Belgrade, Serbie – Budapest, Hongrie

  • Date : 8 août 2017
  • Heure de départ : 7h00
  • Heure d’arrivée : 14h15
  • Température : soleil
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Debout tôt, parti tôt. La route vers Budapest n’allait pas être trop longue, car contrairement aux parcours précédents, elle allait se faire entièrement sur l’autoroute. Une chance, car Audrey s’est levée avec un bon mal de gorge. Comme les deux pneus d’avant étaient finis, j’avais remplacé l’un d’entre eux par une roue d’extra achetée dans une casse à Albi (oui, pour avoir 2 roues de secours) et j’avais déplacé l’autre à l’arrière. Problème, la roue d’extra n’avait pas été balancée, donc passé les 100km/h sur l’autoroute, la roue se mettait à vibrer. Rien de trop grave, mais c’était quand même fatiguant pour celui qui tenait le volant. Sans compter l’usure prématurée de pièces déjà très vielles.

Comme il nous restait beaucoup d’argent Serbe (la Serbie avait coûté moins cher que prévu, figurez-vous), nous nous sommes arrêtés dans la dernière ville avant la frontière avec la Hongrie pour le passer en essence. Voyant là une opportunité d’aller faire balancer la roue (ça me démangeait depuis la Croatie), je me suis arrêté au premier garage, qui m’a redirigé vers l’un de ses amis qui faisait dans les pneus (un vulcanizer en Serbe). Arrivé là, c’était un petit garage à même une maison unifamiliale, mais vu le tas de pneus dans le fond, ça m’a semblé être l’endroit qu’il nous fallait. L’équilibrage de roues demande un outil spécifique qui n’est pas forcément à la portée de tous. Le garagiste ne parlait pas très bien anglais, mais avec l’aide de sa femme, plus adepte dans la langue de Shakespeare, je leur ai fait comprendre mon problème demandé une soumission: 5 euros, beaucoup moins cher que je ne l’espérais. Les deux demoiselles plutôt embêtés par cet arrêt, j’ai demandé combien de temps il fallait pour l’opération et le garagiste m’a confirmé que 20 minutes suffiraient (mon estimation initiale).

Une fois la voiture en place, la dame s’est approchée du véhicule et nous a sommé en riant que « the ladies must get out of the car ». Toute de suite, elle a enchaîné en nous invitant tous à aller prendre un café dans son humble cour, chose que nous avons accepté avec un peu de réticence vu le temps qui filait. Pourtant, pendant que le garagiste s’affairait à balancer la roue, nous avons pu passer l’un de ces moments qui à eux seuls valent un voyage entier. Pendant une bonne demi-heure, Audrey et sa mère ont échangé avec la dame sur tout et rien, passant de température actuelle aux défis de la vie en Serbie. De mon côté, j’opérais des sauts de puce entre mon café et le garage pour m’assurer que tout tournait bien rond. Ces gens n’étaient de toute évidence pas habitués à recevoir des étrangers, mais se sont montrés d’une hospitalité qui réchauffe le coeur et redonne foi en l’humanité.

Observant que l’un de mes pneus arrière faisait la mine, le garagiste m’a expliqué qu’il fallait impérativement le remplacer car je risquais une amende si la police nous attrapait. J’étais bien au courant de tout ça, mais en entendant le mot police, disons que la pression de la part d’Audrey pour que je le remplace a grimpé d’un cran. Nous avions bel et bien un autre pneu en stock, mais c’était celui que j’avais réparé avec une rustine en Croatie et laissé depuis derrière le banc conducteur pour voir s’il se dégonflerait. Comme je n’avais pas entièrement confiance en ma réparation, je comptais l’installer en Ukraine, car à partir de ce moment, nous ne serions plus aussi pressés par le temps. Mieux valait une adhérence diminuée sur une roue arrière (10% du freinage) qu’un dégonflage soudain en pleine autoroute ou pire, dans un tunnel (il y en a eu beaucoup jusqu’à maintenant). Vu que le garagiste s’est gentiment offert de me l’installer sans frais, je lui ai montré la réparation que j’ai faite et il s’est empressé de confirmer à l’eau savonneuse qu’elle ne fuyait pas avant de le poser sur la voiture. Je ne serais pas étonné qu’en revenant à la voiture après notre séjour à Budapest le pneu se soit dégonflé mais qu’importe, nous allions jusque là pouvoir voyager l’esprit en paix et en toute légalité routière.

Nous leur avons laissé à peu près 2000 dinars, soit 25$ canadiens. C’est bien plus que le 5 euros demandé initialement et ils se sont montrés un peu réticents à accepter montant, mais ces gens ont été tellement serviables et chaleureux qu’ils le méritaient amplement. D’autant que plus loin à la station d’essence, nous avons tout juste réussis à dépenser en essence tout l’argent serbe qu’ils nous restait (plus deux crèmes glacées), alors ce 2000 dinars n’aurait certainement pas aussi bien été investi.

Un fois à la frontière, il y avait de l’attente. Devant le douanier par contre, tout s’est déroulé vitesse grand V; les passeports canadiens ont décidément quelque chose dans la région. Curieusement, aucun douanier ne semble s’inquiéter du fait que nous voyageons dans une voiture française, mais ce n’est pas moi qui va s’en plaindre. Vu que la roue ne vibrait plus, nous avons pu rouler au rythme des hongrois (130-140) et n’arriver que 15 minutes en retard à notre rendez-vous pour récupérer les clés de notre appartement dans le centre de Budapest.

Le matériel déchargé, Audrey et moi sommes allés porter la voiture loin du centre dans un quartier résidentiel tandis que sa mère visitait les environs. Première impression de Budapest, c’est une ville absolument splendide et d’une propreté irréprochable. Vu que la mère d’Audrey n’avait que la soirée pour visiter, elle s’est rabattue vers ces autobus rouges à deux étages aux allures londoniennes si commun dans les grandes cités du monde afin d’en faire un tour rapide. Audrey l’a accompagnée, mais moi, plus intéressé par une visite à la marche, je leur ai faussé compagnie après un dernier repas au restaurant pour aller écrire. Dans la soirée, le genou d’Audrey s’est mis à lui faire de plus en plus mal. Probablement un ménisque endommagé lors d’un faux mouvement la veille. Décidément, il est temps que nous prenions une pause.

Finalement, me voilà à jour dans mes récits :)

Belgrade, Serbie

Profitant de notre chambre à trois, nous avons fait une grasse matinée bien méritée avant de nous mettre en branle pour la journée. Encore une fois, j’ai réussi à me négocier une petite période d’écriture avant de partir pour la visite. Le temps était grisâtre, mais l’air frais, contrairement aux chaleurs cuisantes des dernières semaines. Premier arrêt, la cathédrale de Belgrade. Impressionnante de l’extérieur, décevante de l’intérieur car encore en construction (débutée en 1989). Par la suite, deux bâtiments bombardés par l’OTAN en 1999 en représailles du Kosovo et laissés en ruine.

Bâtiments bombardés

Nous nous sommes pas mal questionné sur la raison pour laquelle les Serbes conservaient de tels fantômes dans leur paysage urbain. Non seulement les bâtiments étaient présents, mais des travaux d’ingénierie avaient étés effectués afin de stabiliser la structure. Deux théories nous sont venues à l’esprit. En bombardant la capitale, l’OTAN a causé à ce qu’il paraît plus de 400 morts dans la population civile. Donc, il se peut que ces vestiges soient gardés pour rappeler à l’ouest sa lâcheté. D’un autre côté, ce n’est pas comme si le gouvernement Yougoslave de l’époque n’avait pas purement et simplement sérieusement foutu la merde dans tous les pays l’entourant, donc c’est aussi possible que ces ruines soient conservées comme rappel d’un passé belliqueux.

Probablement: Fuck l’OTAN
Fuck l’OTAN

Je donnais au début du crédit aux deux hypothèses, mais plus la journée s’est avancée, plus j’ai penché vers la première. À en juger par certains graffitis dans la ville, les Serbes portent encore bien sur le coeur l’intervention de l’OTAN. Bien plus tard, alors que nous rentions à l’auberge, nous avons remarqués en passant devant le parlement de nombreuses banderoles clament haut et fort les crimes de guerre des Kosovars et des Albanais. Rien de noir et blanc en ce bas monde…

 

Après avoir observé ces vestiges de bombardement et fait quelques autres arrêts, nous avons poursuivi notre excursion vers le nord de la ville, en fait une péninsule en forme de promontoire occupé depuis des siècles par un fort. Le coup d’oeil sur le Danube en valait la peine à mon avis. Si bien que j’ai insisté pour que nous descendions et nous nous rendions à ses berges pour l’observer de plus prêt. J’ai dû trainer un peu mes compatriotes, mais ce faisant, nous avons pu traverser un intéressant quartier de blocs communistes, celui-là beaucoup plus vivant qu’à Sarajevo.

Il faut être présentable lorsque l’on visite des lieux de culte

S’orienter dans la ville s’est avéré être un petit défi. Non seulement, il semble que j’ai d’emblée mal saisi la disposition des choses, mais sur le terrain, les noms de rues, lorsque présents, étaient surtout écrits en alphabet cyrillique (comme beaucoup d’autres choses). En fait, le Serbe, le Croate et le Bosniaque sont toutes la même langues avec seulement quelques petites variations dialectiques. Cependant, le Serbe s’écrit officiellement en cyrillique tandis que les autres sont en latin. Lors de l’époque Yougoslave, des efforts d’unification de la langue avaient été entrepris, mais suite à l’éclatement de celle-ci et de la montée subséquente de sentiments nationaux, les distinctions sont redevenues d’actualité. Le Serbe par contre, tend à s’écrire de plus en plus en latin histoire de simplifier la communication avec ses voisins.

Quest-ce que l’on mange?

Finalement, après avoir passé (encore) beaucoup trop de temps à choisir un restaurant. Nous avons marché dans la ville puis sommes retournés nous coucher, déçu de ne pas avoir pu passer plus de temps dans cette capitale surprenante. La mère d’Audrey nous quittait le surlendemain et ne pouvait que passer une journée à notre prochaine destination, Budapest. Ainsi, nous nous étions promis de partir très tôt afin d’en profiter au maximum.

Le parlement de Belgrade, notez les bannières revendicatrices le long du trottoir

Sarajevo, Bosnie-Herzégovine – Belgrade, Serbie

  • Date : 6 août 2017
  • Heure de départ : 11h30
  • Heure d’arrivée : 18h00
  • Température : soleil
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Tram de Sarajevo

Un autre jour, une autre capitale. Disons que depuis quelques temps, le rythme effréné du voyage commençait à se faire sérieusement sentir. En temps normal, jamais je ne me serais organisé de telles vacances (pauvre mère d’Audrey), mais nous sommes ici seulement de passage en route vers l’Asie-Centrale et pour tirer le maximum de chaque endroit, nous devons budgeter le temps de manière très serrée.

Rien digne de mention n’est arrivé entre Sarajevo et Belgrade, sauf peut-être un gradient d’aisance plutôt flagrant entre la partie bosniaque de la Bosnie et celle d’origine Serbe, jusqu’au pays lui-même, qui s’en tirait manifestement mieux que son voisin (et ancien ennemi). La Bosnie est montagneuse et peu développée, la Serbie est généralement plane et agricole. Le choc fut complet une fois entré dans Belgrade qui, nous l’avons vite remarqué, se présentait comme une splendide capitale Européenne.

Dès la voiture garée, deux femmes attablées à une terrasse, voyant que nous n’étions pas du coin, nous ont lancé un mot de bienvenue et nous ont invité à aller prendre un verre avec elle. Dommage que nous n’ayons finalement pas pu donner suite à leur offre, car cela aurait été une excellente manière de débuter notre séjour. Disons que les priorités n’étaient pas au même endroit pour tous… Donc dès sorti. de l’auberge, nous nous sommes mis à chercher un restaurant pour finalement tomber sur un truc pas trop mal qui servait effectivement de la bonne cuisine serbe. Le repas terminé, la pluie nous a prit de court (pour la première fois du voyage). L’averse passée, Audrey et moi sommes allés nous promener dans les rues de la ville. Belgrade avait définitivement quelque chose de très charmant : des rues et avenues bordées de platanes, d’innombrables café/bars, des gens sympathiques et une atmosphère relax. Bref, de quoi plaire à n’importe qui.

Sarajevo, Bosnie-Herzégovine

Comme Mostar, les cicatrices de la récente guerre étaient encore bien apparentes à Sarajevo et même davantage, car elle avait été sujette à un siège de plus de 3 ans, le plus long de l’époque moderne. Bien que le son des mortiers ait laissé place à celui des marteaux piqueurs, il était évident que la ville se remettait encore de ses blessures d’il y a 25 ans. Par l’entremise d’une touriste néerlandaise, nous avions appris qu’il se donnait des tours dont l’objet principal était l’histoire récente de Sarajevo. Tous les trois intéressés, nous en avions donc fait l’objectif de notre journée. Comme le tour ne se donnait qu’en fin d’après-midi, j’ai laissé Audrey et sa mère se promener dans le vieux Sarajevo (décidément très ressemblant à Istanbul, en raison de son passé Ottoman) pendant que je me suis adonné à une session d’écriture.

Une rose de Sarajevo comme il y en a plusieurs dans la ville. À cet endroit est tombé un obus qui a fait plusieurs victimes

L’heure du rassemblement venu, elles m’ont rejoints à l’auberge et tous les trois nous nous sommes rendus sur le lieu de rendez-vous du tour par une chaleur plutôt accablante. L’excursion était guidée par une fille d’une trentaine d’année originaire de la ville. Comme le siège s’est déroulé entre 1992 et 1995, elle l’a vécu en tant qu’enfant. Lors de plusieurs arrêts, certains à des monuments à la mémoire de victimes, d’autres à des endroits portants encore les traces de la guerre, elle entremêlait faits historiques, vécu, opinions et actualités. Une fois le tour fini, elle nous a laissé en bordure du Sarajevo « touristique ». Fatiguée, la mère d’Audrey s’est éclipsée tandis qu’elle et moi avons exploré les centres d’achats aux alentours afin de trouver un objectif puis poursuivi notre chemin plus loin vers l’est afin d’aller jeter un oeil au nouveau Sarajevo, un complexe de tours d’allure très communiste.

Le fameux Holiday Inn de Sarajevo, là où la presse était logée pendant le siège (sur un boulevard surnommé “Sniper alley”)

Une fois rendus, nous avons pu constater dans quel genre de milieu le quotidien de l’habitant devait se dérouler: une atmosphère plutôt morose. Nous nous serions attendus à un peu plus de vie pour un soir d’été dans un quartier si peuplé. Tant pis, le détour en avait quand même valu la peine. De retour vers la vielle ville, nous avons fait un arrêt par un grill bosniaque et nous sommes restaurés pour peu cher (2,50$ canadiens le repas!). Après deux arrêts infructueux dans des bars, dont un dans la brasserie officielle de la ville, nous sommes allés nous coucher sur nos couvertures militaires au son lointain d’un enregistrement de bombardements et de tirs qui jouait en boucle dans le War Hostel.

Au final, nous pensions que Sarajevo allait être plus enlevante. Pourtant, deux jours ont suffis. Oui, nous aurions sans problème pu y passer une semaine entière, mais contrairement à d’autres endroits, nous n’étions pas fâchés de la quitter. Malheureusement, Sarajevo a été très malmenée par l’histoire et peine encore grandement à s’en remettre. D’autant plus, que son pays, la Bosnie, loin d’être le plus fortuné de l’Europe, mais non moins l’un des plus politiquement complexes (une fédération), fait face à certaines difficultés économiques. En somme, le quotidien des Bosniaques n’est pas insoutenable et s’est amélioré substantiellement dans les dernières décennies: ils jouissent quand même d’un système de santé et d’éducation publique. Par contre, les infrastructures souffrent d’un grand manque de fonds. Partout dans la ville, des projets laissés à l’abandon, des parcs transformés en jungles urbaines, etc. D’ailleurs, nous avions remarqués de la propagande anti-européenne à plusieurs endroits. La serveuse que nous avions questionné à ce sujet le premier soir n’était au courant de rien. Cependant, je n’aurais pas de difficulté à croire que la Bosnie se sente laissée pour compte par l’Union européenne; tout comme Sarajevo s’est sentie abandonnée pendant 3 ans alors qu’elle était sous siège alors que la communauté internationale, en bonne spectatrice, ne se contentait que d’acheminer le minimum de vivres.

Mostar, Bosnie-Herzégovine – (Bunker de Tito, Konjic) – Sarajevo, Bosnie-Herzégovine

  • Date: 4 août 2017
  • Heure de départ: 11h00
  • Heure d’arrivée: 18h00
  • Température: soleil
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La veille, en mentionnant notre trajet vers Sarajevo à la propriétaire de l’hostel, elle a tout de suite émit la suggestion d’aller visiter le bunker de Tito. Une gigantesque installation militaire construire à gros frais par le fameux dictateur et tout récemment ouverte au public. J’étais vendu d’avance.

Konjic

Le lendemain, notre tour réservé (il fallait passer par une agence ou l’armée bosniaque, nous avons choisi la première option), nous sommes dirigés vers la ville Konjic par une route très pittoresque. Une fois arrivé sur place, nous avons eu tout juste le temps de manger un sandwich tranquille et nous étions en convois vers le bunker. L’installation était en faite tout près de la ville, mais masquée derrière trois maisons d’apparence anodines. Débuté dans le milieu des années 50 et terminé en 1979, soit un an avant la mort de Tito (il ne l’a jamais visité…), le bunker devait permettre à près de 300 personnes de vivre en autarcie complète durant 6 mois afin de survivre à un désastre atomique. D’une longueur de plus de 200 mètres et enfouis à 300 mètres sous la montagne, le bunker a coûté la faramineuse somme de 4.6 milliards de dollars de l’époque.

Attention! Mines!

À mon oeil, les installations, bien que gigantesques, ne justifiaient pas cette somme, mais ce qui a probablement fait gonfler le prix à ce point, c’est le niveau de secret dans lequel elles ont été construites. Chaque équipe d’ouvriers ne travaillait qu’environ un mois et sur une petite partie du projet. Ils se rendaient au site les yeux bandés en passant par quatre chemins pour les désorienter. Afin de ne pas éveiller de soupçons au niveau international, la machinerie était commandée en pièces détachées de partout en Yougoslavie et d’ailleurs dans le monde et assemblée sur place. Les gravats de l’excavation étaient pour leur part disséminés dans le paysage afin d’éviter toute accumulation. Bref, voilà pourquoi le projet a pris aussi longtemps à réalisé et coûté aussi cher.

En son intérieur, réfectoire, dortoirs, laboratoire, hôpital, salles de communication, génératrices, usine de filtration d’eau, salles multifonctions, les appartements de Tito lui-même, son bureau. Selon la guide, le bunker n’était même pas le projet le plus extravagant commandé par le dictateur. Il se classe en fait en troisième position, derrière un aéroport et une base navale souterrains. J’aurais adoré visiter l’aéroport, qui se trouve dans le nord du pays, mais il paraît que l’endroit est encore très miné… Aujourd’hui, l’intérieur du bunker est occupé par une exposition d’art contemporain biennale et d’ailleurs, une certaine partie de la visite lui est dévouée. Disposant de trop peu de temps pour observer et comprendre chaque oeuvre, j’aurais préféré plus de détails militaires et techniques, mais bon.

Le reste de la route vers Sarajevo s’est déroulé sans encombres. Une fois là, nous avons trouvé sans difficulté notre gîte pour les deux prochains jours, le War Hostel, construit par un famille à l’image des conditions de vie de l’époque. Coucher sur le sol, pas de lumières, éclairage à la bougie, eau courante seulement entre certaines heures, etc. Les murs étaient décorés de nombreux artefacts de la guerre ainsi que d’extraits de journaux de l’époque. L’établissement, entièrement géré par une famille, est un initiative du fils et possède un volet éducatif où ce dernier raconte l’expérience de son père comme soldat bosniaque et la sienne comme enfant durant le terrible siège de Sarajevo. L’hostel était le choix d’Audrey et j’ai complètement appuyé son initiative. Tout de même, j’ai esquissé un petit sourire en voyant l’endroit. Disons que ça m’a rappelé mon temps comme militaire.

Deux AK-47s et un casque dans le War Hostel

Ayant pris beaucoup de retard dans mon écriture, j’ai laissé Audrey et sa mère visiter la ville par elles-mêmes pour un bon deux heures et les ai rejointes plus tard pour un souper très réussi dans un restaurant de cuisine typique bosniaque. De tous les pays visités jusqu’à maintenant, c’est incontestablement en Bosnie que la nourriture y est le plus intéressante. L’explication est plutôt simple, la Bosnie est non seulement en un environnement multi-culturel, mais a fait partie de l’empire Ottoman pendant de longues années. Par la suite, il paraissait selon la mère d’Audrey que Sarajevo était reconnue pour sa musique live. Or, pas moyen d’en trouver ce soir là, pourtant un vendredi. Ce qui ne manquait pas par contre, c’était la opportunités de people watching. Sarajevo étant musulmane, elle attire son lot de touristes de cette confession, alors les femmes en niqab (juste les yeux découverts) et même certaines en burkha sont choses communes (Nous avons même pu observer comment quelques-nues s’y prenaient pour manger de la crème-glacée.) Partageant les mêmes rues, des exemples flagrants de poupées slaves peu habillées et complètement plastiques. Plutôt constrastant… À cet effet, Audrey et moi avons remarqué que plus nous progressions vert l’est, plus l’apparence des gens devenait douteuse. J’ai hâte d’arriver en Russie.