Karakoul, Pamir, Tadjikistan – Mourgab, Pamir, Tadjikistan

  • Date : 30 septembre
  • Départ : 12h00
  • Arrivée : 19h00
  • Température : soleil
  • Route : acceptable jusqu’à 40km après Karakoul, 30 kilomètres de gravier avec beaucoup de tôle ondulée, puis acceptable
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La nuit n’a pas été de tout repos. Je ne sais pas si c’est l’abus de beurre de yak ou la vodka ou les deux, mais il a fallu que j’aille régurgiter le tout en plein milieu de mon sommeil. Les toilettes, évidemment en mode Pamir, consistait en un trou flanqué de quatre murs sans toit à cinquante mètres de la maison. Peu après, c’est le froid qui m’a gagné, car notre feu de bouse de yak s’était épuisé. La température est rude à 4000 mètres d’altitude.

Au lendemain, tous deux quand même rétablis de la veille, nous avons profité de notre déjeuner puis sommes partis faire un tour du village. Bien qu’une bonne partie des maisons soit abandonnées, l’endroit revêtait d’un charme certain et offrait des vues que l’on ne trouve généralement que dans des reportages du National Geographic. Par moment, on se sentait transporté dans des temps révolus: devant chaque maisonnette de terre séchée, des bouses bien cordées en prévision de l’hiver. Pourtant, une antenne cellulaire surplombait les petits toits et plus d’une habitation possédait des panneaux solaires. Après avoir laissé les béquilles d’Audrey à la petite clinique du village, nous avons pris la route direction Mourgab, ville principale du Pamir oriental.

De vallée en vallée et de col en cols le paysage était sublime et à la hauteur de nos attentes. À intervalles régulières, de petits hameaux aux cheminées fumantes et entre les deux, des bergeries avec leurs troupeaux de chèvres et de moutons. On aurait pas pu demander mieux comme trajet. Naturellement, la route n’était pas très entretenue, mais exception faite d’un tronçon plutôt difficile, elle était largement pavée et se roulait à vitesse acceptable. Par acceptable j’entends une moyenne de 30 km/h, car la chaussés restait perforée de nid de poules et de larges bosses.

Nous avons atteint Mourgab vers la fin de l’après-midi. Ville de plus de 6000 habitants, elle s’étend à flanc de montagne au creux d’une large vallée et constitue la porte d’entrée des camions de fret chinois en direction du Tadjikistan occidental. Plusieurs voyageurs y passent la nuit, nous avons plutôt opté pour un plein d’essence, un petit tour de ses deux rues principales puis de rouler 10-20 kilomètres plus loin pour y établir notre camp.

Mourgab

En montagne et surtout en cette période de l’année, impossible de trouver un endroit à l’abri du vent et donc du froid. Audrey s’est donc chargée de préparer les ingrédients de notre repas de tortillas depuis l’intérieur de la voiture pendant que je l’ai fait cuire à l’extérieur. Il en est résulté une espèce de fricassée un peu insipide, mais bon, nous avions faim et compte tenu des circonstances, ce n’était pas si mal réussi.

Camp dans la montagne, Kirghizistan – Karakoul, Pamir, Tadjikistan

  • Date : 29 septembre
  • Départ : 11h30
  • Arrivée : 19h00
  • Température : pluie, nuages et neige en altitude
  • Route : excellente jusqu’à Sari Tash puis médiocre jusqu’à proximité de Karakoul puis acceptable
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En carence de sommeil et confortables dans notre campement, nous avons étiré notre nuit au maximum. De nouveau sur la route, il nous fallait un autre trois heures pour atteindre la frontière. Un magnifique trois heures de routes et de cols de montagne. La sortie du Kirghizistan s’est faite sans encombre, mis à part une taxe un peu louche d’entrée d’un véhicule sur le territoire quand en fait nous en sortions. Selon le douanier, nous ne l’avions pas payé car nous étions entrés par la Russie et le Kirghizistan et le Kazakhstan partagent une zone douanière avec cette dernière. Ça reste illogique, nous aurions dû la payer à l’entrée de la Russie. À cet effet, le douanier nous a demandé le document que nous avions tant peiné à remplir entre l’Ukraine et la Russie. Heureusement, nous le possédions encore, mais voyant qu’il ne nous avait pas été demandé lors de notre passage de la Russie au Kazakhstan, je m’étais demandé si je n’allais pas le jeter. Vous l’avez compris, le passage de véhicules entres les pays et toujours un défi, peu importe où sur la planète.

La frontière tadjike se situait un col plus loin, alors une heure de route plus tard, nous y étions. Les formalités allaientt bien. Notre visa électronique était en règle et mis à part tout de sorte de frais suspects pour lesquels je me suis assuré de demander un reçu, le tout s’est passé rondement. À la dernière étape, je quitte Audrey pour aller faire passer un contrôle vétérinaire à la voiture et à mon retour, je la vois sortir titubante du batiement des gardes. Il s’adonne que ces derniers avaient saisi un chargement de vodka et en avait partagé plus d’un verre avec elle. Les ayant informés qu’aujourd’hui était mon anniversaire, j’ai été invité à mon tour à les joindre pour de nombreuses rondes. J’ai eu beau leur faire signe qu’il fallait que je conduise, la réponse était toujours la même : Welcome Tadjikistan! No problem!

Pendant une bonne heure donc, on a enchaîné les rires et les shooters, le tout rincé avec du kvac. J’adore ce genre d’expériences!

Quand nous sommes finalement parvenus à nous extirper de l’emprise des gardes frontières. J’étais bien imbibé et davantage. En plus, il fallait que l’on conduise encore plus d’une heure pour atteindre la ville de Karakoul. Elle n’était pas notre objectif pour la nuit, car nous comptions camper un peu avant, mais compte tenu de notre état, nous avons décidé de suivre les recommandations des gardes frontières et dormir dans une maison d’hôte. Arrivés-là, nous avons été accueillis par Anne, une Tadjike aux origines ethniques Kirghizes. Elle parlait un anglais très fonctionnel et nous a installé confortablement dans une belle salle toute drapée de tapis et a tout de suite démarré un feu de bouse de yak dans le poêle. Audrey s’est tout de suite endormie. Pour ma part, j’ai dégusté le repas apporté par Anne puis me suis couché à mon tour. Tout à fait inattendu comme célébrations de 31 ans.

Le Pamir: succès


Nous avons complété le Pamir avec succès et sommes maintenant à Dushanbe, capitale du Tadjikistan. N’ayant pas eu accès à l’internet durant les derniers 12 jours et très peu ouvert l’ordinateur pour écrire, il me faudra un certain temps pour publier toutes nos aventures (et il y en eu). Attendez-vous donc à beaucoup de publications dans les prochains jours/semaines.