Kobe
Melissa ne semblait pas avoir de plans définis pour la suite de son voyage alors je lui proposa de m’accompagner à Kobe, ville célèbre pour son boeuf éponyme. À ma grande surprise, elle accepta alors c’est en sa compagnie que je repris le Shinkasen vers l’est. Selon les dires de Neil, Kobe n’a pas grandioses attractions touristiques, du moins pour le Japon, mais ce qui lui fait défaut en temples et musées elle compense par une atmosphère généralement agréable et des beaux quartiers où il fait bon se promener. C’est exactement ce que nous y trouvâmes alors les jours suivirent furent non pas riches en visites, mais remplis de longues marches et de discussions agréables sur tout et rien comme en atteste le peu de photos que j’ai de cette ville.
Tout de même, nous ne pouvions pas quitter la ville sans essayer sa célèbre viande et un soir, malgré son coût exorbitant, nous décidâmes de lui donner une chance afin de vérifier par nous mêmes si élever des vaches selon un régime de bière et de massages quotidiens n’est pas une de ces aberrations Japonaises comme il en existe tant dans ce pays. Heureusement, nous étions deux car à 60$ pour pas plus de 200 grammes, ce n’est pas quelque chose que j’aurais entrepris par moi-même. Sur la panoplie d’images affichées dans les dépliants touristiques et sur les devantures de restaurants l’on pouvait voir une viande marbrée de blanc (de gras donc) et vite nous supposèrent que tout l’attrait n’était pas vraiment dans la qualité extraordinaire du muscle lui-même, mais dans sa haute teneur en lipides. La première bouchée confirma notre théorie. Oui, le boeuf de Kobe est très goûteux, mais si vous en voulez une très bonne approximation la prochaine fois que vous mangerez un steak, découpez une tranche de gras et disposez-la sur ne bouchée de viande avant d’avaler le tout. En réalité, le boeuf de Kobe n’est rien d’autre qu’une coupe extrêmement grasse et tendre, mais vu que la perspective d’avaler un morceau de gras pur dégoûte la plupart, d’intégrer la chose dans les fibres même du muscle fait mieux passer le morceau.
La cuisine Japonaise
Kobe s’avéra tout de même des plus intéressantes au niveau cuisine, non pas parce qu’Hiroshima n’avait aucun attrait culinaire, mais parce que Melissa acheva de me convaincre qu’il était effectivement possible de manger bien et pour très peu cher au Japon en m’indiquant les endroits où aller. Je relégua donc mon paquet de pâtes aux ordures de décida que dès lors, j’allais profiter de la nourriture Japonaise qui vraiment, fut dans son ensemble à la hauteur de mes attentes et fidèle à sa réputation. Le sushi n’est que la pointe de l’iceberg. La variété est hallucinante et même dans les restaurants de type fast-food (nippons bien sûr), pour 3 ou 4 dollars on mange des plats de qualités servis bien sûr avec la célèbre politesse de ce pays et ce sans avoir à laisser de quelconque pourboire.
Beaucoup de restaurants Japonais dans leur vitrine affichent des copies plastiques des plats disponibles à l’intérieur. Vraiment pratique lorsque l’on ne parle pas la langue, mais ce qui est digne de mention ici, c’est que ce qui se retrouvera dans votre assiette sera tout aussi apétissant et coloré que la version artificielle. Loin des grandes chaînes de restauration rapide américaines, devenus si célèbres pour avoir réussi à vendre à la terre entière ce qui n’est en fin de compte que de la fabulation alimentaire, du rêve. Nos cerveaux, si bien conditionnés par l’imagerie publicitaire, s’imaginent un bon hamburger constitué d’une grosse pièce de viande huteuse, de légumes frais et colorés sur un pain à faire rougir les Français de jalousie quand en réalité nous croquons dans un amoncellement terne et chaotique d’ingrédients tous plus fades les uns que les autres.
Osaka
Tellement proche de Kobe que beaucoup la considérerait faisant partie de la même ville et pourtant, Osaka est très différente de sa voisine. Le charme de Kobe fit donc place à des dédales d’arcades commerciales de restaurants et de magasins de toutes sortes. Qu’importe, nous y fîmes exactement la même chose qu’à la ville précédente, c’est à dire vagabonder.
Histoire de rester productif dans nos découvertes, nous nous étions tout de même donnés certains objectifs, notamment celui d’essayer le fugu, ce célèbre poisson ballon qui si mal préparé, peut causer une mort dans d’atroces souffrances. Quand même plus abordable que le boeuf de Kobe, le fugu n’était pas donné non plus, mais hormis le prix, c’est tellement plus agréable de se lancer dans ce genre d’expérimentation en compagnie d’une autre personne. Nous achetâmes donc quelques tranches de ce poisson pour en faire l’essai (cru évidemment) et de nouveau, nous fûmes laissés sur notre faim, la texture étant certainement agréable, le goût était quant à lui presque absent: rien de comparable à un bon morceau de sashimi de saumon. D’ailleurs, en apétit pour plus de poissons, nous nous sommes ensuite dirigés vers un train de sushi, où de petites assiettes de cet met colorées en fonction de leur prix défilent sur un tapis roulant autour d’un îlot auquel est attablée la clientèle.
Malheureusement, le voyage de Melissa tirait à sa fin. Par souci d’économie, elle avait prit son vol de retour pour le 31 décembre et chaque tentative de le déplacer à une date ultérieure avait résulté en une surcharge avoisinant le millier de dollars. J’allais donc perdre mon compagnon de voyage. Pour nous changer les idées, nous nous rendîmes à l’aquarium d’Osaka. Malgré mon habitude à voir de la vie marine dans son habitat naturel, j’aime tout de même les aquariums; beaucoup plus que les zoos où la vue de mammifères intelligents coincés dans de minuscules cages me déprime. À mon avis les poissons, plutôt stupides, sont bien contents d’êtres confinés à des petits cubes en verre où au moins, ils sont nourris et à l’abris de leur prédateurs. L’aquarium d’Osaka avait quand même quelques mammifères marins en sa possession, mais autrement, la diversité et la qualité de ses aquariums fut pour le moins impressionnante, spécialement les deux requins baleines dans le réservoir principal, lesquels j’ai tenté de voir à plusieurs reprises au Honduras sans jamais y parvenir. La chose me parut même un peu hypocrite compte tenu de la piètre réputation qu’ont les Japonais en ce qui concerne la conservation des millieux marins.
La visite se termina dans une salle où dans un grand bassin d’au plus 30 centimètres de profondeur, nageaient de nombreuses raies et requins nourrice pour que … les visiteurs puissent les toucher! Il était conseillé de se rincer les mains avant bien sûr, mais pas de savon pour ne pas indisposer les cobayes aquatiques. Bien conscient des dommages que peuvent causer des mains humaines à ces fragiles animaux, je me résolu quand même à les palper et tel que prévu, la peau de requin fit l’effet d’un papier sablé et celle de la raie d’une surface gluante. Les requins nourrice, pour la majorité immobiles au fond du bassin, semblaient s’en sortir à bon compte, mais bon nombre de ces pauvres raies portaient des traces d’ongles sur leur dos. Ces animaux mourront certainement d’une infection sous peu, mais bon, s’ils peuvent avoir servit à sensibiliser un tant soit peu la population japonaise à l’irresponsabilité de leur pratiques de pêche et tisser un lien aussi tenu soit-il entre la pièce de viande sur le sushi et l’animal dont elle provient, ce sera une fin noble pour ces créatures.
Le soir venu, je convaincu Melissa de tenter une dernière fois de déplacer son vol. À notre grand surprise et peut-être même par miracle, elle parvint à trouver une place pour 100$ supplémentaires, autrement dit les seuls frais de changements de dates.
Kyoto
Tout aussi près d’Osaka que Kobe, Kyoto fut jadis la capitale spirituelle et politique du Japon ce qui explique la quantité impressionnante de temples, d’autant plus que la majorité sont d’origine, car Kyoto fut l’une des rares ville d’envergure épargnée par les bombardements alliés. Aussi une destination très populaire pour la nouvelle année, c’est in extremis que j’ai réussi à y trouver un endroit où dormir. Comme nous arrivâmes la veille de ce jour de fête, la soirée fut dédiée aux festivités de transition vers 2014. La première partie se déroula selon un thème japonais. Un repas de nouilles aparament traditionnel fut consommé et nous nous dirigeâmes ensuite vers un temple ou tour à tour 108 personnes sonnèrent une grosse cloche, donnant à chacune l’opportunité de se débarrasser d’un vice pour la nouvelle année. La deuxième étape de la soirée – un retour à nos sources occidentales – se passa dans un pub à la sauce anglaise pour se terminer aux petites heures de la nuit.
Le lendemain s’avéra être une journée de récupération tout de même productive. Après la visite d’une colline saturée de temples shinto et bondée de pieux japonais décidés à commencer 2014 sous le signe de la spiritualité, ils nous venu à l’idée de commencer notre nouvelle année sous le signe du pêché en allant visiter un love hotel japonais. Chose qu’individuellement nous n’aurions pas pu profiter et il aurait été dommage de quitter le
Japon sans avoir essayé au moins une fois ces lieux ou les nouveaux couples viennent chercher un peu d’intimité ou encore ceux lassés par des années de cohabitation viennent s’adonner à l’adultère. Dans tous les cas, ces établissements sont construits de manière à préserver au maximum l’anonymité de ses clients. Du stationnement jusqu’à la chambre et jusqu’à la sortie une fois la besogne accomplie, aucun contact avec qui que ce soit: tout est automatisé. On choisit la chambre selon nos goûts (donjon? lit tournant? miroirs? ) et nos moyens, elle se dévérrouille automatiquement et des flèches s’illuminent pour nous indiquer la route à suivre pour s’y rendre. Une fois à l’intérieur, diverses machines dispensent boissons, collations, accessoires et je crois qu’il aurait même été possible de commander un repas complet quoi nous aurait été livré par un petit ascenseur. Le paiement se fait à une machine entièrement en japonais (il nous aura fallu plusieurs minutes pour y arriver), la porte s’ouvre et les flèches s’illuminent pour indiquer la sortie.
Le jour suivant, nous visitâmes un parc où vivait une colonie de macaques japonais et le surlendemain une autre montagne au sommet de laquelle se trouvait encore un temple. Cette journée-là prit sa fin dans un bain japonais (onsen) aux propriétés apparrament médicinales, mais si chaud qu’une client y perdit connaissance. Beaucoup disent que Kyoto vaut plus la peine d’être visitée que Tokyo et d’ailleurs, le guide Lonely Planet lui dédie une section entière. La ville est certainement l’une des plus agréable qu’il m’ait été donné de faire l’expérience, mais des attractions touristiques je n’en sait pas grand chose. Comme pour les précédentes destinations, nous avons vagabondé le plus clair de notre temps sans vraiment nous attarder à ce qu’il y avait à voir ou faire. De toute manière les temples sont comme les églises: tous pareils.
Toute bonne chose ayant une fin, mon amie américaine me quitta après quelques jours pour retourner à son travail et moi je pris le train de nuit pour Tokyo. Pour la majeure partie des visiteurs du Japon, c’est là que commence leur aventure, mais pour moi, c’est là qu’elle allait se terminer. La compagnie de ferry en Corée m’ayant obligé à acheter un billet de sortie du pays, je devais partir le 8 pour Taiwan.
Quelle chance tu as…..Je regrette tout ce que je n’ai pas vu du Japon mais grace à tes commentaires, je visite à nouveau
Cntinue..
Rachel
Un magistral bravo à l’auteur de ce site internet