Après quelques heures d’autobus animés de télévision et de musique Vietnamiennes et d’un trajet de taxi au compteur traffiqué, nous étions de retour dans la même auberge qu’il y a quelques jours. Après un repas à notre petit stand de bun cha préfé, nous sommes allés visiter la prison de Hoa Lo, originalement bâtie par les autorités coloniales françaises et plus tard reprise par le gouvernement Nord-Vietnamien. Les exposés étaient médiocres et la propagande grosse comme le bras. Les murs de cette prison on sans doute été témoins d’atrocités innomables, mais le manque d’objectivité flagrant laisse sérieusement douter sur la véracité des informations convoyées. La salle dédiée aux conditions de traitement des pilotes américains capturés pendant la guerre du Vietnam était particulièrement douteuse. Exposés y étaient des photos et des bandes vidéos montrant les captifs fêtant Noël, recevant des lettres de leur proches, jouant à des sports dehors, le tout placé en flagrant contraste avec le traitement que les Vietnamiens reçurent de la part des Français pour encore une fois donner du crédit au régime communiste.
En ce qui concerne la soirée, rien ne me vient à la mémoire, alors elle a dû se passer dans le calme. Ah oui en fait, nous avons bu quelques bières au bord du Lac de la Tortue en plein centre-ville. Le lendemain par contre a été chargé en activités. Debout tôt pour aller visiter le mausolée d’Ho Chi Minh, nous voulions être certain d’avoir des places, car ce dernier ne reste ouvert que jusqu’à onze heures et de ce que j’avais entenu de celui de Mao Zedong en Chine, il fallait faire la file longtemps. D’autant plus que les Vietnamiens sont très matinaux. Lors de notre arrivé, aucune queue et rapidement nous avons été attachés à un groupe de touristes pour aller en deux rangs les bras le long du corp défiler devant la dépouille de l’oncle Ho. Encore une drôle d’expérience dont personne n’a pu prendre de photos. Le reste de la visite s’est déroulé autour du palais présidentiel et dans un musée dédié au leader communiste. Encore de la propagande.
Suivant le plan de la journée, notre prochaine étape devait être le musée de la guerre, lequel nous avons visité en très peu de temps car … c’était encore de la propagande sans valeur historique. Une collection de textes désarticulés, d’objets divers et de butin de guerre français et américain fièrement exposé. Fatigués par ces visites inutiles, nous l’avons donc abrégé le plus possible. Comme Yves-Étienne partait le lendemain, il voulait se réserver l’après-midi pour aller en quête de souvenirs, notamment du café de fouine (weasel coffee), plus précisément des baies de café mangées par l’animal et ensuite excrétées par ce dernier pour ne laisser que la graine. Pendant notre session de shopping, nous avons rencontrés Jaclyn, une fille dont nous avions fait la connaissance à Hoi An et que nous nous n’attendions pas à voir ici. Comme elle avait une heure à tuer avant son autobus, elle se joigna à nous pour aller faire une dégustation de ce fameux café. Rien de spectaculaire, mais aucun d’entre nous n’était fin connaiseur du breuvage. Yves-Étienne en a quand même acheté un sac pour la nouveauté et histoire d’avoir quelque chose à rapporter à sa copine.
Normalement, Jaclyn aurait dû se trouver au Laos à l’heure qu’il était, mais elle et Théodore, entre Hoi An et Ha Noi, s’étaient faits arrêter pour avoir installés leurs hamacs trop près d’une prison. Ils ont eu beau répéter à la police qu’ils ne l’avaient jamais vu, ces derniers les ont quand mêmes gardés en surveillance pendant trois jours pour finalement les laisser en liberté; moins la moto. À leur place, j’aurais appelé mon ambassade, mais ils ont préférés se sortir de la merde tout seuls. Remaquez que dans ce genre de pays, ça l’aurait potentiellement pu envenimer la situation encore plus. Cette journée devait donc être les grandes retrouvailles de nos connaissances de voyage, car le soir même, Yom, lui aussi rencontré à Hoi An, devait nous rencontrer un peu plus tard.
Une fois en compagnie de Yom, pour le dernier repas du voyage nous sommes allés nous payer un burger à un prix occidental (c’est à dire très cher pour le Vietnam) et ce fut tout. Devant l’auberge buvaient un Danois et quelques autres personnes avec qui nous avions discutés une peu plus tôt au bar de l’auberge et la décision a été prise de les joindre un moment. Le périple Vietnamien d’Yves-Étienne allait donc se conclure sur cette activité. Il est parti se coucher un peu plus tôt que moi. Nous nous étions dit au revoir la veille, alors à mon réveil le lendemain, il était parti.
À nouveau seul, mais pas désoeuvré. Au cours des derniers jours, j’avais mûri le plan de passer les dix jours qu’il me restait sur une moto louée afin d’aller explorer le nord du Vietnam sur une Honda Win 100, l’engin que j’aurais acheté si j’avais poursuivi mon voyage, car je comptais aller faire le Laos et le Cambodge à moto. J’avais trouvé la machine la veille alors après la routine matinale, je suis allé en prendre possession, l’ai ammené devant mon auberge, y ai attaché mon sac et suis parti. Dans quelle direction? Franc nord. Le Vietnamien qui m’a loué m’a moto, m’avait glissé mot en me donnant une carte que l’extrême nord du pays était là où se trouvaient les plus beaux paysages. Normalement, c’était un périple qu’il faisait en dix jours, mais j’en avais au gros maximum neuf.
Photos: Yves-Étienne Landry