Notre prochaine étape devait être la baie d’Halong, mais comme nous n’avions pas vraiment d’idée de quel manière il fallait la visiter et que nous étions arrivés trop tard à Ha Noi de toute façon, nous devions donc y passer une nuit. Aucun problème, car il devait y avoir suffisament de choses à y visiter pour occuper cette journée. Une fois nos affaires déposées à l’auberge, nous nous sommes mis à la recherche d’un restaurant pour y déjeûner et avons arrêté notre choix sur une petite cuisine de rue qui servait du bun cha (porc barbecue). La qualité de la nourriture a été si étonnante que nous y sommes retournés dans la soirée, pour nous rendre compte que l’endroit avait disparu.
Bref, le ventre plein, nous nous sommes aiguillés vers la première étape du tour à la marche du vieux Ha Noi recommandé par Lonely Planet. Sans trop de surprises, ce fut magasin après magasin. Une fois au marché et quelque peu blasés par la visite, j’ai traîné Yves-Étienne partout dans le quartier pour trouver du Durian, que finalement j’ai déniché dans une petite allée. Par contre, c’était le fuit complet, donc beaucoup trop, spécialement en raison du fait que je m’attendais pas à ce que mon ami apprécie le goût tant que ça. J’ai donc demandé à la dame de me l’ouvrir et de m’en donner la moitié. Chose qu’au début elle a rechigné à faire, mais en voyant que j’étais prêt à payer 100 000 dongs pour une moitié de fruit, tout se suite elle a obtempéré. Je me suis donc fait arnaquer un peu, ce qui ne s’est pas avéré être si grave, car Yves-Étienne, n’appréciant pas vraiment le goût, m’a gentillement laissé terminer sa portion. Ce fut le moment fort de la visite du vieux Hanoi, qui comme beaucoup d’autre villes du pays, est surtout un gros magasin de souvenirs.
De retout dans le quartier de notre auberge. Il nous fallait réserver notre croisière pour la baie d’Halong. Croisière, car l’endroit étant manifestment en majeure partie couvert d’eau, la seule manière de le visiter était de se réserver une place sur un périple très touristique de deux ou trois jours à bord d’un bateau. Par chance, la première agence visité fut la bonne et les autres purent peut-être accoter le prix, mais pas le service. Nous avions fais nos recherches avant d’aller réserver notre tour et comme le temps nous permettait une autre destination, nous avions décidé de combiner notre croisière avec une visite de l’île de Cat Ba sur laquelle le bateau devait nous déposer au deuxième jour plutôt que de nous ammener au port puis à Ha Noi.
Comme nous nous trouvions dans une auberge de type “party”, des évènements étaient organisés pas mal chaque soir qui quotidiennement se terminaient par un pub crawl. Devant partir tôt le lendemain, nous allions passer le pub-crawl, mais pour la bière d’avant, nous étions plus que partant. Malheureusement (j’aurais du mieux savoir…), l’atmosphère se composait presque entièrement de jeunes étalons surexcités par la perspective d’une soirée sur la boisson. On s’emmerdait pas mal, mais éventuellement Jasmine par hasard débarquée accompagnée de son hôte vietnamienne de couch-surfing. J’avais rencontré Jasmine la première fois à Chiang Mai et sa présence ici à Ha Noi état totalement fortuite. Un personne très intéressante, j’avais malheureusement une extrême difficultée à communiquer avec elle en raison de son fort accent couplé avec une faiblesse d’élocution assez marquante. Yves-Étienne me confirma que ce n’était pas que de ma faute. Peu importe, nous avons passé le reste de la soirée avec eux en discutant autour de bia hoi à 8000 dongs le verre, donc mois de 50 cents; la bière la moins cher du monde est au Vietnam.
Réveil aux petites heures le lendemain pour un départ vers la baie d’Halong.
Comme le train partait en fin de soirée, nous avions suffisament de temps pour passer la journée à visiter Hué, ancienne capitale Vietnamienne. L’attraction incontournable de la ville est sa formidable citadelle, siège de l’empire de l’époque. Nous étant levés relativement tard, la visite de cette dernière a été pas mal la seule activité de la journée. Sur le retour à l’auberge par contre, nous nous sommes remplis de bouffe de rue, car contrairement au reste du Vietnam où c’est surtout pho (soupe), bun cha (porc barbecue) et com (riz), il y avait beaucoup de variété (à Da Lat aussi en y reprensant bien).
Le soir venu, nous nous sommes rendus à la gare pour prendre notre train de nuit à Hanoi, mais pas avant d’avoir fait quelques emplettes de bière et d’eau. Très comparable au train chinois quoi que moins bondé, le trajet fut plutôt comfortable et relaxant, avec en prime un wagon restaurant. Après 14 heures de train donc, nous sommes arrivés à la capitale du Vietnam, Ha Noi, et ce relativement reposés.
Le trajet de Hoi An vers Hué (ou vice-versa) a été rendu populaire par l’émission de voiture britannique “Top Gear“, où pour un épisode les hôtes devaient parcourir le Viet Nam à moto en deux semaines de Ho Chi Minh ville à Hanoi avec comme slogan “We’re gonna do in eight days what the Americans could not do in eight years”. Yves-Étienne, ayant visionné l’épisode en question, était plutôt excité, car comme le confirmait le site d’Easy Riders, qui en fait avait un tour spécialement destiné à ce trajet, ce dernier avait été qualifé par Top Gear de “Ride of Lifetime”. J’avais moi aussi hâte de voir. Mr. Thàn à l’heure nous sommes sautés en selle, mais la journée commença par des problèmes de casque et la moto de Yom qui peinait à démarrer. Un détour chez Mr. Than et un plein plus tard, nous nous sommes mis en route vers notre premier arrêt: la montagne de marbre aux abords de Da Nang. J’en avait déjà vu de ces collines transformées en temples et celle-ci s’avéra être assez standard, mais mes amis étaient manifestment charmés par l’endroit et pour être franc, ce genre de visite est beaucoup plus agréable en groupe que seul. L’atmosphère à l’intérieur de la grotte principale se prêta à quelques jeux photographiques aux résultats très intéressants et finalement, même si le lieu était évidemment adapté à la population des resorts de la région, nous y avons passé un bon moment, couronné par des paris sur le nombre de “You buy something?” qui allaient nous être dirigiés à la sortie de la montagne en passant par les étals de souvenirs. De la rigolade au dépend des Vietnamiens.
Yves-Étienne circulait en moto semi-automatique, du type sur lequel il avait fait ses armes à Da Lat et Yom avait un scooter bien standard, car peu expérimenté. Pour ma part, Mr. Than m’avait prêté sa propre moto, une Honda 125cc à l’allure custom, sa fierté, car au Vietnam, 99% des motos sont du type de celles de mes amis. Mis à part diverses pauses pour observer le paysage et se faire emmerder par des vendeuses de bricoles stratégiquement disposées là où la vue est la plus belle, l’arrêt suivant a été le col de Hai Van. La montée vers celui-ci fut spectaculaire et je dois avouer que comme première expérience de moto, mes amis furent gâtés par le moment. Une belle route serpentant dans les montagnes vers le col duquel un flot de nuages de déversait. Une fois là-bas par contre, nous nous sommes retrouvés dans un brouillard qui limitait la visibilité à une centaine de mètres. De l’autre côté du col, c’était la même histoire, le climat était sensiblement différent du soleil radieux qui nous avait accompagné jusqu’à présent.
Une fois redescendus, nous nous sommes arrêtés à un restaurant pour le déjeûner et aussitôt que nous avons repris la route, une légère pluie s’est mise à tomber au grand désarroi de mes amis. Effectivement, en moto, on s’expose aux éléments. Mr. Than nous a arrêté sur le bord de la route et a donné des combinaisons imperméables à Yves-Étienne et Yom. Moi, je m’en sortais pas mal, car le carénage de ma machine me protégait d’une bonne partie de l’eau et de toute manière, j’étais habitué a faire de la moto trempé. C’était de la petite pluie, j’avais vu bien pire, du genre de précipitation que peu importe le vêtement, on est innondé quasi instantanément. À un moment, nous avons bifurqué sur des routes secondaires pour aller voir les Chutes de l’Éléphant (moi qui croyait qu’il y allait avoir de vrais pachidermes), des rapides dont les berges avait été envahis par des restaurants destinés aux touristes vietnamiens. Le décor était tout de même enchanteur et avec le ciel gris, l’humidité et le son de la pluie en pleine forêt, le tout se combinait en une atmosphère fraîche et visuallement plaisante. J’ai donc trouvé que la détour valait le coup, d’autant plus que pour remonter le rapide, il fallait sauter de pierre en pierre. Loin d’être de l’escalade, c’était par contre un exercice de dextérité qui d’ordinaire m’amuse beaucoup et cette fois n’y faisait pas exception. En ce qui concernait le trajet de moto, la pluie avait rendu la piste un peu difficile à négocier pour mes amis novices, mais vite fait nous sommes retournés sur la route principale avec la pluie qui nous accompagnait toujours.
Quand même, “The ride of lifetime”? Nous partagions la route avec camions et autobus acoompagnés de leur klaxonnage intempestif. La limite de vitesse pour les motos au Vietnam étant en deça des celles des autres véhicules plus gros avec en plus la pluie, nous étions forcés de circuler sur l’accottement (TRÈS DANGEREUX). Yves-Étienne suivait Yom d’un peu trop près et lorsque celui-ci donna un coup de frein, il enfonça à son tour par réflexe le frein avant de sa moto ce qui à cause du gravier et du manque d’expérience, le précipita sur la chaussée. Merde. Je me suis tout de suite arrêté pour lui porter assistance, mais les Vietnamiens l’avaient déjà relevé. Après questionnement sur son état physique, c’était plus de peur que de mal, mais le sentant quand même fébrile et encore sur l’adrénaline d’une situation qui aurait avoir une issue beaucoup plus grave, j’ai convaincu les autres qu’il fallait mieux prendre un pause pour que tout le monde puisse se ressaisir. Ses vêtements l’avais protégé, il avait une hanche et un coude un peu endolori et une légère coupure sur la cheville mais c’était tout, le reste de l’équipement, incluant le casque, avait absorbé le choc. Ironique, la soirée d’avant au bar, lorsque nous avions trinqué à la journée présente, j’avais explicitement porté mon verre à ce que personne ne se plante.
Lorsque nous avons repris le chemin, Mr. Than, qui n’allait déjà par très vite, ralentit encore plus le rhythme. Un peu plus tard, après avoir circulé un moment dans le traffic d’Hué, nous sommes tous arrivés sain et sauf à notre point d’arrivé, là où nous devions laisser notre guide et les motos. Bien que peu locace, il avait tout de même fait un bon travail et avait livré la marchandise; les intempéries et accidents étant hors de son contrôle. En voyant son visage s’illuminer à la vue du pourboire que nous lui avons laissé, lui aussi fût apparament satisfait de nous avoir eu comme clients.
Que d’expériences quand même, montagne, pluie, accident, traffic, la totale pour les deux autres qui n’avaient pratiquement jamais conduit de moto de leur vie. Yom était à une auberge différente, alors après un souper de pizza pour nous récompenser d’une journée productive au niveau tourisme, nous avons pris congé de lui pour aller acheter des billets de train pour Hanoi. Au retour de la gare et contents de ne pas avoir à prendre l’autobus encore une fois, Yves-Étienne, draîné par sa journée, parti se coucher tandis que j’ai rejoint Yom à son auberge pour passer un dernier moment en sa compagnie.
Contrairement à l’autobus Dalat-Nah Trang, nos conducteurs avaient le service à la clientèle à coeur et bien qu’ils ne se rendaient pas jusqu’à Hoi An, ils nous ont quand même par leurs propres soins transféré dans un autre autobus qui y allait. Nous n’avions pas encore d’auberge et une fois débarqué, il est devenu évident que nous n’étions pas seuls dans cette situation. Accompagnés d’un français, Yom et d’une canadienne de l’Alberta, Jaclyn, tous deux plusieurs mois dans la région, nous avons erré un moment dans la ville pour vite nous rendre à l’évidence qu’Hoi An était tel qu’elle nous avait été décrite, belle et charmante, mais autrement un immense magasin de souvenirs doublés d’hôtels de luxe et de restaurants chers. Il devait s’y trouver des options plus aborables, alors au premier café wifi, nous nous sommes arrêtés pour vérifier ce que l’internet avais à nous offrir. Beaucoup mieux, le Sleepy Gecko, pas directement dans la ville, mais selon sa description et les critiques, l’endroit que nous cherchions. Cette contrainte écartée, nous sommes restés une bonne heure supplémentaire attablés devant nos verres vides à parler de tout et de rien.
Yom, en raison d’un anglais fonctionnel mais pas vraiment à la hauteur de nos conversations, se contentait d’écouter, posant quelques questions de temps à autres pour raccrocher le fil, mais Jaclyn débitait et débitait des paroles. Une maîtrise faite en trois ans, une traversée du Canada sur le pouce, ceinture noire de je ne sais plus trop quel art martial et dans la moitié d’une famille de sept enfants avec pas moins d’une centaine de cousins. De l’Alberta elle venait? À tout le moins elle avait des idées intéressantes, mais vite je commençais à me douter de certaines choses par rapport à sa personne. Plus tard, nos affaires en sécurité (relative) à l’auberge et une petite session de piscine pour nous rafraîchir, nous sommes retournés en ville pour nous trouver un restaurant et ce faisant continuer à parler. Là tout se mit en place, Jaclyn ainsi que tous ses frères et soeurs, avait été éduquée à la maison pour des raisons évidemment religieuses et son bac et sa maîtrise avait été complétés à distance. Ses soeurs plus vielles étaient bien entendu toutes déjà mariées avec de la marmaille à revendre. Elle par contre se décrivait un peu comme le cygne noir de sa famille et avait choisi dans le moment de mettre son dessein (enfanter de petits chrétiens) en suspend et de prendre le sac à dos pour aller explorer le monde, décision inusitée dans son millieu où la vie est dictée par la tradition chrétienne. On ne défait pas une vie d’éducation rigoureusement religieuse, surtout pas dans ce genre de contexte, mais Jaclyn avait l’esprit auto-critique et avait visiblement beaucoup questionné l’existence et avait par conséquent des opinions intéressantes et parfois relativement avant-gardistes. Son principal défaut, fruit d’une scolarité hors d’un milieu social conventionnel, se déclinait en un constant besoin d’affirmation, comme si les interactions avec autrui devaient être une sorte de compétition. Enfance normale ou pas, les gens en manque de confiance en eux ou vantards se retouvent partout, mais dans son cas, il était d’autant plus surprenant qu’elle avait décroché une maîtrise en travail social et leadership. N’empêche qu’elle était une personne fascinante. Après le repas, la visite d’un temple et de l’investigation quant aux possibilités de plongée sous-marine dans les parages, Yom et moi nous séparèrent des deux autres; moi pour travailler, lui pour aller se fumer un “pétard”.
La soirée se passa de la même manière que la journée, sauf que là, je sorti mon whisky, duquel le propriétaire du Sleepy Gecko, un viel anglais marié à une Vietnamienne (beaucoup plus jeune) réclama plusieurs verres sous le prétexte du “corkage fee”. C’était un Ballantine’s 12 ans que j’avait acheté à l’aéroport, son préféré semblait-ils. En effet je l’appréciait moi aussi de plus en plus, même si pour ma part je préfère les Single Malts bien fumés et boisés, ceux qui donnent l’impression que l’on “chique de l’herbe” pour reprendre une expression de mon cousin. Théodore, un autre français, lui parcourant le Vietnam à moto était de la partie avec de belles histoires de réveil en camping par une bande de Viets armés de machettes désireux de lui soutirer sa moto et son matériel ainsi que de blessures de moto particulièrement hideuses. Porter des pantalons longs en moto? C’est effectivement une bonne idée. Théodore, habitué à conduire ces machines en France le savait très bien sauf que là, jouant de malchance, il portait des shorts et sur un cour trajet s’est brûlé l’intérieur du mollet sur son pot d’échappement. Deux jours plus tard, lors d’une perte de contrôle dans laquelle il était complétement habillé, la friction du tissu contre sa brûlure qui devait être au deuxième degré a arraché une bonne couche de la peau déjà très affaiblie. Ouch.
Le matin suivant, Jaclyn nous quitta sur le dos de la moto de Théodore. Dans l’après-midi et après avoir réservé une plongée pour le lendemain, Yom, Yves-Étienne et moi louèrent des vélos pour aller explorer les alentours d’Hoi An. De rustiques villages de pêcheurs, des rizières, le trajet vers la plage a été d’une réelle beauté. Une fois sur la côte par contre, nous avons retrouvés nos amis Russes et leurs beaux gros hôtels. Les gardes de sécurité sur place voulaient nous charger 5000 dongs par tête pour garer nos vélos, car il était interdit de les avoir avec nous sur la plage. J’ai déplacé le mien un peu plus loin, mais ces derniers me suivirent avec un cadenas, me menaçant d’une amende pour le débarrer. J’ai alors fait une scène à mes compagnons pour que nous nous déplaçions vers une longeur de plage moins développée. Eux visiblement n’étaient pas dérangés par la perspective de payer 25 cent de stationnement, mais moi par principe, je refusait.
Nous sommes alors allés un peu plus loin sur la route et après une courte reconnaissance, nous avons trouvé une section de plage déserte. Un peu plus tard, un groupe pêcheurs est arrivé et nous ont demandé de l’aide pour mettre à flot leur barque qui devait les ammener à leur bateau amarré non loin du rivage. Nous avions vu plusieurs de ces barques parfaitement ronde faites de bambou tressée depuis notre arrivée sur la côte et nous nous demandions comment les Vietnamiens s’y prenaient pour les contrôler avec une seule rame et cette fois ci, nous avons eu notre réponse: en faisant des huits. Nous avons repris la route vers Hoi An et une fois en ville, j’ai aperçu un homme à moto arborant le logo d’Easy-Riders, une compagnie pan-Vietnamienne offrant des tours de moto dans le pays. Comme nous considérions nous rendre jusqu’à notre prochaine destination de cette manière, je suis allé me renseigner auprès de l’homme pour connaître les prix et son offre a été plutôt intéressante: 90$ pour trois machines et lui comme guide jusqu’à Hué. En en discutant avec mes compagnons, je vis qu’eux aussi étaient chauds à l’idée d’une petite aventure à deux roues. Après un dîner de bouffe de rue, moi et le proprio avons mis fin à l’existence de la bouteille de whisky. Soirée tranquille, car il fallait se lever tôt le lendemain pour aller plonger.
La navette nous a ramassé Yves-Étienne et moi à l’heure prévue et bientôt, nous étions sur le bateau de la compagnie en route vers le parc aquatique. Comme mon ami devait faire une plongée de découverte, il a été rapidement pris à part par un instructeur tandis que j’ai été assigné à du matériel et ai reçu le briefing pour la première plongée. L’eau devait être à 21c, c’est à dire froide. Vu que mon ordinateur de plongée avait décidé de ne plus fonctionner par manque de batterie, je n’ai jamais eu la température exacte, mais après une courte demi-heure sous-l’eau, j’ai perdu la sensation de mes mains et avec cette dernière toute forme de dextérité. La visibilité n’était pas excellente et autour de nous, il n’y avait pas grand chose à voir si ce n’était qu’une certaine variété d’étoiles de mer et des coraux qui m’étaient inconnus. Vers la fin de la plongée, nous avons croisé le groupe de plongeurs de découverte et malgré mes tentatives d’aller saluer Yves-Étienne, ce dernier ne m’a pas aperçu, probablement trop subjugué par cette nouvelle expérience.
Une fois de retour à bord du bateau, mon ami m’informa moi et le personnel qu’il n’allait pas faire sa deuxième plongée en raison d’une douleur persistante à une oreille. Dommage, mais ce n’est pas vraiment plus mal. Je considère toute forme de plongée une expérience passionante et celle-ci n’y faisait pas exception, mais sur mon échelle personelle, c’était un deux sur dix. Principalement par la faute de la visibilité et de la température. Vu que j’étais sorti de l’eau complètement frigorifié, j’ai fait mon possible pour me réchauffer, car l’intervalle de surface allait être court. Par chance, on m’a trouvé une combinaison de torse avec un capuchon intégré. La deuxième fois sous l’eau a été une expérience beaucoup plus plaisante, de un parce que le capuchon – même si trop grand et me causant des problèmes de flottabilité en raison des bulles qui s’y logeaient – a beaucoup aidé et parce que nous avons fait la rencontre de quelques animaux hors du commun. Notamment un poisson lion d’un type que je n’avais jamais vu, des étoiles de mer “couronne d’épines” en abondance, un poisson pierre et le dernier et non le moindre, une seiche que j’aurais adoré observer plus longtemps. Une fois revenus à la surface, le bateau nous a emmené à une plage sur l’île avoisinant où nous avons déjeuner à un restaurant de fruits de mer et où nous nous sommes ensuite prélassés quelques temps avant le retour au port.
La plongée fut une affaire d’une journée entière avec le repas inclus, pas mal pour 80$. En en discutant sur la bateau, Yves-Étienne était excité par l’idée d’aller en moto à Hué (Yom aussi) alors une fois à l’auberge, nous avons fait appelé Mr. Than, l’homme d’Easy-Riders pour organiser la journée du lendemain. Une fois sur place, il m’a fait savoir que le prix estimé d’hier était trop bas et a augmenté son offre à 130$, ce qui restait une très bonne
affaire compte tenu de la prestation. Le tout nous semblait en règle d’autant plus que son offre cadrait avec ce qu’il y avait sur son site web. La seule accroche était son anglais, qu’il prétendait maîtriser parfaitement, mais qu’en réalité il ne parlait presque pas. Une fois entendus sur l’heure de départ avec notre guide, nous sommes allés en ville pour un autre dîner de bouffe de rue et un petit tour au “dive bar”, débit de boissons affilié au club de plongée. Après la shisha, Yom rentra tandis qu’Yves-Étienne et moi avons migré vers un autre endroit histoire de donner une chance au nightlife d’Hoi An. Il y avait du potentiel, mais nous devions partir tôt le lendemain alors après quelques autres bières, ce fut l’heure d’aller nous coucher.
Da Lat se trouve assez haut en altitude. Les journées sont confortables et les nuits fraîches. Son climat est généralement tempéré, ce qui en a fait le potager du Vietnam, mais aussi un lieu de villégiature pour ses expatriés occidentaux du début du siècle dernier et son élite d’aujourd’hui. En raison de sa popularité chez les tranches plus riches de la population, Da Lat abonde en villas et parcs. La ville possède donc un charme définitivement européen en plus d’être situé en pleine région montagneuse. Tout autour de Da Lat il y a nombre d’activités à faire, visite de fermes, moto (bien sûr), randonnées et canyoning. Après avoir entendu de bons commentaires sur cette dernière, c’est que que nous avons décidé de faire le lendemain de notre arrivée. Le principe du canyoning est plutôt simple, on descend un canyon ou une vallée en passant par sa rivière. Cela consiste donc en faire du rappel au beau milieu de chutes d’eau, de glissades, de dériver avec le courant ou encore de sauter de falaises. Par chance, nous étions seulement Yves-Étienne et moi avec deux guides, donc pas besoin d’attendre son tour et la possibilité en plus de refaire certains passages plus d’une fois. Nous nous en sommes sortis avec quelques bleus, coupures et bouillons, mais ce fut un très bon moment.
Comme nous étions un très petit groupe, nous sommes revenus à l’hotel en début d’après-midi, ce qui nous a laissé suffisament de temps pour une autre petite visite: la maison folle. Un délire d’une architecte locale qui a peu à envier à Gaudi et que l’on peut parcourir à son aise, pour autant que l’on soit patient, car les Russes adorent les belles poses, les selfies et prendre des photos du même bâtiment sous tous ses angles possibles. Le soir, nous sommes allés manger avec quelques autres voyageurs. Noor, une jeune canadienne de Winnped et d’origine indienne ayant décidé de parcourir le Vietnam à moto seule et Chris, un gallois fin vingtaine. La soirée se termina dans un bar de voyageurs à discuter de diverses choses un peu banales tponctuées des interventions maladroites de Chris. Yves-Étienne et moi en avons eu des meilleures, mais bon, on ne choisit pas toujours ses amis, surtout ceux d’un soir.
Charmés par Da Lat, très tôt nous avions pris la décision de rester plus d’une journée. Au lever donc et deux sandwhich plus tard (une chose que les Vietnamiens ont conservé de leur passé colonial avec la France, c’est le pain), Yves-Étienne et moi étions sur nos motos en direction des Chutes de l’Éléphant. En bon élève, mon ami est vite devenu confortable sur sa machine et bien que je n’allais pas très vite, il n’avait aucune difficultée à me suivre sur les routes tortueuses des envisons de Da Lat. Une pluie torrentielle a coupé court à notre expédition et nous a contraint à passer une bonne heure sous un abri de fortune en bordure de route. Une fois reparti, nous avons frappé des travaux dont nous n’avons en fait jamais vu la fin, car après quelques kilomètres, il nous est venu à l’esprit que nous n’avions par pris le bon chemin et avons dû retourner sur nos pas. N’ayant plus aucune idée d’où pouvaient se trouver les chutes, nous avons pris la gauche plutôt que la droite à un embranchement et encore il nous a fallu nous arrêter dans un petit village, car le temps tournait à la pluie et la faim se faisait sentir. Nous avons donc dégusté notre bol de pho au son de l’averse sur toit de métal et lorsque nous étions prêt à repartir, il était trop tard pour pousser l’exploration plus loin. Yves-Étienne avait déjà fait l’expérience de pluie, de chaussée mouillée, de travaux alors la moto de nuit, ce devait être pour une autre fois.
L’épreuve n’était pas conclue pour autant. En arrivant à Da Lat, nous nous sommes perdus un moment en pleine heure de pointe et la conduite en traffic vietnamien, ce n’est pas pour amateurs. Un flot incessant de scooters sans vraiment de règles et de signalisation routière si ce n’est qu’autant que possible il faut se tenir à droite. Comme piéton, on s’y fait vite. La priorité de circulation au Vietnam va en fonction de la taille du véhicule et jamais il n’y aura d’ouvertures pour traverser une rue majeure. Il faut simplement se lancer dans la circulation et marcher d’un pas lent mais sûr, sans hésitation ni mouvements brusques. Comme un fluide, les motos nous passent des deux côtés sans oublier bien sûr de nous arroser de coups de klaxon. La surutilisation du klaxon est opressante, mais il sert dans les fait à annoncer sa présence plutôt que de signaler une faute. Dans la circulation, c’est différent. Il faut être constamment aux aguets, car ça coupe, ça double et ça s’arrête sans avertir et dans une voie de voiture, il rentre parfois jusqu’à quatre motos de large. Bref, c’est le bordel et le chaos. Nous voulions éviter ce genre de situation le plus possible pour le baptême d’Yves-Étienne, mais l’on s’est ramassé carrément dedans. Il y a eu quelques frousses, une légère collision avec un muret en raison d’un coup d’accélérateur un peu maladroit, mais au final tout s’est bien passé. D’emblée j’avais dit à Yves-Étienne que s’il survivait au travers de l’épreuve du traffic urbain Vietnamien, il aura vécu le pire à moto.
Pour se récompenser, nous avons dînés à un resto Coréen qui bien que cher, fut satisfaisant et ensuite, après avoir regardé pendant un moment un spectacle de célébration de je ne sais quelles festivités, nous sommes retournés au bar du soir précédent où nous trouvèrent Noor assise seule au comptoir. La discussion se fit plus entre mon ami et elle, car son ton de voix était si faible qu’un mêtre plus loin, il m’était inaudible, particulièrement dans un bar où le niveau de bruit ambiant est déjà élevé. Yves-Étienne éprouvé par sa journée, nous sommes vite retournés à l’auberge où lui s’est couché et moi me suis attablé à mon ordinateur pour envoyer un document en lien avec mon application pour l’école de médecine. Noor arriva plus tard et je lui offrit un verre de whisky qu’elle accepta avec plaisir, mais sans cacher un peu de dégoût. C’est selon ses dire son alcool préféré, mais seulement mélangé et là, faute de Coke ou de Pepsi, il allait falloir le boire légèrement dilué avec de l’eau. Tout de suite, elle m’intérogea sur mon opinion de Chris, l’anglais d’hier, qu’elle avait trouvé plutôt pathétique. Ma réponse fut que je partageait son avis par rapport à sa personne, mais que contrairement à elle, j’avais apprécié faire sa connaissance en dépit de l’effort que cela m’a demandé, car après l’avoir cerné, j’avait vite dévoloppé un immense respect pour lui.
De ce respect pour ceux qui font preuve d’un courage hors de l’ordinaire. Chris était l’archétype du timide; une personne handicapée par sa gêne et par sa peur de l’inconnu, incapable de sortir de sa zone de confort. Pourtant, récemment et par force de questionnement, il avait décidé de changer drastiquement son approche par rapport à la vie et était arrivé à l’évidence que c’était maintenant où jamais pour le faire. Même avant d’avoir quitté son emploi et mis ses affaires personnelles en ordre, il avait acheté un allé simple vers la Thailande. De la manière dont il racontait son voyage, on eut cru un récit des grands aventuriers de jadis relatant la première prise de contact entre eux et une communauté d’indigènes. La Thaïlande étant loin d’avoir été un défi pour moi, j’ai quand même pu m’imaginer le genre de fébrilité dans laquelle Chris se trouvait lorsqu’il y a mis les pieds.
Nous avions déjà prolongé notre séjour à Dalat d’une journée alors il était temps que nous partions ver Hoi An, une agglomération de taille moyenne au milieu du Vietnam dont le centre-ville entier est inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO. Pour s’y rendre, il fallait passer par Nah Trang, ville autrefois célèbre pour ses plages, mais aujourd’hui complètement changée par ce type de tourisme que nous essayons d’éviter autant que possible. Le trajet d’autobus fut rendu hautement pénible par un équipage tellement irrespectueux que plus tard j’allais prendre la peine d’envoyer un message à l’auberge pour leur recommander de faire en sorte que la situation ne re reproduise plus, sans quoi leur réputation allait en pâtir. Certes, le Vietnam est un pays en voie de développement et d’exiger le même niveau de service qu’au Canada ferait de moi l’un de ces touristes (souvent Français) dit “chiants”, mais peu importe la culture et le niveau de modernité, il est facile de savoir quand quelqu’un se fout consciemment des autres. L’autobus en question poursuivait son chemin jusqu’à Hoi An, mais Yves-Étienne et moi ainsi que d’autres clients avons décidé avec raison de ne pas donner un sous de plus à cette compagnie et sommes débarqués à Nah Trang pour trouver une autre manière de faire le reste du chemin. Fatigué des longs trajets en autobus, de ce klaxonnage compulsif, des doublements suicidaires et plus généralement de la jungle routière Vietnamienne, nous nous sommes dirigés vers la station de train en vue d’obtenir un place couchette. Sans succès, il ne restait que des sièges en lattes de bois et pour douzes heures, non merci. La gare routière n’étant pas très loin, nous y avons marché et par chance obtenu in-extremis deux places dans un autobus inter-ville. Plutôt confortables, les cars voyageurs locaux sont organisés en trois rangées de lits sur deux étages de haut si bien que si l’on est de stature Vietnamienne et immunisé au son du klaxon, on peut y dormir une bonne nuit. Yves-Étienne ayant passé une nuit blanche la veille en raison d’un système digestif encore en train de s’adapter à la nourriture locale, il n’a pas eu de difficulté à s’endormir, mais pour ma part, je n’ai pu que somnoler par courtes intervalles.