Cordoba, Coatzacoalcos et San Cristobal de Las Casas (Mexique)

Entre México et la frontière avec le Guatemala, la route était un peu trop longue pour la faire d’un trait. Nous avons donc opté pour faire des escales .

Mexixo à Ciudad Cuauhtémoc

Cordoba

Nous avons donc passé une nuit à Cordoba, une jolie petite ville dont la place centrale est coquette.

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Cordoba
L’église de Cordoba, devant notre hôtel.

J’ai pu goûter à ce fameux chiles en nogadas, poivron vert farci de noix, nappé d’une sauce blanche et décoré de pomegrenade et autres herbes, le tout évouant le drapeau mexicain. L’expérience fut décevante, mais la rencontre de Salvatore, un expatrié napolitain aura au moins mis du piquant dans le repas.

Coatzalcoalcos

Puis, une nuit sur le bord de la mer dans le golfe du Mexique, tant qu’à y être, avant de poursuivre. Nous nous sommes donc arrêtés à Coatzacoalcos, un centre qui ne laisse pas nécessairement de trace particulière à notre esprit. L’une de ses caractéristiques principales est probablement d’être entourée de quelques rafineries. La ville s’est toutefois dotée d’une longue promenade sur le bord de l’eau, et de l’autre côté de l’avenue on trouve plusieurs restaurants et hôtels. Nous n’avons rencontrés aucun étranger mais beaucoup de monde tout de même, j’en viens donc à penser qu’il s’agit d’un endroit prisé des résidents des régions environnantes pour venir profiter de l’esprit des vacances. Son plus bel attrait fut sans conteste le coucher de soleil qui se reflétait dans l’eau. Une vraie poésie pour les yeux.

Coatzalcoalcos

San Cristobal de Las casas

Par la suite, nous pensions nous rendre jusqu’à la frontière, peut-être, ou nous arrêter à San Cristobal de Las Casas. Nous allions laisser la journée décider, selon nos humeurs et/ou limites. L’avantage de se rendre à la frontière était, justement, de se rendre à la frontière et de prendre de l’avance. L’avantage de rester dans cette petite ville était, sur papier, la possibilité de visiter une coquette petite église et un centre historique mignon. Je connais peu de gens qui sont allés au Chiapas, et encore moins dans cette ville. Je n’avais donc pas nécessairement intégré de recommandation formelle d’y aller. Déjà en arrivant aux abords de la ville, je ne savais plus où donner de la tête. Les maisons collorées qui se répandent au creux des collines qui nous entourent, les ruelles pavées, les gens qui se promènent et vaquent à leurs affaires, une ambiance que seule une ville des montagnes peut permettre. Celle qui allie urbanité et reclusion, dynamisme et calme.

La Posada del Abuelito
La porte de notre hostel, derrière laquelle les fleurs et leurs effluves nous accueillent.

Alors hop, on se stationne sur le côté, on cherche et trouve un hostel, on reste! Déjà, l’offre d’hostel était… florissante : un indice de ce que nous allions rencontrer. Notre hostel, une charmante propriété familiale nommée “Posada del abuelito” en l’honneur d’un grand-père à qui avait appartenu la demeure, était accueillant, chaleureux, rempli de jardins où les fleurs et la fraicheur de l’altitude venaient remplir nos narines. Et là, oh oh oh, que vois-je, qu’entends-je? Beaucoup de gens qui semblent avoir traversé un océan pour venir jus

Posada del abuelito
Une cuisine extérieure, pour apprendre ou pour échanger

qu’ici! D’ailleurs, une bonne proportion de Français. Je me suis demandé pourquoi… Peut-être parce que de notre coté, nous fuyons le froid hivernal vers les plages du Mexique, sans avoir le réflèxe d’y aller pour des vacances estivales en risquant un 13-14 degrés en demeurant dans les montagnes. Alors que les Européens ont bien assez de plages visant la détente de leur côté, ce qu’ils viennent chercher de notre côté de l’Atlantique s’oriente peut-être plutôt vers la découverte et la culture…

Le centre historique est en fait très grand, alors même en se promenant durant un moment, nous demeurons dans des rues coquettes, pavées et dont le lustre laisse savoir au piéton qu’il en a vu d’autres. Beaucoup d’autres. Et bien sûr, comme il appert que ce soit un petit joyaux (quoique possiblement moins connu des Québécois), il y a quand même beaucoup de touristes, et d’argent. Ce n’est pas trop dénaturant, ceci étant dit. On ne se sent pas nécessairement submergés dans des hordes de photographes amateurs, mais il y a plus de terrasses branchées où prendre un verre en manger. Il n’y a pas de grandes chaines hôtellières, mais par-ci par-là, nos yeux aurons le privilège d’entrevoir le luxe qui règne dans la cour intérieur et les chambres d’un petit hôtel de 1 ou 2 étages tout au plus.

Église – San Cristobal
Une magnifique église centrale à San Cristobal

Égise San Cristobal

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Étions-nous seuls dans les rues ? Détrompez-vous, cette photo a été retouchée par intelligence artificelle pour enlever tous les autres badauds. Le résultat est quand même convaincant.

Ce que je connaissais du Chiapas, c’est notamment ce qui arrive jusqu’à nos journaux. Au cours des années 90 et 2000, des soulèvements populaires pour une transformation sociale du Chiapas, via les actions militaires des Zapatistes notamment, visait la protection des droits des peuples autochtones et leur volonté de s’autoadministrer. Les tensions, si je puis me permettre cet euphémisme, sont demeurées importantes durant plusieurs présidences. Ces dernières n’avaient pas toutes la même stratégie, l’une préférant une réponse par la force, par exemple, et l’autre par la communication. Toutes n’ont pas eu la même réponse des gens non plus. C’était donc un peu naturel qu’à plusieurs endroits dans la ville, nous puissions voir des grafitis ou des murales incluant sans conteste un message politique ou social. Et plusieurs de très grande qualité, de l’art modeste à la Bansky à la fresque tout sauf modeste. Le mélange était gracieux et fluide.

Art mural
L’art mural, décoration et intention

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Je ne saurais terminer sans aborder la beauté et la diversité de la population, à l’image de son expression et de sa volonté de s’affirmer. J’avance en n’ayant qu’éfleuré le tissu social de la ville, mais il est très fréquent de voir, par exemple, deux femmes transiger au marché où l’une arbore fièrement ses deux nattes lui tombant jusqu’au bas des reins et sa jupe de peau de buffle (ou l’un de ses compaires), l’autre portant maquillage et habits selon la dernière mode. Le traditionnel et le contemporain sont très proches, partout, tout en étant diamétralement opposés de par leur nature. Mais ça fonctionne, et c’est beau.

San Luis Potosi et México, la Ciudad

Prélude -San Luis Potosi

Ce qui a de bien avec les déplacements à voiture, c’est qu’ils déposent sur votre chemin des endroits que vous n’auriez pas vus sinon. Comme cette petite ville de près de 3 millions d’âmes. Petite par comparaison seulement avec les autres visitées. Nous restons dans un petit hôtel trouvé près du centre historique, et les jolies rue où les maisons se déclinent en divers tons d’orangées sont invitantes. Nous profitons de la douceur des soirées dans les quelques parcs (à 1800 mètres, le jeans et le chandail son les bienvenus).

Frontière à CDMX
De la frontière du Mexique à sa ville du même nom

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México (1er au 6 août)

Cette ville se marche, se mange, se sent. Tantôt très européenne, comme dans les quartiers de Roma, La Condesa ou Coyoacán, et tantôt bien distinctive et ancrée dans son patrimoine riche, comme son université s’en fait le fier canevas.

Universidad Nacional Autonoma de México du Mexique
Universidad Nacional Autonoma de México du Mexique : Le campus a té déclaré patrimoine mondial de l’UNESCO. Notamment pour la collaboration d’un 60aine d’architecte, en faisant un exemple de l’architecture du milieu du XXe siècle. Également, la culture pré-hispanique du pays y a été mis en valeur.

Les marchés

Véritables refuges pour qui s’ennuie, on va au marché pour faire ses courses, acheter ce dont on ne savait pas qu’on avait besoin ou ce que l’on ne cherchait pas, ou simplement rejoindre quelqu’un. On s’y perd, on s’y plaît.

Marché de México
Dans les marchés, on trouve fruits et légumes, et tout ce que vous pourriez chercher (ou pas)

Les rencontres fortuites

Quand on crapahute de petit local en petit local, on croise des gens qui la plupart du temps, viennent nous parler. L’un parce qu’il pratique son anglais et souhaite nous poser 2-3 questions, sur notre vie ou sur les raisons qui nous ont parachutés dans son quartier. L’autre parce qu’il veut nous chanter une chanson canadienne dans un bar karaoke, où même l’animateur n’a aucun référent. Pas même Céline… le petit duo de client et animateur souhaite tellement qu’on leur donne un titre. J’étais tentée de demander Le bon gars de Richard Desjardins, mais c’était perdu d’avance. Ils ont finalement googlé quelque chose, j’imagine, et pour nous faire plaisir ont mis une chanson qu’ils avaient considérée comme Canadienne: une toune country d’un artiste dont nous n’avions bien évidemment aucune idée!

Nous avons aussi rencontré un Israélien de 18 ans, dont c’était apparement le premier voyage, perdu et dépassé par son propre sort. Son père ne répondait pas au téléphone et il était coincé hors de son hôtel. Le petit fait cocasse, c’est qu’il nous avoue avoir consommé des jujubes au cannabis, qu’il qualifie de très forts… ben là mon coco, à ta première nuit à l’étranger de toute ta vie, c’est effectivement recommandé de ne pas prendre de drogue! Mais il avait 450 pesos en poche (ce qui avait échappé aux bars du coin) et ne savait pas comment résoudre l’équation pour que ceux-ci se transforment en solution. Nous l’avons donc accompagné jusqu’à un hostel quelques 20 minutes plus loin pour qu’il ne dorme pas à la rue. Antoine l’a même bordé pour s’assurer qu’il était ok. Puis nous sommes repartis le sourire aux lèvres, réchauffés par les remerciements du jeune homme qui nous garantissait que notre karma était bon. Karma ou pas, c’est important de s’entraider.

Cantina
Un délicieux plat de poulet en sauce, et des escargots dans une sauce au cacao : les gourmandises d’une cantina de quartier

À notre dernière soirée dans cette magnifique ville, nous sommes retournés dans une cantina que nous avions visitée. Le concept? Commande un verre, un petit plat, un autre verre, un autre petit plat… tapas (ou botanas), quoi! Finalement ça semble être « paie tes verres, on te nourrit ». Bon deal. Nous avons traîné un peu les pieds, discutant avec les pilliers de bar, alors que les chaises commençaient à être relevées sur les tables. Mais la conversation était trop intéressante. Nous avons rapidement trouvé un terrain commun: le Canada et le Mexique ont toujours été des amis, mais depuis le 2e mandat de Trump? Des frères, unis, pour faire émerger la collaboration. On nous a d’ailleurs souligné que les québécois, nous ne sommes pas comme les autres autres “gringos”. La raison? Elle est simple. Essayer. Essayer de parler espagnol, essayer de comprendre à qui on parle, essayer de trouver ce qui nous unis. Pas simplement débarquer et imposer ce que l’on est ou ce que l’on croit (quoi que partout sur terre, l’humanité a un piètre résultat en terme de « ne pas imposer ce que l’on croit » et cela, depuis des millénaires).

La comida (la délicieuse bouffe!)

Comment parler de cet immense pays sans parler de sa nourriture. Elle a d’ailleurs largement dépassé ses frontières, même si pas toujours dans ses formes les plus authentiques. Mais elle demeure si généreuse, si goûteuse. Et le plaisir c’est aussi de manger dans la rue, peut-être assis sur un tabouret de plastique, ou adossé à un poteau. Qu’importe, on sauce, on plie, on ingère.

Michelin
Ici, nous avons mangé dans un restaurant étoilé Michelin! Le guide a donné cette distinction à cette taqueria pour la perfection de ses grillades. Un petit endroit où on mande debout, sinon dehors, er rapidement. MI-AM!

Les lieux

Dans certains quartiers, des immeubles très comtemporains viennent s’intégrer aux immeubles coloniaux. Et les églises, toujours importantes dans le quotidien de la ville, viennent créer un espace d’échanges, souvent accompagnées d’un petit parc, proche. Par ailleurs, nous avons marché plusieurs parc linéaires dans la ville. Et lorsque je dis linéaire, c’est littéral : un parc, entre deux voies automobile, qui va droit devant, sans se permettre de petite courbure. C’est une jolie façon de traverser une portion de la ville.

Un des immeubles qui nous aura vraiment impressionné, Antoine et moi, est la grande bibliothèque de la ville (Biblioteca Vasconcelos). Un immense bloc de béton, où l’intérieur ne semble être que métal, verre et papier. J’avais l’impression d’être dans le ventre d’un paquebot qui ne servait plus mais qui avait été réaffecté à d’autres desseins. Et la lumière relativement feutrée en cette fin de journée ainsi que le silence qui y régnait, donnait le sentiment de s’y mouvoir comme si nous étions des plongeurs qui découvraient un secret bien gardé par la mer. Une petite différence : en haut, le vertige était un partenaire de visite…

 

Bibliothèque

Une expérience toute mexicaine

Qui dit Ciudad de México, dit Lucha libre. De grandes arènes pour mettre en valeur la fausse chicane (et les encore plus fausses claques) d’une poignées d’hommes musclés et masqués. Mais attention, ce n’est qu’un prétexte fourni à la foule pour s’unir dans un chant, non, un hurlement bestial de groupe, destiné peut-être aux lutteurs, sinon à tout un chacun comme un cri de ralliement ou un simple symbole d’une appartenance commune. Ou peut-être encore plus simplement, un défoulement. Parce que dans le fond, tous gagnent et tous perdent, les uns après les autres. Et je dois dire que j’attendais les revirements, les invités surprises, les chaises, les tables, alouette! C’est resté relativement propret, avec un plan plutôt linéaire comme s’il s’agissait d’un compte pour enfants: y’a les fins, les pas fins, et on sait qui va gagner le match. Seule différence? Je ne pourrais dire qu’il y a une morale. Je dois par ailleurs en profiter pour lancer des fleurs à l’équipe de lutte de Limoilou (la North Shore Pro Wrestling si je ne m’abuse). Il y a quelques années nous étions allés voir un combat et ciel! Nous en avions eu plein la vue! Une table, sur laquelle repose une échelle, sur laquelle est acotté une autre table, sur laquelle une autre échelle… d’où se lance un lutteur (un gymnaste, devrais-je dire), pour atterrir quelques étages plus bas en brisant tout le matériel mais aucun os de ses camarades. Chapeau.

Lucha libre

Nous aurons passé cinq nuits ici, j’aurais pu en prendre plus, la ville semblant intarissable de petits coins à débusquer.

México, llegamos!

México, el país : arrivée le 30 juillet

J’en appelle aux grands voyageurs parmi les lecteurs, qui savent ce que passer une frontière terrestre peut signifier. Ou même se remémorent certaines frontières passées en autobus, ou par avion dans certains endroits, où la complexité définit le processus en lui-même. Pourquoi faire simple et optimiser quand on peut en faire un jeu et par la même occasion, créer de l’emploi. Et puis… la performance est-elle toujours nécessaire, hum? C’est une vraie question à se poser.

Cette fois-ci, nous avons été servis d’une façon que nous n’avions pas imaginée… Nous avons passé la frontière en, tenez-vous bien… 13 secondes top chrono. Oui, des secondes, pas des heures, ni même des minutes…. Sans montrer un passeport, ni notre assurance voiture, ni même nos multiples documents gouvernementaux produits à la sueur de notre front (j’exagère légèrement pour l’effet théâtral, puisque tout avait été complété diligemment la veille au soir et la matinée du même jour, avec une relative facilité). Donc, zéro intervention d’un garde frontière, alors encore moins une question sur nos intentions, notre destination, ce que l’on importe, niet, nada, ardjien. Nous avons simplement conduit sur l’autoroute, qui se déversait de l’autre côté du pont enjambant le Rio Grande faisant office de frontière, directement dans la ville mexicaine nous accueillant.

Là où le bât blesse, c’est que nous savions pertinemment que nous avions besoin d’une étampe sur deux-trois papiers. En voyageurs aguerris, nous étions donc conscients que prendre la voie de la facilité et simplement continuer notre chemin vers notre destination de Monterrey, pourrait être une erreur couteuse en temps et en argent plus tard. C’est là qu’a débuté la valse que notre automobile exerçait gracieusement avec les rues mexicaines, qui sont toutes organisées selon des sens uniques, cul-de-sacs et absences de stationnement. J’ai eu une douce pensée pour mon Montréal chéri à ce moment. Nous avons même, par erreur de bonne foi, entamé une intrusion à même l’une des sorties de la « douane », plaçant immanquablement notre fidèle Pontiac face à une horde de véhicules souhaitant sortir, sous les yeux oh combien non préoccupés d’un agent de sécurité de l’endroit. Une telle manœuvre en sol américain ou canadien aurait fait brandir des armes et résonné des cordes vocales ! Mais après quelques tours, nous avons finalement trouvé l’endroit recherché. Et comme à chaque fois que l’on voyage, rien ne se fait tout au même lieu. Il faut aller étamper un papel à un bureau, puis aller faire copier ledit papel à un autre bureau, pour ensuite aller le porter dans un autre bureau, pour se faire souligner le besoin d’avoir une copie des passeports, action qui ne peut se faire qu’à un énième bureau de copie (et pas le même que celui proposé à la 2e étape énumérée). M’enfin, 13 secondes pour passer la frontière, 2 cerveaux pour solutionner l’énigme, 2 heures pour régler l’administration. Ça prend des gens dégourdis !

Arrivée à Monterrey

De la frontière, tout au plus trois heures d’autoroute nous ont permis d’atteindre la ville des montagnes, comme elle est à juste titre surnommée. Elle est très belle et s’offre à nous dans la lumière orangée du coucher de soleil. De notre chambre d’hôtel, nous avons la vue sur la ville et les montagnes, et nous ne pouvons qu’être conquis.

Monterrey
Monterrey vue de notre chambre, au crépuscule

Si le Texas avait une saveur certainement mexicaine, le Nuevo León, état dans lequel nous sommes entrés et dans lequel se trouve Monterrey, a à contrario une certaine saveur texane. Simple question de perspective, il faut croire. Un peu de grill texan ici, un peu de chapeau de cowboy par-là… deux grands frères qui se confrontent mais qui se colorent l’un l’autre depuis des décennies, même des siècles. L’histoire respective des Mexicains et des Américains et de tous les peuples qui les ont construits sont indubitablement tressées, parfois avec une maille plus lousse par ci par là. Mais ce délicat travail laisse un tronc commun sur lequel chacun aura fait fleurir son avenir et son identité.

En arrivant dans la ville, nous avons fait un peu de travail/écriture/organisation, puis nous avons filé vers le centre-ville pour un petit repas. Nous nous sommes donc régalés, sur une terrasse de toit, de grillades avec petites salsas. « Attention, la verte est piquante », nous prévient le brave serveur, attentif à notre accent certain qui laissait présager une capacité limitée à encaisser le piment. Un petit Québécois averti en vaut deux, mais la viande elle-même a réussi à nous surprendre. Les deux gringos, le visage en sueurs, ont tout de même réussi à terminé leurs repas avec délectation. Les papilles, c’est comme un muscle, ça s’entraine; ça ira mieux au prochain repas. Et puis il y a la bière pour faire descendre le tout.

Au travers des rues, nous croisons beaucoup de gens qui se promènent, se rejoignent, vont discuter sur un banc. En tant que Canadiens nous avons peut-être un peu intégré un mode de vie où l’on mange et dort tôt, vu notamment notre hauteur dans les parallèles, mais le Mexique semble savoir profiter de ses soirées.

Au matin, nous avons rapidement pris le petit déjeuner dans les salles de l’hôtel bondées de travailleurs masculins. Monterrey est un centre industriel important du Mexique et je ne peux qu’imaginer que plusieurs industries assurent le logis à des gens qui viennent de régions plus éloignées.

L’entre-deux villes au Nuevo León

Alors là, j’ai été saisie. Un peu de temps avant Monterrey, nous délaissons les grands espaces plus plats et arides et l’autoroute se prolonge dans des plaines et des vallées, toujours entourées de magnifique relief. On se fait envelopper par les montagnes et les nuages cotonneux, qui nous accompagnent vers quelques centaines de mètres de plus dans les hauteurs du Mexique. À quelques occasions, une coulée de maisonnées vient lécher le pied des montagnes, comme une rivière qui prend l’espace qu’elle peut. Une coquette étendue blanche, parsemée de petits points colorés indiquant un arbuste, un bougainvillier, une fenêtre. Hormis certains quartiers, dont celui ayant attiré mon attention, qui était coloré de maisons bleu vif, vert croquant ou rose étincelant, le blanc ayant perdu tout ancrage. Ce dernier village s’accrochait au pan d’une montagne, comme on accrocherait une dentelle finement tissée à une fenêtre, ne serait-ce que pour la rendre plus chaleureuse. La Ville des montagnes sait présenter ses jolis atours, où les détails viennent combler le regard du visiteur.

Monterrey
Au départ de Monterrey, des villages colorés s’affichent au loin

Monterrey

Nous délaissons tranquillement derrière nous l’urbanité de Monterrey pour laisser de plus en plus de place au paysage. Le poids des millénaires a formé les montagnes, laissant au passage de majestueuses marques dans celles-ci, témoignant de chaque époque et chaque effort terrestre. La présence de seuls très courts bosquets, palmiers éparses et bas cactus nous permet de voir le sol pâle comme le cuir chevelu de l’horizon. Le relief est d’autant plus impressionnant, tangible, brut. Une fois de temps en temps, nous croisons une immense usine d’une industrie X, telle la cimenterie ou la métallurgie, ou un tout aussi immense centre de distribution. La combinaison du paysage sublime et de l’empreinte humaine est saisissante. Comme si Amazon et Shell avaient entrepris la Lune.

Bizarrement, la combinaison est belle… belle peut-être par sa laideur et sa contradiction, mais belle tout de même. Car bien que nous soyons sensibles à la protection de l’environnent et à la surconsommation, je demeure lucide : je consomme, et de lever le nez sur ce mélange usino-paysagesque manquerait de cohérence.

Monterrey
En quittant Monterrey, les montagnes dominent un lit de rivière asséché

(Des photos d’un cellulaire daté, en roulant, parfois au travers d’un denêtre… je ne gagnerai pas de prix pour ce résultat. Elles ne rendent pas grâce à la majestuosité de l’endroit, mais vous donne peut-être une idée)

Le Nuevo Léon, bien que non recommandé par le Canada, le considérant comme dangereux (guerres de gang, trafic de drogues et de personnes), aurait très bien pu être une destination de randonnée. À certains moments, nous avions l’œil sur plus de sommets que l’on peut en compter. Et parlant de la réputation non sécuritaire de l’état, au fil de l’autoroute, nous sommes arrêtés à quelques reprises à des barrages policiers, simplement parce que nous n’avons pas de plaque devant la voiture. Normal. Les policiers sont d’un, lourdement armés, et de deux, parfois à visage couvert. Pas exactement la même ambiance que chez nous. Toutefois, tous ont été très accueillants et gentils. Et savez-vous ce qu’ils nous demandent à CHAQUE fois : le petit torbinouche de papel étampé que nous avons passé 2 heures à essayer d’obtenir à la frontière. Et voilà, effort et détermination d’un couple de voyageurs, récompensé dans les heures suivant son entrée au pays.

De mon côté, j’ai choppé depuis plusieurs jours une affliction que l’on pourrait qualifier de… gossante (c’est le terme scientifique médical recommandé, j’ai vérifié). Probablement attrapée aux alentours d’Austin, nous soupçonnons que j’ai touché à un vilain végétal que je n’aurais peut-être pas dû. Dans sa grande autoprotection, il m’a généreusement affublée de mignonne petite cloques, majoritairement sur les bras, le cou. C’est aussi ça voyager : se retrouver avec un bobo dont on ne comprend pas trop l’origine, où que l’on ne peut qu’au mieux associer à un parc, un moustique, un lit ou un taco. Oh well, comme disent les Anglais, ça ne sera sûrement pas la dernière ! En attendant, patience et antihistaminiques.

Depuis notre arrivée au Mexique, tranquillement, les réflexes de voyageurs commencent à refaire surface. Comme traiter l’eau que l’on boit, ou amener du papier de toilette et quelques pesos lors d’un passage aux baños. C’est ce que les États-Unis n’avaient pas pu nous offrir, soit l’obligation de forcer une modification à nos actions instinctives. C’est ce qui me fait sourire lorsque l’on voyage, cet état quasi constant de surprise, du moins d’attention. On remarque des détails que l’on ne voit même plus chez nous, parfois parce que l’on a juste arrêté de s’émerveiller devant ce que nos propres villes ont à nous proposer. Lorsque nous partons, nous réussissons habituellement à ramener avec nous cette façon d’observer, qui reste quelques semaines voire mois. Une simple attention aux détails, à l’architecture des maisons, à ce qui garnit un terre-plein, à ce qu’un groupe de jeunes fait en riant franchement dans un parc, sans se préoccuper des gens qui sont autour. C’est quand ces détails ne s’accrochent plus à nous qu’il est alors signe de repartir en voyage.

Nous sommes actuellement à México pour quelques jours, nous vous en parlerons prochainement. Avec beaucoup de passion, je vous avertis, préparez-vous à recevoir odeurs, saveurs et couleurs!

Texas, ya’ll

Arrivée le 25 juillet – Départ le 30 juillet

Je n’ai jamais vraiment eu l’occasion d’aller au Texas. Pas que c’était un lointain rêve inatteignable, mais plutôt que je n’avais jamais placé le Texas sur la liste de mes envies ou sur ma ligne de temps. L’État existe indépendamment de ma propre existence, et j’étais bien à l’aise avec cet état de fait. Puis, notre roadtrip nous y a naturellement amené. C’est par ailleurs l’État américain dans lequel nous aurons passé le plus de temps : deux nuits à Dallas l’Opulente, deux nuits à Austin la Singulière, une nuit à Laredo la Frontalière.

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Le Texas: notre départ, notre arrivée, et nos deux arrêts

Dallas

Dès notre entrée par l’Oklahoma, j’ai senti un changement de ton, d’ambiance. À la brunante, sur la route, dès les premiers kilomètres dans l’État, nous pouvions constater au loin que des puits de pétrole étaient disposés sur les grandes terres cumulant les acres, partageant parfois l’espace avec quelques bêtes. Une des industries phare de l’endroit annonçait déjà ses couleurs. Et puis, l’approche de Dallas est peu subtile, bien que progressive. Nous avons pu voir se défiler les banlieues, qui se présentent souvent d’une façon similaire à bien des endroits : il y a une couronne pour les habitations plus campagnardes, qui se traduisent ici par des ranchs particulièrement imposants et luxueux. Puis les banlieues encore un peu éloignées afin d’éviter le tumulte de la ville, mais suffisamment proches pour y travailler, qui rivalisent entre elles à coup d’architecture romane, de sculptures chevaline ou de décor paysager. Et bien sûr, on trouve les couronnes des quartiers dont le quadrillé est plus serré, accueillant des maisons alignées permettant aux familles des classes moyennes de posséder leur petit lopin dont ils prendront soin. Après notre passage dans les derniers états, j’ai eu le sentiment que la présence de la richesse était bien plus proéminente ici. Et je crois que je peux avancer sans trop me tromper que c’est plus qu’une impression, puisque le Texas a des moyens que l’Arkansas n’a clairement pas, tant au regard du poids de sa population que de ses finances. Le PIB total du Texas est environ une dizaine de fois celui de l’Oklahoma, et le PIB per capita ou le revenu moyen demeurent plus élevés de quelques dizaines de milliers (selon mes recherches sur le site du Bureau of Economic Analysis – U.S Department of Commerce : https://www.bea.gov).

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Downtown Dallas
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Slow Bone BBQ

Nous avons pu, comme à notre habitude, aller marcher dans la ville pour en découvrir ses petites particularités. Elle est agréable à traverser, de quartiers en quartiers, souvent différents les uns des autres. Parfois pour plaire aux avocats et banquiers du centre, parfois pour plaire aux jeunes professionnels à la recherche d’un petit café-marché bio, mais bien souvent vivants et invitants. Mais en conservant toujours cette saveur texane difficile à décrire, peut-être simplement du soleil, de l’amabilité et de la fumée. Une chose que nous aurons trouvé pour faire fondre notre cœur, c’était le meilleur barbecue de la ville, tout près de notre hôtel en plus.

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Brisket et Root beer, un excellent brunch!

Entre les grandes villes, on croise (rapidement) plein de petites bourgades, dont certaines ont un réel aspect texan, avec ses façade allignées comme on se les imagine d’un film western, les drapeaux et chapeaux de cowboy mis en valeur.

Austin

L’aura de cette ville s’est créée autour de l’accueil qu’elle aura faite aux hippies, musiciens et nomades des années 70, dont le porte-étendard Willie Nelson. La devise non-officielle d’Austin résume bien ses intentions : « Keep Austin weird ». Je ne la qualifierais pourtant pas de bizarre, bien que je crois qu’elle puisse être « finie gros grain ». Elle m’a surtout semblé être la Nashville du Texas, en fait, remplie de bars où les chanteurs viennent tenter leur chance ou du moins payer leur loyer, et où les fêtards viennent se permettre tout ce qu’ils ne se permettraient pas dans leur coin. Je pense que c’est peut-être cet aspect qui lui vaut ce qualificatif de « Weird » : comme si la ville et sa jeunesse souhaitait clamer fièrement son indépendance d’esprit, et de style. Ici, on fait comme on veut. Alors tous y trouvera son compte selon son souhait, que ce soit pour faire la fête dans la musique sur la 6e Avenue bondée, ou pour jaser et prendre un verre dans l’un des multiples jardins de food-truck et minis-bars. La ville réussit à être très charmante par sa diversité, notamment de ses gens et de sa scène culinaire.

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6e avenue, Austin : pleine de food trucks, de lumières et de musique, avec des allées suffisament larges pour permettre aux gens de tituber

Nous avons bien apprécié le Campus de l’Université du Texas à Austin, qui est parsemé d’immeubles de briques, d’artères piétonnes et de sculptures.

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Chambre des Représentants

Lors de la visite du Capitole, le guide nous demande d’où nous venons. Le mot Canada l’aura mis mal à l’aise quelques nanosecondes, puis il a continué en répondant sur un ton bienveillant : « Oh, well, that’s ok, there’s nothing wrong with that, we accept everyone here… ». J’étais un peu incertaine de la réaction diplomatique à fournir, dans ce type de situation. J’avoue lui avoir servi un sourire que mes proches n’auraient peut-être pas perçu comme complètement sincère, mais bon. Je souhaitais tout de même saluer cette branche d’olivier tendue et remercier ces efforts de générosité malgré tout. Dans l’enceinte de la démocratie texane, il faut se serrer la main..!

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Dôme du Capitole

Une expérience toute américaine

En quittant Austin, une opportunité s’offrait à nous. Celle d’aller « tirer du gun » et d’exercer les parcelles disponibles en nous qui nous donneraient l’élan de s’harmoniser le temps d’une petite heure au 2e amendement des États-Unis, cher à beaucoup de citoyens américains. Ces petites parcelles en moi correspondaient surtout à la curiosité, la volonté de m’y confronter un peu, de peut-être mieux (ou simplement plus) comprendre. Pas nécessairement d’y adhérer, mais de comprendre. Car j’ai certainement considéré avec sérieux une première éventualité, soit le simple refus d’aller dans un centre de tir, par principe. Je suis bien consciente que ce boycott personnel et totalement incognito n’aurait occasionné aucun plis sur la lisse croyance des texans à leur port d’arme. En y allant, toutefois, je courrais la chance de rencontrer des gens, peut-être de discuter, et ultimement bien sûr, de tenir une arme dans mes mains et de tirer. Une première pour moi, au contraire d’Antoine qui transporte avec lui son bagage d’ancien militaire.

Donc, la décision : nous y sommes allés. Vous n’aurez pas de photo, et ça, pour des raisons de principe. Parce que de produire et publier une moue semi agressive et semi suffisante en tenant un AK-47, je trouve que ça manque de tact, voire indécent. Cette arme, qui apparemment selon ma source bien informée (Antoine) est celle qui aura tué le plus d’humains sur terre, ne mérite pas que je me pose avec fierté et satisfaction. Elle exige, par contre, que je la traite avec respect, sérieux et décorum. Par principe, encore une fois. Et c’est ce que j’ai retrouvé au centre de tir : un certain décorum, des façons de faire, des précautions, du personnel relativement présent. Jusqu’à une certaine limite toutefois. Car on nous demande de répondre à un petit questionnaire sur un Ipad en fond de boutique, où l’on nous demande si nous avons des idées suicidaires ou homicidaires. Cliquez ici, puis là, faites dérouler l’engament numérique, puis acceptez en bas. Voilà, vous êtes prêts, nous sommes suffisamment rassurés. Même qu’Antoine, puisqu’il se disait connaissant du tir, aurait pu simplement prendre les armes qu’il souhaitait et aller tirer. Mais jamais seul, si je n’avais pas été là, il aurait dû être accompagné d’un employé. Donc, seul, n’y vas pas, mais amène ta femme… ce paradoxe m’a rendue pour le moins dubitative. Avons-nous dû fournir une carte d’identité ? Nope. Est-ce que les portes étaient barrées pour ne pas se sauver avec le matériel ? Nope. Tout cela, je l’ai réalisé lorsque j’étais dans les box de tir. Avec d’autres tireurs. Et je me suis dit qu’il y avait un petit quelque chose qui ne me revenait pas…. Aux USA, je me suis faite carter à une multitude d’occasions pour un verre d’alcool, même une vulgaire ‘tite bière à 4 %, mais par pour louer des armes (il est d’ailleurs possible pour les mineurs de tirer). Comme si permettre à une personne de moins de 21 ans de potentiellement se causer du tort avec de l’alcool était plus grave que de se causer du tort avec une arme. Je trouve ce constant… troublant. Mais bon ! À Rome, on fait comme les romains.

Après mon petit cour avec un homme peu loquace, mais qui avait la chaleur d’un vieux bonhomme barbu et portant ses Bud au ventre, ainsi que des petits yeux attentifs et souriants malgré tout, nous nous sommes dirigés au box. Honnêtement, je sentais un petit stress, un peu comme avant de sauter en parachute. Pas aussi fort bien sûr, mais je me demandais certainement « quessé que j’fais icitte ». Alors, je saute et émets mes premiers tirs. Ça se passe bien, je passe par quelques sentiments et états, notamment la surprise, la douleur et la concentration. Mes sens sont en alerte, le bruit (même avec bouchons et coquilles), l’odeur, la force du coup sur mes membres, la chaleur du canon… je suis tout de même contente de l’avoir fait, pour nourrir ma curiosité, saisir peut-être un peu mieux ce que cela signifier d’avoir un objet tellement puissant et destructeur entre les mains. Mais mon constat demeure : l’accès facilité à des armes automatiques, par exemple, me semble complètement incongru. Et c’est coché, c’est une activité que je ne risque pas de refaire.

Et après les constats, il y a les résultats cumulés au fil des trois armes que j’ai utilisées et des quelques 90 balles que j’ai tirées. Mon instructeur a résumé : « She’s a natural ». Peut-être que j’irai mettre à profit ce nouveau talent à la chasse, avec mon père et mon frère. Peut-être.

(P.S. pour mes collèuges RH, ils offrent des activités de Team building… vous l’aviez pas vue venir, celle-là, hein!)

Laredo

Notre dernier arrêt avant ce que nous considérions comme le début du « vrai » voyage. Car les États-Unis ont beaucoup à offrir, tant en culture qu’en beauté, mais des ponts sont clairement bien établis entre nos réalités. À Laredo, c’est tout de même assez particulier de se trouver dans une ville qui trouve sa sœur de l’autre côté du Rio Grande faisant office de frontière, soit la ville mexicaine de Nuevo Laredo. Les deux se font face, une poignée de ponts les relient, et le flux y est donc continuel. Et de part et d’autre, des restaurants, des hôtels, des habitations, la vie quoi. Nous en avons donc profité pour manger un steak, le premier depuis le début de notre voyage, à notre propre étonnement. Et pour le reste, nous nous sommes nourris de l’excitation de changer de pays le lendemain. Hasta pronto, México !

Nashville, Tenesse – Little Rock, Akansas – Oklahoma City, Okhlahoma (et des ennuis mécaniques)

Est-ce que Audrey va me voler la vedette ? C’est rafraîchissant d’avoir son aide dans la rédaction de nos mémoires de voyage.

Je n’ai pas grand chose à rajouter à ses impressions. Elles sont miennes aussi. Une chose par contre qui m’a frappé dans la visite de ces villes un peu hors des sentiers battus (sauf peut être Nashville), c’est à quel point elles peuvent devenir vides et fantomatiques.

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Les centre-villes américains sont réputés pour être à usage unique. Lorsque les travailleurs quittent leurs bureaux pour la banlieue, il ne s’y passe plus grand chose. Sauf que là, sous le soleil tombant et la chaleur accablante (avec des températures avoisinant les 40), le son des véhicules avait laissé place aux grillons. Les grands boulevards étaient déserts et les seuls humains arpentant les trottoirs et les parcs s’averaient souvent être des sans-abris qui n’avaient pas le luxe de se réfugier à la climatisation.

En observant ce vide urbain, j’ai parfois eu l’impression d’être de retour au Turkménistan ou en Corée du Nord.

Nashville fut intéressante. L’ambiance qui règnait sur Broadway n’était pas sans rapeler Las Vegas. En raison de nos ennuis mécaniques, Nous avons peu visité Little Rock mais du peu que nous en avons vu, c’était l’archétype de la ville américaine. Okhlahoma City nous a agréablement surprise contre toute attente. Oui, on y retrouve le même plan carré et les même grands boulevards vides, mais il existe en son sein des ilots d’activité et de culture.

Entre ces centres urbains, nous aurions bien aimé emprunté un peu plus les petites routes de campagne. Pour le peu que nous avons parcouru, les villages semblaient à demi-déserts et en état de décrépitude avancés. Beaucoup de maisons abandonnées et de commerces fermés leur donnaient un air post-apocalyptique.

2, 4, R c’est mieux que 1, 3, 5

On s’attendait bien sûr à des bris mécaniques, mais bien franchement, je n’avais pas anticipé celui-là. J’avais encore moins anticipé à quel point la pièce qu’il fallait pour le réparer allait être difficile à trouver.

Quand au départ d’une lumière j’ai senti le bras de vitesse devenir mou j’ai tout de suite compris que câble qui le reliait à la transmission avait lâché.  Croyant initialement à un petit pépin vite réglé, ,os visites infructueuses dans plusieurs garages de Little Rock (dont le dernier nous a inqué qu’il leur fallait une semaine pour réparer le problème) et de multiples tentatives de trouver la pièce nécessaire m’ont fait comprendre qu’il allait falloir que je prenne la situation en main.

Le cable avait cassé à l’endroit où il s’insérait à serre dans une bras qui actionne un levier sur la transmission. Si je trouvais un moyen de le rattacher, nous avions des chances de pouvoir reprendre la route. Le cerveau s’est mis en marche et rapidement j’ai pu concocter une solution à base de fil métalique tressé et de clampes.

De retour à l’hôtel, j’ai mis mon plan à exécution et en peu de temps nous avions retrouvé l’usage d’une partie de nos vitesses, soit la 2, la 4 et le reculons. Un court moment de réflexion nous a convaincu que c’était le combo idéal. 2 en ville avec des départs un peu lent impliquant un habile jeu d’embrayage. 4 sur la grand route à une vitesse maximale de 90-05 km/h. Finalement le reculons, qui n’a pas à justifier son utilité.

J’avais peu confiance en ma réparation, mais tant qu’elle tenait un moment, j’allais pouvoir la refaire sans grande difficulté. Comme de fait, mis à part une petite avarie en chemin que j’ai pu arranger en quelques minutes, nous avons réussi à parcourir les 500 km qui séparent Little Rock d’Okhlahoma City. Mon espoir était que là-bas nous parvenions à trouver le cable dans une cour à scrap.

J’ai été rapidement déçu. Les carcasses de Pontiac Vibe et de Toyota Matrix sont abondantes, mais toutes sont automatiques. Au Québec ou au Mexique, j’aurais déniché le morceau sans difficultés. C’est d’autant plus décevant que j’ai choisi ce véhicule pour être capable de le réparer facilement. Ça l’aurait été le cas pour tout autre bris mais comble de malchance, les Américains ont délaissés les voitures manuelles depuis très lontemps.

Nous nous sommes donc résignés à faire réparer la voiture chez Toyota. Même là, c’était loin d’être garanti car il n’existait dans le système qu’un seul exemplaire de ce câble et il se trouvait à Houston. Selon le préposé aux pièces, il était possible qu’il n’en existe en fait plus du tout que l’on se retrouve à attendre bien plus longtemps.

Fort heureusement, la pièce s’est rendue jusqu’à nous et au moment où j’écris ces lignes nous attendons patiamment que le technicien finisse son installation. Installation qui n’aurait pas été sans difficulté à cause de la rouille (ils sont peut habitués ici, même les voitures de plusieurs décennies sont exemptes de corrosion). La pièce seule nous a coûté quelques 650$ US. J’anticipe une facture de main d’oeuvre plutôt salée mais bon, c’était la chose à faire dans les circonstances.