Le trajet de Hoi An vers Hué (ou vice-versa) a été rendu populaire par l’émission de voiture britannique “Top Gear“, où pour un épisode les hôtes devaient parcourir le Viet Nam à moto en deux semaines de Ho Chi Minh ville à Hanoi avec comme slogan “We’re gonna do in eight days what the Americans could not do in eight years”. Yves-Étienne, ayant visionné l’épisode en question, était plutôt excité, car comme le confirmait le site d’Easy Riders, qui en fait avait un tour spécialement destiné à ce trajet, ce dernier avait été qualifé par Top Gear de “Ride of Lifetime”. J’avais moi aussi hâte de voir. Mr. Thàn à l’heure nous sommes sautés en selle, mais la journée commença par des problèmes de casque et la moto de Yom qui peinait à démarrer. Un détour chez Mr. Than et un plein plus tard, nous nous sommes mis en route vers notre premier arrêt: la montagne de marbre aux abords de Da Nang. J’en avait déjà vu de ces collines transformées en temples et celle-ci s’avéra être assez standard, mais mes amis étaient manifestment charmés par l’endroit et pour être franc, ce genre de visite est beaucoup plus agréable en groupe que seul. L’atmosphère à l’intérieur de la grotte principale se prêta à quelques jeux photographiques aux résultats très intéressants et finalement, même si le lieu était évidemment adapté à la population des resorts de la région, nous y avons passé un bon moment, couronné par des paris sur le nombre de “You buy something?” qui allaient nous être dirigiés à la sortie de la montagne en passant par les étals de souvenirs. De la rigolade au dépend des Vietnamiens.
Yves-Étienne circulait en moto semi-automatique, du type sur lequel il avait fait ses armes à Da Lat et Yom avait un scooter bien standard, car peu expérimenté. Pour ma part, Mr. Than m’avait prêté sa propre moto, une Honda 125cc à l’allure custom, sa fierté, car au Vietnam, 99% des motos sont du type de celles de mes amis. Mis à part diverses pauses pour observer le paysage et se faire emmerder par des vendeuses de bricoles stratégiquement disposées là où la vue est la plus belle, l’arrêt suivant a été le col de Hai Van. La montée vers celui-ci fut spectaculaire et je dois avouer que comme première expérience de moto, mes amis furent gâtés par le moment. Une belle route serpentant dans les montagnes vers le col duquel un flot de nuages de déversait. Une fois là-bas par contre, nous nous sommes retrouvés dans un brouillard qui limitait la visibilité à une centaine de mètres. De l’autre côté du col, c’était la même histoire, le climat était sensiblement différent du soleil radieux qui nous avait accompagné jusqu’à présent.
Une fois redescendus, nous nous sommes arrêtés à un restaurant pour le déjeûner et aussitôt que nous avons repris la route, une légère pluie s’est mise à tomber au grand désarroi de mes amis. Effectivement, en moto, on s’expose aux éléments. Mr. Than nous a arrêté sur le bord de la route et a donné des combinaisons imperméables à Yves-Étienne et Yom. Moi, je m’en sortais pas mal, car le carénage de ma machine me protégait d’une bonne partie de l’eau et de toute manière, j’étais habitué a faire de la moto trempé. C’était de la petite pluie, j’avais vu bien pire, du genre de précipitation que peu importe le vêtement, on est innondé quasi instantanément. À un moment, nous avons bifurqué sur des routes secondaires pour aller voir les Chutes de l’Éléphant (moi qui croyait qu’il y allait avoir de vrais pachidermes), des rapides dont les berges avait été envahis par des restaurants destinés aux touristes vietnamiens. Le décor était tout de même enchanteur et avec le ciel gris, l’humidité et le son de la pluie en pleine forêt, le tout se combinait en une atmosphère fraîche et visuallement plaisante. J’ai donc trouvé que la détour valait le coup, d’autant plus que pour remonter le rapide, il fallait sauter de pierre en pierre. Loin d’être de l’escalade, c’était par contre un exercice de dextérité qui d’ordinaire m’amuse beaucoup et cette fois n’y faisait pas exception. En ce qui concernait le trajet de moto, la pluie avait rendu la piste un peu difficile à négocier pour mes amis novices, mais vite fait nous sommes retournés sur la route principale avec la pluie qui nous accompagnait toujours.
Quand même, “The ride of lifetime”? Nous partagions la route avec camions et autobus acoompagnés de leur klaxonnage intempestif. La limite de vitesse pour les motos au Vietnam étant en deça des celles des autres véhicules plus gros avec en plus la pluie, nous étions forcés de circuler sur l’accottement (TRÈS DANGEREUX). Yves-Étienne suivait Yom d’un peu trop près et lorsque celui-ci donna un coup de frein, il enfonça à son tour par réflexe le frein avant de sa moto ce qui à cause du gravier et du manque d’expérience, le précipita sur la chaussée. Merde. Je me suis tout de suite arrêté pour lui porter assistance, mais les Vietnamiens l’avaient déjà relevé. Après questionnement sur son état physique, c’était plus de peur que de mal, mais le sentant quand même fébrile et encore sur l’adrénaline d’une situation qui aurait avoir une issue beaucoup plus grave, j’ai convaincu les autres qu’il fallait mieux prendre un pause pour que tout le monde puisse se ressaisir. Ses vêtements l’avais protégé, il avait une hanche et un coude un peu endolori et une légère coupure sur la cheville mais c’était tout, le reste de l’équipement, incluant le casque, avait absorbé le choc. Ironique, la soirée d’avant au bar, lorsque nous avions trinqué à la journée présente, j’avais explicitement porté mon verre à ce que personne ne se plante.
Lorsque nous avons repris le chemin, Mr. Than, qui n’allait déjà par très vite, ralentit encore plus le rhythme. Un peu plus tard, après avoir circulé un moment dans le traffic d’Hué, nous sommes tous arrivés sain et sauf à notre point d’arrivé, là où nous devions laisser notre guide et les motos. Bien que peu locace, il avait tout de même fait un bon travail et avait livré la marchandise; les intempéries et accidents étant hors de son contrôle. En voyant son visage s’illuminer à la vue du pourboire que nous lui avons laissé, lui aussi fût apparament satisfait de nous avoir eu comme clients.
Que d’expériences quand même, montagne, pluie, accident, traffic, la totale pour les deux autres qui n’avaient pratiquement jamais conduit de moto de leur vie. Yom était à une auberge différente, alors après un souper de pizza pour nous récompenser d’une journée productive au niveau tourisme, nous avons pris congé de lui pour aller acheter des billets de train pour Hanoi. Au retour de la gare et contents de ne pas avoir à prendre l’autobus encore une fois, Yves-Étienne, draîné par sa journée, parti se coucher tandis que j’ai rejoint Yom à son auberge pour passer un dernier moment en sa compagnie.
Photos: Yves-Étienne Landry
Visiblement tu aimes le Vietmam