Tour du Nord du Québec – Jour 2 (Anse-Saint-Jean à Chibougamau)

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Le Lac-St-Jean est une région pleine de richesse et de vie et l’on ne vante pas assez ses attraits. À 2h de Québec, je me suis dit que j’allais garder les visites pour un moment ultérieur en compagnie d’Audrey. Je n’ai quand même pas pu m’empêcher d’aller cogner à la porte de l’office de tourisme (officiellement fermé) pour demander s’il était possible d’aller visiter l’aluminerie de Jonquière. Évidemment, tout était fermé aux visiteurs. La journée s’est donc déroulée sur la route, de ville en ville avec une interlude à savourer une poutine. Champs de bleuets, champs de pomme de terre et en fin de journée j’étais aux portes de la route qui mène à Chibougamau.

Tour du Nord du Québec – Jour 2 (Anse-Saint-Jean à Chibougamau)

À l’été 2018, j’ai eu la chance de passer mon premier stage dans cette ville connue de tous (car sur la carte des météorologues) mais trop peu fréquentée. En plein dans la forêt boréale et dans le Bouclier Canadien, Chibougamau est décidément une communauté nordique où se côtoie blancs et autochtones. La nature y est grandiose et sent bon le pin et les grands espaces. J’avais le goût d’y repasser pour ensuite rejoindre l’Abitibi.

Arrivée à dernière station d’essence avant l’entrée de la réserve naturelle qui mène à la ville (210 km plus loin), un panneau du ministère des transports annonce un barrage policier au km 179. Merde, j’avais oublié que tous les points de contrôle avaient été levés sauf celui de la Baie-James. Quand même, j’ai questionné le personnel de la station service et par chance, l’une d’entre elles avait entendu que ce barrage allait être levé à minuit ce soir. Quelle chance! Un camionneur a également confirmé l’information.

Vers 18h30, je me suis donc engagé sur la route, roulant à bonne vitesse, passant quelques ours et rencontrant même un convoi de campeurs traînant roulotte et chaloupes de pêche en vue de la réouverture de la région. Profitant de la lueur pour prendre de l’avance sur le lendemain, j’ai poussé presque jusqu’au barrage puis ait bifurqué sur une route de bois menant à un lac. Je m’attendais à coucher rustique, mais j’ai débouché sur plusieurs sites de camping avec services limités. Oups, l’endroit appartient à la réserve faunique. Ce n’est pas dans mon habitude d’élire domicile sur des terrains officiels sans réservation, mais vu l’heure tardive et ma visière presque opacifiée par des cadavres de mouches, j’allais tenter ma chance. Rouler la nuit sur ce genre de route n’est pas sans dangers et de toute manière, la police me bloquait le chemin.

Tour du Nord du Québec – Jour 2 (Anse-Saint-Jean à Chibougamau)

Tour du Nord du Québec – Jour 1 (Québec à l’Anse-Saint-Jean)

En terminant tous mes examens de médecine avant la fin officielle du cursus, j’étais parvenu à me garantir un 3 mois de libre pour partir de nombreuses semaines. L’épidémie de COVID-19 aura foutu mon plan à l’eau. J’envisageais la Macédoine et la Bulgarie, finalement ça l’aura été le confinement, du travail par dessus le marché et cinq semaines à contribuer à l’effort de guerre comme assistant préposé aux bénéficiaires dans un CHSLD.

Mais je me plaint la bouche pleine. Je ne suis pas de ceux qui auront perdu leur emploi ou pire, un proche. Cette pandémie nous aura tous affectés, de près ou de loin. Comme employé du système de santé, j’ai pu témoigner directement des ravages qu’elle a causé, tant dans le moral des valeureux travailleurs de première ligne comme les plus vulnérables d’entre nous qui en ont sérieusement écopé.

Tour du Québec – Jour 1
C’est un effet de perspective, en réalité, la moto est assez grosse

Tout de même, il fallait que je prennes quelques vacances, que je décroche un peu. La situation sur le terrain s’étant grandement améliorée, j’ai tiré ma révérence de mon emploi en CHSLD pour tenter de m’évader un peu. Toutes les frontières étant fermées, cette escapade allait être locale. Parmi mes options, la moto bien sûr. Je n’en possède toujours pas, mais un bon ami m’a fait grâce de sa BMW R1150R sans se faire prier. Sur cette machine j’allais donc m’embarquer pour un petit tour du Québec.

 

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Avec une tenue route allemande, des poignées chauffantes et 90 chevaux, donc assez pour se faire sérieusement peur, j’ai rempli mes valises et mon sac à dos de victuailles et d’équipement pour aller explorer la province pendant une dizaine de jours.

Tour du Québec – Jour 1

Premier objectif, le Lac-St-Jean. Contrairement à toutes les 125-100 cc bon marché que j’ai roulé dans le passé, la BMW avale les kilomètres comme si ne rien n’était. Parti de Québec, je me suis baladé le long du fleuve St-Laurent, passant par Charlevoix pour aboutir à mi chemin dans le fjord du Saguenay à l’Anse-St-Jean. Dommage que la route n’ait pas collé d’un peu plus près les falaises et les magnifiques points de vue.

L’approche du solstice d’été nous donnant amplement de lumière, j’ai pu rouler jusqu’à tard pour aboutir dans le camping municipal. Je suis équipé pour l’autarcie totale, mais vu la conjecture, j’ai choisi d’aller dépenser quelques dollars dans l’infrastructure touristique de la région. Un employé du camping m’a confié n’avoir jamais vu de telle affluence. C’est compréhensible. Après des mois confinés, l’envie nous brûle tous de nous échapper de la routine. Les sites étaient pour la plupart occupés donc. Cependant, les restaurants et les gîtes étaient tous fermés pour cause de Covid. Déjà que la saison de tourisme est courte au Québec, espérons que la plupart sauront braver une saison de vache maigre.

Tour du Québec – Jour 1

Avec un feu et une vue sur le fjord, j’ai donc passé la soirée entre quelques petites conversations avec mon voisin de terrain et mes pensées emplies de tout ces tracas accumulés depuis des mois. La tête pleine de vent, les oreilles bourdonnant encore du vrombissement de la BMW et le regard porté par les flammes de mon feu de camp, j’ai senti mon esprit commencer à se libérer de l’emprise du quotidien.

Tour du Québec – Jour 1
Camping à l’Anse-St-Jean

St-John’s, Canada (et le retour)

St-John’s vu de Signal Hill
St-John’s vu de Signal Hill

Une fois débarqués du ferry de Saint-Pierre et Miquelon, nous avons sans perdre trop de temps rejoints St-John’s. Pas de camping pour cette partie du séjour non plus. Nous avons choisi un hôtel un peu minable (mais économique) pas trop loins du centre-ville et avons axé la visite sur la gastronomie et la balade urbaine. St-John’s, loins d’être la plus grosse des capitales canadiennes, se navigue facilement à pied et l’on peut en voir l’essentiel en une journée. C’est donc ce que nous avons fait. Première direction, le pittoresque petit quartier de Quidi Vidi, puis un brunch au Mallard Cottage (classé au top 100 des meilleurs restos canadiens!), la visite de la microbrasserie éponyme, retour au centre-ville par Signal hill puis souper chez Raymond’s, lui 12e restaurant le mieux côté au pays. Disons que tout ça a fait un bon trou dans nos poches…

Quidi Vidi
Quidi Vidi

Bien installés au bar du resto, nous avons pu déguster le meilleur de ce que la province avait à offrir en terme de gastronomie. Lors du repas, nous avons fait connaissance de notre voisine de bar, ancienne employée de l’endroit, qui nous a rapidement mis de mèche avec le barman, son ami.  Une fois le restaurant fermé, nous avons pu rester sur nos chaises et profiter de plusieurs verres supplémentaires sur le dos de la maison. Le reste de la soirée s’est étirée jusqu’à tard dans des endroits moins classes du centre-ville.

The Battery
The Battery

Dur réveil le lendemain quand même, alors comme seul objectif nous sommes allés visiter le campus de l’Université Memorial pour plus tard aller rejoindre pour un verre une connaissance qui habitait l’endroit. Le voyage étant arrivé à sa conclusion, un traversier nous a ramené jusqu’en Nouvelle-Écosse en l’espace d’environs 15 heures, puis nous avons tracé jusqu’à Québec, parvenant à couvrir toute la route sur le continent en une grosse journée.

Fortune, Saint-John”s, Québec
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Notre passage (et périple de 6000+ kilomètres!) sur Terre-Neuve s’est avéré être des plus agréables, plein de rencontres inusitées et de splendides paysages. La réputation dit vrai, les Terre-Neuviens sont réellement plus sympathiques et accueillants que le canadien moyen. Le Labrador était quant à lui un défi intéressant, mais mis à part la côte, c’était plutôt monotone et morne. Lorsque nous reviendrons dans la province, c’est certainement en prenant le traversier le plus court comme tout le monde. Et il y aura des opportunités, j’en suis certain. Entre-temps, il me fera plaisir de pouvoir partager avec la diaspora terre-neuvienne sur le continent l’amour qu’ils ont de leur grosse île rocailleuse.

Terre-Neuve et Labrador, trajet total
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Encore Fogo

Terre-Neuve, Canada

Camping au nord de Terre-NeuveArrivés à Terre-Neuve avec un bon retard, nous sommes montés dans le nord vers l’Anse-aux-Meadows sans trop perdre de temps. En raison du temps brumeux, impossible de localiser un bon camping sur la pointe, alors nous sommes redescendus un peu plus au sud pour élire domicile au bout d’une route de bois débouchant sur une clairière en surplomb avec vue sur un bras de mer.

Red Bay à Fortune
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L’Anse-aux-Meadows

Village près de l’Anse-aux-Meadows

L’Anse-aux-MeadowsL’Anse-aux-Meadows, aussi un site classé patrimoine mondiale, est d’un intérêt particulier car c’est là où s’est fait le premier contact entre européens et premières nations américaines. Oubliez Christophe Colomb par contre, c’était les Vikings qui en l’an 1000 ont opéré un campement pour une petite décennie ou deux afin d’y exploiter le bois qu’y su trouvait alors. Le lieu foisonne en trouvailles archéologiques et la visite, toute organisée par Parcs Canada, est des plus édifiantes. Il est également possible d’aller explorer les environs par un sentier afin de mieux profiter d’un paysage dominé par la côte rocailleuse et la végétation nordique (dont plusieurs plantes carnivores). Repus d’informations, nous avons repris la route pour regagner le sud et le parc du Gros Morne, l’attraction principale de l’île.

Baie de l’Anse-aux-Meadows
De l’eau qui donne de le goût d’y plonger

Le parc du Gros Morne

Route vers les Tablelands

Un must, le parc du Gros Morne est une curiosité géologique où glaciers et forces tectoniques se sont alliées pour sculpter des paysages des plus époustouflants. Nous avions planifié d’y passer quelques jours et d’aller en explorer la superficie en randonnée autonome. Hélas, la météo n’était pas de notre côté. Voyant tout de même au réveil que le ciel n’était pas aussi menaçant que les prévisions ne l’avaient laissé paraître, nous avons entrepris d’escalader les Tablelands pour en faire le tour. À notre grand malheur, le temps s’est rapidement gâté et nous nous sommes contentés d’en atteindre le sommet et de rebrousser le chemin, car pas question de faire de la carte et boussole avec des bourrasques à 100 km/h, une pluie battante et 30 mètres de visibilité. Exténuante, l’expérience nous aura laissé trempés jusqu’aux os. Heureusement, la soirée fut clémente est déroulée en compagnie d’un couple américain de la Caroline du Nord à profiter au bord du feu de ce qui est légal ici, mais pas chez eux.

Montée vers les Tablelands

Le lendemain, Dame Nature nous aura donné suffisamment de répit pour une belle randonnée à la chaleur et au soleil. En soirée par contre, les cordes se sont remises à tomber. Face à un pronostic météorologique plutôt décourageant, nous avons opté d’abréger notre passage au parc du Gros Morne et d’aller vers le soleil. Vu que le parc se trouve sur la côte ouest de l’île, il est plus facilement accessible depuis le continent, car c’est là qu’arrivent les traversiers en provenance de la Nouvelle-Écosse. Il allait donc être envisageable pour nous d’y revenir ultérieurement dans nos vies.

Panorama de Trout River Pond

L’île de Fogo

Cabanes de pêcheurs à Joe Batt’s Arm

Disposant donc d’un peu plus de temps dans notre horaire, nous nous sommes dirigés ver l’île de Fogo. L’économie de l’endroit, autrefois dépendant d’une industrie de la pêche, a été entièrement détruite par le moratorium de début 90 sur la morue. Afin de redresser la situation, l’île a décidé de se convertir au tourisme, notamment grâce aux apports d’une ancienne native du lieux qui ayant fait fortune dans la fibre optique, a décidé de revenir dans son patelin natal pour y construire le Fogo Island Inn, resort 5 étoiles et du même souffle lancer sa communauté dans un élan de revitalisation. Nous y sommes débarqués en pleine dernière soirée de festival Folk et avons piqué notre tente parmi les motorisés et pu profiter des festivités au milieu d’un décor absolument splendide.

Au camping de la ville de Fogo

 

Panorama du festival folkFeux d’artifice à FogoLe lendemain, nous sommes sortis faire deux petites randonnées sur l’île. Fogo a décidément tout pour plaire : de petits villages pittoresques aux côtes rocailleuses en passant par la bonté de ses habitants. L’eau y est également d’une clarté et d’une couleur qui rappelle sans difficulté les plus beaux sites de plongée des Caraïbes. Alors que nous prenions un petit verre au sommet du pic surplombant notre camping en regardant le soleil se coucher, nous avons pu faire la connaissance d’un autre touriste tombé sous le charme de l’île. En fait, il aimait à ce point la province, qu’il s’est acheté un lopin de terre ailleurs dans Terre-Neuve pour y installer sa roulotte et y passer ses étés loin de son travail d’élu au parlement de la Caroline du Sud. Des plus sympathiques, ils nous avait même offert de passer par chez lui. Avoir eu quelques jours de plus, j’aurais adoré en entendre plus sur ses histoires de campagnes présidentielles avec les Clinton. Devant une rencontre si invraisemblable, le petit doute qui planait sur la véracité du personnage quand nous avons croisé en redescendant sa plaque d’immatriculation du parlement de l’état.

Panorama depuis le sommet du Brimstone head Vue depuis le sommet du Brimstone head

 

Rattrapés par le mauvais temps, nous avons été encore contraints d’abréger notre séjour dans cet endroit enchanteur. À peine le temps de faire une autre petite randonnée que nous étions de retour dans le ferry pour revenir sur Terre-Neuve et rouler le plus loin possible afin de prendre de l’avance sur le trajet vers notre prochaine destination, laquelle n’était pas originalement dans l’horaire mais bon … comme on disait dans l’armée, les meilleurs plans, c’est ceux que l’on peut changer.

Vue depuis un sentier dans la ville de Fogo

Le Labrador, Canada

Après une année de folie professionnelle, l’appel de l’aventure s’est à nouveau fait entendre. Ayant largement abusé de l’international, nous avons cette fois-ci opté pour une épopée un peu plus locale : Terre-Neuve et le Labrador avec Saint-John’s comme objectif. Il existe deux moyens de se rendre sur l’île de Terre-Neuve, le traversier depuis la Nouvelle-Écosse et celui du détroit de Belle-Isle au départ de Blanc-Sablon. Nous comptons prendre le premier pour le retour et le deuxième pour l’aller, traversant au passage le Labrador.

Histoire de profiter au maximum de vacances bien méritées, je me contenterai de publications succinctes sur ce blogue. Tout de même, je comptais y écrire, car c’est un habitude intéressante qui, j’en suis certain, le futur moi saura en profiter quand dans quelques décennies je pourrai à nouveau me plonger dans les voyages de ma jeunesse.

Ne disposant que d’un peu plus de deux semaines pour compléter ce périple de pas moins de 5000 kilomètres, nous avons décidé de tracer au maximum la partie Labrador, nous arrêtant au minimum dans la journée.

Québec à Red Bay
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De Québec à Baie-Comeau

C’est donc dans la hâte que nous avons quitté la ville de Québec, excités d’enfin décrocher du travail. Cinq heures plus tard, nous étions à Baie-Comeau, ville emblématique de la Côté-Nord. Pour la peine, nous nous y sommes arrêtés pour une bière à la micro-brasserie locale et une brève balade suivant les recommandations d’un ami originaire de l’endroit. C’était peu, mais de toute manière, Audrey et moi nous sommes dits qu’il faudra revenir explorer la Côte-Nord un autre temps.

Pluie au traversier de Tadoussac
Pluie au traversier de Tadoussac

Depuis Baie-Comeau, nous nous sommes engagés sur la 389 Nord vers Fermont, seul accès continental vers le Labrador. Je m’attendais à une route de gravier nordique comme j’en ai croisé lors d’un stage à Chibougamau, mais à ma grande surprise, le décor était intéressant, le pavage frais et les courbes routières abondantes. Peu après le barrage Manic-2, nous avons élu campement sur une aire de gravier en retrait de la route. Feu, vin et étoiles étaient au rendez-vous pour cette première soirée en nature.

Campement sur la route vers Fermont
Campement sur la route vers Fermont

De Baie-Comeau à Fermont

La 389 suit essentiellement dans son tracé la rivière Manicouagan et le réservoir éponyme. Sur ce cours d’eau ont été bâtis pas moins de 4 barrages hydroélectriques majeurs. Quelques-uns d’entre eux sont ouverts au public, notamment le plus imposant, Manic-5, aussi nommé Barrage Daniel-Johnson et le plus gros de son type au monde. Emblème du génie civil québécois, c’est généralement lui qui fait la tête d’affiche lorsque vient le temps de montrer en images la grandeur des projets hydroélectriques de notre province. Il fallait absolument que nous nous y arrêtions. La visite, d’une durée de deux heures, est de toute évidence un arrêt populaire dans la région vu la grandeur du groupe duquel nous faisions partis. Certains autres touristes semblaient d’ailleurs s’être donnés comme objectifs de visiter tous les ouvrages de la région ouverts au public (plus de 5 je crois).

Manic-5
Manic-5
Route 389 vers Fermont
Route 389 vers Fermont

Après notre tour de turbines, alternateurs, conduite forcées et immenses voûtes bétonnées, nous avons repris la route afin de gagner Fermont avant la noirceur. Passé Manic-5 la 389 retombe sur sa surface de gravier d’origine entrecoupée d’une section asphaltée et se remets à serpenter jusqu’à ce que les immenses montagnes de résidus miniers de Fermont commencent à se dessiner à l’horizon. À ce moment, la civilisation resurgit de l’immensité boréale. En quittant Baie-Comeau, la population des feuillus se parsème et se voit essentiellement représentée par le bouleau. Une centaine de kilomètres au nord de Manic-5, les feuillus disparaissent, la forêt se rapetisse en stature et le paysage est dominé par de petits pins rabougris battus par le rude vent nordique. Alors que la tordeuse des bourgeons a fait noircir des kilomètres carrés de verdure au sud, ce sont les feux de forêt qui à cette latitude on ravagé la verdure.

Le mur écran de Fermont
Le mur écran de Fermont

Audrey dégustant une bièreArrivés à Fermont, nous avons élu domicile au camping municipal pour faire les choses simple et sommes partis à la découverte du mur-écran et de la ville qu’il protège des vents du nord. Sous la bruine et dans la noirceur, nous avons arpentés quelques rues endormies avant de regagner notre tente. Les mineurs se lèvent tôt et nous aussi, car la route demain allait être longue.

Dans le mur écran
Dans le mur écran

De Fermont à Happy Valley Goose Bay

Churchill Falls
Churchill Falls

Après un petit arrêt par Labrador City pour un déjeuner digne de ce nom, nous nous sommes engagés sur la Translabrador. Entièrement pavée et neuve, la route s’est déroulée sans embûches et rapidement nous avons pu traverser l’entièreté du territoire jusqu’à Happy Valley Goose Bay en passant par Churchill Falls. Nous n’avons fait qu’y passer histoire de prendre un peu le pouls de ces villes qui manifestement n’existent que pour l’industrie locale et au look plutôt délabré. De notre côté, la température oscillait entre 12-14 avec une constante bruine. Ici, c’est définitivement le climat qui dicte sa loi. Disposant d’un peu de clarté devant nous, nous avons tenté de pousser un peu histoire de prendre de l’avance pour le lendemain. C’est presque à la noirceur que nous avons élu campement dans une sorte de zone nivelée en bordure de la route. L’assaut des insectes finalement repoussé par notre feu et la noirceur, nous avons pu profiter d’une soirée plutôt humide mais non la moins divertissante.

Route du Labrador

Cette nuit là, nous avons tenté de dormir dans la voiture histoire d’en évaluer le confort. Cela fut moyen, mais avec quelques aménagments, j’ai la conviction que nous pourrions rendre l’espace arrière à niveau. Aussitôt sorti du véhicule, l’assaut des insectes s’est fait si intolérable que nous avons remballé notre matériel au plus vite sans prendre le temps de manger.

Des arbres!

De Happy Valley Goose Bay à Red Bay

Route du Labrador en gravier

Décor sur la côte du Labrador
Décor sur la côte du Labrador

La route pavée s’arrêtait après Goose Bay pour quelques centaines de kilomètres et pour reprendre plus tard; toute neuve et fraîche. Sur la partie en gravier d’ailleurs, de l’équipement et du personnel s’affairait à poser du bitume. Arrivé près de la côte, le décor est passé de la forêt de conifères à perte de vue à celui de grandes étendues de plaine arctique. Arrivés à notre destination de la journée, Red Bay, un site classé au patrimoine mondial de l’UNESCO comme ancien établissement de baleiniers basques, nous avons garé la voiture et entrepris de visiter l’endroit qui par ailleurs est aussi un très charmant village. Un peu avant d’arriver sur les lieux, nous avions aperçu un glacier au large. Lorsque nous nous sommes rendus compte que la bateau qui devait aller nous porter sur la petite île où se trouvent les vestiges allait par la suite amener deux autres touristes voir le glacier, nous avons sauté sur l’occasion et décidé d’annuler notre visite du site.

Quai à Red BayGlacierPour être franc, j’ai été légèrement déçu par l’expérience. Moi qui m’attendais à aller pouvoir toucher de mes mains l’immense bloc de glace, j’ai vite compris qu’il vaut mieux se tenir à bonne distance de cet objet surgelé de 10 étages en eaux chaudes. Si ce n’est pas un pan entier qui vous tombera sur la tête, c’est le tsunami qui suit qui ira vous précipiter dans le détroit de Belle-Isle. Cette petite visite aura tout de même valu la peine, d’autant plus que le capitaine, un habitant de localité avec un fort accent, nous a gentiment offert de nous déposer sur l’île quand même et venir nous chercher dans une heure, même si officiellement le site de Parc Canada était fermé. Un petit fish and chips plus tard, nous avons fait un peu de toute pour nous trouver un coin où dormir, lequel s’est avéré être une place de camping dans un petit parc provincial non loin d’une plage. Pas d’autre programme la journée du lendemain que prendre le traversier pour Terre-Neuve depuis Blanc-Sablon

Épave à Red Bay

Red Bay
Red Bay

Blanc-Sablon est une petite bourgade côté Québec mais culturellement attachée au Labrador, car personne n’y parle français et tout le monde semble y vivre à l’heure de Terre-Neuve même si officiellement ils se trouvent dans le même fuseau horaire que le reste du Québec. Autrement, le coin est plutôt charmant et le décor splendide.

Blanc-SablonBlanc-Sablon