Ashgabat, Turkménistan (partie 1)

Note au lecteur: beaucoup de choses n’ont pas pu être prise en photo. La règle du pouce était qu’il ne fallait pas imager les militaires et les policiers … plutôt nombreux dans ce genre de contrées.

Jour 1

Du haut de airs la nuit, Ashgabat a l’apparence de Disneyland. Dans son terminal aéroportuaire tout orné de fioritures, les couleurs officielles (le vert, le blanc et l’or) sont omniprésentes. Le regard n’est attiré par quasiment aucune publicité, autrement omniprésentes dans ce genre d’endroit.
Ashgabat vu de notre hôtel

Le processus pour finaliser les formalités est fastidieux mais aux final, un homme en uniforme nous rendra notre passeport avec un beau visa étampé. Une petite demi-heure d’attente supplémentaire à la sécurité (qui fouille et ouvre tous les bagages) et le tour sera joué. Nous ferons aussitôt sortis la rencontre de Volodymyr, notre chauffeur qui baragouine un anglais cassé mais compréhensible. En sortant du terminal, j’indique à Audrey de se retourner. Ce dernier a la forme d’un aigle aux ailes déployées (vous irez voir des photos). Je cache mon excitation car intérieurement je jubile d’être ici.

Il est cinq heures du matin mais même là, les immenses boulevards sont particulièrement déserts. Pendant que Volodymyr nous indique la vocation des nombreux bâtiments et monuments que nous passons, Audrey et moi admirons le spectacle qui se déroule sous nos yeux. Tous illuminés en couleurs, ce sont d’imposantes structures dans un style tout à fait particulier qui se succèdent. Le complexe sportif, complété en 2017 à temps pour les jeux asiatiques, possède un monorail, d’innombrables pavillons pour loger les athlètes, des gymnases et un imposant stade dominé par la tête d’un cheval. Notre hôtel, construit pour l’occasion, est attenant à cet énorme complexe. Son intérieur est neuf mais d’un kitsch qui détonne même en Asie Centrale.

Peu reposés de notre sieste de quelques heure, nous retrouvons le lendemain Volodymyr et Nila, laquelle sera notre guide. L’anglais de Nadine est nettement meilleur et rapidement nous prenons confiance à la questionner sur la vie et son pays, dans une certaine limite bien sûr car le Turkménistan est après tout une dictature répressive où les opinions politiques qui divergent de la norme ne sont pas les bienvenus. C’est comme au Canada en fait, vous diront les convoyeurs de la libarté.

Nila et Volodymyr sont tous deux issus de la minorité russophone du pays (3-4% et en déclin selon eux). Enfants d’immigrants Russes, leur famille s’est établie dans ce pays au temps de l’URSS. Volodymyr doit avoir la cinquantaine, mais il est né ici et tout comme son père. C’est son grand père qui est arrivé dans la région (volontairement?) pour participer aux efforts de reconstruction d’Ashgabat, alors en ruine suite au tremblement de terre de 1948.

Au monument d’indépendance

Le monument de l’indépendance à Ashgabat

Le monument de l’indépendance à Ashgabat
Le monument de l’indépendance

Premier arrêt, le monument de l’indépendance. Tout doré et flanqué de statues des nombreux souverains passés de la région, il est gardé par des soldats et la zone est pratiquement vide de vie, exception faite de ces dames dont la tâche est de garder l’espace public propre et en ordre. Omniprésentes et travaillant sans relâche, Ashgabat peut se vanter grâce à elles d’être le lieu le plus rangé de la planète. Pas une feuille morte au sol ni déchets. Encore moins des mégots de cigarettes, car fumer en public est interdit au Turkménistan. Les contrevenants recevront une amende salée. Or, une grande partie de la population fume … en cachette.

Deuxième arrêt, le musée d’histoire où pendant une heure, un guide ennuyeux nous a recraché les moments phares qui on marqués les époques dans la région. Le premier étage du bâtiment regorgeait de trophées et de panneaux de propagande sur la présidence. Dur d’établir significative exacte de ces trophées mais aux dires de notre guide, le gouvernement se les avait octroyés pour se féliciter de ses accomplissements. Devant ce musée, un imposant drapeau du pays. Jadis le plus haut du monde selon notre guide. Selon moi il pourrait être désormais troisième. Le plus haut étant en Corée du Nord et le deuxième en Azerbaïdjan.

L’arche de la neutralité
L’arche de la neutralité

Direction ensuite à l’Arche de la neutralité, imposant monument érigé en consécration de la non interférence du Turkménistan dans les affaires des autres pays. Position d’ailleurs officialisée par une résolution des Nations Unies (et récompensée d’un trophée dans le musée) à ce qu’il paraît. L’arche de la neutralité est coiffée d’une statue en or de 12 mètres de haut du premier président. Avant que le monument ne soit déplacé pour faire place au gros complexe sportif des jeux asiatiques (je pense), le socle de la statue tournait pour que le président pointe constamment le soleil.

Au restaurantComme il commençait à faire faim, notre tour s’est poursuivi dans un excellent restaurant turkmène où nous avons pu retrouver des variations locales de ces excellents plats traditionnels de l’Asie Centrale. Mon plov et mes mantis, je les attendais depuis des semaines.

Le Turkménistan peut être une destination très coûteuse ou pas du tout (exception faite du guide obligatoire) selon le taux de change utilisé. Officiellement, c’est environ 3,5 manats pour un dollar US. Sur le marché noir, c’est 19-20 pour un. Toute petite différence.

Le repas complété, l’après midi s’est poursuivi vers le monument à la deuxième guerre mondial et au tremblement de terre de 1949. Encore une fois, ces pièces ont été déplacées pour faire place à d’autres projets de développement. Je dois avouer que ce coup-ci, le résultat était quand même spectaculaire. Contrairement à ses congénères tout de marbre blanc, de dorures et d’extravagance, celui-ci était sobre et de marbre rouge.

Panorama du monument de la deuxème guerre mondiale et au tremblement de terre

Le momument de la deuxième guerre mondiale.
Le monument de la deuxième guerre mondiale

Après, passage sur les ruines de l’ancienne Nisa, une cité Parthe du lointain passé. Ensuite, arrêt par une mosquée (don de la Turquie et bâtie à l’image de la Mosquée Bleue d’Istanbul [tant mieux, Audrey ne l’avait pas vue]) puis arrêt par le bazar russe qui n’était pas sans nous rappeler ces marchés couverts soviétiques très fréquents dans la région.

Les ruines de la vielle Nisa
Les ruines de la vielle Nisa
Les ruines de la vielle Nisa
Les ruines de la vielle Nisa

Fatigués d’une si courte nuit la veille, nos accompagnateurs nous ont laissés à notre hôtel. En quête de quelque chose de simple, nous sommes allés nous restaurer dans un restaurant à l’occidentale dans le centre d’achats d’en face qui lui aussi, était bien à l’occidentale. La nourriture était quand même chère quoi que pas mauvaise et autour de nous de nombreuses familles de l’élite turkmène passaient leur vendredi soir à consommer.

Jour 2

Parmi les nombreux aspects tout à fait frappants du paysage urbain d’Ashgabat, nommons les véhicules et l’architecture.

Sauf quelques exceptions, toutes les voitures dans la ville sont blanches. Notre chauffeur nous a fait d’ailleurs remarquer que c’était la loi. Cela donne un air particulier aux nombreux boulevards à 10 voies qui quadrillent la ville, décidément trop spacieux pour les besoins routiers. Pays riche en combustibles fossiles, l’essence coûte 1,5 manats le litre. Autour de 0,42 $US le litre au taux officiel ou 0,075 $US au taux du marché noir. Il faut dire par contre qu’elle est largement subventionnée. Malgré tout, les autobus sont nombreux et selon Nadine qui ne possède pas de voiture, Ashgabat est bien déservie par les transports en communs.

Sur un boulevard d’Ashgabat

Les bâtiments à Ashgabat sont aussi tous blancs et de surcroît faits en marbre importé d’Italie. Je me rappelle du pavillon du Turkménistan à l’exposition universelle d’Astana en 2017 où l’état se targuait que sa capitale était l’endroit sur terre avec le plus de constructions en marbre. Cette exposition, on s’en rappelle, avait comme thème l’environnement et le développement durable. Nos guides nous ont répétés souvent, dans cet espèce de cynisme sarcastique tout à fait russe, que Ashgabat était la ville de tous les records Guinness et de tous les monuments. L’architecture y est d’une uniformité impressionnante et d’un style que je qualifierait de classique-moderne avec de nombreux clins-d’oeil au passé nomade des turkmènes et à la symbologie qui s’y rattache (notamment les motifs sur les tapis). Pour avoir vu de nombreuses villes dans mes différents voyages, Ashgabat est tout à fait unique en son genre. La seule autre ville qui selon moi pourrait s’en rapprocher est Astana (maintenant Nur’sultan), capitale du Kazakhstan. La nuit, ces constructions sont toutes ornées de lumières qui scintillent au couleur de l’arc-en-ciel, donnant un effet Las Vegas (mots de notre chauffeur).

Une avenue d’Ashgabat
Notez les bâtiments ornés de motifs que l`on retrouve sur les tapis

Mosquée à AshgabatAu programme pour la journée, petit passage par une mosquée puis la visite du lac souterrain de Kow Ata (dans lequel je n’ai pas manqué de me baigner). Au moment ou nous dégustions notre shaslik du midi (brochettes de viande), un énorme cortège nuptial s’est invité sur le site. La mariée était tout aussi décorée que sa voiture avec d’imposants bijoux et draperies et derrière, deux véhicules avec des hauts-parleurs criaient des airs du Turkménistan pendant qu’au bas mot une centaine de personnes se trémoussaient au son de la musique.

Kow Ata Baignade à Kow Ata Kow Ata

Mariage à Kow Ata
Un cortège de mariage à Kow Ata

Comme tout bon régime politique du genre, le Turkménistan honore ses dirigeants présents et glorifie à outrance ses despotes passés. Si l’on se fie à nos visites précédentes des mausolées de la place Rouge en Russie et aux Kims grand-père et père à Pyongyang, celui du premier président du Turkménistan (nommé le Turkmenbashi) devait être quelque chose d’exceptionnel. À mon grand désarroi, ce dernier était en rénovation et non visitable. Notre guide nous a indiqué que des ouvriers étaient en train de refaire la couverture de son toit de feuilles d’or. Les feuilles d’or donc, probablement moins résistantes aux intempéries et au soleil que le bon vieux bardeau d’asphalte.

Des femmes turkmènes attendant l’autobus
Des femmes turkmènes attendant l’autobus (la population était difficile à prendre en photo). Les accoutrements que vous voyez ici est très représentatif de la majorité. Rares étaient celles habillées à l’occidentale.

À chevalPar la suite, arrêt aux écuries officielles de la ville pour chevaucher l’un de ces fameux cheval Akhal-Teke. De renommée mondiale (à ce qu’il paraît, je n’y connais rien), ils sont réputés pour leurs lignes sveltes qui leurs confèrent une rapidité hors du commun. Ces chevaux sont à ce point importants pour la nation turkmène qu’ils sont leur propre ministère (le ministère des chevaux) et que le stade national est coiffé d’une énorme tête équine.

Vu que nous devions prendre le train de 17h50 vers Turkmenbashi, les visites du jour furent peu nombreuses.  Il n’y a malheureusement pas  photos de la gare, car … on avait pas le droit.Audrey (plus que moi) apprécie particulièrement le transport ferroviaire. On s’installe dans notre banc un livre à la main et l’on regarde le paysage se défiler sous nos yeux. Dans les trains, il se crée aussi des opportunités d’interactions privilégiées avec les locaux. Notre voisine de cabine d’ailleurs a tenu à faire nos lits et nous a gardé bien nourris en brioches. Nous n’avons échangé avec elle que des sourires et des mercis. Évidemment, personne ne parle anglais.

Turkménistan – Introduction

Notre relation avec ce simple pays de l’Asie Centrale que personne ne connaît débute en 2017. Ayant visité la région de fond en combe, il était tout naturel d’ajouter un séjour dans cet endroit mystérieux. Pour faire une histoire courte, énormément d’efforts ont été déployés pour obtenir des visas et à deux reprises elles se sont soldées par des refus pour moi (Audrey a toujours eu son visa). Acceptant cette décision qui de toute manière était hors de notre contrôle, nous avons passé à autre chose. D’autres destinations nous attendaient.

Cet été, assis sur la terrasse de la Souche dans Limoilou, nous nous questionnions sur nos prochaines destinations pour le mois de vacances à venir.  Passant en revue tout ce qui était réalisable en terme de logistique, aucun endroit ne semblait se démarquer sauf peut être le Rwanda, mais le temps allait probablement nous manquer pour cette destination à la logistique complexe.

Devant ce manque d’inspiration, Audrey a lancé à la blague l’idée de réessayer le Turkménistan. Après un petit moment de réflexion, le projet m’a paru réalisable si bien qu’après discussion, nous avons mis notre collimateur sur un retour en Asie Centrale pour tenter à nouveau la visite de ce pays. D’autant plus que ses frontières venaient tout juste de réouvrir post pandémie.

Ce n’était pas gagné d’avance. Quelles étaient les raisons du refus initial de mes visas? Aucune idée. Cependant, mon passeport n’avait pas changé et le système pouvait très bien me refuser l’accès à nouveau.  Il fallait le tenter alors nous avons contacté une agence de voyage locale (ce pays ne se visite pas en autonomie) pour organiser notre visite. À notre grand bonheur, nous avons reçus quelques semaines plus tard notre lettre d’invitation officielle du gouvernement turkmène.

À ce stade, vous vous demandez peut être ce que le Turkménistan peut avoir de si particulier pour que l’on se donne à ce point du mal à y aller? Vous le comprendrez au fil des prochaines publications. Ce pays est spécial comme aucun ne l’est sur la planète. Une aberration dont on comprend tout à fait bien le comment, mais dont le pourquoi reste très nébuleux.

Dans le pavillon du Turkménistan
En 2017, dans le pavillon du Turkménistan à l’exposition universelle d’Astana

Istanbul, Turquie

À l’image de Paris ou Londres, on ne se lasse pas de la capitale Turque. Non seulement il y aura toujours quelque chose de nouveau à découvrir, mais il fait bon revivre ses classiques. Pour ma part, c’était la troisième fois que j’y mettais les pieds; Audrey, sa première. Nous y avions un tout petit 2 nuits avant de reprendre un vol vers le Turkménistan et je comptais bien en ce cours lapse de temps lui faire vivre ce qui me faisait tant apprécier cette ville.

Au restaurantC’était un petit programme qui allait être bien chargé. Vu la longueur du trajet pour s’y rendre de Montréal, le presque 2h de transports en pleine heure de pointe et une erreur de réservation qui nous a contraint à un changement d’hôtel à la dernière minute, nous nous sommes contentés à l’arrivée d’un repas au réputé restaurant turc du coin avant d’aller vers le repos.

Dans un parc à Istanbul

En pleine forme le lendemain et les batteries chargées à bloc, nous avons entamé notre visite d’un bon pas. Premièrement, passage par Sainte-Sophie et la Mosquée Bleue mais sans les visiter (ce sera fait demain). Par la suite, direction la Corne d’Or pour traverser le pont vers le quartier de Galata, la fameuse rue Istikal avec ses boutiques de luxes. Le tout qui a débouché sur la fameuse place Taksim, lieu connu pour être le siège de grands mouvements populaires de la société turque.

Pêcheurs sur le pont traversant la Corne d’Or

 

Un magasin de Loukoum
Un magasin de Loukoum

À partir de là, j’étais en terrain inconnu. Lors de mes deux précédents séjours dans la ville, j’avais circonscrit mes explorations aux quartiers plus historiques. Rapidement donc les faciès humains ont changé pour une apparence plus turque et l’environnement urbain a gagné en authencitié. Parlant de visiteurs, les Russes constituaient une part assez conséquente des touristes fréquentant la ville. Fait facilement expliqué par les sanctions internationales qui leur ont été imposées par leur invasion de leur voisin ukrainien. L’Europe leur étant à toute fin pratique maintenant hors d’accès, ils n’ont guère d’autres choix que de se rabattre sur les quelques pays qui leur octroient encore des visas, pays dont la Turquie fait partie.

La place Taksim
La place Taksim

Nous sommes passés par des quartiers normaux, des districts plus universitaires longeant le détroit du Bosphore, une zone de la ville résolument orientée affaires et j’en passe. Il y a eu un arrêt baklava et thé ainsi qu’un délicieux kokoreç, ce sandwich de tripes de moutons en mode kebab. Mes souvenirs d’Istanbul me la décrivaient sans grand relief. Erreur, la ville est construite sur d’innombrables collines dont les vallées sont généralement occupées par de grans boulevards ou autoroutes. Certains gros ouvrages routiers (à l’image de Dubaï) sont tout à fait infranchissables par les piétons si bien que maintes fois nous avons été contraints de rebrousser chemin. Mention spéciale à ce pont au dessus de la Corne d’Or qui après 1,5 km nous a présenté le dilemme suivant : traverser l’autoroute à pied en pleine noirceur ou braver le vertige, rebrousser le chemin et rallonger notre marche de plusieurs kilomètres encore. Nous avons opté pour le choix le plus sensé.

Ce n’est pas avant 23h que nous avons pu nous asseoir sur une terrasse non loin de notre hôtel. Mes pieds étaient en compote et mes deux mollets crampaient à chaque pas. Je vous épargne les détails sur l’état de mon entrejambe. Nous devions avoir marché au dessus de 35 kilomètres.

Sainte-Sophie

L’intérieur de Sainte-Sophie
Sainte-Sophie

Le lendemain matin, programme plus raisonnable. Le déjeuner réglé, nous nous sommes dirigés vers Sainte-Sophie, symbole stambouliote par excellence. Je l’avais visité pour la première fois il y a plus de 10 ans et elle m’avait laissée toute une impression. Non seulement son intérieur est grandiose, mais peu d’endroits peuvent revendiquer d’avoir été église et mosquée de si nombreuses fois dans leur histoire. À mon dernier passage cependant, elle était laïque et arborait fièrement son statut de lieu classé au patrimoine de l’UNESCO. Son décor restait musulman, mais partout des fresques chrétiennes orthodoxes avaient été exposées pour monter au visiteur la confession changeante de l’endroit au fil des empires.

 

Sainte-Sophie
Sainte-Sophie, trouvez Audrey

Hélas, l’humanité ne fait pas qu’avancer dans sa lutte contre l’obscurantisme religieux. Fidèle à sa base éléctorale plus conservatrice, le président Ergogan a fait reconsacrer Sainte-Sophie comme mosquée. Ses fresques chrétiennes ne sont plus accessibles et il ne reste pour témoigner de son passage que 4 images d’anges haut perchées juste avant la coupole. Au moins par contre, la visite était devenue gratuite.

Le grand Bazar
Le grand Bazar
La mosquée de Suleiman le Magnifique
La mosquée de Suleiman le Magnifique

Vu que la foule était trop importante à la Mosquée Bleue, j’ai amené Audrey en passant le grand bazar vers la mosquée de Suleiman le Magnifique, deuxième en importance dans la ville et d’un style similaire. Faisant le plein de kororeç deux fois plutôt qu’une au retour vers l’hôtel, nous y sommes arrivés avec une bonne marge de temps avant de devoir nous rendre à l’aéroport. Une chance car le trafic infernal de la ville nous a coûté une bonne heure.

Du kokoreç
Du kokoreç

Au comptoir d’enregistrement, petit moment de stress car le vol avait été surréservé et Audrey n’avait pas de siège (c’est pour éviter ce genre de situation que les compagnies aériennes encouragent l’enregistrement en ligne). Rater ce vol avait le potentiel de grandement compliquer les choses. Par chance, une place lui a été assignée in extremis et soulagés, nous avons pris place dans notre avion vers le Turkménistan.

À la prochaine donc, Istanbul.

Le sud de l’Italie

Vieste, Les Pouilles

Un bon casse croûte
Un bon casse croûte de fruits de met

Finalement, nous nous étions plutôt écartés de notre chemin en montant vers San Marino. La journée aura donc été passée en majeure partie du l’autostrade à pleine vitesse vers le sud. Suffisamment avancés, nous sommes sortis pour reprendre le chemin en bordure de mer Adriatique. C’était dimanche et il y avait passablement de la population sur la côte. Ce ne semblait pas être des vacanciers par contre, mais plutôt des Italiens des terres venus profiter de l’air frais marin. Frais je dis, car la température avoisinait les 15 degrés et le temps nuageux. La haute saison n’était définitivement pas débutée. La côté, saturée d’espaces de camping, d’hôtels et de condominiums, jouissait d’un calme relatif avant la tempête estivale, où près de la moitié de l’Europe allait se retrouver aux abords de la Méditerranée.

Audrey et moi nous sommes remémorés avec sourire cette nuit passée en Croatie à Sibenik il y a près de 6 ans en pleine saison haute, encastrés entre trois caravanes, tentés sur un misérable et coûteux espace de camping.

Vieste
Vieste dans la grisaille
Vieste
Trouver l’hostel à Vieste

Parlant de Croatie, il paraît que la petite bourgade où nous allions passer la nuit, Vieste, avait des airs de Dubrovnik. Pas fâchés d’y être arrivés car même si les derniers kilomètres à slalomer dans la forêt n’avaient pas été désagréables, les heures passées à conduire dans les villes balnéaires et leurs routes rectilignes commençaient à devenir monotones…

Vieste
Dans la vielle ville

Vieste n’a finalement pas déçu. On explore rapidement son coquet petit centre historique, mais l’endroit est charmant et il a fait bon y déguster un Apérol Spritz après autant de route.

Lecce, Les Pouilles

Il paraît que le sud de l’Italie est plus pauvre que le nord. À en juger par le délabrement des infrastructure, les ordures et la prostitution de bord de chemin, ça semble définitivement être le cas. La pluie était au rendez-vous en plus. On a donc tracé vers Lecce, ville majeure de la région des Pouilles (le talon de la botte) et valant le détour à ce qu’il parait. Par chance, Lecce semblait épargnée par la mauvaise météo qui régnait partout ailleurs au pays. Comme précédemment, la routine s’est mise en marche dès l’arrivée. On laisse les sacs, on explore autant que possible avant la tombée du jour, on mange et puis on explore encore plus.

Le centre historique de Lecce, quand même imposant et tout de pierre beige avec un style baroque plutôt particulier est fort intéressant à arpenter. Dommage que je n’aie pratiquement aucune photo présentable de l’endroit. En bonus, un bon restaurant déniché par Audrey qui se spécialise dans la cuisine locale. Moins sophistiquée que celle du nord car issue d’une Italie historiquement plus pauvre, elle est largement à base de féculents et d’ingrédients modestes.

Lecce

Sortis plutôt tard de notre festin, nous nous sommes assis dans un parc avec une bière achetée au kebab du coin. La discussion de la prochaine heure allait être animée. Le temps avec la voiture file, l’Italie est en fait plus grande que ce qu’il n’y paraît (lisez : on veut en faire trop) et la température joue contre nous. L’organisation du voyage devait être changée.

Le plan en quittant Rome était de profiter de la voiture 5 jours, de la laisser à Reggio, puis de passer 3-4 nuits en Sicile, de prendre le traversier de nuit pour se rendre à Naples et puis de là aller sur la côte amalfitaine. C’était trop. La décision fut prise de laisser tomber la Sicile afin de relâcher la pression un peu.

Matera, Basilicate

Dans un café italien
Un espresso pour la route

Matera est un must de la province de Basilicate. Ville inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO, des millénaires d’occupation humaine on laissé dans les parois rocheuses du canyon où la ville se situe un impressionnant réseau de ruelles et d’habitations taillées à même le roc.

Alberobello
Alberobello

Avant d’y arriver cependant, nous avons effectué deux petits arrêts dans la vallée d’Istrie avec ses plantations verdoyantes, ses maisons particulières et ses villages perchés sur le dessus des collines. Alberobello aura retenu notre attention pour sa vielle ville totalement bâtie de Trulli, ces petites structures côniques qui parsèment le paysage de la vallée.

À Matera, la décision a été prise de casser la tirelire pour se payer un hôtel avec un minimum de vue sur la vielle ville. À en juger par les photos, vous constaterez que nous avons pas été déçus. Le coup d’oeil était splendide, tout comme les plusieurs heures de balades dans les deux Sassi, noms donnés aux quartiers à flanc de roc (et dont nous n’en voyons qu’un seul sur la photo).

Vue de notre hôtel
Pas mal comme vue

Tel a été notre enchantement d’ailleurs que nous avons prolongé notre séjour d’une nuit (devant au passage passer d’une chambre normale à une suite) et avons reporté la date de retour de la voiture de deux jours.

Vue d`un Sasso
Vue d`un Sasso
Dans un Sasso
Dans un des deux Sasso

La journée a été passée à marcher de l’autre côté du canyon et à s’imprégner de l’endroit tout en sirotant cafés et spritz sur ses petites places. Tant qu’à se gâter, on est même y allés à fond pour le souper avec une étoile Michelin chez Vitantonio Lombardo en mode cuisine locale réinventée sur 7 services. Les gastronomes en nous furent comblés. On adore la haute cuisine. Là c’était une coche supplémentaire à ce à quoi nous sommes habitués.

Les deux Sassi de Matera
Les deux Sassi de Matera

Cosenza, Calabre

Après deux jours de luxure à Matera, il était temps de reprendre la route vers le sud. Avec deux jours supplémentaires de locations de voiture, les options étaient nombreuses. Le centre de l’Italie est riche en relief et en route intéressantes alors c’est la direction que nous avons prise.

Castelmezzano
Castelmezzano
Une ruelle de Castelmezzano
Une ruelle de Castelmezzano avec sa Vespa … très italien

Encore une fois, la météo n’était pas de notre côté. Il faisait froid et le ciel était plutôt variale. Cela ne nous a pas empêcher de profiter d’un paysage fort montagneux et de faire un petit arrêt pour une marche dans le village de Castelmezzano. Les villages italiens ont tendance à être construit en hauteur. Logiquement, on s’installe dans les vallées pour avoir accès à l’eau, mais j’imagine que la protection offerte par le relief était plus importante à une époque où le pays était constitué de petits royaumes belliqueux. Fait particulier, Castelmezzano est relié à sa voisine sur l’autre pic par une tyrolienne de plus de un kilomètre. Malheureusement, l’attraction n’était pas ouverte lors de notre passage.

La vielle ville de Cosenza
La vielle ville de Cosenza

Après plusieurs heures de chemins tortueux, nous avons aboutis à Cosenza, ville d’importance régionale de Calabre. Apparemment, son vieux quartier possédait un certain charme propre au sud de l’Italie évoquant la dolce vita. L’expérience fut tout autre. Peut-être jadis pittoresque, c’est aujourd’hui un lieu malaisant de bâtiments à moitié en ruine et de ruelles jonchées de gravats et d’ordures. Pourtant, la majeure partie des édifices semblent encore habités et il était fréquent de croiser des immeubles dont plusieurs étages étaient délabrés tandis que certains autres illuminés. L’ambiance était d’un glauque que nous nous attendions pas à croiser dans un pays du G7.

Bova, Calabre

L’objectif de la journée n’était pas différent de celui de la veille, continuer à descendre et explorer la région. Audrey en avait quand même sa dose des routes tortueuses alors nous avons plutôt choisis d’emprunter le bord de mer. Pour ma part, j’avais un objectif cette journée là. Il existait selon le guide un village entièrement abandonné au détour d’une route mineure tout au sud du pays. Est-ce qu’on aurait pu trouver quelque chose de plus édifiant à visiter? La Calabre, région quand même pauvre du pays, n’offre à ce qu’il paraît pas grande attraction outre des plages et du soleil que les gens du nord viennent fréquenter lors de leurs vacances.

La route en bordure d’océan n’avait rien d’intéressant, mais les choses on commencer à prendre une tout autre tournure une fois que nous avions bifurqué dans les montagnes. Le terrain est tout de suite devenu très accidenté et escarpé et le chemin que nous suivions s’est rétréci pour ne devenir qu’une voie en lacets serrés, jonchée de pierre et de débris avec certaines sections carrément effondrées.

Route vers Roghudi
Les routes étaient dans un sale état

Nous avons passés deux petites localités encore occupées (mais manifestement en déclin) avant d’arriver à Roghudi. Bâti sur un éperon rocheux, le village était autrefois habité par des centaines de personnes. Suite aux inondations de 1971, l’endroit est devenu inhabitable et sa population a été relocalisée sur la côte. Il ne reste aujourd’hui que des maisons en ruine avec de vieux volets claquant au rythme de la brise montagnarde. À l’entrée de la ville, un appartement apparaît encore logé et l’église est manifestement entretenue.

Roghudi
Arrivée à Roghudi
Roghudi
Roghudi

Les lieux abandonnés ont un je ne sais quoi de mystérieux et d’unique. Au fil du temps, leurs formes s’effritent à mesure que la nature exerce à nouveau son influence sur les créations de l’homme. L’atmosphère qui s’en dégage me remplit d’humilité à tout coup. Ces maisons, autrefois la fierté de leurs propriétaires, s’écrouleront une à une pour qu’éventuellement, toute trace de vie ici soit effacée par l’irrémédiable effet du temps. Il se dégage de ce mandala de mortier et de brique une importante vérité : tout est temporaire et dans l’absolu, rien n’a d’importance.

Notre destination pour la nuit était la ville de Reggio Calabria, l’endroit où nous devions retourner la voiture et une grosse agglomération sans grand intérêt. En redescendant vers la côte par cette route qui n’aura pas manqué de nous donner de l’adrénaline, nous avons passé un autre de ces pittoresques villages perchés sur un sommet. Quelques kilomètres passés, je m’arrête et lance l’idée de voir s’il n’y a pas un bed & breakfast dans les environs car de toute évidence ni moi ni Audrey n’étions motivés à passer la nuit à Reggio.

Bova au loin
Bova au loin

Avoir l’internet dans sa poche à l’étranger enlève définitivement une part d’aventure et d’inconnu lorsqu’on voyage mais pour certaines occasions, c’est fort pratique. En quelques secondes j’avais trouvé un endroit où passer la nuit à Bova, nom de la ville que nous venions de passer. Son propriétaire, tout à fait accueillante, nous expliquera qu’en réalité, les habitants de la région parlent grec et son issus d’une immigration qui devance l’existence de l’empire Romain. Quelle excellente idée que de s’être arrêté passer la nuit ici. L’ambiance était tout autre et les gens charmants. La ville est en fait constituée de ruelles et d’escaliers pavés inaccessibles aux voitures. Après un copieux repas dans un fantastique petit restaurant de cuisine locale où tout était concocté avec les ingrédients de l’endroit, nous avons passés quelques temps à discuter avec un couple britannique qui possède une maison et une oliveraie dans Bova. Arrivés ici pour la première fois il y a plus de 20 ans, le coup de foudre a été tel qu’il sont venus y installer leur résidence secondaire.

La vue de notre chambre à Bova
La vue de notre chambre à Bova, pas trop mal

Une fois sortis du restaurant, il nous a pris l’envie de braver le vent qui se levait pour monter jusqu’au belvédère qui surplombe le village. Un chient errant prénommé pour l’occasion Umberto et au bon tempérament nous a servi de guide jusqu’au sommet et de retour jusqu’à notre chambre (on a au passage eu une petite pensée pour Ramon, cette chienne avec qui nous avons passé une soirée aux abords d’un lac au Tadjikistan).

La journée avait commencé un peu mollement il faut dire, mais s’était terminée par une escapade dans un lieu inusité et une nuit impromptue dans un endroit dans les plus charmants croisés jusqu’alors.

Le lendemain, la météo était des plus désagréables et ces forts vents qui nous avaient empêcher de dormir avait semés un certain chaos dans les routes de la région. Malgré tout, nous avons été en mesure de rendre la voiture sans trop de difficultés et de prendre le train vers notre prochaine destination.

Maratea, Basilicate

Maratea

Ruelle de MarateaMaratea est une collection de petits villages coincés dans une vallée entre montagne et mer. À ce qu’il paraît, elle a des airs de côte amalfitaine. Le but était de s’y poser un peu pour décompresser et prendre le temps. L’endroit était quand même très beau et notre hôtel des mieux situés. Bâti dans un ancien couvent avec une vue sur le centre historique et la vallée, on était loin des bons vieux dortoirs d’auberge (quoique je m’ennuie de ces derniers). La météo, encore à jouer contre nous, nous aura forcé à relaxer et ralentir le rythme. Les tenanciers de l’établissement étaient eux-mêmes étonnés par température qu’il faisait, mai étant normalement un mois de baignade et de plage, pas de manteaux et de grisaille.

Hotel à Maratea
Un apérol spritz et une piscine à 15 degrés

Au restaurantBref, il ne s’est pas passé grand chose. En analysant nos options pour la suite, nous avons finalement constatés que la côte Amalfitaine qu’Audrey avait suggérée comme destination en début de voyage était devenue hors de prix et que la température n’allait pas y être beaucoup plus clémente. Nous avons donc opté pour le choix logique dans la région : Naples.

Maratea

Naples, Campanie

Panorama de Naples

Rue de NaplesOn nous avait déconseillé Naples. En fait, je crois que c’était nos amis de Rome qui rapportaient les suggestions que des Italiens leur avaient fait. Pourtant, Naples nous a vraiment plu. Oui, son centre-ville est plutôt fréquenté par les visiteurs (italiens et étrangers), mais pour autant qu’on en sorte un peu, on tombe sur une ambiance de quartier qui à certains moments rappelait l’Inde. Le trafic de motos, les commences empiétant sur les trottoirs, les odeurs, la foule, bref … le chaos urbain. Les musées semblent légions à Naples, mais à part une petite visite de catacombes, notre séjour a été principalement voué à l’exploration de la ville à pied ainsi qu’à la consommation de cafés, de pizza, d’apérols et de bonnes séances de people watching en bordure de mer.

Naples

Naples est aussi tout en colline alors pour peu que l’on s’éloigne de la côte, le relief nous récompense de jolis panoramas entre les bâtiments colorés de cette ville frénétique, le bleu de la Méditerranée et le sommet du Vésuve non loin. Nous aurions pu aller y faire tour et visiter Pompéi, mais ce sera pour une autre fois car ce coup-ci nous nous sentions plus en mode exploration urbaine.

Naples

Fin

De retour à Rome, la dernière soirée aura été passée à faire un autre barbecue à l’ambassade. Que dire de ce voyage? Classique mais rafraîchissant? Avec une meilleure météo on en aurait possiblement profité davantage, mais nous n’avions aucun contrôle sur cet aspect. Ne l’oublions pas aussi, l’objectif était également d’aller voir nos amis à Rome. Après 3 ans de pandémie, une résidence en médecine et une sérieuse maladie pour Audrey, je vois l’expérience comme une remise en forme. Une petite escapade qui nous aura permis je crois de renouer avec notre esprit d’aventure et l’audace.

Road-trip dans le sud de l’Italie
Le trajet approximatif effectué (cliquez pour ouvrir la carte dans Google Maps)

San Marino (Saint-Marin)

San Marino est un petit pays (le 5e plus petit au monde précisément) enclavé dans l’Italie qui avait depuis longtemps piqué ma curiosité. Vestige d’une époque où le pays était une constellation de royaumes et républiques, il a réussi à conserver son indépendance au travers des âges pour être aujourd’hui la plus vielle démocratie du monde.

Audrey dans un Ikea
Audrey attend son véhicule dans un Ikea de la banlieue romaine (oui, c’est là que l’agence se situait)

L’endroit n’était pas vraiment sur le chemin, mais je tenais à y faire un détour puisque nous étions désormais motorisés. D’autant plus qu’il pleuvait partout dans le pays. De Rome où nous avons récupéré notre Fiat Panda, il n’a fallu que quelques heures pour s’y rendre.

Arrivés tard, nous n’avons eu que le temps d’aller déguster un excellent repas (raviolis au truffes et pièce de viande dans de l’huile et du vinaigre balsamique) dans un resto local bien animé. Sous la bruine du soir, avons parcouru les rues médiévales de la capitale.

Rues de San Marion
Dans les rues de San Marino

Le calme amené par l’heure tardive et la météo contrastait définitivement avec ce qui devait être des ruelles pleines de visiteurs pendant le jour. San Marino reçoit deux millions de curieux par an et facilement la moitié des échoppes est un magasin de souvenirs qui vend parfums, couteaux et autres bidules.

Néanmoins, la propreté de l’espace, ses coups d’oeil pittoresques et les vues imprenables depuis cette cité construite sur les pentes abruptes d’un cap rocheux nous ont enchantés et sans grande surprise fait miroiter l’idée de s’y prélasser un peu plus demain.

San Marino
Une dernière photo de très mauvaise qualité …

La météo pluvieuse et brumeuse au réveil nous confortera dans la décision de quitter ce lieux particulier. Les pays totalement enclavés dans un autre ne sont pas très nombreux sur notre planète. Le Vatican en est un, il y a le Lesotho en Afrique du Sud et à moins que ma géographie me fasse défaut, je n’en trouve pas d’autres. San Marino n’aura été l’affaire que d’une soirée, mais aura certainement assouvie une partie de notre curiosité.