Traverser le Pamir en voiture, c’est possible? Oui, mais lisez-ceci…

English version

La M41, aussi connue sous le nom de l’autoroute du Pamir, traverse un partie de l’Asie Centrale en se rendant de Och au Kirghizistan jusqu’à Douchanbé au Tajikistan. En tant que deuxième route continue la plus élevée au monde, elle abonde en paysages spectaculaires et s’est méritée une place sur le podium des destinations immanquables pour motocyclistes d’aventures, routards en 4×4 et cyclistes. Cependant, peut-elle être traversée avec n’importe quel véhicule?

La majeure partie des gens qui traversent le Pamir loueront un 4×4 avec d’autres voyageurs ou le feront depuis l’Europe avec leur propre véhicule, généralement aussi un 4×4 ou un camion utilitaire modifié en campeur. Toutefois, est-ce possible d’affronter cette route en voiture normale? Les gros tout-terrains gourmands en essence et chers à l’achat ne sont pas à la portée de tous. Avant mon départ, je n’avais pas été en mesure de trouver de l’information sur internet confirmant la possibilité et la sécurité de traverser le Pamir. L’ayant moi-même parcouru dans une Volkswagen Golf 1999 début octobre avec seulement du matériel de camping de base, je me suis dit que je pourrais faire profiter de futurs voyageurs de mon expérience et leur donner la confiance que même en voiture, le Pamir est à leur portée.

Routes

Depuis Och vers Khorog, la route est plutôt bonne considérant les endroits par où elle passe. Il y aura certainement nombres de nids-de-poules, de la tôle ondulée et autres obstacles, mais certaines parties sont en très bonne condition, ce qui est plutôt surprenant. La route de la vallée du Wakhan est très endommagée, mais définitivement traversable en voiture. Le tronçon allant de Khorog à Kalaikum est lui dans un état désastreux, mais aussi circulable (c’est le lien principal qui relie la région au reste du Tadjikistan). Bref, dans tous les cas, si la route devient difficile, ajustez votre vitesse et vous passerez.

Selon moi, les obstacles les plus sérieux sont les passages à gué, mais cela est très dépendant de la saison et de l’état des ponts. En ce qui me concernait, j’y étais début octobre et je n’en ai croisé aucun. Dès votre arrivée en Asie Centrale, vous allez rencontrer nombre de voyageurs revenant du Pamir, donc l’idéal est de commencer à s’informer dès lors. La règle générale pour les passages à gué est de s’assurer que le niveau de l’eau (que vous devriez vérifier avant de vous engager bien sûr) est inférieur à la prise d’air du moteur. Pour la plupart des voitures, on parle approximativement de la hauteur des phares. Regardez aussi ce que les locaux font. Souvent, il existe des passages moins profonds en amont ou en aval.

Essence

Il y a des stations services à Murghab, Khorog et Kalaikum. Dans les plus petits villages, demandez aux gens, ils vous vendront certainement une partie de leur réserves. Avec un réservoir plein, aller d’une ville majeure à l’autre se fait sans problème. Cependant, vous devriez vous ravitailler lorsque vous en avez la possibilité, spécialement dans le Wakhan. Soyez conscient que la qualité de l’essence peut être inférieure à ce qui se retrouve normalement dans la région donc faites attention, spécialement si vous conduisez un véhicule diesel.

Réparation

Une panne mécanique dans le Pamir est probablement la pire chose pouvant vous arriver. Vraisemblablement, vous allez devoir vous rendre au prochain village (en auto-stop), trouver quelqu’un en mesure de vous remorquer jusqu’à la ville voisine, attendre (très) longtemps que la pièce se rende jusqu’à vous puis l’installer sur le véhicule. En somme, une situation qui vous coûtera très cher en temps et en argent.

Bien que le visa tadjike est valide pour 45 jours, votre voiture ne peut rester sur le territoire que 15 jours (allez trouver la raison). Donc, par le temps où votre voiture sera de nouveau fonctionnelle, vous aurez probablement dépassé ce délai.

Préparation

En général, aucune modifications autres qu’une inspection et une mise à niveau ne seront requises sur votre voiture pour qu’elle soit en mesure de traverser le Pamir. Les moteurs modernes n’auront aucune difficulté à fonctionner en altitude, mais seront légèrement handicapés au niveau de leur puissance. Si vous désirez explorer des routes secondaires (comme la vallée du Wakhan), vous devez rehausser la garde au sol de votre véhicule en remplaçant les ressorts de suspension. En fait, étant donné l’état des routes en Asie Centrale, c’est quelque chose que vous devriez considérer dès votre arrivée dans la région. Les pièces et la main d’oeuvre y sont très bon marché. Pour notre Volkswagen Golf, deux amortisseurs, quatre ressorts et l’installation ne nous ont coûté que 100 Euros. Pour le même travail en France, il aurait fallu débourser facilement dix fois plus. Une plaque pour protéger le dessous du moteur est aussi une bonne idée, mais moins nécessaire si votre garde au sol est bonne.

Autrement, voici quelques autres conseils:

  • Transportez un bidon d’essence.
  • Deux roues de secours sont une excellent idée (nous les avons utilisées les deux, mais pas dans le Pamir…).
  • Apportez un jeu d’outils de base. Même si vous ne savez pas comment vous en servir, les gens du coin le sauront (ils sont très serviables).
  • Même si ce n’est pas obligatoire, un peu de connaissances en mécanique s’avérera très utile.
  • Connaissez votre voiture et ses petits bruits; de cette manière, vous pourrez identifier des problèmes avant qu’ils ne deviennent des bris.
  • Conduisez une marque de voiture qui est présente en Asie Centrale. En général, tout ce qui est allemand, japonais ou russe est très commun dans la région. Évitez les françaises et les italiennes, il n’en circule aucune. Ce conseil est très important, spécialement si vous comptez revendre votre véhicule par la suite.
  • Roulez en voiture à essence. Comme les voitures diesel sont très rares en Asie Centrale, vous aurez énormément de difficulté à trouver des pièces pour réparer leur moteur.

Autres informations

  • Le camping est très facile dans le Pamir, mais si dormir sous la tente n’est pas trop votre truc, il a des maisons d’hôte (environ 10$US) dans presque tous les villages.
  • Il est difficile de trouver de la nourriture autre que des produits non périssables dans de petits marchés. Constituez-vous une réserve avant de quitter la civilization.
  • Le Pamir est un endroit venteux et froid. Attentez vous à n’importe quel type de météo à n’importe quel moment de l’année.
  • Ayez assez d’argent (préférablement des somonis tadjikes, mais les $US sont aussi acceptés) pour couvrir toute votre traversée. Les ATMs sont peu fiables et très petit nombre.
  • Vous allez sentir l’altitude. Si vous conduisez depuis Och vers Douchanbé, donnez à votre corps le temps de s’acclimater car la montée est brusque. Dans la direction contraire, la montée est plus progressive alors l’acclimatation se fera au fil des journées.

Crossing the Pamir in a car, is it possible? It sure is, but read on…

Version française

The M41, also known as the Pamir highway, runs in Central Asia from Osh in Kyrgyzstan to Dushanbe in Tajikistan. As the second highest continious road in the world, it features spectacular scenery and has earned itself a top position in any adventure motorcyclist, 4×4 road-tripper or travel cyclist’s bucket list of destinations. But can it be attempted in a normal everyday vehicle?

Most people who cross the Pamir will do so by renting a 4×4 with other travelers or will come from Europe with their own vehicle, usually also of the rugged 4×4 type or utility truck modified into a camper. However, can it be done with a normal car? Not everyone can afford to travel in expansive gaz-guzzling all-terrain vehicles. I could not find any information confirming that it was both feasible and safe so after attempting it myself at the beginning of October in a 1999 Volkswagen Golf carrying only basic camping supplies, I figured I’d write an article about my experience to give budget road-trippers the confidence that they can also put that absolutely magnificent road-trip on their route.

Roads

From Osh to Khorog, the road is actually sort of ok given its remoteness. Of course you will hit potholes, gravel, wash boarding, name it, but some stretches are in surprisingly good condition. The Wakhan valley is pretty rough, but passable by car. The road from Khorog to Kalaikum is in a disastrous shape, but definitely drivable owing to it being the main link to the region. In any case, if the road gets rough, slow down.

In my opinion, the most serious obstacle you might face is fording rivers, but that is entirely dependable on the season and whether some bridges have been washed off or not. Once you hit Central Asia, you will for sure start meeting people coming from the Pamir so ask around. A general rule of thumb is that as long as the water level (which you should physically check before entering the water with your car) is below your engine’s air intake, you should be fine. For most cars, that’s about the height of your headlights.

Fuel

There is fuel in Murghab, Khorog and Kalaikum. In smaller villages, ask around; the villagers will surely be willing to sell you some from their own supply. With a full tank, you can easily reach one large town from the next. However, you should load up when you get the chance. Beware too that the fuel might be of lesser quality than it is elsewhere. Refuel with caution, especially if you are driving diesel.

Repairs

Breaking down in the Pamir is probably the worst that can happen to your journey there. Becoming stranded will probably require you to hitch hike to the next village, find someone capable of towing your vehicle to the nearest town, waiting (a long time) for the part and then fix the vehicle. All in all an expensive and lengthy ordeal.

Even though a Tadjik visa is valid for 45 days, your car can only remain in the country for 15 days (go figure) so by the time you get your problem sorted out, you will probably have outrunned this restriction.

Preparation

In general, you can will not need preparation for you car besides having it fully inspected and in good working order. Modern engines will handle the altitude just fine albeit with slightly reduced power. If you want to explore secondary roads (such as the Wakhan valley), you might want to have your suspension swapped to one that will give your car a higher ground clearance. Given the state of the roads in Central Asia, I would say that’s actually something you should consider doing as soon as you enter the region. Parts and work are really cheap here. For our VW Golf, four springs, two shocks and installation on the car amounted to about 100 Euros. In France, having the same job done would have costed at least 10 times as much. A sump guard might also be a good idea, but it becomes much less a necessity if you have proper ground clearance.

Otherwise, here are some other important pieces of advice :

  • Carry a spare jerrycan of fuel
  • Having two spare tires is a very good idea
  • Have a basic set of tools with you. Even if you don’t know how to use them, the locals might (and they are helpful)
  • Although that’s not an absolute requirement, some knowledge in mechanics is a valuable asset
  • Know you car and the noises that it makes so you can deal with small issues before they become real problems
  • Drive a car make that is present in Central Asia. In general, anything German, Japanese and Russian is very common in the region. Avoid French and Italian makes, they are virtually non-existent. I can’t stress this one piece of advice enough.
  • Have a car that runs on petrol. Since diesel cars are not found anywhere in Central Asia, so will the parts needed to fix their engines.

Other information

  • Camping is easy in the Pamir but if sleeping under a tent is not your thing, there are very affordable guesthouses in pretty much every village.
  • There only food items to be found are non-perishable products in small markets. Buy most of the things you will need before you leave civilization.
  • It’s a cold and windy place. Expect any kind of weather at any time of the year.
  • Have enough money (preferably Tajik Somonis, US$ are also useful) on you to cover the whole trip, ATMs are unreliable and virtually non-existent.
  • You will feel the altitude. If you are going in the Osh to Dushanbe direction, give your body some time to acclimate itself as the climb is steep. The other way around is fine.

Camping au bord du lac – Camping dans les prés

  • Date : 13 octobre
  • Départ : 9h30
  • Arrivée : 18h45
  • Température : soleil
  • Route : en bon état
Cliquez pour plus détails (et admirer le bordel de frontières dans la région…)

Après un déjeuner rapide en compagnie de Ramon, direction le Kirghizistan. Selon notre visa, il nous restait un bon mois à passer dans le pays avant son échéance, mais la voiture elle, était limitée à 15 jours devait quitter le territoire aujourd’hui faute de quoi … Aucune idée, probablement une amende qui aurait pu être évitée en faisant les yeux doux aux forces de l’ordre tadjikes, Force de l’ordre qui, contrairement à leur congénères des autres pays de la région, méritent le prix émérite de la rectitude professionnelle. Nous nous sommes fais contrôler de nombreuses fois, mais à chaque reprise, le policier ou militaire se contentait de vérifier nos papiers de manière courtoise et nous souhaitait bonne journée. Pas de fausses amendes de vitesses, pas d’arrestations arbitraires.

En approchant de la ville d’Isfara, dernière ville avant la frontière kirghize le paysage et soudainement passé de l’agricole à l’aride. Parmi les collines, de vielles installations pétrolières témoignant d’un boom qui ne s’est jamais concrétisé et une ville à moitié abandonnée. De belles photos en perspectives… Je suis parvenu à escalader un bâtiment administratif de la région pour y admirer la vue. Cependant, pas moyen de rentrer à l’intérieur. Dommage.

Nos derniers somonis dépensés à Isfara en essence, légumes et shashliks (kébab au charbon de bois), nous sommes repassés au Kirghizistan sans encombres. La seule petite appréhension de la journée était en fait la navigation dubordel frontalier qui règne dans la région (voir carte ci-haut). Notre livre nous avait averti de problèmes pour les étrangers lors de la traversée des enclaves, mais heureusement, il n’en a pas été ainsi, car les autorités semblaient avoir construits de nouvelles routes pour les contourner.

Arrivés aux abords de Osh, nous sommes finalement tombé sur un site de camping adéquat pour y passer la nuit. Bien que jonché de déchets, il était à l’écart de la route et offrait un beau coup d’oeil. Au retour d’une marche parmi les collines après le repas, nos lampes ont éclairés des dizaines de yeux parmi notre campement. Et Audrey de dire : “Ya qu’au Kirghizistan où en ton absence, ton camp se fait envahir par les chevaux.”

Camping de misère – (Khodjent)- Camping au bord du lac

  • Date : 12 octobre
  • Départ : 10h00
  • Arrivée : 17h30
  • Température : soleil
  • Route : en bon état
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Au réveil : complètement guérit! Je me suis donc englouti un bon déjeuner de pâtes sauces tomates, puis avons lever le camp. Premier arrêt Istaravshan. Il paraissait que sa citadelle et sa vielle ville valaient le détour. Dans le premier cas, elle était entièrement en reconstruction et dans le deuxième, rien de très pittoresque. Deuxième arrêt Khodjent, ville à majorité ouzbèke, deuxième en importance au Tadjikistan, mais la plus riche. Ça se voyait, Khodjent avec des airs beaucoup plus décontractés que Dushanbé. Dès notre arrivée, en traversant un parc, nous avons été accostés par une équipe de tournage pour figurer dans un vidéo clip (sortie prévue dans un mois [le clip est sorti]), opportunité que nous accepté immédiatement. Notre rôle rempli avec brio, nous nous sommes ensuite rendus au bazar de la ville, supposément le plus intéressant d’Asie-Centrale. Nous partageons entièrement cet avis.

Sortis de Khodjent, nous avons roulé un peu plus afin de nous rapprocher de la frontière kirghize puis sommes sortis de la route pour nous diriger aux abords du lac le plus grand du pays. Bien que ce dernier ne présente aucun attrait touristique, il allait assurément être un bon site de camping. Rapidement nous avons atteint ses berges et trouvé un bel emplacement aux côtés d’un bâtiment abandonné et criblé d’impacts de shrapnels, vestiges possibles de la guerre civile. À l’accueil, une gentille petite chienne sauvage que nous avons rapidement baptisée Ramon en l’honneur du président tadjike et avec qui nous avons partagé notre repas et la soirée qui s’en est suivie. Après la journée d’hier, je n’aurais pas pu demander mieux.

Douchanbé, Tadjikistan – Camping de misère

  • Date : 11 octobre
  • Départ : 14h00
  • Arrivée : 19h00
  • Température : soleil
  • Route : excellente
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Vers 5h00 du matin, mon ventre me réveille et je cours à la toilette. Le diagnostic n’a pas été long à porter : intoxication alimentaire; certainement le fromage d’hier soir. Audrey en avait mangé un peu et s’était elle aussi sentie légèrement incommodée. Je n’ai à toute fin pratique jamais fait d’intoxication alimentaire, sauf que là, j’y ai solidement goûté. Fièvre, myalgies, crampes, tout y était. Comme nous ne pouvions pas garder la Golf plus de 15 jours au Tadjikistan (quand notre visa était de 45, allez savoir…), il nous fallait quitter. Je me suis donc armé de lopéramide, nous sommes passés faire les courses (il a fallu que je vomisse dans les toilettes du centre d’achat) puis avons quitté Douchanbé.

Aux abords de la ville, le paysage est redevenu montagneux. Apparemment, les monts Fan valaient le coup et nous voulions y passer un petit moment le lendemain. Malheureusement, nous nous sommes trompés dans nos directions et avons raté notre opportunité. Si nous revenions en arrière, nous courrions le risque de ne pas sortir du pays à temps, valait donc mieux poursuivre la route, d’autant plus qu’il nous restait qu’une heure de lueur. Toutefois, nous avons entièrement gaspillé cette dernière coincé dans un cafouillage de circulation sur une route de montagne en raison de travaux et d’un chauffeur tadjike qui a cru bon de s’engager quand c’était le tour du trafic en sens inverse.

Malgré la noirceur nous avons réussis à trouver un emplacement ou poser notre tente. Alerté par nos phares, le propriétaire du terrain est venu s’enquérir de notre présence, mais nous a gentiment laissés passer la nuit là. Prostré sur mon petit banc et toujours glacé malgré ma couverture, je suis allé me coucher après quelques cuillerées de soupe.