Le Vietnam partie 4 – Hội An

La vielle ville de Hoi An
La vielle ville de Hoi An

Contrairement à l’autobus Dalat-Nah Trang, nos conducteurs avaient le service à la clientèle à coeur et bien qu’ils ne se rendaient pas jusqu’à Hoi An, ils nous ont quand même par leurs propres soins transféré dans un autre autobus qui y allait. Nous n’avions pas encore d’auberge et une fois débarqué, il est devenu évident que nous n’étions pas seuls dans cette situation. Accompagnés d’un français, Yom et d’une canadienne de l’Alberta, Jaclyn, tous deux plusieurs mois dans la région, nous avons erré un moment dans la ville pour vite nous rendre à l’évidence qu’Hoi An était tel qu’elle nous avait été décrite, belle et charmante, mais autrement un immense magasin de souvenirs doublés d’hôtels de luxe et de restaurants chers. Il devait s’y trouver des options plus aborables, alors au premier café wifi, nous nous sommes arrêtés pour vérifier ce que l’internet avais à nous offrir. Beaucoup mieux, le Sleepy Gecko, pas directement dans la ville, mais selon sa description et les critiques, l’endroit que nous cherchions. Cette contrainte écartée, nous sommes restés une bonne heure supplémentaire attablés devant nos verres vides à parler de tout et de rien.

DSC00191Yom, en raison d’un anglais fonctionnel mais pas vraiment à la hauteur de nos conversations, se contentait d’écouter, posant quelques questions de temps à autres pour raccrocher le fil, mais Jaclyn débitait et débitait des paroles. Une maîtrise faite en trois ans, une traversée du Canada sur le pouce, ceinture noire de je ne sais plus trop quel art martial et dans la moitié d’une famille de sept enfants avec pas moins d’une centaine de cousins. De l’Alberta elle venait? À tout le moins elle avait des idées intéressantes, mais vite je commençais à me douter de certaines choses par rapport à sa personne. Plus tard, nos affaires en sécurité (relative) à l’auberge et une petite session de piscine pour nous rafraîchir, nous sommes retournés en ville pour nous trouver un restaurant et ce faisant continuer à parler. Là tout se mit en place, Jaclyn ainsi que tous ses frères et soeurs, avait été éduquée à la maison pour des raisons évidemment religieuses et son bac et sa maîtrise avait été complétés à distance. Ses soeurs plus vielles étaient bien entendu toutes déjà mariées avec de la marmaille à revendre. Elle par contre se décrivait un peu comme le cygne noir de sa famille et avait choisi dans le moment de mettre son dessein (enfanter de petits chrétiens) en suspend et de prendre le sac à dos pour aller explorer le monde, décision inusitée dans son millieu où la vie est dictée par la tradition chrétienne. On ne défait pas une vie d’éducation rigoureusement religieuse, surtout pas dans ce genre de contexte, mais Jaclyn avait l’esprit auto-critique et avait visiblement beaucoup questionné l’existence et avait par conséquent des opinions intéressantes et parfois relativement avant-gardistes. Son principal défaut, fruit d’une scolarité hors d’un milieu social conventionnel, se déclinait en un constant besoin d’affirmation, comme si les interactions avec autrui devaient être une sorte de compétition. Enfance normale ou pas, les gens en manque de confiance en eux ou vantards se retouvent partout, mais dans son cas, il était d’autant plus surprenant qu’elle avait décroché une maîtrise en travail social et leadership. N’empêche qu’elle était une personne fascinante. Après le repas, la visite d’un temple et de l’investigation quant aux possibilités de plongée sous-marine dans les parages, Yom et moi nous séparèrent des deux autres; moi pour travailler, lui pour aller se fumer un “pétard”.

Un autre temple...
Un autre temple…

La soirée se passa de la même manière que la journée, sauf que là, je sorti mon whisky, duquel le propriétaire du Sleepy Gecko, un viel anglais marié à une Vietnamienne (beaucoup plus jeune) réclama plusieurs verres sous le prétexte du “corkage fee”. C’était un Ballantine’s 12 ans que j’avait acheté à l’aéroport, son préféré semblait-ils. En effet je l’appréciait moi aussi de plus en plus, même si pour ma part je préfère les Single Malts bien fumés et boisés, ceux qui donnent l’impression que l’on “chique de l’herbe” pour reprendre une expression de mon cousin. Théodore, un autre français, lui parcourant le Vietnam à moto était de la partie avec de belles histoires de réveil en camping par une bande de Viets armés de machettes désireux de lui soutirer sa moto et son matériel ainsi que de blessures de moto particulièrement hideuses. Porter des pantalons longs en moto? C’est effectivement une bonne idée. Théodore, habitué à conduire ces machines en France le savait très bien sauf que là, jouant de malchance, il portait des shorts et sur un cour trajet s’est brûlé l’intérieur du mollet sur son pot d’échappement. Deux jours plus tard, lors d’une perte de contrôle dans laquelle il était complétement habillé, la friction du tissu contre sa brûlure qui devait être au deuxième degré a arraché une bonne couche de la peau déjà très affaiblie. Ouch.

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Le matin suivant, Jaclyn nous quitta sur le dos de la moto de Théodore. Dans l’après-midi et après avoir réservé une plongée pour le lendemain, Yom, Yves-Étienne et moi louèrent des vélos pour aller explorer les alentours d’Hoi An. De rustiques villages de pêcheurs, des rizières, le trajet vers la plage a été d’une réelle beauté. Une fois sur la côte par contre, nous avons retrouvés nos amis Russes et leurs beaux gros hôtels. Les gardes de sécurité sur place voulaient nous charger 5000 dongs par tête pour garer nos vélos, car il était interdit de les avoir avec nous sur la plage. J’ai déplacé le mien un peu plus loin, mais ces derniers me suivirent avec un cadenas, me menaçant d’une amende pour le débarrer. J’ai alors fait une scène à mes compagnons pour que nous nous déplaçions vers une longeur de plage moins développée. Eux visiblement n’étaient pas dérangés par la perspective de payer 25 cent de stationnement, mais moi par principe, je refusait.

Champs aux abords de la ville
Champs aux abords de la ville

Nous sommes alors allés un peu plus loin sur la route et après une courte reconnaissance, nous avons trouvé une section de plage déserte. Un peu plus tard, un groupe pêcheurs est arrivé et nous ont demandé de l’aide pour mettre à flot leur barque qui devait les ammener à leur bateau amarré non loin du rivage. Nous avions vu plusieurs de ces barques parfaitement ronde faites de bambou tressée depuis notre arrivée sur la côte et nous nous demandions comment les Vietnamiens s’y prenaient pour les contrôler avec une seule rame et cette fois ci, nous avons eu notre réponse: en faisant des huits. Nous avons repris la route vers Hoi An et une fois en ville, j’ai aperçu un homme à moto arborant le logo d’Easy-Riders, une compagnie pan-Vietnamienne offrant des tours de moto dans le pays. Comme nous considérions nous rendre jusqu’à notre prochaine destination de cette manière, je suis allé me renseigner auprès de l’homme pour connaître les prix et son offre a été plutôt intéressante: 90$ pour trois machines et lui comme guide jusqu’à Hué. En en discutant avec mes compagnons, je vis qu’eux aussi étaient chauds à l’idée d’une petite aventure à deux roues. Après un dîner de bouffe de rue, moi et le proprio avons mis fin à l’existence de la bouteille de whisky. Soirée tranquille, car il fallait se lever tôt le lendemain pour aller plonger.

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Prêt a plonger
Prêt a plonger

La navette nous a ramassé Yves-Étienne et moi à l’heure prévue et bientôt, nous étions sur le bateau de la compagnie en route vers le parc aquatique. Comme mon ami devait faire une plongée de découverte, il a été rapidement pris à part par un instructeur tandis que j’ai été assigné à du matériel et ai reçu le briefing pour la première plongée. L’eau devait être à 21c, c’est à dire froide. Vu que mon ordinateur de plongée avait décidé de ne plus fonctionner par manque de batterie, je n’ai jamais eu la température exacte, mais après une courte demi-heure sous-l’eau, j’ai perdu la sensation de mes mains et avec cette dernière toute forme de dextérité. La visibilité n’était pas excellente et autour de nous, il n’y avait pas grand chose à voir si ce n’était qu’une certaine variété d’étoiles de mer et des coraux qui m’étaient inconnus. Vers la fin de la plongée, nous avons croisé le groupe de plongeurs de découverte et malgré mes tentatives d’aller saluer Yves-Étienne, ce dernier ne m’a pas aperçu, probablement trop subjugué par cette nouvelle expérience.

DSC00218Une fois de retour à bord du bateau, mon ami m’informa moi et le personnel qu’il n’allait pas faire sa deuxième plongée en raison d’une douleur persistante à une oreille. Dommage, mais ce n’est pas vraiment plus mal. Je considère toute forme de plongée une expérience passionante et celle-ci n’y faisait pas exception, mais sur mon échelle personelle, c’était un deux sur dix. Principalement par la faute de la visibilité et de la température. Vu que j’étais sorti de l’eau complètement frigorifié, j’ai fait mon possible pour me réchauffer, car l’intervalle de surface allait être court. Par chance, on m’a trouvé une combinaison de torse avec un capuchon intégré. La deuxième fois sous l’eau a été une expérience beaucoup plus plaisante, de un parce que le capuchon – même si trop grand et me causant des problèmes de flottabilité en raison des bulles qui s’y logeaient – a beaucoup aidé et parce que nous avons fait la rencontre de quelques animaux hors du commun. Notamment un poisson lion d’un type que je n’avais jamais vu, des étoiles de mer “couronne d’épines” en abondance, un poisson pierre et le dernier et non le moindre, une seiche que j’aurais adoré observer plus longtemps. Une fois revenus à la surface, le bateau nous a emmené à une plage sur l’île avoisinant où nous avons déjeuner à un restaurant de fruits de mer et où nous nous sommes ensuite prélassés quelques temps avant le retour au port.

Sur la plage
Sur la plage

La plongée fut une affaire d’une journée entière avec le repas inclus, pas mal pour 80$. En en discutant sur la bateau, Yves-Étienne était excité par l’idée d’aller en moto à Hué (Yom aussi) alors une fois à l’auberge, nous avons fait appelé Mr. Than, l’homme d’Easy-Riders pour organiser la journée du lendemain. Une fois sur place, il m’a fait savoir que le prix estimé d’hier était trop bas et a augmenté son offre à 130$, ce qui restait une très bonne

Marché de Hoi An
Marché de Hoi An

affaire compte tenu de la prestation. Le tout nous semblait en règle d’autant plus que son offre cadrait avec ce qu’il y avait sur son site web. La seule accroche était son anglais, qu’il prétendait maîtriser parfaitement, mais qu’en réalité il ne parlait presque pas. Une fois entendus sur l’heure de départ avec notre guide, nous sommes allés en ville pour un autre dîner de bouffe de rue et un petit tour au “dive bar”, débit de boissons affilié au club de plongée. Après la shisha, Yom rentra tandis qu’Yves-Étienne et moi avons migré vers un autre endroit histoire de donner une chance au nightlife d’Hoi An. Il y avait du potentiel, mais nous devions partir tôt le lendemain alors après quelques autres bières, ce fut l’heure d’aller nous coucher.

Photos: Yves-Étienne Landry

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