Se faire voler deux cellulaires …

IMG_7784

Les galères en voyage font d’excellents souvenirs et celle-là se classe haut dans la liste.

Histoire de se donner un peu de mobilité, nous avions loué à Tunis une voiture afin de nous rendre en province faire un peu de tourisme.  Audrey était assise dans la place passager avant et se chargeait du guidage routier avec le téléphone de mon père.

La fenêtre de la voiture était entre-ouverte afin de laisser passer un peu d’air.

En un éclair, quelqu’un a passé sa main par l’ouverture et a saisi le cellulaire que ma copine tenait dans ses mains. Aussitôt, je suis sorti de la voiture pour courir après le voleur, mais 100 mètres plus loin son acolyte a commencé à me lancer des pierres. J’ai donc mis fin à poursuite et les deux malfaiteurs se sont enfuis dans le quartier non loin.

Nous nous sommes arrêtés au rond point pour reprendre nos esprits. Mes parents et ma copine étaient décidés à accepter la perte, mais j’ai poussé pour que nous appelions les voleurs avec mon téléphone afin de négocier un prix. Ne parlant pas l’arabe, je suis allé non loin de là trouver deux locaux qui buvaient de la bière en regardant des adolescents jouer au soccer et je leur ai expliqué la situation. Au premier appel , les ravisseurs ont décroché et nous en sommes venus à négocier un prix. Je suis retourné à la voiture me débarrasser de tout ce qui était de valeur sur moi pour n’avoir que l’argent de la transaction (100 dinars de moins en fait, devant la somme nous espérions que le voleur allait accepter la transaction). Mon père et moi sommes retournés voir nos deux ivrognes pour ne trouver que l’un des deux. Il était encore chaud pour la transaction. Je me suis engagé à ses côtés dans le quartier, laissant mon père avec les jeunes qui jouaient sur le terrain. Quelques minutes de marche plus tard, mon traducteur me demande l’argent. Je lui dit que je je veux voir le téléphone volé avant. Nous appelons les ravisseurs à nouveau pour nous assurer que la transaction à encore lieu, puis mon aide me demande mon téléphone pour aller à leur rencontre. Je lui propose de prendre son téléphone, mais ne voulant pas que son numéro soit connu, il refuse. Bon … c’est risqué, mais mon portable usé à la corde ne vaut de toute manière presque rien alors j’obtempère.

5, 10 puis 15 minutes s’écoulent et pas de trace de l’intermédiaire. Rapidement, j’ai accepté que je m’étais fait avoir et après avoir fait le tour du quartier et demandé à plusieurs passants s’ils avaient vu un barbu bedonnant avec un cellulaire à la main, tous me répondent que non. Je me rends finalement à l’évidence et rentre retrouver mon père au point de rendez-vous et le trouve entouré de jeunes en train de blaguer. Je lui dis que je retourne dans le quartier demander pour voir si à tout hasard mon interprète n’est pas revenu mais à mon retour, mon père n’est plus à notre point de rendez-vous.

Je cours rejoindre ma mère et Audrey pour trouver celles-ci entourées de toute la force de police du secteur. Voyant que nous ne revenions pas, elles sont allées au contrôle policier du rond point pour sonner l’alarme. Rapidement, je saute avec trois agents dans un pick-up pour aller à la recherche de mon père manquant. Le stress commençait sérieusement à monter. Quelques minutes après avoir quitté, nous recevons un appel d’autres policier nous indiquant que mon père est revenu à notre voiture de location. Voyant que le temps filait et craignant que les filles ne se fassent du soucis (c’était déjà le cas à 110%), il était revenu à la marche au point de départ de toute cette histoire.

Rendus là, plus n’avons guère eu le choix que de suivre les policiers au poste pour faire un déclaration. Pendant que nous étions assis dans un bureau délabré puant un peu la cigarette pour faire notre déposition, le reste de la force semblait en branle bas de combat. J’ai même été ramené dans le quartier où s’est déroulé le deuxième vol afin d’expliquer aux policiers le cours des événements. Ceux-ci en ont également profité pour interroger quelques locaux. De retour au poste, on finit par me présenter un adolescent d’une quatorzaine d’années me demandant si c’est lui qui a commis le crime. Je répond que non, les deux voleurs étaient dans mes souvenir plus grands et adultes. Qu’importe, le jeune est amené par le collet dans la salle d’à côté puis sérieusement malmené par quelques policiers.  On le verra sortir poussé par deux agents pour monter dans un véhicule de police, se tenant le côté du visage en sanglotant….

Une fois la paperasse en règle, nous voulions quitter mais le détective en charge du dossier nous encourage à patienter. Au bout d’une à deux heures, l’on remet un téléphone à mon père lui demandant si c’est le sien … après vérification tout semble en règle. Impressionnés, nous leur demandons bien naïvement comme ils s’y sont pris, le détective en charge de notre dossier répondra bien candidement:

En Tunisie, on ne respecte pas les droits de l’homme.

De son propre aveu, il n’auraient pas déployé autant d’efforts si nous n’étions pas touristes. Cette soirée là, toute la force s’est mobilités pour que nous ne gardions pas de un goût amer de notre passage dans leur pays. Encore plein d’adrénaline, nous avons regagné mon appartement et remis nos plans de voyage au lendemain.

Quelques jours plus tard, de retour dans la capitale, je reçois un coup de fil de la police pour m’informer que mon cellulaire a été retrouvé. Je me présente au poste de police et l’on m’invite dans un bureau où menotté je retrouve l’ami du tunisien qui m’a déjoué de mon téléphone. Me voyant, celui-ci m’implore de dire aux policiers qu’il est innocent, ce que je m’empresse de faire. Aussitôt les menottes sont retirées et frottant ses poignets endoloris, l’homme me confie avoir passé 3 jours derrière les barreaux pendant que son frère était allé chercher mon téléphone à 250km, car le barbu bedonnant qu’il m’avait dérobé mon téléphone n’était en fait qu’en visite à Tunis.

Déjà que je trouvais douteux qu’un jeune se soit fait brasser par la police… Qu’un homme passe 3 jours derrière les barreaux pour un vieux cellulaire dont la valeur ne dépassait pas les 40$? Disons que ma conscience était de moins en moins confortable avec le cours des évènements. Une fois sorti du poste, après 500 mètres, je me rend compte qu’un individu tente de me rattraper à la course. Je m’arrête. Mon poursuivant, un homme passé la soixantaine, peine à reprendre son souffle, mais parvient quand même à me faire comprendre dans un français cassé que la police détient son fils à cause de moi. Je prend l’épaule du monsieur et lui explique lentement en le regardant dans les yeux que j’ai clairement dit à la police que son fils était innocent. Je lui demande après de sortir son téléphone et sur ce dernier je compose mon numéro afin qu’il puisse me rejoindre s’il y a quoi que ce soit. Finalement, je sors de mon porte-feuille suffisamment d’argent pour compenser une partie des frais qu’ont encouru ces pauvres gens.

Heureusement, cette histoire ne viendra pas me déranger du reste de mon séjour. Tous les tunisiens me confirmeront que nous avons eu le droit au traitement touriste. Les petits larcins du genre son fréquents dans la capitale et il semblerait que la police a plutôt tendance à fermer les yeux sur ces crimes en échange d’une exaction sur les bénéfices des cercles de voleurs.

Même si le récit laisse transparaître du danger et de l’insouciance de ma part, il n’en est pas ainsi. Oui nous aurions pu accepter la perte du cellulaire et poursuivre notre voyage, mais disposant d’un moyen de communication direct avec les voleurs, nous devions tenter de négocier une ransom avec eux. Personne n’a jamais été en danger  et à chaque étape du processus nos gardes étaient assurées. Du reste, cet incident aura servi à réitérer l’importance d’éviter de montrer ses objets de valeur et de toujours sécuriser son véhicule, même lorsqu’on roule.

Bord de l’eau à Tunis

Tour du Nord du Québec et de l’Ontario – Jour 10 à 13 (retour vers Québec)

Screenshot from 2020-06-21 17-12-20

Quelques jours à vagabonder dans la région d’Ottawa et de Montréal entre famille et amis ont fait le plus grand bien à mon derrière :) Les distances étaient considérables, mais rien du niveau des journées précédentes.

Tour du Nord du Québec et de l’Ontario – Jour 10 à 13 (retour vers Québec)

Notoirement pénible, traverser Montréal en pleine heure de pointe à 30+ degrés. J’ai éprouvé un état thermique me rappelant Toulouse l’été en France sur ma moto de l’époque. Et pourtant, j’étais parti tôt pour éviter la circulation…

Tour du Nord du Québec et de l’Ontario – Jour 10 à 13 (retour vers Québec)

Voilà la fin de cette petite escapade totalisant près de 5000km. Disons que j’aurais préféré pouvoir partir en Europe, mais dans les circonstances, je me suis senti décrocher passablement. L’est du Canada n’a certainement pas le pittoresque des routes européennes ou asiatiques, mais en frais de grands espaces, grandes distances et solitude, c’est dur à battre. Les conditions climatiques n’ont pas été toujours de mon côté également, mais pour la première fois de ma vie, je les ai affrontées avec le bon équipement et m’en suis sorti plutôt confortablement.

Tour du Nord du Québec et de l’Ontario
Le trajet total

C’était donc la première expédition nord-américaine. Il y en aura bientôt d’autres … la moto que j’avais emprunté pour faire le périple m’appartient maintenant. Mon ami me l’a offert et disons que l’essai que j’en ai fait est plus que concluant.

Tour du Nord du Québec et de l’Ontario – Jour 10 à 13 (retour vers Québec)

 

Tour du Nord du Québec et de l’Ontario – Jour 9 (Simcoe County à Gatineau)

Tour du Nord du Québec et de l’Ontario – Jour 9 (Simcoe County à Gatineau)

Tour du Nord du Québec et de l’Ontario – Jour 9 (Simcoe County à Gatineau)
Mon havre pour la nuit

Sitôt réveillé sitôt parti pour une énorme journée de moto dans le coeur de l’Ontario. Les champs ont vite laissé place à de la forêt mixte et de sympathiques lacs et chalets.  Ça roulait bien et j’ai rapidement rejoint Carleton Place pour aller rendre visite à un ami.

Une fois dans Ottawa, j’en ai profité pour me payer un petit tour du canal Rideau et du centre-ville, me remémorant quand même avec nostalgie les quelques années que j’ai passé dans cette magnifique ville.

Tour du Nord du Québec et de l’Ontario – Jour 9 (Simcoe County à Gatineau)

Tard dans la soirée, j’ai rejoint la maison d’un autre ami à Gatineau. Pour les prochains jours, j’allais rester dans la région histoire de passer quelques moments entre amis et famille puis tranquillement regagner Québec. À partir de là, j’étais en terrai connu et ici s’achevait l’aventure.

Tour du Nord du Québec et de l’Ontario – Jour 9 (Simcoe County à Gatineau)

Tour du Nord du Québec et de l’Ontario – Jour 8 (l’île Manitoulin à Simcoe County)

 

Tour du Nord du Québec et de l’Ontario – Jour 8 (l’île Manitoulin à Simcoe County)

Au réveil, je fais la connaissance de Réal, un Franco-Ontarien de Sudbury qui m’apporte un café. Sa femme a remarqué ma moto plaqué Québec et il m’invite à aller manger des oeufs du coin avec du bon bacon. J’aurais adoré, mais j’avais un ferry à prendre.

Tour du Nord du Québec et de l’Ontario – Jour 8 (l’île Manitoulin à Simcoe County)
Départ de l’île Manitoulin

Une fois arrivé de l’autre côté à Tobermory, j’ai circulé un peu dans la ville puis suis allé faire une petite marche dans le parc Fathom Five pour profiter un peu plus de ces magnifiques paysages de la Baie Géorgienne avec son eau d’un bleu Caraïbes. Tobermory il s’adonne est le paradis canadien de la plongée. De l’eau claire, des visibilités incroyables et de nombreuses épaves; voilà longtemps que cet endroit est sur ma liste d’explorations sous-marines. Hélas, impossible de louer de l’équipement en raison de la situation sanitaire; ce sera donc pour une autre fois.

Tour du Nord du Québec et de l’Ontario – Jour 8 (l’île Manitoulin à Simcoe County)
Tobermory
Tour du Nord du Québec et de l’Ontario – Jour 8 (l’île Manitoulin à Simcoe County)
La Baie Géorgienne

Pour le reste de l’après-midi et de la soirée, j’ai roulé autant que possible le long de la côte, traversant de parfaits villages en briques et profitant d’excellentes routes. J’aurais espéré pouvoir m’installer le long de la côte et profiter du coucher de soleil, mais l’endroit est à ce point occupé par des résidences secondaires qu’il me fut impossible de dénicher un coin à l’abris des regards. Pas plus de chances dans les terres, toutes occupées par des champs et des maisons.

Tour du Nord du Québec et de l’Ontario – Jour 8 (l’île Manitoulin à Simcoe County)

Vers 22h30, la nuit déjà tombée, j’étais rendu à me résigner au prochain motel. Trouver un endroit propice au bivouac de nuit n’est pas une mince affaire… Par chance, je suis tombé sur une petite église protestante de rang avec une belle pelouse. La messe était hier, alors quiétude assurée le lendemain et en plus, personne n’ira déranger un voyageur fatigué ayant trouvé repos sur une propriété du Seigneur.

Tour du Nord du Québec et de l’Ontario – Jour 7 (Sudbury à l’île Manitoulin)

Tour du Nord du Québec et de l’Ontario – Jour 7 (Sudbury à l’île Manitoulin)

Qu’un objectif aujourd’hui, se rendre au ferry qui quitte South Baymouth vers Tobermory. Arrivé là, pas de chance, en masse de place sur le bateau (surtout pour une moto), mais en raison du Covid, il fallait pour je ne sais précisément quelle raison réserver au maximum 3h à l’avance. Rien n’a fait, il a fallu que je reporte ma traversée pour le lendemain. Disposant d’amplement de temps encore, je suis parti visiter l’Iîle Manitoulin, ses pâturages et ses beaux décors.

Gore Bay
Gore Bay
Gore Bay
Gore Bay

Trouver une endroit ou dormir fut quand même tout un calvaire, car encore pour cause de pandémie, les camping n’acceptent pas de tentes. Mes efforts ont été largement infructueux pour trouver un endroit tranquille ou poser ma tente dans un paysage largement occupé par l’homme. En virant dans une intersection à base vitesse, l’angle de la route et du gravier m’ont fait perdre pied et j’ai dû coucher la moto sur le sol. Je dis coucher pour ne pas dire échapper, car quand ces 300kg décident que la gravité ne les fait plus tenir sur leur roues, mieux vaut ne pas lutter au risque de se blesser. Sauf quelques égratignures sur des pièces de toute manière protectrices, le clignotant droit en a écopé. J’irai acheter un remplacement…

Le propriétaire du dernier camping où j’ai tenté ma chance m’a gentiment redirigé vers la place municipale en me confirmant que personne n’allait faire de cas de ma présence.

Le lac Mindermoya
Le lac Mindermoya