Endroit de bivouac parfait; ni vu ni connu et le lac était splendide. Une fois la route rejointe, le barrage avait été comme promis levé. Arrivé à Chibougamau, je suis allé garer ma moto près du départ des sentiers du Lac Gilman puis me suis engagé dans le parc. Maintes et maintes fois, alors que j’étais en stage dans l’hôpital de la ville, je suis allé me perdre dans dans la vastitude de ce magnifique endroit. Offrant relief, décor spectaculaire de forêt récemment incendiée (en 2006 il me semble), lacs, tourbières, le tour de ce parc fait à peu près 10 kilomètres et donne au visiteur tous les attraits de la forêt boréale.
De retour en ville, j’ai fait le plein et me suis engagé vers la route 113 pour rejoindre l’Abitibi-Témiscamingue. Mon voisin du camping de l’Anse-St-Jean m’avais averti que la route était en piteux état. Rien pour me faire peur, le Tadjikistan m’a largement formé en ce qui concerne les routes pourries. Qui plus est, slalomer entre les trous à moto est d’autant plus facile.
La chaussée avait été tout récemment refaite, alors j’ai pu parcourir sans problèmes les kilomètres (sauf plusieurs lavages de visières pour causes d’impacts d’insectes) jusqu’aux abords de Lebel-Sur-Quévillon. Au passage, j’ai croisé deux localités, soit Desmaraisville et Miquelon qui avaient toutes l’air de villes abandonnées, témoignage que l’industrie forestière ou minière dicte les mouvements des hommes en ces contrées.
Il n’y avait pas non plus autant de lacs que pour monter à Chibougamau, donc j’ai déployé ma tente à l’entrée d’une route forestière. Profitant des nombreux débris de bois jetés par les convois, j’ai rapidement pu constituer un bon brasier pour faire écran aux assauts inlassables des nuages de brûlots.
Le Lac-St-Jean est une région pleine de richesse et de vie et l’on ne vante pas assez ses attraits. À 2h de Québec, je me suis dit que j’allais garder les visites pour un moment ultérieur en compagnie d’Audrey. Je n’ai quand même pas pu m’empêcher d’aller cogner à la porte de l’office de tourisme (officiellement fermé) pour demander s’il était possible d’aller visiter l’aluminerie de Jonquière. Évidemment, tout était fermé aux visiteurs. La journée s’est donc déroulée sur la route, de ville en ville avec une interlude à savourer une poutine. Champs de bleuets, champs de pomme de terre et en fin de journée j’étais aux portes de la route qui mène à Chibougamau.
À l’été 2018, j’ai eu la chance de passer mon premier stage dans cette ville connue de tous (car sur la carte des météorologues) mais trop peu fréquentée. En plein dans la forêt boréale et dans le Bouclier Canadien, Chibougamau est décidément une communauté nordique où se côtoie blancs et autochtones. La nature y est grandiose et sent bon le pin et les grands espaces. J’avais le goût d’y repasser pour ensuite rejoindre l’Abitibi.
Arrivée à dernière station d’essence avant l’entrée de la réserve naturelle qui mène à la ville (210 km plus loin), un panneau du ministère des transports annonce un barrage policier au km 179. Merde, j’avais oublié que tous les points de contrôle avaient été levés sauf celui de la Baie-James. Quand même, j’ai questionné le personnel de la station service et par chance, l’une d’entre elles avait entendu que ce barrage allait être levé à minuit ce soir. Quelle chance! Un camionneur a également confirmé l’information.
Vers 18h30, je me suis donc engagé sur la route, roulant à bonne vitesse, passant quelques ours et rencontrant même un convoi de campeurs traînant roulotte et chaloupes de pêche en vue de la réouverture de la région. Profitant de la lueur pour prendre de l’avance sur le lendemain, j’ai poussé presque jusqu’au barrage puis ait bifurqué sur une route de bois menant à un lac. Je m’attendais à coucher rustique, mais j’ai débouché sur plusieurs sites de camping avec services limités. Oups, l’endroit appartient à la réserve faunique. Ce n’est pas dans mon habitude d’élire domicile sur des terrains officiels sans réservation, mais vu l’heure tardive et ma visière presque opacifiée par des cadavres de mouches, j’allais tenter ma chance. Rouler la nuit sur ce genre de route n’est pas sans dangers et de toute manière, la police me bloquait le chemin.
En terminant tous mes examens de médecine avant la fin officielle du cursus, j’étais parvenu à me garantir un 3 mois de libre pour partir de nombreuses semaines. L’épidémie de COVID-19 aura foutu mon plan à l’eau. J’envisageais la Macédoine et la Bulgarie, finalement ça l’aura été le confinement, du travail par dessus le marché et cinq semaines à contribuer à l’effort de guerre comme assistant préposé aux bénéficiaires dans un CHSLD.
Mais je me plaint la bouche pleine. Je ne suis pas de ceux qui auront perdu leur emploi ou pire, un proche. Cette pandémie nous aura tous affectés, de près ou de loin. Comme employé du système de santé, j’ai pu témoigner directement des ravages qu’elle a causé, tant dans le moral des valeureux travailleurs de première ligne comme les plus vulnérables d’entre nous qui en ont sérieusement écopé.
Tout de même, il fallait que je prennes quelques vacances, que je décroche un peu. La situation sur le terrain s’étant grandement améliorée, j’ai tiré ma révérence de mon emploi en CHSLD pour tenter de m’évader un peu. Toutes les frontières étant fermées, cette escapade allait être locale. Parmi mes options, la moto bien sûr. Je n’en possède toujours pas, mais un bon ami m’a fait grâce de sa BMW R1150R sans se faire prier. Sur cette machine j’allais donc m’embarquer pour un petit tour du Québec.
Avec une tenue route allemande, des poignées chauffantes et 90 chevaux, donc assez pour se faire sérieusement peur, j’ai rempli mes valises et mon sac à dos de victuailles et d’équipement pour aller explorer la province pendant une dizaine de jours.
Premier objectif, le Lac-St-Jean. Contrairement à toutes les 125-100 cc bon marché que j’ai roulé dans le passé, la BMW avale les kilomètres comme si ne rien n’était. Parti de Québec, je me suis baladé le long du fleuve St-Laurent, passant par Charlevoix pour aboutir à mi chemin dans le fjord du Saguenay à l’Anse-St-Jean. Dommage que la route n’ait pas collé d’un peu plus près les falaises et les magnifiques points de vue.
L’approche du solstice d’été nous donnant amplement de lumière, j’ai pu rouler jusqu’à tard pour aboutir dans le camping municipal. Je suis équipé pour l’autarcie totale, mais vu la conjecture, j’ai choisi d’aller dépenser quelques dollars dans l’infrastructure touristique de la région. Un employé du camping m’a confié n’avoir jamais vu de telle affluence. C’est compréhensible. Après des mois confinés, l’envie nous brûle tous de nous échapper de la routine. Les sites étaient pour la plupart occupés donc. Cependant, les restaurants et les gîtes étaient tous fermés pour cause de Covid. Déjà que la saison de tourisme est courte au Québec, espérons que la plupart sauront braver une saison de vache maigre.
Avec un feu et une vue sur le fjord, j’ai donc passé la soirée entre quelques petites conversations avec mon voisin de terrain et mes pensées emplies de tout ces tracas accumulés depuis des mois. La tête pleine de vent, les oreilles bourdonnant encore du vrombissement de la BMW et le regard porté par les flammes de mon feu de camp, j’ai senti mon esprit commencer à se libérer de l’emprise du quotidien.
Après une année de folie professionnelle, l’appel de l’aventure s’est à nouveau fait entendre. Ayant largement abusé de l’international, nous avons cette fois-ci opté pour une épopée un peu plus locale : Terre-Neuve et le Labrador avec Saint-John’s comme objectif. Il existe deux moyens de se rendre sur l’île de Terre-Neuve, le traversier depuis la Nouvelle-Écosse et celui du détroit de Belle-Isle au départ de Blanc-Sablon. Nous comptons prendre le premier pour le retour et le deuxième pour l’aller, traversant au passage le Labrador.
Histoire de profiter au maximum de vacances bien méritées, je me contenterai de publications succinctes sur ce blogue. Tout de même, je comptais y écrire, car c’est un habitude intéressante qui, j’en suis certain, le futur moi saura en profiter quand dans quelques décennies je pourrai à nouveau me plonger dans les voyages de ma jeunesse.
Ne disposant que d’un peu plus de deux semaines pour compléter ce périple de pas moins de 5000 kilomètres, nous avons décidé de tracer au maximum la partie Labrador, nous arrêtant au minimum dans la journée.
De Québec à Baie-Comeau
C’est donc dans la hâte que nous avons quitté la ville de Québec, excités d’enfin décrocher du travail. Cinq heures plus tard, nous étions à Baie-Comeau, ville emblématique de la Côté-Nord. Pour la peine, nous nous y sommes arrêtés pour une bière à la micro-brasserie locale et une brève balade suivant les recommandations d’un ami originaire de l’endroit. C’était peu, mais de toute manière, Audrey et moi nous sommes dits qu’il faudra revenir explorer la Côte-Nord un autre temps.
Depuis Baie-Comeau, nous nous sommes engagés sur la 389 Nord vers Fermont, seul accès continental vers le Labrador. Je m’attendais à une route de gravier nordique comme j’en ai croisé lors d’un stage à Chibougamau, mais à ma grande surprise, le décor était intéressant, le pavage frais et les courbes routières abondantes. Peu après le barrage Manic-2, nous avons élu campement sur une aire de gravier en retrait de la route. Feu, vin et étoiles étaient au rendez-vous pour cette première soirée en nature.
De Baie-Comeau à Fermont
La 389 suit essentiellement dans son tracé la rivière Manicouagan et le réservoir éponyme. Sur ce cours d’eau ont été bâtis pas moins de 4 barrages hydroélectriques majeurs. Quelques-uns d’entre eux sont ouverts au public, notamment le plus imposant, Manic-5, aussi nommé Barrage Daniel-Johnson et le plus gros de son type au monde. Emblème du génie civil québécois, c’est généralement lui qui fait la tête d’affiche lorsque vient le temps de montrer en images la grandeur des projets hydroélectriques de notre province. Il fallait absolument que nous nous y arrêtions. La visite, d’une durée de deux heures, est de toute évidence un arrêt populaire dans la région vu la grandeur du groupe duquel nous faisions partis. Certains autres touristes semblaient d’ailleurs s’être donnés comme objectifs de visiter tous les ouvrages de la région ouverts au public (plus de 5 je crois).
Après notre tour de turbines, alternateurs, conduite forcées et immenses voûtes bétonnées, nous avons repris la route afin de gagner Fermont avant la noirceur. Passé Manic-5 la 389 retombe sur sa surface de gravier d’origine entrecoupée d’une section asphaltée et se remets à serpenter jusqu’à ce que les immenses montagnes de résidus miniers de Fermont commencent à se dessiner à l’horizon. À ce moment, la civilisation resurgit de l’immensité boréale. En quittant Baie-Comeau, la population des feuillus se parsème et se voit essentiellement représentée par le bouleau. Une centaine de kilomètres au nord de Manic-5, les feuillus disparaissent, la forêt se rapetisse en stature et le paysage est dominé par de petits pins rabougris battus par le rude vent nordique. Alors que la tordeuse des bourgeons a fait noircir des kilomètres carrés de verdure au sud, ce sont les feux de forêt qui à cette latitude on ravagé la verdure.
Arrivés à Fermont, nous avons élu domicile au camping municipal pour faire les choses simple et sommes partis à la découverte du mur-écran et de la ville qu’il protège des vents du nord. Sous la bruine et dans la noirceur, nous avons arpentés quelques rues endormies avant de regagner notre tente. Les mineurs se lèvent tôt et nous aussi, car la route demain allait être longue.
De Fermont à Happy Valley Goose Bay
Après un petit arrêt par Labrador City pour un déjeuner digne de ce nom, nous nous sommes engagés sur la Translabrador. Entièrement pavée et neuve, la route s’est déroulée sans embûches et rapidement nous avons pu traverser l’entièreté du territoire jusqu’à Happy Valley Goose Bay en passant par Churchill Falls. Nous n’avons fait qu’y passer histoire de prendre un peu le pouls de ces villes qui manifestement n’existent que pour l’industrie locale et au look plutôt délabré. De notre côté, la température oscillait entre 12-14 avec une constante bruine. Ici, c’est définitivement le climat qui dicte sa loi. Disposant d’un peu de clarté devant nous, nous avons tenté de pousser un peu histoire de prendre de l’avance pour le lendemain. C’est presque à la noirceur que nous avons élu campement dans une sorte de zone nivelée en bordure de la route. L’assaut des insectes finalement repoussé par notre feu et la noirceur, nous avons pu profiter d’une soirée plutôt humide mais non la moins divertissante.
Cette nuit là, nous avons tenté de dormir dans la voiture histoire d’en évaluer le confort. Cela fut moyen, mais avec quelques aménagments, j’ai la conviction que nous pourrions rendre l’espace arrière à niveau. Aussitôt sorti du véhicule, l’assaut des insectes s’est fait si intolérable que nous avons remballé notre matériel au plus vite sans prendre le temps de manger.
De Happy Valley Goose Bay à Red Bay
La route pavée s’arrêtait après Goose Bay pour quelques centaines de kilomètres et pour reprendre plus tard; toute neuve et fraîche. Sur la partie en gravier d’ailleurs, de l’équipement et du personnel s’affairait à poser du bitume. Arrivé près de la côte, le décor est passé de la forêt de conifères à perte de vue à celui de grandes étendues de plaine arctique. Arrivés à notre destination de la journée, Red Bay, un site classé au patrimoine mondial de l’UNESCO comme ancien établissement de baleiniers basques, nous avons garé la voiture et entrepris de visiter l’endroit qui par ailleurs est aussi un très charmant village. Un peu avant d’arriver sur les lieux, nous avions aperçu un glacier au large. Lorsque nous nous sommes rendus compte que la bateau qui devait aller nous porter sur la petite île où se trouvent les vestiges allait par la suite amener deux autres touristes voir le glacier, nous avons sauté sur l’occasion et décidé d’annuler notre visite du site.
Pour être franc, j’ai été légèrement déçu par l’expérience. Moi qui m’attendais à aller pouvoir toucher de mes mains l’immense bloc de glace, j’ai vite compris qu’il vaut mieux se tenir à bonne distance de cet objet surgelé de 10 étages en eaux chaudes. Si ce n’est pas un pan entier qui vous tombera sur la tête, c’est le tsunami qui suit qui ira vous précipiter dans le détroit de Belle-Isle. Cette petite visite aura tout de même valu la peine, d’autant plus que le capitaine, un habitant de localité avec un fort accent, nous a gentiment offert de nous déposer sur l’île quand même et venir nous chercher dans une heure, même si officiellement le site de Parc Canada était fermé. Un petit fish and chips plus tard, nous avons fait un peu de toute pour nous trouver un coin où dormir, lequel s’est avéré être une place de camping dans un petit parc provincial non loin d’une plage. Pas d’autre programme la journée du lendemain que prendre le traversier pour Terre-Neuve depuis Blanc-Sablon
Blanc-Sablon est une petite bourgade côté Québec mais culturellement attachée au Labrador, car personne n’y parle français et tout le monde semble y vivre à l’heure de Terre-Neuve même si officiellement ils se trouvent dans le même fuseau horaire que le reste du Québec. Autrement, le coin est plutôt charmant et le décor splendide.
Today, the sun was out and bright in perfectly clear skies, in other words, not studying day. Having wanted to check out the Saint-Anne-de-Beaupré basilica for a while, I figured this was a good enough reason to leave my books for an afternoon and get out of the city.
My tour of the basillica and the other smaller attractions in its vicinity only yielded mild satisfaction. The basilica itself was impressive, but lacked the imposing and solemn feeling you’d expect from such an important place of cult. Though well landscaped, the grounds around it were nothing more than facilities catering to the many pilgrims that come here each year, but on my way up the hill behind the basilica, I noticed another building of religious function hiding behind a curtain of vegetation. It was a monastery, at least that was what the sign on the main entrance indicated.
Nature was clearly well into the process of reclaiming its lost territory and the whole building looked decidedly empty. On closer inspection, windows were broken and the masonry was starting to fall apart in places. That’s when I noticed an opened door. I walked around the building to see if I could spot any sign of human activity and after noticing many more open entrances, I took it as an invitation to go inside.
I entered through the refectory, made my way to the chapel and then proceeded to explore each and every floor all the way up to the roof. It was eerie. I’ve been inside abandoned buildings in the past, but the fact that this one had been a place of worship and religious devotion made the whole experience somewhat creepier. I could feel my heart pounding, I was super alert and watching every single step I took. For a good hour, I walked around this empty building that given it’s size, must have been occupied by well over an hundred in its heyday. I took many pictures during my tour but only a handful turned out OK enough; too bad I’m a poor photographer because the place was extremely photogenic. Aside from some furniture, the place had been gutted empty, even the wooden hand rails were gone. Not that I intended to steal anything, even if the site had been abandoned, it still had owner so nothing in there was mine to take, but I was certainly hoping for more religious paraphernalia.
Once out, I went back to the village and asked some locals what they knew about the monastery. They told me it had been built at the beginning of the last century and was occupied for most of its history by nuns but otherwise, none were exactly sure how such a place became so derelict or what fate was awaiting it. Back home, a quick search on the web turned up heritage listings (1, 2). The monastery, built in 1906, had been a convent for the Redemptoristines nuns. Owing to their declining numbers and means to maintain and occupy their huge home, the nuns relocated near Montreal in the mid 1990s. After a string of occupants and dwindling interest in the property, it became too big of a burden so the owners, the Redemptorists monks, stopped heating the building (and doing any maintenance whatsoever on it). This Flickr page from someone who, just like me, had sneaked inside the convent uninvited, shows what the interior looked like before it was definitively abandoned in 2014. It’s staggering to see what two years of complete neglect does to infrastructure and how fast nature reclaims her rights.
There are plans to convert the property to a funeral home but thanks to it’s peculiar architecture (typically 1900s), the exterior has been declared heritage so at least the outer part of the convent should be preserved in that capacity for a while. However, given the size and age of the building, I entertain many doubts in its long-term survival as I don’t think a small regional business or city can afford the upkeep costs of such a place. Hopefully, that small Wikipedia article I wrote on it will preserve some of the memories.