs, les commerces sont nombreux. Parfois, s’arrêter dans la “vie normale” d’un pays vaut plus que l’attraction d’à côté. Mais bon, à la défense du Routard, nous utilisions l’info d’une édition vieille de près de vingt ans, puisque le nôtre ne parlait pas de cette ville. Peut-être se sont-ils ravisés depuis…

La cordillère blanche
Cette cordillère, au coeur même de celle des Andes, prête à la rêverie et à la contemplation. La route pour s’y rendre depuis la côte, déjà, est à couper le souffle. De grandes montagnes rocailleuses, qui daignent laisser une vallée se réchauffer et se verdir, permet à de petits hameaux de s’y établir et de cultiver riz, légumes, fruits. Un peu plus loin, la verdure a presque complètement perdu son ancrage, mais on remplace les activités de subsistance par les mines à charbon. L’espace se rétrécit à un moment pour que l’on traverse le Canyon del pato, où la route nous accompagne au travers d’une multitude de tunnels creusés à même le roc, où reculer est une manoeuvre parfois nécessaire pour pouvoir continuer.

Caraz – 15 au 17 octobre
Arrivés dans la région, nous sommes restés deux nuits ici afin de se poser un peu, se préparer, faire un peu d’admin, un petit classique. La ville comme telle est coquette, avec un joli petit centre, et est surtout plus humble que Huaraz, que l’on croisera un peu plus loin.
Parc Huascaran – camping – 17 octobre
Arrivés sur place, nous déboursons quelques soles pour un droit d’accès de quelques jours, et puis on nous désigne un endroit gazonné où l’on peut piquer notre tente. L’endroit est entretenu d’une quotidienne façon par les vaches du coin, qui nous laissent le tout aussi bien coiffé qu’un green de golf. La vue, mêlée de l’ambiance que la brume apporte, a son petit côté apaisant. Ce sera donc une bonne nuit (surtout pour moi, Antoine ayant quelques enjeux de sac de couchage et de mal de l’altitude), qui nous permettra de s’activer le lendemain.

C’est donc les sacs remplis de vêtements chauds, d’eau et de nourriture que nous avons débuté notre ascension vers la Laguna 69, une randonnée d’environ 4h30, passant de 3800 mètres à 4800 mètres, qui nous rapproche de la neige. C’était à couper le souffle, littérallement et figurativement. L’eau turquoise, quasi laiteuse, de la lagune… les pointes montagneuses, tranchantes sur le ciel parfois bleu… les vues sur les vallées… une activité qui m’aura donné envie d’y revenir pour d’autres treks de quelques jours au travers des sommets.
Huaraz – 18 octobre
Ainsi, après cette journée qui nous aura rougit les joues et accentué le sourire, nous sommes arrivés dans cette ville, reconnue comme la plus touristique de la région. Elle l’est en effet, et bien qu’elle ne soit pas déplaisante, elle me semble surtout être un centre d’où partent les randonneurs. Une surprise que nous y avons trouvé, toutefois, fut un souper de… raclette! Une fois de temps en temps, se rappeler les doux soupers entre amis ou en famille à la maison… juste cette image réchauffe le coeur.


































