Équateur – retour sur le continent

Après nos dix nuits passées dans cet espace-temps parallèle que furent les îles Galapagos, nous sommes revenus sur notre chemin. Littéralement, car nous avons retrouvé notre voiture laissée à notre hostel de Quito, pour une dernière soirée à profiter de ce que l’on avait apprécié lors de notre passage. Nous avons repris la route dès le lendemain vers nos prochaines étapes.

Cotopaxi – 4 au 6 octobre

Ce volcan est presque mythique. Avec son aspect cônique parfait et sa petite dentelle de neige au sommet, il est la représentation même de l’image que l’on peut se faire d’un volcan. Nous avons donc sorti la tente (enfin!), pour profiter de l’air quasi hivernal de l’endroit, emmitouflés dans nos manteaux devant le feu.

Aussi, comme il s’agit d’un parc national, quelques petites randonnées sont possibles. Notamment, une montée au refuge qui sert aux alpinistes qui se rendent au sommet. Ceux-ci quittent le refuge à minuit, piolet en mains et crampons aux bottes, pour espérer arriver pour le lever du soleil au sommet. De notre côté, nous étions légèrement acclimatés, mais peut-être pas suffisamment pour monter gracieusement. Car nous l’avons fait avec une respiration difficile, des arrêts et quelques vertiges. On commence, là, on se gardera de hauts sommets pour une prochaine fois.

Cotopaxi

Cotopaxi

Cotopaxi
Il y a pire comme site de camping…
Cotopaxi
Antoine qui admire le vide devant lui, un vide pourtant bien rempli de poussière volcanique, de vent et de beauté.
Cotopaxi
On se sent tout petits devant l’imposant volcan, souvent couvert de son foulard de nuages. Ici, parmi quelques arbres, tout au fond de la vallée, on peut distinguer notre minuscule tente bleue.

Alausi – 6 au 8 octobre

En quittant le Cotopaxi, nous n’étions même pas certains d’où nous dormirions le soir-même. Nous avançions tout simpement, tant que la motivation y était. Mon regard se posait sur chaque petit détail possible. Comme une toute petite dame, presque qu’anachronique, portant sur son dos tant son sac de foin que toutes ses traditions, qui traverse une autoroute entre deux stations d’essence de grande chaîne. Mais qu’est-ce qui est anachronique dans le fond. L’autoroute ou elle? Ici, le débat est réel.

Après quelques heures de route, je me rends compte qu’il y a quand même beaucoup d’arbres fraichement coupés sur le bord de la route. À un moment, je remarque que la moitié de la route est obstruée par de la terre, des roches, des troncs à demi brûlés. Et là je réalise : oh oh, les routes bloquées, elle l’étaient fermement. Et quelques kilomètres plus loin, la fermeture est malheureusement encore effective. Malgré nos efforts afin d’éviter le conflit social, nous allions tout de même en être témoins un peu. Le choix qui s’offrait à nous n’était donc pas bien, bien complexe : rebrousser chemin (pour donc perdre des heures), ou prendre une route de montagne contournant le blocage (pour donc perdre des heures, mais dans de nouvelles routes). Nous avons donc joyeusement choisi de se lancer dans les petites routes. Le “joyeusement” s’est invité un peu plus tard, pour être bien honnête, notamment lorsque nous avions regagné l’espoir que notre solution en était vraiment une. Ainsi, lorsque nous savions que nous allions réellement arriver à destination, nous pouvions profiter du luxe d’avoir le temps de poser nos yeux sur les paysages magnifiques et la vie quotidienne qui y prend place.

Nous avons donc gravi la chaîne de montagne, qui s’impose comme une patte d’éléphant sur le territoire, lourde, dont chaque doigt s’étend en coulée de lave. L’œil seul ne réussit pas à tout voir, tout regarder, d’un seul coup. Et à ces hauteurs, parmi les champs en montagne, nous nous retrouvons dans un espace temps qui semble n’appartenir qu’aux Andes. Les dames, parées principalement de leur dignité, et accessoirement d’une longue jupe noire, d’un chapeau panama, d’un gros foulard très coloré et de boucles d’oreilles en or, n’ont d’autre possibilité que d’imposer leur prestance au passant. Car même chaussées de bottes de pluie et tirant 2, 3 bestiaux, leur élégance n’a d’égal que la profondeur de leur retard. Elles sont tout simplement magnifiques. Et leurs maris vont aux champs en pantalons à plis, chemise et veston, comme si la récolte était un bal.

À un moment, nous avons réussi à percevoir la ville qui devait nous accueillir pour la nuit, en contrebas. Notre estimation naïve nous promettait que nous y serions dans… bof… maximum 45 minutes. Hélas, notre route s’accrochait comme une guirlande sur les chemins de montagne, à un kilomètre d’altitude additionnelle… nous avons donc fini par y arriver quelques heures plus tard.

Alausi
Vue de la ville sur notre route.

Arrivés en ville, nous pouvions la vivre plus naturellement, puisque nous étions les seuls touristes. Un autre effet des fermetures majeurs d’autouroutes dans le pays : notre fidèle véhicule pouvait nous permettre de tenter de cahoter dans la campagne, mais les autobus ne le pouvaient pas.

Alausi
Ici, on ne peut éviter le brouillard qui s’invite avec la tombée du jour
Alausi
L’un des parcs de la ville, qui lui confère une ambiance confortable, accueillante

Un de mes coups de coeur aura été une randonnée que j’aurai faite pendant qu’Antoine prenait une journée de travail. Le chemin m’amenait à une protubérance rocheuse qui surplombait trois grandes vallées, voire canyons, qui se rencontraient à cet endroit. El nariz del diablo, ou le nez du diable, portait mal son nom. Rien de criait enfer ni Lucifer, mais plutôt légèreté, liberté et abondance. Le seul individu que j’ai rencontré sur mon chemin fut un petit bourriquet, piqueté sur mon étroit passage. Il était craintif, mais peut-être pas autant que moi. Je le voyais déjà m’enlignant vers la falaise d’un coup de sabot, il a donc fallu que l’on s’apprivoise tranquillement. Et oui, je lui ai parlé pour ce faire. Misère. Un peu plus loin, le sentiment de marcher sur le fil de fer qu’était la crête d’El nariz, légèrement soufflée de chaque côté par le vent qui montait de la vallée, m’aura fait ancrer chaque pas un peu plus fortement. L’ensemble de l’expérience était à couper le souffle.

Nariz del diablo
À mon départ, je pouvais jeter un oeil derrière moi sur Alausi
Nariz del diablo
Le petit sentier qui se prolongeait au milieu du vide, entre les vallées, sur facilement les prochains 2km

Nariz del diablo

Cuenca – 8 au 10 octobre

Après cette pause de calme et de plein air, nous sommes allés visiter Cuenca, une ville certes coloniale, mais également très moderne. Ainsi, les bâtiments de bois et de pailles se collent aux immeubles à inspiration suédoise ou japonaise (à mon humle avis, du haut de mon absence de recherche approfondie en architecture comparée). Mais en fait… de nos jours les inspirations se partagent, et la fusion est de plus en plus présente.

Cuenca

Cuenca

Les marchés.

Quelques images de la ville

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