Bishkek, Kirghizistan – (Kordai) – Almaty, Kazakhstan: le passage de frontière le plus long

  • Date: 18 octobre
  • Départ: 13h30
  • Arrivée: 6h00 le lendemain
  • Route: excellente
  • Température: pluie
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Levés tôt pour aller chercher notre visa ouzbèke à l’ambassade, nous étions à l’heure pour son ouverture (10h à 13h). Quelques allé-retours pour aller faire imprimer des documents, faire des photos et payer le visa et nous avions nos passeports en main avec un beau visa ouzbèke en plus (on l’a tout de même payé cher). Après un bon repas de cafétéria, nous sommes finalement sortis de Bishkek direction frontière kazakhe. Arrivés-là en peu de temps, nous avons constaté avec étonnement que la file était très longue et qu’elle n’avançait à toute fin pratique pas du tout. Curieux, le passage du Kazakhstan vers le Kirghizistan avait été si expéditif… Repérant sur la carte un poste-frontière secondaire, nous décidons d’y tenter notre chance. Vu qu’il n’est pas situé sur un axe majeur, peut-être sera-t-il moins achalandé? Et non, même énorme file et ça n’avance toujours pas. Bon, il faudra prendre notre mal en patience. Audrey avait lu dans les nouvelles qu’il y avait eu des frictions récentes en les gouvernements kazakhes et kirghizes: c’était probablement l’explication.

Au total, il nous aura fallu 10 heures pour passer le côté kirghize de la frontière, battant par le fait même notre record établi en l’Ukraine et la Russie. Finalement arrivés du côté kazakhe, le personnel se tournait effectivement les pouces et laissait les voitures entrer au compte-goutte. Il était maintenant passé minuit et de toute évidence, notre nuit était foutue, car il allait nous falloir un autre trois heures pour atteindre Almaty. Qu’importe, notre calvaire d’attente était maintenant terminé et nous allions passer rapidement au travers du processus frontalier.

 

Traverser le Pamir en voiture, c’est possible? Oui, mais lisez-ceci…

English version

La M41, aussi connue sous le nom de l’autoroute du Pamir, traverse un partie de l’Asie Centrale en se rendant de Och au Kirghizistan jusqu’à Douchanbé au Tajikistan. En tant que deuxième route continue la plus élevée au monde, elle abonde en paysages spectaculaires et s’est méritée une place sur le podium des destinations immanquables pour motocyclistes d’aventures, routards en 4×4 et cyclistes. Cependant, peut-elle être traversée avec n’importe quel véhicule?

La majeure partie des gens qui traversent le Pamir loueront un 4×4 avec d’autres voyageurs ou le feront depuis l’Europe avec leur propre véhicule, généralement aussi un 4×4 ou un camion utilitaire modifié en campeur. Toutefois, est-ce possible d’affronter cette route en voiture normale? Les gros tout-terrains gourmands en essence et chers à l’achat ne sont pas à la portée de tous. Avant mon départ, je n’avais pas été en mesure de trouver de l’information sur internet confirmant la possibilité et la sécurité de traverser le Pamir. L’ayant moi-même parcouru dans une Volkswagen Golf 1999 début octobre avec seulement du matériel de camping de base, je me suis dit que je pourrais faire profiter de futurs voyageurs de mon expérience et leur donner la confiance que même en voiture, le Pamir est à leur portée.

Routes

Depuis Och vers Khorog, la route est plutôt bonne considérant les endroits par où elle passe. Il y aura certainement nombres de nids-de-poules, de la tôle ondulée et autres obstacles, mais certaines parties sont en très bonne condition, ce qui est plutôt surprenant. La route de la vallée du Wakhan est très endommagée, mais définitivement traversable en voiture. Le tronçon allant de Khorog à Kalaikum est lui dans un état désastreux, mais aussi circulable (c’est le lien principal qui relie la région au reste du Tadjikistan). Bref, dans tous les cas, si la route devient difficile, ajustez votre vitesse et vous passerez.

Selon moi, les obstacles les plus sérieux sont les passages à gué, mais cela est très dépendant de la saison et de l’état des ponts. En ce qui me concernait, j’y étais début octobre et je n’en ai croisé aucun. Dès votre arrivée en Asie Centrale, vous allez rencontrer nombre de voyageurs revenant du Pamir, donc l’idéal est de commencer à s’informer dès lors. La règle générale pour les passages à gué est de s’assurer que le niveau de l’eau (que vous devriez vérifier avant de vous engager bien sûr) est inférieur à la prise d’air du moteur. Pour la plupart des voitures, on parle approximativement de la hauteur des phares. Regardez aussi ce que les locaux font. Souvent, il existe des passages moins profonds en amont ou en aval.

Essence

Il y a des stations services à Murghab, Khorog et Kalaikum. Dans les plus petits villages, demandez aux gens, ils vous vendront certainement une partie de leur réserves. Avec un réservoir plein, aller d’une ville majeure à l’autre se fait sans problème. Cependant, vous devriez vous ravitailler lorsque vous en avez la possibilité, spécialement dans le Wakhan. Soyez conscient que la qualité de l’essence peut être inférieure à ce qui se retrouve normalement dans la région donc faites attention, spécialement si vous conduisez un véhicule diesel.

Réparation

Une panne mécanique dans le Pamir est probablement la pire chose pouvant vous arriver. Vraisemblablement, vous allez devoir vous rendre au prochain village (en auto-stop), trouver quelqu’un en mesure de vous remorquer jusqu’à la ville voisine, attendre (très) longtemps que la pièce se rende jusqu’à vous puis l’installer sur le véhicule. En somme, une situation qui vous coûtera très cher en temps et en argent.

Bien que le visa tadjike est valide pour 45 jours, votre voiture ne peut rester sur le territoire que 15 jours (allez trouver la raison). Donc, par le temps où votre voiture sera de nouveau fonctionnelle, vous aurez probablement dépassé ce délai.

Préparation

En général, aucune modifications autres qu’une inspection et une mise à niveau ne seront requises sur votre voiture pour qu’elle soit en mesure de traverser le Pamir. Les moteurs modernes n’auront aucune difficulté à fonctionner en altitude, mais seront légèrement handicapés au niveau de leur puissance. Si vous désirez explorer des routes secondaires (comme la vallée du Wakhan), vous devez rehausser la garde au sol de votre véhicule en remplaçant les ressorts de suspension. En fait, étant donné l’état des routes en Asie Centrale, c’est quelque chose que vous devriez considérer dès votre arrivée dans la région. Les pièces et la main d’oeuvre y sont très bon marché. Pour notre Volkswagen Golf, deux amortisseurs, quatre ressorts et l’installation ne nous ont coûté que 100 Euros. Pour le même travail en France, il aurait fallu débourser facilement dix fois plus. Une plaque pour protéger le dessous du moteur est aussi une bonne idée, mais moins nécessaire si votre garde au sol est bonne.

Autrement, voici quelques autres conseils:

  • Transportez un bidon d’essence.
  • Deux roues de secours sont une excellent idée (nous les avons utilisées les deux, mais pas dans le Pamir…).
  • Apportez un jeu d’outils de base. Même si vous ne savez pas comment vous en servir, les gens du coin le sauront (ils sont très serviables).
  • Même si ce n’est pas obligatoire, un peu de connaissances en mécanique s’avérera très utile.
  • Connaissez votre voiture et ses petits bruits; de cette manière, vous pourrez identifier des problèmes avant qu’ils ne deviennent des bris.
  • Conduisez une marque de voiture qui est présente en Asie Centrale. En général, tout ce qui est allemand, japonais ou russe est très commun dans la région. Évitez les françaises et les italiennes, il n’en circule aucune. Ce conseil est très important, spécialement si vous comptez revendre votre véhicule par la suite.
  • Roulez en voiture à essence. Comme les voitures diesel sont très rares en Asie Centrale, vous aurez énormément de difficulté à trouver des pièces pour réparer leur moteur.

Autres informations

  • Le camping est très facile dans le Pamir, mais si dormir sous la tente n’est pas trop votre truc, il a des maisons d’hôte (environ 10$US) dans presque tous les villages.
  • Il est difficile de trouver de la nourriture autre que des produits non périssables dans de petits marchés. Constituez-vous une réserve avant de quitter la civilization.
  • Le Pamir est un endroit venteux et froid. Attentez vous à n’importe quel type de météo à n’importe quel moment de l’année.
  • Ayez assez d’argent (préférablement des somonis tadjikes, mais les $US sont aussi acceptés) pour couvrir toute votre traversée. Les ATMs sont peu fiables et très petit nombre.
  • Vous allez sentir l’altitude. Si vous conduisez depuis Och vers Douchanbé, donnez à votre corps le temps de s’acclimater car la montée est brusque. Dans la direction contraire, la montée est plus progressive alors l’acclimatation se fera au fil des journées.

Bishkek, Kirghizistan (2)

De retour à Bishkek, capitale du Kirghizistan. Nous avions trois tâches à y accomplir:

  1. Récupérer notre visa ouzbèke
  2. Vendre la voiture
  3. Investiguer l’obtention du visa de transit turkème
La Golf s’est fait renfoncer le nez

 

La première journée donc, après avoir fait du lavage, réparé la voiture et écrit une bonne partie de l’après-midi, nous sommes allés nous enquérir de la possibilité d’obtenir un visa de transit turkmène à l’ambassade de Bishkek. Lorsque nous étions à Douchanbé, deux Irlandais s’étaient vus refuser leurs formulaires sous prétexte qu’en raison d’une fête nationale, aucun visa allait être émis jusqu’au 25 octobre. Devant l’ambassade de Bishkek, une énorme villa fortifiée, le préposé à qui nous avons parlé au travers d’une lucarne nous a indiqué qu’ils acceptaient les applications. Un pays, deux ambassades, deux messages différents, c’est le Turkménistan. Bref, nous étions soulagés de constater que notre éventuel passage dans ce pays n’allait pas être compromis. Autrement, comme il nous fallait nos visas du pays d’entrée (l’Ouzbékistan) et de sortie (l’Azerbaïdjan), nous ne pouvions remettre notre application à ce moment. Après une petite balade dans le parc non loin de l’ambassade, nous sommes revenus à l’hostel et avons attendus Sven et Clotilde pour aller manger dans un bon restaurant de Bishkek et virer une autre soirée entre amis de voyage.

Le lendemain: lever tardif, écriture et direction le bazar automobile de Bishkek. Sur place, nous avons visité plusieurs garages et obtenus diverses soumissions pour la Golf. Elles tournaient toutes autour de 1000$US et la plupart des gens étaient prêt à l’acheter sur le champ. Bien, mais nous aurions espéré plus. Il y a trois ans, ça l’aurait été le cas, mais depuis la création d’une zone douanière entre le Kirghizistan, le Kazakhstan et la Russie, il s’est établi un régime de taxation pour les véhicules importés. C’est évidemment tout à l’avantage de la Russie, car c’est le seul des trois pays qui produit des véhicules et où il y a des concessionnaires en grand nombre. Dans le cas de la Golf, on parle d’à peu près 4000$ pour la plaquer kirghize; nous allions donc la vendre pour pièces. Cependant, 1000$, c’était trop peu. D’autant plus qu’à Almaty au Kazakhstan, on nous avait parlé de 3000. Vu que la ville était à un petit 3 heures de route de Bishkek, Audrey et moi avons décidé d’aller y tenter notre chance, d’autant plus que nous allions partir de là pour aller en Ouzbékistan et que nous avions reçu notre lettre d’invitation pour aller ramasser notre visa à l’ambassade de Bishkek. C’est donc ce que nous allions faire le lendemain puis après quitter le Kirghizistan pour retourner au Kazakhstan.

C’est dommage, nous avions si peu vu Bishkek. Histoire d’en faire un petit tour rapide, nous nous sommes rendus au centre-ville pour le marcher pendant quelques heures (et faire un petit tour de manège). De retour à l’hostel, j’ai passé le reste de la soirée à écrire.

Selfie dans un manège

Arslanbob, Kirghizistan – Bishkek, Kirghizistan

  • Date : 15 octobre
  • Départ : 9h00
  • Arrivée : 20h45
  • Température : soleil
  • Route : excellente
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Ayant beaucoup de route à faire pour atteindre Bishkek, il nous a fallu quitter plus tôt qu’à l’habitude. Tout au long du voyage, nous attendions le moment où nous allions devoir nous départir de notre matériel de camping et aujourd’hui était ce jour. À l’origine, nous pensions simplement le donner au premier Kirghize venu, mais une fois au pays, nous en sommes venus à la réalisation que c’est derniers ne sont pas très campeurs et que tout de beau matériel allait sûrement pourrir dans le fond d’une armoire.

La veille, en regardant la carte, nous avions remarqué qu’Arslanbob avait sont propre petit office de tourisme communautaire. S’il était des gens qui allaient pouvoir trouver de nouveau propriétaires à tout ce beau matériel, c’était probablement eux. Une fois à leur bureaux, qu’elle n’a pas été la joie du fondateur de l’organisme quand nous lui avons déversé tente, sièges, gaz, casseroles et autres. Tout du matériel dont il avait grandement besoin pour équiper ses guides qui emmenaient les touristes faire des treks dans la région. Il est très navrant que nous ayons été pressés, car ce dernier tentait absolument à nous inviter diner. Forcé de décliner son offre, il nous a quand même encensé de remerciements et nous a remis à moi et Audrey un petit souvenir de la région : un gobelet de bois de noyer. Celui-ci nous aussi expliqué qu’aujourd’hui c’était jour d’élections au Kirghizistan. Dès notre arrivée dans le pays, nous avions remarqué la quantité de posters et bannières électoraux. Dans un région du monde où la démocratie n’a pas trop la cote et où c’était plutôt de la propagande que l’on voyait affichée, le Kirghizistan faisait figure d’exception avec toutes ses banderoles politiques et semblait en voie de mener à bien une élection présidentielle dans les règles de l’art (nous apprendront le soir-même le candidat vainqueur et ces élections avaient été le premier transfert de pouvoir sans violence dans l’histoire de l’Asie-Centrale et aussi le premier scrutin ou le vainqueur n’était pas connu d’avance).

Tous deux extrêmement ravis d’avoir pu trouver un preneur si méritant, nous sommes sortis de la ville en vitesse et avons parcouru la route jusqu’à Bishkek sans encombres. De qualité et passant par des paysages plutôt beaux, elle a été un peu plaisir de conduite. Depuis notre premier passage il y a quatre semaines, la plupart des feuilles avaient prises leur couleurs d’automne et la neige avait commencé à descendre les montagnes avoisinantes.

Il était nuit quand nous avons rejoint les abords de Bishkek. Comme à l’habitude, le trafic était intense et compact. Lorsque la voiture devant nous a soudainement freiné à un feu de circulation, nous n’avons malheureusement pas pu ralentir à temps et avons embouti son pare-choc arrière. La collision s’est faite à basse vitesse heureusement. Les Kirghizes sont rapidement sortis de leur voiture et sont présentés à nous en nous serrant d’abord la main. La Golf n’avais presque rien, mais leur pare-choc arrière était plutôt endommagé. Constatant les dégâts, ils nous ont donné le choix de payer 140$ US sur le champ ou d’appeler la police pour qu’elle fasse médiation. Comme il n’y a pas d’assurance automobile au Kirghizistan, c’est de la sorte que les accidents se résolvent.

Voulant à tout prix éviter d’impliquer les forces de l’ordre dans l’incident, nous nous sommes résolus à payer le montant réclamé. Justement, nous gardions en permanence sur nous de l’argent US pour ce genre de situation et 140$ pour un pare-choc arrière, c’était loin d’être exagéré. L’affaire s’est donc conclue dans la courtoisie et l’un des Kirghize s’est même excusé et nous a dit qu’il espérait tout de même que nous allions garder un bon souvenir de son pays.

À l’auberge, Sven et sa copine nous attendaient. Ils avaient parcouru le Pamir en sens inverse et étant sur une moto, avaient pu le traverser plus vite. Nous avons donc passé la soirée en leur compagnie à partager anecdotes et à discuter de la vie. La voiture (et nous) avait complété avec brio son circuit du Pamir et Bishkek allait être l’endroit où nous allions nous en départir. Justement, nous allions dédier les prochains jours à cette tâche.

Camping dans les prés – Arslanbob, Kirghizistan

  • Date : 14 octobre
  • Départ : 10h00
  • Arrivée : 18h45
  • Température : soleil
  • Route : en bon état
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Dérangé par le bruit des chevaux qui broutaient l’herbe autour de la tente, j’ai finalement réussi à trouver le repos une fois mes bouchons installés. Debout de bonne heure, nous sommes arrivés à Och après peu de route et en avons profité pour visiter le Sulaiman Too, cinq pics rocheux en plein milieu de la ville qui selon la légende, aurait été un lieu de prière du prophète Mahomet. Une fois grimpé là-haut, la vue était belle, mais les aménagements laissaient un peu à désirer. Rapidement redescendus, nous avons quitté la ville sans demander notre reste (initialement, nous pensions y repasser quelques jours…) et avons roulé jusqu’à Arslanbob, un village au pied des montagnes et endroit où se trouve la plus grande forêt de noyers au monde. En plus de cette forêt, la région offre de nombreuses possibilités de randonnées, mais faute de temps, nous allions devoir nous contenter d’une petite balade en forêt.

Encore fallait-il l’atteindre, cette forêt. Elle était bien visible sur l’image satellite, mais il nous a quand même fallu une bonne heure de circulation parmi de petits chemins pierreux et terreux pour finalement tomber sur un emplacement digne de notre dernière journée de camping en Asie Centrale. En effet, nous allions rejoindre Bishkek le lendemain et tenter d’y vendre la voiture, c’en était donc terminé des nuits sous la tente et des repas au réchaud. Ce n’était pas plus mal d’ailleurs, car l’automne approchant, les conditions climatiques rendaient le plein-air de moins en moins agréable.

La tente installée, nous sommes partis nous balader parmi les noyers. Nous devançant, quelques locaux ramassaient ce qu’il restait de noix au sol. Revenus au campement, nous nous sommes cuisinés un ragoût de lentilles puis avons fait un feu (le seul du voyage) avec du petit bois ramassé un peu plus tôt.