Jaisalmer, surnommée la Golden city (ville dorée, vous le constaterez sur les photos) est un incontournable du Rajasthan. Réputée pour son magnifique fort et ses balades à dos de chameaux dans le désert, nous comptions définitivement passer notre tour pour cette deuxième activité. Disons que notre petit tour de la veille, parmi les dunes avait achevé le peu d’intérêt que nous avions envers l’expérience. Si un jour j’ai à me rendre à quelque part et que le moyen le plus pratique d’y aller est le chameau, j’en chevaucherai un avec toute l’excitation du monde. Débourser des roupies pour peser sur le dos d’une pauvre bête traînée de force par un chamelier, le tout dans un environnement complètement factice, bof. Je n’ai pas de difficulté à me justifier moralement l’exploitation du chameau comme moyen de transport ou comme bête de somme; comme manège, si. De cette manière ou d’une autre, ils assistent quand même leur propriétaire à gagner sa vie et ainsi à pourvoir à ses besoins, mais le hic, c’est qu’il existe d’autres alternatives économiques. D’autant plus qu’un chameau de transport appartenant à une petite famille paysanne a bien plus de chances d’être correctement traité qu’un propriété d’un opérateur de tourisme et destiné à promener des badauds et générer du revenu.
Le lendemain de notre arrivée à Jaisalmer tombait sur la fameuse fête de Holi, célébration nationale de la venue du printemps, du renouveau et de l’amitié. La veille, des feux de joie sont allumés et le jour même, toute la population se retrouve dans la rue armée de sacs pigments de couleurs pour un grand rassemblement dont le concept est de se badigeonner mutuellement de ces couleurs tout en se faisant des accolades et en se souhaitant joyeuse Holi. Pour cette raison, Holi est plus connue dans l’Occident comme la fête des couleurs. Ce jour là donc aucun moyen de sortir de chez soi sans s’y coller. Pour les demoiselles, c’est un peu embêtant, car les Indiens, déjà souvent trop avenants avec les dames, ont la réputation d’y aller encore plus fort dans les attouchements lors du Holi (alcool aidant). Il se donne d’énormes fêtes à plusieurs milliers dans certaines villes indiennes, celle de Jaisalmer allait être plus tranquille et pour cette raison, c’était tant mieux. D’ailleurs, le fait que nous n’avons croisé pratiquement aucune indienne en dit long…
Nos deux amis sont venus nous rejoindre à notre auberge (déjà pleins de couleurs) et aussitôt sortis, il n’a pas fallu deux minutes qu’un groupe d’Indiens nous ont abordé les mains chargées de pigments. Du rouge, du vert, du rose, du bleu, du jaune, au fil de l’après-midi nous avons serrées d’innombrables mains, embrassés nombre de gens et nous sommes prêtés à maints selfies. Niveau attouchements, le niveau est resté relativement acceptable (selon les deux filles du groupe) Les rues du vieux Jaisalmer, d’habitude très fréquentées par les étrangers, avaient été rendues aux indiens pour l’occasion; quasiment aucun touriste sauf nous. La ville dorée avait définitivement prise des teintes arc-en-ciel. Lors de notre passage dans le fort, les résidents étaient même déjà affairés à nettoyer les environs de leurs entrées. Pour notre part, il nous a fallu à tous au bas mot une demi-heure de douche pour laver nos corps et vêtements. J’avais porté de vieux vêtements pour l’occasion afin de me prêter au jeu le plus possible. Pour être franc, j’ai quand même apprécié le moment.
En soirée, nous nous sommes tous retrouvés pour le repas. Après le restaurant, l’une de nos amis n’était pas partante pour aller prendre un verre à l’auberge et nous a faussé compagnie pour rejoindre son hôtel, situé à une vingtaine de minutes de marche. Un peu moins d’une demi-heure plus tard, nous la revoyons monter les marches menant au toit de notre auberge, les yeux en larmes et le tremolo dans la voix. Audrey, la questionne aussitôt sur sa présence et celle-ci répond qu’elle s’est fait mordre par un chien. Elle me montre les dégâts, mais heureusement la morsure est généralement superficielle, sauf un croc qui est parvenu à percer la chair. Là n’était pas le principal problème par contre, ce qu’il fallait redouter, c’était la rage. J’ai donc instruit Audrey d’aller aider la victime à nettoyer sa plaie avec du savon, puis suis aller voir le gérant de l’auberge afin qu’il nous dirige vers un hôpital, car le premier vaccin devait être donné aussitôt que possible.
À cet heure, seul l’hôpital gouvernemental était encore ouvert et le gérant s’est généreusement offert de nous y conduire. La procédure d’enregistrement consistait à se présenter à une guérite, payer 10 roupies, recevoir un papier (en Hindi) puis aller faire la queue devant le bureau du médecin. À cette heure et considérant la fête de Holi, je me serais attendu à une longue attente, mais il n’a fallu que quelques minutes avant que nous soyons vus par le médecin. Sans poser de questions, il a regardé le site de la morsure et rédigé une prescription. Malheureusement, la pharmacie était fermée alors il allait falloir qu’elle repasse demain matin pour sa première injection. Cependant, elle allait pouvoir recevoir ses antibiotiques, sa crème anti-septique et son vaccin contre le tétanos (gratuit!). La salle où étaient dispensées les injections avait peu à envier aux pires films d’horreur. Les lits étaient explosés, les murs en ruine, un mec (l’infirmier) sale bidouillait sur son téléphone et dans un coin, quelques poubelles débordant de seringues et de compresses usagées. Heureusement, la seringue était stérile; la technique d’injection, pas trop mais bon… En allant reconduire la victime à son hôtel, j’ai tout de même pris le temps de poser le questions que le médecin n’a pas daigné de lui demander: quels médicaments prenait-elle? avait-elle des allergies? des conditions médicales existantes? En fin de compte, elle était allergique à la pénicilline, alors je l’ai instruire de ne pas prendre son anti-biotique sans que j’aie au préalable confirmé avec des sources compétentes si elle pouvait le faire. Cette visite dans un hôpital indien avait tout même été intéressante. J’ai été content de voir que les soins y étaient complètement gratuits, mais la qualité du service et la salubrité de l’endroit a suffit a expliquer pourquoi l’Inde possède un système a deux vitesses.
Initialement, nous comptions ne passer que deux nuits à Jaisalmer, mais en raison de la fête de Holi, nous n’avions pas pu visiter quoi que ce soit. Nous avons donc rallongé notre séjour pour mieux explorer la ville dorée. En débutant par le fort et en terminant pas les petites rues à l’extérieur de son enceinte, nous avons pu constater à quel point Jaisalmer était une ville élégante avec toutes ses maisons de pierre travaillée, ses ruelles, ses petites scènes quotidiennes et sont caractère bien Rajasthanien. Cette soirée là, nous l’avons passé devant nos ordinateurs. En sortant dehors vers minuit, c’est la pluie qui nous a surpris (en cette saison [et en plein désert]). Et dire que nos deux amis québécois était en ce moment en train de dormir à la belle étoile après leur journée de chameau…
Bravo pour la photo où Antoine est maquillé au couleur de l’arc-en-ciel. Martine et moi nous sommes demandés laquelle des deux femmes à ses cotés est Audrey car ce maquillage déforme l’apparence?
Celle de droite (elle regarde la caméra). Sommes nous partis à ce point longtemps que vous ne reconnaissez plus Audrey?