Lorsque l’on prend le temps de réfléchir à de petites choses qui nous font sourire, la réponse est parfois simple. Pour ma part, l’une de ces réponses serait un ciel bleu, le plus foncé qu’il lui est possible lorsque le soleil est à son zénith, sur lequel se découpent parfaitement les arbres, les nuages, les pierres, les fleurs. Comme si je me plaisais à me délecter tout simplement du regard que la nature me laisse poser sur ce qu’elle déroule elle-même. Pour son seul bénéfice ne l’oublions pas, nous ne sommes que les privilégiés à pouvoir profiter de son spectacle. Car elle, je doute qu’elle puisse s’assoir, une fin d’après-midi, sous un de ses arbres avec un petit verre de rosé, pour nous regarder dans toute notre beauté. C’est peut-être l’une des chances de l’humanité. Medellín est l’endroit parfait pour se laisser aller à cette contemplation.

Medellín – 7 septembre au 12 septembre
Dans son ensemble, la ville est d’une exquise beauté. Tous les petits blocs de maisons en briques qui se collent les unes aux autres et se supportent pour cumuler quelques étages, se rendant toujours plus haut sur les montagnes. Car Medellín est lovée au creux d’une vallée, qui lui permet de profiter du climat des montagnes. Magnifiquement beau et chaud (et sec) durant le jour, et juste assez frais le soir. On lui prête d’ailleurs le qualificatif de ville de printemps éternel. Elle s’étend donc joliment entre beaucoup de verdure, des palmiers aux pins, en passant par toutes sortes de plantes, arbustes et arbres, parfois colorés mais toujours luxuriants.
Mais ce n’est pas tout, puisqu’en plus d’être belle, elle est aussi bien organisée pour le transport, avec métros, tramway et téléphériques. Et lorsque l’on embarque dans l’un de ces derniers, Medellín n’est plus simplement belle, elle devient majestueuse, et n’a plus rien à cacher.

Nous avons fait un tour dans ce que l’on appelle la « Comuna 13 ». En fait, la ville est divisée en seize Comunas, portant un chiffre de 1 à 16 (et habituellement un nom également), qui à leur tour sont divisées en districts et quartiers. La treizième est connue pour avoir apparemment été citée à plusieurs reprises dans la série Narcos, mais laissez-moi vous la présenter sous son nom : San Javier. Au delà de ses mythes, car il semble y en avoir plusieurs, elle est maintenant un symbole de fierté pour la ville. Un symbole d’une réussite, aussi. Car bien que tout ce qui aurait été écrit à son sujet n’est pas nécessairement vrai, il demeure que son passé est en effet lié à beaucoup de pauvreté et de violence. La Comuna a démarré en mode bidonville, ou slum, selon le terme que vous préférez. Ce que cela signifie, c’est surtout que les maisons, plutôt en bois ou en matériaux réutilisés, se sont improvisées sans droits légaux. Puis, progressivement, les terrains se sont régularisés et la brique a remplacé les constructions à visée temporaire, ou de survie. Puis, confrontée à des enjeux de criminalité et de violence, la ville a tenté une expérience : installer six escaliers mécaniques (en 2011) afin de favoriser les déplacements rapides. Cela peut sembler anodin, mais si vous devez marchez des heures pour vous déplacer, commercer, vous instruire ou travailler… vos moyens de rehausser votre niveau de vie s’en trouvent limités. Et donc, radicalement, ces escaliers permettaient une plus grande mobilité. Jumelé à certaines interventions, et possiblement ententes entre gouvernement et gangs criminels visant une relative paix, l’endroit s’est progressivement sécurisé. Depuis les 2-3 dernières années, à ce que l’on nous a dit, il est d’ailleurs ce que l’on pourrait qualifier de touristique. Même de jeunes adolescentes rencontrées dans un téléphérique de l’autre côté de la ville, qui nous ont abordé avec un rire gêné pour pratiquer 1 ou 2 mots d’anglais, nous en ont parlé. Sans en être résidentes. C’est donc dire à quel point c’est devenu un symbole. Et donc, nous avons pris un tour avec un guide qui nous a montré quelques graffitis (ou plutôt murales artistiques de grande qualité), et nous a parlé de son expérience ayant habité toute sa vie ici.

Après cette portion plus instructive, notre guide nous a laissé en haut de la Comuna vers 19h, et une partie de fútbol était déjà en jeu depuis 30 minutes. Colombie contre Venezuela, déjà 2 à 2. Comme j’avais vraiment envie de vivre l’expérience de regarder une partie, avec les partisans, nous nous sommes donc installés pour profiter de l’ambiance et de la vue, et ciel que l’excitation était à son comble! Le résultat final de 6 à 3 pour la Colombie nous aura servis en termes d’émotions! Et au fútbol… c’est quand même beaucoup de buts, une partie moyenne est à mon avis un peu plus… calme. Et à chaque but, tout le monde crie, on met de la musique, on danse, on se moque gentiment du seul qui supportait le Venezuela. Et une fois la partie terminée, on tasse les tables et c’est le temps de la salsa. De notre côté, nous y avons un peu participé, mais nous avons aussi profité de la vue. Une vallée tellement large que les lumières de l’autre côté scintillent, pour notre plus grand bonheur. Assurément l’un des plus beaux panoramas que nous avons eu la chance de voir jusqu’à maintenant.
La ville dans son ensemble, pour la chaleur de sa couleur dorée, pour sa température, pour sa faune diverse et fleurie, pour ses gens… est probablement ma destination favorite jusqu’à maintenant dans ce périple.
