Katmandou (2) [Bakhtapur et Bodnath], Népal

Retour à Katmandou pour la dernière partie du voyage. Non la moindre par contre, car si la capitale du Népal à proprement dit n’est pas si intéressante que ça, ses alentours sont riches en points d’intérêts. À notre arrivée, comme l’après-midi était déjà bien entamé, nous nous sommes contentés d’un retour relax à l’hôtel puis d’une soirée magasinage (pour les filles) dans Thamel, le guetto touristique de Katmandou. Pour les prochains jours, l’offre était si étendue qu’il nous a fallu renoncer à toute une panoplie de visites intéressantes et arrêter nos choix sur Bakhtapur, réputée pour son durbar (square) et Bodnath, haut lieu de la spiritualité bouddhiste.

Bakhtapur

Dr. Amrit Sapkota

Dans les incontournables de la vallée de Katmandou, Bakhtapur siège au premier rang. Avant de nous y rendre par contre, il nous fallait visiter à nouveau le centre de visa indien pour y laisser nos passeports. Selon la préposée, les autorités nous avaient octroyé un 6 mois double entrée. Nous aurions bien aimé un multiple entrées, mais compte-tenu du fait que ce centre de visa émet généralement des 3 mois entrée simple, il y avait de quoi se réjouir. Cette formalité remplie, nous nous sommes dirigés vers le départ des autobus de ville pour Bakhtapur, littéralement dans la banlieue de Katmandou. Alors que nous étions arrêtés dans une boutique de livres pour tenter d’y trouver un guide de voyage indien, nous avons été accostés par un petit népalais très bavard à l’anglais très performant. Professeur de littérature anglaise dans la plus grosse université de la ville, il passait souvent par cette petite librairie et ayant lui-même beaucoup voyagé (dont 1 mois de stage à l’Université Concordia à Montréal), il était curieux d’en apprendre plus sur notre présence au Népal et nous a donc invité à prendre le thé à côté. Un peu pressés par le temps (nous nous étions séparés de ma mère et ma tante pour aller au centre de visas), nous avons tout de même acceptés d’aller partager ce moment avec lui avant de sauter dans le bus.

La première chose qu’Audrey a remarqué en arrivant à Bakhtapur, c’est que les photos de Katmandou qu’elle avait vu dans le guides et sur internet avaient en fait été prises ici. À 10 kilomètres l’une de l’autre Katmandou et Bakhtapur sont en réalité la même ville, car la première a avalé la dernière. Avec ses innombrables temples, palais et places, ses bâtiments de brique pittoresques au style Newar et ses allées de briques, cette ancienne cité possédait encore le monopole du charme. Grosse ombre au tableau par contre, en raison de ses constructions vétustes, elle a sérieusement écopée lors du tremblement de terre de 2015; à un point tel qu’un bon tiers des monuments et des bâtiments étaient en reconstruction ou simplement effondrés et laissés à l’abandon.

En reconstruction…

Pendant une bonne heure, Audrey et moi nous sommes promenés dans ses ruelles et ses allées, admirant l’architecture et baignant dans l’ambiance d’un lieu qui avait gardé des allures de village. Les rues principales bourdonnaient d’activité, mais il suffisait de sauter à la ruelle parallèle pour retrouver les petites places avec leurs petits attroupements d’aînés et … les chantiers. Deux ans après le tremblement de terre, les artères principales avaient été en bonne partie rebâties et c’était ce qui se trouvait derrière qui était aujourd’hui en reconstruction. Le travail est à ce point fastidieux qu’à plusieurs reprises, nous avons croisés des groupes de femmes affairées à nettoyer des briques à la brosse. Pour dire à quel point la main d’oeuvre ne vaut rien au Népal, quoi que dans un soucis de restauration fidèle, mieux vaut se servir des matériaux d’origine.

Samosas de rue!

En soirée, nous avons retrouvé ma mère et ma tante qui elles avaient passées la journée à Patan, un autre quartier pittoresque de la vallée de Katmandou. Le lendemain, nous avons répété plus au moins le même circuit parcouru la veille en leur compagnie et en suivant les directions de notre guide. Leur réaction a été similaire à la nôtre: Bakhtapur était un endroit enchanteur de par sa beauté et crève-coeur de par la destruction qu’elle avait subie.

Le square des potiers.

Bodnath

À nouveau séparés de ma mère et ma tante, encore pour des histoires de visas, il nous a fallut repasser par Katmandou avant de nous rendre à Bodnath tandis qu’elles y sont allées directement. Nos passeports récupérés au centre des visas, nous avons cette fois entrepris de marcher à notre prochaine destination plutôt que d’y aller en transports en communs. Un petit 7 kilomètres de marche au travers de Katmandou, c’était très gérable pour deux voyageurs habitués d’arpenter les grandes capitales soviétiques de l’Asie Centrale. Il nous aura quand même fallu deux heures pour arriver à destination, car le traffic, tant piétonnier que motorisé est intense et les trottoirs sont choses rares. Tout de même, cette balade nous aura permis d’assister à nombre de petites tranches de vie népalaise. Nous adorons marcher dans la ville, aussi difficile que cela puisse être parfois.

Arrivés à Bodnath, nous sommes rapidement débouchés sur la stupa elle-même, très imposantes de ses quelques centaines de mètres de circonférence. Pour les non initiés, les stupas sont des monuments côniques autour desquels les bouddhistes font les cents-pas pour méditer. En tournant toujours dans le sens horaire par contre, ça nous l’avions oublié en nous engageant sur la place du stupa de Bodnath, mais le flot de pèlerins nous a rapidement réorienté dans le sens du courant.

Ma mère et ma tante avaient élu logis dans un monastère de l’endroit alors c’est là que nous sommes allés les rejoindre. Ceci fait, nous sommes allés nous trouver une auberge à notre tour puis sommes tous retournés autour de la stupa pour en admirer le spectacle à nouveau. La stupa, très imposante en soit, n’est qu’une partie du spectacle. Le principal étant la procession de pèlerins en constante giration autour de cette dernière. Une partie d’entre eux portent la robe des moines bouddhistes. mais la plupart sont népalais ou touristes. Autour de la stupa, des centaines de moulins à prière que les dévots animent au fil de leur procession dans un cliquetis incessant.

Le lendemain matin, déjeuner avec une connaissance de ma tante qui enseigne le bouddhiste depuis plusieurs années à Katmandou puis retour dans le centre-ville. Vu que ma mère et ma tante nous quittaient le lendemain, le reste de l’après-midi a été dédié aux dernières emplettes, la soirée à un bon repas et la suite à une dernière partie de cartes. Avant le restaurant, il a fallu faire les bagages, chose normalement indigne de mention, mais vu que nous nous sommes débarrassés d’une foule de matériel et de vêtements utiles en Asie Centrale, mais superflus pour la suite du voyage, optimiser le tout s’est avéré être un certain défi.

Patan et le reste

Audrey grimpant le Swoyambunath

Le matin venu, j’ai couru les magasins afin de me trouver un chandail en laine de yak que j’ai pu ramener in extremis à ma mère et ma tante avant qu’elles ne prennent le taxi pour l’aéroport. Les au-revoir faits, Audrey et moi avons ramassés nos affaires à notre tour puis nous sommes déplacés à notre prochaine auberge. Après avoir passé les dernières semaines dans des hôtels, nous avions hâte de retrouver la bonne ambiance voyageuse de ce genre de lieux. Disons que le prix y jouait pour quelque chose aussi. À 5$ plutôt que 25$ la nuit pour deux, c’était définitivement plus léger sur la bourse. Pour le reste de l’après-midi, nous sommes partis à pied visiter le temple de Swoyambhunath, surnommé le temples aux singes. Juché sur une colline, le panorama de la ville était intéressant mais sans plus. En frais de primates, Pashupatinath était largement plus intéressant, tant au niveau des macaques que des hominidés.

Crédit: Audrey Roy
Des moulins à prière (crédit: Audrey Roy)

Notre hostel se vantait d’avoir la plus belle terrasse de toit de la ville. S’il fallait que l’on me donne 1$ pour chaque établissement se targuant du plus beau « rooftop » … sauf que là, c’était vrai. J’en ai naturellement profité pour aller chercher quelques clichés de la nuit tombant sur Katmandou et franchement, l’un d’entre eux se mérite le titre de plus belle photo du voyage. Chanceux que j’étais, l’on pouvait apercevoir les montagnes en arrière-plan (chose rare dans une ville polluée comme Katmandou) et la lumière était juste assez tombante pour aller chercher un bel effet longue exposition tout en capturant un peu des couleurs normalement visibles en plein jour.

La plus belle photo du voyage…
Stands d’épices au marché de Katmandou

Une bonne brochette de voyageurs fréquentait l’hostel, donc on a pu passer deux bonnes soirées à discuter avec des types intéressants. Du reste, notre temps au Népal tirait déjà à sa fin et il ne nous restait qu’une pauvre petite journée à passer à Katmandou. Nous avons donc entrepris de marcher jusqu’à Patan, jadis une ville d’importance de la vallée, mais aujourd’hui partie intégrante de cette énorme agglomération qu’est la capitale. Patan, comme Katmandou et Bakhtapur, possédait son propre Durbar, une sorte de place centrale aux fonctions princières et religieuses. Malheureusement, à l’image de ses deux confrères, il n’aura pas échappé au tremblement de terre. N’étant pas trop chaud à l’idée de débourser un autre montant substantiel (le prix d’entrée pour les touriste est gonflé, ce qui n’est pas une mauvaise chose en soi), nous avons choisi d’aller explorer le quartier autour. Quelle n’a pas été notre joie de retrouver la bonne petite ambiance de Bakhtapur. Pendant plusieurs heures, nous avons circulé parmi les scènes de la vie quotidienne et ce jusqu’au retour à l’auberge.

 

Le durbar de Patan

À l’aéroport le lendemain, deux touristes nous approchent l’air en panique. Leur carte de crédit a été bloquée et ils ne sont pas en mesure de régler les frais pour leur excédent de bagages. Ils me transféreront l’argent de suite pour que je puisse ensuite payer avec la mienne. Ça flairait un peu le scam au début, mais les voyant agiter leurs passeports canadiens, je me sens rassuré. Je me connecte donc à l’internet pour recevoir leur paiement puis passe régler leur note au comptoir d’enregistrement. Visiblement pas trop habitués de voyager, ils nous demandent ce qu’on fait dans ce genre de situation: Audrey et moi répondons quasi simultanément que c’est pour cette raison que nous gardons un bon coussin de $US en permanence. Tous deux de Toronto, elle conseillère en ressources humaines (tien!) et lui agent immobilier, ils avaient prit deux mois de vacances pour aller visiter la famille en Inde et en ont profité pour aller faire une petite escapade au Népal. Étant deux personnes très amicales, nous avons passés le temps mort d’attente de notre vol en leur compagnie à discuter de voyage, mais aussi du Canada qui, il faut le dire, nous manque.

Scène de petite place perdue dans Patan

Bandipur, Népal

Ces 12 heures d’autobus de nuit hautement désagréables nous ont débarquées dans un endroit indéterminé de Katmandou. Avant de repartir vers notre destination finale, Bandipur, nous devions trouver des fonds (le Népal n’est pas donné). Il nous a fallu visiter pas moins de 4 guichets automatiques avant de tomber sur un qui voulait bien nous fournir de la devise.  Autour de nous, la ville se levait et ses habitants commençaient à s’affairer dans la poussière et les détritus de ce coin pas trop chic de la capitale. Le Népal est en fait un pays très pauvre. Une fois dans l’autobus pour Bandipur, très luxueux par rapport au précédent, nous nous sommes tous réassoupis pour continuer nos nuits. 6 heures de trajet tortueux plus tard, nous avons été laissés à l’intersection entre la route Katmandou – Pokhara et celle pour Bandipur. De là, nous avons pu trouver rapidement un 4×4 pour nous grimper jusqu’à destination.

 
Bandipur est une ville de montagne Newar ayant pu conserver son cachet de par son emplacement à l’écart des grands axes et par la gestion astucieuse de ses habitants. Un effort concerté de sauvegarde du patrimoine a été entrepris tôt dans son histoire moderne (par exemple: les véhicules à moteur y ont été interdits de circulation); le résultat parle de lui-même: un village pittoresque, verdoyant, empreint de spiritualité, tranquille, pédestre et sécuritaire, où tourisme se mêle à vie communautaire authentique. Nous sommes tout de suite tombés sous le charme et avons prolongé notre séjour d’une nuit.
La place principale
Arrivés tard la première journée, nous nous sommes contentés de gravir le sommet surplombant Bandipur afin d’assister au crépuscule. Redescendus, nous avons empruntés un large détour pour retourner à l’hôtel par les petites ruelles de pierre, récoltant au passage de nombreux namaste de la part des enfants croisés sur notre chemin.
 La deuxième journée, Audrey et moi avons fait bande à part afin d’aller visiter une caverne pendant que ma mère et ma tante préféraient une randonnée vers un village voisin. Notre visite n’a rien eu de spéléologique, mais elle s’est avérée plutôt intéressante. Dans la noirceur de la grotte habitait un sâdhu, ces moines ermites hindous. Chaque concrétion minérale susceptible de ressembler à quelque chose s’était fait affubler le nom d’une divinité. Pendant que nous marchions dans la chambre principale, on entendait le sâdhu au fond fredonner je ne sais quels tantras. Revenu à l’hôtel, j’en au profité pour travailler quelques heures, puis le groupe s’est reconstitué pour le repas puis une discussion autour d’un feu de braises sous les étoiles avec vue sur la vallée et les montagnes.
 
Demain, retour dans le chaos de Katmandou. Bien qu’il nous ait fallu sacrifier le parc National de Chitwan et nous torturer d’un 18 heures de bus pour nous rendre à Bandipur, nous sommes unanimes: c’est notre coup de coeur népalais.

Lumbini, Népal

Audrey, terrorisée

Le népalais moyen  conduit comme un demeuré, mais notre chauffeur Tansen – Lumbini lui, excellait dans l’art de mettre en danger sa vie, celle de ses passagers et des autres usagers de la route. Justement, nous nous dirigions vers Lumbini, lieu de naissance du Bouddha, l’être illuminé. Après avoir passé à deux doigts d’écraser un cycliste, je crois que notre chauffeur a vu la lumière car pour le reste du trajet, il a drastiquement levé le pied.

Bouffe de rue

Ce qu’il y a d’intéressant à Lumbini, c’est en partie le lieu de naissance du Bouddha, mais c’est surtout la pléthore de temples et de monastères qui se sont construits sur les quelques kilomètres carrés adjoignant. Tous les pays bouddhistes et même certains représentants occidentaux y sont représentés sur ce site inscrit au patrimoine mondial de l’Unesco. Le concept m’a fait penser à l’exposition universelle. Ça promettait.

Le temple de l’Allemagne
Au début du voyage, nous avions comme plan de poursuivre notre trajet par le Parc National de Chitwan, fameux pour ces tigres, ses rhinocéros et ses promenades à dos d’éléphant. Malheureusement, le temps manquait et en deux jours, nous n’aurions probablement pas pu rien faire d’autre qu’une balade à dos de pachyderme. Tous d’avis que ces bêtes méritaient bien mieux que de servir de manège aux touristes, nous avons décidé d’aller errer dans le coin de Bandipur à la place.
Histoire de ne pas perdre de temps dans les transports, il nous fallait prendre le bus de nuit. Pour avoir vécu ce calvaire à maintes reprises, je ne m’attendais pas à ce que l’expérience soit plaisante, mais vu l’état des transports au Népal, j’avais plus d’appréhension qu’à l’habitude. Nous n’avons pas été déçus : sièges trop petits, route défoncée, musique à tué tête pendant que l’autobus entier tente de dormir (j’ai finalement dû intervenir), personnes couchées dans l’allée, arrêt à tout vas et j’en passe. Bref, une expérience complète pour la modique somme de 8,50$ (une chance). Le plus marrant, c’est la fréquence à laquelle les népalais vomissent en bus. Compte tenu du pays dans lequel ils vivent, on les aurait cru résistants mais non, dès que ça slalome un peu, ça régurgite. À un moment, l’autobus s’est arrêté d’urgence et plusieurs hommes sont sortis en trombe pour revenir avec des poignées de sable qu’ils ont promptement jetées au milieu de l’allée de l’autobus. La tête dans les vapes, ce n’est qu’un heure plus tard que j’ai pigé l’objectif de l’intervention : quelqu’un venait de vider son souper par terre et il fallait construire des digues en urgence pour éviter l’inondation.

Tansen, Népal

Tansen est aujourd’hui une petite ville pittoresque bâtie à flanc de colline, mais anciennement le chef-lieu d’une des nombreuses cultures ayant formé le Népal: les Newar. Apparemment, il faisait bon s’y prélasser un peu et en marge des routes touristiques, peut-être allait-elle nous permettre d’entrevoir un peu de vrai Népal. Avantage non négligeable de s’y arrêter, couper la route Pokhara – Lumbini en deux. Les transports au Népal ne sont pas de tout repos.

En début d’après-midi, nous sommes débarqués à notre petit homestay, y avons déposés nos affaires, puis sommes allés nous balader en ville. Rapidement, nous avons pu constater que Tansen possédait quelques chose d’authentique: pas un seul touriste et des gens étonnés de nous y voir. Charmant et ce même si tout ce qui nous avait été recommandé comme points d’intérêt par notre hôte était en fait … plutôt nul. C’était en fait tout ce qu’il y avait autour qui charmait.
Le lendemain, c’était jour d’élections nationales, tout était fermé, mais le plus important : tous les népalais étaient en congé. L’évidence s’est présentée à nous par l’absence de motos dans les rues, remplacées par une abondance d’enfants. Bonne journée donc pour aller nous promener en nature un peu. Tansen est surplombée d’un parc que nous avions comme objectif d’aller arpenter. Le coup d’œil sur la ville s’est avéré intéressant et parfois même, on entrevoyait l’Himalaya au loin. Au travers de l’espace vert, divers monuments hindous, des belvédères et autres curiosités. C’était clair, Tansen avait il n’y a pas si longtemps tenter d’aller chercher sa part du gâteau touristique népalais. Aujourd’hui par contre, le tout avait été laissé à l’abandon et avait pris le chemin de tous ces beaux projets si souvent entrepris dans le tiers monde : la décrépitude.
Au retour de notre marche, une famille nous a invité à manger du pomelo en leur compagnie. Nous leur avons repayé leur gentillesse par quelques selfies, puis avons pris congé d’eux pour aller nous restaurer en momos à peu de frais. Les momos, omniprésents au Népal, sont en fait des dumplings fourrés à tout sorte de choses. Végé, poulet, jamais boeuf par contre, car ici, la vache est sacrée, alors ont l’a remplacé par du buffle (si vous le demandez à un biologiste, c’est pratiquement le même animal). Quelques heures après s’être prélassés dans nos chambres et c’est à nouveau l’heure de manger. Un thali cette fois, soit du riz, une marinade, une salade d’épinards, un curry, le tout préparé par notre hôtesse et servi en petites portions sur un plateau de metal. Elle n’est peut être pas si variée que ça la cuisine népalaise (notre guide en trekking mangeait des thalis deux fois par jours), elle est quand même goûteuse et fraîche. On me meurt pas de faim non plus: quand on commande un thali, c’est par définition à volonté. Encore une partie de cartes, un peu de travail et voilà la journée qui était déjà terminée. Décidément, Tansen avait été un petit interlude à l’écart des sentiers touristiques des plus agréables.

Trek de Pun Hill, Népal

Tellement photogéniques ces drapeaux de prière
Travaux routiers au Népal (mais tous avaient le regard fixé sur une bande de singes dans les arbres au dessus)

Avec seulement quatre jours devant nous, nos options de trekking étaient limitées. C’était trop peu de temps pour aller rejoindre le camp de base de l’Annapurna et encore moins pour en faire le tour; deux trajets très populaires. Par contre, il existait une boucle qui allait nous rapprocher des hauts sommets: Pun Hill. C’est ce trek qui a été choisi par mes compagnonnes de voyage (je ne me suis pas vraiment impliqué dans le processus décisionnel…)

 

Birethanti – Ulleri

Le premier tronçon, moins agréable, s’est marché sur une route poussiéreuse. Après un petit deux heures, nous avons bifurqués pour emprunter un long escalier de pierre que nous avons gravi pendant à peu près le même laps de temps. En fait jusqu’à notre halte pour la nuit. La région, quand même habitée par de la petite paysannerie de subsistance, est peu desservie par des routes carrossables, mais quadrillée de sentiers de pierres. Construits sur des siècles, ils relient les petits hameaux ensemble afin de faciliter la circulation de porteurs et d’ânes, lesquels étaient aussi nombreux que les touristes sur les sentiers.
Le trekking étant à ce point une activité prevalente dans la région, chaque village offre de nombreuses options de logis et de restauration au marcheurs. Douche chaude, bière, vin, burgers, tout s’y trouve. Je ne m’attendais pas à un tel niveau de confort. Les prix sont par contre substantiellement plus élevés qu’en ville, mais ils sont quand même fixés par un organisme afin de redistribuer également les recettes du tourisme.

Ulleri-  Ghorepani

En trekking, on se couche tôt et on se lève tôt. Vu que nous avions peu à parcourir pour arriver à notre prochaine halte, nous sommes arrivés à destination pour le dîner. Ghorepani est un village qui s’est grandement développé grâce au tourisme que lui a apporté sa principale attraction : Pun Hill, un point de vue au sommet d’une colline à 30 minutes de montée du village. Apparemment, le coup d’oeil y était des plus spectaculaire au coucher et au lever du soleil. Après avoir relaxé un peu donc, nous nous y sommes dirigés à temps pour le crépuscule. Arrivés en haut, le panorama en valait vraiment l’effort et offrait une vue imprenable sur des sommets à plus de 8000 mètres, spécialement embelli par la lumière changeante du crépuscule. Dominant le paysage en raison de sa proximité, l’Annapurna Sud, lui dans les 7000. De retour à l’auberge, nous avons terminé la soirée autour d’une partie de cartes et une courte discussion avec des népalais en visite pour le travail.
 

Ghorepani – Ghandruk

Il fallait se lever à 5h15 pour aller assister au lever du soleil sur Pun Hill. Pas trop enchanté par l’idée, j’avais initialement décliné l’offre, d’autant plus que j’avais vu le coucher. En cours de soirée par contre, j’ai changé d’avis, mais sans en informer ma mère et ma tante car je comptais partir après elles afin de les surprendre au sommet. Levé tôt pour l’occasion donc, j’ai ramassé mes affaires puis me suis mis en route à bon pas. En arrivant au petit kiosque à l’entrée du parc, j’ai remarqué un attroupement de gens que j’ai aussitôt assimilé à une file pour acheter un billet. Comme celui de la veille était encore validé, j’ai poursuivi mon chemin sans m’arrêter.
Rapidement donc, j’ai gravi les centaines de marchés menant au point de vue, doublant de dizaines de personnes au passage. Une fois en haut, j’ai surpris ma mère et ma tante qui, me connaissant comme la personne la moins matinale du monde, étaient étonnées de me voir à cette heure si hâtive. Puis elles m’ont de suite demandé si j’avais croisé la scène de l’entrée du parc et m’ont informé que c’était en fait un homme ayant subi un malaise cardiaque et sur lequel d’autres pratiquaient des manœuvres de réanimation. Aïe, quelle malchance pour ce type. Un infarctus dans un endroit si reculé, ça va faire du dégât … si il s’en sort. Dans tous les cas, il semblait être en bonnes mains, car les guides étaient formés en secourisme et le médecin du village avait été appelé. L’idée d’y retourner m’est passée par l’esprit, mais voilà déjà une demi-heure que j’avais croisé le lieu du drame. Il était trop tard pour rajouter à l’intervention. Le haut de la colline était bondé par rapport à la veille, mais le spectacle en valait la peine et s’est avéré être bien plus impressionnant et coloré que le crépuscule. Vous en jugerez en comparant avec les photos d’hier.
 
Au retour à l’auberge, nous avons enfilé avec un bon déjeuner puis avons débuté les préparatifs pour une journée de marche de 8 heures selon le guide. Un peu avant notre départ le vrombissement d’un hélicoptère s’est fait entendre n’au loin. C’était probablement pour le malheureux homme. En bon curieux, je suis sorti du lodge pour assister à la scène de loin. Une fois atterri sur une piste de fortune, de nombreuses personnes ont commencé à s’affairer autour de l’appareil. À en juger par la configuration de la machine, elle ne devait pas être capable de transporter une civière. Effectivement, c’est un corps dans un sac qui a été chargé en soute; triste fin de vacances, mais de vie? J’imagine que cet homme avait vécu des derniers moments heureux en trek au Népal avant que la grande faucheuse ne passe. Pour ses proches par contre, quel cauchemard… Peu après, j’au croisé l’un des étrangers qui était présent sur la scène du drame. Je n’ai pas pu m’empêcher de lui demander des détails, non sans le féliciter pour son intervention. Il avait massé pendant une bonne demi-heure. L’homme était dans la cinquantaine, mais possédait  des antécédents cardiaques. Avec l’altitude, l’effort et l’heure matinale, ce cocktail a eu raison de lui.
 La randonnée n’a pas été de tout repos. Le guide avait dit 8 heures, mais vu que nous battions toujours ses prédictions, nous allions probablement nous rendre à destination en six et demi. Tout de même, avec déjà une bonne avance sur la fatigue de la journée pour avoir assisté à l’aurore en haut de la colline, il nous a fallu monter et descendre beaucoup de dénivelé. En plus, j’ai dû partir seul me taper un 20 minutes extra de marchés pour aller récupérer la gourde de ma mère. Hélas, elle n’était plus là où elle l’avait laissé… Une chance que la vue compensait. Forêts de rhododendrons, forêt humide, ruisseaux, vallées luxuriantes, nous avions quittés les hauteurs, mais les hauts sommets des Annapurnas se laissaient souvent entrevoir. Une fois débarqués Ghandruk, nos jambes ne nous portaient presque plus.

Ghandruk – Birethanti

 Dernier jour de trek, toute en descente cette fois-ci. Le paysage, fait de moyennes montagnes et d’agriculture en étage, avait de quoi plaire. En quelques heures, nous étions de retour à notre point de départ.

Pokhara

Revenus à Pokhara, nous avons remercié notre guide, sommes allés nous doucher puis sommes partis en ville pour prendre et un verre et, à la suggestion d’Audrey, manger de la pizza; une succulente manière de mettre fin au menu routinier des lodges de trekking.
Bilan sur l’aventure des derniers jours donc. Divertissant, assez exigeant sur le plan physique, mais un peu trop confortable et balisé à mon goût. Tant qu’à aller marcher au Népal, j’aurais préféré une expérience plus proche de la nature et en autonomie. Cependant, je ne suis pas certain que mes compagnonnes de voyage partagent le même avis. Toutefois, elles s’accordent toutes pour affirmer que le guide n’est vraiment pas une nécessité (ça, je le savais). Une carte aurait largement suffit pour nous orienter dans les sentiers.  Par contre, il faut dire que le guide nous a largement facilité la vie côté logis et nourriture et a pu répondre à bien de nos questions concernant la géographie, la faune, la flore, les habitants de la région et le Népal en général. À 30$ par jours, pourquoi pas.
Bateaux sur le lac à Pokhara